Canada - Finlande (14 septembre 2004)

 

Finale de la Coupe du monde 2004.

Le Canada a gagné sa Coupe du monde. Non contents de vaincre en championnats du monde deux années de suite avec des équipes "B", les Canadiens, logiques favoris de la compétition qu'ils organisent et dont ils accueillent les phases finales, se sont logiquement imposés au vu de l'armada de stars dirigée par Pat Quinn. Ils avaient pourtant failli quitter la compétition en demi-finale face à des Tchèques virevoltants en attaque mais qui se sont inclinés en prolongation.

Les Finlandais ont accédé à la finale grâce à leur victoire face aux Américains suite à une grande performance défensive dirigée par un Kiprusoff impérial dans ses buts, et cette finale est déjà vue comme le plus grand accomplissement de l'histoire du hockey finlandais, devant même la (seule) victoire aux championnats du monde de 1995 en Suède face aux Suédois.

On pouvait dès lors s'attendre à une confrontation de gardiens avec Brodeur d'un côté (de retour après sa blessure au poignet qui l'avait privé de demi-finale) et Kiprusoff de l'autre. Deux des tout meilleurs gardiens du moment. Il n'en fut rien.

Le match commence à peine que la première ligne canadienne inscrit un but par Sakic, d'un tir qui surprend Kiprusoff encore froid apparemment et pas trop aidé par défense (1-0, 0'52). Les Finlandais tentent de réagir et de se lancer dans le match, notamment avec Niko Kapanen auteur d'une bonne partie, mais c'est Riku Hahl qui égalise - son premier but du tournoi - sur un rebond (1-1 à 6'34). Le Canada garde cependant la mainmise sur le jeu, sans toutefois concrétiser ses occasions, et les Finlandais essayent de retrouver leur jeu agressif et physique.

Les Canadiens marquent à nouveau en début de tiers, cette fois par l'intermédiaire de Scott Niedermayer intelligemment servi en retrait par Draper. Un lancer de la bleue - pour son premier but personnel - pourtant plein axe et pas masqué mais qui trompe Kiprusoff, décidément pas en forme (2-1, 23'15). Mais Tuomo Ruutu, pourtant auteur d'une coupe du monde moyenne et qui n'est pas tout le temps titulaire, égalise sur un but extraordinaire, son seul but : il récupère le palet dans le rond central, dribble un Canadien en lançant contre la bande, récupère son palet, effectue un grand pont sur un deuxième Canadien, passe un troisième Canadien sur une feinte de corps, et tire sur Brodeur qui laisse rentrer le palet (2-2, 39'00).

Voilà qui redonne espoir aux Finlandais, mais le Canada a tôt fait de reprendre l'avantage à l'entrée du troisième tiers-temps. Shane Doan, encore un joueur qui attendait la finale pour débloquer son compteur personnel, est oublié par la défense et s'y reprend à deux fois, incroyable de sang-froid, à bout portant pour donner au Canada un avantage (3-2, 40'34) que la Finlande ne remontera jamais, manquant peut-être de ressources morales. Le Canada contrôle bien le jeu, la première ligne Lehtinen-Koivu-Selänne n'est pas dans un meilleur jour que Kiprusoff qui parvient enfin à hisser son jeu en fin de partie, et il n'y a pas moyen de profiter d'une supériorité (deux minutes de pénalité de chaque côté pour tout le match !). Le Canada semble à l'abri et gagne sa coupe du monde sans forcer son talent au terme d'un match qui n'a pas atteint les sommets de la demi-finale contre les Tchèques mais qui a ravi les vingt mille personnes rassemblées à Toronto pour célébrer leur sport.

Élus meilleurs joueurs du match : Shane Doan pour le Canada et Tuomo Ruutu pour la Finlande.

Benoît Mantel

Commentaires d'après-match :

Pat Quinn (entraîneur du Canada) : "Nous avons créé la ligne Thornton-Draper-Doan pour neutraliser la première ligne adverse. Peut-être que Thornton n'est pas trop connu comme un checker, mais il a parfaitement tenu ce rôle. Draper, au contraire, est célèbre précisément comme le maître des gardes du corps, et il a été le leader de cette ligne. On a trop peu vu dans cette coupe du monde de quoi Doan est capable. Mais il a un fort caractère et joue avec le sourire. Globalement, ce trio a été le plus constant de notre équipe dans ce tournoi."

Vincent Lecavalier (élu meilleur joueur du tournoi) : "Je suis très surpris de recevoir ce prix. Brodeur a fait un tournoi magnifique et le lui décerner n'aurait pas été moins juste. Il est vrai que tout le monde a bien joué dans notre équipe. Être membre de celle-ci est un honneur même si je n'ai été appelé qu'en remplacement. À la mi-mai, j'étais déçu de ne pas être sélectionné, mais mes pensées étaient alors occupées à un autre objectif, la sixième manche de la finale de conférence de Coupe Stanley contre Philadelphie. Quand j'ai appris que Steve Yzerman ne serait pas apte à jouer, j'ai repris espoir. Il ne me restait plus qu'à me maintenir en forme pour arriver en sélection dans un état exceptionnel."

Mario Lemieux (capitaine du Canada, 39 ans) : "Je ne sais pas quand je pourrai remonter sur la glace [le lock-out doit être déclaré demain en NHL] et c'est incontestablement ennuyeux. Je pense que les jours prochains permettront de savoir combien durera l'interruption. Tout ce que je peux faire, c'est essayer de me maintenir en forme. Il est sûr que je suis éloigné de mon niveau d'il y a dix ou quinze ans, mais le hockey m'apporte toujours beaucoup de plaisir. Comme vous le savez, j'ai essayé de quitter ce sport et de me reposer pendant trois années et demi. Je vais le dire franchement, la vie de retraité ne m'a pas plu. Oui, la Coupe Canada 1987 est toujours le meilleur moment de ma carrière. Les manches de la finale s'étaient déroulées à une vitesse incroyable, et les deux équipes disposaient d'une concentration de talent sans précédent. Même le style de jeu était différent, personne ne se contentait d'un match nul. C'était une autre époque, mais je suis heureux d'avoir pu vivre les deux."

Raimo Summanen (entraîneur de la Finlande) : "Les buts encaissés en début de période sont dus à un problème psychologique. Quand la pression est aussi haute que dans ce match, il se passe par moments des choses étranges, comme ces buts bizarres. Le Canada mérite sa victoire. C'est une grande puissance du hockey avec une glorieuse tradition. Les joueurs, les entraîneurs, le management de cette équipe, tous méritent le plus grand respect. Cette coupe du monde est un énorme palier pour notre sélection. Tous ont pu se convaincre que les Finlandais sont préparés à rivaliser avec n'importe quel adversaire. Il y a cinq ans, et même l'an dernier, il n'y avait pas cet état d'esprit chez les joueurs. Miikka [Kiprusoff] n'a pas fait le meilleur match de sa carrière, loin de là. Mais sa défense n'a pas été au mieux non plus. Les erreurs commises ont été collectives."

 

Canada - Finlande 3-2 (1-1, 1-1, 1-0)
Mardi 14 septembre 2004 à 19h00 à l'Air Canada Centre de Toronto. 19 370 spectateurs.
Arbitrage de Paul Devorski et Stephen Walkom (CAN) assistés de Greg Devorski et Brad Lazarowich (CAN).
Pénalités : Canada 2' (0', 2', 0'), Finlande 2' (2', 0', 0').
Tirs : Canada 33 (9, 12, 12), Finlande 29 (7, 12, 10).

Évolution du score :
1-0 à 00'52" : Sakic assisté de Lemieux et Brewer
1-1 à 06'34" : Hahl assisté de Lydman et Berg
2-1 à 23'15" : Niedermayer assisté de Draper et Thornton
2-2 à 29'00" : T. Ruutu assisté de Lydman
3-2 à 40'34" : Doan assisté de Thornton et Foote
 

Canada

Attaquants :
Mario Lemieux (C) - Joe Sakic - Jarome Iginla
Ryan Smyth - Vincent Lecavalier - Dany Heatley
Simon Gagné - Brad Richards - Martin St-Louis
Kris Draper - Joe Thornton - Shane Doan (2')

Défenseurs :
Robyn Regehr - Scott Niedermayer
Eric Brewer - Adam Foote
Jay Bouwmeester - Scott Hannan

Gardien :
Martin Brodeur

Remplaçant : Roberto Luongo (G). Réservistes : Wade Redden (épaule), Patrick Marleau, Brenden Morrow, Kirk Maltby et José Théodore. Parti sur blessure : Ed Jovanovski.

Finlande

Attaquants :
Jere Lehtinen - Saku Koivu (C) - Teemu Selänne
Ville Peltonen - Olli Jokinen - Tuomo Ruutu
Jukka Hentunen - Niko Kapanen - Niklas Hagman
Jarkko Ruutu (2') - Riku Hahl - Ville Nieminen

Défenseurs :
Kimmo Timonen - Teppo Numminen
Ossi Väänänen - Sami Salo
Toni Lydman - Aki-Petteri Berg

Gardien :
Miikka Kiprusoff

Remplaçant : Kari Lehtonen (G). Réservistes : Mikko Koivu, Antti Laaksonen, Mikko Eloranta, Joni Pitkänen et Vesa Toskala (G). Parti : Janne Niinimaa.

 

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