Villard-de-Lans
Localisation
: village de l'Isère de 4000 habitants, situé dans le massif du Vercors, à trente kilomètres au sud-ouest de Grenoble.Fondation du club
: 1931.Couleurs
: jaune et bleu.Surnom
: les Ours.Palmarès
:- Vainqueur de la Coupe de France en 1977 et 2003
- Champion de France juniors 1986
- Champion de France minimes 1983
Dans les années vingt, le hockey sur glace commence à percer dans les Alpes. Chamonix accueille les Jeux Olympiques en 1924 et des Villardiens partent travailler dans la vallée chamoniarde et s'initient au hockey sur glace. Ce sont les pères fondateurs du club des Ours, les frères Gabriel et Ernest Guigon. En revenant à Villard, ils commencent à jouer sur une glace naturelle. En 1931, le club est fondé et, avec les hôteliers et d'autres commerçants, un terrain est donné pour pouvoir patiner et jouer au hockey. L'histoire est donc lancée. Le long apprentissage commence avec des rencontres contre Chamonix ou en 1935 contre Bardonecchia en Italie (premier match international).
Mais un grand malheur va frapper la France. La deuxième guerre mondiale commence. Malgré cela, les ardeurs des hockeyeurs n'ont pas été refroidies et des matchs se sont déroulés jusqu'en 1943, notamment contre les Polonais émigrés à Villard. Après cet épisode douloureux où le club perdit une dizaine de joueurs fusillés par les Allemands en 1944, les hommes du village remirent le club debout et recommencèrent à jouer. C'était le temps des frères Huillier (Daniel et Victor), d'André Ravix et d'un gardien breton qui n'avait jamais mis les pieds sur une patinoire. Cet homme, Roger Petitpierre, était l'ouvrier d'André Ravix, cordonnier de son état. Comme le club n'avait plus de goal depuis que Henri Gaillard avait été fusillé par les nazis, André avait demandé à son ouvrier de faire gardien. Celui-ci accepta et était transporté à chaque tiers d'une cage à l'autre car il n'arrivait pas à se déplacer. Il joua ainsi deux saisons sans savoir patiner. Malgré cet handicap, les Ours gagnèrent leur premier titre en 1947 : c'était la Coupe des Alpes face à Chamonix. Recruté comme entraîneur en 1947/48, le défenseur tchèque Josef Schejbal apprit à appliquer un marquage serré pour perturber l'adversaire. Dans les années d'après-guerre, l'équipe de France fit appel aux Villardiens. Les frères Huillier et André Ravix participèrent au Championnat du Monde.
En 1953, avec une équipe qui faisait la part belle aux joueurs du cru, les Ours gagnèrent leur premier titre de champion de France de deuxième série. Ils étaient renforcés par un Canadien. En 1958 puis en 1960, deux autres titres de champion de France de deuxième série vinrent remplir l'escarcelle du club. Une mini-révolution arriva en 1962 : la patinoire découverte et naturelle de Villard fut transformée en une piste artificielle. Tout ceci pour que les équipes du tournoi olympique de hockey de Grenoble puissent venir s'entraîner en altitude. Et en 1966, une entente vit le jour entre Grenoble et Villard. Pendant deux ans, l'équipe s'appela le "Grenoble Villard Hockey Club", même si les deux clubs gardaient leur identité distincte et leur hockey mineur. Comme ils manquaient de joueurs seniors, cette fusion permettait de garder un effectif conséquent, avec treize Villardiens et dix Grenoblois. Par souci d'équilibre, le président fut villardien la première saison (André Ferrero) et grenoblois la seconde (André Barassi). Les matches internationaux se jouaient en ville, à la patinoire Clémenceau, où ils attiraient un nouveau public, alors que les rencontres de championnat avaient lieu sur le plateau, devant des habitués et des passionnés.
Mais la séparation était inéluctable. Le club risquait d'être complètement gobé par Grenoble, d'autant que les deux jeunes les plus prometteurs, Jean Vassieux et Louis Smaniotto, travaillaient déjà en ville. Chacun put finalement rentrer chez soi, à l'exception du capitaine du GVHC Roland Gaillard, qui resta à Grenoble où il habitait, et qui quitta en bons termes ses ex-coéquipiers villardiens. La génération du talentueux Jean Vassieux et de l'infatigable travailleur Jean-Claude Eymard put continuer à progresser à Villard-de-Lans, sous la houlette du nouvel entraîneur-joueur Jean-Claude Laplassotte. Ces garçons avaient du talent et furent plusieurs fois sélectionnés en équipe de France pour disputer les Championnats du Monde du groupe C ou pour les Jeux Olympiques de Sapporo. Mais, par manque d'argent (déjà), cette équipe de hockey ne put participer au tournoi olympique, et ce malgré sa qualification. Las, il était dit que les joueurs des Ours vivraient une autre aventure.
En 1975, le maire de Villard-de-Lans décida de couvrir la patinoire car pour participer au championnat de France élite il fallait que les rencontres ne soient pas reportées en raison de mauvaises conditions météorologiques. En 1976/77, la patinoire fut donc couverte, et cette même année, les Ours durent pratiquement jouer tous leurs matchs à l'extérieur à cause des travaux. Ils s'entraînaient soit à Valence soit à Lyon. Mais cela ne les a pas empêchés de gagner le premier titre majeur du club, la Coupe de France.
La saison 1977/78 est marquée par l'arrivée de Guy Dupuis, qui reste sur une saison à 120 points en junior majeur mais a un gabarit jugé petit pour les standards nord-américains. Ce centre canadien qui crée des ouvertures pour ses coéquipiers met aussi des buts et termine meilleur marqueur de Nationale A. C'est la dernière saison où le championnat est suivi dès février d'un "critérium" sans enjeu qui n'intéresse guère les Villardiens. Dupuis repart alors pour les États-Unis, où il inscrit près d'un point par match chez les Milwaukee Admirals, filiale des Buffalo Sabres en NHL. Villard aurait alors pu le perdre car on lui propose un contrat de trois ans. Mais dans le Vercors, Guy Dupuis a rencontré Valérie, qui deviendra sa femme, et il revient en France.
Les années quatre-vingts voient le professionnalisme arriver dans le monde du hockey français. Les Ours essayent de résister. Malgré tout, pour pouvoir rester compétitifs, les dirigeants de l'époque commencent à acheter des joueurs étrangers pour en compter jusqu'à huit dans l'effectif. C'est le temps des Pat Dunn, Gaston Therrien, Marc Gervais, Derek Haas, Louis Coté etc... Pourtant, les jeunes pousses des Ours ont continué à progresser. En 1983, victoire des minimes en Coupe de France et championnat de France.
En 1986, les juniors sont vainqueurs du championnat de France. Mais la réussite du hockey mineur cache une réalité. Les professionnels coûtent cher au club et celui-ci redescend d'une division après la fin de la saison 1989/1990. Pourtant, dans cette année noire pour les Ours, l'équipe réserve gagne le titre de champion de France de Nationale C.
Le club repart donc à l'étage en dessous avec un entraîneur/joueur, François Ouimet, un Canadien, Patrick Sauriol, et les joueurs locaux qui n'avaient pas abandonné le club. Mais, malgré l'amour du maillot, trois saisons s'enchaînent sans résultats. Puis Christian Bozon revient à Villard comme entraîneur/joueur et l'équipe repart du bon pied. Les finances commencent à s'assainir et le recrutement est judicieux : Krzysztof Niedziolka et Yves Lespérance arrivent. Pendant deux ans, les joueurs réapprennent à gagner. Ils sont à deux doigts de gagner le titre de nationale B en 1993/94.
L'année 1994/95 marque un tournant dans l'histoire du club. Pour remplacer Niedziolka, les dirigeants font signer Dennis Murphy. Et c'est là que l'épopée actuelle villardienne commence. En 1995/96, un entraîneur canadien, Mario Boivin, arrive pour entraîner tout le club, de l'école de hockey à l'équipe senior. Mais au bout de trois mois, l'équipe première est au bord de l'implosion, et Boivin est débarqué de son poste d'entraîneur des seniors, même s'il continue jusqu'à la fin de la saison à s'occuper des petits. L'équipe une est alors confiée à Dennis Murphy qui demande à trouver un joker car le potentiel offensif de l'équipe est faible. Le sauveur arrive de Finlande en la personne de Mikko Mikkola. Les Ours évitent la relégation de justesse.
En 1996/97, les débuts fracassants des Ours les posent en favoris de la Nationale 1, et ce malgré le manque d'expérience. Avec des recrues de choix comme Jean-François Jodoin et Yvan Corbin, les Villardiens se hissent à la première place du championnat et peuvent recevoir lors de tous les matchs retour des play-offs. Le quart de finale contre Strasbourg est épique : match nul sur les bords du Rhin. Le retour est plus que chaud : à dix minutes de la fin du match, les Alsaciens mènent d'un but et, sur un gros slap de la bleue de Juutilainen, défenseur finlandais de son état, les deux équipes sont dos-à-dos. Les prolongations arrivent et rien n'est marqué. La séance de tirs aux buts est très éprouvante pour les spectateurs de la patinoire André-Ravix, mais Pascal Favarin arrête le dernier penalty avant que Corbin ne marque le sien et envoie Villard en demi-finale. Le match aller est perdu 2 à 1 contre Anglet mais au retour les Ours atomisent l'Hormadi 8 à 0. En finale contre Briançon, l'aller est perdu 3 à 2, mais, surtout, Dennis Murphy est blessé très grièvement aux vertèbres cervicales. Il part à l'hôpital. Les Villardiens, orphelins de leur entraîneur/joueur, sont désorientés. Au match retour après une entame de match où les Ours mènent 2 à 0, les Diables Rouges remontent au score avant de l'emporter 3 à 2.
En 1997/98, les Ours repartent en avant avec d'autres recrues dont Éric Doucet, brillant buteur. Dennis Murphy ne peut plus jouer suite à sa blessure et entraîne donc les seniors pour une nouvelle aventure. Celle-ci est plus dure car les Villardiens sont attendus et ils finissent encore premiers du championnat lors de la dernière journée contre Caen. Mais une erreur du vice-président de l'époque, qui les fait revenir à Villard le dimanche pour repartir à Caen le lundi, empêche les Ours de gagner cette demi-finale. Ils jouent la troisième place contre Briançon et remportent la victoire.
La saison 1998/99 est beaucoup plus chaotique et les Ours terminent seulement à la deuxième place du championnat. Les Briançonnais sont défaits à l'aller et au retour en demi-finale. En finale aller, les Villardiens reçoivent Clermont-Ferrand et le match se termine sur un score de parité à trois partout. Ils s'inclinent 3-2 au retour malgré la présence d'une bonne centaine de supporters.
La saison 1999/2000 voit le retour au premier plan de Brest et l'émergence de Mulhouse. Ces deux équipes, avec plus de mercenaires que de joueurs français, jouent les épouvantails. Mais nos joueurs relèvent le défi avec l'apport de plusieurs grenoblois - Romain Carry et Patrick Rolland - et d'étrangers, Martin Lapointe et Martin Wilhem. Les Ours terminent deuxièmes du championnat et jouent contre Mulhouse en demie. La différence de buts (5-1 et 2-4) n'est pas favorable pour les Ours, ils jouent donc la troisième place contre Briançon et gagnent encore une fois.
2000/01 voit arriver dans l'antre des Ours quelques joueurs de renom, Bruno Maynard et Pascal Margerit, et de deux Canadiens, Marc Bellemare et Dominic Beaudin. Un nouveau gardien junior monte de Grenoble pour aider Pascal Favarin. Il se nomme Nicolas Nogaretto. Villard-de-Lans domine la poule sud de N1, Mulhouse la poule nord. Le match contre Tours à l'automne est un tournant pour les Villardiens. À deux minutes de la fin, Villard mène 2 à 1. Le coach de Tours sort son gardien et c'est le siège de la cage de Pascal Favarin. Le gardien des Ours arrête le palet, veut relancer rapidement mais ne trouve personne à qui donner la rondelle. Il l'a pose donc devant lui et shoote de toutes ses forces en direction de la cage tourangelle vide. Le palet lobe toute l'équipe de Tours et glisse dans les buts vides. C'est l'explosion dans la patinoire et Villard l'emporte 3 à 1. En poule finale, les Villardiens continuent de dominer le championnat et c'est tout naturellement qu'ils terminent à la première place. Ils rencontrent gagnent les deux rencontres face à Saint-Gervais en demi-finale. L'ogre mulhousien réapparaît en finale. Mais il était dit que les Scorpions ne seraient jamais champions de France de Nationale 1, car au terme d'un troisième tiers de folie lors du match retour, les Ours offrent à leurs supporters le titre 2001.
Une suprématie qui doit être confirmée en 2001/02 avec quelques changements dans les étrangers. Deux Américains arrivent : Rich Metro et Jim Smith. Dominic Beaudin revient mais sera remplacé par Mike Sylvia suite à une blessure, et Tomi-Pekka Kolu débarque de la Finlande. Les Ours survolent le championnat mais, lors du quart de finale aller, les Clermontois donnent du fil à retordre aux hommes de Dennis Murphy. Match nul à l'aller et petite victoire au match retour. En demi-finale et en finale, Tourangeaux et Dijonnais ne pèsent pas lourd, et les Villardiens gagnent leur deuxième titre consécutif.
Mais un nouveau challenge se présente en 2002/03 avec la fin d'une élite à bout de souffle et la fusion élite-D1 qui aboutit à la création du Super 16. L'effectif change peu par rapport à l'année précédente. Dennis Murphy s'appuie sur une base de joueurs locaux avec l'apport d'étrangers. Metro et Kolu restent. Arrivent de Finlande Sinkkonen et Karhula, et du Japon - bien qu'il soit Canadien - Rob Millar. Les Villardiens alternent le bon et le moins bon. Contre des ex-équipes de D1 qui sont montées avec eux, ils gagnent, mais contre les formations d'élite, ils perdent. Malgré tout, ils parviennent à se qualifier pour la poule Magnus. Là, les choses sérieuses commencent. Alors qu'ils sont à la peine après trois défaites, le match contre Rouen sert de détonateur. Victoire 3 à 2 en prolongation contre le futur champion. Les hommes de Dennis Murphy continuent sur leurs lancée et parviennent à gagner des rencontre et terminent leur première année en Super 16 à la septième place. Surtout, une aventure merveilleuse leur sourit : la Coupe de France. Après un premier tour contre Briançon, les Ours enchaînent les bons résultats. En quart de finale, le club le plus titré de France se dresse sur la route des Ours : Chamonix. Les Hauts-Savoyards amènent les Villardiens jusqu'à la prolongation. Et à quelques secondes de la fin de la mort subite, Pierre Bourgey glisse la rondelle au fond des filets chamoniards. En demi-finale, la tâche s'annonce plus dure face à l'épouvantail amiénois et sa cohorte d'internationaux français. Au prix d'une défense héroïque, les Villardiens reviennent de la terre picarde avec une victoire par 2 à 0. En finale, les Ours rencontrent Anglet à Annecy devant les caméras de la télévision. Et la magie de la Coupe continue. Match nul à la fin du temps réglementaire, prolongation et séance de tirs aux buts. Le gardien villardien Pascal Favarin fait merveille dans cet exercice et donne la Coupe aux Villardiens vingt-six ans après leur première victoire dans cette compétition.
2003/04 est une saison plus sage. Les Ours se qualifient difficilement lors de la dernière journée pour la poule Magnus et se font sortir de la coupe de France par le voisin grenoblois au premier tour. En Magnus, les Villardiens finissent à la sixième place. En quart de finale, ils rencontrent Brest. Et c'est une déroute qui attend les Ours en rade. Deux cinglantes défaites 7 à 1 et 9 à 0. Le troisième match voit un sursaut d'orgueil des Villardiens et une victoire 7 à 3. Dans le quatrième match les hommes de Dennis Murphy perdent le match en trois minutes dans le deuxième tiers. La fatigue des déplacements et le travail de la plupart des joueurs est pour quelque chose dans cette défaite. De toute façon, le club de Villard ne peut pas rivaliser avec les grosses écuries du championnat car c'est un des plus petits budgets et l'équipe est composée essentiellement de joueurs formés au club ou de Grenoblois avec, bien sûr, le renfort de quelques étrangers. Mais si l'on regarde l'ensemble des résultats sur les deux années que les Ours ont effectuées en Super 16, les Villardiens ont battu toutes les équipes, ce qui pour un petit village est encourageant.
La saison 2004/05 est une année "sabbatique". Après des débuts difficiles en Ligue Magnus, Villard relève la tête en poule nationale en décrochantla coupe honorifique et la première place du fair-play. La cascade de blessures initiales (Négro, Reid et Gerald Tallaire qui doit quitter le club avant même d'avoir joué un match officiel) a été impossible à rattraper. C'est alors la fin de l'ère de l'emblématique entraîneur Dennis Murphy, remplacé par Stéphane Barin, champion de France de D1 avec le Mont-Blanc en première division. Avec l'arrivée d'un renfort de prestige, l'international Maurice Rozenthal, les Ours commenent pour la première fois la Ligue Magnus au complet, sans blessés à signaler. Luc Tardif jr et Alexandre Goncalves ont rejoint l'équipe de France cette année, une belle récompense pour la jeunesse villardienne. Une place dans les huit premiers, objectif : une montée en puissance...
Thierry Germaneaud