Allemagne - Bélarus (9 février 1998)

 

Jeux Olympiques 1998, tour préliminaire, poule B.

Le Bélarus a fait forte impression contre la France (4-0) et ce match semble donc devoir désigner l'équipe qui aura le droit de participer au tournoi olympique le plus relevé de l'histoire.

L'Allemagne commet déjà une grosse erreur sur un engagement dans sa zone défensive à la neuvième minute : Sergei Stas - défenseur majeur de Nuremberg en DEL - intercepte du gant le dégagement d'Erich Goldmann et sert Oleg Antonenko laissé incroyablement seul devant le but où il a tout le temps de dribbler Klaus Merk. Le changement de gardien était prévu d'avance dans les cages allemandes, mais Merk s'est peut-être fait battre un peu facilement. Il s'incline aussi sur un slap excentré de Ruslan Salei dans le haut du filet pendant une pénalité de Benda (faire trébucher). De quoi encore accentuer les récriminations dans le camp allemand sur la suspension opportune en NHL qui a permis à Salei d'être là pendant que Kölzig est encore dans l'avion. De là à accuser Merk alors que le Bélarus a dominé 16 tirs cadrés à 4 en première période, ce serait faire preuve de mauvaise foi... La domination biélorusse est en effet totale, et comme c'était déjà le cas pour la France, le cas Salei est un peu secondaire face à une telle différence collective.

L'Allemagne n'a certes pas été aidée en jouant trois fois en infériorité numérique. Or, Oleg Khmyl prend 2'+2' pour crosse haute en début de deuxième période. Sur ce premier avantage numérique, le capitaine Didi Hegen montre alors la voie en convertissant le rebond entre les jambes de Mezin après un slap de la droite de Brad Bergen. Le match pourrait-il être plus équilibrée avec une indiscipline inversée ? La question est mise au placard car les pénalités suivantes sont allemandes. Après une obstruction Mark de MacKay, c'est Jochen Hecht qui est sanctionné pour avoir gelé le palet. L'Allemagne résiste 46 secondes à 3 contre 5, mais quand elle revient à 4 contre 5, le capitaine biélorusse Aleksandr Andrievski la punit. Puis c'est Andrei Kovalev - joueur de Krefeld en DEL... - qui marque le 1-4 dans la foulée.

Pourtant, les blancs tendent aussi le bâton pour se faire battre. Stas le lève un peu haut, et Bergen réduit le score à 2-4 pendant la prison. Avec un écart de deux buts, il y aurait pu encore y avoir un petit suspense. Mais juste avant la pause, alors que les Allemands tentent de prendre d'assaut les cages adverses, Vadim Bekbulatov hérite du palet et trouve une longue passe pour Andrei Skabelka qui attendait à la ligne rouge centrale et qui part seul ajuster Klaus Merk entre les jambières (2-5). Dès lors, le dernier tiers-temps devient un calvaire pour les noirs. L'Allemagne s'échine en vain, le Bélarus se montre impitoyable. Même le défenseur Aleksandr Alekseev, reconverti en attaque pour l'occasion, met 1 but et 1 assist en imposant son gabarit dans le slot.

Le score est cinglant : 2-8. Il est dur à avaler pour les participants, pour le gardien Klaus Merk, et peut-être encore plus pour le gardien de Capitals de Washington, Olaf Kölzig, lorsqu'il voit ce résultat à l'aéroport sur la télévision japonaise, après avoir fait 14 heures d'avion. La dernière partie du voyage, 1h30 de Shinkansen (le TGV japonais), est donc particulièrement déprimante pour lui et pour ses collègues Uwe Krupp et Marco Sturm... Ils savent qu'ils ne joueront pas le tournoi final avec leurs collègues de NHL des "grands pays". La moustache du sélectionneur George Kingston semble soudain tombante après cette terrible déconvenue.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

George Kingston (entraîneur de l'Allemagne) : "Les erreurs individuelles ont décidé du match. Trois buts ont été des cadeaux de notre part. J'ai fait le voyage jusqu'ici avec un grand rêve, il a éclaté. Je n'aurais jamais pensé que nous soyons si mauvais. Nous avons subi la merveilleuse offensive d'un adversaire au style de jeu classique russe. [...] L'avantage compétitif que le Bélarus a eu en alignant Salei est injuste. Quelle est la leçon pour les joueurs ? Qu'ils doivent se faire suspendre ? Nos joueurs de NHL nous auraient sans doute beaucoup aidés. Je suis désolé pour eux. Malgré tous nos efforts, nous n'avons pas réussi à ce qu'ils arrivent à temps pour ce match. On peut oublier l'IIHF, leur burocratie ne sert à rien, elle attend que le problème se résolve d'elle-même. Nous avons manifesté notre intérêt pour ces joueurs il y a un an et demi, il aurait dû être possible de changer le calendrier NHL. C'est le commerce qui compte dans la NHL, mais aux Jeux olympiques c'est le sport. [...] Quand on prend un job, on le fait jusqu'à la fin. Tant que je travaille, je regarde de l'avant. Même après notre dernier match je continuerai d'observer car nous retrouverons le Bélarus et le Japon aux championnats du monde."

Rainer Gossmann (président de la DEB, fédération allemande) : "La descente est encore loin d'être finie. Il faudrait déjà que tous apprennent à patiner correctement. Cette journée est le résultat d'années de guerres de tranchées dans le hockey allemand. Nous discuterons avec Kingston après le tournoi. Peut-être lui-même ne voit-il plus de perspective en Allemagne."

Thomas Brandl (attaquant de l'Allemagne) : "Nous sommes tous coupables. Année après année, des équipes nous dépassent. La prochaine sera la Suisse, où seuls trois étrangers par club sont autorisés."

Allemagne - Bélarus 2-8 (0-2, 2-3, 0-3)
Lundi 9 février 1998 à 14h00 au Big Hat de Nagano (JAP). 8063 spectateurs.
Arbitrage de Pekka Haajanen (FIN) assisté d'Ulf Rönnmark (SUE) et Janne Rautavuori (FIN).
Pénalités : Allemagne 14' (8', 4', 2'), Bélarus 22' (2', 8'+10', 2').
Tirs cadrés : Allemagne 28 (4, 8, 16), Bélarus 31 (16, 7, 8).
Tirs bloqués : Allemagne 6 (1, 4, 1), Bélarus 13 (6, 3, 4).
Tirs non cadrés : Allemagne 7 (1, 2, 4), Bélarus 13 (3, 5, 5).
Engagements : Allemagne 41 (11, 15, 15), Bélarus 31 (10, 10, 11).

Évolution du score :
0-1 à 08'23" : Antonenko assisté de Stas
0-2 à 14'51" : Salei assisté de Khmyl (sup. num.)
1-2 à 23'39" : Hegen assisté de Bergen et MacKay (sup. num.)
1-3 à 28'05" : Andrievsky assisté de Matushkin et Romanov (sup. num.)
1-4 à 28'37" : Kovalev assisté de Roshchin et Lozhkin
2-4 à 38'39" : Bergen assisté de Brandl (sup. num.)
2-5 à 39'49" : Skabelka assisté de Bekbulatov
2-6 à 43'38" : Galchenyuk assisté d'Alekseev
2-7 à 46'35" : Alekseev assisté de Kovalev
2-8 à 57'17" : Erkovich assisté de Galchenyuk (sup. num.)
 

Allemagne

Attaquants :
83 Jan Benda (2') - 81 Mark MacKay (2') - 32 Lars Brüggemann
29 Jochen Hecht (-2, 2') - 17 Peter Draisaitl (-2) - 7 Thomas Brandl (A, -2)
23 Dieter Hegen (C, -2) - 71 Stefan Ustorf (-2) - 10 Reemt Pyka (-2)
22 Andreas Lupzig (-1) - 16 Benoît Doucet (-1, 2') - 20 Jürgen Rumrich (A, -1)

Défenseurs :
12 Mirko Lüdemann (-2) - 15 Jochen Molling (-2, 2')
41 Daniel Kunce (-2) - 33 Markus Wieland (-2, 2')
47 Brad Bergen (-1) - 36 Erich Goldmann (-1, 2')

Gardien :
27 Klaus Merk

Remplaçant : 30 Joseph Heiss (G).

Bélarus

Attaquants :
9 Aleksandr Andrievsky (C, +1) - 11 Vadim Bekbulatov (+1) - 16 Andrei Skabelka (+1)
8 Aleksei Lozhkin (+1) - 21 Evgeny Roshchin (+1) - 13 Andrei Kovalev (+3) [puis Pankov]
17 Aleksei Kalyuzhny (+1) - 10 Viktor Karachun (+1) - 18 Oleg Antonenko (+1)
14 Vasili Pankov (A, 2') [puis Kovalev] - 55 Aleksandr Galchenyuk (+2) - 15 Aleksandr Alekseev (+2)

Défenseurs :
6 Igor Matushkin (+1, 2') - 5 Oleg Romanov (+1)
23 Ruslan Salei (A, +3) - 3 Oleg Khmyl (+3, 4')
25 Aleksandr Zhurik (+1) - 95 Sergei Stas (+1, 2')
7 Sergei Erkovich (2'+10')

Gardien :
30 Andrei Mezin puis 1 Aleksandr Shumidub à 55'46"

 

Retour aux Jeux Olympiques de Nagano