France - Russie B (28 décembre 2001)
Match comptant pour le XVIIème tournoi international du Mont-Blanc.
L'équipe de Russie, tenante du titre depuis deux ans, fait figure d'épouvantail dans ce tournoi. D'abord, au vu de ses résultats. Contre la "Finlande Mestis" à Annecy devant 1100 spectateurs, les Russes ont tourné le match en démonstration puisque le score était de 5-1 en leur faveur à la fin du premier tiers (score final 9-6). Après un premier tiers difficile (3-3), le rouleau compresseur russe a survolé les débats contre les Slovènes, pourtant coriaces aux dires des coaches russes. Même à trois contre cinq pendant deux minutes, la cage russe n'a pas été pénétrée. Comme la veille, ils ont mené de quatre buts (7-3 à 45'45) face à leurs adversaires (score final 7-4). Ensuite, cette équipe "russe" n'a rien d'une banale sélection. Pour preuve, leur gardien Konstantin Simchuk est ukrainien. Dans le tournoi de Ljubljana il y a deux semaines, c'était lui le portier de l'équipe d'Ukraine que la France a battu dans la dernière minute de jeu (4-3). Cette "Russie" n'est autre que le club du Spartak de Moscou qui occupe la troisième place actuellement de la Ligue Russe de Hockey. Bon nombre de joueurs composant ce Spartak ont été draftés par des clubs de Ligue Nationale dans les années 90. Les arrières Stepan Mokhov (Chicago Black Hawks), Nikolaï Kopytine (Dallas Stars) et les attaquants Bogdan Savenko (Chicago Black Hawks), Mikhaïl Volkov (Buffalo Sabres), Pavel Agarkov (Detroit Red Wings) et Alexeï Kollounov (Pittsburgh Penguins). Plus récemment, ce sont les deux attaquants Dmitri Upper (New York Islanders en 2000) et surtout Sergei Zinoviev (Boston Bruns en 2000) qui ont été repérés. Il faut noter aussi que le défenseur Yevgeny Shaldybin a joué quelques matches avec les Bruns de Boston en 1995. Pour couronner le tout, le gardien Konstantin Simchuk, les avants Dmitri Upper et Dmitri Gogolev font partie des équipes All Stars 2001 de la RHL ! Voilà à quelle équipe les Bleus vont s'attaquer. Il faudra vaincre ce terrible "Spartak de Russie" pour le dernier match de Philippe Bozon, en France, sous le maillot de l'équipe de France.
"Jouer à fond et se faire plaisir" ont été les derniers mots d'Heikki Leime à l'entraînement du matin précédent le match. Les bleus vont respecter ces mots. Jouer à fond, quand l'occasion se présentera. A quatre contre quatre, après un missile de "Bob" Ouellet de la zone neutre, Konstantin Simchuk contrôlait mal le palet et laissait échapper sa crosse. Guillaume Besse jouait à fond ce coup du sort et ouvrait le score (1-0 à 16'18). Les Russes ne s'emballaient pas. Lors de leurs deux précédents match, ils avaient déjà été menés sur le même score. Ce qui ne les pas empêchés de dévorer leurs adversaires. Fidèles à leur culture, ils attendaient la faute bleue - qui ne viendra que plus tard - ou un jeu de puissance pour recoller au score.
Les palabres russes avec les arbitres les déconcentraient de leur sujet d'aujourd'hui. A savoir des Bleus motivés, accrocheurs, conquérants, aux trois premières lignes enfin rodées. La quatrième avait beaucoup plus de mal car Géraud Maréchal et Vincent Bachet avaient dû déclarer forfaits touchés pendant le match contre la Finlande. Ils étaient respectivement remplacés par Julian Marcos et Simon Bachelet, ce dernier venu spécialement de Grenoble pour ce match. Pendant ce temps, le rythme du match désorganisé par les pénalités que subissait la maison Spartak, et Guillaume Besse, fer de lance français, remettait le couvert (2-0 à 28'41). Deux minutes après le Rouennais, c'est Jonathan Zwikel qui parachevait le travail à la mi-match (3-0 à 30'42). Un excès de confiance plus tard, les bleus payaient un jeu à risque qu'ils pouvaient se permettre (3-1 à 37'24). Malheureusement, les Français jouaient moins "à fond" et laissaient traîner un palet dans l'enclave. Sergueï Arekaev en profitait (3-2 à 38'32). Alors qu'ils maîtrisaient la rencontre, les coéquipiers de Philippe Bozon se mettaient eux-mêmes à la portée d'une crosse du Spartak.
Le dernier vingt scellera donc le vainqueur du match. Toujours aussi virulent les Russes se mettaient de nouveaux handicaps pénaux. Philippe Bozon de la bleue fut mis à l'ouvrage. Son lancer frappé heurtait les jambières de Konstantin Simchuk mais parvenait à franchir la ligne fatidique (4-2 à 44'04). Les dieux du hockey de Kingston et d'Halifax réunis accordaient à ce champion de marquer le but gagnant de son dernier match en France avec la sélection, à Megève, la patinoire où il a fait son hockey mineur. La suite allait être de la même facture, le suspense et le spectacle aussi. Les Russes recollaient au score dans un jeu à quatre contre quatre (4-3 à 52'34). Mais à force de jouer à fond, les Bleus réalisaient des prouesses. Avec l'aide d'un Christobal Huet impeccable sauvant son camp avec talent, l'une d'entre elles était constructive. Guillaume Besse réalisait le tour du chapeau (5-3 à 55'12). En fin de match, le coach russe sorti son gardien et Philippe Bozon en profitait pour clôturer la marque et souscrivait aux spectateurs et à ses coéquipiers de lui rendre hommage (6-3 à 58'26). Jouer à fond pour se faire plaisir ! Des adieux réussis pour Philippe Bozon.
L'équipe de France a toujours les même points faibles mais elle en semble libérée. Sans arrière-pensées, elle joue plus naturellement. Les Bleus jouent un jeu basé sur ce qu'ils savent faire, sur leurs points forts, enthousiasme, vitesse, abnégation et courage. Ils ne semblent plus uniquement concentré sur leurs défauts. Moins calculateurs, plus instinctifs, ils semblent sur le dernier match avoir trouvé un jeu à leur mesure ne comptant pas uniquement sur la défense totale, ni sur l'attaque à outrance. Pour les J.O., devant la cage, Heikki Leime n'a pas l'embarra du choix tellement Christobal Huet s'impose. Pour les lignes arrières, on ne peut pas dire qu'individuellement Denis Perez ou Baptiste Amar aient manqué. Au cours de ce tournoi les lignes arrières auront été homogènes. A l'avant, deux trios semblent se dessiner : Bozon-Briand-M.Rozenthal ; F.Rozenthal-Zwikel-Aimonetto. Il reste au sélectionneur à compéter le duo Barin-Ouellet et trouver une quatrième ligne. Là, les options seront plus tortueuses.
Compte-rendu signé Thierry Frechon
France - Russie B 6-3 (1-0, 2-2, 3-1).
Le 28 décembre 2001 à 20h45 à Megève. 3000 spectateurs.
Arbitrage de M. Rochette (Canada).
Pénalités : France 10' (6', 2', 2'), Russie 22+20' (8+20', 6', 8').
Tirs : France 25 (7, 8, 10), Russie 52 (15, 19, 18).
Arrêts : Huet (94,3%) 49/52 (15/15, 17/19, 17/18), Simchuk (79,2%) 19/24 (6/7, 6/8, 7/9).
Supériorités : France 1/11 (0/4, 1/3, 0/4), Russie 0/5 (0/3, 0/1, 0/1).
Évolution du score :
1-0 à 16'18" : Besse assisté de Ouellet et Pourtanel.
2-0 à 28'41" : Besse assisté de Gras et Dewolf.
3-0 à 30'42" : Zwikel assisté de Aimonetto et Pousset.
3-1 à 37'24" : Kanareykin (inf.num.).
3-2 à 38'32" : Arekaev assisté de Zinoniev et Klevakine.
4-2 à 44'04" : Bozon assisté de Mortas et Ouellet (sup.num.).
4-3 à 52'34" : Gogolev assisté de Volkov.
5-3 à 55'12" : Besse assisté de B.Bachelet et Pourtanel.
6-3 à 58'26" : Bozon assisté de Zwikel et Bonnard (cage vide).
France :
Gardien : Christobal Huet (Lugano, SUI).
Défenseurs : Allan Carriou (Rouen) - Jean-François Bonnard (Grenoble) ; Karl Dewolf (Amiens) - Benoît Pourtanel (Angers) ; Simon Bachelet (Grenoble) - Nicolas Pousset (Reims).
Attaquants : Philippe Bozon (Genève-Servette, SUI) - Anthony Mortas (Reims) - Maurice Rozenthal (Björklöven, SUE) ; François Rozenthal (Björklöven, SUE) - Jonathan Zwikel (Reims) - Richard Aimonetto (Reims) ; Guillaume Besse (Rouen) - Robert Ouellet (Anglet) - Benoît Bachelet (Grenoble) ; Julian Marcos (Amiens) - Laurent Gras (Amiens) - Yven Sadoun (Reims).
Remplaçant : Fabrice Lhenry (G, Mulhouse).
Entraîneur : Heikki Leime..
Russie B :
Gardien : Konstantin Simchuk (Spartak Moscou).
Défenseurs : Sergueï Rechetnikov (Spartak Moscou) - Yevgeny Shaldybin (Spartak Moscou) ; Vladimir Tiourikov (Spartak Moscou) - Leonid Kanareykin (Spartak Moscou) ; Maksim Vasyuchkov (Spartak Moscou) - Stepan Mokhov (Spartak Moscou) ; Alexeï Komorov (Spartak Moscou).
Attaquants : Sergueï Zinoviev (Spartak Moscou) - Mikhaïl Volkov (Spartak Moscou) - Dmitri Gogolev (Spartak Moscou) ; Bogdan Savenko (Spartak Moscou) - Dmitri Upper (Spartak Moscou) - Nikolaï Kopytine (Spartak Moscou) ; Sergueï Arekaev (Spartak Moscou) - Pavel Agarkov (Spartak Moscou) - Dmitri Klevakine (Spartak Moscou) ; Alexeï Kollounov (Spartak Moscou) - Renat Khairetdinov (Spartak Moscou) - Sergueï Palkin (Spartak Moscou) ; Igor Boldine (Spartak Moscou).
Remplaçant : Vladimir Tikhomirov (G, Spartak Moscou).
Entraîneur : Nikolaï Soloviev (Spartak Moscou).