Russie - Belarus (7 mai 2000)

 

Championnats du Monde A 2000 à Saint-Pétersbourg, deuxième tour, groupe E.

Aprè le revers contre la Lettonie, le troisième consécutif pour la Sbornaïa dans ce championnat du monde (du jamais vu dans l'histoire), les parlementaires russes ont parlé d'humiliation nationale, de joueurs qui ont fait honte à leurs pays. Le quotidien sportif Sport-Express s'est lui-même laissé aller à cette surenchère verbale en écrivant que "Saint-Pétersbourg n'a pas fait l'expérience d'une telle horreur depus 1917." Dans une ville qui a connu une indescriptible famine pendant trois années de siège nazi lors de la Seconde Guerre mondiale, il fallait oser un raccourci aussi oublieux de son histoire !

C'est déjà fini. Le match nul entre la Suède et la Suisse hier a définitivement éliminé la Russie des quarts de finale. L'entraîneur Aleksandr Yakushev a déjà remis sa démission. Maintenant, il ne reste plus à cette constellation d'étoiles qu'à battre au moins le Belarus pour éviter une chute plus vertigineuse encore dans la hiérarchie mondiale. Mais il faut attendre cinq minutes pour voir le premier tir dangereux sur la cage de Mezin. Le jeu russe est toujours aussi individuel, sans aucune cohésion collective en défense, sans aucun soutien au partenaire en attaque. La seule ligne capable de jouer à son niveau est celle de Prokopiev. Quant aux stars de NHL, elles ont certes fait des efforts, mais ils étaient épars, dissolus, et le résultat était une mixture indigeste, un brouillon inintelligible.

Une fois de plus, la Russie s'est heurtée à un verrou défensif dont elle n'a pas su trouver la clé. Une fois de plus, elle a pris une pénalité de trop, un faire trébucher de la vedette Aleksei Yashin, l'homme qui a engagé un bras de fer avec les Ottawa Senators et a refusé de jouer pendant un an pour tripler son salaire, mais qui n'a pas été le secours attendu pour la Russie dans ces championnats du monde pour lequel la NHL avait essayé de le faire suspendre. En dix-sept secondes seulement sur cette première supériorité du match, Vladimir Tsyplakov inscrit entre les bottes de Podomatsky ce qui sera le seul but de la rencontre. Andreï Mezin, brièvement remplacé par Fatikov pour un problème de patin à la mi-match, arrête toutes les tentatives russes. Lorsque retentit la sirène finale, les supporters s'exclament : "Disgrâce !"

Cela fait quatre fois de suite que les adversaires de la Russie jouent le "match de leur vie". Quatre fois suite que le pays organisateur fait face à un gardien en état de grâce (Esche, Pavoni, Irbe, et aujourd'hui Mezin). N'est-ce vraiment qu'une malheureuse coïncidence ? Ou le mal est-il plus profond ? Sur les cendres du jeu collectif à la russe qui avait enchanté le hockey pendant des décennies, il ne reste plus que des railleries. Un journaliste s'est même permis de demander à Yakushev s'il était en train d'essayer de battre tous les records. Quatre défaites de rang, c'est une humiliation que les Russes n'ont en effet jamais connue. Mais terminer un championnat du monde hors des cinq premiers non plus, et ils finiront onzièmes ou douzièmes... Ce Mondial de Saint-Pétersbourg est en train de réécrire l'histoire, mais d'une façon qui donne des frissons dans le foie au public russe.

Désignés joueurs du match : Igor Kravchuk pour la Russie et Andrei Mezin pour le Bélarus.

Commentaires d'après-match

Aleksandr Yakushev (entraîneur de la Russie) : "Au nom de toute l'équipe, je demande pardon à tous les Russes pour la peine sincère causée par la vision de notre jeu médiocre. Je sais que ça a dû être une terrible expérience de télévision pour tous nos supporters. Il est difficile d'expliquer à chaud ce qui s'est passé. Nous connaissions la signification de ce tournoi après sept années sans podium. J'admets qu'originellement nous voulions avoir une moitieacute; de joueurs du championnat russe et former deux lignes offensives sur eux. Mais nous fondions d'énormes espoirs envers les joueurs venus de NHL, nous étions contents quand ils ont donné leur accord pour venir. Nous voulions ces grands joueurs car il nous apparaissait que leur expérience et leurs qualités étaient un plus. C'est vrai que la moitié de l'équipe est arrivée de NHL dans les trois jours qui ont précédé le championnat du monde, et on a manqué de temps pour trouver la cohésion. Mais je pense que maintenant ces joueurs ont eu suffisamment le temps de s'adapter."

Aleksei Yashin (attaquant de la Russie) : "On a eu des réunions, des discussions pour trouver des solutions à notre problème d'efficacité, on a changé les lignes. On avait des superstars, mais on n'a jamais trouvé les bons ajustements. En tout cas, je ne refuserai jamais de rejouer pour mon pays si je suis sélectionné. Cela ne change rien."

Ilya Bryzgalov (gardien de la Russie, 19 ans) : "Tout le monde est venu avec l'intention de gagner. Je ne sais pas où est l'erreur. [Yakushev] est un gars très intelligent, je le connais par son travail au Dynamo Moscou. Néanmoins, il est très faible pour ce poste, il ne sait pas trop crier. Prenez par exemple le légendaire Tikhonov, il savait bien élever la voix. J'espère que ça n'affectera pas ma carrière. J'ai fait un très bon Mondial junior et j'ai été solide ici. Je pense même que ça peut m'aider. Je me suis rendu compte que j'ai encore du travail pour m'améliorer. Je crois fermement qu'un club de NHL va m'appeler et m'offrir un contrat."

 

Russie - Belarus 0-1 (0-1, 0-0, 0-0)
Dimanche 7 mai 2000 à 16h30 au Dvorets Sporta de Saint-Pétersbourg. 11600 spectateurs.
Arbitrage de Vladimír Šindler (TCH) assisté de Nadir Mandioni (SUI) et Christian Oswald (ALL).
Pénalités : Russie 8' (4', 2', 2'), Belarus 6' (2', 4', 0').
Tirs : Russie 31 (6, 11 [dont 2 sur Fatikov], 14), Belarus 18 (8, 8, 2).

Évolution du score :
0-1 à 12'00" : Tsyplakov assisté de Kalyuzhny (sup. num.)
 

Russie

Attaquants :
Viktor Kozlov - Aleksei Yashin (2') - Pavel Bure (C)
Oleg Petrov - Aleksei Zhamnov (A) - Maksim Sushinsky
Aleksandr Kharitonov - Aleksandr Prokopiev (A) - Maksim Afinogenov
Valeri Kamensky - Aleksei Kudashov - Andrei Kovalenko (2')

Défenseurs :
Igor Kravchuk - Sergei Gonchar (2')
Dmitri Mironov (2') - Aleksei Zhitnik
Andrei Markov - Aleksandr Khavanov
Maksim Galanov

Gardien :
Egor Podomatsky [sorti à 59'03"]

Remplaçant : Ilya Bryzgalov (G). En réserve : Maksim Sokolov (G), Andrei Nikolishin.

Bélarus

Attaquants :
Dmitri Starostenko - Viktor Karachun - Andrei Skabelka
Vladimir Tsyplakov (C, 2') - Aleksei Kalyuzhny - Andrei Kovalev (2')
Dmitri Pankov - Aleksandr Galchenyuk - Vassili Pankov (A)
Dmitri Dudik - [] - Vitali Valui

Défenseurs :
Igor Matushkin (2') - Oleg Romanov
Oleg Khmyl - Ruslan Saleï (A)
Yuri Krivokhizha - Sergueï Stas
Aleksandr Makritsky - Vladimir Kopat

Gardien :
Andrei Mezin [remplacé par Leonid Fatikov de 29'57" à 31'59"]

Absents : Sergei Shabanov (G), Aleksandr Andrievsky.

 

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