Rouen - Reims (5 décembre 2000)

 

Match comptant pour la vingtième journée du Championnat de France Elite.

Ce soir, nous avons vu du bon jeu et ce que le hockey peut offrir de pire comme spectacle. A l'image d'un Archambault tantôt pernicieux - toujours dans les coups bas du premier tiers - tantôt talentueux au complément d'un tir-passe après un splendide débordement de Brunelle (1-2 à 11'44). Quel dommage que les Rémois n'aient vraiment joué guère plus de 20 minutes pendant la partie. Les champions de France auraient, alors, créé dignement l'exploit de rompre la série de victoires en cours des Dragons sur leur île. Après cette parodie de match, ils auront remporté, sans honneur aucun, un "match" de hockey de rues... verglacées, contre des Normands valeureux, mais très diminués par l'absence de deux titulaires blessés et de la totalité de leurs quatre remplaçants, tous retenus en équipe de France junior ! Ce pastiche de notre sport favori doit beaucoup à un arbitre, d'abord incompétent quand il expulse Guy Fournier encaissant un direct en tentant d'empêcher un début de bagarre générale à la première pause (20'00), puis, complètement dépassé à la fin du premier et dans le troisième tiers quand il ne signale pas une demi-douzaine de fautes successives des deux camps qui provoquèrent une accentuation de violence dans les duels entre opposants. Fort heureusement, il n'y aura pas de blessé.

Certes, nous pouvions nous attendre à un match électrique au souvenir du dernier affrontement entre les deux équipes. Cependant, un but très rapidement marqué par Dominic Rhéaume dans une cage étrangement ouverte détendit l'atmosphère (1-0 à 0'56). Le Canadien se retrouvait quelques minutes plus tard à l'origine d'un bon mouvement. Néanmoins, sa passe n'était pas captée (1'54). Il était important aux Rouennais, au vu de leur court banc, de rondement prendre l'ascendant afin de gérer leurs efforts en vue d'une fatigante fin de rencontre. Les Rouennais pressaient fort leurs rivaux. Si fort que les visiteurs exécutaient leur premier lancer par l'intermédiaire de Laflamme qu'à la septième minute de jeu. C'était le seul mais le bon. Parce que l'arrière canadien, de la bleue, faisait mouche d'un précis frapper court en pleine lucarne, alors que les Dragons venaient de "tuer" une sévère première pénalité depuis une seconde (1-1 à 6'21) ! Cette égalisation décuplait les forces rémoises, elles au complet. D'abord, Bachet plein d'abnégation sauvait sa faction devant une forte offensive des coéquipiers de Guillaume Besse, promu capitaine en l'absence d'Eric Doucet (6'24). Ensuite, les frères Sadoun allaient avoir leur chance. C'est le plus jeune qui eut la meilleure, buttant sur un remarquable Phil Groeneveld (6'58). Puis, le gardien assurait sobrement la parade devant l'aîné (8'06). Enfin, c'était le but d'Archambault concrétisant les cinq minutes d'euphorie rémoise (1-2 à 11'44). Le RHE allait alors manquer du soutien de son public si tôt résigné. Ils en auraient eu fort besoin car le cadenas des champions de France était bien verrouillé. Plein de volonté, le troisième alignement des leaders partait à l'abordage. Le combatif Stephen Dugas trouvait Juha Jokiharju dans l'enclave. Le Finlandais remisait derrière lui. A la ligne bleue, dans l'axe du but, Baptiste Amar reprenait le palet. Son envoi dévié trompait, à contre-patin, Hatinen (2-2 à 14'04). C'est à partir de ce moment que le jeu se durcit un peu plus. Comme l'arbitre sifflait, à retardement, des pénalités de compensations sanctionnant injustement Orsolini (14'46) et Guillaume Besse (17'13). Ces avantages numériques incohérents, s'ils furent totalement improductifs (aucun lancer), ils eurent le don d'irriter les joueurs. Après une bonne action d'Yven Sadoun (17'51), tout est reparti d'une faute corporelle de Guennelon non réprimandée (18'39). Puisque l'infraction était permise, Laflamme ne se privait pas d'assaillir Juha Jokiharju. Il s'ensuivait une échauffourée groupée d'où l'arbitre envoyait deux Rémois et un Rouennais sur le banc des pénalités (19'36). Après un bon bouchon de Franck Pajonkowski (19'55), la sonnerie résonnait. En quittant la glace, une provocation en entraînant une autre, une poignée de joueurs à la porte des vestiaires en venait aux mains. Au milieu d'eux, Guy Fournier essayait d'éviter la rixe générale. Il avait eu tort, selon l'arbitre, d'avoir écarté les protagonistes. Il se voyait réprimé d'une pénalité de banc mineur et d'une pénalité de match. A Reims, Guennelon était lui aussi puni mais "seulement" exclu (20'00) !

A la reprise, Eric Doucet prit place derrière le banc rouennais. A quatre contre quatre, Guillaume Besse se voyait l'auteur d'une réelle opportunité dévié par un Hatinen enfin présent (21'03). Moins de soixante secondes plus tard, Orsolini trouvait magistralement Loïc Sadoun esseulé au second poteau. L'ailier après avoir inscrit un but facile dans la cage libre venait, de bonne guerre, haranguer la foule (2-3 à 22'56). Les Flammes jouaient enfin à leur calibre. Elles fumaient bleues. Leurs valeurs intrinsèques s'affichaient au grand jour. D'abord, sur un slap de Marcelle que Phil Groeneveld, imperturbable, arrêtait (23'59). Ensuite, c'était Brunelle qui voyait son tir paré par le portier local (24'43). Enfin, ce dernier écartait remarquablement l'action foudroyante de Ribanelli (24'57). Le gardien Rouennais à la faveur de ses éblouissants gestes de secours permettait, à sa façon, l'égalisation de ses coéquipiers, acquise, à ce moment, un peu contre le cour du jeu. Juha Jokiharju distillait, en zone neutre, une passe paramétrée en direction de Stephen Dugas. Celui-ci, de loin sur la gauche, mettait tout son cœur, tout son dévouement dans un long tir frappé que Hätinen, en retard, ne voyait pas passer à 20 cm au-dessus de la banquise (3-3 à 26'13). A la mi-match, les hockeyeurs des bords de Seine manquaient le tournant de la partie. Ils bénéficiaient d'un jeu de puissance sur lequel ils manquèrent de réussite. Deux fois au cour du même mouvement, ils ont fait croire au but dans la cage ouverte. La première fois, la rondelle passait incroyablement de peu à coté (29'14). La seconde, Hätinen, chanceux sur ce coup, était sauvé par son poteau (29'30) ! Une fois cette infériorité annihilée, les Rémois reprenaient le contrôle des opérations bien décidés au cour de ce deuxième vingt à jouer au hockey sur glace. Même Archambault n'usait plus de ses rusticités agressives. Les Dragons résistaient bien comme Carlsson et son tampon défensif (31'05) ou pliait seulement grâce à leur gardien déroutant un bon lancer de Pousset (33'10). Ils allaient céder quand Segla récupérait in extremis (hors-jeu ?) un palet avant qu'il ne ressorte sur le coté gauche contre la bande. L'arrière slovaque transmettait le puck à Orsolini dans le slot. L'ailier faisait bouger le cordage (3-4 à 34'25). Moins d'une minute plus tard, fourbue, l'arrière-garde rouennaise, en fin de ronde, permettait la cassure pour Laflamme, bien trouvé en haut de l'enclave par Richard Aimonetto (3-5 à 35'22). Après, Sadoun Y. moins maladroit aurait pu faire le sixième (37'06). Alors que Franck Pajonkowski retrouvait une seconde jeunesse sur le premier trio normand (37'16). Mais c'est Brunelle qui échoua d'un rien ou plutôt d'une grosse parade de Phil Groeneveld pour terminer cette deuxième période (38'53) remportée logiquement par les Champenois.

Au dernier engagement, les Dragons revenaient sur le glaçon avec de meilleures dispositions. Même amoindri et sans coach, ils vendraient chèrement leurs peaux. Franck Pajonkowski (40'46 et 46'31) et Guillaume Besse (46'03) étaient les fers de lances. Les Rémois, prudents, laissaient le jeu aux Rouennais. A force de jouer la montre, les Flammes bleues ne régulaient plus et se retrouvaient en surnombre. Cette fois, l'occasion était trop belle pour Dominic Rhéaume. Une feinte de passe, un lancer perforant et le palet se trouvait derrière Hätinen (4-5 à 50'22). Dix minutes pour égaliser c'était possible car les champions de France présentement doutaient. La partie échappait aux officiels. L'arbitre laissait les crosses hautes et les faire trébucher impunis. Les assistants laissaient jouer des dégagements interdits et sifflaient le contraire, énervant le public et des joueurs de plus en plus fébrile au fur et à mesure que l'échéance finale s'approchait. Ces derniers commettaient des erreurs compensées par des fautes caractérisées de plus en plus répréhensibles. Les Marnais très défensifs avaient bien moins d'assurance. Seul un grossier embourbement de la défensive du RHE autorisait une grosse opportunité. Dans l'enclave, Yven Sadoun loupait une cage vide de tout gardien (56'18). A force de ne pas siffler les fautes du hourra hockey qui se pratiquait, elles devenaient de plus en plus violentes et dangereuses. Comme malgré tout le palet vivait, on assistait à des sommets d'incompétences arbitrales. Inadmissible pour le spectacle, l'équité sportive et surtout la sécurité des joueurs. Argument pourtant mis en avant de la part de la LNAF pendant sa grève contre la FFSG ! A la faveur d'un arrêt de jeu et sous la pression du public l'arbitre allait tout de même distribuer une pénalité... contre les Rouennais (57'04) qui ne donnerait rien. Puis une suivante, contre les Rémois (57'52) qui ne permit pas malgré le remplacement de Phil Groeneveld par un attaquant supplémentaire aux Dragons d'égaliser, ce qui n'aurait pas été un scandale surtout devant le jeu obscur des champions de France en titre dans ce dernier tiers et accessoirement pour bien terminer le siècle.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

En savoir plus ? : http://www.7emedragon.com

 

Rouen - Reims 4-5 (2-2, 1-3, 1-0).

2248 spectateurs. Arbitres : M. Bachelet assisté de MM. Bataillie et Hauchart.

Pénalités : Rouen 10+20' (8+20', 0', 2'), Reims 12'+20' (6+20', 2', 4').

Évolution du score :

1-0 à 00'56" : Rhéaume assisté de Besse et Genest.

1-1 à 06'21" : Laflamme assisté de Zwikel.

1-2 à 11'44" : Archambault assisté de Brunelle.

2-2 à 14'04" : Amar assisté de Jokiharju et Dugas.

2-3 à 22'56" : L. Sadoun assisté de Ribanelli et Mortas.

3-3 à 26'13" : Dugas assisté de Jokiharju.

3-4 à 34'25" : Orsolini assisté de Segla et Aimonetto.

3-5 à 35'22" : Laflamme assisté de Aimonetto et Y. Sadoun.

4-5 à 50'22" : Rhéaume (sup.num.) assisté de Riihijärvi et Jokiharju.

Rouen :

Gardiens : Phil Groeneveld. (Remplaçant : Philippe Flisard)

Défenseurs : Heikki Riihijarvi - Baptiste Amar ; Daniel Carlsson - Mikka Ruokonen.

Attaquants : Franck Pajonkowski - Juha Jokiharju - Simon Lacroix ; Patrick Genest - Dominic Rheaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Thomas Bussat. 

Reims :

Gardiens : Markus Hätinen. (Remplaçant : Maxime Godefroy)

Défenseurs : Gérald Guennelon - Vincent Bachet ; Christophe Marcelle - Daniel Laflamme ; Michal Segla - Matthieu Bouche.

Attaquants : Yven Sadoun - Anthony Mortas - David Ribanelli ; Jean-François Brunelle - Jonathan Zwikel - François Archambault ; Lionel Orsolini - Richard Aimonetto - Loïc Sadoun.

 

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