Anglet - Rouen (21 octobre 2000)

 

Match comptant pour la onzième journée du Championnat de France Elite.

Les arbitres officiels n’ayant pas voulu cautionner un communiqué de la FFSG, c’est sous le sifflet d’un arbitre amateur, pas aidé par des assistants incompétents, dont un était guidé dans ses décisions par un membre de l’organisation de l’Hormadi posté derrière la main courante (!), que s’est déroulée, malgré tout, une très bonne partie de hockey.

Les Basques étaient handicapés, privés de leur gros défenseur finlandais Vesa Lahtinen blessé à la suite d’une mauvaise charge à Angers. Rouen joue au complet. Nicolas Carry ouvrait les hostilités sur un slap bien stoppé par Phil Groeneveld (0’21). Heikki Riihijarvi lui répondait mais Éric Raymond assurait aussi le détournement du lancer finlandais (2’16). Les Angloys mettaient la pression. Préparés à ce fougueux début de rencontre, les Normands pouvaient compter sur un soutien inconditionnel et chantant d’un car de partisans organisé vers Anglet, pour la première fois dans l’histoire du RHC. Cette poussée des joueurs des sables se transformait tout de même en une occasion pour David Dostal. Cependant, le gardien des visiteurs déviait le palet (3’15). Karlos Gordovil, résigné, devait maintenant changer de tactique et faire enfin rentrer sa troisième ligne pour la première fois du match (3’56).

Les Dragons avaient laissé passer l’orage et se montraient maintenant entreprenants. Le tir instantané de Dominic Rheaume passait à coté (7’21) et Thomas Bussat voyait le sien arrêté (8’01). Les noirs et jaunes augmentaient leur volume de jeu. Ne parvenant pas à suivre le rythme, David Dostal déséquilibrait Éric Doucet. L’arbitre sanctionnait sévèrement le Tchèque (8’55). L’organisation recouvrée du RHE lui permettait de profiter au mieux de ce jeu de puissance. Un jeu de passes entre Juha Jokiharju et Heikki Riihijarvi permettait à Mikka Ruokonen de s’avancer dans le slot à droite. L’arrière ajustait tranquillement la lucarne d’Éric Raymond (0-1 à 9’14). Les patineurs locaux, piqués au vif, repartaient à l’assaut des buts "groenevelliens". Jérôme Patard prit sa chance deux fois. Ces deux fois, "Philou" s'interposait avec éclat (9’28 et 13’39). La première occasion du Lovérien fut tentée avant celle d’Edouard Manson jouant fort mal un 3 contre 2 qui s’avérait pertinent (13’20). Néanmoins, la défensive rouennaise contrôlait assez bien la rencontre. À l’image d’Allan Carriou, elle intervenait très proprement aux moments opportuns (14’57). Quand, à de rares fois, elle était prise en défaut, son savoir-faire poussait à la précipitation un adversaire qui manquait ses meilleures cartouches comme Denis Perez (19’40). Le tableau était à l’avantage de l’équipe la plus réaliste. Toutefois, les leaders devraient se montrer intraitables en protection rapprochée ou encore plus concrets à l’abordage afin de tenir leur gain.

Le pragmatisme, c’est ce qui manqua un peu à Patrick Genest à la conclusion d’un bon mouvement (21’30). Les deux équipes souffraient de cette carence car ni Stanislas Solaux maladroit sur un 2 contre 1 (21’47), ni Thomas Bussat imprécis dans sa finition (22’47), ni Lionel Bilbao approximatif (24’00), ni de nouveau Stanislas Solaux trop confus (24’57) ne cadraient leur tentatives. Simon Lacroix, lui, se montrait bien clairvoyant. Cependant, Éric Raymond fit l’arrêt avec brio (26’34).

Les Dragons, déconcentrés par une explication avec l’arbitre, laissaient Slavomir Vorobel monter dans l’enclave. L’arrière slovaque était trouvé de la droite par David Dostal pour furtivement dévier le puck. Dans le trafic, chacun des joueurs jouait son homme, perdant la rondelle de vue. Elle passait tout doucement sous les jambières de Phil Groeneveld impuissant car masqué (1-1 à 29’48). Sous les encouragements "encore plus forts" de leurs supporters, la réaction rouennaise fut immédiate par l’intermédiaire de Guillaume Besse, au point que le portier ne pouvait que parader le tir de l’ailier (30’52). Ensuite, Patrick Genest obligea le cerbère basque à s’employer (33’30). Ces échos à l’égalisation de l’Hormadi étaient rassurants. Néanmoins, les Angloys demeuraient téméraires en contre sur leur tout petit sérac. Il fallut toute la science du placement de Baptiste Amar pour gauchir une situation défavorable à deux contre trois (33’46). Plus tard, c’est l’opiniâtre Dominic Rheaume qui pourchassait adroitement un Angloy seul égaré devant Phil Groeneveld, afin de faire échouer son échappée non autorisée (36’41). Cette deuxième période se terminait à l’identique de la précédente sur une énorme tentative de Denis Perez, manquée par l’arrière international car devant lui s’opposait un superbe Phil Groeneveld (38’03). On ne pouvait pas dire que l’égalisation était vraiment méritée, mais le match était équilibré, alors elle était acceptée.

Finalement, le dernier temps de jeu était le match à lui seul. Ce tiers décisif serait un match de gardiens. Le meilleur à ce moment donnerait à coup sûr le succès du match à son équipe. Sur un breakaway de Stanislas Solaux, Phil Groeneveld était bien présent et écartait le caoutchouc (41’14). Les coéquipiers d’Éric Doucet affichaient alors leur suprématie dans le jeu. Ils s’offrirent d’abord un 3 contre 2 trop rapidement joué peut-être par le virevoltant Patrick Genest (42’24). Ensuite, l’ailier canadien ne put surprendre Éric Raymond qui affichait sa sûreté en paradant le disque (42’58). Après, Heikki Riihijarvi s’infiltrait dans la l’arrière-garde passive de l’Hormadi. Devant le but, le Finlandais était accroché illicitement dans le slot sans que le l’officiel ne siffle (45e). Enfin, Franck Pajonkowski partait seul en face-à-face (hors-jeu ?) avec le portier de la Barre. L’affrontement tourna à l’avantage du lumineux gardien (47’11). Les Normands avaient peut-être laissé passer leur chance puisque dès lors ils subissaient les ruptures basques. Ils devaient compter sur un remarquable Phil Groeneveld qui manœuvrait brillamment le puck en dehors de sa cage. En premier, face à David Dostal sur un 2 contre 1 (47’23). En deuxième, nez-à-nez avec Édouard Manson (51’47). En troisième, confronté au slap de Slavomir Vorobel (51’53). Les gardiens se montraient tour à tour plus talentueux que l’autre. Frustré de ces échecs répétés, Lionel Bilbao commit un mauvais geste dans le dos d’Heikki Riihijarvi. Mais devant l’officiel qui ne pouvait que siffler une pénalité envers le veule capitaine Angloy (52’09). C’était l’heure d’en profiter. Cependant, les unités rouennaises se montraient timorées et elles ne parvenaient pas devant la splendide abnégation basque à se montrer dangereuse. Les joueurs locaux annihilaient leur désavantage numérique (54’09).

Les Dragons avaient laissé passer leur chance. Ils le regrettaient lorsque c’était à leur tour de jouer en infériorité (56’00). Sur celle-ci, Patrick Genest forçait sur le porteur du palet. Les Basques reculaient. Le palet était dans la crosse de Denis Perez dans sa zone défensive. L’ailier bousculait le lourd arrière qui perdait le contrôle de la rondelle. L’international voulut dégager le disque avant que le Canadien ne s’en empare. Dépassé, il l’envoyait aveuglément à l’avant. Sur la droite, avant la bleue, inspiré, Guillaume Besse intercepte la tartine noire. Il contrôle. En s’avançant, il ne voit quidam entre lui et la sentinelle grillagée. Il lève haut son bâton, le rabat avec une vitesse prodigieuse. La darne fut propulsée avec une telle force que l’excellent Éric Raymond ralentissait la vitesse du caoutchouc de ses jambières mais, en retard, il ne devait pas chambouler sa trajectoire triomphante. L’ailier gauche redonnait la primauté aux Dragons sous une liesse descendue de la tribune jaune et noire (1-2 à 56’17). L’Hormadi dépité ne savait plus jouer. Guillaume Besse héritait, toujours en infériorité, d’un breakaway. Néanmoins, il avait dû mettre beaucoup d’énergie dans son slap victorieux pour ajuster lucidement de nouveau Éric Raymond qui pris une revanche tardive sur l’ailier (57’10). La supériorité n’était pas terminée, il ne fallait pas aux Dragons se griser de l’exploit qu’ils étaient en train d’accomplir. C’est sur quoi comptait Marko Lapinkoski quand il slalomait dans la défense avant de décocher un tir que détournait Phil Groeneveld. Le gardien rouennais, lui, n’avait pas craqué. Il maintenait son équipe sur la voie du bonheur (57’40). Cette fois l’abnégation était normande et la pénalité fut "tuée". Guillaume Besse, omniprésent et déterminé, intervenait en défense pour contrecarré une offensive adverse qui pouvait se révéler égalisatrice (58’12). Ensuite, un temps mort était demandé (58’53). Les deux équipes mettaient leurs tactiques divergentes au point. La jeunesse d’Anglet confondait physique et dureté et se voyait envoyer en prison pour deux minutes au lieu d'un tir de pénalité comme le prévoit le règlement pour une faute intentionnelle dans les deux dernières minutes de jeu (58’53). Cette fois c’en était bien fini car le dernier lancer de Lionel Bilbao passait à côté (59’39) et la sortie d’Éric Raymond ne fut qu’anecdotique. Pour la première fois, depuis la première saison d’Anglet en Élite, les Dragons remportaient une rencontre à la Barre avant l’heure ! Le signe "basque" a été rompu. Les Dragons ont été conquérants... conquistadores face à une équipe qui ne leur réussit guère sur cette plage !

Compte-rendu signé Thierry Frechon / photos de Francis Larrede

 

Anglet - Rouen 1-2 (0-1, 1-0, 0-1)
Arbitre : M. Lutaud.
Pénalités : Anglet 6' (2', 0', 4'), Rouen 2' (0', 0', 2').

Évolution du score :
0-1 à 09'14" : Ruokonen assisté de Jokiharju et Riihijarvi (sup.num.)
1-1 à 29'48" : Vorobel assisté de Dostal et Coulombeix
1-2 à 56'17" : Besse (inf.num.)

Anglet

Gardien : Éric Raymond (Christophe Latxague).

Défenseurs : Slavomir Vorobel - Nicolas Carry ; Roberto Baldris puis Aymeric Gillet - Denis Perez ; Robero Baldris - Olivier Dimet.

Attaquants : Jean-Michel Larroque puis Pierre-Hervé Coulombeix - Lionel Bilbao - David Dostal ; Inaki Izaguirre - Marko Lapinkoski - Stanislas Solaux ; Jérôme Patard - Jean-Michel Larroque - Edouard Manson ; Antoine Amsellem.

Rouen

Gardien : Phil Groeneveld (Christophe Burnet).

Défenseurs : Heikki Riihijarvi - Mikka Ruokonen ; Allan Carriou - Baptiste Amar ; Daniel Carlsson ; Geffroy Bessard du Parc.

Attaquants : Simon Lacroix - Juha Jokiharju - Éric Doucet ; Patrick Genest - Dominic Rheaume - Guillaume Besse ; Stephen Dugas - Franck Pajonkowski - Thomas Bussat ; Alexis Billard ; Aram Kevorkian.

 

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