États-Unis - Russie (8 septembre 1996)

 

Match comptant pour le groupe Amérique de la Coupe du monde 1996.

La victoire nette des Russes sur la Finlande a-t-elle impressionné les Canadiens ? Pas à en croire leur défenseur Chris Chelios, qui prône un "in-your-face-hockey" qui se passe de traduction. Selon lui, la Russie est la meilleure équipe quand leurs adversaires ne jouent pas physiquement, comme cela a été le cas des Finlandais.

En plus, la Russie a perdu Alekseï Zhamnov. Il avait dû quitter la glace en quart de finale dès la première période après une mise en échec de Kapanen, car son épaule le faisait souffrir. Comme il est le troisième blessé, après Semak à la pommette et Karpovtsev au genou, les règlements du tournoi autorisent la Russie à rappeler un joueur en supplément. Et ce sera Igor Ulanov, le rugueux défenseur de Tampa Bay, choisi en perspective du bras de fer physique que ne manqueront pas d'engager les Américains. En fait, son impact se limitera à deux pénalités.

La partie débute exactement comme le match de poule : premier but américain au bout de vingt-six secondes ! C'est une passe hasardeuse de Vladimir Malakhov qui est interceptée par Adam Deadmarsh et permet l'ouverture du score en deux contre un d'Otto et LaFontaine, l'homme du match la semaine dernière. Ces coïncidences sont un bien mauvais présage pour les Russes... En plus, Mike Richter est déjà décisif dans les cages, notamment face à Mogilny et Nemchinov.

Mais il y a une différence par rapport au match de New York, c'est que les Américains ne sont plus à domicile. Chose impensable il y a seulement quelques années, les spectateurs canadiens prennent maintenant fait et cause pour les Russes ! L'arbitre Terry Gregson est la cible des quolibets de ses compatriotes pour sa sévérité à l'égard des ennemis d'hier. Le but du 2-0 de Brett Hull, est marqué sous les huées. On entend des cris de "traître" contre ce joueur né à Belleville dans l'Ontario, qui a appris le hockey à Winnipeg où jouait son père Bobby, et qui revêt le maillot américain.

Chose étonnante compte tenu de la configuration de ce match, c'est le seul joueur sur la glace à ne jamais avoir joué en NHL, Sergueï Berezin, qui réduit le score. L'attaquant de Voskresensk, qui a été ces deux dernières années le buteur idolâtré de Cologne, tire au ras du poteau au-dessus de la mitaine de Richter et marque le premier but de sa carrière sur une patinoire de dimensions nord-américaines. Mais il faut moins d'une minute aux États-Unis pour rétablir leur avance. Tony Amonte contrôle le palet du patin après un tir contré de Smolinski et le glisse du revers dans les filets russes. La volonté russe en prend un coup, et Brett Hull, superbement lancé par Doug Weight, marque le 4-1 en infériorité numérique entre les jambières de Trefilov.

Malgré un tir du poignet de Zubov en début de troisième période, les Américains n'ont jamais été vraiment en danger. Mathieu Schneider s'assure que le score soit le même que celui de la confrontation précédente : 5-2. Les Russes ont une nouvelle fois dû céder face à la troupe disciplinée du coach Ron Wilson (lui aussi né au Canada, d'ailleurs, mais il a grandi aux États-Unis) et sa solide défense.

Après cette élimination, Boris Mikhaïlov jure qu'il n'entraînera plus jamais certains des membres de cette formation russe, qu'il considère comme des enfants gâtés terriblement vénaux. Il en a assez car il a dû subir tous leurs caprices. Exemple, celui de Vladimir Malakhov faisant la moue devant le costume civil Hugo Boss qu'il avait pourtant lui-même choisi dans le magasin - aux frais de la fédération bien entendu. Le cas le plus épineux est celui d'Aleksandr Mogilny. L'ancien "fugitif", qui était parti en Amérique du nord sans autorisation et sans en référer à personne au sein du CSKA qui l'a formé, a pris cette compétition comme une exhibition. Il a déclaré à Mikhaïlov qu'il se préparait pour novembre et le début de la saison NHL, où il sera au rendez-vous pour son employeur, les Vancouver Canucks. Pour ce joueur au caractère ultra-individualiste, son contrat de plusieurs millions de dollars a la priorité, et son pays natal est désormais bien loin. Il prendra la nationalité américaine et ne jouera plus jamais pour la Russie.

Étoiles du match : *** Brett Hull (USA), ** Mike Richter (USA), * Sergueï Berezin (RUS).

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Ron Wilson (entraîneur des États-Unis) : "Je vais faire court parce que nous avons un avion à prendre et que la route est longue de Moscou à Philadelphie. Je pense que le public espérait que nous perdrions parce que nous sommes la meilleure équipe derrière le Canada et qu'il voudrait une route plus facile. Ces sifflets nous ont motivés. Nous en rions sur le banc. Nous disions que nous étions à Moscou."

Brett Hull (attaquant des États-Unis) : "J'étais surpris par les sifflets. Au début, je n'ai pas compris. Je n'avais mis de crosse haute au visage de personne. Évidemment, c'est parce que je suis né au Canada. Il ne peut pas y avoir d'autre raison. N'empêche que ce n'est pas agréable. Lorsque j'étais junior, Dave King, l'entraîneur du Canada, ne me trouvait pas assez bon. Dave Peterson, l'entraîneur des États-Unis, m'a offert de la chance de jouer les championnats du monde juniors 1986 à Moscou. Que faire d'autre que de s'engager avec le pays qui vous en donne l'opportunité ?"

 

États-Unis - Russie 5-2 (2-0, 2-1, 1-1)
Dimanche 8 septembre 1996 à 20h00 au Corel Centre d'Ottawa (CAN). 18500 spectateurs.
Arbitrage de Terry Gregson (CAN) assisté de Kevin Collins (USA) et Scott Driscoll (CAN).
Pénalités : États-Unis 24' (4', 10', 10'), Russie 26' (8'+10', 2', 6').
Tirs cadrés : États-Unis 33 (12, 15, 6), Russie 25 (8, 8, 9).

Évolution du score :
1-0 à 00'26" : LaFontaine assisté d'Otto et Deadmarsh
2-0 à 19'45" : Hull assisté de Hatcher et Weight (sup. num.)
2-1 à 29'06" : Berezin assisté de Yashin
3-1 à 30'01" : Amonte assisté de Smolinski
4-1 à 34'58" : Hull assisté de Weight et Chelios (inf. num.)
4-2 à 41'57" : Zubov assisté de Larionov et Berezin (sup. num.)
5-2 à 53'57" : Schneider assisté de Young
 

États-Unis

Attaquants :
18 Adam Deadmarsh - 16 Pat LaFontaine - 29 Joel Otto (A, +1, 4')
15 Brett Hull (+1, 4') - 19 Doug Weight (2') - 21 Scott Young (2')
10 John LeClair (+1, 2') - 9 Mike Modano (+1, 2') - 17 Keith Tkachuk (A, 6')
12 Bill Guerin - 8 Bryan Smolinski (+1) - 11 Tony Amonte (+1)

Défenseurs :
2 Brian Leetch (C) - 3 Derian Hatcher (+1)
5 Mathieu Schneider - 4 Kevin Hatcher (+1, 2')
20 Gary Suter (+1) - 7 Chris Chelios (+1)

Gardien :
35 Mike Richter

Remplaçant : 31 Guy Hebert (G). En réserve : 30 Jim Carey (G), 6 Phil Housley, 28 Shawn Chambers (D), 22 Steve Konowalchuk, 14 Shawn McEachern, 25 Brian Rolston (A).

Russie

Attaquants :
3 Sergei Nemchinov (-2) - 91 Sergei Fedorov (A, -3) - 89 Aleksandr Mogilny (-3)
13 Vyacheslav Kozlov (-1) - 16 Igor Larionov (A, +1) - 51 Andrei Kovalenko (2')
16 Valeri Zelepukin (4'+10') - 19 Aleksei Yashin - 27 Aleksei Kovalev (+1)
20 Sergei Berezin - 33 Andrei Nikolishin

Défenseurs :
38 Vladimir Malakhov (-2, 2') - 26 Dmitri Yushkevich
2 Vyacheslav Fetisov (C) - 56 Sergei Zubov (-2)
11 Darius Kasparaitis (+1, 4') - 7 Oleg Tverdovsky (+1)
4 Igor Ulanov (-1, 4')

Gardien :
30 Andrei Trefilov

Remplaçant : 35 Nikolaï Khabibulin (G). En réserve : 55 Sergei Gonchar, 44 Aleksei Zhitnik, 25 Aleksandr Karpovtsev (D), 10 Aleksei Zhamnov, 18 Valeri Bure, 28 Aleksandr Semak (A).

 

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