Lada Togliatti - Lokomotiv Yaroslavl (17 mars 2004)

 

Quart de finale de la Superliga russe, première manche.

Quelle idée, non mais quelle idée de la chaîne de télé "Sport". Il y a quatre quarts de finale (je vous confirme que même dans la Russie de Poutine, les quarts de finale se comptent par quatre...) et celui qui est choisi pour être diffusé en direct est celui du Lada Togliatti de Piotr "dors, ami spectateur" Vorobiev...

Bon d'accord, je suis de mauvaise foi, c'est quand même le match entre le champion 2002 et 2003 et le futur champion 2004 (arg, le cauchemar...). Bon, puisqu'il faut y aller, allons-y. C'est pas toujours rose la vie de "résumeur"...

Le début du match est assez enlevé. Avec, comme d'habitude, en tout début de rencontre, une domination du Lada. Après tout on ne sait jamais, en marquant vite un but, on peut plus rapidement se regrouper à cinq devant son gardien... Pourtant la première grosse action est à mettre à l'actif du Lokomotiv avec à 5'50 un beau slalom d'Andreï Kovalenko. Mais la vedette du Lokomotiv est prise en sandwich par deux défenseurs du Lada (pléonasme) à l'entrée de la zone. Une minute plus tard, l'excellent défenseur de Iaroslavl, Dimitri Iouchkevitch, décoche un puissant tir de loin, mais le gardien tchèque Jiri Trvaj est à la parade. Le jeu devient plus tendu avec quelques accrochages dans les bandes. Pas véritablement d'actions dangereuses, mais plus de jeu du côté des champions en titre. Il faut quand même attendre la dixième minute pour voir Egor Podomatsky, le gardien du Loko, être vraiment mis en difficulté sur un tir dangereux du Boutsaev du Lada, Youri (son frère Viatcheslav, également formé à Togliatti, étant dans les rangs du Lokomotiv).

Le Lokomotiv qui bénéficie de la première supériorité numérique du match à 10'48 suite à deux minutes infligées à Lada Rouslan Bernikov. Mais les joueurs de Iaroslavl n'en profitent pas, surtout que 50 secondes plus tard, ils se trouvent à leur tour sanctionnés pour une faute d'Ivan Nepriaev. Petit à petit, les actions dangereuses se font rares, une certaine torpeur gagne l'observateur, le canapé se fait de plus en plus profond... Heureusement Rouslan Bernikov place un bon tir (14'45), bien renvoyé par Egor Podomatsky.

Et puis arrive l'événement du match. À 17'43, la défense du Lokomotiv n'arrive pas à dégager le palet, il traîne avec insistance devant la cage de Podomatsky. À tel point qu'il finit par y rentrer... Les joueurs du Lada exultent. Mais l'arbitre a un doute. Monsieur Anatoli Zakharov souhaite regarder la vidéo. Soit... Seulement, il va y passer la nuit ! La télé montre le ralenti, franchement je ne vois pas ce que l'on peut reprocher à ce but... à part peut-être, avoir été inscrit par le Lada. Et monsieur Zakharov, qui regarde, qui regarde, qui regarde, qui se lève, qui se rassoit, qui visionne une autre cassette apportée par un responsable du club local. Les pauvres commentateurs doivent meubler, car cela devient interminable. Ils parlent de la mésaventure de Pardubice, leader de la saison en République Tchèque et éliminé au premier tour des play-offs par Plzen, le club formateur de Boja Ebermann (ça, c'est moi qui l'ajoute...). Et ça dure, et ça dure. Déjà que l'on avait tendance à s'endormir... En attendant, ils pourraient nous passer un documentaire sur la fabrication des Lada dans l'usine voisine, ce serait plus intéressant. Et voilà, l'arbitre qui... se rassoit et repasse son film préféré... Les commentateurs commencent à s'épuiser à trouver des trucs à dire. Tiens, l'homme en tenue zébrée se lève, monte sur la glace... Ah ! on va savoir ! Ah non, il se dirige vers les coaches et décide de renvoyer les équipes aux vestiaires maintenant, pour qu'il puisse avoir encore un quart d'heure pour prendre sa décision ! Je rêve ! Du coup, à 17'43, on suspend le premier tiers, qui reprendra avec le deuxième enchaîné après la réfection de la glace ! Pause pub, et Monsieur Zakharov annule le but et envoie Alexei Vassiliev, le défenseur du Lokomotiv, en prison ! Comme qui dirait une incompréhension dans le public...

L'arbitre (pour se faire pardonner ?) envoie coup sur coup deux autres joueurs du Loko en prison (Samiline à 18'53 et Iouchevicth à 20'44, juste après le changement de camp pour matérialiser le début du deuxième tiers...) mais cela ne change rien à la physionomie du match. À part une jolie glissade d'Egor Podomatsky jusqu'à la balustrade, il ne se passe pas grand-chose. Très optimistes, les commentateurs parlent déjà du fonctionnement de la prolongation alors que sommes à la 24ème minute !

Le Lada domine légèrement, mais ne prend pas de risque et quand le danger s'approche, Podomatsky répond présent. Le Loko n'est guère plus dangereux, sauf de temps en temps comme ce beau tour de cage de l'artiste Andreï Kovalenko (29'40). La mi-match arrive et je vous rassure, il y a toujours 0-0.

Un beau tir lointain d'Ilia Vorobiev (30'44) pour le Lada, une réplique de Martin Hlavacka exactement 5 minutes plus tard et deux minutes de prison à 38'39 pour Viatcheslav Boutsaev (Lokomotiv) et Alexandre Titov (Lada) et le tiers se termine. Pendant la pause, je zappe et, surprise sur 7 TV, je tombe sur un autre match de hockey en direct : Spartak Moscou - Zaouralie Kourgan, troisième match des huitièmes de finale en Vyschaya Liga. Les deux équipes sont à une victoire chacune, mais dans cette troisième manche pas de suspense, les Moscovites mènent 4-0 dans le deuxième tiers et j'ai même la chance de voir le cinquième but ! Bon, c'est pas tout ça, fini la rigolade, faut retourner au boulot, y'a le troisième tiers qui va repartir à Togliatti...

Les actions dangereuses sont toujours aussi espacées, et elles sont toutes l'œuvre des visiteurs : 42ème, beau tir en déséquilibre de Dimitri Vlassenkov, 47ème, superbe passe dans le dos de Viatcheslav Boutsaev pour Anton Bout, 48ème, tir puissant d'Ivan Tkatchenko. Mais si tout cela est bien fait et bien beau, cela ne se termine pas au fond, au fond, au fond de tes filets, Jiri, Jiri, tu va craquer... Bien au contraire, 48'52, tir le long de la balustrade en direction de la cage du Loko, le palet entre dans les buts. La foule est en liesse... mais monsieur Zakharov se dirige vers la vidéo ! Bis repetita ! Et ça traîne encore ! Vas-y Anatoli, prends ton temps, te presses pas et prends la bonne décision... D'après le ralenti, l'arbitre veut savoir si le palet a été détourné soit par un patin soit par une crosse haute des deux joueurs du Lada qui était en embuscade devant la cage. Finalement, il se décide et valide le but accordé au capitaine Alexandre Boïkov. Déjà que le Lada ne marque pas beaucoup de but, si en plus il faut un quart d'heure à chaque fois pour savoir s'il est valide ou pas...

Et cela repart dans un faux rythme avec juste pour égayer deux minutes de prison (c'est dire...) à Dimitri Vorobiev (Lada) à 50'44 et à Jan Peterk (Loko) à 52'56. Sinon, à part ça, ça va toi ? Ouais, pas mal, beaucoup de boulot en ce moment...

Sauf que sur cette dernière pénalité, le palet est chaud devant la cage du Loko, à tel point que Belkine fini par le pousser dedans. Je pense même que c'est le gardien du Lokomotiv qui est entré avec le palet dans ses filets : 2-0. Une dernière prison pour Serguei Sevostianov (56'55), un temps mort demandé par le Loko, la sortie du gardien visiteur et un troisième but dans la cage vide de Youri Boutsaev et c'est fini.

Finalement le Lada a marqué trois buts, et même s'il s'agit d'un but bizarre le long de la bande, d'un but vilain dans un cafouillis et un but dans la cage vide, Togliatti est l'équipe "dynamite" de ce premier match des quarts de finale ! Eh oui, les trois autres matches se sont tous terminés par des 1-0 ! L'Avangard Omsk devant le Dynamo de Moscou (d'un but superbe de la bleue), l'Ak Bars Kazan contre le Metallurg Novokouznetsk et le Metallurg Magnitogorsk en mort subite devant le Neftekhimik Nijnekamsk. Finalement, ils ont du flair, ces programmateurs de télévision, ils nous ont offert la seule avalanche de buts des quarts de finale. Je vais prendre un abonnement au Lada, moi...

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match (dans Sport Express)

Piotr Vorobiev (entraîneur de Togliatti) : "Après le but annulé en première période, mes joueurs ont levé le pied pendant quelque temps et le rythme du match s'est cassé. Mais nous avons progressivement réussi à redresser la situation."

Anatoli Zakharov (arbitre du match) : "La première vérification a été effectuée à la requête du Lokomotiv. Après que j'avais levé le bras pour signaler une pénalité différée, Guskov avait joué le palet à un moment, mais je ne l'avais vu car j'étais alors masqué par des joueurs. En conséquence, j'ai annulé le but. En ce qui concerne la seconde situation litigieuse, je voulais vérifier sur l'enregistrement que, sur le contact du joueur du Lada qui a marqué le but, le palet n'était pas plus haut que le niveau du but. Ce n'était pas le cas, le but était validé. Voilà. Si j'ai mis aussi longtemps, c'est que l'écran de visionnage n'était pas de la meilleure qualité."

 

Lada Togliatti - Lokomotiv Yaroslavl 3-0 (0-0, 0-0, 3-0)

Mercredi 17 mars 2004 à 18h30 au Palais des sports "Volgar" de Togliatti. 3500 spectateurs.

Arbitrage de M. Zakharov assisté de MM. Anisimov et Kamurkin (tous de Moscou).

Pénalités : Lada Togliatti 8', Lokomotiv Yaroslavl 14'.

Tirs : Lada Togliatti 22 (8, 9, 5), Lokomotiv Yaroslavl 17 (5, 6, 6).

Évolution du score :

1-0 à 48'52" : Boïkov assisté de Cerny et Balandin

2-0 à 54'47" : Belkin assisté d'Ustyugov (sup. num.)

3-0 à 59'58" : Y. Butsaev

 

Lada Togliatti

Gardien : Jirí Trvaj (TCH).

Défenseurs : Ladislav Cierny (SVK) - Mikhaïl Balandin ; Aleksandr Titov - Maksim Semenov (KAZ) ; Maksim Kondratiev - Filip Metlyuk ; Andreï Essipov - Dmitri Vorobiev.

Attaquants : Aleksandr Buturlin - Sergueï Sevostianov - Aleksandr Boïkov (c) ; Anatoli Ustyugov - Aleksandr Skugarev - Oleg Belkin ; Ilia Vorobiev - Aleksandr Nesterov - Yuri Butsaïev ; Dmitri Kazionov - Aleksandr Gutov - Ruslan Bernikov.

Gardien remplaçant : Vassili Koshechkin.

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Egor Podomatski (sorti de sa cage de 59'20" à 59'58").

Défenseurs : Denis Grot - Dmitri Krasotkin (c) ; Martin Hlavacka (TCH) - Dmitri Yushkevich ; Aleksandr Guskov - Alekseï Vassiliev ; Sergueï Zhukov.

Attaquants : Konstantin Rudenko - Ivan Nepriaïev - Andreï Kovalenko ; Vladimir Antipov - Vyacheslav Butsaïev - Anton But ; Ivan Tkachenko - Sergueï Nemchinov - Dmitri Vlasenkov ; David Moravec (TCH) - Vladimir Samylin - Jan Peterek (TCH) ; Grigori Shafigullin.

Gardien remplaçant : Andreï Malkov.

 

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