France - Bélarus (7 février 1998)

 

Jeux Olympiques 1998, tour préliminaire, poule B.

L'équipe de France aborde son quatrième tournoi olympique consécutif - une première - dans un contexte morose où le mot "gâchis" est celui qui revient le plus souvent pour évoquer les virages ratés par le hockey français. Face à un nouveau venu - le Bélarus - qui inspire méfiance, le début de match est à ne pas rater. Or, après 30 secondes, une relance d'Igor Matushkin trouve Aleksandr Andrievsky dans le dos de Serge Poudrier. Le capitaine rouge se présente seul devant Huet et tire du revers... sur le poteau ! Totalement pris de vitesse, Poudrier a accroché Andrievsky et pris la première pénalité. Les Bleus la tuent, tout comme celle de Lemoine, mais ne profitent pas eux non plus d'une obstruction de l'ex-Grenoblois Bekbulatov.

C'est une séquence à 4 contre 4 qui fait basculer le match. Au passage de la ligne rouge centrale, Oleg Romanov arme un slap puissant et Cristobal Huet laisse alors un rebond dans l'axe. Viktor Karachun se saisit du palet en plein élan et contourne aisément le gardien grenoblois très avancé (0-1). Oui, c'est un mauvais but pour le jeune portier français - dont le nom est déformé en "Christopher Huet" aussi bien sur la feuille de match officielle que sur les incrustations à la télévision ! - mais Mortas et Filippin ne l'ont pas aidé en laissant passer le centre biélorusse dans leur dos. À l'issue d'un premier tiers-temps équilibré, ce premier but fait toute la différence.

Menant au score, le Bélarus peut déployer son jeu très propre et bien léché. Les Français sont de plus en plus contraints à courir après le palet et commencent peu à peu à subir. Ils résistent à une minute à 3 contre 5 juste avant la mi-match (cinglage de Filippin puis retenir de Pouget), mais leur volonté et leur jeu plus physique ne suffisent plus à rivaliser. En fin de deuxième période, Bob Ouellet tente une passe du revers impossible en zone neutre, qu'Andrei Skabelka se plaît à intercepter. Ouellet continue de perdre ses duels dans son repli défensif, et Vadim Bekbulatov se retrouve seul au poteau droit pour pousser dans les filets un palet que la mitaine de Huet n'a pas su capter (0-2).

Le troisième tiers-temps est un naufrage pour la France. Cristobal Huet s'interpose en face-à-face avec Aleksei Kalyuzhny, que Lemoine propulse alors dans la balustrade. Poudrier perd alors le palet face à Karachun, et pendant ce temps-là Kalyuzhny se relève et vient se replacer à gauche du but, où il hérite de la rondelle qu'il place entre Huet et son poteau (0-3). Les Bleus souffrent ensuite en infériorité numérique, à cause d'une crosse haute de Dubé (2'+2') puis quand Bozon rejoint Dubois en prison. À 5 contre 3, Skabelka semble reprendre en cage ouverte la passe le long de la ligne d'Andrievsky. C'est en fait la crosse de Lemoine qui l'a déviée contre son camp en tentant de l'intercepter, ce qui ne change rien à l'addition salée (0-4).

Le score est lourd, très lourd, pour un match idéalement programmé pour que le grand public français puisse revoir du hockey sur glace (le samedi matin en heure française). Les téléspectateurs n'auront pas eu la meilleure première impression de Cristobal Huet, présenté comme un grand espoir à son poste de gardien. La qualification pour le tour final tiendrait désormais du Miracle, et Herb Brooks - qui aura perdu son premier match olympique - aimerait qu'on arrête de l'embêter avec les comparaisons hors de propos avec 1980...

Marc Branchu

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe) :

Herb Brooks (entraîneur de la France) : "N'oubliez pas que les Bélarusses sont issus de l'ancienne URSS. Que certains, comme Salei présent ce soir, jouent en NHL et les autres dans des championnats très relevés, allemand, suédois ou russe. Je suis déçu du résultat, bien sûr, mais pas à terre. On n'a pas joué pour ne pas perdre et j'en suis fier. Il faut maintenant que les joueurs rebondissent."

Stéphane Barin (attaquant de la France) : "On les a trop regardés jouer. On n'a pas assez mordu, on n'a jamais su mettre le feu sur la cage d'un gardien pourtant pas extraordinaire."

 

France - Bélarus 0-4 (0-1, 0-1, 0-2)
Samedi 7 février 1998 à 20h00 au Big Hat de Nagano (JAP). 3419 spectateurs.
Arbitrage de Brad Meier (USA) assisté de Troy Sartison (CAN) et Tim Kotyra (USA).
Pénalités : France 26' (8', 8', 10'), Bélarus 14' (6', 8', 0').
Tirs cadrés : France 18 (8, 5, 5), Bélarus 36 (7, 13, 16).
Tirs bloqués : France 2 (0, 1, 1), Bélarus 4 (1, 2, 1).
Tirs non cadrés : France 7 (5, 1, 1), Bélarus 10 (2, 7, 1).
Engagements : France 44 (15, 16, 13), Bélarus 24 (5, 11, 8).

Évolution du score :
0-1 à 15'06" : Karachun assisté de Romanov
0-2 à 38'52" : Bekbulatov
0-3 à 46'21" : Kalyuzhny assisté de Karachun et Antonenko
0-4 à 53'10" : Skabelka assisté d'Andrievsky (double sup. num.)
en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives
 

France

Attaquants :
8 Arnaud Briand (-1) - 26 Christian Pouget (A, 2') - 12 Philippe Bozon (A, -1, 4')
7 Stéphane Barin (2') - 19 Robert Ouellet (-1) - 15 Pierre Allard (-1, 2')
28 Roger Dubé (4') - 22 Anthony Mortas (-2) - 36 Richard Aimonetto (-2)
40 Laurent Gras - 42 Jonathan Zwikel - 9 Maurice Rozenthal
14 François Rozenthal

Défenseurs :
16 Jean-Philippe Lemoine (C, -1, 6') - 27 Serge Poudrier (-1, 2')
24 Denis Perez - 13 Karl Dewolf
34 Jean-Christophe Filippin (-2, 2') - 2 Serge Djelloul (-2)
43 Grégory Dubois (2')

Gardien :
1 Cristobal Huet

Remplaçant : 33 Fabrice Lhenry (G).

Bélarus

Attaquants :
9 Aleksandr Andrievsky (C, +1) - 11 Vadim Bekbulatov (+1, 4') - 16 Andrei Skabelka (+1)
8 Aleksei Lozhkin - 21 Evgeny Roshchin - 13 Andrei Kovalev
17 Aleksei Kalyuzhny (+2) - 10 Viktor Karachun (+2) - 18 Oleg Antonenko (+1)
14 Vasili Pankov (A, 2') - 55 Aleksandr Galchenyuk

Défenseurs :
6 Igor Matushkin (+1) - 5 Oleg Romanov (+2)
23 Ruslan Salei (A, 2') - 3 Oleg Khmyl
25 Aleksandr Zhurik (+2, 2') - 95 Sergei Stas (+1, 4')
7 Sergei Erkovich - 15 Aleksandr Alekseev

Gardien :
30 Andrei Mezin

Remplaçant : 1 Aleksandr Shumidub (G).

 

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