France - Roumanie (23 mars 1985)

 

Match comptant pour la septième journée des Championnat du monde du groupe C 1985.

La délivrance

Pour l'ultime rencontre de ce championnat, en présence du ministre des sports Alain Calmat, la France n'avait pas la tâche facile face à la Roumanie qui, la veille, avait infligé une défaite sans appel aux Danois ; et puis, il ne fallait surtout pas oublier que ces mêmes Roumains étaient venus en France avec la ferme intention de monter dans le groupe B. Bref, la partie était loin d'être gagnée d'avance.

La preuve en fut au cours des deux premiers tiers-temps, durant lesquels les Français n'arrivaient pas vraiment à faire la différence. Bernard Leblond transformait une passe de derrière la cage de Richer, Guy Dupuis concluait une rapide remontée de palet de Leblanc et Lecomte, mais la Roumanie revenait à hauteur. Michel Leblanc prenait un lancer de la bleue, puis Guy Dupuis contrait un dégagement adverse droit sur le gardien et prenait son propre rebond. C'est avec un avantage de seulement deux buts que fut abordée la troisième période. Là, les tricolores jetèrent toutes leurs forces dans la bataille. Richer en opportuniste, Lecomte en feintant le gardien en breakaway, Bozon d'un tir violent et Dupuis en suivant Leblanc au rebond parachevaient le travail.

Lorsque le coup de sirène annonçait la fin de la rencontre retentit, ce fut une explosion de joie. Les larmes coulaient, les feux de Bengale crachaient : la France, non seulement accédait au groupe B, mais devenait en plus championne du monde.

Palet souvenir. Un palet qui vaut son pesant d'or pour Francheterre. Le coach des champions du monde, à la fin de la rencontre France-Roumanie, s'est précipité sur la glace pour s'emparer du palet fétiche.

La force de persuasion. Jean-Philippe Lemoine, 20 ans, 1,96 m, 105 kg. Assurément le plus gros gabarit des 160 joueurs ayant participé à ces championnats du monde. Peut-être un peu trop vite répertorié dans la catégorie des "gros bras", il a impressionné, non seulement par sa corpulence, mais également pas sa sobriété dans le jeu. Même si les autres équipes claquent des dents en pensant à ce joueur pas comme les autres, nous avons pour notre part surtout retenu l'énorme travail collectif qu'il abat, sa relance clairvoyante, ses slaps déments, son efficacité dans les bandes, pour décrire plus simplement son excellent jeu de défenseur. "Je ne suis pas un bagarreur, dira-t-il. Je préfère apaiser l'ambiance au lieu de provoquer la bagarre, faire comprendre aux autres que nous aussi on est capable de frapper, mais tout cela sans utiliser les poings." Après le coup de sirène annonçant la fin du match, il fut l'un de ceux qui manifesta le plus sa joie. Ce titre de champion du monde, il l'attribue à ses deux entraîneurs, Francheterre et Lang. "Au début, on pensait qu'ils poussaient trop sur la machine, estima Jean-Philippe Lemoine, mais tout a bien marché".

Articles parus dans le magazine "Slap" n°6 (avril 1985)

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe et Slap)

Daniel Maric (gardien de la France) : "Ce qui a été formidable dans ce tournoi mondial c'est que tous les joueurs ont joué au maximum de leurs possibilités. Nous étions tous très motivés et à la fois sereins. Lors du match contre la Yougoslavie, qui fut le tournant décisif, nous avons disputé la rencontre certainement la plus complète depuis ces dix dernières années. Aujourd'hui contre la Roumanie, je pensais que l'on serait fébrile mais ce ne fut pas le cas. Nous étions en position de favoris et nous l'avons bien assumé."

Ion Tiron (entraîneur de la Roumanie depuis 22 ans) : "La musique : c'est fini pour nous ! Nous avons bien joué mais nous n'avons pas eu de chance. La moyenne d'âge de l'équipe est de 27 ans. C'est déjà trop vieux pour le hockey. L'année prochaine, il y aura une refonte complète de la formation. Nous avons manqué de motivation cette fois-ci et commis trop d'erreurs en défense. Je me souviens, il y a quelque temps nous battions les Français avec huit à dix buts de différence. Maintenant c'est autre chose. Ils jouent un hockey moderne, fort et très tactique, un jeu collectif basé sur l'offensive sans pour autant négliger la défense, et ils ont un bon gardien."

 

France - Roumanie 8-3 (2-1, 2-1, 4-1)

Samedi 23 mars 1985 à 14h30 à la patinoire de Chamonix. 2500 spectateurs.

Arbitrage de M. Romminge (NOR) assisté de MM. Hausner (AUT) et Schneiter (SUI).

Pénalités : France 18', Roumanie 12'.

Évolution du score :

1-0 à 06'42" : Leblond assisté de Farcy (double sup. num.)

2-0 à 15'32" : Dupuis assisté de Lecomte et Leblanc

2-1 à 17' : Tureanu assisté de Cazacu

2-2 à 32' : Halauca

3-2 à 33'20" : Leblanc assisté de Dupuis

4-2 à 39'14" : Dupuis

5-2 à 46'12" : Richer

6-2 à 46'53" : Lecomte

7-2 à 50'35" : Bozon assisté de Lerondeau

7-3 à 54' : Tureanu

8-3 à 57'55" : Dupuis assisté de Leblanc et Chevalier

 

France

Gardien : Daniel Maric.

Défenseurs : Michel Leblanc (2') - Gilles Chevalier ; Stéphane Botteri - Jean-Philippe Lemoine (2') ; Jean-Christophe Lerondeau - Michel Lussier.

Attaquants : Laurent Lecomte - Guy Dupuis (C) - Frédéric Favre ; Antoine Richer - Jean-Paul Farcy - Bernard Leblond ; Christophe Ville - Franck Pajonkowski - Christian Bozon ; Dominique Jolly-Pottuz - Patrick Alotto.

Remplaçant : Laurent Dentz. Absent : André Péloffy (entorse du genou).

 

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