Slovaquie - République Tchèque (5 mai 2003)

 

Championnats du monde 2003, deuxième tour, groupe E.

Le duel toujours particulier entre ces anciens compatriotes oppose les deux seules équipes qui ont gagné tous leurs matches dans ce tournoi, avec pour enjeu la première place de poule et un quart de finale normalement plus facile. C'est un choc de titans entre la meilleure attaque de la compétition et une équipe tchèque moins éblouissante mais extrêmement efficace.

Le jeu est équilibré et assez fermé dans un premier temps. La Slovaquie semble la plus douée pour se démarquer par de bonnes passes, comme le prouve un tir de l'enclave de Lintner ou encore ce rapide jeu en triangle de la première ligne sur lequel Zednik ne peut pas reprendre au second poteau devant Vokoun bien placé. La République Tchèque, au contraire, n'a besoin que d'une seule ouverture pour marquer : la défense slovaque, qui n'avait jusqu'alors pas encaissé aucun but en infériorité, laisse beaucoup trop de rebonds à Radim Vrbata qui finit par décaler subtilement Straka face à des filets offerts (0-1 à 16'30"). Le jeu de puissance slovaque est moins efficace : le tir de Jozef Stumpel heurte le poteau et le palet revient à la bleue pour un fort lancer qui passe sous la crosse de Stumpel, alors qu'il y aurait eu but à coup sûr s'il avait pu le dévier.

C'est en deuxième période que la Slovaquie parvient à concrétiser une supériorité numérique avec beaucoup de chance, puisque le tir de Višnovský ricoche sur deux défenseurs tchèques avant de tromper le pauvre Vokoun (1-1 à 23'27"). Mais les Tchèques profitent eux aussi d'un avantage numérique, en reprenant l'avantage sur un breakaway de Straka, lancé dans l'axe par une longue passe de Kaberle au milieu de Slovaques un peu laxistes en zone neutre (1-2 à 27'42"). Les Tchèques se font de plus en plus pressants, les Slovaques de moins en moins lucides, et c'est logiquement que Výborný ajoute un troisième but plein d'opportunisme sur son propre rebond (1-3 à 30'09"). Alors qu'elle est sur le point de craquer, la Slovaquie limite grandement les dégâts à la faveur d'une charge à la tête de Richter. Tomáš Vokoun est masqué par Nagy et un défenseur, et il ne voit pas partir le tir du poignet de Demitra de la bleue (2-3 à 37'15"). Les Slovaques sont dès lors complètement revigorés par cette réduction du score.

Tout juste rentré sur la glace après dix minutes de méconduite (durant lesquelles le jeune Sejna a été intronisé en première ligne à sa place), Zigmund Pálffy retombe durement sur le dos après avoir eu les genoux pris par une charge par-derrière de Radek Duda, que l'arbitre décide en fin de compte un peu sévèrement de renvoyer aux vestiaires, un dénouement dont le "Cantona du hockey tchèque" est coutumier. Mais les Slovaques sont trop brouillons pendant la pénalité majeure et chacune de leurs actions avorte par imprécision. Seul Richard Kapuš se distingue, mais le poteau repousse son tir alors que Vokoun était pour une fois battu.

On se dit que ces cinq minutes non utilisées d'avantage numérique constituent le tournant du match, mais Ladislav Nagy, l'attaquant le plus insistant dans cette dernière période, égalise au ras du poteau (3-3 à 53'54"). Même la nervosité de Majeský, qui charge Sup contre la bande, n'empêche pas la Slovaquie de tenir ce match nul, synonyme de première place à la différence de buts. La République Tchèque cherche donc absolument à s'imposer, et c'est pourquoi une petite échauffourée "obtenue" par Výborný avec Nagy lui permet de jouer à cinq contre quatre en sortant son gardien. C'est finalement Jan Lašák, qui est une des doublures de son ami et néanmoins rival Vokoun à Nashville en NHL, qui réussit l'arrêt décisif à bout portant devant Kaberle.

La défense slovaque passait un véritable test ce soir, et elle a montré des signes inquiétants de passivité au rebond. On a longtemps cru que la Slovaquie, un peu plus indisciplinée et maladroite que d'habitude, était mal embarquée, mais elle a pourtant réussi à mettre fin à l'insolente réussite des Tchèques, à qui tout a beaucoup moins souri ce soir. Par conséquent, sauf exploit de la Suisse devant la Suède, la République Tchèque risque de retrouver en quart de finale son pire cauchemar, la Russie, qui l'avait déjà éliminée des deux dernières compétitions majeures à ce même stade.

Élus meilleurs joueurs du match : Pavol Demitra pour la Slovaquie et Martin Straka pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "Ce fut un combat très tactique pour les deux équipes, car tout le monde connaissait le style de l'adversaire. Nous sommes très heureux de notre remontée, qui montre la force morale de cette équipe."

Slavomír Lener (entraîneur de la République Tchèque) : "Nous ne sommes évidemment pas contents du résultat, mais nous le sommes en ce qui concerne la plupart des aspects de notre jeu. Le moment crucial de la partie a été la pénalité contre Radek Duda, qui a brisé l'élan de notre équipe. On n'a pas le droit de prendre de telles pénalités en zone offensive. J'espère que ce match va nous réveiller et nous tenir en alerte pour le quart de finale."

 

Slovaquie - République Tchèque 3-3 (0-1, 2-2, 1-0)

Lundi 5 mai 2003 à 20h00 à la Hartwall Areena de Helsinki. 12860 spectateurs.

Arbitrage de Nicolas Dutil (CAN) assisté de Kevin Redding (USA) et Joacim Karlsson (SUE).

Pénalités : Slovaquie 40' (10', 4'+10'+10', 6'), République Tchèque 51' (6', 6'+10', 4'+5'+20').

Tirs : Slovaquie 23 (5, 9, 9), République Tchèque 34 (12, 10, 12).

Évolution du score :

0-1 à 16'30" : Straka assisté de Vrbata (sup. num.)

1-1 à 23'27" : Višnovský assisté de Pálffy et Stumpel (sup. num.)

1-2 à 27'42" : Straka assisté de Kaberle et Vokoun (sup. num.)

1-3 à 30'09" : Výborný

2-3 à 37'15" : Demitra assisté de Šatan (sup. num.)

3-3 à 53'54" : Nagy assisté de Lintner et Hlinka

 

Slovaquie

Gardien : Jan Lašák.

Défenseurs : Martin Štrbák - Lubomír Višnovský ; Radoslav Suchý - Robert Svehla ; Ivan Majeský - Richard Lintner ; Dušan Milo - Ladislav Cierny.

Attaquants : Richard Zedník - Jozef Stumpel - Zigmund Pálffy ; Peter Bondra - Pavol Demitra - Miroslav Šatan ; Ladislav Nagy - Miroslav Hlinka - Vladimír Országh ; Peter Sejna - Richard Kapuš - Branko Radivojevic.

Remplaçant : Rastislav Stana (G). Surnuméraires : Zdeno Cíger, Lubomír Vaic.

République Tchèque

Gardien : Tomáš Vokoun (sorti de sa cage à 58'52").

Défenseurs : Jan Hejda - Petr Kadlec ; Jaroslav Špacek - Martin Richter ; Tomáš Kaberle - Jaroslav Modrý.

Attaquants : Michal Sup - Martin Straka - Radek Duda ; Jan Hlavác - Josef Vašícek - Radim Vrbata ; David Výborný - Robert Reichel - Milan Hejduk ; Jindrich Kotrla - Jirí Hudler - Jaroslav Hlinka ; Jaroslav Balastík - Pavel Kolarík.

Remplaçant : Roman Málek (G). Surnuméraire : Pavel Trnka.

 

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