États-Unis - Danemark (26 avril 2003)

 

Championnats du monde 2003, groupe B, première journée.

Les premiers pas d'un pays en championnat du monde sont toujours un moment particulier. Le Slovènes nous avaient ainsi gratifié d'une bonne impression l'an dernier en ouvrant le score face aux Russes, avant de craquer logiquement. On attend de voir si les Danois entreront dans l'élite de façon aussi enthousiaste. Pardonnez-moi si je parle de débuts à ce niveau alors que ce n'est pas strictement le cas, mais leur unique Mondial disputé en 1949 appartient tout de même à un autre monde. À cette époque, les groupes de niveau n'existaient pas, et ils débarquaient en novices face aux maîtres canadiens qui leur avait passé un 47-0 dont ils avaient mis treize ans à s'en remettre avant de revenir dans les compétitions internationales. Si le Danemark est revenu au plus haut niveau, c'est en gravissant les échelons et avec la certitude que ses récents progrès le rendent compétitif.

On ne sait toutefois si cela est suffisant pour rivaliser avec les Américains, et le jeu est vraiment à sens unique pendant six minutes avec de multiples lancers sur la cage de Peter Hirsch. Puis, sur la première incursion danoise en zone américaine, Bo Nordby-Andersen tire du revers dans un angle très fermé et les jambières du gardien américain forment un entonnoir pour un but impensable (0-1 à 06'06"). Comme dans ses rêves les plus fous, le Danemark mène 1-0. Mais la comparaison avec la Slovénie s'arrête là, car le réveil brutal n'est pas prévu pour tout de suite. Un contre favorable dans un duel le long de la bande, et le palet parvient au centre de la glace à Kim Staal, tout seul, qui ne manque évidemment pas une occasion pareille (0-2 à 09'48"). Cette fois, cela ne relève plus de l'anecdote, car les Américains se retrouvent dans une situation problématique avec deux buts à remonter face à une défense solide. Ils n'ont même pas de réfléchir à une solution que, sur une pénalité différée, Jesper Damgaard inscrit le troisième but d'un slap ravageur (0-3 à 12'21"). Trois occasions, trois buts...

Les Américains ne comprennent pas ce qui leur arrive, et ils passent près d'en prendre un quatrième sur un palet perdu qui offre un 2 contre 1. Mais Ryan Miller, enfin, pare le tir de Nicolas Monberg. Peut-être le staff américain avait-il attendu qu'il réussisse enfin un arrêt avant de le sortir, pour ne pas griller toute la confiance de ce jeune gardien, lui qui était si fier de rejoindre l'équipe américaine. Mais il eût peut-être été judicieux de le sortir dès le deuxième but. Même s'il a été très bon l'an passé, Miller a été catastrophique sur les trois buts danois, et est finalement logiquement remplacé par Chris Rogles, récent finaliste de DEL avec Cologne. Les Américains reprennent alors leurs esprits et réduisent le score en supériorité numérique sur un rebond pris par Jim Fahey (1-3 à 16'06"). Le match reste néanmoins complètement fou, et Kim Staal n'est arrêté dans son échappée solitaire que par... la sirène qui annonce la fin du tiers-temps.

L'euphorie est passée en deuxième période, et les Danois doivent maintenant gérer leur avance. On les sent du coup beaucoup plus fébriles, lors d'une supériorité numérique désastreuse où ils ne passent même pas la ligne bleue et se font des frayeurs par-dessus le marché. Mais, alors qu'ils risquaient de se crisper, les Danois marquent à nouveau sur une action typique du jeu "sans ligne rouge" : Ronny Larsen est posté à la bleue et reçoit une longue passe de Kim Staal avant de loger le palet sous la barre alors que Rogles s'attendait à tout autre chose (1-4 à 23'09"). Le match est maintenant équilibré : Chris Rogles fait meilleure figure sur les contre-attaques, mais Peter Hirsch, dont le nom est chanté par les supporters danois aux anges, réalise décidément un très grand match, à la hauteur de l'exploit de son équipe. Un exploit que les Américains, très agacés et perturbés par la tournure des évènements, ne semblent plus en mesure d'empêcher.

Remontés comme des pendules par Lou Vairo, les Américains sont plus incisifs et plus agressifs au retour sur la glace, ils dominent dans la conquête du palet, et ils réduisent rapidement l'écart par Kelly Fairchild (2-4 à 42'24"). Mais leur agressivité n'est pas contrôlée, et on sent que les nerfs à fleur de peau de Chris Ferraro peuvent craquer à tout moment. Pressentiment suivi d'effets quand il effectue une très vilaine charge dans le dos de Nordby-Andersen contre la bande. Il prend 2'+20' et les Danois transforment la supériorité numérique par un jeu en triangle de toute beauté qui laisse les Américains spectateurs (2-5 à 53'18"). Ce but-là ne doit rien à la chance, il est absolument magnifique.

Le Danemark l'a prouvé par cette action, sa victoire est complètement méritée. Il a été beaucoup mieux organisé, supérieur techniquement et psychologiquement, suivant parfaitement son plan de jeu, même - et surtout - après des premières minutes difficiles. Ceux qui ont cédé à la panique, ce sont les États-Unis. On sait qu'ils sont toujours plus prenables en début de tournoi quand ils n'ont pas eu le temps de trouver leurs marques, mais de là à ce qu'ils reçoivent une telle leçon, c'est difficilement inimaginable. Ils ont eu tellement d'absences défensives et ont concédé un nombre si effrayant de breakaways et autres surnombres que le travail à effectuer est considérable. Sinon, les prochains adversaires sont prévenus : avec un gardien et une défense de confiance, il leur suffira d'attendre les contre-attaques et de se régaler.

Après cette performance historique, cette entrée en matière fabuleuse, la soirée promet d'être longue pour ces supporters danois à l'esprit joyeux et festif, toujours aussi nombreux à accompagner leur équipe nationale. Quant au nouveau pape de la "SOUL", Mikael Lundström, il pourrait faire honneur à ce titre en chantant avec James Brown : "I feel good..."

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Lou Vairo (entraîneur des États-Unis) : "Je veux insister sur le point que ce n'est pas nous qui avons perdu, mais eux qui ont gagné. Les Danois ont été splendides dans tous les compartiments du jeu. Ils ont joué un hockey inspiré et intense, auquel on ne s'attendait pas de la part d'une équipe européenne. Les joueurs danois se sont formidablement battus, tout en restant corrects. Je ne connaissais rien d'eux, nous n'avons pas les moyens d'observer nos adversaires. Je savais seulement qu'on les avait joués la dernière fois il y a 57 ans. Cela nous a pas a aidés, de l'effectif de l'époque il ne reste que Phil Housley... Je promets que nous ne commettrons plus ces erreurs tactiques en défense."

 

États-Unis - Danemark 2-5 (1-3, 0-1, 1-1)

Samedi 26 avril 2003 à 15h00 à la Hakametsä Jäähalli de Tampere. 3681 spectateurs.

Arbitrage de Peter Jonak assisté de Marco Coenen et Dean Laschowski.

Pénalités : États-Unis 30' (0', 6', 4'+20'), Danemark 22' (6', 2', 4'+10').

Tirs : États-Unis 55 (23, 15, 17), Danemark 22 (5, 10, 7).

Engagements : États-Unis 53, Danemark 24.

Évolution du score :

0-1 à 06'06" : Nordby-Andersen

0-2 à 09'48" : Staal assisté de D. Nielsen et Green

0-3 à 12'21" : Damgaard assisté de Staal et J. Nielsen

1-3 à 16'06" : Fahey assisté de Gruden (sup. num.)

1-4 à 23'09" : Larsen assisté de Staal

2-4 à 42'24" : Fairchild assisté de P. Ferraro

2-5 à 53'18" : Staal assisté de Green et J. Nielsen (sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Ryan Miller puis Chris Rogles à 16'06".

Défenseurs : Francis Bouillon - Brett Hauer ; Jordan Leopold - Joe Corvo ; John Gruden - Jim Fahey ; Phil Housley - Mike Mottau.

Attaquants : Craig Johnson - Martin Reasoner - Kelly Fairchild ; Ted Drury - Matt Cullen - Kevin Miller ; Niko Dimitrakos - Chris Ferraro - Peter Ferraro ; Brad DeFauw - Adam Hall - John Pohl.

Danemark

Gardien : Peter Hirsch.

Défenseurs : Daniel Nielsen - Jesper Damgaard ; Jesper Duus - Frederik Åkesson ; Dan Jensen - Thomas Jensen ; Andreas Andreassen.

Attaquants : Jens Nielsen - Morten Green - Kim Staal ; Nicolas Monberg - Lasse Degn - Mads True ; Ronny Larsen - Frans Nielsen - Søren True ; Bo Nordby-Andersen - Mike Grey - Lars Mølgaard.

Remplaçant : Jan Jensen (G).

 

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