Épinal

Chapitre VII - Une montée mieux préparée

 

Chapitre précédent (Nouvelle politique, nouvelle donne)

Après d'interminables tergiversations et moyennant l'obtention d'une subvention fédérale, l'ICE retrouve l'élite. Le président Maurice estime que son club avait désormais les reins suffisamment solides pour remonter. Sept ans après. Les Tchèques remerciés et Tomáš Myšicka parti à Angers, l'attaque est à rebâtir autour du trio Dehäene-Maurice-Ribanelli, décisif au printemps 2003. La défense, où règne la tour de contrôle Vladimir Domin, doit se trouver un nouvel ange-gardien avec le départ de Rémi Caillou (à Dunkerque). Avec des transferts annoncés au compte-goutte et une pré-saison aux allures de casting, l'esquisse spinalienne tarde à se dessiner avant la reprise 2003/04.

Un promu "pétrikéen"

Très vite, Stanislav Petrik, le premier gardien étranger de l'histoire du club, va crever l'écran. International slovaque de roller-hockey à ses heures, Petrik débarque parmi un vaste contingent de "Tchéco-Slovaques". Pas tous des inconnus d'ailleurs puisque Peter Slovák fait son retour et que Karel Kadlec et Jozef Drzik sont revenus échaudés de l'éphémère aventure bisontine.

Dès l'ouverture de la saison, dans une ambiance surchauffée par d'attendues retrouvailles avec Mulhouse (0-2), Petrik annonce la couleur. Il sera plus qu'un ange-gardien, il sera "petrikéen". Seule ombre au tableau, une improductivité offensive qui perdure jusqu'à la troisième journée, face à Gap (4-3 a.p.). Jusqu'au but tant attendu signé Patrik Krišák, qui, blessé, ne fait pas de vieux os à l'instar du Biélorusse Aleksandr Churabaev, viré pour son inefficacité. Abusivement comparé à Myšicka, Ivo Novotný ne démontre lui aucune aptitude de buteur alors que Kadlec est loin de son efficacité passée. Quant à Igor Szabados, il compense tant bien que mal ses inaptitudes offensives par un travail soutenu dans les deux sens. Le vétéran Pavel Bláha compense sa relative lenteur par une bonne vision du jeu. Roman Trebaticky, toujours bon pied bon śil, ne peut pas tout faire. Les sacro-saintes "filières de l'Est" venaient d'atteindre leurs limites...

Vu sa faible marge de manśuvre en attaque, l'ICE doit alors compter sur un Regenda étonnement performant et, surtout, sur son gardien vedette. Avec un Petrik en état de grâce, tout devient pourtant possible et le Slovaque tient l'équipe à bout de bras. Même Grenoble s'y casse les dents à Pôle Sud pour un exploit en trompe l'śil (1-2). Battus de peu par Villard (2-3 a.p.), Clermont (5-6 a.p.), et Dijon (2-4), les Dauphins laissent filer des points précieux dans la course aux playoffs et terminent logiquement en poule nationale.

Si la première phase avait aiguisé certains appétits, c'est oublier qu'à Épinal, un arbre nommé Petrik cache la forêt. Les faiblesses se révèlent au grand jour dès l'ouverture de la poule nationale avec une défaite à domicile face à Clermont (5-7). Revers annonçant une série négative entretenue par une stupéfiante pauvreté offensive, pas arrangée par la pige insignifiante de l'obscur Marek Moskal. Sans fond de jeu, sans génie, Épinal s'enlise mais trouve les ressources suffisantes pour gagner à Dunkerque (5-3). Un sursaut d'orgueil ne compensant pas la décomposition d'un système défensif tenu à bout de bras par Stanislav Petrik. C'est dire si tout était réuni pour faire briller le Slovaque, artisan majeur d'une victoire aux forceps devant Dunkerque (5-3) et d'un maintien direct presque miraculeux. Les Dauphins pouvaient tirer une fière chandelle à leur ange gardien !

La gueule de bois

Après cette transition, Épinal ne jure qu'à une relance rapide pour l'exercice 2004/05. Le président Maurice croit tenir l'essentiel en prolongeant "Stan" Petrik mais perd, en Vladimir Domin, son "ministre de la défense". Plus que cela même, l'âme d'un club se privant d'un défenseur dévoué, complet et très expérimenté. Un métier qui fait cruellement défaut car le départ de "Saint-Vladimir" ne sera jamais compensé, que ce soit par un Jirí Ševcík (38 ans) dépassé par les événements ou un Robert Pospíšil sur-coté par son CV d'Extraliga. Bohuslav Ptácek, pourtant recalé quelques années auparavant, fut même celui qui fit la meilleure impression...

Sur le papier, Épinal pouvait, ou plutôt devait tenir la route. Mais voilà, en sport, confirmer est souvent ce qu'il y a de plus difficile. Une réalité qui rattrape l'ICE après un automne prometteur, marqué de deux belles victoires devant Amiens (4-2) et à Villard-de-Lans (4-1). Dès lors, tout va de mal en pis. Le point de non-retour se franchit après trois défaites de rang à domicile, lors d'une défaite à Dunkerque (2-4). Dès lors, la crise couve et la désaffection guette sans que personne ne prenne de mesures concrètes. Aussi Steven Reinprecht, l'étoile venue s'expatrier à Mulhouse (lock-out oblige), signe-t-elle neuf points en deux matchs face à cette équipe moribonde. Même les "petits", comme Gap, Dunkerque et Clermont exploitent parfaitement cette absence de caractère. Voire de professionnalisme, à l'image d'un Mikhaïl Kozlov licencié au printemps pour ivresse sur la voie publique...

Il faut dire que l'Estonien, loin du niveau affiché trois ans auparavant, symbolise l'incon(si)stance des étrangers. Livré à lui-même, Stanislav Petrik souffre d'une lassitude amplifiée par son inamovible statut de titulaire. Sa doublure, Franck Constantin, n'a donc pas grand chose à se mettre sous la dent. C'est pire aux avant-postes avec l'autre Estonien Maksim Ivanov, trop irrégulier malgré sa vivacité et ses qualités techniques. Et que dire de Daniel Goneau, la recrue-phare de l'intersaison avec son cursus ronflant (12 matchs de NHL avec les Rangers) mais souffrant d'une adaptation délicate à l'arbitrage (153' de pénalités cumulées...). Du coup le Canadien, dont on attendait beaucoup, n'est pas à la hauteur. Mais le contexte s'y prêtait-il vraiment ?

Son compatriote Steve Gainey est lui revenu dans la Cité des Images, quinze ans après l'inoubliable passage de son père. Cet ailier robuste et rompu à l'AHL connaît pourtant des débuts hésitants mais impose finalement son intensité physique. Une abnégation payante puisqu'après le lock-out, il grappillera quelques présences en NHL au sein des Phoenix Coyotes.

Perdre le Nord fin janvier 2005 face à Dunkerque (2-4), c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase pour Christophe Ribanelli, exaspéré par le laisser-aller de ses coéquipiers. Il refuse ensuite de reprendre la partie pour l33'entame du troisième tiers, sans que son coup de gueule ne change quoi que ce soit. Malgré l'arrivée d'un joker slovaque (le défenseur offensif Milan Sejna) et l'énième retour de... Jan Reindl (!) au mois de février, rien ne chasse un naturel revenant inlassablement au galop. Logiquement condamnée au tour de relégation, la lanterne rouge spinalienne ne doit son salut qu'à un dépôt de bilan clermontois lui permettant de pérenniser sa présence en Ligue Magnus...

En parallèle, le club se dote d'une structure amateur permettant aux "laissés pour compte", aux cadets, aux juniors et à tous ceux qui gravitaient autour du hockey d'évoluer dans le championnat de division 3. Une initiative voulue par Djamel Bouhadouf et laissant les Gaétan Gavoille, Loïc Fournier, Jonathan Jorand ou Djamel Zitouni profiter d'un temps de glace inespéré lorsqu'ils ciraient le banc des "grands". L'ICE-Amateur devient une alternative pour un hockey mineur négligé depuis les années "Pôle France". Les résultats sont rapidement au rendez-vous, avec des qualifications régulières pour les poules finales en plus de retrouvailles toujours très disputées avec la réserve strasbourgeoise. Depuis, les réservistes font leur petit bonhomme de chemin. Loin des lumières de l'élite, certes, mais en s'inscrivant dans la continuité avec les apports ponctuels "d'anciens" comme Christophe Moncozet, Frédéric Dehaëne, Julien Labat ou Anthony Maurice.

Plch, la consonante parfaite

Après une telle campagne, l'ICE ne peut que rebondir en 2005/06. Aussi s'en donne t'on les moyens en profitant notamment des déboires clermontois, tourangeaux et mulhousiens. Avec le crash des Scorpions à l'été 2005, Épinal "récupère" un Ján Plch fraîchement recruté par Christer Eriksson. Le technicien slovaque, nanti d'une solide carte de visite dans les deux Extraliga, rejoint un contingent qui a perdu son capitaine Frédéric Dehaëne. Dans l'indifférence générale après six années de bons et loyaux services.

Comme c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes, le président Maurice rappelle Jussi Haapasaari de son exil norvégien. Le retour du petit Finlandais, chouchou de Poissompré trois années durant (de 1999 à 2002), s'accompagne des arrivées de plusieurs valeurs sûres de Ligue Magnus, comme l'ailier Ján Šimko et le défenseur Lubomir Duda (tous deux finalistes avec Tours), mais aussi le buteur canadien Luc Mazerolle (Clermont). Connu pour son efficacité face aux Dauphins, le Canadien s'amène dans les Vosges en compagnie du défenseur Lionel Simon, le premier joueur de champ tricolore recruté depuis 2001...

Repartir sur de nouvelles bases n'implique pas seulement un vaste remaniement. Il nécessite une refonte d'un système qui a montré ses limites l'an passé. L'arrivée de Joakim Nilsson comme entraîneur-chef doit apporte plus de rigueur et les résultats s'en ressentent. Mais le style du Suédois est avant tout très rigide, notamment dans sa gestion des temps de glace, qui met parfois les Français de côté. Les Dauphins grappillent toutefois suffisamment de points pour éloigner le spectre de la relégation... mais pas assez pour s'extirper du ventre mou. Très vite pourtant, le public de Poissompré découvre l'explosivité de Šimko, associée aux coups de pattes de Plch. Un cocktail détonnant qui cherche longtemps le centre adéquat avant que l'indémodable Roman Trebaticky ne s'y greffe. C'est là que Stanislav Petrik signe, en octobre 2005, son premier - et dernier jusqu'à maintenant - blanchissage lors d'une victoire à Dijon (3-0). Un paradoxe de plus pour une équipe au potentiel certain, à l'instar d'un Martin Kotásek jouant trop souvent en deçà de ses possibilités, et à deux doigts de battre Grenoble à l'automne (3-3).

Le meilleur est pour la fin et il faut pour cela attendre le tour préliminaire des playoffs, face à Morzine-Avoriaz. Une course-poursuite menée par ce diable d'Haapasaari (trois buts ce soir-là) permet aux Lorrains de terrasser les Pingouins à Poissompré (5-4) avant de finir le travail en Haute-Savoie (5-2). La bête noire exorcisée, Épinal pouvait préparer les quarts de finale contre Amiens. Passés à deux minutes de l'exploit au Coliséum, après que Laurent Gras a égalisé puis tranché en prolongation (3-4), les Dauphins s'enlisent dans une deuxième manche vite pliée (1-5). En perdant tôt dans le match son globe-trotter suédois Tobias Åblad et Radoslav Regenda, la défense spinalienne se réduit à peau de chagrin et le sentiment d'injustice du président Maurice s'amplifie après le but crève-cśur de Miroslav Pazak, bourreau en mort-subite (3-4), lors du troisième match disputé cette fois à Poissompré. Si près... et si loin à la fois. Voilà qui résume bien cette année marquée des "adieux" du légendaire Roman Trebaticky à sa ville d'adoption. Alors qu'un chapitre se ferme avec le départ du Franco-Slovaque (à Reims en division 1), un autre s'ouvre. Celui de Jan Plch...

Bercy, tremplin ou trompe-l'śil ?

Épinal s'est vite trouvée une nouvelle icône car Plch prend une tout autre dimension l'année suivante. Avec sa technique, ses crochets et son sang-froid, le Slovaque en met plein la vue à tout le monde et s'affirme comme l'atout-maître de l'attaque.

Si la qualité des importations tchéco-slovaques s'est altérée au fil des années, l'ICE pioche en Michal Petrák une perle rare. Venu de nulle part, le centre tchèque s'impose rapidement grâce à une abnégation sans faille aux côtés de Ján Plch. Bon puncheur mais piètre finisseur, Ján Šimko assure quant à lui une quinzaine de buts par saison, ce qui en dit long sur son potentiel, et devient le troisième larron d'une ligne à surveiller comme le lait sur le feu. Avec l'appui du vétéran Jan Bohácek, solide comme un roc et précis dans ses relances, la défense tient elle un véritable leader. Le discret Peter Slovák, revenu au club à l'automne 2005, couvrant les arrières d'un Peter Lištiak parfois fébrile, ce qui étonne vu son ancienneté en Extraliga slovaque.

Malgré tout l'ICE n'arrive toujours pas à franchir ce cap en saison régulière. La faute à un soutien très insuffisant derrière cette ligne de parade. L'ailier tchèque Milan Buda fit forte impression durant sa période d'essai. Un peu moins après son embauche ! Hélas pour Luc Mazerolle et Guillaume Chassard, ses deux acolytes, le Tchèque n'est pas un modèle de motivation. Le problème est différent pour le petit ailier Tomáš Jelínek et le robuste défenseur Peter Strapatý, "sacrifiés" car consignés sur une troisième ligne sans impact.

Si ce contingent pousse Grenoble (2-3) et Briançon (3-4) dans ses derniers retranchements, la densité ne suffit pas pour lutter sur la durée... mais autorise toutefois une belle parenthèse en Coupe de France. Partis sans réelles ambitions, les Dauphins se sont pris au jeu en gravissant une à une les marche menant à Bercy. De Strasbourg à Dijon en passant par la fusillade sur la glace de l'épouvantail morzinois, Épinal décroche la finale en battant Briançon à Poissompré. Remontant un débours de deux buts pour s'imposer en mort-subite (4-3), sur un rebond gagnant de Petrák. De quoi engendrer un engouement médiatique sans précédent dans tout le département. Même le quotidien L'Équipe s'y met, consacrant un article à Ján Plch et de généreuses colonnes à cette inédite finale opposant Épinal à Angers. Mais voilà, la barre est trop haute pour l'ICE, dépassée par l'événement pour le retour du hockey au POPB, devant 12 000 spectateurs et sur une glace de mauvaise qualité. Les Dauphins n'entrent jamais dans cette finale (1-4).

Visiblement pas remis de cette "douleur angevine", les Vosgiens glissèrent à pas feutrés vers une fin de saison abrégée. Entre la suspension de Michal Petrák et la blessure de Luc Mazerolle, les rotations ne suivent pas en playoffs, face à Chamonix. Et dire que tout le monde se félicitait d'affronter les Chamois plutôt qu'Amiens, adversaire désigné lorsque Dijon récupéra (avant d'y renoncer pour ne pas fausser davantage le championnat) ses points de pénalités au terme d'une interminable procédure. Un palet égaré par Lištiak plombe le match aller (3-4 a.p.) et comme le ressort est cassé, "Cham" conclut sans coup férir (5-2).

Cette fin en eau de boudin pousse le regretté Pierre-Yves Eisenring à régler ses comptes. Arrivé sur le tard lorsque le recrutement était bouclé, le Suisse, en disgrâce au pays, vécut une "expérience assez difficile" dans les Vosges. C'est du moins ce qu'il confessa au quotidien romand Le Matin. Pas en reste dans les colonnes de la Liberté de l'Est, celui qui fut viré de La Chaux de Fonds (après une "mise aux poings" avec un de ses joueurs à l'entraînement) ne mâcha pas ses mots à l'égard de ses troupes. S'il n'apprécia pas spécialement le coaching des joueurs slaves, Eisenring brisait un tabou en assimilant sa troisième ligne à "des pousse-puck qui ne feraient même pas la différence en D1". C'est cru, certes, mais ne dit-on pas que la vérité blesse ?

Lorsque le temps du bilan fut venu et qu'un trait fut tiré sur une saison frustrante, l'incontournable Plch fut unanimement reconnu. Deuxième meilleur buteur de Ligue Magnus derrière le Briançonnais Pierre-Luc Sleigher, le Slovaque marqua l'année de son empreinte. Mais voilà, le talent d'un homme ne suffit pas toujours et l'ICE ne fit qu'entrevoir les sommets.

Fatales blessures

Pour voir plus haut justement, une nouvelle orientation sportive s'impose pour 2007/08. Le challenge proposé à Shawn Allard, de retour au club après sa pige en 2005, ne manquait pas d'intérêt. Ni pour lui, propulsé entraîneur-joueur, ni pour le club qui voit-là une bonne occasion d'innover dans ses filières de recrutement. Si l'ossature slave est préservée, les venues de deux jeunes Finlandais de Mestis (Simo Romo et Ilpo Salmivirta) donnent du sang neuf à une attaque potentiellement explosive. Shawn Allard apportant sa touche personnelle avec le défenseur Stéphane Gervais, qui devient rapidement l'arme fatale du jeu de puissance. Normal puisque ce grand gabarit très longiligne possède un redoutable lancer frappé en plus d'aptitudes offensives très prononcées. Dès lors, il pouvait s'associer à Peter Slovák pour former une paire très complémentaire alors que la blessure de Plch en début de saison force Petrák et Šimko à prendre leurs responsabilités.

Contrairement à Romo, trop effacé, Ilpo Salmivirta s'ajoute quant à lui comme une nouvelle solution offensive. Ce grand gabarit doté d'excellentes mains et d'un vrai sens du but sait s'imposer dans l'enclave, à l'affût de chaque rebond ou d'une déviation décisive, sa marque de fabrique.

Les retouches de l'automne apportent de la profondeur en défense avec le Québécois Marc-André Crête et une touche de dimension physique avec l'Ontarien Marc Lefebvre. La troisième ligne s'en trouve renforcée, même si le Canadien Luc Mazerolle, improductif, vit une saison très difficile. Guillaume Chassard prend lui une nouvelle dimension en se muant en buteur redoutable sans pour autant retenir l'attention du sélectionneur national Dave Henderson.

Qu'importe, ses coéquipiers explosent en décembre en profitant du malaise régnant à Angers pour s'offrir un succès de prestige (9-5). La machine tourne alors à plein régime. Jusqu'au nouvel an et ce match perdu à Poissompré face à Rouen (1-5). Une défaite attendue, certes, mais lourde de conséquences puisque Ján Plch se blesse à la main sur une boîte du spécialiste en la matière, le Canadien Olivier "butcher" Bouchard. Il n'en faut pas davantage pour que la dynamique s'inverse en janvier. Grenoble (2-5), Morzine-Avoriaz (2-5) et Dijon (2-5) accablent l'ICE avant la dernière ligne droite.

Avec le retour de son maître à jouer Plch et un Petrik redevenu "petrikéen", les Dauphins reviennent pourtant en forme au meilleur des moments. C'est aussi-là que Gervais, le tireur d'élite, joue les héros à Strasbourg (3-2 en fusillade) et récidive la semaine suivante au terme d'un match épique face à Briançon (4-3).

À l'aube des playoffs et du derby de l'Est face à de tenaces dijonnais, les Vosgiens partent confiants. Mais une blessure au genou contractée par Stanislav Petrik la veille de la première manche va pourtant couper leur élan. Après une vaine-course poursuite à Poissompré (4-5), les Spinaliens laissent leurs dernières illusions en Bourgogne (2-4) au terme d'une série influencée par l'intérim médiocre de la doublure Franck Constantin. Ce dernier n'avait déjà pas su saisir sa chance en novembre, lorsque Petrik chancelait. Shawn Allard peut regretter cette fin de saison prématurée. Qu'en serait-il advenu sans la blessure de Petrik ? Une question qui restera à jamais sans réponse, mais qui laisse un profond goût d'inachevé...

Et Shawn Allard de plaire

C'est plein d'ambitions et d'enthousiasme qu'Allard se lance dans la saison 2008/09, d'autant que tous les cadres sont restés à l'intersaison et que les plus décevants sont allés rebondir ailleurs. Comme Luc Mazerolle à Dijon ou Peter Lištiak, parti retrouver une seconde jeunesse à Liptovsky Mikulas... Shawn Allard a cette fois les coudées franches dans son recrutement. Mais voilà, les plus sceptiques ont senti venir la volte-face du gardien canadien Sébastien Centomo et pressenti l'échec d'un recrutement "low-cost". Le petit américain Chris Myhro ne dépasse par la pré-saison, le massif John Paulson se blesse en décembre et l'Italo-Canadien Ryan Caicco démontre qu'il ne vient pas d'une ligue "broche à foin" pour rien. Et que dire du déserteur Marek Grill...

Dans ce contexte incertain, ce sont les recrues tricolores qui s'en tirent le mieux. L'international Benoît Quessandier vient chercher les responsabilités et le temps de glace que Rouen ne pouvait lui confier. Fabien Leroy, lui, se relance en misant sur sa combativité.

Mais pour stabiliser l'équipe, il a fallu les arrivées du centre suédois Alexander Sundqvist et du gardien Eero Väre. Le Finlandais change la donne au poste de gardien, où Petrik était incontesté depuis des lustres. Si l'alternance entre les deux était nécessaire sur le fond, elle reste maladroite dans la forme. Changer de titulaire après chaque défaite ne reflète pas toujours les valeurs du moment. Le partage est pourtant équitable avant qu'Allard ne révise sa position en janvier, attribuant le filet "au plus méritant". L'introverti Eero Väre, fustigé pour ses rebonds, et l'emblématique Stan Petrik se sont donc relayés toute la saison. Signant tous deux leur match référence. Petrik devant Briançon (6-5 a.p.) et Väre à Grenoble (2-3).

Les Dauphins, à l'image de leur jeu de puissance, connaissent un automne faste et réalisent l'exploit de battre Rouen à l'Ile-Lacroix (7-4). Une performance pas sans lendemains puisque les coéquipiers de Tarik Chipaux (qui vient là de signer son premier but en élite) confirment leur potentiel à chaque sortie. Engagés sur tous les fronts, les Vosgiens s'éclatent. Ils se payent des Rouennais venus la fleur au fusil en Coupe de la Ligue (5-3), tiennent la dragée haute à Grenoble (5-6 a.p.) et tirent de l'arrière face au leader briançonnais, grâce à un slap dont Gervais à le secret (6-5 après prolongation).

Mais voilà, avec l'enchaînement des matchs, l'usure physique s'accentue et le mois de décembre est délicat. La blessure à l'épaule d'Ilpo Salmivirta est aussi passée par là et son opportunisme manque cruellement à ses coéquipiers. Ceux-ci en prennent plein la hotte au Coliséum d'Amiens (0-11), évitent de peu la bûche de Noël devant Villard (3-2)... mais pas celle du réveillon à Strasbourg (0-6) ! Néanmoins, ils rebondissent le mois suivant, enchaînant deux succès importants en Haute-Savoie malgré l'avalanche de blessures.

Un premier tour "abordable" se profilait face à Chamonix. Des Chamois par deux fois balayés en saison régulière (1-8 et 2-9 à Poissompré). Sauf qu'en playoffs, les compteurs sont remis à zéro et les Alpins se transcendent à domicile pour rafler la première levée (5-2). Dos au mur, les Spinaliens rectifient le tir au retour (8-5) avant de se faire la belle (6-3). Finalement, Rouen tire un trait sur une saison réussie au-delà de toute espérance.

Une campagne marquée de coups d'éclats retentissants et couronnée d'une sixième place historique, ce qui attire fatalement les convoitises. Aussi Stéphane Gervais dégainera désormais à Briançon tandis qu'Ilpo Salmivirta a depuis longtemps tapé dans l'śil des Rouennais. Quant à Shawn Allard, malgré ce bilan très satisfaisant, il sera licencié pour d'ombrageux motifs économiques. "Je ne demandais pas plus d'argent et je comprends la position du club qui voulait sauver un peu d'argent sur ce poste" se confiait-il à Vosges-Matin. "Je ne veux pas mentir, je suis amer. Quand je suis arrivé ici, je voulais construire sur plusieurs années, c'était vraiment mon objectif." Quoi qu'il en soit, la non-reconduction de son contrat engendre une véritable réaction en chaîne. Fini le "fighting spirit", finie la préparation foncière "made in Gervais". Finies aussi les illusions...

Le ciel leur tombe sur la tête

Le public, après avoir goûté au caviar, va devoir se réhabituer à l'ordinaire en 2009/10... et à d'inédites couleurs roses aussi ! Un détail vestimentaire presque anecdotique au regard de la dynamique victorieuse du club, brisée par la perte de Shawn Allard. Le président Claude Maurice pensait pourtant avoir réussi son coup en sortant Tommy Andersson de son chapeau. Un sexagénaire méconnu, sans références récentes et à la personnalité très effacée. Loin, très loin de la passion débordante du Canadien. Très vite, son attitude impassible suscite l'interrogation... et en dit long sur son charisme. Son coaching, loin d'optimiser le potentiel de ses troupes, est lui désavoué par des résultats aussi inattendus que décevants. Bien sûr, il a fallu digérer deux pertes stratégiques. Celles d'Ilpo Salmivirta et Stéphane Gervais, qui ont toutes deux désorganisé le jeu de puissance.

Les carences du powerplay reflètent un manque de créativité, de cohésion et de travail. Mais aussi de logique. La ligne Šimko-Petrák-Plch déçoit beaucoup et Jussi Haapasaari, rappelé à l'été, n'est plus que l'ombre de lui-même. Comme s'il n'avait pas trouvé sa place dans cette formation accablée de malchance et affublée d'un objectif démesuré, mais vite oublié : la sixième place...

Les carences du powerplay reflètent un manque de créativité, de cohésion et de travail. Mais aussi de logique. La ligne Šimko-Petrák-Plch déçoit beaucoup et Jussi Haapasaari, rappelé à l'été, n'est plus que l'ombre de lui-même. Comme s'il n'avait pas trouvé sa place dans cette formation accablée de malchance et affublée d'un objectif démesuré, mais vite oublié : la sixième place...

Début novembre, Santino Pellegrino arrive au chevet d'un groupe rendu vagabond par la fermeture de sa patinoire. Deux mois où l'équipe, déjà mal en point(s) en championnat, a joué tous ses matchs à l'extérieur en se contentant d'une poignée d'entraînements à Metz ou Colmar. Cela n'a évidemment rien arrangé... mais le contexte n'a pas refroidi Pellegrino. L'Italo-Canadien, qui a connu l'âge d'or du hockey transalpin (et les années Berlusconi à Milan) un homme de challenge. Fine gâchette de Serie A et d'Alpenliga, membre de la Squadra Azzurra aux Jeux d'Albertville en 1992, Pellegrino avait lui aussi besoin de se relancer après une expérience difficile en première Ligue suisse.

La situation est grave, voire désespérée pour beaucoup. Mais pas pour Santino Pellegrino, fermement décidé à sortir l'ICE de l'ornière. L'Italo-Canadien a presque tout révolutionné (et notamment les alignements) sans pour autant changer les problèmes de fond. Mentalement inconstante et physiquement perfectible malgré l'intensité retrouvée des entraînements, Épinal fait preuve d'une irrégularité maladive...

Bien sûr, les blessures y sont pour beaucoup. Les méformes passagères aussi. La retouche des trios a pourtant redonné un second souffle à Ján Plch et relancé par la même Tomi Karlsson, désespérément improductif jusqu'alors. Propulsé au centre de la première ligne, aux-côtés de Plch, le Finlandais s'est plus d'une fois montré à son avantage... avant de rentrer dans le rang en fin de saison. Une période coïncidant avec ce pic de blessures ayant eu raison d'une association prometteuse entre Ján Šimko, Michal Petrák et Guillaume Chassard. D'où les fréquents remaniements et l'étonnante émergence du jeune Nathan Ganz, formé au club.

Si l'attaque a eu son compte d'éclopés, la défense a elle payé un lourd tribut aux blessures à l'image d'un Niko Mäntylä très rassurant... quand il n'était pas sur le flanc. Son compatriote Jan Hagelberg a lui connu une sérieuse blessure à l'épaule en pré-saison avant de monter en puissance dans les dernières semaines de compétition. Fabien Leroy a quant à lui déçu par ses relances mal assurées tandis que Benoît Quessandier, dans le collimateur des arbitres, n'a pas toujours justifié son statut d'international.

Un contexte aussi difficile met forcément les gardiens à rude épreuve. Henrik Tojkander et Stanislav Petrik se sont relayés tout l'hiver, connaissant chacun quelques passages à vide... mais jamais de match-référence. Pellegrino a toujours douté de leurs capacités à réellement faire la différence et s'est donc longtemps refusé à définir une quelconque hiérarchie avant de faire de Tojkander son titulaire. Et tant pis pour Petrik, contraint d'aller chercher son temps de glace à Neuilly-sur-Marne. Des Bisons en pleine pénurie de gardiens avant de jouer les barrages...

Pour quelques points de plus, les Dauphins y ont échappé, à ces barrages. Mais pas à une élimination rapide face à Grenoble. Un tour préliminaire vu, côté isérois, comme un "tour de chauffe" avant les "choses sérieuses". Les Brûleurs de Loups, même diminués, ont fait le métier à l'aller (3-1) avant qu'Épinal ne perde le nord à Pôle Sud (1-4), à l'image d'un Jan Plch expulsé pour une simple contestation...

À ses treize derniers matchs, playoffs compris, Épinal en aura perdu douze, dont neuf d'affilée. Pas l'idéal pour fidéliser un public n'ayant pas suivi son équipe dans ce déménagement forcé. Le "hangar-patinoire" est ce qu'il est : froid, inconfortable et offre une visibilité réduite. Pourtant, c'est mieux que rien en attendant la nouvelle patinoire, promise pour l'automne prochain. Mais ça, c'est une autre histoire...

Contre mauvaise fortune bon cśur

Le grand retour de Stéphane Gervais et l'arrivée de trois autres recrues censées apporter une réelle plus-value à un groupe majoritairement préservé suffisent à donner plus de piment à cette nouvelle saison de transition (2010/11). Loïc Lacasse, jeune gardien québécois de 24 ans, drafté en 2004 par Montréal et venu outre-Atlantique donner un second souffle à une carrière vouée aux ligues mineures nord-américaines. La NHL, Maxime Boisclair aussi en a rêvé sans jamais y parvenir car desservi par un patinage perfectible qui a fait passer ses qualités de buteur au second plan. Quant à Timo Kuuluvainen, il devait faire oublier le décevant Tomi Karlsson et, pourquoi pas, remplacer l'irremplaçable Ilpo Salmivirta !

Ce n'est pas encore cette année qu'Épinal revivra le grand frisson de Bercy. Le chemin menant à Paris passait en effet par Morzine. Qu'à cela ne tienne, à défaut d'être une équipe de coupes, l'ICE a montré qu'elle était une équipe de "coups". Amiens, Rouen, Grenoble et Angers sont effet tombés, victimes de Spinaliens imprévisibles. Capables du meilleur mais aussi du pire, comme rater leurs grands débuts à domicile face à Villard (0-1) et enchaîner les ratés en Coupe de la Ligue. Du moins jusqu'à cette victoire inattendue au Coliséum (4-3 a.p.), aussitôt confirmée, trois jours après, par un succès encore plus retentissant face à un Rouen toujours plus prenable en début de saison (5-4 a.p.). Octobre ne pouvait pas mieux commencer pour ces Vosgiens survoltés, dominants outrageusement le premier tiers temps et menant 3-0 dans l'acte médian. Deux buts de Desrosiers amorcent pourtant le retour des Normands, presque victorieux après le rebond gagnant d'Ilpo Salmivirta en toute fin de match. Presque seulement car les Dauphins, décidés à ne rien lâcher, vont égaliser sur une dernière montée de Guillaume Chassard. Le héros du jour, qui vaincra une dernière fois Lhenry en mort-subite, d'un brillant tir sur réception.

Les Dauphins ont mis la barre très haut contre Rouen. Trop, croit-on, pour maintenir ce niveau de performance sur la durée surtout que les blessures ne les ont pas épargnés. Benoît Quessandier et Stéphane Gervais, absents de longues semaines durant, ont notamment dû attendre le mois de novembre pour revenir au jeu. Et quel mois de novembre !

Hormis la désillusion de Morzine en Coupe de France, l'ICE va tout rafler, comme sublimée par l'insolente réussite de Jan Plch et Michal Petrak. Tellement d'ailleurs que le journal L'Équipe s'est fendu d'un petit article sur ce duo détonant, véritable arme fatale d'Épinal. Un doublé du Tchèque à Caen (5-4), un autre contre Angers (6-5 a.p.) et de nombreux caviars du vétéran slovaque, redevenu le meilleur compteur de Ligue Magnus, tirent l'équipe vers le haut. Soutenue, quand il faut, par un Lacasse de gala à Grenoble (4-2). Là où l'ICE ne s'était jamais imposée.

Cette embellie connaît une fin abrupte contre Briançon début décembre (2-8), puis renaît avec trois victoires d'affilées. Avant un nouveau coup d'arrêt face au pragmatisme gapençais (4-7). Sans parler de cette humiliation trois jours plus tard à Rouen (4-17), pour la plus grosse raclée enregistrée depuis la prise de pouvoir du président Maurice en 1997 !

Mieux valait pourtant relativiser la portée de défaites sévères, certes, qui auront eu le mérite de remettre les choses à leurs places. Santino Pellegrino n'a jamais cédé au catastrophisme, comme animé d'une foi inébranlable envers ses troupes. Lesquelles se sont vite ressaisies, portées par leurs "P-P flingueurs" (Plch et Petrak), réunis sur un trio traditionnellement complété par un Jan Simko tourmenté toute l'année par ses adducteurs. Mais n'allez pas croire qu'Épinal vaut seulement par sa première ligne; les Chassard, Boisclair et autres Kuuluvainen prenant une part de plus en plus active au pointage au fil des semaines. Pour ne pas dire décisive en janvier/février, autant dans le point ramené d'Amiens (6-7 a.p.) que dans ceux décrochés face à Caen (2-1) grâce à un doublé de Kuuluvainen.

Le Finlandais est monté en puissance au fil des semaines à l'instar d'un Maxime Boisclair décrié en début de saison pour son faible rendement. Taillé pour le défi physique, le Canadien d'origine haïtienne s'est d'abord illustré dans ce domaine avant de retrouver son sens du but caractéristique. Celui qui en fit l'un des meilleurs finisseurs du junior majeur au Québec. Sa moyenne était proche d'un but par match de Noël à la dernière trêve internationale, là où Jan Hagelberg a repris le flambeau de l'offensive. Le flamboyant lutin finlandais a multiplié les piges aux avant-postes, confirmant qu'il était bien un défenseur d'attaque. Son doublé face à Grenoble n'empêchera pas la défaites des siens (2-4) mais il leur permettra, huit jours plus tard, de s'imposer sur le gong à Briançon (3-2).

Le problème, c'est que les Dauphins ont laissé des plumes dans cette dernière ligne droite, remportant un match important au Mont-Blanc en fusillade (5-4) avant, donc, de battre les Diables rouges. Pour du beurre car la sixième place était déjà assurée et les ressources physiques vont ensuite manquer en playoffs face à Strasbourg. Un adversaire plus frais, logique vainqueur à l'aller en Alsace (4-1) mais battu (2-3), au retour, sur un sursaut d'orgueil orchestré par Hagelberg et Chassard. Le capitaine signant un doublé décisif en toute fin de partie pour l'octroi d'un sursis inespéré car Épinal était encore mené 0-2 à huit minutes du terme !

Avantage de la glace oblige, l'ICE disputait la "belle" à domicile, dans son "hangar" préfabriqué, froid et inhospitalier. Payant sûrement les efforts consentis la veille, les Dauphins sont rapidement débordés, puis menés 2 à 0 avant qu'un énième soucis technique ne force l'interruption de la rencontre. Un trou pour être exact, comme celui formé quinze jours plus tôt face au Mont-Blanc et qui avait forcé le report du match dans les Alpes. La précarité des installations et la qualité médiocre de cette patinoire provisoire jouait encore un bien mauvais tour aux passionnés de hockey, qui attendront 1h30 pour que la brèche soit colmatée. Mais le mal était fait. L'Étoile noire n'allait pas dilapider son acquis pour signer un succès (2-0) l'envoyant en quarts de finale face à l'outsider gapençais.

Un épilogue forcément décevant après une saison régulière aussi réussie. Celle de tous les records, avec 33 points au compteurs et pas moins de 15 succès. L'ICE ayant, pour une fois, battu tous ses adversaires en championnat. Reste qu'une usure physique prononcée et la faillite de certains cadres supposés dans les moments importants ont pesé très lourd en play-offs.

Mais l'ICE connaîtra des jours meilleurs. Elle en a désormais fini de sa pénitence dans sa patinoire provisoire, au grand soulagement des joueurs, dirigeants et de ses plus assidus supporters. Une toute nouvelle enceinte attendant Claude Maurice et ses protégés à la rentrée...

C'est tout... ou rien !

Une pré-saison très laborieuse était annonciatrice d'une entame compliquée 2011/12. Les Spinaliens font mauvais genre pour leur grande première dans un Poissompré plein à craquer. Les Pingouins de Morzine, sans pitié, viennent gâcher la fête (1-6). Et plonger les Dauphins dans un doute malsain, entretenu par une nouvelle dérouillée, à Marseille cette fois, face aux Gapençais délocalisés (3-7).

Ni Mikko Jortikka, solide défenseur de deuxième division finlandaise, ni Armando Scarlato, un massif défenseur canado-italien affublé d'une réputation de "bourrin", ne feront oublier Jan Hagelberg, le défenseur-buteur finlandais, tellement gourmand au moment de renégocier son contrat... qu'il se retrouvera sur le carreau, contraint de s'engager dans un "tout" petit club d'Helsinki. Le départ de Timo Kuuluvainen ne sera également jamais compensé. Aucun "guerrier" de sa trempe, combatif et opportuniste, ne se dégageant parmi les nouveaux arrivants. Toby Lafrance a pourtant ses qualités mais son plus petit gabarit et son poste de centre interdisent toute forme de comparaison avec le solide ailier finlandais.

On en vient à douter du réel potentiel du groupe, à peine entraperçu lors des matchs de Coupe de la Ligue. Une compétition parallèle, souvent décriée, qui permettra toutefois à l'ICE de reprendre confiance et de s'offrir une première victoire face à Strasbourg (5-3). Succès confirmé en championnat dans la foulée, face aux Gothiques d'Amiens (3-1). La machine est lancée, croit-on... mais Rouen, à l'île Lacroix (8-1), ramène brutalement les Dauphins à la dure réalité !

Mais pas le temps de douter, car arrive ce derby, toujours très attendu, face à des Dijonnais transfigurés par l'arrivée d'un nouvel entraîneur finlandais (Jarmo Tolvanen). Des Ducs "dopés" par les Gascon, Guttig et autres Riendeau, réunis sur un trio détonnant. Un Riendeau qui aurait pu procurer un avantage définitif à ses coéquipiers si son slap n'avait heurté la transversale. Car les Dauphins, menés 3-1 à dix minutes de la fin, ont trouvé les ressources pour forcer la prolongation. Et s'adjuger la mise (4-3), en tir de barrage, grâce à une réussite de Toby Lafrance. Le premier véritable fait d'armes sous les couleurs spinaliennes de ce teigneux talentueux, que ses coéquipiers surnomment "Pépito" (en raison de son teint légèrement hâlé).

Le petit Lafrance survolera le mois de novembre avec 9 points dont 5 buts en trois matchs. Il vit là sa toute première expérience européenne... en terre pas si inconnue que ça ! Il y retrouve l'un de ses meilleurs amis, Maxime Boisclair, dont il s'est rapidement avéré très complémentaire. Tantôt buteur, tantôt passeur, Toby Lafrance s'accommode bien de ce grand gabarit parfois nonchalant, mais toujours présent dans les moments importants. Un Boisclair taillé pour batailler le long des balustrades et doté d'indéniables qualités de distributeur. Le nouveau trio canadien Lacasse-Lafrance-Boisclair signe des débuts remarqués à Neuilly (8-3).

Un nouveau doublé Chad Lacasse et tout un match de son petit frère Loïc, devant le filet, ont raison du surprenant leader chamoniard (6-3), emporté par l'efficacité d'un trio québécois où Lafrance fait sensation. Sa seule absence, face à Briançon fin octobre (2-3), aura suffi à démontrer toute son importance.

Début décembre, le top-5 se profile à l'horizon mais l'ICE finira aussi mal l'année... qu'elle ne va commencer 2012. Si Boisclair, en signant le penalty gagnant, perpétue l'invincibilité spinalienne à Pôle Sud (5-4 t.a.b.), Grenoble se venge, le vendredi suivant à Poissompré, en punissant les Spinaliens de leurs errements défensifs (2-7).

Les hommes de Santino Pellegrino, en perte de vitesse, chutent lourdement à Chamonix (2-8)... après avoir pourtant rapidement mené 2 à 0. Les Dauphins tombent très bas... mais creusent encore plus profond, le samedi suivant, face au futur relégué nocéen (2-4). Des Bisons combatifs, qui donnent une leçon d'envie et d'efficacité aux coéquipiers de Fabien Leroy. Un capitaine secoué par les huées descendues des travées et qui, après la rencontre, ne cachera pas sa frustration. "Au lieu de nous chier dessus et de nous en mettre plein la gueule, le public ferait mieux de nous soutenir et de jouer son rôle de sixième homme". Bonjour l'ambiance...

Les gâchettes canadiennes de l'automne sont enrayées, à l'image d'un Toby Lafrance muet pendant cinq matchs... avant de retrouver le chemin des filets à Briançon, à cinq minutes de la fin. Il brise ainsi l'égalité pour donner un avantage définitif à ses couleurs... qui venaient pourtant de se faire rejoindre ! Ce succès inespéré, avec un Loïc Lacasse diminué, témoigne du fort degré d'imprévisibilité de ces Dauphins. Ils réussiront un autre exploit, à peine relativisé par l'absence de Fabrice Lhenry, remplacé tant bien que mal, devant le filet rouennais, par sa jeune doublure Sebastian Ylönen. Un gardien en perdition, aussi peu inspiré que ses coéquipiers, éreintés par la répétition des matchs en janvier et vaincus, sans résistance, par Plch, Petrak et compagnie (6-2). Tant mieux car les phases finales approchent à grand pas !

Beaucoup auraient préféré Strasbourg, l'ennemi de toujours, pour une revanche des play-offs de l'an passé. Mais pour ce premier tour, les Spinaliens héritent d'un grand nom qu'ils avaient déjà rencontré deux ans auparavant, à ce stade de la compétition : des Brûleurs de Loups ayant rattrapé une phase aller ratée en faisant feu de tout bois à la nouvelle année, au retour de leurs blessés (Amar, Aquino et Desrosiers), pour se replacer plus convenablement au classement.

Une trajectoire diamétralement opposée à celle des Dauphins, qui ont aussi mal terminé la saison qu'ils ne l'avaient commencé. On le sait, la vérité de la saison régulière n'est pas forcément celle des séries éliminatoires, où tous les compteurs sont remis à zéro. Mais les dernières sorties des Vosgiens en championnat n'incitaient guère à l'optimisme béat.

Ils ne passent pourtant pas très loin de rentabiliser leur week-end grenoblois, s'inclinant de peu le vendredi (3-5). Un cruel passage à vide le lendemain les met dos au mur, le mardi suivant à Poissompré. L'occasion pour Loïc Lacasse, défaillant jusque là, de sortir tout un match devant le filet (4-3). Rendez-vous est pris, le mercredi, pour un feu d'artifice spinalien (6-2), face à des Brûleurs desservis par un portier chancelant. Un Sébastien Raibon remplacé par Ronan Quemener, pour un match 5 de tous les dangers dans une patinoire de Pôle Sud qu'ont massivement rallié les supporters vosgiens. Fabien Leroy, contraint de jouer les marathoniens à l'arrière en raison de rotations défensives réduites à leur plus simple expression, ouvre rapidement le score... d'un tir lointain de la rouge. Mais Francis Desrosiers égalise en fin de première période. S'ensuivent de longs temps forts isérois, improductifs, qui ouvrent sur un troisième tiers à tout reste à faire. Steiner donne un avantage quasi définitif aux Grenoblois mais Leroy, encore lui, arrache in extremis la prolongation. Incapables de se départager, les deux équipes doivent jouer à quitte ou double, à la loterie des tirs de barrage. Un exercice qui sourira aux Isérois ; Alexandre Rouleau ayant été le seul à convertir sa tentative. Quemener, en remportant son duel face à Lafrance, envoyant les BDL au tour suivant...

Une fois de plus, la saison d'Épinal s'arrête en quarts de finale. Les Dauphins n'ont pourtant pas démérité dans cette série que l'on imaginait pas si disputée, vendant chèrement leur peau. Pour tomber avec les honneurs... face au futur finaliste du championnat !

Jérémie Dubief

 

 

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