Interview de Sébastien Berthet

 

Une des sensations de la saison de division 1 a été la non-qualification du Lyon Hockey Club pour la poule finale, alors que ce club ne cachait pas sa volonté de rejoindre bientôt la Ligue Magnus. Retour sur cet échec sportif mais aussi sur la structuration économique du club avec Sébastien Berthet, en vertu de sa double casquette d'attaquant et de responsable communication et marketing du LHC.

- Considérez-vous que cette non-qualification est un sérieux contretemps aux projets du LHC ?

À chaque début de saison, il convient d'être raisonnablement ambitieux. Il est vrai que l'objectif principal du LHC était de se qualifier pour les play-off et de mieux y figurer que la saison passée, en obtenant ce résultat nous aurions pu prétendre à une éventuelle montée en Ligue Magnus. Malheureusement nous sommes loin de ce résultat, il faudra donc en tirer les leçons.

- Quelle échéance le club se fixe-t-il désormais pour monter en Ligue Magnus ?

Après les résultats enregistrés cette saison, nous ne nous fixons plus d'objectifs ! L'évolution de notre club passe par une montée en Ligue Magnus, à moyen terme nous aimerions y parvenir, maintenant si c'est à court terme...

- Qu'a-t-il manqué au LHC pour se qualifier ?

Nous ne terminons qu'à trois points du dernier qualifié, la lutte pour la dernière place a été très disputée entre quatre équipes, tout le monde a eu une chance de se qualifier. L'expérience et un soupçon de réussite ont été, à mon avis, les deux éléments qui nous ont fait défaut pour cette qualification, car nous avons perdu une grande partie de nos matches par un but d'écart (hormis face à Strasbourg).

- Pensez-vous que la relégation puisse réellement être une menace pour Lyon ?

À partir du moment où vous évoluez en poule de relégation, la menace de descendre est un danger pour toutes les équipes. À nous de nous mettre à l'abri le plus rapidement possible.

- Pensez-vous que la montée en Magnus puisse échapper à Strasbourg ? Et qui voyez-vous pour la place de barragiste ?

Même si je ne connais pas le niveau des équipes de la poule nord, je vois mal Strasbourg ne pas être champion cette année, ils possèdent une équipe très complète dans tous les compartiments du jeu. La place de barragiste sera très disputée et se jouera dans les dernières journées.

- Regrettez-vous aujourd'hui l'absence de joueur étranger dans l'effectif ?

Cela dépend de son apport. Il est intéressant d'avoir l'aide de joueurs étrangers si ceux-ci font réellement la différence, si ce n'est pas le cas, je trouve qu'il est préférable de faire confiance à des joueurs français.

- Pensez-vous que ce soit plus difficile pour Henrik Alfredsson de travailler avec un effectif construit par un autre ?

Complètement, Henrik est arrivé sans même connaître un seul joueur (hormis Romain Masson qu'il a coaché à Gap la saison passée) !

- Y avait-il moyen de retenir Heikki Leime quant il a fait défection pour Lausanne ? Avait-il déjà un contrat en bonne et due forme à Lyon ?

Je tiens à préciser que Heikki Leime a contacté le club et a vraiment montré une réelle envie de venir à Lyon. Par la suite, il a décidé de partir pour Lausanne car ce club lui proposait de tripler son salaire, en informant les dirigeants au dernier moment. De plus, il avait signé un contrat avec le club mais celui-ci débutait au mois d'août. Ce comportement, même si il reste compréhensible, n'est pas digne d'un professionnel de son rang.

- Avez-vous le sentiment que le LHC ait déçu ses supporters ces derniers mois ?

Il est vrai que nos spectateurs préfèrent voir le LHC gagner mais j'estime qu'ils nous ont laissé leur confiance puisqu'ils étaient encore plus de 2800 lors du dernier match à domicile (Lyon - Avignon, le 10 décembre).

- Quelle part de votre public est constituée de "fidèles", par opposition aux spectateurs occasionnels ? Comment augmenter cette proportion ?

Nous avons un turn-over de 75% de nos spectateurs, cela signifie que seulement 25% de ces spectateurs viennent à toutes les rencontres du club. Cette part est assez faible mais volontaire. Nous arrivons à remplir la patinoire depuis trois saisons mais nous constatons que la notoriété du LHC, à Lyon, n'est pas très importante. L'objectif est donc de développer cette notoriété en ayant un turn-over important en faisant venir un public "occasionnel" à chaque rencontre. Les premiers résultats de cette politique commencent à se faire sentir.

- Quelles seront les prochaines opérations promotionnelles du LHC ?

Notre principale action est un stand de 40m² pour la présentation du club (hockey jeune et équipe 1) au cœur du centre commercial de la Part-Dieu, durant les soldes de janvier. Des animations y sont proposées avec la venue des joueurs, la mascotte du club et des bornes de jeu X-Box avec NHL 2006 d'EA Sports. En marge de celle-ci, plusieurs opérations en collaboration avec des partenaires sont prévues (opérations de street-marketing, jeu-concours...)

- Combien rapportent au club ses efforts en matière de sponsoring ?

Les partenariats apportent plus de 50% du budget du club avec une augmentation qui oscille entre 25% et 40% chaque année, et ce depuis cinq ans.

- Comment faire pour que le LHC ne connaisse jamais plus le même sort que lors de son aventure en Ligue Élite sous la présidence de Christophe Geoffroy ?

Tout d'abord, les efforts mis en place par la Commission Nationale d'Aide et de Contrôle de Gestion pour contrôler les dérapages financiers permettent de limiter les mésaventures connues par l'équipe élite de Lyon, il y a quelques années. C'est une bonne chose qu'un organisme comme celui-ci existe.

D'autre part, le LHC ne souhaite pas être soutenu par un gros sponsor ou la ville car le jour où ce dernier se retire le club est mis en péril (l'équipe élite avait un fonctionnement basé en grande partie sur les collectivités). Il est donc important de trouver le bon équilibre entre sponsors, collectivités et billetterie.

- Le club de Lyon a toujours eu un nombre conséquent de licenciés, mais peu de joueurs de haut niveau en sont issus. Que faire pour améliorer la qualité de la formation ?

L'équipe première du LHC est tout de même composée de six joueurs formés au club. La formation est un travail sur le long terme.

- On a pas mal évoqué ces derniers temps un projet de très grande salle omnisports à Lyon. Jusqu'à quel point le LHC s'y est-il impliqué ?

Gilles Moretton (Président de l'Adecco ASVEL) nous a contacté afin de nous expliquer son projet de créer une salle polyvalente qui engloberait les matches de basket et de hockey sur glace, le grand prix de tennis de Lyon et des concerts. Le LHC est prêt à évoluer dans cette salle si celle-ci voit le jour.

- Comment faire pour que le hockey puisse trouver sa place dans une salle de cette taille ? Comment éviter que ne se reproduise le scénario de Bercy ?

Nous saurons dans peu de temps si cette salle verra le jour. À partir de là, un projet sera mis en place pour optimiser son fonctionnement. Une chose est sûre, nous devrons être en Ligue Magnus.

Propos recueillis le 25 janvier 2006 par Marc Branchu

 

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