Lettonie - France (4 mai 1999)

 

Championnats du monde 1999, premier tour, groupe B.

Maurice Rozenthal

Les supporters lettons ne passent pas inaperçus à Oslo. Ils sont montés au sommet du tremplin d'Holmenkollen le matin, souvent déjà imbibés de bière, et continuent de faire le spectacle dans les tribunes. Ils se montrent très confiants sur la victoire de leurs joueurs, même après la défaite face à la Suisse. Il leur faudra cette fois tenir le rythme tout le match. Et si le gardien Zinkovs avait laissé une impression assez mitigée, les Baltes bénéficient cette fois dans les cages de leur numéro 1 Arturs Irbe, éliminé des play-offs NHL avant-hier et qui a fait le voyage dans l'intervalle.

L'équipe de France sait qu'elle a été à la peine il y a deux ans quand elle avait croisé les Lettons, mais son premier match contre la Suède l'a rassurée. Si elle gagne, elle s'imagine jouer ensuite contre la Suisse pour une place dans les huit meilleurs et la qualification olympique en ligne de mire. Mais les rêves un peu trop lointains ne sont plus à l'ordre du jour quand les Bleus, comme trop souvent, ratent leur début de match : Jean-Christophe Filippin prend une pénalité pour accrocher dès la deuxième minute, et c'est la Lettonie qui ouvre le score par Aigars Cipruss.

La France met dix minutes à répondre par une belle action à deux entre Stéphane Barin et Bob Ouellet, qui conclut au premier poteau. Les buts s'enchaînent alors. Une pénalité de Poudrier (retenir) est exploitée par Sergejs Zoltoks pour redonner l'avantage aux Baltes. Mais Fanduls part aussitôt en prison pour un coup de coude, et douze secondes plus tard, Arnaud Briand remet les compteurs au niveau. Ce sont les Bleus qui sortent vainqueurs de ce premier tiers-temps animé quand une passe splendide de Serge Poudrier envoie Philippe Bozon dans un face-à-face avec Irbe, conclu d'un magistral revers en lucarne.

Cet avantage au score, les Français n'auront le loisir de le savourer que pendant la pause. Dès la reprise, Aleksandrs Belavskis égalise. Gravel, encore préféré à Huet à l'étonnement des journalistes suisses en particulier, est abandonné par sa défense qui n'évacue pas deux rebonds sur le but de Nizivijs. La Lettonie ne sait plus protéger un avantage que son adversaire : le jeu reste très ouvert et va d'un but à l'autre. Dans ce hockey-champagne, la France peut bien elle aussi tirer son épingle du jeu... Lavins ne passe que trois secondes en prison après s'être rendu coupable d'une crosse haute : Bob Ouellet gagne l'engagement pour un tir à ras glace de Denis Perez. Les Bleus savent aussi se montrer habiles en contre-attaque, quand Maurice Rozenthal intercepte un palet et permet à Pierre Allard de marquer le 5-4. La responsabilité du gardien Arturs Irbe, peut-être encore déphasé, est engagée sur quatre des cinq buts. L'équipe de France serait mal avisée de ne pas en profiter...

La dernière période tourne pourtant au cauchemar pour les tricolores. Aleksandrs Semjonovs effectue une percée dans l'axe et égalise d'un beau lancer dans l'axe. Ce sont les pénalités qui achèvent la France, réduite à trois pour 55 secondes après une obstruction de Dewolf et un cinglage de Pouget. Belavskis inscrit son deuxième but de la soirée et les quatre mille supporters presque tous en grenat et blanc explosent de joie. Les Bleus craquent à l'image de l'arcade sourcillière de Denis Perez, victime d'un choc sans qu'une faute ne soit sifflée. Aigars Cipruss ajoute deux autres buts, dont le dernier en avantage numérique alors que Serge Poudrier, pas réputé pour être un joueur méchant, s'est fait expulser du match pour un piquage.

Ce match au jeu très - trop - ouvert a logiquement tourné en faveur de l'équipe qui alignait le meilleur gardien.

Désignés joueurs du match : Aleksandrs Belavskis pour la Lettonie et Philippe Bozon pour la France.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Mikael Lundström (entraîneur de la France) : "Je suis terriblement déçu, car marquer cinq buts dans un match doit permettre de le gagner. On n'a vraiment pas bien joué dans ce deuxième tiers. Et pourtant, on menait ! On s'est alors dit qu'il fallait rester compact, se reprendre..."

Philippe Bozon (attaquant de la France) : "Si tu encaisses sept buts au niveau international, tu ne peux pas espérer l'emporter. Ce match, on l'a eu dans nos mains. On mène deux fois, on fait énormément d'erreurs au deuxième tiers mais on arrive à revenir et on repasse devant... On savait que les Lettons jouaient leur dernière carte et qu'ils avaient la pression, qu'ils seraient fébriles... Je suis surtout énervé par la façon. Quand l'autre est plus fort, on s'incline. Mais quand on donne... La Suisse est une très bonne équipe, très bien préparée, qui patine beaucoup, avec un groupe qui travaille ensemble depuis de nombreuses années pour former des jeunes et qui arrive à un très haut niveau. Mais on sait que s'il y a une chose qui n'a jamais manqué à la France, c'est du cœur. S'il y a bagarre pour aller chercher une place, on ira."

 

Lettonie - France 8-5 (2-3, 2-2, 4-0)
Mardi 4 mai 1999 à 16h00 au Jordal Amfi d'Oslo. 4262 spectateurs.
Arbitrage de Vladimír Mihálik (SVK) assisté de Václav Český (TCH) et Rudolf Lauff (SVK).
Pénalités : Lettonie 22' (8', 6', 8') ; France 51' (6', 4', 16'+5'+20').
Tirs : Lettonie 40 (14, 15, 11) ; France 23 (11, 8, 4).

Évolution du score :
1-0 à 02'29" : Cipruss assisté de Tambijevs et Ignatovičs (sup. num.)
1-1 à 12'41" : Ouellet assisté de Barin
2-1 à 15'25" : Žoltoks assisté de Čudinovs (sup. num.)
2-2 à 16'00" : Briand assisté de Poudrier (sup. num.)
2-3 à 18'28" : Bozon assisté de Poudrier et Briand
3-3 à 21'00" : Beļavskis assisté de Fanduls et Maticins
4-3 à 27'24" : Ņiživijs
4-4 à 34'33" : Perez assisté de Ouellet (sup. num.)
4-5 à 37'37" : Allard assisté de M. Rozenthal
5-5 à 44'07" : Semjonovs assisté de Ņiživijs
6-5 à 47'34" : Beļavskis assisté de Fanduls et Čudinovs (double sup. num.)
7-5 à 55'39" : Cipruss assisté de Tambijevs et Ignatovičs
8-5 à 59'45" : Cipruss assisté de Tambijevs (sup. num.)
 

Lettonie

Attaquants :
Sergejs Žoltoks (-3) - Harijs Vītoliņš (A, -3) - Oļegs Znaroks (C, -3, 2')
Leonīds Tambijevs (+1) - Aigars Cipruss (+1) - Andrejs Ignatovičs (+1)
Aleksandrs Kerčs (+1, 2') - Vyačeslavs Fanduls (+1, 4') - Aleksandrs Beļavskis (+2, 2')
Aleksandrs Ņiživijs (+2, 2') - Aleksandrs Semjonovs (+2) - Mareks Jass (+1)

Défenseurs :
Rodrigo Lavinš (+1, 2') - Sergejs Čudinovs (+1, 2')
Kārlis Skrastiņš (-1, 2') - Normunds Sējējs (A, -1)
Andrejs Maticins (+1) - Atvars Tribuncovs (+1, 4')
Mihails Bogdanovs

Gardien :
Andrejs Zinkovs

Remplaçant : Juris Klodāns (G).

France

Attaquants :
Christian Pouget (4') - Arnaud Briand (2') - Philippe Bozon (A, 4')
Richard Aimonetto (-1) - Robert Ouellet (-1) - Stéphane Barin (-1)
Maurice Rozenthal (+1) - Anthony Mortas (+1, 2') - Pierre Allard (+1)
François Rozenthal (-1) - Franck Guillemard (-1) - Benoît Bachelet (-1)
Laurent Meunier

Défenseurs :
Jean-Philippe Lemoine (C, 2') - Serge Poudrier (2'+5'+20')
Denis Perez (A, -1) - Karl Dewolf (-1, 2')
Gérald Guennelon (6') - Jean-Christophe Filippin (+1, 2')
Grégory Dubois (-1)

Gardien :
François Gravel [sorti de 59'00 à 59'26]

Remplaçant : Cristobal Huet (G). En réserve : Fabrice Lhenry (G).

 

Les championnats du monde 1999