Rouen - Amiens (9 octobre 1999)

 

Match comptant pour la neuvième journée du Championnat de France Elite.

Les confrontations entre les équipes de Rouen et d'Amiens sont toujours des matchs à part. Cette première de la saison n'a pas dérogé à la règle. En effet, la patinoire de l'île Lacroix était pleine. L'ambiance de ce début de partie était fair-play grâce à des supporters adultes. Les deux équipes annonçaient des absents. A Rouen, Benoît Groulx et Stephen Dugas toujours blessés. Dubé et F. Rozenthal, pour blessure, ainsi que Ribanelli, suspendu, manquaient dans les rangs picards. Mindjimba, lui, était présent devant sa cage. D'entrée, le jeune Marcos jouait sur la première ligne gothique aux côtés de Jokiharju et Vuoti. Ce fut Guillaume Besse qui ouvrit le bal mais son shoot ne trompait pas le gardien adverse. Les huit minutes suivantes furent hachées par des pénalités données successivement à chacune des deux équipes. Si bien que les troisièmes alignements n'étaient pas encore montés sur la glace. Sur ces jeux de puissance, on vit Pousse et Gras, maladroits, manquer de précision pour tromper Phil Groeneveld. Du coté rouennais, toujours pendant ces supériorités, Nemo Nokkosmäki butait sur le portier d'en face. Ensuite, les Dragons maîtrisant le jeu alors qu'ils évoluaient en infériorité eurent deux bonnes occasions conclues par Eric Pinard. Les deux équipes, revenues à cinq contre cinq, jouaient enfin au hockey. C'était immanquablement que les Rouennais, dominant littéralement, ouvraient la marque. Un pressing de Benjamin Agnel derrière la ligne de but surprenait une défense statique. Le centre passait à Guillaume Besse qui, d'un lancer précis, trompait Mindjimba livré à lui-même (1-0). Les noirs et rouges essayaient aussitôt de revenir dans le match, mais Jokiharju ne put tromper la vigilance de Phil Groeneveld. Patrick Caron puis Eric Pinard auraient pu augmenter l'avance des quintuples champions de France, mais le score devait en rester là à la fin du premier tiers.

A la reprise, c'est Eric Doucet qui eut un bon palet de but. Puis ce fut Djelloul qui se montra dangereux. Enfin, en infériorité, Phil Groeneveld envoyait en profondeur sur la droite à Patrick Genest, celui-ci se présentait avec Patrick Caron face au gardien amiénois. Une passe sur la gauche de l'ailier et l'ancien Castelvirois déviait la rondelle dans le haut du filet, hors de portée d'un Midjimba en retard (2-0). L'ambiance montait d'un cran. Toujours en désavantage numérique, c'était Steven Woodburn qui s'avançait seul, mais son lancer pris la direction des jambières du portier visiteur. Les Gothiques prirent enfin le jeu à leur compte. Gras puis Deschaume eurent chacun l'opportunité de marquer. Cependant, Phil Groeneveld sortait le grand jeu. Excellant, à lui seul, alors que sa défensive était désorganisée, il paradait jusqu'à écœurer les inhabiles attaquants rivaux. Ensuite, Dubois, en haut de l'enclave, lançait. Le palet était contré par Eric Pinard. Dans sa zone, Eric Doucet récupérait et passait à Franck Pajonkowski à gauche en zone neutre. Ce dernier, une fois plus près des buts, remettait derrière lui à Eric Pinard pour son slap. Mindjimba repoussait le disque. Franck Pajonkowski reprit le rebond pour glisser à Eric Doucet qui put inscrire le désormais célèbre : "Et un, et deux, et trois zéro" (3-0). Abasourdis, les Gothiques perdaient le hockey qu'ils avaient momentanément recouvré.

Effectivement, à quatre contre quatre, Stephane Dugal se saisit du palet. Il le passa à Franck Pajonkowski qui, de loin, l'envoya insolemment en pleine lucarne de la cage du cerbère illusionné sur ce magistral lancer balayé (4-0). Guillaume Besse eut à son tour sa chance. Néanmoins sa déviation passa de peu à côté. Refaisant un peu surface à la faveur d'une supériorité, les Picards par Deschaume se montraient plus conquérants. Puis Jokiharju devait manquer l'immanquable. Gauche, il envoyait à côté du but en grand ouvert. Ensuite, dans une position déconcertante, Patrick Genest accentuait l'avantage des Normands (5-0). Le public laissait éclater sa joie en exécutant une vague qui fit plusieurs fois le tour du glaçon. Eric Doucet, intenable encore ce soir, feinta Mindjimba mais il ne put remettre la rondelle dans le sens du but. Ce fut au tour de Benjamin Agnel d'aller accompagner le caoutchouc dans le coin pour le laisser à Guillaume Besse qui le passa à Patrick Genest. Le Canadien se trouvait derrière le but des Gothiques. Il revint sur la gauche. Mindjimba fit carpette pour protéger le bas de son poteau. Intelligemment, l'ailier avait levé son palet en lucarne (6-0). Après, Vuoti aurait pu de la même manière sauver l'honneur. Cependant, Phil Groeneveld s'imposait en maître dans sa zone, maintenant ainsi sa cage inviolée pour ce deuxième tiers.

Les Rouennais redémarraient en supériorité cette dernière période. Inévitablement, après un relais de Patrick Caron, Eric Doucet semait la panique dans les rangs amiénois puis Franck Pajonkowski ne ratait pas l'occasion d'ajouter un septième but dans le filet de Mindjimba (7-0). L'enjeu, à présent, était de savoir si les Gothiques allaient sauver leur honneur bafoué. Duclos, puis Heikki Riihijärvi par deux fois, auraient pu être les sauveurs. Finalement, c'est à Deschaume que revint cet honneur. Trouvé à la ligne bleue par Dewolf, relayé par Jodoin, l'ex-Chamoniard lança de loin dans la lucarne droite de Phil Groeneveld impuissant, pour la seule fois de la partie (7-1). Malgré l'ampleur du score, nous aurions pu voir d'autres buts sur des tentatives successives de Besse, Marcos, Pajonkowski, Agnel, Caron, Moyon et Djelloul. Mais la fatigue se faisait sentir. Alors, le sort de la partie était bouclé sur le score impressionnant de sept buts à un !

L'arbitrage a été très moyen, une fois de plus. Néanmoins, nous avons assisté à un match agréable, aucune équipe ne fermant le jeu. Naturellement nous avons aimé les Dragons, irrésistibles ce soir. Nous avons pu apprécier huit jolis buts, ponctuant des actions construites sans laisser place au hasard. A Rouen, toute l'équipe est à féliciter. On peut faire ressortir tout de même Phil Groeneveld qui a su tenir son équipe dans un moment difficile dans le deuxième tiers et Patrick Genest qui réussit deux buts magnifiques et une passe non moins superbe. Guillaume Besse et Benjamin Agnel qui complètent la deuxième ligne sont aussi à pointer. A Amiens, on aura été déçu par l'ensemble des Gothiques. Seuls, le talentueux Jokiharju et le disponible Deschaume auront été à la hauteur de la réputation picarde. Au vu d'une première période serrée, on peut penser que les problèmes extrasportifs du club amiénois - dépôt de bilan après un titre difficile à digérer - n'ont pas interféré sur le match. Par la suite, l'avalanche de buts aidant, peut-être qu'ils ont joué un rôle minime. Néanmoins, prétexter ces difficultés pour expliquer le score, ce serait faire injure à l'excellent match des joueurs de Guy Fournier.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaire d'après-match (dans L'Équipe) :

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Il y a eu une période de doute, aujourd'hui passée et en partie digérée. On n'a pas de certitudes mais l'avenir du club n'est pas si dramatique. Sportivement, on a en tout cas les mêmes objectifs et pas d'excuses à chercher. Même avec un effectif légèrement diminué, l'équipe est à mon avis au moins aussi forte que l'an passé. Mais elle doit trouver son rythme."

 

Rouen - Amiens 7-1 (1-0, 5-0, 1-1)

Le samedi 9 octobre 1999 à 20h00 à l'île Lacroix. 2500 spectateurs.

Arbitres : M. Benoist assisté de MM. Bliek et Moine.

Pénalités : 36' pour Rouen, 20'+10' pour Amiens.

Évolution du score :

1-0 à 10'53" : Besse assisté d'Agnel

2-0 à 26'00" : Genest assisté de Caron et Groenveld (inf. num.)

3-0 à 28'29" : Doucet assisté de Pinard et Pajonkowski

4-0 à 29'32" : Pajonkowski assisté de Dugal

5-0 à 33'00" : Genest

6-0 à 37'36" : Genest assisté d'Agnel et Besse

7-0 à 41'09" : Pajonkowski assisté de Doucet et Caron (sup. num.)

7-1 à 49'10" : Deschaume assisté de Dewolf et Jodoin

 

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