Reims - Anglet (20 mars 2001)

 

Cinquième match de la demi-finale du Championnat de France Élite.

Le public était acquis à la cause rémoise puisqu'une dizaine de supporters angloys seulement avaient pu trouver des places pour assister au match. Leur arrivée en triomphe dans les gradins avait le don de crisper les supporters locaux. On sentait déjà l'importance de l'enjeu dans les chants et les huées rémois. Reims jouait sa saison alors que chaque match de l'Hormadi était un bonus pour le club. D'un côté la pression et de l'autre la fête.

Pour ce dernier match de la série (puisqu'il en fallait bien un), les Angloys étaient toujours privés de Coulombeix et bien sûr de Vorobel suspendu. Côté rémois, le retour de Brunelle s'est avéré infructueux vendredi, et des boiteux sont revenus du week-end, Ribanelli touché au genou, Marcelle qui ressent une douleur aux adducteurs, Segla qui a pris un coup dans le dos... Malgré ces maux, tous - mis à part Brunelle - étaient équipés pour décrocher la qualification.

Arnaud Briand et Daniel Paradis assistaient au match, espérant pouvoir être fiers de leurs anciens coéquipiers. Cela commençait mal pour les Rémois malgré un bon tir de Loïc Sadoun dans la botte de Raymond (1'09). En effet, les joueurs étaient très tendus des deux côtés et le jeu avait du mal à se développer. La blessure de Jonathan Zwikel à l'épaule lors de sa première présence n'arrangeait pas les choses côté rémois. Il devait quitter la glace et ses coéquipiers et laisser sa place au jeune Mickaël Brodin au centre de la troisième ligne (2'10).

Après une supériorité improductive (Izaguirre en prison), les Rémois devaient faire face à un nouvel absent. David Ribanelli rejoignait son banc, sur un patin, le visage marqué (4'38). Gaël Guilhem pensait alors terminer le match mais il n'apparaîtrait en fait que quelques secondes, le temps au médecin du club de soigner à la va-vite le genou douloureux de l'ailier et à l'entraîneur de l'envoyer une nouvelle fois au charbon. Quel début de match rugueux !

Reims avait donc beaucoup de mal à mettre son jeu en place et les Angloys profitaient de cela pour inscrire un premier but (sur leur premier tir) par l'intermédiaire de Stanislas Solaux. Un contre emmenait Solaux et Izaguirre face à Christophe Marcelle, le défenseur rémois se plaçait plus ou moins bien et laissait la place à l'international pour ajuster Hätinen (5'36, 0-1).

S'ensuivait alors la furia des arbitres. Les Rémois devaient faire face à quatre minutes d'infériorité dont deux minutes en double. Les arbitres tombaient dans le piège d'Éric Raymond qui ne se privait pas de sortir de sa cage, voyant que le moindre choc avec un adversaire valait deux minutes à celui-ci. C'était bien trop pour les Rémois pas encore à leur place, et malgré la résistance du trio Aimonetto-Laflamme-Bachet, Lahtinen se retrouvait en position favorable pour trompait le gardien rémois (8'49, 0-2). Deux buts en quatre tirs, quel opportunisme angloy !

Le suite de ce premier tiers était à l'avantage des Rémois mais la technique faisait défaut ce soir. Pas un contrôle n'était correct, ce qui empêchait le développement constructif. Très peu de tirs malgré les deux buts de retard. Le coup était dur à encaisser car revenir au score ne serait pas facile même si on se souvient que dans la saison régulière, les Rémois avait réussi à remporter un match face à l'Hormadi alors qu'ils étaient menés 0-3 à la fin du premier tiers. Mais ce match-là n'est pas un match ordinaire, pas un simple match de saison régulière.

Suite à un contact avec Amsellem, Ribanelli retournait une nouvelle fois sur son banc avec difficulté, mais héroïque jusqu'à maintenant, il reviendrait encore sur la glace pour aider ses coéquipiers. À un de plus, les Rémois se montraient improductifs alors que les Angloys auraient bien pu augmenter leur écart sur un tir de Perez et son rebond (15'29) ou un tir pris par Manson (17'05). La seule action dangereuse était un smash du gant d'Yven Sadoun (18'13) sur la pénalité angloye suivante.

Une pénalité rémoise était sifflée à 20' de jeu (Archambault) ce qui obligerait les Rémois à débuter le deuxième tiers dans une mauvaise position. Les Flammes Bleues allaient-elles trouver des ressources pour revenir au score et se libérer ? (les joueurs étaient plutôt crispés dans ce premier tiers)

Il fallait tout le talent de Markus Hätinen pour garder les Rémois dans le match lors de l'infériorité numérique. Face à cinq Angloys, il tenait la maison rémoise et permettait de garder (seulement !) deux buts de retard. Les Rémois allaient-ils enfin rentrer dans ce match ? On pouvait en douter en voyant que sur la supériorité suivante, ils étaient même incapables de porter le danger devant Raymond, bien gardé par le carré angloy (24'08).

Une petite altercation entre Archambault et Raymond valait deux minutes de pénalité à chacun (27'43). Cela allait libérer des espaces et les Rémois en profitaient enfin. Ils manquaient pourtant d'imagination dans leur action. On voit coup sur coup trois fois la même construction, et à chaque fois, Raymond s'en sortait sans dommage. Gérald Guennelon profitait un peu trop de son bon slap de la bleue et cherchait sans cesse la déviation d'un attaquant devant le slot mais sans réussite (28'). Pourtant, les Rémois avaient les moyens de revenir au score à l'image d'un Richard Aimonetto qui dribblait deux adversaires avant de tenter sa chance en déséquilibre (29'07). Voilà certainement le genre d'action qui leur permettrait de se remettre dans la course.

Une nouvelle supériorité rémoise portait un peu plus le danger dans le camp angloy. Mais les tirs de Guennelon ne trouvaient pas le cadre ou étaient arrêtés par le portier basque (31'). Les Rémois réussissaient tout de même à revenir au score dans cette position grâce à Aimonetto. Après un tour de cage, il repiquait devant le slot et tentait sa chance malgré Raymond qui bouchait l'angle. Le palet se perdait alors sous le gardien avant de continuer sa course le long de sa crosse posée sur la glace. Il n'y avait alors plus un mouvement dans la patinoire, le palet était-il assez puissant pour finir derrière la ligne ou alors Raymond allait-il s'interposer avant. Personne ne voyait trop le palet ni ne pouvait intervenir, et c'est lentement qu'il allait s'arrêter juste derrière la ligne, permettant aux Rémois de reprendre confiance (32'34, 1-2).

Loïc Sadoun était à deux doigts de profiter d'une mésentente angloye devant la cage, mais dans la continuité de l'action Ribanelli était sanctionné après un nouveau cafouillage (33'10). Cela permettait aux Angloys de sortir de leur zone et il s'en fallait même de peu que Marcelle ne dévie dans sa cage un tir de Lapinkoski (33'45). La fin du tiers voyait un va-et-vient du côté des prisons ce qui empêchait au jeu de se développer correctement. Loïc Sadoun et Guennelon d'un côté, Solaux et Baldris de l'autre allaient chacun leur tour en prison (le tout en moins de cinq minutes) mais cela n'apportait rien au jeu.

Restait donc vingt minutes aux Rémois pour revenir. C'était largement faisable s'ils se décidaient enfin à tenter leur chance, et si comme l'avait préconisé Archambault avant le match, l'équipe était disciplinée. Le dernier tiers commençait tambour battant, les Rémois étaient enfin réveillés. Des tirs venaient mettre en difficulté le gardien adverse. Les supériorités se succédaient, ce qui finissait par être payant. En effet, sur une pénalité infligée à Carry, Gérald Guennelon remettait les deux équipes à égalité. Après un bon travail derrière la cage d'Aimonetto, il n'avait plus qu'à ajuster Raymond à ras de glace en milieu de zone (47'29, 2-2).

Hélas un extraordinaire Stanislas Solaux ajustait Hätinen. Après avoir dribblé deux adversaires, le n°75 angloy obligeait le gardien rémois à se coucher et pouvait assurer son tir en levant le palet (51'31, 2-3). Perez remettait pourtant les Rémois dans le bon sens en écopant d'une pénalité alors que ses attaquants partaient en break (52'20), mais Raymond avait bien fermé la porte, et manque de chance, Carrara touchait en plus du fer (56'32).

Les Rémois poussaient bien et obligeaient les Angloys à la faute. Il ne restait alors que trois minutes de jeu lorsque l'Hormadi se trouvait privée de Dostal. Incapable de se mettre en position de tir, Pekka Laksola décidait alors de tenter le tout pour le tout. Il demandait un temps mort et amenait un joueur de champ supplémentaire. Reims avait beau tout tenter, malgré la sortie de Hätinen, les Angloys pouvait fêter leur victoire et leur qualification bien méritée. Après avoir pris un avantage dans le premier tiers, ils ont été capables de tenir le match et contenir les offensives rémoises.

L'élimination rémoise s'est jouée en fait au pays basque. Les Rémois auraient dû gagner leur qualification en s'imposant au moins une fois là-bas. Mais contrairement à leurs homologues angloys, au retour de leur week-end dans les Pyrénées les supporters rémois n'avaient pas pu chanter "on vient, on gagne et on s'en va !". C'est en toute logique sur ce dernier match que l'Hormadi se qualifiait pour la première finale de son histoire.

Compte-rendu signé Élodie

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Alain Bédère (vice-président d'Anglet) : "Rendez-vous compte, notre club a été mis en liquidation totale juste avant le début de saison à cause d'un déficit de 3,5 millions de francs. Édouard Martinon, le nouveau président, et moi, nous venons juste d'arriver dans le monde du hockey que nous ne connaissions pas pour tenter de sauver l'Hormadi, et nous voilà déjà en finale ! Franchement, nous sommes un peu dépassés par les évènements."

Karlos Gordovil (entraîneur d'Anglet) : "Ce qui nous arrive est un peu surréaliste mais je ne suis surpris qu'à moitié car, malgré la liquidation, notre équipe est restée presque la même. De plus, cette saison, les joueurs sont plus motivés que jamais. Cela dit, il faudrait un véritable miracle pour que nous soyons champions de France. Notre objectif, c'est de faire surtout bonne figure face à Rouen."

 

Reims - Anglet 2-3 (0-2, 1-0, 1-1)

Mardi 20 mars 2001 à 20h00 à la patinoire Bocquaine. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté d'Alexandre Hauchart et Alexandre Bourreau.

Pénalités : Reims 16' (8', 8', 0'), Anglet 26' (8', 10', 8').

Tirs : Reims 32 (11, 12, 9), Anglet 19 (6, 5, 8).

Évolution du score :

0-1 à 05'36" : Solaux assisté de Lahtinen

0-2 à 08'49" : Lahtinen assisté de Perez et Lapinkoski (double sup. num.)

1-2 à 32'34" : Aimonetto (sup. num.)

2-2 à 47'29" : Guennelon assisté de Aimonetto et Ribanelli (sup. num.)

2-3 à 51'31" : Solaux

 

Reims

Gardien : Markus Hätinen.

Défenseurs : Nicolas Pousset - Michal Segla ; Gérald Guennelon - Vincent Bachet ; Daniel Laflamme - Christophe Marcelle ; Mathieu Bouché.

Attaquants : Yven Sadoun - Richard Aimonetto - Lionel Orsolini ; Loïc Sadoun - Anthony Mortas - David Ribanelli ; François Archambault - Jonathan Zwikel [puis Mickaël Brodin à 02'10"] - Romain Carrara ; Gaël Guilhem.

Remplaçant : Maxime Godefroy (G). Absent : Jean-François Brunelle (nouvelle douleur à l'épaule après un coup reçu).

Anglet

Gardien : Éric Raymond.

Défenseurs : Denis Perez - Vesa Lahtinen ; Nicolas Carry - Aymeric Gillet ; Olivier Dimet - Roberto Baldris.

Attaquants : Stanislas Solaux - Marko Lapinkoski - Iñaki Izaguirre ; Lionel Bilbao - David Dostal - Antoine Amsellem ; Édouard Manson - Jean-Michel Larroque - Jéryôme Patard.

Remplaçant : Christophe Latxague (G). Absents : Pierre-Hervé Coulombeix (épaule lors du deuxième match), Slavomir Vorobel (suspendu).

 

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