Finlande 2023 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2022)

 

C'est une "excellente année" pour la Liiga à l'issue de la saison 2022-23, des mots venant de la PDG Kati Kivimäki... qui ne sera restée en poste qu'un an. Intronisée en janvier 2022, prenant réellement ses fonctions quelques mois plus tard, Kivimäki a finalement démissionné, constatant d'elle-même qu'il était préférable de s'orienter vers quelqu'un qui a davantage de connaissances du milieu sportif. Kati Kivimäki avait dernièrement géré une chaîne de magasins, sa nouvelle carrière aura été de courte durée.

Si Kivimäki et son successeur Mikko Pulkkinen s'accordent à dire que la Liiga ressort d'une grande saison, tournant la page définitivement du covid et ses désagréments, certaines interrogations persistent. C'est le cas par exemple du rythme des matchs remis dernièrement sur le tapis, 60 au total en saison régulière (dans le haut de la fourchette européenne) et de la trop courte transition entre la fin de saison et le début des playoffs.

Autre sujet épineux, largement évoqué durant toute la saison : l'éventuel retour des Jokerit. Le club finlandais de la KHL avait quitté le circuit russe dès le début du conflit en Ukraine. Une réflexion a été menée pour un retour en Liiga, mais les clubs de l'élite ont exprimé leur refus, "un club de plus, et donc moins à partager". Ces clubs, qui ont partagé leur avis de manière anonyme au mois de janvier, n'ont certainement pas oublié le départ controversé des Jokers en 2013 pour la grande ligue russe, une véritable onde de choc. Les dirigeants de Liiga sont particulièrement méfiants vis-à-vis d'une organisation qui avait résilié le "pacte" il y a dix ans, et dont le nouveau projet est entre les mains du fils de Harry Harkimo qui avait à l'époque vendu aux Russes.

Le projet mené par Joel Harkimo a finalement éclipsé celui porté par Teemu Selänne et la société Naurava Narri oy. Ce projet est devenu rapidement plus consistant et a permis de rassurer tout le monde au fil des mois. Oubliée l'exportation dans un championnat paneuropéen, retour aux sources et au renforcement du lien avec la Finlande. D'ailleurs, toutes les personnes ayant eu un lien avec l'aventure KHL ne sont plus impliquées dans l'organisation. Le nouveau groupe d'investisseurs autour de Mikko Saarni comprend les joueurs NHL Teuvo Teräväinen et Esa Lindell. La fédération finlandaise a finalement accordé une licence Mestis en mai aux Jokerit, qui visent une place parmi le top 3, et Antti-Jussi Niemi (plus de 500 matchs de Liiga, tous avec Jokerit) a été nommé PDG en juin. Dans un premier temps, les Jokerit n'étaient pas les bienvenus dans l'historique arène Helsingin jäähälli, mais il semble que le nouveau projet ait finalement convaincu (presque) tout le monde. Le concurrent Teemu Selänne a d'ailleurs souhaité bonne continuation aux artisans de cette résurrection des jokers.

 

Tappara Tampere (1er) : un grand d'Europe

Tappara sort d'une année exceptionnelle, couronné champion de Finlande en Liiga et champion d'Europe en Champions Hockey League, à tel point que certains observateurs jugent cette équipe comme l'une des meilleures de l'histoire du championnat finlandais. L'équipe avait reçu 712 500 euros d'indemnités de transferts NHL qui ont été réinvesties dans de fortes recrues. Certes les débuts ont été brouillons, avec six défaites lors des dix premiers matchs, l'infirmerie de la "hache" de Tampere renfermant en début de saison le capitaine Otto Rauhala et le gardien numéro 1 Christian Heljanko. Des problèmes d'acclimatation ont également été constatés, notamment de la part de Jori Lehterä. Le centre de 35 ans est revenu au club douze ans après, mais après un temps d'adaptation, il a eu un impact phénoménal, avec un point par match en Liiga et en CHL, puis 17 points en playoffs. À son arrivée, Lehterä n'avait qu'une seule ambition, le titre, sa détermination a permis de pousser tout un groupe pour le réaliser.

Valtteri Kemiläinen, Maksim Matushkin et Mikael Seppälä ont mené une défense de fer. Anton Levtchi, Waltteri Merelä, Niko Ojamäki et Veli-Matti Savinainen ont offert une puissance de feu redoutable, en plus de Lehterä. La bataille de Tampere était à son summum, Tappara battant Ilves lors de l'avant-dernière journée pour s'adjuger la saison régulière avec 116 points, soit deux points d'avance sur ses rivaux et redoutables Lynx. En playoffs, Tappara a dominé de la tête et des épaules ce championnat, ne perdant que deux rencontres dont une en finale contre les Pelicans. Deux titres nationaux consécutifs, en plus de celui en CHL, la performance est remarquable pour l'entraîneur en chef Jussi Tapola... qui avait déjà réussi ce tour de force, puisqu'il était déjà derrière le banc de Tappara pour les deux titres consécutifs en 2016 et 2017. Tapola avait prévenu qu'il s'agirait de sa dernière saison avec le club, sans donner d'indice sur sa destination. Berne peut se frotter les mains en ayant mis finalement le grappin sur le technicien de 48 ans. Lourde tâche néanmoins pour son successeur Rikard Grönborg, rare entraîneur étranger à rejoindre la Liiga, le dernier étant Glen Hanlon en 2008-09.

 

Pelicans Lahti (2e) : un beau marathon stoppé par le favori

C'est la belle histoire de cette saison 2022-23 en Liiga : le parcours des Pélicans de Lahti. Car s'ils ne partaient pas favoris, loin de là puisqu'ils étaient classés neuvièmes en 2022, ils ont non seulement surpris leur monde, mais ils ont aussi fait preuve d'une incroyable régularité du début à la fin. Et dire que le club de Lahti avait connu un vrai coup dur dès le début de saison lorsque Jonas Enlund, l'un de leurs joueurs phares, s'était gravement blessé au genou après deux matchs, sa saison était alors terminée. Pas de quoi déplumer des Pélicans qui ont fait preuve d'une belle force de caractère, deuxièmes de Liiga après 20 matchs.

Le jeune entraîneur Tommi Niemelä (39 ans), qui a pris l'équipe en avant-dernière position à son arrivée il y a trois ans, avait déclenché des sourires en coin quand il avait dit viser le titre en début de saison. Aujourd'hui, l'équipe de Lahti - ville volontiers progressiste et peu conventionnelle - est prise au sérieux. Le club au maillot turquoise et noir a récolté à la fois les fruits de son recrutement et de son travail de formation, qui a produit neuf des joueurs de l'effectif. Tommi Niemelä a mis l'accent sur une pression en continu, au centre du système de jeu, avec ce souhait qu'il n'a pas caché : "être la meilleure équipe de Finlande en matière d'échec-avant". Un souhait qui s'est réalisé et qui a rapidement fait des Pélicans une équipe redoutable.

À l'arrivée, un parcours presque parfait, quatrième de saison régulière puis finaliste, après avoir déjoué KalPa puis l'autre favori avec Tappara, Ilves. Le retour à l'automne de Topias Vilén (20 ans), après avoir été convié au camp des recrues des New Jersey Devils, a fait un bien fou en défense où il a pris une autre dimension. Cela lui a permis de jouer une saison de plus avec son frère, Elias Vilén (22 ans), qui a explosé en offensive, tout comme Aatu Jämsen. Plusieurs jeunes talents du vivier de Lahti ont confirmé, et quelques bonnes pioches s'y sont greffées. C'est le cas de l'ailier américain Tyler Kelleher, remercié par Tappara après seulement 3 points en 12 matchs, mais qui en a inscrit 26 avec les Pélicans. Avec un bon duo de gardiens Jasper Patrikainen / Patrik Bartošák, l'équipe de Lahti a réalisé un beau marathon mais n'a pu surprendre Tappara, plus expérimenté et rompu aux grands évènements.

 

Tampereen Ilves (3e) : de nouveau en bronze

Dans sa belle Nokia Arena, l'Ilves de Tampere a désormais à cśur d'enrichir un important palmarès, mais dont le dernier titre remonte à 1985. Et lors de cette saison 2022-23, Ilves a réalisé le meilleur bilan en saison régulière en l'espace de trente ans : 116 points et deuxième au classement, derrière le rival Tappara. Fait étonnant, l'entraîneur en place, Jouko Myrrä, a été démis de ses fonctions le 5 octobre, soit trois semaines seulement après le début de Liiga, alors que les Lynx étaient en première position. Si cette décision peut paraître surprenante (Myrrä venait d'être élu entraîneur du mois par le réseau Cmore !), les mauvaises performances en CHL et l'impression que, selon le staff, ses fonctions étaient incompatibles avec la durabilité du projet, ont eu raison de lui. Myrrä - qui en était à sa 14e saison au sein du club - a été remplacé par Antti Pennanen, entraîneur de la sélection U20, bien aidé par l'adjoint Raimo Helminen qui effectuait un retour dans l'organisation. On peut toutefois penser que le club des Lynx s'est précipité pour embaucher le convoité Pennanen, qui aurait rapidement pris le chemin de la Liiga (et probablement TPS).

L'équipe a ainsi connu une forte cadence avec le duo Pennanen / Helminen à sa tête. Marek Langhamer a été le meilleur gardien de Liiga, 92,4% d'arrêts et un record d'équipe avec 8 blanchissages. L'Américain Les Lancaster a lui établi un record d'équipe de points pour un défenseur, 47 points. Le Tchèque Dominik Mašín et le Suédois Leo Lööf ont démontré qu'ils avaient tout du défenseur par excellence. Tommi Tikka a été une excellente acquisition à l'aile, tandis que le trio Aku Räty - Petri Kontiola - Henrik Haapala s'est montré particulièrement redoutable. Les regards étaient d'ailleurs rivés sur la dernière danse de Kontiola, 38 ans et 51 points, soit la deuxième performance de sa carrière. Une performance remarquable pour cette véritable icône du hockey finlandais alors qu'il avait annoncé qu'il s'agirait de sa dernière saison... sauf si "un cheikh d'Arabie Saoudite" lui proposait une somme colossale pour rempiler. Malheureusement, un fan vêtu comme un émir en fin de saison ne l'a pas convaincu. Kontiola et un autre futur retraité, Jarno Koskiranta, n'ont pu toutefois mener leurs coéquipiers en finale, défaits en demi par une équipe de Lahti plus réfléchie, avec davantage de force mentale et mieux organisée. Les Lynx ont néanmoins obtenu une deuxième médaille de bronze consécutive, mais l'équipe qui jouit d'une aura puissante en Finlande sera attendue au tournant pour la saison à venir.

 

IFK Helsinki (4e) : le (presque) conte de fées

Cinquième en 2022, HIFK n'avait pas connu de bouleversement avec seulement quelques ajouts. Le leadership semblait une force avec plusieurs leaders capables d'encadrer l'équipe. Mais les débuts de la saison 2022-23 ont été catastrophiques, le club de la capitale pointait, le 28 octobre, à la dernière place de Liiga après 16 journées. HIFK n'a jamais été lanterne rouge aussi tard dans la saison. Une inefficacité offensive, en particulier de la part de Julius Nättinen, Iiro Pakarinen, Juha Jääskä et Otto Pajanen, et un gardien, Niilo Halonen, qui n'a pas répondu aux attentes, ont totalement anesthésié une équipe pourtant favorite du championnat.

Mais à la mi-décembre, l'IFK Helsinki a entamé un réveil spectaculaire. De l'aveu des spécialistes, il semble que la participation à la Coupe Spengler, même sans gagner le précieux trophée, ait permis de solidifier le groupe et de lui redonner confiance. En deuxième moitié de saison, les joueurs entraînés par l'icône Ville Peltonen ont été méconnaissables : une incroyable remontée dans le top 6, 19 victoires, 11 défaites mais 6 intervenues après les 60 minutes. Personne ne s'attendait à ce que Roope Taponen s'empare du poste de titulaire, il avait joué le plus clair de son temps en Mestis ces trois dernières années, mais sa solidité a permis de donner une chance à chaque match à son équipe. Le jeu défensif, dominé par Ilari Melart, Otso Rantakari et le Norvégien Christian Kåsastul, a été plus efficace, et l'attaque a enfin gagné en productivité, en particulier grâce à Eetu Koivistoinen, Kristian Vesalainen ainsi que Juha Jääskä, un joueur qui a finalement percé tardivement. HIFK (6e) a confirmé cette remontée fantastique en quart de finale en déjouant Lukko (3e) en six manches. Ce scénario Cendrillon, pour le 125e anniversaire de l'organisation, s'est toutefois achevé en demi-finale face au futur champion Tappara, qui n'a pas été pris par l'effet de surprise, HIFK cédant ensuite la médaille de bronze à Ilves.

 

Rauman Lukko (5e) : chute en fin de saison

Sur les bases de son couronnement en 2021, Lukko entendait bien revenir au sommet. Les fans y ont longtemps cru avec une équipe qui est restée en tête durant quasiment toute la saison. Le club de Rauma est resté leader jusqu'aux derniers matchs de la saison, les deux clubs de Tampere, Tappara et Ilves, passant devant avant la fin de la saison régulière. Le gardien russe Artyom Zagidulin a été particulièrement impressionnant pour sa première (et probablement seule car reparti en Russie) saison complète avec Lukko. Zagidulin avait déjà réalisé 4 blanchissages à la mi-octobre, 7 au total et un pourcentage d'arrêts de 92% sur la saison.

Un autre joueur qui a eu une grande influence sur le jeu : le défenseur Thomas Grégoire, impressionnant de facilité. Le jeune Québécois disputait sa troisième saison consécutive - sa dernière aussi avec Lukko - et ce fut sa meilleure avec un pointage de 44 points. Grégoire était peut-être le meilleur défenseur de la saison en Liiga, et probablement le joueur le plus important pour Lukko. Un vrai symbole de la réussite (en saison régulière) du système du coach Marko Virtanen dans lequel les défenseurs prennent une place prépondérante dans le soutien offensif.

Un gardien solide, Lukko détenait une défense aussi consciencieuse que productive avec Grégoire mais aussi Tarmo Reunanen et Niclas Almari. En revanche en attaque, certaines cartes n'ont pas donné satisfaction. Andrei Hakulinen, deuxième meilleur marqueur de l'équipe derrière Grégoire, a été le plus incisif, à tel point qu'il a été convoqué en équipe nationale. Une sélection lourde de conséquence puisque le métronome de Rauma s'est blessé à la main. Une blessure qui a précédé un ralentissement de l'équipe qui s'est accentué au fil de la saison. La "serrure" de Rauma a perdu 6 de ses 8 derniers matchs en saison régulière. Déjà contrarié par le covid la saison précédente, Lukko a subi une nouvelle vague avant les playoffs. Le style de jeu initié par Virtanen a été décrit comme très exigeant, et bon nombre de joueurs ont baissé de régime en playoffs. Manque d'efficacité et de punch, et la confiance en moins, Lukko s'est fait sortir dès les quarts de finale par HIFK.

 

Kalevan Pallo (6e) : un match 3 lourd de conséquences

Victime d'une incroyable défaillance en fin de saison 2021-22, KalPa était complètement passé à côté, onzième, malgré des statistiques avancées qui plaçaient l'équipe de Kuopio bien plus haut, sixième. Un indicateur pris très au sérieux par l'organisation, l'équipe se devait donc de rectifier le tir. Tommi Miettinen a réalisé sa quatrième et dernière saison derrière le banc (avant de rejoindre TPS), et il est arrivé à un point où son équipe est parvenue à produire un jeu haut de gamme sous ses ordres. Si l'équipe a connu un coup d'arrêt en décembre (8 défaites en 9 matchs), elle a su rebondir pour accrocher la cinquième place.

En playoffs, un duel serré s'est joué face aux Pelicans de Lahti. KalPa semblait avoir frappé très fort au match 6 en égalisant à 3-3 dans la série avec une nette victoire 5-1. Mais ce sont les Pélicans qui sont ressortis vainqueurs du match 7. KalPa a probablement nourri beaucoup de regrets au match 7, mais probablement pas autant qu'au match 3 : le Kalevan Pallo menait 1-0 durant cette rencontre, avant d'encaisser deux buts dans les 62 dernières secondes...

Ce fameux match 3 était d'autant plus douloureux que, sur l'égalisation en fin de match de Tyler Kelleher, le gardien numéro 1 de KalPa, Juha Jatkola, s'était blessé dans la mêlée, out jusqu'à la fin des playoffs. Un énorme coup dur dans cette série serrée face aux Pélicans, le joker Robin Rahm ne parvenant pas à mener son équipe vers les demi-finales. Il faut avouer que le vice-champion du monde junior Juha Jatkola s'était particulièrement bien débrouillé devant le but, mettant rapidement sur la touche le Tchèque Matej Machovský. Il a été l'une des grandes surprises de la Liiga. Le centre Jaakko Rissanen réalisait lui sa meilleure saison avec 50 points mais, comme ses coéquipiers, il a éprouvé beaucoup de difficultés en quart de finale contre Lahti. Le défenseur français Hugo Gallet a gardé une place régulière dans la brigade défensive, même si la saison de la confirmation a été parfois difficile, et son jeu physique lui a parfois joué des tours, envoyé en conseil de discipline en novembre, et une dangereuse mise en échec en playoffs aurait pu l'y envoyer de nouveau. KalPa misait sur un groupe déjà façonné auquel il n'a pas manqué grand-chose pour accéder au dernier carré.

 

Porin Ässät (7e) : un nouveau départ pour les As

La nouvelle a fait surface peu de temps après la fin du Mondial : la signature de Dylan Fabre, l'un des grands espoirs du hockey français, aux Ässät. Un choix intéressant pour la pépite grenobloise, l'équipe de la ville portuaire de Pori a le vent en poupe, relevant la tête en 2023 après des années de résultats médiocres. Pour la première fois en cinq ans, les As ont rejoint les playoffs, écartant TPS en play-in, même si Ilves constituait un trop gros morceau en quart de finale. Avec le duo Janne Vuorinen (manager sportif) / Karri Kivi (entraîneur) qui a connu sa première saison complète à la barre - même s'il s'agissait d'un retour à Pori dans le cas de Kivi - les Ässät ont réalisé la saison d'un nouveau départ.

Alors que l'affluence à l'arena Isomäki était un point noir, la ferveur retrouvée laisse à penser que les supporteurs ont de nouveau foi en leur équipe après des années noires. Et il semble que la page soit définitivement tournée. Le mois d'octobre, au cours duquel l'équipe avait toutes les peines du monde à marquer un but, a été vite oublié, les bons résultats se confirmant par la suite. Le gardien suédois Niklas Rubin a été remarquable devant le but, avec le deuxième meilleur pourcentage d'arrêts de Liiga. Sa blessure en fin de saison a malheureusement apporté un arrière goût de frustration. Les défenseurs Nikolas Matinpalo (24 ans) et Valtteri Virret (19 ans), et l'attaquant Lenni Hämeenaho (18 ans) ont été de vraies révélations. À 34 ans, Roope Talaja a fini, de manière inattendue, meilleur marqueur de l'équipe avec ses 31 points. Enfin, le nouveau capitaine Jesse Joensuu, connu pour ne pas être un pur sniper justement, a su montrer l'exemple par son jeu physique, sa constance dans l'effort et un leadership justement recherché depuis longtemps. Voilà de bonnes bases pour encore progresser, c'est un environnement que l'on souhaite au jeune bleu Dylan Fabre.

 

KooKoo Kouvola (8e) : montée en puissance

Encore une année en playoffs pour le petit club de Kouvola, au sud-est du pays. Cela avait pourtant bien mal débuté pour KooKoo, de septembre à décembre les playoffs semblaient inatteignables, les défaites se sont enchaînées et le jeu en unités spéciales était particulièrement catastrophique. Mais le rendement s'est amélioré au début de l'année 2023, deux dernières victoires en saison régulière, obtenues avec panache contre SaiPa et TPS, ont permis l'accession au play-in. Et face aux Kärpät - au budget bien supérieur - KooKoo a remporté la série en trois manches, dont un dernier succès 5-0. Le parcours s'est arrêté en quart de finale face au futur champion Tappara. Un résultat honorable pour une équipe qui poursuit sa progression

Le staff a eu beaucoup de mérite après avoir pu assurer un renouvellement qui s'annonçait périlleux après la perte de joueurs clefs. Cela a finalement nécessité plusieurs mois pour que les pièces s'imbriquent, finalement avec réussite. Le pilier en défense Ari Gröndahl, les Suédois Linus Andersson, Axel Ottosson et Emil Molin ont grandement donné satisfaction. Les blessures de côté, le trio suédois a d'ailleurs montré sa vraie valeur dans une fin de saison convaincante. Mais s'il est un joueur qui n'a cessé d'impressionner, c'est Heikki Liedes. Ancien capitaine à Lukko, KooKoo avait recruté ce gratteur en 2021. Mais à Kouvola, il a pris une autre dimension. Pour la deuxième année, Liedes a été le moteur de KooKoo, dans les temps durs comme dans les temps forts, meilleur marqueur de l'équipe avec 39 points et 5 points en 7 matchs de playoffs, un capitaine exemplaire capable de jouer au centre comme sur l'aile, précieux sur les unités spéciales, et vrai bourreau de travail apprécié de tous. Le champion Tappara, sitôt couronné, ne s'y est pas trompé en le recrutant pour la saison prochaine.

 

Oulun Kärpät (9e) : un budget ne fait pas le succès

Il fut un temps où Kärpät était un modèle d'organisation, un assemblage minutieux et réfléchi de chaque pièce d'un puzzle. Mais cela fait désormais trois ans que les "hermines" d'Oulu pataugent, ne faisant que de la figuration en playoffs. Un comble pour un énorme budget de Liiga, trois millions d'euros alloués pour la seule masse salariale, dont une partie consacrée à d'anciennes stars de la KHL, notamment l'icône Marko Anttila. Une équipe aux grands moyens mais incapable d'en faire un usage raisonné, voilà une bien mauvaise voie qu'a empruntée le club aux portes du cercle polaire. Pointé du doigt pour être au centre de cette politique qui ne peut mener qu'à une impasse, le directeur sportif Harri Aho a fait les frais de ces mauvais résultats, "l'entraîneur star" Lauri Marjamäki, lui aussi critiqué, étant conservé.

De l'avis des journalistes, Kärpät était désigné comme le grand favori du championnat, avec Tappara. La saison avait plutôt bien débuté mais tout a déraillé à l'approche de l'hiver, et le sol s'est littéralement effondré en fin de saison. Kärpät a perdu les quatre derniers matchs de la saison régulière, dont une giffle 2-6 face aux Jukurit. Un avertissement pour les play-in, et le bateau a finalement chaviré face au challenger KooKoo, dont une dernière manche aux allures de leçon 0-5. Des résultats incompréhensibles, dénoncés par des supporteurs qui ont perdu patience, avec notamment un tifo rappelant le budget faramineux. Il s'avère que peu de joueurs ont finalement tenu leur rang. Dans ce chaos, le jeune Leevi Meriläinen, rare rayonnement dans cette équipe, a réalisé d'excellentes performances devant le but, écartant le prétendu numéro 1 Joel Blomqvist. Tout comme Blomqvist, le capitaine Atte Ohtamaa et le centre numéro 1 Joonas Kemppainen, supposés avoir un rôle très important, n'ont absolument pas convaincu. Meriläinen, le géant exemplaire Marko Anttila et l'artilleur Teemu Turunen, qui avait retrouvé malgré tout ses sensations, devaient se sentir bien seuls.

 

Turun Palloseura (10e) : éjecté de la course au titre

Après deux médailles d'argent consécutives en 2021 et 2022, l'or était attendu pour TPS, histoire de fêter dignement le centenaire de l'organisation. Mais a contrario, c'est une déception qu'a connu le grand club de Turku, c'est peu de le dire, ne terminant que 9e en saison régulière et se qualifiant donc péniblement pour les séries. Et en play-in, TPS a perdu les deux manches (sur le même score 2-1) fatales, l'excluant rapidement des playoffs. Les ambitions ont donc vite été étouffées, et le contrat de Jussi Ahokas rompu. Le meilleur entraîneur de Liiga en 2020 voit donc son projet se stopper net, il a été démis de ses fonctions peu de temps après l'élimination.

Quelques mois avant, TPS s'était séparé d'Anthony Rech. L'attaquant de l'équipe de France a connu une saison grand 8, d'abord impressionnant avec 4 buts à ses 5 premiers matchs, puis 6 réalisations dès le 1er octobre. "Toto" Rech était diablement efficace sur la glace à ses débuts en Liiga, et il était devenu le chouchou du public. Un surnom lui avait d'ailleurs été attribué par les habitués de la HK-Areena : "Pariisin leipuri", littéralement le boulanger de Paris. Malheureusement ensuite, cela n'a plus marcher à la baguette, le rendement a ralenti brutalement jusqu'à atteindre une seule assistance à ses 15 derniers matchs, ce qui lui a valu une rupture du contrat le 3 janvier. Les déceptions ont été plus fortes pour d'autres joueurs étrangers, les Canadiens Michael Dal Colle et Scott Kosmachuk, le Suédois Martin Johansson et le Slovaque Pavol Skalický, censés occuper le premier plan. Même ceux qui ont le plus performé ont connu une baisse de régime à un moment ou un autre, à quelques exceptions près. Le gardien Lassi Lehtinen (24 ans) et le défenseur Valtteri Pulli (22 ans) ont été particulièrement étincelants, une sacrée performance dans une équipe qui a manqué d'abnégation et de tranchant.

 

Mikkelin Jukurit (11e) : chute au Nouvel An

Loué pour ses qualités d'entraîneur (élu meilleur coach de Liiga en 2022), on pensait qu'Olli Jokinen allait mener son équipe aux playoffs pour la deuxième année de suite. Pour beaucoup, cela ne laissait d'ailleurs aucun doute fin décembre après des performances remarquables. Les Jukurit étaient la deuxième meilleure équipe à avoir obtenu le plus de points en décembre, à un point de Lukko, avec 7 victoires en 11 matchs. La formation de Mikkeli semblait avoir définitivement quitté le fond du classement pour jouer les playoffs, et cela laissait naître de fortes ambitions. Mais l'équipe a ensuite perdu le fil en début d'année, se faisant dépasser dans la dernière montée. Les Jukurit ont alors joué leur place en playoffs en fin de saison face à Tappara le 3 mars, ils ont mené 3-2 à dix minutes de la fin... avant d'encaisser deux buts à cinq minutes de la fin. Une défaite ô combien frustrante qui a hypothéqué leurs chances... alors que les joueurs de Mikkeli ont gagné les trois suivants, les trois derniers de la saison !

Le gardien Frans Tuohimaa a connu de bonnes performances en automne jusqu'à la fin de l'année 2022 avant de connaître plus de difficultés, il était d'ailleurs mécontent de sa place dans l'équipe, la faute à la concurrence de Markus Ruusu. Les rares satisfactions ont été le capitaine Juhamatti Aaltonen, qui a semblé rajeunir de quelques années par moment, et trois jeunes attaquants. Patrik Puistola a connu une saison folle de 40 points, ses droits ont été échangés à Edmonton. Niko Huuhtanen a été le débutant de Liiga le plus productif avec 17 buts et 30 points. Enfin, l'Anglais Liam Kirk, qui a connu un temps d'adaptation à son arrivée en janvier, a marqué 19 points en 25 matchs. Il n'empêche que la chute a été terrible pour un club deuxième de la saison régulière en 2022, et classé onzième un an après.

 

Hämeenlinnan Pallokerho (12e) : une saison pas jolie malgré Joly

Pour la deuxième fois ces trois dernières années, HPK n'est pas parvenu à accrocher les playoffs. Finalement, la lumière obtenue par le titre en 2019 n'a été que de courte de durée, le club a aussitôt quitté le devant de la scène. Durant la saison 2022-23, le club de Hämeenlinna avait plutôt connu un bon départ mais les baisses de régime incessantes ont limité les chances. Le dernier match de saison régulière était décisif, il s'est joué face à une force de la Liiga, Ilves, mais HPK ne l'a perdu qu'en prolongation. Pour un petit point de plus, KooKoo a accédé aux play-in. L'exploit n'était pas loin, mais le bilan trop défavorable. Le manque de communication de l'entraîneur Jarno Pikkarainen avec les joueurs étrangers a par ailleurs été souligné, en particulier par le jeune espoir norvégien Eskil Wold qui n'a pas hésité à partager aux médias une certaine frustration vis à vis d'un coach peu reconnaissant, et qui accessoirement a besoin d'un interprète pour parler avec ses étrangers.

HPK avait pourtant sous la main le meilleur joueur de l'année : Michael Joly. L'ailier québécois de 28 ans a connu une saison extraordinaire, inscrivant 64 points (25 buts, 39 passes) en 60 matchs. Il n'est devenu que le neuvième joueur étranger dans l'histoire du championnat finlandais à remporter le titre de meilleur marqueur. Joly a été élu meilleur joueur de la saison régulière, et s'est vu décerner le casque d'or remis par l'association des joueurs au joueur de l'année. Une icône est née... et qui déménagera à Lugano après deux saisons en Finlande. L'écart était peut-être trop grand entre Michael Joly à la saison d'exception et le reste de l'équipe, où seules quelques individualités ont pu prendre la relève. Markus Nenonen, Matti Järvinen, Arttu Pelli, un bon duo de gardiens Daniel Lebedeff / Sami Rajaniemi et le retour convaincant de Steve Moses n'ont pas été suffisants.

 

JYP Jyväskylä (13e) : (doux) début d'un nouveau cycle

Avec toujours un grand budget sous la main, JYP a toujours le souhait de jouer les premiers rôles. Mais l'équipe connaît un fort ralentissement depuis plusieurs années, la dernière demi-finale datant de 2018. Et ce fut en 2023 une absence en playoffs pour la troisième saison consécutive. Voilà que le nouveau cycle commence mal. Il avait d'ailleurs un nom, JYP 2025 : tout devait être mis en śuvre pour que l'organisation de Jyväskylä puisse de nouveau jouer le titre en 2025. En poste depuis le printemps 2019, le directeur sportif Mikko Viitanen a reçu son lot de critiques en raison des résultats médiocres ces dernières années.

Le plus frustrant concernant la saison passée, c'est que JYP a obtenu de bons résultats à domicile. En 30 matchs à la maison, l'équipe de Finlande-Centrale a amassé 51 points, ce qui l'aurait qualifié en playoffs sur ce seul critère. Un point positif alors que les affluences (3344 spectateurs de moyenne) ont dépassé les attentes. Mais le rendement général n'a pas fonctionné, en particulier sur la première moitié de saison quand les nouvelles recrues ont peiné à trouver leurs marques. À l'extérieur, JYP n'a pris que 23 points. Seules quelques individualités ont tiré leur épingle du jeu. En provenance de Brynäs, Veini Vehviläinen a réalisé un retour concluant, l'un des meilleurs gardiens de la ligue au vu du contexte catastrophique. Le défenseur Sami Niku (42 points), Reid Gardiner (27 buts) et l'élégant ailier Jerry Turkulainen (54 points, élu meilleur joueur d'octobre) ont réalisé des marques impressionnantes, mais c'était malheureusement insuffisant. On est donc resté sur sa faim, à l'image du super espoir Joakim Kemell, choix du premier tour de Nashville à la draft 2022, qui n'a marqué que 15 points, essentiellement en première moitié de saison.

 

Vaasan Sport (14e) : l'absence de plan

Depuis que Vaasa a rejoint la Liiga en 2014, les Aigles n'ont disputé les play-in que deux fois, et se sont retrouvés en dehors du wagon des playoffs à sept reprises. 14e sur 15 équipes, le bilan 2023 n'est donc, de nouveau, pas bon. L'impression laissée est véritablement qu'il n'y a pas de cohérence au fil des années, pas véritablement de projet à moyen terme. Et même à long terme, car l'équipe première peine à tirer profit des jeunes de l'organisation. Le Vaasan Sport U20 a été médaillé de bronze en 2019, l'équipe senior n'a pu en tirer aucun bénéfice pour l'instant. Peu de joueurs issus de la formation obtiennent une chance en Liiga. Pour un petit budget, ne pas pouvoir miser sur les jeunes locaux et permettre un renouvellement naturel ne fera qu'enliser le club. Surtout que la santé financière est fragile pour l'un des clubs qui a le plus souffert de la crise covid, une levée d'actions de 750 000 euros devra permettre de résorber les pertes.

Vaasa a disposé de quelques bons étrangers, et à forte consonance suédoise. Le défenseur Emil Johansson, les attaquants Jens Lööke, Axel Holmström et Simon Hjalmarsson se sont mis à jouer les premiers rôles de l'équipe. Les trois flèches offensives suédoises étaient d'ailleurs par moment dans le top 5 des meilleurs marqueurs de Liiga. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas seulement été une locomotive, mais souvent le train en entier avec un vrai manque de réservoir. Ces quatre joueurs ont d'ailleurs été cédés en fin de saison (Lööke et Holmström reviendront pour la prochaine saison), Vaasa n'étant pas le dernier à vendre ou prêter ses joueurs pour la fin de saison dans une logique de réduction de coûts. Un procédé critiqué en Finlande, d'autant plus dans le cas du Vaasan Sport... qui avait encore mathématiquement ses chances d'accéder aux playoffs, à douze matchs de la fin de la saison régulière ! Le grand ménage, une dizaine de départs les jours suivant le communiqué du club, a fait des vagues et vu une avalanche de critiques. En particulier envers le président Heikki Hiltunen, homme fort de la Liiga. Avec ce navire qui ne va nulle part, c'est le directeur sportif Markus Jämsä, qui est en poste depuis douze saisons et dont la cote de popularité est au plus bas chez les fans de Vaasa, qui est dans le collimateur.

 

Saimaan Pallo (15e) : des ambitions vite noyées

Malgré trois saisons consécutives sans playoffs, SaiPa cultivait de nouvelles ambitions avec l'arrivée, à l'été 2021, d'un technicien bien connu en Liiga et fraîchement sacré champion de Finlande avec Lukko, Pekka Virta. Le style de jeu exigeant prôné par Virta devait emmener le club de Lappeenranta en séries éliminatoires, mais il a vite été éjecté de son poste d'entraîneur. La faute à un départ catastrophique de SaiPa avec seulement une victoire lors des onze premières rencontres, Virta a été remercié à la mi-octobre. Son successeur Ville Hämäläinen a alors mené illico SaiPa à la victoire, trois succès de rang avec autant de buts marqués que les 11 matchs précédents. Une courte réaction puisque le Saimaan Pallo n'est jamais parvenu à quitter la lanterne rouge. Les jaunes et noirs ont d'ailleurs connu une série noire de 16 revers consécutifs en début d'année 2023, et cette cascade de défaites n'a pas été la meilleure publicité d'un éventuel élargissement de la Liiga, discuté durant la saison.

Le mandat de Jussi Markkanen, PDG de l'organisation depuis 2018, n'a pas été une sinécure, tant sur le plan sportif que financier. À sa décharge, l'ancien gardien vedette a dû également piloter les fonctions de directeur sportif. C'est une tâche à laquelle Markkanen pourra désormais se consacrer à 100% puisqu'un nouveau PDG, Jani Valkeapää, rejoint Lappeenranta. SaiPa a en plus été condamné pour licenciement abusif concernant d'anciens membres du staff, Tero Lehterä, Tuomo Ropo et Kari Martikainen.

La saison 2022-23 a donc été cauchemardesque à tous points de vue. Côté glace, bon nombre de joueurs ont déçu, et seuls les scoreurs Ville Meskanen et Valtteri Ojantakanen, qui ont inscrit un tiers des buts de l'équipe, se sont distingués dans ce naufrage. Malgré tout, même lorsque le navire coule, certains démontrent des qualités exemplaires. Ce fut le cas de Ville Vainikainen, attaquant travailleur promu logiquement capitaine en fin de saison lorsque Jarno Koskiranta est parti finir la saison (et sa carrière) à Ilves.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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