Lokomotiv Yaroslavl - Ak Bars Kazan (2 avril 2002)

 

Première manche de la finale du championnat de Russie 2001/2002.

but de Samylin (photo Lokomotiv Yaroslavl)

Promu entraîneur de Kazan en octobre à la place de Vladimir Krikunov, Youri Moïseïev a déjà réussi son pari en amenant son équipe jusqu'en finale. Elle a d'abord battu un Dinamo donné trop vite favori par certains dans les premiers mois de la saison, puis s'est sortie d'une demi-finale extrêmement serrée, remportée aux tirs au but contre l'Avangard Omsk. Kazan n'a-t-il pas laissé trop de forces au passage face à un adversaire plus frais car invaincu en play-offs ? Son entraîneur ne veut pas trop insister sur ce handicap, et, s'il se refuse à désigner son adversaire comme favori par respect pour ses joueurs, il connaît les qualités de Yaroslavl : "un bon ensemble de compétiteurs, un haut niveau d'organisation tactique, un excellent entraîneur, et une stabilité psychologique due à leur domination sur la saison entière, sans aucune période de doute". L'artisan de ce championnat jusqu'ici parfait est un Tchèque, Vladimír Vujtek, qui pourrait devenir le premier entraîneur étranger champion de Russie. Vujtek sait que les journalistes considèrent chacun des matches de sa formation comme une opposition de styles entre l'école de jeu tchèque et l'école russe, mais nie une telle distinction, estimant que le hockey sur glace est universel et qu'il n'y a que de légères nuances. Par contre, il évoque des différences d'attitude : "après vingt ans de travail dans mon pays, je cherchais une nouvelle motivation et c'est pour cela que je suis venu ici. En Russie, il y a beaucoup de joueurs de grande classe. Mais leur comportement à l'entraînement est un peu différent. Si seulement ils travaillaient autant que les joueurs tchèques..." En tout cas, comme tout le monde à Yaroslavl, Vujtek refuse de considérer que la finale sera facile.

Et les faits lui donnent raison, car ses adversaires donnent une opposition plus coriace que prévu. Dans les rangs des "Bars" (panthères), il manque pourtant Kudermetov et Tchupin, leur leader sur la glace lors des demi-finales. Kazan a même failli être privé de ses supporters... par la "faute" du sponsor du Lokomotiv, la compagnie de chemins de fer ! Une collision ferroviaire (qui n'a pas fait de victimes) la veille au soir a paralysé le trafic toute la matinée. Mais les supporters ont finalement pu arriver au dernier moment, ce qui a peut-être donné du cśur à l'ouvrage aux joueurs de Kazan malgré la fatigue et les pronostics très défavorables (6 contre 1 chez les parieurs). Yaroslavl se heurte à une défense très sûre, et chaque palet perdu aboutit à une dangereuse contre-attaque. Finalement, Kryukov prend la première pénalité du match, et Kazan ouvre le score dans les dernières secondes de la punition par Trofimov.

Mais la réussite des visiteurs ne dure pas, et leur énergie commence à décliner. En fin de tiers, alors que Varlamov est en prison pour crosse haute, Butsaïev égalise. Kazan craque, et, à peine une minute plus tard, Samylin donne l'avantage à Yaroslavl. Les choses se compliquent pour les Bars, qui sont proches de la correctionnelle en début de deuxième période : le vif Antipov vole le palet à Zavalyov et part plein pot. Arrivé devant la cage, il semble marquer un instant d'hésitation, et il est alors trop tard pour éviter de rentrer dans le gardien. Quant à Samylin, il n'arrive pas à temps pour le rebond. C'est alors que chacun se rend compte qu'Andreï Tsarev gît au sol. Le gardien de Kazan a en effet été percuté de plein fouet par Antipov lancé à pleine charge. Il est sonné et met trois minutes à se relever, mais secoue la tête pour reprendre ses esprits, et fait signe qu'il continue le jeu.

Même si Kazan a renoncé à sa disposition ultra-défensive, le Lokomotiv est plus prompt à marquer et y parvient avant que son adversaire égalise, grâce à Korolev qui sert magistralement Tkatchenko à six minutes du terme. Il reste pourtant une dernière chance aux visiteurs quand Vlasenkov est pénalisé pour faire trébucher à deux minutes quarante de la fin, mais Kvartalnov la gâche par un coup de crosse sur Štrbak.

 

Commentaires d'après-match :

Vladimír Vujtek (entraîneur de Yaroslavl) : "Nos défenseurs ne sont pas restés concentrés jusqu'à la fin, ils sont sortis du match sans raison, même si nous avons conservé notre avance. Nos deux buts coup sur coup ont influé sur le déroulement de ce duel, qui est néanmoins resté serré jusqu'au bout. C'est normal quand les deux meilleurs clubs russes s'affrontent, ne vous attendez pas à des 5-1 ou des 7-2. Le champion sera celui qui saura ne pas perdre ses nerfs et faire toujours preuve du même engagement. Aujourd'hui, nous étions nerveux, nous manquions de pratique du fait de notre qualification rapide en demi-finale. Rejouer après une interruption est toujours difficile. Mais nous nous sommes bien reposées et sommes bien préparés physiquement, comme cela se doit quand on vise le titre. J'espère que mes joueurs seront plus calmes demain, une étape est franchie, mais il en reste deux tout aussi importantes."

Youri Moïseïev (entraîneur de Kazan) : "Leur victoire est logique, même s'il est vrai que nous avons bien résisté. En première période, nous avons laissé la possession du palet à nos adversaires, et finalement Yaroslavl a pris la tête. Ensuite, nous avons repris l'initiative, et le Lokomotiv est apparu prenable. Nous sommes fréquemment passés près de l'égalisation, cependant je reconnais qu'elle aurait été imméritée. Nous avons perdu, mais ce match a été remarquable. [...] Pour ce qui est de Tchupin et Kudermetov, ce matin à l'entraînement, ils ont constaté qu'ils ne se sentaient pas au mieux. C'est bien sûr une lourde perte pour nous et ça nous a obligés à modifier nos lignes."

 

Lokomotiv Yaroslavl - Ak Bars Kazan 3-1 (2-1, 0-0, 1-0)

Mardi 2 avril 2002 à la Lokomotiv-Arena-2000 de Yaroslavl. 9046 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Buturlin assisté de MM. Makarov et Chelyanin.

Tirs : Yaroslavl 27 (9, 9, 9), Kazan 26 (7, 11, 8).

Occasions de but : Yaroslavl 14, Kazan 6.

Pénalités : Yaroslavl 4' (2', 0', 2'), Kazan 10' (4', 2', 4').

Évolution du score :

0-1 à 08'42" : Trofimov assisté de Zavyalov et Balmin (sup. num.).

1-1 à 18'12" : Butsaïev assisté de Kovalenko et Krasotkin (sup. num.).

2-1 à 19'13" : Samylin assisté de Zhukov et But.

3-1 à 54'07" : Tkatchenko assisté de Korolev.

 

Lokomotiv Yaroslavl :

Gardien : Podomatsky (6,5).

Défenseurs : Štrbak (6) - Krasotkin (6) ; Zhukov (6) - Amelin (5,5) ; Guskov (6) - Vassiliev (6,5) ; Kuznetsov (5) - Sobolyev (5).

Attaquants : Butsaïev (6) - Chakhraïtchuk (5,5) - Kovalenko (5,5) ; Vlasenkov (6,5) - Samylin (7) - Antipov (7) ; Tkatchenko (6,5) - Korolev (6,5) - Peterek (6) ; Vorobyev (5) - Kryukov (5,5) - But (6).

Ak Bars Kazan :

Gardien : Tsarev (6,5).

Défenseurs : Erofeïev (5,5) - Prochkin (5,5) ; Balmin (6) - Zavyalov (6) ; Bykov (5) - Zdan (5) ; Knyazev (5) - Varlamov (5).

Attaquants : Tsyplakov (6) - Benda (5,5) - Kvartalnov (5) ; Sarmatin (5) - Nikitenko (5,5) - Trofimov (6) ; Tertychny (5) - Fedorov (5) - Zolotov (5) ; Zaïnullin (5) - Garifullin (5) - Dobrychkin (5,5).

Les notes (sur 10) sont celles attribuées par le quotidien russe Sport-Express.

 

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