Interview de Hervé Antoine (15 juin 2002)

 

Nouveau Directeur Général, Hervé Antoine préfère se définir comme manager. Ce poste laissé vacant à la fin de la saison 2000/01 par le "départ" d'Alain Bedére, est maintenant occupé par cet Angloy d'adoption, et la tâche qui l'attend est digne des douze travaux d'Hercule.

Mais au contraire de son prédécesseur, il connaît bien le monde du hockey, sport qu'il a pratiqué en amateur mais surtout qu'il a arbitré. Une expérience acquise essentiellement au sein du club de Yerres en région parisienne. Il a aimablement voulu répondre aux questions du site Hormadiar.

- Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez vous vous présenter ?

Je me nomme Hervé Antoine et j'ai 49 ans, comme je l'ai mentionné dans mon CV, je suis mi-Breton mi-Belge, mais j'ai vécu trop longtemps à Paris pour en faire référence. Je suis marié et j'ai quatre enfants dont un est hockeyeur dans les rangs de l'Anglet Hormadi amateur. L'idée de quitter Paris nous est venu il y a de cela quelques années, la destination était le Québec, mais pour des raisons professionnelles ça ne s'est pas concrétisé. Ma femme a réussi à trouver du travail comme infirmière auprès du Conseil Général, pour ma part j'avais conservé mon emploi dans la région parisienne. Les incessants allers-retours entre Paris et Anglet m'ont usé. La "vie parisienne" ne me convenait plus du tout. Il y a de cela quelques mois j'ai eu l'occasion de rencontrer un autre Angloy d'adoption qui m'a amicalement présenté à quelques VIP de la Barre. C'était lors du match historique contre Rouen... et j'ai été surpris de voir que peu ou pas de choses étaient proposées aux partenaires du club. J'ai senti qu'il y avait quelque chose à faire. Quatre mois d'immobilisation devant mon PC à la suite d'un bête accident de hockey en loisirs m'ont permis de constituer un dossier "béton". Dès que j'ai appris que le club cherchait un Directeur Général, j'ai posé ma candidature.

J'ai oublié de dire que je suis joueur amateur, même très amateur dirons certains, j'ai démarré le hockey il y a dix ans. Grâce ou à cause de mon fils, j'ai modifié mon parcours vers la charge d'arbitre, mais j'ai volontairement limité mon arbitrage à ce que l'on appelle "vulgairement" arbitre de club... Sinon, en région parisienne, on est vite amené à arbitrer d'autres matches de championnat et on est aussi vite détourné de ses fonctions de bénévolat et d'encadrement. Comme j'étais joueur en loisirs, responsable des benjamins, responsable des seniors et responsable de la communication du club, arbitrer pour la ligue IDF serait vite devenu insupportable... au moins pour ma femme.

- Pouvez vous définir le rôle que vous occupez au sein du club ?

Avant tout le rôle du manager est de faire le lien entre toutes les composantes du club, sportives comme administratives. Ce rôle s'appuie essentiellement sur trois grands axes : nos partenaires, notre communication interne et externe, et notre gestion administrative. Au niveau des partenaires il faut en rechercher de nouveaux, et démarcher plus énergiquement les entreprises de la région. Mais ce n'est pas tout, il faut les accompagner durant leur première année de partenariat (suivi des invitations, rencontres avec les joueurs lors des matches, gestion des attentes, etc). Mais pour autant il ne faut pas délaisser ceux qui nous soutiennent déjà, et ils bénéficieront bien évidemment du même accompagnement que les nouveaux. Le club partenaires qui existait déjà mais végétait quelque peu doit être relancé, il se doit d'être plus dynamique afin de créer un lien entre le club et les partenaires. La communication externe sera re-dynamisée, je ferai le lien et le suivi avec les partenaires "presse". Un magazine d'une ou deux pages (Hors Jeu) sera diffusé lors des matchs, et sans doute envoyé aux abonnés. Une plaquette de communication de l'Hormadi ainsi qu'un annuaire de partenaires sont en cours d'élaboration (à ce sujet, toutes les bonnes volontés peuvent me contacter). De même un site officiel sera mis en ligne.

La communication interne sera aussi un point que je compte développer, faire circuler l'information entre les dirigeants et les joueurs dans un sens comme dans l'autre. Il est nécessaire d'appréhender les problèmes avant qu'ils ne se posent, et pour cela pourquoi ne pas provoquer des réunions administratives et sportives. La gestion administrative aura plusieurs aspects, par exemple, décharger joueurs et entraîneur de leurs problèmes administratifs en dehors de la glace (dossier d'inscription en fac, dossier de transfert, recherche de logement) mais aussi en accueillant les équipes visiteuses et les arbitres. De même lors des déplacements, il ne me semble pas convenable de ne pas les accompagner. Pour que le courant passe, il faut qu'ils me sentent proches d'eux sans pour autant "être eux".

- Quels sont les objectifs sportifs et financiers du club cette saison ?

Pour ce qui est du point de vue sportif, c'est Karlos Gordovil qui est plus à même d'en parler, et de toute manière un point presse sera mené prochainement. Ce que je peux dire, c'est que l'on doit remettre sur les rails une équipe pas mal chamboulée après les évènements de la fin de saison 2000-01. Donc c'est une équipe rajeunie et qui ne se connaissait pas qui a disputé le précédent championnat. Les résultats obtenus sont satisfaisants, sans plus. Maintenant on travaille sur le long terme, et Karlos Gordovil comme moi-même parlons de projet sportif 2002-2005 et non plus de saison 2002-2003. C'est préférable financièrement et sportivement parlant de construire une équipe sur la durée, de proposer une formation en parallèle aux jeunes joueurs, une insertion dans le tissu socio-économique local aux autres et une reconversion aux plus anciens.

Certains clubs préfèrent engager des joueurs qui sont employés par les partenaires et se construire une "grosse cylindrée", ce n'est pas la philosophie de l'Hormadi. Compte tenu de la masse salariale limitée à 2,6 millions de francs par le FFSG et des dépenses inhérentes au fonctionnement et aux déplacements, le budget du club pour cette saison ne devrait pas dépasser les 4 millions de francs, ce qui est modeste par rapport à des équipes comme Rouen ou Grenoble par exemple. Concernant le Super 16, notre dossier financier et sportif a été envoyé, cependant je suis inquiet pour certains clubs venant de l'ex-N1 qui vont devoir au moins doubler leur budget de fonctionnement ne serait-ce que les déplacements (un Dunkerque-Anglet, c'est au moins deux jours de bus, ça pèse 4000 euros...).

Pour conclure sur le sujet, la philosophie actuelle du club se place sur le long terme, avec une intégration progressive des joueurs issus du hockey mineur (Xaby Lassalle en est le meilleur exemple... il marque quand même un point lors du Championnat Élite 2001-2002... pas mal pour un cadet), et de proposer aux autres joueurs autre chose qu'un simple salaire. Le terme est je crois semi-pro... D'abord le boulot (ou les études), ensuite le hockey. Lorsque le hockey s'arrête... le boulot reste. Et je reste intimement persuadé que l'on joue mieux l'esprit tranquille... et l'esprit tranquille, on l'a forcément si l'on se pose peu de questions sur son avenir et celui de sa famille.

- Comment va se dérouler le Super 16 et quelles équipes vont y participer ?

Le prochain championnat qui devrait s'inscrire sur trois voire quatre années normalement, regroupera les sept équipes composant l'ex-élite avec les neuf premiers de l'ex-N1, Brest a également déposé sa candidature. Pour ce qui est des rencontres, tout n'est pas encore complètement figé, on ne sait pas si on aura deux poules Nord/Sud ou Est/Ouest, ce qui est acquis c'est que la première phase se disputera avec un seul match par semaine et que les quatre premiers de chaque poule seront réunis pour le seconde phase en vue de se disputer la coupe Magnus avec des play-off. Les huit autres disputeraient la poule basse, le dernier étant automatiquement relégué et l'avant-dernier disputant des barrages.

Le risque avec cette formule de championnat sera l'écart de niveau, la coupe de France a un peu leurré certains supporters de Nationale 1, car les équipes d'Élite étaient soit privés de leur internationaux, soit disputaient la coupe en dilettante par manque de motivation ou par peur d'une blessure.

Certaines équipes risquent de repartir avec des scores fleuves face à des équipes comme Rouen, Grenoble ou Amiens. Ce genre de rencontres risquent de se répéter sur les deux prochaines années.

- Comment jugez-vous le Super 16 ?

J'ai deux attitudes là-dessus, la première chose qui me déplait c'est cette limitation de la masse salariale. A court terme je pense que c'est nécessaire, mais à la longue ça risque de bloquer les choses. En effet comment empêcher les bons joueurs français de quitter le championnat de France pour aller toucher de meilleurs salaires à l'étranger ? D'un autre côté, comme je le disais plus haut, nous n'avons pas en France la possibilité d'avoir des joueurs professionnels. C'est un leurre que certains présidents agitent devant de jeunes joueurs pour les attirer chez eux... Mais du jour au lendemain, ils se retrouvent sur le "foirail" du hockey, sans diplôme ni expérience professionnelle autre que leur quelques années de hockey pro...

Le point positif c'est que l'on va injecter du sang neuf à l'élite, car à sept la formule n'était pas viable, de plus on ne perd pas trop en nombre de rencontres, on parle même de disputer deux matchs par semaine en poule "haute" lors de la seconde phase.

- Est-ce qu'un changement de formule aussi était nécessaire ?

Oui, parce qu'à sept clubs on ne pouvait pas continuer. Personne ne voulait plus monter en élite, et certains de ceux qui avaient récemment fait le pas avaient essuyé de cuisants revers. De toute manière la précédente formule n'était pas bonne pour le hockey, tant au niveau de la télé qu'au niveau des spectateurs. Voir défiler trois fois les mêmes équipes lassait les supporters. Même si Pathé Sport avait diffusé quelques matchs en fin de saison, un championnat qui ressemble plus à un tournoi de fin d'année avait perdu toute sa crédibilité.

C'est également une lassitude pour les joueurs, le staff et les partenaires. Le fait d'élargir le championnat en fusionnant l'élite à la Nationale 1 permettra aux spectateurs de découvrir de nouvelles équipes. Ce qui est bien, c'est que les équipes venant de l'ex-N1 vont hausser leur niveau pour participer au Super 16, et d'ici deux à trois ans, si tout se passe bien, nous devrions avoir un vrai championnat...

- Pour finir qu'en est-il de la seconde patinoire ?

D'après ce que j'ai lu et entendu, le projet serait viable financièrement. Comme c'est un projet qui s'inscrit dans un concept plus important, je vois mal la Mairie d'Anglet ne pas "soutenir" raisonnablement son club phare. De toute manière faire évoluer le hockey mineur, majeur, le pôle espoir, les deux clubs de patinage artistique sur une seule glace ce n'est plus possible. Le projet d'une deuxième piste est nécessaire. L'Anglet Hormadi Amateur compte près de 265 adhérents, l'Elite devrait s'entraîner au moins 6 heures par semaine, les vétérans "piaffent" en général jusqu'en mars-avril, faute de glace. Je n'oublie pas l'artistique et ses deux clubs... Et je ne parle pas non plus des 27 communes qui "occupent" la glace dans la semaine...

Propos recueillis le 15 juin 2002 par Hormadiar

 

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