Rouen - Caen (24 octobre 2000)

 

Match comptant pour la douzième journée du Championnat de France Elite.

Le derby normand aura tenu plus que ses promesses, pas sur le plan du jeu hélas bien emprunté, mais sur le plan de la combativité et de l'intensité. On pouvait penser que le gain serait aisé pour les Dragons mais ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, si une défaite rouennaise aurait été sans doute abusive pour le jeu intensif pratiqué par des Hauts-Normands tenaces, un verdict nul aurait été plus équitable compte tenu de la technicité empruntée des "boys" de Guy Fournier - beaucoup de passes manquées, peu de bonnes sorties et entrées de zone, des jeux de puissance improductifs - et surtout, eu égard à l'admirable résistance et abnégation des Léopards qui, tout en jouant défensivement, en contre, auraient pu tuer le match au premier vingt !

Il y a des soirs où rien ne va. Pourtant, tôt dans la période initiale, le RHE jouait en avantage d'un homme (1'03). Après un bon tir d'Heikki Riihijarvi dévié par Rémi Caillou (1'56), le palet était dégagé par la défense caennaise loin dans le fond... Comme à l'accoutumée, Phil Groeneveld s'en allait chercher le puck, loin à gauche derrière la ligne de but, pour relancer le jeu. Le gardien voulut adresser une longue passe en zone neutre. Cependant, Tuomo Maata placé à quelques mètres du goalie l'interceptait... Le rebond du revers de sa crosse allait heurter la base arrondie de la cage déserte. L'ailier finlandais, sans opposition, repris la rondelle dans sa palette et glissa le caoutchouc dans la cage désertée (0-1 à 2'07). Ce but saugrenu perturbait la machine rouennaise parce que l'offensive ne réagissait pas immédiatement. Il fallait attendre quelques rondes pour qu'elle se montre dangereuse par l'intermédiaire de Guillaume Besse face à Rémi Caillou qui paradait le slap de l'ailier (4'47). Peu après, on ne fut pas loin de la cassure sur une terrible action des Léopards qui déroutait l'arrière-garde adverse. Cette dernière s'en sortait tant bien que mal. Le rythme du jeu était rapide, mais avec beaucoup d'imprécisions. Comme à l'image de Jean-Marc Soghomonian qui, dans sa zone, voulant faire repartir le disque vers l'avant donnait le corps rond à... Franck Pajonkowski. Le légendaire numéro 20 partait seul en face à face. Une fois dans l'enclave, d'un rapide lancer balayé, il trouvait son premier filet de la campagne 2000/2001 (1-1 à 5'46). Cette égalisation rassurait les coéquipiers d'Eric Doucet. Ceci leur permettaient de prendre plus d'initiative à l'avant. Notamment sur un essai de Thomas Bussat qui manquait la mire (6'27). Néanmoins, les Caennais savaient que leur chance étaient dans ce premier tiers temps. C'est là qu'ils seraient les plus frais pour défier les leaders du championnat car leur petit contingent, dû aux absences conjuguées de Mainot, Lehmusvuori et Garnier, leur donnerait des soucis de gestion de fatigue plus en avant dans la rencontre. Solidaires, ils jouaient intelligemment et contrariaient terriblement des Dragons empêtrés. Baptiste Amar devait faire preuves de toutes ses qualités défensives pour empêcher un breakaway aisé (10'07). Plus tard, dépassé par la tournure de la manche, les joueurs du président Lesieur, réélu au poste de président du RHE, une heure plus tôt, pour un nouveau bail de trois ans, écoulaient une punition mineure (10'43). Sur l'avantage numérique, Benjamin Galmiche crut avoir marqué quand, dans un réflexe prodigieux de la mitaine, Phil Groeneveld pourtant assis pour contrecarrer une première tentative se rachetait royalement de son inadvertance donnant tôt le but caennais (11'14). Ensuite, il fallait toute l'abnégation de Guillaume Besse pour briser cette pénalité (11'31). Pour oublier l'approximation du jeu rouennais, le nombreux public se régalait d'exploits individuels rendus nécessaire par un collectif ne fonctionnant pas. Ce fut le cas sur un petit pont de Juha Jokiharju entre les patins d'un bleu du HCC (13'06). Joli, mais pas efficace. Alors que son vis à vis de face-off, Sami Wikstrom, alliait les deux quand il fut trouvé sur une transversale admirable de Stéphane Balmat, après une bonne récupération dans la bande de Jean-Christophe Filippin, rendant un palet propre à la relance. Le dernier Finlandais recruté, en haut de l'enclave, pourtant tatoué d'un arrière sur le râble, parvenait magistralement à lancer, trouvant une lucarne lumineuse dans un silence admiratif. De nouveau, les Dragons allaient présentement tirer de l'arrière d'un (1-2 à 14'09). Le jeu s'intensifiait un peu plus tout en restant brouillon chez les joueurs locaux. Les bouchons donnés par les Dragons, Baptiste Amar (15'40), révélaient leur volonté de ne pas subir la fatalité du score. Toutefois, les visiteurs maîtrisaient complètement l'armada des bords de Seine. Mieux, ils allaient se donner d'autres occasions. D'abord avec Tuomo Maatta qui manquait de peu le cadre (16'29). Ensuite, Sami Wikström seul, de près, dans le slot, à son tour faillit dans l'ajustage (16'40). Plus tard, l'engagement physique montait en puissance de la part des deux équipes. Ce qui engendrait des coups involontaires sur Stéphane Balmat (18'02), Guillaume Besse (18'13) et Brice Chauvel (19'43). Pendant ce temps, Mateï Ferancik s'était vu offrir une grande opportunité, superbement stoppé par Phil Groeneveld, confirmant son bon retour dans la partie après sa bévue de bonne heure. Il faisait là, preuve de grandes qualités mentales (18'33). Pour faire oublier à ses partisans cette suprématie caennaise toute subjective car Caen procède en contre et ne prend pas le jeu à son compte, Guillaume Besse inquiéta le gardien adverse sur un lancer qui ne changeait pas la marque à la première sirène. Rouen n'était mené que d'un alors qu'un écart de trois buts à l'avantage des Caennais n'aurait pas été escamoté !

Après la pause, les Dragons allaient-ils recouvrer la rigueur dont-ils avaient fait preuve à Anglet ? Rien dans ce nouveau départ n'en montrait le chemin puisque d'abord Brice Chauvel tirait le premier obligeant Phil Groeneveld à détourner le puck (20'38). Ensuite, ils encaissaient un but, logiquement refusé par ce que marqué du gant par les Caennais en infériorité (23'12). Ce jeu de puissance ne permit rien de remarquable. Enfin, à leur tour ils écopaient bêtement d'une prison (26'16) ! A tous ces détails, on comprenait que les Dragons étaient très perturbés. La défaillance était collective et le premier alignement, tout de même dépositaire de la réussite offensive de l'équipe, n'avait pas son rendement habituel un petit peu comme à Anglet. La pénalité fut annihilée à grand renfort de boites à l'image de celle, limite coudoyante, de Mikka Ruokonen (27'00). C'est dans l'adversité que les hommes forts ressortent du lot. L'un d'eux ce soir était Baptiste Amar. Le jeune arrière conscrit, démontrait ses qualités de battant en portant souvent le palet. Il tentait un slap puissant mais mal cadré (29'28). Puis, il se trouvait à la conclusion d'un jeu bien orchestré, pour tenter un lancer plus précis écarté par Rémi Caillou toujours attentif (31'23). Avec son activité, Baptiste Amar dynamisait son équipe. Le troisième trio des Dragons maintenaient la rondelle dans la zone offensive, Mikka Ruokonen exécutait un lancer frappé. Franck Pajonkowski, en embuscade, pouvait reprendre le retour du tir et comblait le déficit (2-2 à 32'02). On cru que le plus dur était fait pour les joueurs du RHE. Néanmoins, les Léopards réagissaient sur deux occasions qui faillirent faire mouche si Phil Groeneveld n'aurait été efficace devant Tuomo Maatta (32'40) et Jean-Christophe Filippin (32'58). Le doute persistait en même temps que les approximations rouennaises. Cependant, à la mi match, la vitalité des joueurs coachés par Daniel Perez s'amenuisaient à force de jouer qu'avec quatre arrières et les joueurs locaux allaient maintenant assurer plus aisément leur assise. Alors les noirs et jaunes se procuraient des chances par l'intermédiaire d'Eric Doucet parti en breakaway sans finaliser (33'08) ainsi que par l'intermédiaire de Dominic Rheaume qui voyait son shoot dérivé par le jeune goalie (33'32). Ensuite, les hôtes allaient se trouver au banc des pénalités (33'42). Pourtant, jamais les unités spéciales de Guy Fournier ne se montraient véritablement menaçantes. Cette difficulté allait troubler le fonctionnement de Rouen et les rendre un peu amorphes avant qu'ils ne se reprennent. Franck Pajonkowski était victime d'une faute non sanctionnée alors qu'il s'apprêtait à taquiner le filet (38'16) et Eric Doucet se heurtait à Rémi Caillou, auteur de l'arrêt du tir du capitaine (38'52), qui ainsi maintenait la parité à la fin de la deuxième période.

Ce troisième engagement, était marqué par un retour de la fébrilité rouennaise. En effet, d'abord, Jean-Marc Soghomonian héritait d'une grosse opportunité dans l'enclave qui se trouvait admirablement stoppé par Phil Groeneveld (41'11). Ensuite, le tournant du match se trouvait dans la crosse de Mertsi Raitanen. Parti seul en échappée, son lancer malchanceux heurtait le poteau (42'07) ! Enfin, Sami Wikström ne pouvait marquer les filets par la faute d'un cerbère inspiré, alors qu'une occasion pareille ne se renouvellera pas à lui (43'31) ! Ayant supporté cet orage bas-normand, Simon Lacroix se montrait à son évidence. Cependant Rémi Caillou faisait preuve de ses compétences devant la cage (47'00). Quelques secondes après, suite à bon travail de Dominic Rheaume et Patrick Genest, Guillaume Besse, libre d'une longueur, héritait du palet dans le haut du slot. Toute la rage de vaincre du Normand était dans son lancer frappé. Et vlan ! Le joueur de pointe gauche décochait un missile aérien imparable pour bouger le cordage (3-2 à 47'25). Comme il y a trois jours, il comptait le but gagnant. Les Léopards ne pouvaient réagir car l'un deux retournaient au banc des pénalités (48'41). Cependant, à part un lancer de Mikka Ruokonen (49'23), les Dragons n'en profitaient pas. Plus tard, Allan Carriou mettait fin à une période souveraine devant le but adverse grâce à un tir précis mais jugulé par Rémi Caillou (53'49). Peu de secondes plus tard, Thomas Bussat envoyait au ras du coin bas droit des cages. L'arbitre ne voyant plus la rondelle sifflait sans faire de gestuel... Il s'approchait du but pour apercevoir, sous l'indication de Franck Pajonkowski, que le palet, sur la tranche, était derrière la ligne de but. Il tendit le bras vers les mailles accordant le but. Le premier de la saison aussi pour le jeune ailier gauche du vétéran joueur de centre à l'œil perçant (4-2 à 54'00). C'était la désillusion complète des Léopards qui, ce soir, ne méritaient sûrement pas d'encaisser ainsi un quatrième but, alors que les Dragons, eux , en avaient sûrement besoin pour remporter avec un écart plus important une rencontre qui leur a échappé à plusieurs reprises et qu'ils auraient pu perdre si Caen s'était montré un tout petit peu plus prolifique dans le premier tiers et au début du troisième avec le franc poteau de Mertsi Raitanen !

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Rouen - Caen 4-2 (1-2, 1-0, 2-0).

Arbitrage de M. Benoist assisté de MM Moine et Leszkol. 2400 spectateurs.

Pénalités : Rouen 6' (2', 4', 0'), Caen 10' (2', 6', 2').

Évolution du score :

0-1 à 02'07" : Määttä (inf.num).

1-1 à 05'46" : Pajonkowski.

1-2 à 14'09" : Wikström assisté de Balmat et Filippin.

2-2 à 32'02" : Pajonkowski assisté de Ruokonen.

3-2 à 47'25" : Besse assisté de Rheaume et Besse.

4-2 à 54'00" : Bussat assisté de Pajonkowski.

Rouen :

Gardiens : Phil Groeneveld, Christophe Burnet.

Défenseurs : Heikki Riihijärvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Geoffroy Bessard du Parc - Daniel Carlsson.

Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Eric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rheaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Franck Pajonkowski - Thomas Bussat ; Alexis Billard ; Aram Kevorkian.  

Caen :

Gardien : Rémi Caillou.

Défenseurs : Jean-Christophe Filippin - Stéphane Balmat ; Jean Marc Soghomonian - Jarmo Kuusisto.

Attaquants : Tuomo Maatta - Sami Wikström - Brice Chauvel ; Nicolas Leroy - Bertrand Pousse - Mateï Ferancik ou Olivier Vancandelaere ; Benjamin Galmiche - Mertsi Raitanen - Jouni Lahtinen.

 

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