Grenoble - Rouen (2 octobre 2004)

 

Match comptant pour la cinquième journée de la ligue Magnus.

Après avoir tenu le choc à Mulhouse (2-2) lors de leur premier sommet du championnat, les Brûleurs de Loups passaient un nouveau test importantissime, cette fois à domicile, face aux leaders de la ligue Magnus, les Dragons de Rouen. Un grand classique du championnat qui, petite surprise, ne se jouait pas à guichets fermés, la faute peut-être à des tarifs un peu trop gourmands du côté de la billetterie grenobloise. La dernière visite des Dragons à Pôle Sud lors de la finale de la coupe de France 2004 (défaite 1-5) reste un souvenir douloureux dans les têtes grenobloises et nul doute que les hommes de Gérald Guennelon seront animés d'un fort sentiment de revanche. À noter deux retours attendus ce soir : celui de Nicolas Antonoff à Grenoble et d'Arnaud Briand à Rouen.

Les deux équipes débutent la rencontre très prudemment, visiblement personne ne veut laisser la moindre ouverture à l'adversaire. Les premières minutes se déroulent essentiellement en zone neutre. Une première pénalité rouennaise (Besse) place les locaux en position favorable mais le jeu de puissance grenoblois était est la peine et la défense normande se sort sans dommage de ce premier test. Le premier éclair du match vient du défenseur grenoblois (et ex-rouennais) Baptiste Amar qui s'offre un slalom dans la défense adverse et obtenait finalement une pénalité de Briand. Le jeu de puissance grenoblois se montre cette fois plus convaincant, notamment sur des slaps de la bleue de Favarin et Hämälaïnen mais ce sont les Brûleurs qui frisent la correctionnelle à quatre contre cinq : sur un palet perdu à la ligne bleue par Nicolas Favarin, Karjalainen lance Salminen qui joue bien le coup en contre avec Robitaille mais ce dernier bute sur Rolland, impeccable. Malgré leur inefficacité en supériorité numérique, les Grenoblois connaissent une bonne période avec notamment des tentatives de loin de Järvinen ou encore une reprise de volée de Josef Podlaha bien servi par Meunier. À chaque fois, Éric Raymond sort le grand jeu et préserve le score. À leur tour en infériorité (Hämäläinen), les Dauphinois ne connaissent guère de problème dans cette situation de jeu, empêchant les Dragons de s'installer durablement dans leur zone. Les occasions sont rares en cette fin de tiers qui voit Favarin regagner la prison lors de la dernière minute, une pénalité qui aura son importance par la suite.

Les Dragons débutent donc le tiers en supériorité numérique et mettent d'entrée la pression sur Rolland. Les Grenoblois reculent trop et laissent le champ libre au jeu de puissance rouennais qui se régale : Ludek Broz parvient à décaler Éric Doucet qui vient battre Rolland de près sans opposition (0-1, 20'37"). Coup de semonce salvateur, se dit-on, et la suite le confirme très vite : Daniel Carlsson sanctionné, les Brûleurs de Loups installent à leur tour le power-play et Nicolas Favarin explose sa crosse en envoyant un puissant slap de la bleue qui trompe Raymond (1-1, 23'40"). Belle réaction d'orgueil des Grenoblois qui semblent avoir fait le plus dur en revenant tout de suite dans le match. Mais un gros coup du sort va leur remettre la tête sous l'eau : les deux équipes évoluant à quatre contre quatre, Briand déborde côté gauche et centre pour Besse mais l'infortuné Favarin est sur la trajectoire du palet et le dévie involontairement dans ses propres filets (1-2, 25'15"). Un but coup de massue qui laisse les joueurs de Guennelon groggy sur la glace. La première ligne magique rouennaise n'en demande pas tant : Doucet et Besse se baladent dans la zone défensive grenobloise, et Broz se trouve à la conclusion d'une action de toute beauté (1-3, 27'18"). Le trou est fait et est tout près de s'agrandir dans les secondes qui suivent lorsqu'une nouvelle action offensive des Dragons se termine par un tir sur le poteau au milieu d'une défense aux abois. Gérald Guennelon sent ses joueurs au bord de la rupture et demande un temps mort, histoire de recadrer tout son monde. L'effet est immédiat pour les Brûleurs qui reprennent confiance avec une bonne présence en zone offensive rouennaise. Las, une relance catastrophique de Laurent Deschaume dans la crosse d'Éric Doucet permet au petit attaquant rouennais de briller en remportant son duel avec Rolland (1-4, 31'55"). Le genre d'erreur à ne pas commettre face à des joueurs de ce calibre... Les Grenoblois, convalescents, essaient tant bien que mal de se rassurer lors d'une supériorité numérique. Mais dans les dernières minutes Guillaume Besse est à deux doigts de rajouter une cinquième unité au compteur rouennais sans un arrêt de classe de Rolland. Le calvaire grenobloise prend fin devant un public abasourdi.

Que peut bien apporter la dernière période à cette équipe grenobloise en mal de repères, battue en vivacité et sur le plan technique ? Un retour semble hautement improbable face à une équipe rouennaise sûre de son fait et solide défensivement. Le scénario de la finale de la dernière coupe de France trotte évidemment dans toutes les têtes avec un match déjà joué au début du troisième tiers... Reste donc un peu d'honneur et de confiance à retrouver. Guennelon, qui a aligné quatre lignes depuis le début de la rencontre, revient à trois lignes en faisant "monter" Antonoff à la place de Romain Bachelet. Grenoble y gagne en cohésion et se refait un moral sur les nombreuses situations de désavantage numérique qui rythment le tiers (quatre grenobloises contre trois rouennaises). La réussite offensive continue en revanche à fuir les Brûleurs de Loups comme sur ce deux contre zéro sauvé par Éric Raymond alors que Christophe Tartari, sortant de prison, a choisi le tir plutôt que la passe à Lehtonen. Patrick Rolland, pour sa part, retrouve ses sensations et fait jeu égal avec son vis-à-vis en s'illustrant notamment face au duo Lemoine-Paré. Meunier, pénalisé à trois reprises dans la dernière période, voit sa gnac finalement récompensée à sa sortie de prison lorsqu'il s'en va battre victorieusement Raymond sur un breakaway dans la dernière minute (2-4, 59'26"). Maigre consolation pour un public grenoblois très déçu, à l'image de l'équipe toute entière.

Rouen a fait preuve de beaucoup de maîtrise et de réalisme pour remporter ce match. Les Dragons ont évolué un ton au-dessus toute la rencontre, prenant régulièrement de vitesse les Brûleurs de Loups et profitant des erreurs défensives coupables des Grenoblois. La ligne Doucet-Broz-Besse a été omniprésente et a posé problème à la défense grenobloise tout au long du match. La défense n'a pas été en reste à l'image d'un Stéphane Robitaille très présent aux deux extrémités de la patinoire et d'un Éric Raymond auteur une nouvelle fois face à Grenoble (ça devient une habitude !) d'un très grand match.

Il n'en fallait pas plus pour faire douter une formation grenobloise bien terne, souvent dépassée par la vitesse des joueurs adverses et qui a eu un mal fou à déployer des actions construites. Le sous-rendement des étrangers, Josef Podlaha et Roger Jönsson notamment, commence à soulever la question de l'animation offensive, et une réorganisation des lignes d'attaque serait sans doute la bienvenue. À noter le retour satisfaisant de Nicolas Antonoff. Quant à la défense, censée être le point fort de l'équipe, les absences sont inquiétantes. Avec un Jean-François Bonnard sur la pente ascendante mais encore loin de son meilleur niveau, un Pasi Järvinen souvent trop offensif et une paire Favarin-Hämäläinen pas exempte de tout reproche, seul Baptiste Amar, égal à lui-même dans la performance, tire son épingle du jeu. C'est bien peu, et une remise en question tant individuelle que collective s'impose. Car après la piètre performance face à Briançon, ce nouvel échec à domicile fait désordre. Le déplacement chez le surprenant dauphin dijonnais, toujours invaincu, et surtout la réception des Gothiques, pour une revanche que tout Pôle Sud attend, devront être négociés d'une toute autre manière. Sous peine de laisser le doute s'installer durablement chez les Brûleurs de Loups...

Désignés meilleurs joueurs du match : Éric Doucet (Rouen) et Laurent Meunier (Grenoble).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans le Dauphine Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "On a eu cinq minutes de passage à vide au deuxième tiers qu'on a payées cash. Pendant la première, nous avions pourtant eu dix minutes en notre faveur mais on a alors manqué de percussion. On voulait installer le jeu au lieu de nous porter plus vers l'attaque. Après quatre matches (une victoire, deux nuls, une défaite) on a besoin de travailler pour que la sauce prenne entre les joueurs, qu'ils se comprennent sur la glace. Ils doivent se persuader qu'ils ont la capacité de battre tout le monde. Je savais que ce début de championnat serait serré, mais pas à ce point-là. Aujourd'hui, on a trébuché mais la saison est encore longue. Il faut positiver, analyser et rebondir. Il est trop tôt dans l'année pour dire qu'on a manqué un rendez-vous."

Jean-François Bonnard (défenseur de Grenoble) : "Cette défaite ne peut pas nous faire de mal. Après une superbe phase de préparation d'avant-saison, on s'est peut-être vus un peu trop arrivés... Face à Rouen, on a oublié de jouer dix minutes, et ensuite recoller au score avec trois buts de retard était impossible. On aurait même pu en prendre deux ou trois de plus. Est-ce qu'on a nourri un excès de confiance après un premier tiers sans danger ? Peut-être. Nous ne pouvons nous permettre de telles erreurs, nous n'avons pas les individualités pour nous en sortir, comme du temps de Pouget par exemple. Nous devons tous nous remettre en question. Il est inutile de se fracasser la tête entre nous dans les vestiaires car il n'y a aujourd'hui rien d'alarmant. Maintenant il nous faut des points et battre Dijon dès mardi."

Éric Doucet (attaquant de Rouen) : "On savait que Grenoble serait difficile à vaincre, surtout sur sa glace où il n'est jamais évident de s'imposer. On s'était très bien préparé en analysant la vidéo de leur match face à Briançon. Le fait d'ouvrir la marque a été très important, ce but nous a libérés malgré leur égalisation. On était venu ici pour un vrai gros test et on s'est rassuré même s'il en reste pas mal encore. Quant au fait qu'on nous annonce favori, c'est toujours ainsi avec Rouen. On a l'habitude, ça ne nous dérange pas."

 

Grenoble - Rouen 2-4 (0-0, 1-4, 1-0)

Samedi 2 octobre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3263 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Gwilherm Margry et Gildas Fontaine

Pénalités : Grenoble 16' (4', 2', 10'), Rouen 18' (4', 6', 8').

Évolution du score :

0-1 à 20'37" : Doucet assisté de Broz et Robitaille (sup. num.)

1-1 à 23'40" : Favarin assisté de Jönsson (sup. num.)

1-2 à 25'15" : Briand

1-3 à 27'18" : Broz assisté de Besse et Doucet

1-4 à 31'55" : Doucet

2-4 à 59'26" : Meunier assisté de Hecquefeuille et Rolland

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Nicolas Favarin ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Pasi Järvinen - Jean-François Bonnard (A).

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Roger Jönsson - Yven Sadoun ; Benoît Bachelet (C) - Laurent Meunier - Josef Podlaha ; Christophe Tartari - Petri Lehtonen - Romain Bachelet ; Cyril Papa - Laurent Deschaume - Nicolas Antonoff.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Timo Bayon, Martin Millerioux.

Rouen

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Daniel Carlsson - Arnaud Briand (A) ; Stéphane Robitaille - Benoît Quessandier ; Jonas Elofsson - Nicolas Besch.

Attaquants : Éric Doucet (C) - Ludek Broz - Guillaume Besse (A) ; Kimmo Salminen - Sami Karjalainen - Pierre-Édouard Bellemare ; Alexandre Lefebvre - Jean-Philippe Paré - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Benoît Pourtanel, Adrien Dufournet.

 

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