Finale du championnat de Russie 2002/03, quatrième manche.

Beaucoup, y compris parmi les supporters de Yaroslavl, attendaient que le Lokomotiv perde enfin un match, afin de tester ses capacités de réaction et de l'obliger à atteindre ses limites au lieu de se borner à donner juste ce qu'il faut pour gagner. Son invincibilité étant terminée depuis hier, il peut maintenant montrer de quoi il est capable quand il rencontre de l'adversité.

Fini le "train-train du Lokomotiv", les play-offs sont véritablement engagés, et le match de la veille en a donné un très bel aperçu. S'il continue à jouer ce niveau, on ne peut pas exclure la possibilité d'un retour du Severstal. Cherepovets croit fermement à un cinquième match, et plus personne ne le considère de haut.

Après cinq minutes de flottement, Yuri Dobryshkin exploite une erreur de la défense de Yaroslavl, qui est sauvée par son poteau. On revit le même début de match qu'hier avec une domination constante de l'équipe locale, dont une nouvelle occasion de Dobryshkin qui rate la cage qui s'ouvrait à lui. Mais, contrairement au troisième match, c'est le Lokomotiv qui marque le très important premier but, contre le cours du jeu. C'est encore une fois Vladimir Antipov qui est décisif, sur une belle passe de Samylin, qui exploite les premiers signes de fléchissement de la défense locale.

Ce but coupe les jambes de Cherepovets, qui ne parvient plus à se montrer dangereux, pas plus en fin de premier tiers-temps qu'à la reprise. Le Lokomotiv se fait de plus en plus pressant, et ce n'est qu'au prix d'une faute que Volkov peut arrêter Tkachenko qui s'échappe dans son dos.

Arrive le scandale de la trente-huitième minute : un lancer de Vyacheslav Butsaïev heurte le poteau, personne ne semble voir de but, sauf Andrei Kovalenko, qui demande immédiatement à l'arbitre de demander à consulter la vidéo. Il est rejoint par certains de ses coéquipiers, et l'arbitre, sous la pression de plusieurs joueurs de Yaroslavl, cède. Après tout, dans une situation similaire, le ralenti avait prouvé que le but d'Antipov était rentré dans une des confrontations précédentes...

L'arbitre rend son verdict et, à l'étonnement général, accorde le but, ce qui lui vaut de subir les invectives de la foule. Lorsque la sirène de la deuxième période retentit, l'entraîneur de Cherepovets, Sergueï Mikhalev, ne rentre pas aux vestiaires, mais demande à voir les images vidéo. Une mauvaise surprise l'attend : on y voit le palet heurter le poteau, ce qui suggère, puisqu'il est ressorti ensuite, qu'il n'a jamais franchi la ligne...

Cette vérification prend du temps, et le Severstal revient donc en retard sur la glace. L'arbitre sanctionne alors l'équipe locale de deux minutes pour retard de jeu, avant d'annuler cette pénalité pour ne pas enflammer encore la situation. Avec deux buts de retard, la tâche de Cherepovets est devenue franchement impossible. Sa concentration défensive a nettement diminué, et il encaisse deux nouveaux buts.

Pour la première fois, un club non moscovite réussit à remporter un deuxième titre d'affilée, ce que seuls le Dinamo et le CSKA ont réussi jusqu'ici. Vladimír Vujtek rejoint ainsi la liste prestigieuse des entraîneurs qui ont réussi le doublé : Anatoli Tarasov, Vsevolod Bobrov, Viktor Tikhonov et Vladimir Yurzinov, uniquement des légendes du hockey soviétique et russe.

Commentaires d'après-match :

Sergueï Mikhalev (entraîneur de Cherepovets) : "J'aurais aimé faire le voyage à Yaroslavl vendredi, non pas pour le résultat mais pour le suspense. La première période était en notre faveur, mais dans ce genre de matches, il faut ouvrir le score. Comme d'habitude, si l'équipe qui domine ne marque pas, l'autre en profite. Le deuxième but n'a jamais existé, comme tout le monde a pu s'en convaincre avec le ralenti. Je ne comprend pas qu'on ait pu l'accorder. Reste la seule et unique vérité : le Lokomotiv est bel et bien le club le plus fort de Russie. Il nous reste à travailler. Quand vous voyez le trophée de si près, ça vous donne envie de le soulever à votre tour dans le futur. Le bronze l'an dernier, l'argent cette année, qu'est-ce qui nous attend l'an prochain ?"

Vladimír Vujtek (entraîneur de Yaroslavl) : "En toute honnêteté, les deux équipes ont mérité la victoire finale et la médaille d'or. Malheureusement, il ne peut y avoir qu'un vainqueur. Les quatre matches ont été exceptionnels, riches en tension dramatique. Par rapport à hier, nous avons fait rentrer quatre joueurs frais, et ils ont tout donné pour la victoire."

Andrei Kovalenko (attaquant de Yaroslavl) : "Vous ne pouvez pas savoir combien il est bon d'avoir tout bouclé en quatre manches, sans avoir à attendre la cinquième. Hier, le Severstal avait si bien joué ! Ils nous avaient dominés sur tous les plans... Maintenant, je ne pense plus qu'à me reposer... et au champagne qui m'attend dans les vestiaires."

Severstal Cherepovets - Lokomotiv Yaroslavl 0-4 (0-1, 0-1, 0-2)

Jeudi 10 avril 2003 à l'Almaz de Cherepovets. 4000 spectateurs (guichets fermés).

Arbitrage de M. Zaïtsev (Moscou).

Pénalités : Cherepovets 8' (0', 6', 2'), Yaroslavl 10' (2', 4', 4').

Tirs cadrés : Cherepovets 27 (11, 7, 9), Yaroslavl 34 (9, 10, 15).

Engagements : Cherepovets 27, Yaroslavl 24.

Évolution du score :

0-1 à 15'44" : Antipov assisté de Vlasenkov et Samylin

0-2 à 37'08" : V. Butsaïev

0-3 à 48'39" : Y. Butsaïev assisté de Kovalenko (sup. num.)

0-4 à 49'30" : Tkachenko assisté de Guskov et Peterek

Gardien : Viktor Chistov (5,5).

Défenseurs : Sergueï Gusev (5,5) - Evgueni Petrochinin (5,5) ; Igor Shchadilov (5,5) - Vassili Turkovsky (5) ; Oleg Volkov (5) - Andrei Sapozhnikov (5) ; Aleksandr Shinin (5,5) - Rail Rozakov (5,5).

Attaquants : Yuri Kuznetsov (5,5) - Aleksei Kalyuzhny (5,5) - Sergueï Berdnikov (5,5) ; Yuri Dobryshkin (5,5) - Andrei Nikitenko (5) - Yuri Trubachev (5,5) ; Ruslan Nurtdinov (6) - Vadim Yepanchintsev (6) - Vladimír Vujtek jr (5) ; Aleksandr Shinkar (5) - Pavel Torgaïev (5,5) - Aleksandr Blokhin (5).

Gardien : Yegor Podomatsky (7,5).

Défenseurs : Dmitri Krasotkin (6) - Radim Tesarik (6,5) ; Sergueï Zhukov (6,5) - Ilya Gorokhov (6) ; Aleksandr Guskov (6,5) - Aleksei Vassiliev (6,5) ; Denis Grebeshkov (6).

Attaquants : Yuri Butsaïev (6,5) - Vyacheslav Butsaïev (7) - Andrei Kovalenko (7) ; Dmitri Vlasenkov (6,5) - Vladimir Samylin (6) - Vladimir Antipov (7) ; Ivan Tkachenko (7,5) - Sergueï Nemchinov (6,5) - Jan Peterek (6) ; Konstantin Rudenko (6) - Grigori Shafigullin (6) - Aleksandr Suglobov (6,5).

Les notes (sur 10) indiquées entre parenthèses sont celles attribuées par le quotidien russe Sport-Express.

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