Canada - Bélarus (13 février 1998)

 

Jeux Olympiques 1998, phase finale, première journée.

Après avoir remporté son groupe préliminaire, le Bélarus se retrouve dans la cour des grands. Alors même qu'il n'a jamais disputé un Mondial A, le voilà face à la "dream team" annoncée, qui a des superstars sur toutes ses lignes ! Face à cet adversaire novice, le Canada peut trouver les bons réglages pour son entrée dans ce tournoi olympique, qu'il aborde malheureusement sans Paul Kariya, définitivement forfait hier en raison de ses symptômes post-commotion après dix minutes de vaine tentative pour reprendre le patinage.

Les Biélorusses sont très concentrés sur le palet et très appliqués techniquement, mais les Canadiens, plus enclins à jouer l'homme, manifestent rapidement leur supériorité dans le jeu sans palet. Des écrans bien placés permettent ainsi une première occasion après quatre minutes par un tour de cage d'Éric Desjardins. La première faute est néanmoins commise en zone offensive par Joe Nieuwendyk qui fait trébucher Matushkin. Sans aucun joueur biélorusse qui vient gêner sa vue, les tirs de Matushkin et de Kalyuzhny sont sans vrai danger pour Patrick Roy. En fin de supériorité, Vladimir Tsyplakov garde le palet pendant plus de dix secondes sur le côté droit sans trouver de ligne de passe à son goût, et par impatience, sans être pressé, il fait une passe en retrait directement dans la palette déjà placée de Keith Primeau. Celui-ci part à 2 contre 1 et offre une cage totalement ouverte à Theo Fleury (1-0). Ce but-cadeau en infériorité semble tuer le match avant même qu'il ne soit vraiment lancé !

Aleksandr Loukachenko, le président du Bélarus habillé de la même veste beige blasonnée que les entraîneurs de l'équipe, a l'air très agacé que la caméra le montre en tribune avec sa moustache et ses cheveux peignés au-dessus de son crâne chauve : après quelques coups d'oeil vers les écrans - qu'il ne maîtrise pas ici - il souffle ostensiblement en gonflant ses joues. Il ne veut pas que son image soit associée à une défaite nette et voit bien que son équipe subit de plus en plus le jeu. Andrievsky accroche Fleury, et quand il sort de prison, c'est pour revenir sur Ray Bourque au moment où celui-ci reprend la passe de Rod Brind'Amour (2-0).

En deuxième période, Karachun retient la crosse de Gretzky (peut-être parce qu'il voulait un souvenir) mais le revers d'Eric Lindros ne trouve que le poteau pendant l'avantage numérique. Puis Erkovich retient Corson et ce troisième powerplay canadien est transformé en à peine cinq secondes par un slapshot du canonnier Al MacInnis, qui passe au-dessus du bras gauche d'Andrei Mezin (3-0). Le gardien biélorusse aura sa revanche sur un slap à mi-distance de MacInnis un peu avant la mi-match. Viktor Karachun se procure pour sa part la plus belle occasion des blancs en dribblant Chris Pronger à la ligne bleue et en obligeant Patrick Roy à deux arrêts successifs de la botte droite (en comptant le rebond de Lozhkin).

Le Bélarus semble se montre moins timide au fil des minutes, mais il ne s'installe jamais pendant une pénalité de Bourque pour une charge avec la crosse. Dès le retour à cinq, un slap de Ray Bourque frappe Eric Lindros qui a d'abord un mouvement de recul mais parvient à conclure en tenant sa crosse d'une main (4-0). Mezin, avancé face au tir, réclame en vain avoir été gêné par le capitaine canadien. En plus de charger tout ce qui bouge tout au long du match (y compris illicitement en percutant Karachun avec élan en fin de match), Lindros ajoute aussi le dernier but après un une-deux avec Brind'Amour.

La qualité technique des Biélorusses n'a pas suffi car ils manquent d'agressivité dans les duels, renonçant même aux mises en échec. Le Canada s'est vite imposé physiquement en suivant son capitaine Eric Lindros (qui a aussi gagné 15 aux mises au jeu sur 19). Il a également montré de belles qualités de passes et a donc collectivement maîtrisé son sujet.

Étoiles du match Hockey Archives : *** Eric Lindros / ** Ray Bourque / * Patrick Roy et Rod Brind'Amour

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Anatoli Varivonchik (entraîneur du Bélarus) : "C'était vraiment dur d'arrêter toutes les lignes offensives du Canada. Ils ont tous les plus grands joueurs, et Lindros a été le vrai leader de son équipe."

Marc Crawford (entraîneur du Canada) : "Nous aurons peut-être affaire à un plus haut calibre de menaces offensives au prochain match. Je pense qu'Eric [Lindros] a été notre attaquant le plus physique, et son jeu est exactement ce dont nous avions besoin. Eric a été une force. Gretzky aussi a montré l'exemple à ses coéquipiers en accomplissant ses missions défensives."

Wayne Gretzky (attaquant du Canada) : "Nous avons travaillé dur sur tous les aspects collectifs, mais à la fin, le talent individuel sera mis en avant, même dans un excellent système d'équipe. Eric est un joueur excellent et il a joué de manière exceptionnelle, non seulement par ses deux buts mais par ses mises en échec pleines de force. C'est un joueur phénoménal, et il est vraiment déterminé à remporter la médaille d'or. Les Américains et les Suédois seront sûrement des batailles un peu plus dures. Aucune équipe n'est clairement au-dessus des autres."

Eric Lindros (attaquant du Canada) : "Tous les joueurs dans le vestiaire se sentaient comme avant un tournoi pee-wee et avaient des papillons dans le ventre. Je ne pense pas que beaucoup d'entre nous aient dormi cette nuit. Beaucoup de gars agrippaient leurs crosses de façon vraiment serrée, ils étaient excités. Avoir passé un match nous aidera à nous relâcher. C'est une part du hockey canadien d'être physique. Un de nos atouts est notre taille, et nous voulions les maintenir sur leurs talons."

 

Canada - Bélarus 5-0 (2-0, 2-0, 1-0)
Vendredi 13 février 1998 à 18h45 au Big Hat de Nagano (JAP). 9960 spectateurs.
Arbitrage de Mark Faucette (CAN) assisté de Kevin Collins (USA) et Janne Rautavuori (FIN).
Pénalités : Canada 10' (4', 4', 2'), Bélarus 6' (2', 4', 0').
Tirs cadrés : Canada 31 (10, 10, 11), Bélarus 18 (5, 9, 4).
Tirs bloqués : Canada 10 (3, 2, 5), Bélarus 9 (2, 3, 4).
Tirs non cadrés : Canada 16 (4, 9, 3), Bélarus 4 (2, 1, 1).
Engagements : Canada 51 (13, 16, 22), Bélarus 17 (7, 5, 5).

Évolution du score :
1-0 à 07'55" : Fleury assisté de Primeau (inf. num.)
2-0 à 14'34" : Bourque assisté de Brind'Amour et Corson
3-0 à 24'38" : MacInnis assisté de Nieuwendyk (sup. num.)
4-0 à 37'44" : Lindros assisté de Bourque
5-0 à 52'57" : Lindros assisté de Brind'Amour
 

Canada

Attaquants :
27 Shayne Corson (+2) - 88 Eric Lindros (C, +3, 2') - 17 Rod Brind'Amour (+3)
14 Brendan Shanahan (+1) - 91 Joe Sakic (A) - 16 Trevor Linden (2')
55 Keith Primeau (+1) - 99 Wayne Gretzky - 19 Steve Yzerman (A)
7 Rob Zamuner - 25 Joe Nieuwendyk (2') - 74 Theoren Fleury (+1)
8 Mark Recchi

Défenseurs :
24 Chris Pronger (+1) - 52 Adam Foote (+1)
77 Raymond Bourque (+2, 2') - 44 Rob Blake (+2)
2 Al MacInnis - 4 Scott Stevens (+2, 2')
37 Éric Desjardins

Gardien :
33 Patrick Roy

Remplaçant : 30 Martin Brodeur (G). En réserve : 31 Curtis Joseph (G).

Bélarus

Attaquants :
9 Aleksandr Andrievsky (C, -2, 2') - 11 Vadim Bekbulatov (-1) - 16 Andrei Skabelka (-1)
29 Vladimir Tsyplakov (-1) - 17 Aleksei Kalyuzhny (-1) - 13 Andrei Kovalev (-1)
8 Aleksei Lozhkin (-1) - 10 Viktor Karachun (-2, 2') - 55 Aleksandr Galchenyuk (-1)
14 Vasili Pankov (A, -1) - 21 Evgeny Roshchin - 19 Eduard Zankovets

Défenseurs :
6 Igor Matushkin (-1) - 5 Oleg Romanov (-1)
23 Ruslan Salei (A, -1) - 3 Oleg Khmyl (-1)
7 Sergei Erkovich (-2, 2') - 95 Sergei Stas (-2)
15 Aleksandr Alekseev

Gardien :
30 Andrei Mezin

Remplaçants : 1 Aleksandr Shumidub (G), 25 Aleksandr Zhurik (D). En réserve : 2 Leonid Grishukevich (G).

 

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