Mulhouse - Rouen (4 décembre 2001)

 

Match comptant pour la huitième journée de la deuxième phase du championnat Elite 2001/2002

Thomas Duménil

Après une victoire encourageante, et méritée, samedi dernier contre Angers, les Scorpions de Mulhouse recevaient pour la seconde fois les Dragons de Rouen, avec sûrement une envie de ne pas renouveler la première expérience, qui s'était soldée par une victoire des champions de France haut la main.

Les deux équipes jouent au complet, Benjamin Galmiche, pour Mulhouse, fait sa rentrée. Oh, il sera surtout là pour l 'échauffement, ne jouant pas du match, mais la convalescence est finie, le moral va être d'attaque pour le "petit" n°20.

Tiens, en parlant d'attaque, et bien ce sont les visiteurs qui se ruent à l'assaut du but d'Edouard Denis. Et il va en voir des tirs, le jeune Franco-Suisse : des tirs de la bleue, des tirs à deux mètres, des passes-déviations devant ses yeux, des palets qu'il détourne et qui montent dans les airs, pour redescendre à cinq mètres de sa cage, des plongeons pour rattraper en deux fois un palet à qui il a laissé un rebond... Le malheureux gardien est un peu livré à lui-même, sa défense n'arrivant pas à se dégager correctement, ni à faire un minimum de ménage devant lui. Au bout de cinq minutes, le chiffre est éloquent : Rouen a tiré 9 fois (sans compter les non-cadrés) quand Mulhouse n'a inquiété Groenveld qu'une seule fois. Sans commentaires... Les relances sont catastrophiques, surtout qu'il y a toujours au moins un Rouennais pour exploiter le moindre palet égaré... Et Mulhouse ne va commencer à retrouver ses esprits que vers la moitié de la période. L'orage semble se calmer, même si les remontées sont difficiles. Et sur une des rares, Lehmusvuori tire sur Groenveld (puis "s'amuse" avec Bellier...), le requin des surfaces, Jimmy Provencher, profite du rebond pour ouvrir le score. Du réalisme impressionnant pour Mulhouse, quand on voit que Rouen va en remettre de plus belle pour revenir, mais les Scorpions locaux, revigorés, montrent plus sérieusement le bout de leur dard, par Provencher encore. Et la rentrée aux vestiaires va être bonne pour le moral mulhousien.

Pas longtemps d'ailleurs car le début de deuxième période, très rapidement joué, va permettre à Pajonkowki de remettre son équipe sur les rails (N'ayant pu assister à ce début, c'est l'excellent Ribou, du Riboulive, qui me précisera le travail de Besse pour Paradis, qui transmet à Pajon esseulé au niveau du slot. Merci Ribou !). Mulhouse ne va pas douter, bien au contraire, et se lancer dans des contres bien amenés. Le jeu est assez fluide, les deux équipes usant assez fréquemment du contre à la ligne bleue pour se montrer dangereux. Mulhouse va même avoir deux minutes de double supériorité pour une obstruction de Bellier, suivie d'un retard de jeu caractérisé des Rouennais pour envoyer le même Bellier en prison. Hélas, rien de bien concret, les passes arrivent assez mal. Le match va se rééquilibrer jusqu'à cette faute de Ruokonen, qui va permettre à Rouen de se détacher. Pourtant, la supériorité, bien entamée, provoque un contre mulhousien qui échoue sur Groenveld. Aussitôt, le contre rouennais, lui, va permettre à Besse, idéalement seul en pointe, de tromper du revers Edouard Denis. Le jeu ne perd pas de son intensité, et Lacroix se lance à toute allure sur la droite du portier local, le long de la bande, puis centre à l'opposé. Paradis, "amené" par une crosse défensive mulhousienne, voit le palet détourné par son patin et finir, doucement, dans les buts de Denis, pris à contre-pied. L'arbitre ne semble avoir rien vu, accordant le but à Doucet. Honnêtement, l'attaquant rouennais semble vraiment avoir involontairement détourné le palet du pied... mais ce but assomme quelque peu les Mulhousiens. Les esprits vont doucement commencer à s'échauffer, l'arbitre, assez hésitant, ne parvenant pas à diriger fermement le match... et le banc !

On se dit que le troisième tiers risque d'être long pour Mulhouse qui recommence à tomber dans ses travers habituels (passes stériles, peu de tirs notamment), surtout qu'ils se voient privés de leur stratège, Olivier Coqueux, à cause probablement d'un choc à la fin de la deuxième période.

Nicolas Carry va alors monter en attaque, et Thomas Dumenil jouer le sixième défenseur, comme samedi. Et Mulhouse d'y croire rapidement, puisqu'après une sérieuse escarmouche de Provencher, Bilbao et Vaillant partent à l'assaut : le premier alerte le second, qui le sert, une petite feinte et hop dans le but. Beaucoup de détermination dans le regard du capitaine local, un signe envers la tribune ultra pour leur dire que tout n'est pas joué. Surtout que Rouen a sorti le profil "recroquevillé", pas très habituel chez eux. Les attaques sont mulhousiennes (Faith, Boman, Aubry, entre autres), Rouen attend... comme cette pénalité de Faith, où ils ne vont pas tirer une seule fois. Bref, Mulhouse pousse pour revenir, jusqu'à cette (double) pénalité qui va changer radicalement la physionomie du match. Dumenil est sanctionné pour un cinglage. Puis, quinze secondes après, Lehmusvuori n'y va pas par quatre chemins pour charger un attaquant adverse, la manière est quelque peu virile, et surtout spectaculaire. Résultat, une double supériorité que Rouen va largement exploiter, même si l'entame aurait pu mal finir : Groenveld, sortant de sa cage pour la ligne bleue, afin de relancer le palet, se troue carrément, laissant le but grand ouvert... Mais Boman, à bout de course, ne peut viser suffisamment fort, et c'est un défenseur rouennais qui va sauver son gardien du naufrage (un Philou pas très inspiré pour ce match, accumulant quatre ou cinq sorties très hasardeuses devant, et derrière, sa cage). D'abord, la marque est trouvée sur un essai de Carriou. Ensuite sur un travail de Riihijärvi qui passe pour Lacroix, derrière la cage. Une ou deux volte-face puis un bref retour vers le but, où Denis a laissé un léger espace : trop tard, le palet est rentré. Beaucoup de réalisme, là aussi : quatre tirs, deux buts depuis le début de la période.

Arnaud Vaillant

Une explication entre Vogin et Vaillant va vite se terminer : le Rouennais, en un tour de main, remonte le maillot du Scorpion, puis lui assène deux-trois "tours de mains". (Un peu plus d'inspiration dans sa partie aurait peut-être été mieux appréciée)... La sanction est cocasse : Vaillant et Vogin prennent deux minutes chacun, pour attitude anti-sportive, et partent aux vestiaires ! Bilbao, de son côté, prend une méconduite de match, peut-être à cause d'une trop grande fougue dans ses propos.

Dès lors, la fin de la partie va être tendue. Christer Eriksson va réorganiser ses lignes : il a quand même perdu trois attaquants. Lageard va monter en attaque. Mais les actions ne seront plus vraiment dangereuses, Rouen se satisfaisant de ce résultat, cherchant surtout à échauffer les esprits dès que le palet file vers son gardien. Mulhouse, plus forcément lucide, et sûrement déçu de cette fin de match, et du sort de son entraîneur-joueur Arnaud Vaillant, tombe dans le panneau. Rideau donc sur cette fin de match pas très intéressante.

Rouen a montré deux visages : d'abord entreprenant, étouffant, prouvant qu'il n'est pas champion pour rien. La ligne Pajon-Besse-Paradis étant nettement plus incisive que la ligne des "petits". Puis, curieusement, à 3-1, ils ont joué le recroquevillement caractérisé durant le dernier tiers. Peut-être avaient-ils puisé un peu trop dans leurs forces les deux premières périodes, et voulaient-ils avant tout le résultat, ce que l'on peut comprendre.

Mulhouse a été bien irrégulier durant ce match : d'abord oppressés, puis remontant la pente doucement, pour prendre le match à leur compte jusqu'à cette fameuse double infériorité. Et de retomber dans ses travers habituels, notamment des fautes pas vraiment à propos, des réponses aux provocations adverses, beaucoup d'indiscipline qui se paie cher face à des "vieux" renards de l'Elite. Il faut vraiment être régulier tout le match pour inquiéter n'importe quelle équipe. A Mulhouse de ne pas tomber dans le panneau, et de se concentrer sur son hockey, comme elle a su le faire contre Angers.

Récompensés à la fin du match : Besse pour Rouen, et Provencher pour Mulhouse.

J'ai bien aimé :

- Pour Mulhouse : Prunet (sobre mais efficace derrière), Bringuet et Bilbao (pour la gnak)

- Pour Rouen : Riihijärvi et Lacroix

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Mulhouse - Rouen 2-5 (1-0, 0-3, 1-2)

650 spectateurs. Arbitre : M. Bergamelli assisté de MM. Roueche et Henry.

Pénalités : Mulhouse 14' + pénalités de match à Vaillant et Bilbao (2', 4', 8'+20'+20'), Rouen 10' (0', 6', 4').

Évolution du score :

1-0 à 13'08" : Provencher assisté de Lehmusvuori et Faith.

1-1 à 21'37" : Pajonkowski assisté de Paradis et Besse.

1-2 à 30'11" : Besse assisté de Paradis et Carlsson (sup.num.).

1-3 à 32'06" : Lacroix assisté de Paradis et Doucet.

2-3 à 41'45" : Bilbao assisté de Vaillant.

2-4 à 52'20" : Carriou assisté de Riihijärvi et Doucet (double sup.num.).

2-5 à 58'03" : Lacroix assisté de Riihijärvi et Doucet (sup.num.).

 

Mulhouse :

Gardien : Denis

Défenseurs : Ruokonen - Carry (puis Dumenil) ; Dimet - Lehmusvuori ; Karlsson - Prunet. 

Attaquants : Boman (puis Carry) - Bilbao - Vaillant ; Provencher - Coqueux (puis Boman) - Faith ; Aubry - Croz - Bringuet.

Remplaçant : Lageard, Galmiche.

Rouen :

Gardiens : Groenveld

Défenseurs : Riihijärvi - Bellier ; Carriou - Bessard ; Carlsson - Jodoin.

Attaquants : Doucet - Vogin - Lacroix ; Besse - Pajonkowski - Paradis ; Kevorkian - Bussat - Billard.

Remplaçant : Charret (G).

 

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