République Tchèque - Slovaquie (27 décembre 2001)

 

Match comptant pour le championnat du monde junior 2001/2002.

On apprenait avant le match que le deuxième gardien tchèque Petr Sulan, blessé à l'entraînement du matin, avait été remplacé avec l'assentiment de l'IIHF. Toute élimination est définitive, et cela signifie qu'il ne pourra donc pas revenir dans l'effectif. Les championnats du monde sont donc finis pour lui, même s'il devrait être rétabli dans trois ou quatre jours. À sa place, les Tchèques ont rappelé Lukás Hronek, qui devait à l'origine être le gardien numéro 1, mais qui avait été écarté pour cause de grippe juste avant le tournoi. La "blessure" de circonstance de Sulan intervient donc à point pour le faire rentrer.

Les deux équipes abordent cette rencontre dans un état d'esprit bien différent. Parfaits outsiders, les Slovaques restent sur une large victoire contre le Belarus alors que les Tchèques sont en quête de rachat et de points après leur défaite initiale. La phase initiale confirme cette tendance puisque les Slovaques remportent le premier engagement et que, sur cette action, le capitaine tchèque Urstnul est déjà envoyé en prison. La pénalité est tuée sous les acclamations du public. À la quatrième minute, Radovan Svoboda fait trébucher Horava en entrée de zone et doit lui aussi cirer le banc des condamnés. Après une déviation d'Urstnul qui passe à côté, Jurcina est à son tour envoyé dans la geôle. Cinquante secondes avec deux Tchèques en plus, cinquante secondes de véritable siège, mais sans jamais trouver la faille. Les Tchèques ont dès lors la maîtrise de la rencontre, mais pèchent toujours dans la finition. Ils ont une énorme occasion après huit minutes sur un slap de Urstnul que Peter Budaj repousse sur Hemský. Celui-ci semble avoir le but tout fait mais ne lève pas assez son palet et le gardien slovaque peut faire barrage d'un réflexe de la crosse.

On vient de franchir la moitié de la première période quand Svatos est pénalisé. Sur le jeu de puissance, Novak se fait voler le palet à la bleue par Pohanka qui part en breakaway mais perd son duel contre Hronek. Malgré ce nouvel avantage numérique bien infructueux, les Tchèques sont toujours les plus dangereux, surtout Horava, auteur d'une déviation devant le but et de deux tirs face à la cage qui passent tous deux trop à droite.

La roue des pénalités tourne un temps en faveur des Slovaques, qui n'ont guère plus de réussite que leurs voisins durant leurs trente secondes de double supériorité numérique. Le match est tendu entre les deux pays frères, et les mauvais gestes coûtent cher aux Slovaques : Gajdos qui vient chatouiller d'un peu près le gardien est puni par un adversaire et par l'arbitre, suivi par Kopecky, coupable d'avoir violemment relevé sa crosse au visage d'Ustrnul. Bilan, nouvelle double supériorité numérique, cette fois beaucoup plus imposante : 1'45" ! Et pourtant, elle connaîtra le même sort que les autres, les Tchèques se cassant toujours les dents sur une défense bien regroupée.

Peu de variations dans le scénario puisque la reprise est marquée par une splendide parade de Budaj devant Novotný. Lorsque Smehlik est envoyé en prison, les encouragements du public redoublent : ça ne peut plus durer, cette fois doit être la bonne ! Les Tchèques passent les deux minutes d'avantage dans la zone adverse, mais ne réussissent qu'un seul tir cadré, et c'est pour voir Budaj sortir un nouvel arrêt-réflexe devant Horava. Nouvelle pénalité contre Kristin, et la malédiction continue : les tirs de Krajícek et de Blaták sont implacablement déviés. Et ce qui devait arriver arriva : il reste six minutes dans le tiers quand Hronek a le gant glissant sur un tir de la bleue de Kopecky. Cette erreur du gardien tchèque, qui fera regretter à certains la blessure diplomatique de Sulan destinée à faire rentrer Hronek, doit être d'autant plus amère pour ce dernier qu'elle contraste singulièrement avec les exploits répétés de son vis-à-vis en état de grâce. Macho aurait même pu ajouter un deuxième but d'un tir (trop) croisé. Comme assommés, les Tchèques mettent beaucoup moins d'entrain et semblent baisser les bras.

Comme on pouvait s'y attendre, ils repassent à l'attaque après la pause, remontés par leur coach, mais on assiste encore aux mêmes déviations manquées et sauvetages de Budaj, cette fois devant Podlesak. Maigre consolation pour les Tchèques, le jeu de puissance slovaque, à l'ouvrage sur une prison de Novotny, n'est guère plus brillant que le leur. On voit sur l'infériorité Plekanec attrapper le palet et lancer un 2 contre 1, où Hemský ne parvient pas à trouver le trou entre les jambières de Budaj. Il reste une dizaine de minutes quand le public s'enflamme à nouveau à cause de deux prisons appelées coup sur coup contre Stehlik et Kopecky. La minute quarante de double supériorité est intelligemment coupée en deux par le coach slovaque désireux de reposer ses troupes, et est à nouveau infructueuse. Les Slovaques peuvent alors tuer le match mais Kolacek trouve le poteau et la contre-attaque de Skladany échoue sur Hronek.

Pour autant, le problème des Tchèques est ailleurs, il a un nom : Peter Budaj, qui continue à repousser tout ce qui bouge, en particulier des lancers de Horava et Ustrnul, les plus actifs de ce match mais sûrement pas les plus efficaces, puisqu'ils ont connu pas mal de déchet dans leur jeu. À dix secondes de la fin, Novotny tente le tir de la dernière chance, mais Velebny dégage le rebond. Deux matches, deux défaites : les Tchèques sont tombés à chaque fois sur un gardien excellent. Coïncidence ou preuve de leur dramatique inefficacité ? Il faudra qu'ils retrouvent confiance dans leur attaque contre le Belarus car ce début de Mondial est bien loin de leurs espérances. En incluant les tournois du début de saison et les matches de préparation, c'est la neuvième défaite d'affilée pour cette équipe, qui n'a peut-être tout simplement pas les moyens d'égaler sa devancière.

Pour les Slovaques, cela commence à sentir bon... ou plutôt mauvais. Ils se sont en effet promis de suivre des rituels superstitieux et de ne pas laver les maillots tant qu'ils gagneraient. Les voilà à deux victoires, la lessive ne sera toujours pas pour ce soir !

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Pavel Hynek (entraîneur-adjoint de la République Tchèque) : "Nous étions la meilleure équipe, sauf pendant cinq minutes durant lesquelles les Slovaques ont marqué. Nous avons principalement manqué de calme, nous avons eu des occasions, notamment les trois 5 contre 3 gâchés. Je dois néanmoins féliciter les joueurs de leur performance et espérer que les prochains matches apporteront de meilleurs résultats."

Ales Hemsky (élu meilleur joueur de la République Tchèque) : "Je pense que nous avons bien joué mais nous avons manqué de chance. Nous avons manqué d'explosivité en jeu de puissance. Nous étions un peu nerveux à cause de nos nombreux supporters."

Julius Supler (entraîneur de la Slovaquie) : "Nos joueurs ont joué au-dessus de leurs possiblités techniques et tactiques même s'ils ont commis qulques erreurs. Nous n'avions rien à perdre, cette victoire est au-dessus de nos prévisions, maintenant je commence à penser non plus aux quarts mais aux demi-finales."

Peter Budaj (élu meilleur joueur de la Slovaquie) : "Nous avons tous promis de travailler pour l'équipe et nous avons été capables de le faire tout au long du match. Pour ma part c'était probablement le meilleur match de ma carrière et je suis heureux d'avoir été utile à l'équipe."

Tomas Kopecky (unique buteur du match) : "Sur l'action du but, j'étais très fatigué, je ne pensais qu'à rentrer sur le banc et j'ai tenté un dernier tir ; c'est alors que j'ai vu tous mes coéquipiers se précipiter sur moi et que j'ai compris."

 

République Tchèque - Slovaquie 0-1 (0-0, 0-1, 0-0)
Jeudi 27 décembre 2001 à 20h15 à Pardubice. 9170 spectateurs.
Arbitres : Scott Hutchinson (CAN) assisté de Daniel Stricker (SUI) et Aleksandr Zaitsev (RUS).
Pénalités : République Tchèque 12' (8', 0', 4'), Slovaquie 22' (12', 4', 6').
Tirs : République Tchèque 45 (18, 14, 13), Slovaquie 14 (6, 5, 2).

Évolution du score :
0-1 à 33'12" : Kopecky assisté de Pohanka et Velebny
 

République Tchèque

Attaquants :
Ales Hemský (2') - Tomás Plekanec - Petr Prucha (-1)
Miloslav Horava - Martin Podlesák - Frantisek Lukes puis à 40'00" Jaroslav Sklenár
Jirí Novotný (-1, 2') - Jirí Hudler (-1) - Michal Vondrka (4')

Défenseurs :
Libor Ustrnul (C, 2') - Lukás Krajícek (2')
Filip Novák - Petr Chvojka
Miroslav Blaták (-1) - Lukás Pozivil (-1)

Gardien :
Lukas Hronek [sorti à 59'07"]

Remplaçants : Michal Fikrt (G), Tomás Mojzís, Jan Hanzlík (D), Jirí Jakes, Jan Bohác (A).

Slovaquie

Attaquants :
Miroslav Kristín (2') - Michal Macho - František Skladaný (C)
Peter Holecko - Peter Gajdoš - Marek Svatoš (2')
Tomáš Oravec (+1) - Tomáš Kopecky (+1, 2') - Igor Pohanka (+1)
Michal Kolarík - Ivan Kolozváry - Tomáš Jasko

Défenseurs :
Peter Frühauf (+1, 2') - Luboš Velebný (+1, 2')
Richard Stehlík (4') - Milan Jurcina (2')
Stanislav Hudec - Karol Sloboda
Tomáš Malec - Radovan Sloboda (2')

Gardien :
Peter Budaj

Remplaçant : Peter Hamerlík (G)

 

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