Interview de Glen Foll

 

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Originaire du Canada, Glen Foll est allé jouer dans le championnat australien dans les années quatre-vingts. Il a ensuite été naturalisé et est depuis une décennie le capitaine de l'équipe nationale d'Australie de hockey sur glace.

 

- Comment s'est passé votre premier contact avec le hockey sur glace australien ?

Initialement, j'étais allé en Australie pour mes vacances. J'ai alors découvert via un ami qu'il y avait du hockey sur glace là-bas. J'ai écrit à la fédération pour avoir plus d'informations, et ils m'ont m'envoyé un formulaire pour joueur étranger que j'ai envoyé à tous les clubs. L'un d'entre eux, les Macquarie Bears (qui sont maintenant devenus les Sydney Bears) m'ont contacté et m'ont fait venir du Canada en Australlie en 1982. Pendant trois saisons, je disputais la saison australienne pendant l'hiver austral puis je retournais jouer en Amérique du nord. Ensuite, j'ai décidé de rester en Australie. J'ai joué avec ce club jusqu'en 1989 avant de rejoindre Adelaide.

Auparavant, j'avais joué tout mon hockey mineur dans une ville appelée Surrey, dans la banlieue de Vancouver. J'ai fait quatre années de junior "A" dans la British Columbia Junior Hockey League. J'ai ensuite effectué un essai dans l'Atlantic Coast Hockey League, mais j'ai été libéré après les deux premiers matches. C'est là que j'ai décidé de retourner en Australie.

- Quelles ont été vos premières impressions sur le hockey australien ?

Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en venant pour la première fois en Australie. J'étais inquiet de savoir si j'arriverais à me faire une place dans l'équipe. Mais cela n'a posé aucun problème. Le niveau et l'organisation étaient dérisoires en comparaison avec le Canada.

- Le hockey sur glace existe en Australie depuis près d'un siècle. Pouvez-vous décrire l'évolution de ce sport dans ce pays ?

D'après ce qu'on m'a dit, le hockey sur glace était à son sommet dans les années soixante-dix.

Le hockey sur glace n'est pas le sport le mieux organisé en Australie, mais pas le pire non plus. J'imagine qu'il doit y avoir environ trois mille licenciés aujourd'hui. Il y a une vingtaine de patinoires dans le pays.

Je pense que le niveau en 1982, quand j'ai débarqué ici pour la première fois, était à peu près le même qu'aujourd'hui. Je parle là du niveau senior. Le principal changement que j'ai remarqué est que les joueurs commencent à jouer de plus en plus tôt. À l'époque de mon arrivée, il n'y avais pas beaucoup de jeunes qui jouaient, ils débutaient le hockey au cours de leur adolescence.

Le hockey sur glace est un tout petit sport ici, mais il commence à croître. À la place du championnat des provinces, nous avons maintenant un championnat national à six équipes (AIHL) qui s'améliore d'année en année. L'affluence moyenne aux rencontres n'est que de 200-300, à Adelaide nous jouons devant cinq cents spectateurs et la capacité de la patinoire n'est guère supérieure. C'est la même chose un peu partout dans les patinoires australiennes.

- Quelle a été votre motivation pendant toutes ces années dans l'équipe nationale d'Australie ?

Une des principales raisons pour lesquelles je suis resté ici, c'était la chance de jouer pour l'équipe d'Australie. Il était beaucoup plus facile d'être naturalisé à cette époque. Pouvoir jouer contre d'autres équipes nationales était une grande opportunité.

Ma motivation pour continuer à porter les couleurs de l'Australie est d'être capable de jouer au plus haut niveau possible. Avoir la chance d'affronter certains pays d'Europe ou de l'ex-URSS, cela donne des frissons.

- Quel est le pays le plus fort que vous ayez rencontré ?

En 1989, nous avons joué contre les Pays-Bas et la Yougoslavie, avant l'éclatement de ce pays, c'étaient de très bonnes équipes. La Grande-Bretagne de 1992 était très forte, En 1993, nous avons affronté le Kazakhstan et la Slovénie qui étaient très bonnes. En 2002, nous avons joué contre l'Estonie qui était bonne aussi. Je pense que le Kazakhstan 93 était le meilleur adversaire. Le simple fait d'avoir pu jouer contre ces équipes est un excellent souvenir.

- Quel a été le plus grand moment de votre carrière ?

Remporter la médaille de bronze au Mondial C de 1992 était mon plus grand moment avec l'équipe d'Australie. On ne s'attendait pas à ce que nous réussissions très bien, et nous avons battu la Hongrie 8-1 et la Belgique 6-2 cette année-là.

Un des mes maillots est au Hockey Hall of Fame (Temple de la Renommée du Hockey) de Toronto, ce qui également quelque chose d'important pour moi. Lors du quatre-vingt-dixième anniversaire de l'IIHF, chaque pays s'est vu demander un maillot pour la nouvelle section internationale du Hall of Fame, et notre fédération a choisi le mien.

Un des statisticiens de l'IIHF m'a dit que j'avais joué plus de championnats du monde en tant que capitaine (12) que n'importe quel autre joueur.

- Avez-vous été surpris par la promotion de la Belgique en Division I mondiale ?

Cela ne m'a pas surpris. La Belgique a une très bonne équipe quand elle dispose de tous ses meilleurs joueurs. Nous avons joué quelques bonnes parties contre eux pendant toutes ces années. Il semble qu'ils jouent quelques-uns de leurs meilleurs matches contre nous.

- Que pensez-vous de Jari Grönstrand (ex-entraîneur-joueur de Reims), nommé l'an dernier coach de l'équipe d'Australie ?

Je pense que Jari est un bon coach. Il est difficile de commenter son style car il n'a eu l'équipe que pendant une dizaine de jours, à l'occasion des championnats du monde. Il n'a pas eu beaucoup de matière première pour travailler, nous avions une équipe très faible avec de nombreux joueurs absents pour diverses raisons. C'est un de nos plus gros problèmes : pouvoir aligner tous nos meilleurs joueurs. En raison du coût, beaucoup de bons joueurs ne viennent pas chaque année. Je pense que Jari s'attendait à ce que le hockey australien soit un peu meilleur. D'après ce qu'on m'a dit, il ne sera plus notre coach cette année. Je pense qu'il mériterait de faire une année supplémentaire, car il connaît mieux les joueurs et le talent dont nous disposons, ainsi que les adversaires contre qui nous avons à jouer.

- L'équipe nationale d'Australie s'est toujours beaucoup appuyée sur des joueurs venus d'Amérique du nord ou d'Europe. Où se situerait une sélection de joueurs nés et formés en Australie dans la hiérarchie mondiale ?

Il est vrai que nous avons toujours eu beaucoup de joueurs canadiens et européens dans l'équipe nationale, mais un peu moins ces dernières années. Sans ces joueurs, je pense que l'équipe nationale aurait du mal à se maintenir en division II.

- Quand l'Australie sera-t-elle prête à se passer de joueurs formés à l'étranger ?

Je pense que ça prendra beaucoup de temps avant que l'on puisse produire une équipe avec uniquement des joueurs formés en Australie. Nous n'avons tout simplement pas assez de bons joueurs qui arrivent des rangs juniors. Un joueur australien peut seulement atteindre un certain potentiel dans son pays, il doit aller à l'étranger pour s'améliorer. De plus en plus de jeunes le font maintenant, je dirais qu'il doit y avoir une dizaine de juniors dans ce cas, principalement au Canada.

- Le Mondial C 1989 à Sydney avait attiré beaucoup de spectateurs. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'autres compétitions similaires organisées en Australie depuis lors ?

C'était mon premier championnat du monde, et c'est aussi le tournoi avec la plus grosse affluence parmi ceux auxquels j'ai participé. Les gens venaient voir tous les matches, pas uniquement les nôtres. Dans tous les autres tournois où j'ai joué, les spectateurs viennent dans la patinoire seulement pour les rencontres de l'équipe locale, et parfois pas du tout.

Si nous n'avons plus organisé de championnat du monde depuis lors, je pense que c'est parce que c'est très cher d'accueillir ce genre d'évènements en Australie. Les aides de l'IIHF ne couvrent pas tous les coûts et pour un si petit sport il est très difficile d'obtenir des subventions gouvernementales.

Ces trois dernières années, notre fédération nous a dit qu'elle allait poser sa candidature pour organiser les championnats du monde, et ensuite elle nous dit que c'est remis à l'année suivante... Qui sait.

- Quel est le principal obstacle au développement du hockey sur glace australien ?

Je pense que le principal frein qui retient le hockey australien est le manque de patinoires et le coût élevé de la pratique de ce sport.

Propos recueillis le 19 septembre 2003 par Marc Branchu

 

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