États-Unis - Russie (27 août 2004)

 

Match amical.

Allô... Bonne nouvelle pour les Russes : le manager de l'équipe nationale Igor Tuzik a enfin réussi à joindre Evgueni Nabokov. Mauvaise nouvelle : le gardien formé au Kazakhstan a fait savoir qu'il n'était remonté sur la glace que la veille et qu'il ne serait pas prêt à jouer la coupe du monde. Il va donc falloir faire avec les trois gardiens à disposition, Bryzgalov, Fomichev et Sokolov (par ordre alphabétique). Même s'il annonce qu'il aura sa chance pour désamorcer le mécontentement des supporters russes, le nouvel entraîneur des gardiens Vladislav Tretiak ne croit pas trop en Sokolov, et a expliqué à maintes reprises qu'il n'avait aucune expérience du jeu sur petite glace (ce à quoi certains rétorquent que Tretiak non plus n'en avait aucune avant la série du siècle). Sa seule occasion d'en acquérir, c'est ce soir, face à une forte équipe américaine, et on peut dire qu'il est envoyé au feu.

Les Américains ont pour leur part des soucis avec leur défense suite à une succession récente de blessures. Ils ont finalement trouvé le remplaçant de Gill qui s'est cassé le pied avant-hier, et c'est John-Michael Liles, qui reste sur une très bonne première saison de NHL avec Colorado. Il se trouvait en Europe lorsqu'il a reçu un coup de fil jeudi lui demandant de venir au plus vite. Il a sauté dans le premier avion pour Columbus et n'est arrivé qu'une heure avant le match, ce qui ne l'a pas empêché de se mettre en tenue... et de marquer le premier but américain sur une de ses premières présences ! Pas encore de quoi en faire un film, mais bientôt peut-être... Il faut dire que la sortie au cinéma de Miracle a ravivé la gloire de l'équipe olympique américaine de 1980 qui avait battu la grande URSS, et dont trois membres sont d'ailleurs montés sur la glace pendant la cérémonie d'avant-match pour être acclamés par le public. Une cérémonie qui a été marquée par une interprétation très originale de l'hymne russe par un chanteur qui a certainement une voix merveilleuse mais qui ne pipe mot dans la langue de Tolstoï. Certains Russes en ont ri, d'autres étaient plus agacés de cette bouillie à l'accent anglais, mais tous espèrent que les organisateurs se contenteront la prochaine fois de passer une cassette.

Est-ce un hymne déclamé avec la ferveur patriotique voulue qui a manqué aux Russes en début de match, toujours est-il qu'ils y sont catastrophiques. Sokolov est tout de suite dans le bain avec un réflexe devant Gomez dès la deuxième minute, et les actions américaines se succèdent. Quand la Russie se décide enfin à poser les patins dans la zone offensive, c'est pour immédiatement subir une contre-attaque à deux contre un. Le tir en angle fermé de Brian Smolinski échoue sur le poteau. Finalement, Maksim Sokolov perd sa crosse en repoussant un tir de Guerin, et Liles reprend le palet dans les airs à la manière d'un joueur de base-ball pour l'ouverture du score. Le positionnement défensif hasardeux de Frolov et Zubrus permet ensuite à Keith Tkachuk de centrer pour Brett Hull, tout seul, qui n'a plus qu'à exécuter son célèbre one-timer.

Au retour des vestiaires, Robert Esche a comme prévu remplacé Rick DiPietro, qui n'a pas eu grand-chose à faire ce soir. Au total, il a quand même tenu ses cages inviolées pendant soixante minutes au cours de cette préparation... mais Esche fera aussi bien. Il va littéralement écœurer les Russes, comme il l'avait déjà fait en 2000 à Saint-Pétersbourg. Il réalise des arrêts fantastiques, parfois jusqu'à quatre ou cinq de suite, et revient invariablement en position même quand on le croit battu.

Dans un duel devant la cage à la trente-quatrième minute, Andreï Markov est assommé par un violent coup de coude de Bill Guerin et ne reviendra plus sur la glace. Les débats s'enveniment d'ailleurs au début du troisième tiers-temps, avec une altercation entre Tkachuk (on a l'habitude) et Kasparaitis (normal) puis une bagarre entre Drury (on s'y attendait) et Gonchar (!). Mais le score ne bouge plus et Bilyaletdinov tarde énormément à sortir son gardien, même quand Klee pat en prison à 57'54", et ne s'y décide que dans les trente dernières secondes quand un cinglage de Weinrich l'assure de jouer à six contre trois.

Étoiles du match : *** Robert Esche (USA), ** Bill Guerin (USA), * John-Michael Liles (USA).

Commentaires d'après-match :

John-Michael Liles (défenseur des États-Unis) : "J'étais un peu nerveux. Je suis arrivé ici au moment où l'échauffement commençait. J'ai fait quelques étirements et j'ai essayé de mettre mon équipement aussi vite que possible. Je suis juste monté sur la glace pour faire quelques tours et il était temps de ressortir. C'est évidemment une très belle victoire pour l'équipe et un bon moyen de se préparer aux matches qui compteront vraiment."

Zinetula Bilyaletdinov (entraîneur de la Russie) : "J'ai aimé nos deuxième et troisième périodes. Nous avons commencé à jouer plus activement, à tenir plus souvent le palet, à prendre l'initiative. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de notre première période. Nous avons commencé trop timidement et nous avons laissé aux Américains le contrôle du palet et la possibilité de marquer deux buts, sur lesquels Sokolov n'a rien à se reprocher. Nos joueurs n'étaient pas au marquage des adversaires et leur ont permis de tirer à mi-distance. Le jeu de puissance n'a pas fonctionné. Nous avons eu suffisamment de temps en supériorité numérique pour marquer au moins un but, ce ne fut malheureusement pas le cas et il faudra continuer à travailler ce point à l'entraînement. Pour Markov, rien de bien grave. Notre adversaire a une équipe assez homogène. J'y distinguerais peut-être Hull, Modano et Tkachuk."

Vladislav Tretiak (entraîneur des gardiens de la Russie) : "Pour ses débuts sur une petite glace, devant tant de spectateurs, Maksim Sokolov a bien joué. Il a eu plusieurs fois de la chance d'être suppléé par ses poteaux, mais il nous a sauvés par moments, comme sur ce tir très compliqué de Chelios. Son erreur la plus explicite, il l'a commise en troisième période lorsqu'il a repoussé le palet mais qu'il n'a pas eu le temps de le geler, après quoi Gomez a tiré, sur le poteau heureusement. Je l'ai déjà dit à Maksim et je ne me lasserai pas de le lui répéter : ici, ce n'est pas le hockey russe, il faut agir immédiatement. Si tu vois le palet, ne réfléchis pas, presse-le sans attendre contre la glace ! Mais globalement, je le redis, je suis content de Sokolov. Bryzgalov jouera demain, et nous aviserons."

 

États-Unis - Russie 2-0 (2-0, 0-0, 0-0)

Vendredi 27 août 2004 à 19h00 à la Nationwide Arena de Columbus. 13792 spectateurs.

Arbitrage de Don Van Massenhoven et Stephen Walkom (CAN) assisté de Jean Morin et Pierre Racicot (CAN).

Pénalités : États-Unis 31' (2', 6', 8'+5'+10'), Russie 17' (4', 4', 4'+5').

Tirs : États-Unis 26 (11, 7, 8), Russie 28 (6, 13, 9).

Évolution du score :

1-0 à 14'55" : Liles assisté de Guerin et Gomez

2-0 à 18'55" : Hull assisté de Tkachuk et Modano (sup. num.)

 

États-Unis

Attaquants :
Jamie Langenbrunner - Steve Konowalchuk - Craig Conroy
Keith Tkachuk (4') - Mike Modano - Brett Hull
Bill Guerin (4') - Scott Gomez - Tony Amonte
Chris Drury (5') - Doug Weight - Bryan Smolinski
Brian Rolston

Défenseurs :
Brian Leetch (2') - Aaron Miller
Chris Chelios - John-Michael Liles
Paul Martin - Ken Klee (2')
Eric Weinrich (4'+10')

Gardien :
Rick DiPietro puis Robert Esche à 20'00"

Russie

Attaquants :
Sergei Samsonov (2') - Viktor Kozlov - Alekseï Kovalev
Artem Chubarov - Aleksandr Ovechkin (2') - Aleksandr Frolov
Oleg Kvasha - Alekseï Yashin (2') - Oleg Petrov (2')
Ilya Kovalchuk - Dainius Zubrus - Andreï Kovalenko

Défenseurs :
Sergei Gonchar (2'+5') - Darius Kasparaitis (2')
Anton Volchenkov - Dmitri Kalinin
Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky
Andreï Markov - Aleksandr Khavanov

Gardien :
Maksim Sokolov

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G).

 

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