Belarus - Francce (8 février 2003)

 

Match comptant pour l'Euro Hockey Challenge 2002/2003, tournoi de Minsk.

Le match commence sur un faux rythme avec deux équipes qui cherchent à s'appliquer dans leurs tâches défensives et usent dans un premier temps d'arguments physiques. L'arbitre hongrois n'est pas avare de pénalités, mais elles aboutissent rarement à des jeux de puissance installés et percutants. On assiste surtout à de bonnes contre-attaques, comme lorsque les Biélorusses partent à deux contre un, mais Kalyuzhny passe le palet là où son coéquipier n'est plus.

Dans l'ensemble, le Belarus est surtout dangereux par des tirs de loin, alors que les Français commencent à montrer leurs qualités. Lorsque Kastyuchonak - l'unique Biélorusse évoluant dans le championnat de France, à Brest - est en prison, Laurent Gras se débarrasse joliment de son défenseur et se présente seul devant Shabanov, mais celui-ci remporte le face-à-face. Malheureusement, la dernière pénalité du tiers-temps contre Prunet est celle de trop, puisque Sergueï Stas ouvre le score sur un lancer que Patrick Rolland n'a pas pu voir partir.

Même si le Belarus a pris l'avantage, la France fait une bonne impression. Après la phase d'observation initiale, les Bleus ont imposé un haut rythme de jeu, à base d'endurance physique et de rigueur. On les sent capables d'être récompensés de leur travail en deuxième période, d'autant que Kostitsyn s'est fait sortir peu avant le retour aux vestiaires, mais Gras est sanctionné à son tour et les deux équipes jouent à quatre contre quatre. Les Biélorusses dégagent le palet au bon moment pour que Strakhov serve Andreï Kostitsyn à sa sortie de prison. Le junior bourré de talent déborde alors sur la droite, échoue sur Rolland, mais parvient à prendre son propre rebond avec promptitude.

La volonté et la vitesse de jeu sont au sommet chez les deux équipes, ce qui enchante les spectateurs. À l'image de Benoît Bachelet, les Français ont de la précision dans leur jeu, et ils cherchent la bonne passe qui permettra de trouver le décalage. Les Biélorusses se contentent essentiellement d'un bombardement à distance. Ils sont surtout impétueux et continuent de commettre des fautes dues plus à l'énervement qu'à la nécessité du jeu.

Malheureusement, les Bleus manquent de mordant en supériorité numérique, ils ont du mal à s'installer et n'arrivent pas à conclure. Il faut dire que, les jours où Shabanov décide d'attirer le palet, il possède un magnétisme incontestable. Pour qu'il finisse par céder, il faut plusieurs joueurs pour lui masquer la vue, plus un rebond vicieux. Ce n'est qu'à ce prix que le lancer d'Allan Carriou termine sa course au fond des filets. Les Français accélèrent encore le mouvement pour égaliser, mais les Biélorusses ont du répondant et sont dans le match jusqu'au bout. Tsyplakov déborde plusieurs adversaires avec classe avant de se recentrer pour un tir très dangereux qui sollicite toutes les compétences de Patrick Rolland.

Alors que les jeunes Daramy et Bashko se prennent une méconduite pour s'être accrochés, la pression française s'accentue à chaque minute qui passe, mais même la sortie de Rolland pour faire place à un sixième joueur de champ est vaine. En effet, Sergueï Stas, le coéquipier de Barin à Krefeld, inscrit son deuxième but du jour en marquant dans la cage vide à la toute dernière seconde.

Dans ce match qui a été avant tout celui de l'assiduité défensive, les Biélorusses ont logiquement pris le meilleur puisqu'ils n'ont pas commis la moindre erreur de toute la rencontre. Cela n'en met que plus en valeur la performance des Français, eux-mêmes presque irréprochables, qui ont réussi à malmener cette équipe pendant soixante minutes. Heikki Leime avait déclaré avant la compétition rechercher plus la qualité de jeu que le résultat, c'est réussi avec ce vrai match international de haut niveau.

Élus meilleurs joueurs du match : Sergueï Shabanov pour le Belarus et Laurent Gras pour la France.

 

Commentaires d'après-match :

Vladimir Safonov (entraîneur du Belarus) : "Ce match m'a beaucoup plu. J'ai l'impression que les Français ont un style de jeu bien affirmé. C'est peut-être individuellement que nous sommes plus forts qu'eux, même si c'est le jeune Kostitsyn, qui a seulement dix-huit ans, qui a été le héros de la rencontre. Je pense que nous avons fait plaisir à nos supporters, nous ne voulions pas gâcher leurs vacances comme hier. Je voudrais remercier mon vis-à-vis pour ce match intéressant et difficile, car c'est dans ce genre de duels que l'on progresse et que les jeunes acquièrent de l'expérience internationale. Je désire aussi féliciter Shabanov. Cela fait longtemps que je ne l'avais pas vu autant à son affaire, et Sergueï a prouvé une fois de plus qu'il est un grand gardien. Je soutiens Mezin, qu'on ne laisse pas jouer dans son club [Kazan], mais nous avons maintenant la preuve que nous avons un autre excellent gardien. Il était convenu avec Mezin et Shabanov que celui qui ferait le meilleur match jouerait la rencontre décisive face à la Lettonie. Ce sera donc Sergueï."

Aleksandr Alekseïev (attaquant du Belarus) : "Le match a été bon, il a tenu les spectateurs en haleine jusqu'à la fin. Les Français ont montré une sérieuse résistance alors qu'ils vivent un changement de génération. Leurs jeunes joueurs sont bien prêts physiquement, ils patinent vite. Peut-être que la tactique est plus bancale chez eux. Sur ce point, l'école soviétique, à laquelle se réfère le Belarus, est plus pratique. En plus, nous avons adhéré au système de notre entraîneur. C'est à ce facteur, ainsi qu'à la confiance de notre gardien Sergueï Shabanov, que l'on doit ce résultat."

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "À mon avis, nous avons réussi notre match. Même si nous avons perdu, je suis satisfait de la qualité de notre jeu, et de l'opposition que nous avons fournie au Belarus. Pourquoi est-ce que notre jeu défensif est mieux au point que notre attaque ? Peut-être parce que je suis moi-même un ancien défenseur. D'un autre côté, nos attaquants ne sont simplement pas habitués à jouer à un tel rythme, et des problèmes apparaissent dans la concrétisation de nos actions. En championnat, ils ont le temps de penser, ici, l'adversaire ne leur en laisse pas le temps. Il y a un autre aspect du problème : dans le championnat de France, il y a beaucoup d'étrangers, et les entraîneurs leur font souvent plus confiance dans les moments décisifs des matches."

Stéphane Barin (défenseur - de circonstance - de la France) : "Nous avons joué avec assurance en défense, l'interaction dans l'équipe a été bonne. Mais il est dommage que nous n'ayons pas concrétisé nos occasions en fin de match. Il est important pour nous de nous confronter à des équipes qui nous sont supérieures pour apprendre. Avant le tournoi, l'entraîneur m'a demandé de jouer en défense. J'ai effectué la plus grande partie de ma carrière en attaque, mais récemment j'ai évolué à l'arrière avec Krefeld, et ça m'a plu. Il est vrai que je suis repassé à l'avant maintenant, mais ça ne me dérange pas de jouer en défense en sélection."

 

Belarus - France 3-1 (1-0, 1-0, 1-1)

Samedi 8 février 2003 à 18h30 à la patinoire du parc Gorki, à Minsk (BLR). 1900 spectateurs

Arbitrage de M. Kovacs (HON) assisté de MM. Gatsulya et Vasko (BLR).

Pénalités : Belarus 24'+10'+10' (16', 10', 18'), France 18'+10' (8', 10', 10').

Tirs cadrés : Belarus 19 (5, 8, 6), France 16 (5, 4, 7).

Engagements : Belarus 32 (10, 10, 12), France 32 (9, 13, 10).

Évolution du score :

1-0 à 18'19" : Stas assisté de Pankov et Tsyplakov (sup. num.)

2-0 à 21'39" : Kostsitsyn assisté de Strakhov (sup. num.)

2-1 à 51'18" : Carriou assisté de Briand et M. Rozenthal (sup. num.)

3-1 à 59'59" : Stas assisté de Kalyuzhny et Zhurik (cage vide)

 

Belarus

Gardien : Sergueï Shabanov.

Défenseurs : Sergueï Stas - Aleksandr Zhurik ; Andrei Bashko - Aleksandr Makritski ; Aleksandr Alekseïev - Pavel Mikulchik ; Viktor Kastyuchonak - Aleksandr Radinski.

Attaquants : Dmitri Pankov - Aleksei Kalyuzhny - Vladimir Tsyplakov (C) ; Aleksei Strakhov - Vadim Bekbulatov - Oleg Antonenko ; Andreï Kastsitsyn - Sergueï Zadialionov - Guennadi Savilov ; Evgueni Yesovlov - Oleg Malashkevich - Pavel Bely.

Remplaçant : Andrei Mezin (G). Absent : Sergueï Erkovich (suspendu).

France

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Vincent Bachet - Lilian Prunet ; Allan Carriou - Nicolas Pousset ; Jean-François Bonnard - Stéphane Barin ; Benoît Pourtanel - Karl Dewolf.

Attaquants : Richard Aimonetto - Laurent Gras - Benoît Bachelet ; David Dostal - Arnaud Briand (C) - Maurice Rozenthal ; Loïc Sadoun - Anthony Mortas - Yven Sadoun ; Xavier Daramy - Olivier Coqueux - Brice Chauvel.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G). Absent : François Rozenthal.

 

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