CSKA Moscou - Spartak Moscou (24 septembre 2004)

 

Match comptant pour la dixième journée de la Superliga russe 2004/05.

Ah ! Le derby moscovite oublié ! Le CSKA qui reçoit le Spartak. Le derby oublié car, la saison passée, le Spartak évoluait à l'échelon inférieur de la Superliga, la Vyschaya Liga, l'équivalent hiérarchique de notre D1. CSKA-Spartak, je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et moi non plus d'ailleurs, car à l'époque soviétique... j'étais "plutôt" à Clémenceau qu'au CSKA ou à Sokolniki.

Car ce derby ramène immédiatement à... Léonid Brejnev ! C'est dire ! À l'époque soviétique, et particulièrement dans les années 60 et 70, les deux équipes étaient de sérieuses rivales. Certes, le CSKA, club de l'armée était le plus souvent devant (32 titres de champion d'URSS !), mais le Spartak avec ses 4 titres (62, 67, 69, 76) ses onze places de deuxième et ses sept médailles de bronze était le poil à gratter du grand CSKA, club protégé du régime et de Léonid Brejnev en personne, le Tsar rouge venu d'Ukraine. Pour ajouter du piment à l'affaire, les supporters étaient déjà très rivaux à l'époque. En tant que club de l'Armée Rouge et vitrine du régime, le CSKA était jalousé pour ne pas dire détesté, alors que le Spartak était le club des professions intellectuelles et donc considéré comme plus "libre".

Et même si aujourd'hui les choses ont bien changé, un derby CSKA-Spartak, ce n'est pas un match comme un autre. D'ailleurs, il y a 4 500 spectateurs dans les travées du CSKA contre les deux mille de ces derniers temps. Pourtant, le lustre d'antan a bien disparu. Le CSKA, après s'être heurté en vain contre le mur du Lokomotiv Iaroslavl (0-0), se retrouve à la treizième place, et le promu Spartakiste est encore plus mal loti, en quinzième position.

Mais bon, on va faire comme si, on a le droit de rêver... à plus de spectacle que face au Loko, ce qui ne devrait pas être si difficile que cela...

Le match débute d'ailleurs beaucoup plus vite. Et le Spartak est vite débordé. Au bout de deux minutes seulement, les Rouges et Blancs ont déjà deux joueurs en prison : l'attaquant Andreï Lopatine et le capitaine et défenseur Sergueï Rechetnikov. Les Rouges et Bleus en profitent immédiatement. Un missile du défenseur militaire Denis Kouliach (formé au Lada) est renvoyé par le gardien spartakiste (et ex-dynamiste) Alexeï Volkov... juste sur Oleg Saprykine. L'attaquant en provenance de Calgary lance sa flamme et 1-0 au bout de trois minutes, alors qu'on avait attendu un vain tout un match et une mort subite sans voir le moindre but, deux jours plus tôt contre le Lokomotiv !

Le Spartak a ensuite l'occasion de revenir au score, sur deux supériorités numériques consécutives, (Pavel Trakhanov à la 5eme et Sergueï Moziakine à la 7eme) mais le gardien tchèque Jiri Trvaj confirme dans les cages militaires son excellent début de saison. Il va (presque) finir par faire oublier le chouchou des lieux, son prédécesseur et compatriote Dusan Salficky parti à l'intersaison à Cherepovets.

Une fois revenu à cinq contre cinq, le CSKA reprend ses bonnes intentions, avec à la douzième minute, un beau raid solitaire de Nikolaï Jerdev (qui est remis du coup de crosse reçu en prolongation contre le Lokomotiv par le défenseur Kirill Safronov), mais Alexeï Volkov renvoie du patin. Jiri Trvaj réplique la minute suivante par un beau réflexe sur un tir spartakiste du revers. Sur la contre-attaque, l'excellent junior du CSKA, Denis Parchine, nous montre toute sa classe, avec une série de dribbles dans l'arrière-garde spartakiste. Malheureusement son tir du revers n'est pas cadré. Ah ! Mais c'est-y qu'on voit du hockey ! Ça fait du bien, on va rentrer le vitriol pour ce soir !

La deuxième période part sur les mêmes bases. Une domination militaire et du beau jeu. Et cela marche. Comme au premier tiers, on joue à peine depuis trois minutes que le CSKA marque. Un deuxième but copie du premier. C'est encore Denis Kouliach qui mitraille la cage adverse, mais c'est cette fois-ci l'international bélarussien Vladimir Tsyplakov qui est à la conclusion. À force de tirer, cela finit par rentrer, et cinq minutes plus tard, le même Denis Kouliach trouve cette fois directement la cible. Alexeï Volkov s'incline pour la troisième fois. Le CSKA est bien parti dans ce derby. Les "militaires" vont même rapidement enlever tout doute sur l'issue du match par deux buts en un peu plus de deux minutes en fin de tiers. Le jeune attaquant formé au CSKA (19 ans), Alexandre Nikouline, marque le but du 4-0, avant qu'Oleg Saprykine n'entre dans la danse. Le joueur en provenance de Calgary dribble la défense spartakiste et trompe, dans un angle très fermé, le pauvre Alexeï Volkov qui passe une soirée inconfortable.

D'ailleurs, à la pause, Sergueï Chepelev change son gardien et fait entrer Andreï Medvedev, qui avait fait une excellente saison l'an passée en Vyschaïa Liga. Agé de 21 ans, il a été formé au Spartak et s'en sort très bien au cours de cette dernière période. Bon, d'accord, il est aidé par le fait que le CSKA baisse nettement de rythme. Il ne se passe plus grand-chose dans ce tiers. Bon, on ne va pas faire la fine bouche, les Rouges et Bleus mènent 5-0, avec une saison aussi longue et éprouvante, il est compréhensible que les locaux ne terminent pas la rencontre patin au plancher. Ce serait plutôt aux visiteurs d'élever leur niveau de jeu. Visiblement, ils n'y parviennent pas. On va donc se quitter sur ce 5-0, lorsque l'attaquant (également formé au Lada) Sergueï Chikhanov commet une agression sur Igor Emeleïev ! Voilà autre chose ! Le match est plié, il a été très correct, sans par exemple la moindre minute de prison au deuxième tiers, il reste moins de quatre minutes à jouer, et voilà que ce joueur de vingt-six ans essuie sa crosse sur la tête d'un adversaire. Igor Emeleïev sort de la glace porté par ses camarades et Sergueï Chikhanov lui sort de la glace pour rejoindre les vestiaires : 5'+20'. Non, mais c'est quoi cette "mode" ? Deux jours avant, c'était Nikolaï Jerdev qui était agressé par Kiril Safronov et revoilà un geste imbécile et gratuit.

Le CSKA répond alors de la meilleure des manières en inscrivant deux nouveaux buts sur cette supériorité numérique. Le premier, une fois encore par l'excellent Oleg Saprykine et le second par Maxime Iakoutsénia, à moins de trente secondes de la sirène finale. Avec cette large victoire (7-0), le CSKA s'est rassuré après une série de quatre rencontres sans victoire. Un succès dans un derby, c'est toujours la meilleure façon de se remettre dans le sens de la marche. Quant au Spartak, il ne semble pas atteint. Les promus savent que la saison sera longue et difficile pour eux. Ce n'est pas un revers, même amer, face au rival historique qui les détournera de leur objectif de se sortir des dernières places. De toute façon, comptez sur le très respecté entraîneur Sergueï Chepelev pour relancer la machine spartakiste.

Trois meilleurs joueurs selon Sport Express : *** Nikolaï Jerdev (CSKA), ** Oleg Saprykine (CSKA), * Denis Kouliach (CSKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Oleg Saprykin (attaquant du CSKA Moscou) : "Sans aucun doute, je suis très content d'avoir inscrit trois buts. Mais il est bien plus important que notre équipe ait gagné. Je ne pense pas avoir accompli un acte héroïque. Est-il possible de ne pas marquer après les passes très précises d'Andreï Nikolishin et Vladimir Tsyplakov ? Le jeu très sûr et vierge d'erreurs des défenseurs de notre ligne Kuliash et Hejda ne nous a-t-il pas permis de faire tout le nécessaire devant les buts adverses sans nous inquiéter de nos arrières ? J'ai le plus profond respect pour le Spartak et son histoire [où son père a joué]. Je l'ai simplement mis de côté aujourd'hui car cette équipe était pour moi en ce jour un rival comme un autre."

Sergueï Shepelev (entraîneur du Spartak Moscou) : "Nous avons raté ce match. Quand les gardiens n'arrêtent pas les tirs, ce n'est pas possible de gagner, surtout contre le CSKA. On ne doit pas encaisser de but d'un angle fermé. [...] Il est arrivé malheur à notre attaquant Anatoli Ustyugov : hier il a été attaqué après avoir garé sa voiture et on lui a fracassé le crâne. Il est dans le coma après une opération qui a duré trois heures."

 

CSKA Moscou - Spartak Moscou 7-0 (1-0, 4-0, 2-0)

Vendredi 24 septembre 2004 à 19h00 au palais des sports de glace du CSKA. 4500 spectateurs.

Arbitrage de M. Poliakov assisté de MM. Anissimov et Kamurkin (tous de Moscou).

Pénalités : CSKA 8', Spartak 8'+5'+20'.

Tirs : CSKA 30 (9, 12, 9), Spartak 22 (7, 10, 5).

Évolution du score :

1-0 à 03'42" : Saprykin assisté de Kuliash et Hejda (double sup. num.)

2-0 à 23'33" : Nikolishin assisté de Kuliash et Tsyplakov

3-0 à 28'52" : Kuliash assisté de Zherdev et Semin

4-0 à 38'15" : Nikulin assisté de Frolov

5-0 à 39'59" : Saprykin assisté de Nikolishin

6-0 à 58'48" : Saprykin (sup. num.)

7-0 à 59'34" : Yakutsenia assisté de Korolev et Mukhachev (sup. num.)

 

CSKA Moscou

Gardien : Jiri Trvaj (TCH).

Défenseurs : Denis Kuliash - Jan Hejda (TCH) ; Andreï Mukhachev - Vadim Khomitski ; Pavel Trakhanov - Evgueni Namestnikov ; Dmitri Erofeïev - Nikolaï Semin.

Attaquants : Oleg Saprykin - Andreï Nikolishin - Vladimir Tsyplakov (BLR) ; Maksim Yakutsenia - Sergueï Korolev - Sergueï Mozyakin ; Denis Parshin - Igor Emeleïev - Nikolaï Pronin (c) ; Aleksandr Frolov - Aleksandr Nikulin - Nikolaï Zherdev.

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G).

Spartak Moscou

Gardiens : Alekseï Volkov puis Andreï Medvedev à 40'00".

Défenseurs : Evgueni Tsybouk - Tomas Zizka (TCH) ; Evgueni Shaldybine - Sergueï Reshchetnikov (c) ; Andreï Lopatin - Mikhaïl Donika ; Vladimir Korsunov - Alekseï Komarov.

Attaquants : Ruslan Zaïnullin - Martin Strba (TCH) - Sergueï Shikhanov ; Andreï Samokhvalov - Artiom Shevtsov - Dmitri Leonov ; Mikhaïl Ivanov - Aigars Cipruss (LET) - Dmitri Shandurov ; Vladimir Mochalov - Andreï Shurupov - Anton Nossov.

 

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