Allemagne 2023/2024 : présentation
Cela fait bientôt quatre mois que l'équipe d'Allemagne a accédé à la finale du championnat du monde. L'exploit était immense mais il n'est pas toujours facile de s'y appuyer pour inscrire les enfants au hockey sur glace la saison suivante ou pour attirer des supporters. L'actualité va très vite dans le monde moderne et les basketteurs allemands ont réussi une performance encore plus grande en devenant champions du monde. C'est le basket qui a le vent en poupe auprès des jeunes générations auprès des sports collectifs traditionnellement mieux établis (handball et hockey sur glace). L'an prochain, l'Allemagne organisera les Mondiaux de handball en janvier puis l'Euro de football en juin et juillet. Difficile d'exister pour le hockey allemand, qui a bien fait d'anticiper en obtenant le futur Mondial 2027...
La DEL a des arguments à faire valoir à l'heure d'aborder sa trentième saison d'existence. Elle a gommé ses défauts, puisqu'elle a intégré des jeunes et que la promotion-relégation a été rétablie. Elle peut s'appuyer sur les héros de la sélection nationale et enregistre aussi quelques recrues étrangères prestigieuses. Ses porte-étendards sont compétitifs sur la scène européenne et l'ont prouvé dans les premières journées de la CHL. Cela se limite-t-il à quelques grands clubs ? Le championnat est-il la chasse réservée de deux ou trois équipes ? Pas si sûr. Beaucoup de concurrents fourbissent leurs armes et croient fermement au titre. Ou quand ils font mine de ne pas y croire, d'autres y croient pour eux. Panorama d'une saison qui s'annonce intéressante et disputée...
Toni Söderholm avait fait ses classes de jeune entraîneur dans l'organisation de Munich avant d'être nommé à la tête de l'équipe nationale en 2019. Il l'a quittée six mois avant qu'elle ne connaisse le meilleur Mondial de son histoire, pour un contrat à Berne achevé plus tôt que prévu. Aujourd'hui, il revient à Munich comme entraîneur-chef, comme il l'espérait à l'époque. Le Finlandais assume la difficile succession de Don Jackson, dont il connaît le système fondé sur la prise d'initiative, mais dit vouloir s'adapter aux changements intervenus dans le hockey en mixant trois systèmes défensifs différents.
L'objectif est évident pour cette dernière saison avant le déménagement dans la nouvelle aréna : conserver le titre. Il est moins évident à réaliser face à une concurrence aux dents longues. Le gardien Mathias Niederberger est toujours un atout majeur, qui a poussé vers la sortie le vétéran Danny aus den Birken et n'a plus que de jeunes doublures. L'attaque toujours impressionnante d'homogénéité a peu varié, Frederik Tiffels et Justin Schütz ayant simplement été remplacés par Markus Eisenschmid et Nico Krämmer qui arrivent de Mannheim.
La défense a changé plus que prévu. Les recrues devaient se limiter à des joueurs connus mais peu clinquants comme Dominik Bittner et le gros Andrew McWilliam qui revient après une année moyenne à Salzbourg. La révélation de la saison dernière Makszimilian Szuber a signé très tôt un contrat en NHL et n'a pas vraiment été remplacé. Zach Redmond, qui avait re-signé en janvier, a appelé début juillet pour dire qu'il resterait dans le Michigan. Il a précisé que cela n'avait rien à voir avec la frustration de n'avoir pas été aligné en finale alors qu'il revenait de blessure), mais qu'il avait des raisons personnelles car sa femme attend leur second enfant en octobre. Le Suédois Adam Almquist a été engagé à sa place. La moitié des lignes arrières ont changé : c'est vrai de beaucoup d'équipes de DEL dans un marché estival animé chez les défenseurs, mais Munich a plutôt subi alors que ses rivaux se sont renforcés.
Les Adler de Mannheim avaient en particulier décidé de revoir leur défense. Ils s'étaient séparés de piliers de longue date comme Akdag ou Larkin pour avoir des lignes arrières plus mobiles, et aptes à relancer le jeu. Jordan Murray avait un rôle important à Wolfsburg (36 points), Jyrki Jokipakka est un international finlandais, John Gilmour arrive de KHL. Mais la recrue-clé devait être Leon Gawanke avec son patinage remarquable. Patatras : Winnipeg, qui avait confiné l'international allemand en AHL, a échangé ses droits en juillet à San José où Gawanke pense avoir sa chance. Il a refait ses valises et les Adler ont dû été obligés de consommer un quatrième poste d'étranger en défense avec l'Américain Max Gildon.
Les marges de man uvre se sont alors réduites dans les autres secteurs, mais Mannheim est déjà bien pourvu. Une concurrence intéressante se profile entre deux Allemands dans les cages : le jeune Arno Tiefensee a délogé Felix Brückmann mais le vétéran, s'il est en pleine santé, ne compte pas se laisser faire à 32 ans.
En quête de titre depuis quatre ans, Mannheim a mis le prix : plus de 200 000 euros nets annuels ont été proposés à Gawanke (finalement en vain) ainsi qu'à Tom Kühnhackl, le seul Allemand à avoir remporté deux fois la Coupe Stanley. Linden Vey, qui gagnait plus du double en KHL, n'est pas venu pour des prunes et constitue la grosse recrue de la DEL avec encore de bonnes années devant lui (32 ans aussi). Les joueurs partis chez le rival majeur Munich ont été remplacés : l'attaquant défensif Krämmer par un spécialiste mondialement connu des tâches ingrates (Kühnhackl) et Eisenschmid par un buteur tout aussi réputé (Daniel Fischbuch). La profondeur semblait avoir diminué, mais la naturalisation inattendue de Ryan McInnis début août a permis l'arrivée d'un étranger supplémentaire, Markus Hännikäinen, un profil qui manquait un peu (joueur complet à vocation défensive) et qui avait laissé un souvenir positif lors de son passage comme joker pour les play-offs 2022.
L'appétit vient en mangeant. Le vice-champion Ingolstadt a faim de plus, et l'entraîneur de l'année Mark French aussi. Les supporters, qui ont été plus de 2000 à s'abonner (record), se lèchent également les babines. Le gardien Michael Garteig, pleinement rétabli de sa blessure en play-offs, veut une campagne moins frustrante. Deux Allemands, Kevin Maginot (auteur d'une grosse saison à Francfort) et le jeune Luca Zitterbart, ont été embauchés pour utiliser une place d'étranger de moins en défense.
L'objectif était de compenser les départs de nombreux cadres en attaque (dont Feser qui avait un double passeport). Il paraît pleinement réussi. La colonne vertébrale de centres est de très haut niveau. En plus du passeur de métier Daniel Pietta - qui aura la charge d'encadrer les jeunes en quatrième ligne - et de la révélation Wojtech Stachowiak qui a épaté tous les spectateurs aux championnats du monde par ses actions ébouriffantes cheveux au vent, l'ERC a recruté Patrik Virta, désireux de reprendre un rôle de première ligne après avoir rétrogradé sur le troisième trio en cours de saison à Tappara, mais aussi le vétéran Andrew Rowe qui arrive droit du championnat suisse à Rapperswil et qui semble destiné à être le centre numéro 1 avec le meneur offensif Wayne Simpson à ses côtés.
Les ailiers n'ont pas été négligés pour autant : l'assistant-coach Brad Tapper a été rejoint par son ancien joueur d'Iserlohn Casey Bailey, un buteur qui peut jouer en déviation et améliorer le powerplay (le secteur où Ingolstadt a la principale marge de progrès !). En plus, Bailey a déjà joué à Bridgeport (AHL) avec Travis St Denis, autre grosse recrue qui reste sur une saison à 54 points à Straubing. Ils viennent s'ajouter au talent toujours présent de Simpson et de Charles Bertrand pour une équipe qui compte bien encore se mêler à la lutte pour le titre.
La même ambition anime Wolfsburg qui n'avait échoué qu'au septième match de la demi-finale. Même si le club de hockey sur glace n'est pas une filiale à 100% de Volkswagen comme son homologue de football, 5 des 6 membres du Conseil de Surveillance sont des cadres de la firme qui est l'employeur incontournable de la ville. Le responsable financier et co-gérant est aussi employé par Volkswagen. Or, quelques années après le scandale du "dieselgate" qui avait failli le couler, le constructeur automobile ne s'est jamais aussi bien porté et a fait des bénéfices record. Ce n'est donc pas un hasard si les Grizzlys ont l'équipe la plus chère de leur histoire.
Avec un joueur de plus en défense (9) et en attaque (15), Wolfsburg a tout d'abord augmenté sa profondeur de banc pour parer les absences. Une très bonne doublure allemande (Hannibal Weitzmann arrivé d'Iserlohn) a aussi été recrutée derrière le titulaire Dustin Strahlmeier. La venue du centre naturalisé Justin Feser (ex-Ingolstadt), en plus de densifier le poste de centre, a permis d'embaucher un étranger de plus en défense pour compenser la perte de Bittner (vers Mannheim). Doté d'une palette technique complète, La prise de risque a été minimisée avec des joueurs qui connaissent presque tous déjà la DEL, voire qui se connaissent. Matt White (ex-Berlin) s'entraîne ainsi à Omaha (Nebraska) pendant l'été avec son nouvel équipier Chris Wilkie (ex-Bietigheim), un bon buteur tant en tir du poignet qu'en slap. Le seul novice en Allemagne est le vétéran Andy Miele (ex-HV71), habitué de ligues de plus haut niveau encore, qui remplace le centre numéro 1 Tyler Morley (parti à Kloten).
Un accroc inattendu est survenu dans ce tableau avec le départ-surprise tardif de l'entraîneur-adjoint Tyler Haskins. Pendant les deux années qu'il a passées comme assistant de Mike Stewart, c'est l'ancien joueur Haskins qui a bâti ce qui fut le meilleur powerplay de l'histoire du club (24,3%). Le nouvel adjoint Todd Miller, dont ça doit être aussi la spécialité, devra maintenir ces valeurs. Il a vite fait sa place car il est beaucoup plus communicant que son prédécesseur.
En trois ans, les Eisbären de Berlin ont connu l'apothéose (deux titres de suite) puis le désastre. Bien évidemment, ils ont essayé de corriger les erreurs de l'an passé. L'une était bien involontaire, lorsque Kai Wissmann avait signé un contrat NHL avec les Bruins. Au cœur d'un hiver frustrant à Providence (AHL), le défenseur international allemand a vite compris que la "Providence" ne lui enverrait aucun signe, et surtout il s'est rendu compte combien son pays lui manquait. Il est revenu à Berlin avec un contrat de 5 ans. Son mètre quatre-vingt-quatorze devait cimenter le seul mur qui ait encore droit de cité à Berlin, celui de la défense des Eisbären.
L'autre erreur était stratégique, celle d'avoir compté uniquement sur de très jeunes gardiens qui n'ont pas supporté la pression. Sans être un super-gardien, l'Américain de 30 ans Jake Hildebrand, auteur d'une première saison de DEL honnête à Francfort (90,8%), a l'expérience des longues saisons. Il peut donc laisser le temps de mûrir à ses jeunes collègues Nikita Quapp - qui sort juste de l'âge junior - et Jonas Stettmer - gardien numéro 3 à Ingolstadt devenu titulaire improvisé et héroïque le temps d'une finale.
Les Eisbären ont dû surmonter une autre crise cet été quand l'agent slovène Aljosa Pilko a révélé dans la presse russe que Marcel Noebels voulait signer au Lokomotiv Yaroslavl mais qu'il a subi la pression de tout le staff de l'équipe nationale et avait peur de ne plus être sélectionnable s'il jouait en KHL (la fédération allemande n'a pas exprimé de position officielle parce que le cas ne s'est pas présenté). L'histoire a été démentie, Noebels est resté bien là et retrouvera ses partenaires du titre 2022 : Leo Pföderl, dont les 5 buts en préparation témoignent qu'il est bien remis de sa blessure, mais aussi Blaine Byron, revenu d'une année en Suède. Recruter en KHL n'est en tout cas pas un tabou pour les Berlinois qui ont engagé Patrice Cormier, un leader physique et efficace aux mises au jeu. L'attaque modifié en, majorité a donc belle allure sur le papier. Elle bénéficiera en effet aussi des qualités de vitesse de Frederik Tiffels et de Ty Ronning.
Maintenant que les restrictions sanitaires ne sont plus qu'un vilain souvenir, le numéro 1 allemand des affluences Cologne doit normalement se mêler à nouveau à la lutte pour le titre. Même si l'entraîneur Uwe Krupp déclare qu'une nouvelle qualification dans le top-6 serait déjà un succès, l'environnement du club a vécu ce retour à la normale (après trois années de crise) comme un simple point d'étape. Les attentes sont donc plus élevées.
Parmi toutes les équipes du haut du tableau, le KEC a les gardiens les plus jeunes. Une faiblesse relative ? Le recrutement de Tobias Ancicka (22 ans) est quand même un signal fort, car il peut apporter une meilleure concurrence à Mirko Pantowski (25 ans) pour un duo complémentaire et équilibré. Et si Cologne n'a recruté qu'un seul défenseur, celui-ci ne risque pas de passer inaperçu avec ses deux mètres : le Tchèque Andrej Sustr avait déjà failli signer il y a 2 ans et avait participé au camp d'entraînement avant d'être rappelé en NHL par Tampa Bay. Il amène beaucoup d'assurance dans sa zone et constitue l'archétype opposé de l'autre défenseur droitier, le petit Nick Bailen qui a été le meilleur pointeur parmi les arrières de DEL.
La ligne très performante Maximilian Kammerer - Louis-Marc Aubry - Andreas Thuresson (les trois hommes ont mis 68 buts) a été conservée mais la transformation a été large dans le reste de l'attaque. Les autres trios se reposaient un peu trop sur leurs talents. Les nouveaux étrangers sont donc encore en phase ascendante (le meilleur marqueur de Nuremberg Gregor MacLeod) ou ont appris au cours d'une carrière plus longue à ne pas négliger les efforts défensifs, tel l'international danois Frederik Storm (ex-Ingolstadt). Les jeunes internationaux Tim Wohlgemuth - qui a choisi de quitter Mannheim - et Justin Schutz (Munich) pensent légitimement avoir plus de temps de jeu et de responsabilités à Cologne. Mais ils n'ont signé que pour un an, prudents, et on ne sait pas s'ils s'engageront à moyen terme. C'est la preuve que les Haie, en bons prédateurs marins, sont affamés de succès bien saignants dès cette saison.
On a listé les six clubs qui se détachent des autres en matière de budget, mais on n'a pas encore cité Straubing, qui a pourtant fini dans les quatre premiers en saison régulière lors des trois dernières saisons jouées en poule unique. Atteignant 15 ans de mandat, la présidente Gaby Sennebogen n'a cessé de faire grandir le club. Le budget de sponsoring a battu un record et plus de 3000 abonnements ont été vendus.
Sportivement, les Tigers ont eu du succès ces derniers temps parce qu'ils étaient plus forts qu'avant en attaque. Le seront-ils encore après avoir perdu l'équivalent de 100 buts dans les départs de l'intersaison ? Il faudra avoir foi en Michael Clarke (Augsbourg), rapide et capable de convertir ses échappées par sa qualité de tir, ou encore dans le quatrième marqueur de ligue autrichienne Matt Bradley (Vienne). Les lignes d'attaque semblent assez homogènes et équilibrées, des jeunes internationaux aux vétérans, mais n'ont pas de super-joueur. En gagnant en gabarit, Straubing pourrait avoir perdu en mobilité, mais l'entraîneur Tom Pokel a chassé ce doute et estimé que ses joueurs sont maintenant "plus rapides dans leur tête".
Les trois étrangers ont été remplacés en défense, avec en recrue-phare Justin Braun qui arrive de l'équipe en crise de Philadelphie et voulait - après 13 saisons de NHL - rejoindre une équipe capable de gagner un titre. Braun a aussi choisi Straubing parce qu'il est l'ami et le collègue d'entraînement estival de Hunter Miska, gardien qui détiendra la clé de la réussite. S'il reste sous les 90% d'arrêts comme l'an passé, cela fera surtout l'affaire de sa prometteuse doublure de 21 ans Florian Bugl.
Ayant toujours eu un bilan positif depuis cinq ans, Bremerhaven est un club naturellement attendu dans le haut du tableau même s'il y est une anomalie par son budget. Le trio slovène dominant Jan Urbas - Ziga Jeglic - Miha Verlic prend certes peu à peu de l'âge mais le manager Alfred Prey a diversifié ses atouts. Il prétend même avoir le meilleur duo de gardiens du championnat en faisant revenir Kristers Gudlevskis - dont le passage en 2020 avait été très apprécié - aux côtés du jeune international Maximilian Franzreb.
La force des Fischtown Pinguins est d'avoir stabilisé leur effectif. Seule la défense a dû être renouvelée pour moitié. Recruté par Straubing pour son intelligence de jeu, Philip Samuelsson a été remplacé par son compatriote Anders Grölund qui arrive - excusez du peu - de Frölunda. Après avoir gagné ses galons d'international en passant une saison au bord de la Mer du Nord, le défenseur Moritz Wirth a été engagé par un autre concurrent direct (Düsseldorf), mais Bremerhaven a fait venir deux arrières a fort potentiel, Nicolas Appendino (barré dans l'effectif de Munich) et l'intriguant Lukas Kälble, champion d'ECHL deux ans de suite avec de belles stats.
Même les trois places réservées aux moins de 23 ans ne paraissent plus un point faible. Bremerhaven a fait revenir l'enfant du pays Justin Büsing (qui a complété sa formation à Cologne) en lui faisant signer un contrat de trois ans, durée de son éligibilité dans le quota de jeunes. La dernière fois qu'un joueur formé au club avait été intégré dans l'équipe professionnelle de Bremerhaven, Büsing n'était même pas né ! C'est symptomatique du déficit de formation dans toute l'Allemagne du Nord.
La mauvaise surprise estivale a été le départ de Niklas Andersen malgré un contrat en cours pour une proposition d'Augsbourg qui ne se refuse pas. Le club semble s'en accommoder en présentant au même moment son remplaçant, un autre international danois, Felix Scheel, déjà approché l'an dernier, sans donner suite parce qu'il ne pouvait pas obtenir de passeport allemand. Remplaçant en équipe nationale, Scheel est inférieur à Andersen mais c'est bien cette double nationalité qui intéressait le club : le secret a été gardé jusqu'au premier match (y aurait-il un étranger surnuméraire ?) mais Scheel a bien reçu ses papiers et a été déclaré comme allemand.
Roger Hansson a été viré de Düsseldorf après une qualification dans le top-6 à la dernière journée et une élimination en quart de finale. Thomas Dolak fera-t-il mieux pour sa première expérience comme entraîneur-chef ? La barre semble mise très haut. L'atout numéro 1, Henrik Haukeland, égalera peut-être mais dépassera difficilement les performances qui lui ont valu d'être élu gardien de l'année. Il faudra qu'il trouve des réglages avec une majorités de nouvelles têtes en défense : Sinan Akdag, Torsten Ankert et Oliver Mebus, plus le jeune Moritz Wirth.
Avec le fidèle Bernhard Ebner (douzième saison !) ils forment un corps reconnu de défenseurs allemands. Mais ces quatre recrues ont des profils essentiellement défensifs et ont besoin de l'impulsion de collègues étrangers. Or, le retour de Kyle Cumiskey, qui n'a joué que 2 matches la saison passée avant de se rompre les ligaments croisés, prendra du retard car il a une inflammation à la rotule du même genou. Le club dit vouloir attendre qu'il se rétablisse, même si l'Américain Alec McCrea est quant à lui suspendu pour 3 rencontres. Ces trois premières journées disputées avec une défense réduite et jouant sans le moindre étranger pourraient être déjà déterminantes pour la façon dont Düsseldorf aborde psychologiquement la saison alors que les quatre dernières rencontres de pré-saison ont été perdues...
La situation est inverse en attaque. Après le départ de trois cadres allemands (Daniel Fischbuch, Andreas Eder et le retraité Alexander Barta), la DEG dépendra plus de ses recrues étrangères : Kevin Clark (Berlin), dont la carrière est plus riche en belles fiches individuelles qu'en succès collectifs, et Phil Varone, arrivé droit du Spartak Moscou. La troisième quasi-recrue est Brendan O'Donnell, qui tournait à un point par match avant une déchirure du tendon d'Achille en octobre 2022. La capacité de Cumiskey et de O'Donnell à recouvrer la santé et à revenir à 100% de leurs possibilités physiques semble donc un enjeu majeur de la saison. Or, deux joueurs se sont blessés au dernier match amical à Kassel : le meilleur buteur en préparation O'Donnell, annoncé absent six semaines sans lien avec sa blessure antérieure, et surtout Stephen MacAulay, victime d'une rupture des ligaments croisés. Sa saison est donc quasiment terminée avant d'avoir commencé, et cette fois la DEG sera bien obligée de recruter un remplaçant.
Pour la deuxième saison après sa montée, Francfort n'agit plus du tout comme un promu discret et prudent. Il annonce son budget (8,7 millions d'euros) à un époque où les clubs de DEL sont de plus en plus cachottiers en la matière, et précise qu'il a été calculé de manière conservatrice. Précision apportée parce que les Löwen ont recruté à tour de bras alors qu'ils n'avaient pas de sponsor maillot. D'aucuns leur prédisaient déjà le même sort que les Lions un peu plus tôt dans leur histoire.
Les sources de recrutement de Francfort ont en effet été remarquées : deux joueurs de SHL plus trois venus des tout meilleurs clubs de Liiga ! Le nom qui frappe le plus les esprits est Maksim Matushkin, champion d'Europe et de Finlande avec Tappara. Avec sa qualité technique et son intelligence de jeu, il sait aussi bien conserver le palet que servir des passes exceptionnelles. Il sera utilisé en powerplay comme Ville Lajunen (le meilleur défenseur de Schwenningen). Finaliste finlandais avec les Pelicans, l'Américain Ben Blood est le profil opposé, un gros gabarit rugueux de 103 kg. Il devra protéger le gardien Joe Cannata, qui arrive d'Oskarshamn comme Cameron Brace. Ce dernier a pour mission de former une deuxième ligne plus forte aux côtés de Cody Kunyk (Kärpät).
Francfort s'est en effet beaucoup reposé lors de sa première saison sur un excellent premier trio. L'espoir allemand Dominik Bokk est toujours là, et Carter Rowney aussi : au lieu de vendre son statut de troisième compteur de DEL dans un gros club, il a prolongé jusqu'en 2026, en emménageant dans une nouvelle maison plus grande avec sa famille. Le super-duo a a toutefois changé de partenaire. Brendan Ranford est parti et les deux hommes devront trouver :leurs repères avec Joe Cramarossa (ex-Mannheim).
Les quatre derniers clubs ne semblent pas avoir les mêmes moyens financiers que leurs dix confrères cités ci-dessus. Ce n'est pas pour autant qu'ils abandonnent tout espoir d'entrer dans les dix premiers. Hormis pendant la "saison Covid" en deux poules géographiques, Nuremberg y est toujours parvenu et s'est donc toujours qualifié pour les play-offs. Mais ces onze belles années coïncidaient aussi avec les onze années de présence de la légende Patrick Reimer, qui a raccroché les patins cet été. C'est un sacré challenge de succéder à un tel mythe au capitanat pour le défenseur de 30 ans Marcus Weber, arrivé au club à 20 ans. Mais il aura du soutien dans un groupe qui a un vécu commun.
Tout l'été, le directeur sportif Stefan Ustorf a fait monter les enchères avant sa fin de contrat prévue en 2024. Il a été le dernier à négocier et a prolongé jusqu'en 2027 deux semaines avant le début de saison, donc après avoir bouclé le recrutement. Ustorf a souvent eu du succès en visant une ECHL négligée par les autres clubs qui recrutent soit en AHL soit en Europe pour avoir des joueurs habitués aux grandes glaces. Mais il a enregistré le refus du meilleur défenseur d'ECHL Owen Headrick qui est reste aux États-Unis. Il s'est rabattu sur un défenseur droitier moins offensif, mais ayant fait carrière en AHL, Jack Dougherty. Il formera la première paire avec Ludwig Byström, qui lit bien le jeu et prend des décisions rapides : ce Suédois qui arrive des Kärpät Oulu pourrait être le recrutement majeur. Il montre aussi que les sources de Nuremberg ne sont pas que du second choix.
En attaque, reste intacte. Même s'il n'y a que trois recrues en attaque (un bon centre d'AHL avec Cole Maier et les deux partenaires en ECHL à Reading Charlie Gerald et Evan Barratt), l'entraîneur Tom Rowe veut reconstruire tous ses blocs autour des duos Gerald/Barratt, Fox/Stoa et Maier/Schmölz. pour ne garder intacte que la quatrième ligne Hede-Leonhardt-Lobach qui avait donné satisfaction.
La qualification en play-offs pourrait se jouer sur les prestations du gardien Niklas Treutle. L'absence d'un coach spécialisé avait été pointée pour expliquer le plafonnement de ses performances. Nuremberg a fini par s'attacher les services d'un entraîneur de gardiens italien (Daniel Goller) qui sera présent en préparation et au moins une fois par mois.
En dix ans depuis son retour en DEL, Schwenningen n'a goûté qu'une fois aux play-offs. Les supporters ne croient même plus aux promesses estivales et sont devenus des pessimistes indécrottables, parfois à tendance complotiste (comme lorsqu'ils ont douté de la motivation de Harold Kreis après sa nomination comme entraîneur national en début d'année. Et ce ne sont pas les six défaites consécutives en fin de préparation - dont quatre matches de suite contre des clubs suisses sans inscrire le moindre but ! - qui ont ramené de l'optimisme.
Ce n'est donc pas un poste facile qu'a pris Steve Walker (50 ans) qui vient d'obtenir sa licence A d'entraîneur cet été. Disciple de longue date de Don Jackson, comme joueur autrefois à Berlin et plus tard comme assistant-coach depuis quatre ans à Munich, Walker voudrait pratiquer un hockey aussi offensif que son mentor mais n'a pas du tout le même effectif à sa disposition. C'est particulièrement vrai en défense où les trois recrues (Daryl Boyle, Thomas Larkin et Ben Marshall) ont beaucoup d'expérience de la DEL mais pas du tout le potentiel offensif d'un Ville Lajunen qui avait inscrit 40 points. À vrai dire, l'effectif des Wild Wings semble plutôt taillé pour la stabilité défensive, toujours devant l'excellent gardien Joacim Eriksson.
Les trois nouveaux attaquants - tous des droitiers qui rééquilibrent bien l'équipe - ne sont pas censées tout casser. Max Görtz est peut-être celui qui a démontré le plus d'aptitudes offensives, même si certains s'étonneront qu'on rappelle le Suédois un an après s'en être séparé. Kyle Platzer a démontré en Liiga de bonnes dispositions pour être un deuxième ou troisième centre. Le plus énigmatique est Zach Senyshyn, un ancien premier tour de draft NHL qui n'a jaùmais eu le développement escompté (16 apparitions en NHL et pas de quoi prétendre à plus avec 132 points en 333 matches d'AHL). Senyshyn a de la vitesse et de la puissance. Testé sur plusieurs lignes durant la pré-saison, il a déjà témoigné de son envie de jouer aux côtés des virevoltants jumeaux Spink. On le comprend. Cela améliorerait sûrement ses statistiques et aiderait la suite de sa carrière à 26 ans. Mais Schwenningen aura besoin de trouver le meilleur équilibre pour ne pas vivre une nouvelle déception.
La grogne des supporters existe aussi à Iserlohn et elle se concentre nommément sur une personne : le directeur sportif Christian Hommel. Après avoir consommé quatre entraîneurs en trois (l'actuel coach d'Angers Jason O'Leary puis Brad Tapper, Kurt Kleinendorst et maintenant Greg Poss qui a prolongé de deux années), c'était un peu inévitable. Que le gardien Kevin Reich soit enfin revenu dans son club formateur ne suffira pas à contenter les supporters qui s'identifiaient sans peine à des naturalisés il y a quelques années.
Ils voudraient les play-offs (une seule fois en cinq ans), mais la réalité est souvent cruelle. Exactement comme à Schwenningen, il est bien difficile de compenser le départ à la concurrence du meilleur arrière (ici Ryan O'Connor) car un défenseur offensif tirant de la droite est un profil toujours très coûteux. Son remplaçant canadien Ben Thomas n'a pas des stats aussi élevées, mais il arrive du champion d'Europe et de Finlande, Tappara, où il savait se distinguer par sa vitesse de patinage. Et comme à Schwenningen, les Roosters misent sur un ancien premier tour de draft. Michael Dal Colle a été le choix numéro 5 de la draft NHL 2014, trois et quatre places devant William Nylander et Nikolaj Ehlers. Si les New York Islanders peuvent regretter leur décision de l'époque, Dal Colle arrive quand même à 27 ans avec 116 matches de NHL au compteur et une première expérience européenne au TPS Turku (où Iserlohn avait déjà recruté Anthony Rech en janvier...). Pour Iserlohn, cela reste un sacré CV.
Satisfaits, les supporters ? Pas spécialement. L'un d'eux a critiqué publiquement une construction d'effectif qui aurait privilégié la vitesse et négligé l'intelligence de jeu. Christian Hommel a contesté cette allégation en citant les exemples de Tyler Boland, capable de diriger un powerplay, et de l'international hongrois Balazs Sebok, qui a mûri tôt en partant seul en Finlande à 15 ans. Ces débats théoriques d'intersaison s'achèveront bientôt : la vérité apparaîtra sur la glace. Mais le système défensif de Poss peut ramener des points.
Relégué pendant un mois après son avant-dernière place avant d'être sauvé par l'échec des candidats à la montée en play-offs de DEL2, Augsbourg a forcément cherché à réviser sa stratégie. Il s'est séparé du meilleur passeur de l'histoire du club, le déclinant Drew LeBlanc, qu'il faudra s'habituer à voir sous les couleurs d'Iserlohn, un concurrent direct pour le maintien. Tous les attaquants étrangers sont partis, sauf Matt Puempel, resté grâce à son genou guéri mais aussi grâce à son passeport allemand obtenu fin mars. Son père est né en Allemagne et c'est à ce patronyme que Matt doit d'avoir les fans au "costume" le plus original de la DEL : ils portent sur la tête une ventouse servant à déboucher les canalisations (c'est la signification de Pümpel en allemand) !
Sans négliger totalement la filière AHL - avec notamment le neveu de Mark Messier Luke Esposito qui partage le goût de son oncle pour le jeu physique - le nouveau directeur sportif Christoph Kreutzer s'est un peu éloigné de la culture du club qui est très nord-américaine comme dans beaucoup d'équipes de DEL. C'est relativement bien passé auprès des supporters car on leur a servi des Finlandais au CV alléchant : Anrei Hakulinen était capitaine de Lukko Rauma et son coéquipier Jere Karjalainen compte deux titres de champion national et une médaille d'argent mondiale. La place d'étranger non encore occupée a été donnée la veille du début de saison à Otso Rantakari, un défenseur offensif qui a été étranger en Suisse et en KHL.
Avant que la blessure du capitaine Derek Warsofsky (six à huit semaines d'arrêt) ne force la décision, on se demandait si ce dernier étranger serait utilisé dans ces lignes arrières - où il y avait déjà six cadres trentenaires - ou dans les cages, où l'ex-international Dennis Endras peine à retrouver son niveau depuis sa blessure en octobre dernier. Le duo de gardiens reste donc inchangé, avec le fidèle natif de la ville Markus Keller. Kreutzer tient aussi à l'identification locale. Alexander Oblinger a débuté à Augsbourg à 3 ans et avait quitté le club à 13 ans : le vétéran de 34 ans de DEL a signé une semaine avant la reprise de l'entraînement. Mais avec les deux joueurs les plus âgés de la ligue (Endras et le naturalisé présent depuis douze ans TJ Trevelyan), l'équipe souabe vieillissante a-t-elle encore le jus et la patience pour le combat du maintien ? Pour ne rien arranger, le meilleur jeune Justin Volek, qui devait occuper une place fixe dans le quota U23, s'est blessé à l'épaule pour de longs mois lors du premier match de pré-saison...
Large vainqueur de la saison régulière la saison dernière, Kassel ne veut plus vivre la même désillusion. Les Huskies présentent maintenant cinq joueurs d'expérience en défense avec le renfort d'Andrew Bodnarchuk, et accueillent enfin le buteur tirant de la droite Yannik Valenti qui est le fils d'une légende du club. Ils ont battu 3 adversaires de DEL sur 4 en pré-saison... mais ont perdu 2 fois sur 3 contre leurs confrères de DEL2. Encore une fois, il ne faudra pas mettre la charrue avant les bœufs ! Krefeld vise aussi la promotion et a même un grand projet à horizon 2026 : 2 nouvelles patinoires dans le cadre d'un projet urbain de 90 millions d'euros en partenariat public-privé qui comprendra un centre sportif, un centre de santé, 200 logements et une résidence sénior. Leur consommation énergétique sera réduite de 85% et la surface des deux glaces sera de 60 mètres sur 26 (au lieu de 60x30) afin de réduire les coûts tout en restant compatibles avec le règlement IIHF. Les Pinguine ont un vrai numéro 1 dans les cages avec Felix Bick, mais ils ont subi le départ impromptu du meilleur marqueur de DEL2 Marcel Müller qui avait une clause de sortie vers la DEL et s'est décidé en cinq jours après avoir reçu un appel de Straubing.
Les deux finalistes que leur infrastructure n'autorise pas à monter pourraient encore jouer les trouble-fête. Le champion Ravensburg a conservé le même noyau mais a un nouveau gardien titulaire, Ilya Sharipov. Ce sera plus dur pour le vice-champion Bad Nauheim qui a son portier et joueur-clé Bick (vers Krefeld) mais les jeunes gardiens Niklas Lunemann et Maximilian Meier seront entraînés par... Danny aus den Birken, qui a accepté ce poste la veille du début de saison puisqu'il n'avait pas retrouvé de club. Les deux jeunes portiers avaient été soutenus en pré-saison par des supporters encore euphoriques : les Rote Teufel ont vendu presque 2000 abonnements (le chiffre a plus que doublé en trois ans) alors que l'affluence moyenne totale n'était que de 2449 personnes la saison passée !
C'est Landshut qui est le plus régulièrement cité parmi les favoris. Le club bavarois ne peut pas éternellement enchaîner les crises. Mais le poste de gardien est-il une bombe à retardement ? Engagé il y a un an pour finir sa carrière dans sa ville natale, Sebastian Vogl avait souvent flanché. L'EVL l'avait de nouveau programmé en numéro 1... mais lui a finalement mis un concurrent entre les pattes - en barrant encore les jeunes et en provoquant le départ de l'international junior Pertuch - quand l'exclusion de Bayreuth (voir paragraphe suivant) a libéré Jonas Langmann. Personne ne croit à une remontée de Bietigheim-Bissingen : après leur descente, les Steelers n'ont conservé que cinq joueurs... dont le malheureux pilier défensif qui vient de se "faire" les ligaments croisés. Ils bénéficieront toutefois du prêt des jeunes de Mannheim, en remplacement du grand rival Heilbronn qui se sent trahi par son partenaire de toujours, comme un second coup de poignard après la relégation en Oberliga. Dresde ? La plus grande ville de DEL 2 - une métropole de plus de 500 000 habitants - semble retombée dans l'oubli. Un recrutement limité et cinq défaites en préparation (avant un succès contre Bayreuth tombé en division inférieure) ne font pas croire que cette équipe apparemment sans grands leaders puisse jouer la carte de la promotion. Corey Neilson, l'assistant-coach de la Grande-Bretagne, avait pourtant déclaré que c'était l'équipe en meilleure condition physique qu'il n'ait jamais eue.
On l'a déjà suggéré, le dossier de Bayreuth a été recalé par la DEL2 : sa saison passée à la dernière place alors qu'il avait investi comme jamais dans l'effectif aura été fatal aux finances des Tigers, même s'ils se sont sauvés en barrage de relégation, car les recettes aux guichets ont chuté pendant que les dépenses explosaient. Le club s'est alors séparé de ses étrangers aux contrats longs et chers, mais la ligue a fait savoir qu'elle ne réétudierait pas un dossier totalement différent, par équité avec les autres clubs validés à temps. Le président Matthias Wendel a donc retiré son appel pour économiser des frais juridiques inutiles, la fédération ayant accepté qu'il soit rétrogradé en Oberliga sans repartir du bas de l'échelle. Wendel dit avoir été "aveuglé" par les CV de ses recrues et avoir engagé trop tard un directeur sportif pour l'aider. Il sera donc toujours aux commandes, même s'il a perdu un peu de crédit auprès des supporters. Ceux-ci lui ont toujours fait confiance car ils savent que le club ne tient que par lui depuis des années.
L'absence de Bayreuth arrange bien tout le monde car elle permet d'avoir un nombre pair d'équipes (14) et un calendrier avec moins de matches en semaine. Après la DEL, cela aurait dû être au tour de la DEL2 de se jouer à 15 cette saison, et les deux relégations - une directe et une après barrages - avaient de quoi faire peur. Il n'y aura qu'une descente... mais la ligue a inventé une formule inédite pour que la saison régulière ait quand même plus de poids ! Les barrages de relégation se joueront au meilleur des six manches et l'équipe la mieux classée n'aura besoin que 3 victoires, contre 4 à sa concurrente. Face au dernier, le onzième sera même qualifié après seulement 2 victoires ! Cela rendra bien plus difficile les miracles printaniers des équipes larguées qui se sauvent en barrages (Selb en 2022, Bayreuth en 2023).
Personne n'envisage vraiment de descendre. Kaufbeuren s'est habitué au haut du tableau et regarde de l'avant à l'instar de son nouveau défenseur ultra-offensif, et très rapide sur les premières foulées, Jamal Watson Weißwasser se montre prudent et vise toujours le maintien précoce (via une qualification en play-offs) mais a signé un recrutement remarqué. Celui-ci dépendait toutefois de l'obtention de passeports allemands pour deux renforts importants en plus des quatre étrangers : le nouveau défenseur numéro 1 Sam Ruopp l'a obtenu juste avant le début du championnat, mais pas Samuel Dove-McFalls dont la mère est allemande et dont le père a reçu la Bundesverdienstkreuz - la médaille honorifique du pays - pour ses recherches sur l'histoire de l'Allemagne, recherches pour lesquels la famille a passé une saison à Berlin (Samuel y était en sports-études au lycée Coubertin). Le passeport du Montréalais semblait le plus évident, mais il manque encore des actes de naissance au dossier administratif.
Le bas du tableau s'annonce très disputé car les derniers promus en date se sont tous renforcés. À Selb, l'arrivée du vétéran Frank Hördler n'est pas le seul exemple du retour des enfants du pays. Le plus jeune Maximilian Gläßl (26 ans), formé au club, a en effet signé pour cinq ans. Regensburg semble clairement amélioré avec Andrew Yogan qui a écumé les championnats d'Europe centrale (1 titre en Slovaquie au passage) et dont l'arrivée en Allemagne est logique car sa compagne est originaire de la région d'Augsbourg : le robuste attaquant a inscrit 11 points en 6 matches de présaison. Le néo-promu Rosenheim ne vit pas que son passé : il a dépassé 1600 abonnements et presque toutes les places assises déjà vendues. Ses trois attaquants de première ligne (Tyler McNeely - C.J. Stretch - Norman Hauner) ont tous déjà été champions en DEL avec Bietigheim !
Faut-il y voir un danger pour des pensionnaires de longue date de deuxième division ? Crimmitschau n'est pas en reste et a plus de talent offensif avec le centre suédois de 28 ans Tobias Lindberg (qui a fait des apparitions en NHL pour Toronto mais n'a jamais réussi à jouer en élite dans son pays !) mais Oleg Shilin - qui n'a pas convaincu de sa stature DEL à Cologne - devra prouver qu'il a la carrure d'un numéro 1. Fribourg-en-Brisgau a accédé aux play-offs ces quatre dernières années, mais la concurrence semble tellement forte qu'il faudra plutôt se préparer à lutter pour le maintien malgré l'effort sur la profondeur de banc. La mission est risquée pour le nouvel entraîneur Timo Saarikoski, qui avait dirigé Chamonix pendant deux saisons avant deux années comme adjoint à Kosice. Le Finlandais compte sur son système de courtes passes rapides.
L'Oberliga est de plus en plus un championnat à deux vitesses. Les deux favoris, Weiden au sud et les Scorpions de Hanovre au nord, investissent beaucoup pour monter. Mais parfois les investissements ne sont pas rentabilisés. L'organisation du derby de Hanovre qui devait se faire en plein air dans un concept "la musique rencontre le hockey sur glace" a été annulée car seulement 5 000 des 35 000 places avaient été vendues pour ce concert+match.
Dans le même temps, plusieurs clubs bavarois (Deggendorf, Peiting, Riessersee, Memmingen) ont annoncé des bilans financiers qui les obligent à la prudence. Ils ne vont pas se laisser aller à la surenchère des deux favoris. Le SC Riessersee en particulier, qui avait coché la saison de son centenaire pour remonter (le club de Garmisch a été fondé en décembre 1923), a remisé son projet au placard à cause de l'inflation et n'utilise que deux des trois places d'étrangers. Si les relégués mettent généralement beaucoup de temps avant de digérer leur descente, à l'instar de Bad Tölz qui avait accroché difficilement les play-offs et a encore baissé son budget, c'est peut-être une chance pour Heilbronn (qui n'a gardé que deux joueurs-cadres, Corey Mapes et Frederik Cabana) ou Bayreuth (avec un effectif qui s'est beaucoup réduit quantitativement pendant l'été) de figurer de suite dans le haut du tableau.
Marc Branchu