Allemagne 2022/2023 : présentation

 

Au printemps, l'Allemagne s'imaginait volontiers accueillir une flopée des joueurs de talent en provenance de KHL. Il n'en a rien été. La Suisse s'est révélée la destination de premier choix, au moment même de la date d'application de l'augmentation du nombre d'étrangers. Quant aux hockeyeurs nordiques, à choisir, ils préfèrent rentrer chez eux. La DEL reste historiquement très tournée vers les Nord-Américains, mais ceux-ci sont restés nombreux à jouer en Russie malgré la guerre en Ukraine. Et même pour ceux qui s'y refuseraient, la forte hausse du cours du dollar ne les incite pas à jouer en Europe. Au bilan, seuls trois joueurs proviennent de KHL, et les vedettes Nick Bailen et Miks Indrasis constituent l'exception plutôt que la règle. Le flux majeur n'a pas eu lieu là où on le pensait : les immigrés portent une tenue zébrée !

La DEL n'a gardé qu'un seul de ses cinq arbitres professionnels nord-américains, qui étaient souvent au centre de décisions controversées. Quatre arbitres et un juge de ligne arrivent de KHL. La DEL profite ainsi de la situation politique en récupérant les meilleurs arbitres de Lettonie (dont Eduards Odins élu quatre fois meilleur arbitre de KHL) qui ont interdiction de continuer à pratiquer en Russie. L'arbitre international slovaque Martin Frano a lui aussi changé de pays de résidence, mais la surprise est qu'un arbitre russe a fait le même choix ! La retranscription du latin en cyrillique pourrait le masquer, mais le patronyme de Roman Gofman est allemand à l'origine ("Hoffmann"). Sa famille ne parle pas cette langue pour autant, il l'a étudiée à l'école mais ne l'a pas pratiquée depuis. Il dit être parti en DEL pour la découverte, précisant à la presse russe ne pas être un "expatrié politique".

À défaut d'un vent d'Est qui amènerait des stars, la DEL a eu d'autres bonnes nouvelles à annoncer cet été. Elle a prolongé jusqu'en 2028 son contrat avec le sponsor Penny avec un montant doublé (de quoi rapporter 500 000 euros à chaque club une fois la part de la ligue déduite). Le contrat de télédiffusion a lui aussi été augmenté dans les mêmes proportions, avec la même échance longue dans six ans. Des contrats qui rendent une place dans l'élite allemande plus attractive pour chaque club, au moment même où la prolongation/relégation a repris pleinement effet. Les enjeux sportifs n'en seront que plus grands.

 

 

Les clubs de DEL

 

Après deux titres consécutifs, les Eisbären de Berlin peuvent-ils réaliser un nouveau triplé, comme exactement dix ans plus tôt ? Ce serait une performance remarquable, mais c'est loin d'être gagné. Certes, le duo d'ailiers Leo Pföderl - Marcel Noebels est toujours présent pour mener l'offensive. Après l'expérience réussie de Frans Nielsen, venu finir sa carrière dans la capitale allemande, les Berlinois ont recruté un profil similaire : un centre danois très expérimenté et précieux dans le travail défensif, Peter Regin.

En s'étant remis à gagner depuis deux ans, le club est aussi revenu attractif auprès des meilleurs joueurs allemands, ce qui lui a permis de s'attacher les services de Marco Nowak en défense et de Frank Mauer en attaque. Il forme de nouveau de très bons jeunes... mais leur qualité suscite aussi des convoitises. Pour la seconde année consécutive, les ours polaires ont perdu un de leurs joueurs vers la NHL, mais le départ de l'arrière Kai Wissmann chez les Boston Bruins a été plus inattendu que celui de Reichel l'an passé. Pour le remplacer, le club a été obligé de sacrifier déjà sa dixième licence étrangère pour le défenseur canadien à l'excellent patinage Brendan Guhle. 10 étrangers dès début juillet, c'est très inhabituel. Cela obligera à en avoir un en tribune à chaque match, et cela ne laisse plus qu'un joker possible. La capacité de réaction berlinoise en cours de saison sera donc moindre.

L'autre grande différence est le départ chez le principal rival Munich du gardien deux fois champion Mathias Niederberger. Les Eisbären partent donc avec trois gardiens de 21 ans (Tobias Ancicka), 20 ans (le Finlandais Juho Markkanen "placé" par les Los Angeles Kings qui sont la propriété du même groupe) et 19 ans (Nikita Quapp). Les deux premiers sont prêts à engager une concurrence pour une place de titulaire, mais remporter un titre avec un portier aussi jeune est rarissime.

 

Avoir engagé le gardien Mathias Niederberger est évidemment le transfert le plus important de Munich, qui a transformé son point faible en point fort. Mais ce n'est pas la seule recrue-phare. Le défenseur Ryan McKiernan avait contribué au précédent titre de Berlin (2021) en tant que MVP des play-offs ; il a passé depuis un an en Suède où il a été champion d'Europe avec Rögle. Cet arrière au beau palmarès remplace deux étrangers (Andrew O'Brien et Andrew McMillan, non conservés et recasés en ligue autrichienne) dans des lignes arrières très fournies quantitativement mais pas si performantes qualitativement. McKiernan doit toutefois passer par une phase d'intégration et s'adapter au système de l'entraîneur Don Jackson, plus offensif que ce dont la plupart des hockeyeurs pros ont l'habitude : ce paramètre explique que le Red Bull garde souvent ses vétérans.

Parmi les nombreux ex-internationaux allemands jugés en déclin, les défenseurs sont restés mais pas les attaquants Gogulla et Mauer. Les Munichois ont placé des attentes élevées sur Chris DeSousa, puisque le manager Christian Winkler l'a décrit comme ayant "un contrôle du palet rarement vu en DEL" : après avoir connu six clubs en six ans, le meilleur marqueur de Wolfsburg a souhaité se poser et s'installer en signant un contrat de deux saisons et en faisant venir pour la première fois sa petite amie avec lui. Mais le Canadien qui préfère jouer centre a du mal à déloger les joueurs en place et évolue pour l'instant sur l'aile du capitaine Patrick Hager. L'autre recrue offensive Andreas Eder - revenu à Munich après avoir progressé à Nuremberg puis à Straubing - a en revanche tout de suite pris place sur une première ligne très performante en présaison et en CHL, aux côtés de Ben Street et Frederik Tiffels. Le junior formé à Landshut Veit Oswald a aussi intégré l'alignement à la faveur des absences.

Souvent accusé de piller les clubs formateurs bavarois, Munich promet qu'il pourra mettre en place de bien meilleures structures pour les hockeyeurs de la ville quand il ne sera pas plafonné en temps de glace. Ce ne sera pas pour tout de suite, car l'ouverture de la future patinoire a été officiellement repoussée à 2024. Compte tenu des délais, coût sans doute bien supérieur aux 100 millions d'euros qui avaient été annoncés par Uli Hoeness, le président du Bayern Munich qui est le co-investisseur pour son équipe de basket. Comme le Bayern ne voulait pas que cette future aréna multifonctions soit identifiée à Red Bull, une autre multinationale est entrée pour lui donner son nom : il s'agira du SAP Garden. Une aide qui ne manque pas de piquant puisque SAP est le sponsor majeur due Mannheim et que ses fondateurs dirigent ce club.

 

Or, Mannheim paraît l'équipe la plus à même de disputer le titre à Munich. Ce sont les Adler ont encaissé le moins de buts la saison dernière, et leur défense était sous contrat jusqu'à l'année prochaine, gardiens inclus. Le club a néanmoins accédé sans problème à la demande de Dennis Endras de rentrer chez lui à Augsbourg, c'était une évidence vu les services rendus. Felix Brückmann est donc installé comme seul numéro 1 indiscutable devant le filet. Mannheim s'est aussi séparé du défenseur finlandais parfois blessé Ilari Melart pour engager Matt Donovan un profil plus offensif, qui doit améliorer les relances et le powerplay. L'autre recrue Fabrizio Pilu - qui fêtera ses 20 ans le 31 octobre - commencera comme titulaire à la faveur des blessures : revenu de Nuremberg, il est le seul natif de Mannheim et rêverait donc de faire carrière dans son club.

Le plus grand changement concerne la colonne vertébrale de centres. Deux joueurs défensivement responsables doivent participer à atténuer la vulnérabilité aux contre-attaques qui caractérisait les Adler la saison passée : Tyler Gaudet (ex-Wolfsburg), qui remplace Andrew Desjardins sur la ligne forte avec le puissant David Wolf et l'excellent Mathias Plachta, mais aussi Stefan Loibl, qui revient en club en disant être devenu "plus adulte" pendant son année en Suède qui l'a fait progresser en patinage. Ces deux joueurs doivent remédier à une certaine médiocrité aux engagements : Gaudet sait les gagner en force, et Loibl plutôt par son bon temps de réaction. Le jeune international Taro Jentzsch donne aussi satisfaction au poste de centre même s'il n'avait pas forcément envie de s'y installer.

Capable d'aligner cinq lignes tout à fait crédibles si l'infirmerie voulait bien se vider un peu, tout en n'ayant utilisé que 8 de ses 9 places d'étranger, les Adler disposent comme Munich d'un réservoir qui doit normalement placer ces deux clubs près du sommet chaque année. L'absence de Mannheim en CHL est normalement une anomalie qui ne doit pas se reproduire.

 

Se féliciter d'être le petit club qui sur-performe ne suffit plus à Wolfsburg. Parler de titre n'est plus tabou. Volkswagen ne se cache plus d'avoir augmenté son investissement pour donner à l'équipe le quatrième budget de la ligue. Le problème est que les trois grands restent devant, et qu'ils ont chacun pris un joueur dans le vestiaire de Basse-Saxe (DeSousa à Munich, Gaudet à Wolfsburg et le patron de la défense Julian Melchiori à Berlin). Les autres départs ont été désirés par le club. Le changement n'a pas concerné les lignes arrières, puisque Ryan Button a retiré sa plainte concernant un litige salarial (lié aux versements pendant son arrêt maladie pour fracture de la clavicule au printemps 2021) en échange d'une prolongation de son contrat (2025 au lieu de 2023).

L'attaque est en revanche transformée avec sept recrues. L'objectif avoué est d'amener plus de vitesses, notamment aux ailes avec Lucas Dumont, Laurin Braun, Valentino Klos et surtout Rhett Rakhshani, double champion de Suède et d'Europe qui restait sur une relégation avec Djurgården. Tout poussait Rakhshani dans la ville des usines Volkswagen : d'une part, ce passionné de surf conduit un légendaire combi de la marque (construit en 1970 et symbole de la culture hippie) dans sa Californie natale ; d'autre part, la sœur de son épouse est la femme du capitaine de l'équipe Spencer Machacek.

Les trois premiers centres ont changé. Jean-Christophe Beaudin s'inscrit dans le nouveau mot d'ordre qui fait la part belle à la vitesse, et Tyler Morley a fait belle impression en CHL. L'interrogation concerne la recrue la plus prestigieuse, Dustin Jeffrey (ex-Berne), qui dit avoir choisi une équipe avec beaucoup de Canadiens et une école internationale à proximité (à Braunschweig) pour ses fils. Il semble moins à son avantage quand le rythme s'élève. Or, Wolfsburg ne peut pas se permettre le moindre ratage dans son recrutement car il n'y a presque plus de plan B.

En effet, quand le gardien Chet Pickard a décidé fin juin qu'il ne reviendrait pas en Allemagne, il a mis le club dans la mouise. La doublure de l'international Dustin Strahlmeier avait l'avantage d'avoir un passeport allemand. À cette date, il n'y avait plus aucun gardien allemand sur le marché. Les Grizzlys ont donc dû utiliser la dixième licence d'étranger pour un portier canadien, Justin Pogge. Si celui-ci est sur la feuille de match, un des autres étrangers devra être en tribune. De plus part, seuls onze licences peuvent être consommées et il ne reste donc plus qu'un joker pendant la saison.

 

Enfin ! Straubing s'est qualifié pour la CHL pour la deuxième fois en trois ans, et cette fois les Tigers ont vraiment participé à la compétition européenne (annulée il y a deux ans quand ils espéraient y débuter). Leurs supporters ravis se sont déplacés à plus de 300 à Cracovie comme à Karlstad. Comme à chaque étape franchie dans l'histoire du club, on se dit qu'il a peut-être atteint son plafond... et il pousse encore plus loin la frontière. Une finale ? Certains l'imaginent. Très forte sur la seconde moitié du dernier championnat, l'équipe de Basse-Bavière n'a jamais paru aussi prête aussi tôt dans une saison, en ayant su se mettre sur les rails pour la CHL.

L'entraîneur Tom Pokel ne cesse de le répéter : son équipe est devenue plus rapide. Cela n'a pourtant rien d'évident. La défense n'a pas reçu de sang frais. Avec déjà 10 étrangers pour 9 places, l'attaque a dû être complétée de naturalisés vieillissants qui bourlinguent depuis longtemps en DEL. Garrett Festerling et Travis Turnbull ont 36 ans, Mark Zengerle en a 33 et a vu sa production offensive chuter en rejoignant Berlin. Après son titre 2019 avec Mannheim, Luke Adam a raté trois fois les play-offs avec trois clubs différents. Mais Straubing n'a généralement pas les moyens d'engager des joueurs en phase ascendante car des concurrents plus riches sont sur les rangs. Le club mise surtout beaucoup sur la vitesse et l'impact physique de JC Lipon, recruté pour de bon après avoir fait défection vers la KHL l'été dernier.

Le pari dont risque de dépendre la saison se situe devant la cage. Hunter Miska (6 matches de NHL), qui était le deuxième gardien des Colorado Eagles en AHL la saison passée, doit prendre un rôle-clé de numéro 1 avec deux doublures inexpérimentées. Son style est peu orthodoxe mais il a une très bonne anticipation du jeu.

 

Si Straubing travaille toujours dans la continuité, on change de staff et de style dans l'autre ville des bords du Danube, Ingolstadt. Le nouveau coach Mark French, aux bonnes manières et aux propos prudents, contraste énormément avec son prédécesseur Doug Shedden, franc du collier et brut de décoffrage. Le système de jeu est aussi bien différent. Le 1-3-1 a été abandonné pour un système qui forechecke à un ou à deux selon les situations. Les joueurs doivent encore s'adapter. L'international français Charles Bertrand, qui avait tenu un rôle moins important chez le champion finlandais Tappara après le changement d'entraîneur, a l'avantage d'avoir connu French en Suisse.

Les attractions du recrutement d'Ingolstadt sont deux revenants. Recruté pour la saison 2020/21 dans un marché incertain à cause des incertitudes Covid, Michael Garteig était reparti dans une Liiga finlandaise un peu plus cotée. Mais voilà, il avait signé au Dinamo Riga avant que le club letton ne quitte la KHL. C'est donc un nouveau concours de circonstances qui permet de disposer de nouveau du style agressif et volontaire du gardien canadien. Maury Edwards avait pour sa part été élu meilleur défenseur de DEL à Ingolstadt... mais il a aujourd'hui 35 ans et reste sur deux saisons moyennes à Cologne. Néanmoins on ne lui demande plus de tout faire et il s'insère dans des lignes arrières établies.

Les performances d'Ingolstadt dépendent plus de ses leaders offensifs, et c'est en cela que Brian Gibbons constitue la prise de risques la plus osée. Cet ancien centre de NHL (214 matches) jouait ailier en Suisse et en Suède. À cause d'une blessure au pied, il n'a joué que 17 matches la saison dernière à Linköping, récoltant 1 assist en tout et pour tout. Or, on l'a fait venir pour un tout autre rôle de centre numéro 1 et on lui demande de mener l'offensive avec Wayne Simpson. C'est le gros gabarit de l'autre recrue Tye McGinn qui a été choisi pour compléter le premier trio à leurs côtés. Mais en préparation, c'est l'homogénéité offensive d'Ingolstadt qui a positivement surpris car les buts ont été bien répartis entre les quatre lignes.

 

Et si cette saison marquait le retour en force des grands clubs rhénans, qui végétaient dernièrement en bas du classement ? Cologne vient de fêter en grande pompe les 50 ans du KEC (depuis que la section hockey a pris son autonomie) mais après 8 titres sur les 30 premières années, les Haie (requins) n'ont plus avalé la moindre proie à leur palmarès depuis 20 ans. La pandémie passée, Cologne espère compter de nouveau à plein sur sa vaste patinoire et a même programmé un Winter Game dans un stade pour un derby début décembre. Les dirigeants ont donc annoncé une masse salariale en très nette hausse, avec une augmentation de plus d'un million d'euros.

L'effectif de Cologne est celui qui a été le plus bouleversé. Les trois meilleurs marqueurs Landon Ferraro, Jon Matsumoto (dont l'activation de la licence dépend toutefois de l'obtention d'un passeport allemand lié à des ancêtres passés par Hambourg vers 1910...) et Andreas Thuresson sont restés, de même que le centre David McIntyre qui a été un joker précieux lors des derniers play-offs. Ils sont complétés d'un centre expérimenté de DEL (Louis-Marc Aubry) et d'un ailier qui a planté 26 buts l'an passé en Liiga (Nick Baptiste). Mais cette attaque de métier, qui compte sept joueurs ayant évolué en NHL, n'est-elle pas vieillissante quand elle présente quatre lignes avec une moyenne d'âge de 32 ans ?

C'est surtout défensivement que le KEC a faibli ces derniers temps. Le capitaine Moritz Müller accueille quatre nouveaux collègues. Ryan Stanton (AHL, 120 matches de NHL dans sa jeunesse), Stanislav Dietz (Bremerhaven) et surtout Brady Austin (193 cm, 105 kg, champion de Finlande avec Tappara) doivent solidifier la zone défensive avec leurs gabarits et améliorer un jeu en infériorité numérique souvent défaillant. Mais la star est bien sûr le petit Nick Bailen (174 cm), élu meilleur défenseur de la dernière édition de KHL. Celui qui s'était fait naturaliser biélorusse a changé de priorité : il s'est dit que "l'humain est le plus important" et, après s'être demandé où il voulait vivre, a choisi Cologne en sachant qu'il connaît depuis quinze ans son coéquipier Matsumoto. Bailen se dit "libre mentalement" mais auparavant, son agent a mis trois mois à négocier sa rupture de contrat avec le Traktor Chelyabinsk. Bailen doit donner plus de solutions en jeu de puissance.

Au poste de gardien, qui a suscité tant de déceptions depuis trois ans, Cologne ne mise pas sur une vedette mais sur un tandem de gardiens aux stats correctes (90,9% d'arrêts) la saison passée. Mirko Pantkowski, arrivé du rival Düsseldorf, reste un des meilleurs jeunes gardiens allemands. Le Germano-Russe Oleg Shilin, qui a un passeport local parce que sa grand-mère a émigré en Allemagne (sans lui) en 1996 dans le cadre du programme de rapatriement des Allemands de la Volga, déclare lui aussi viser l'équipe nationale d'Allemagne, pays où il n'est arrivé qu'à 30 ans.

 

Quand Cologne reprend de l'ambition, Düsseldorf aussi. La DEG cultive sa rivalité avec toujours autant d'imagination et sait faire le "buzz" d'une manière positive, c'est-à-dire surtout pour la rigolade. Dans une opération secrète, la mascotte du club - le lion "Düssi" - a enterré une capsule temporelle dans le terrain du futur centre d'entraînement de Cologne. À l'intérieur, une carte dédicacée de la légende de la DEG Daniel Kreutzer, des autocollants du groupe de punk (soutien bien connu du club) Toten Hosen, mais aussi une dent de requin sortie du zoo aquatique de Düsseldorf et censée symboliser le "manque de mordant" des Haie. Une action censée lancer une malédiction pour que la bière de la ville rivale (Kölsch) "continue de n'avoir aucun goût", que les "feux tricolores soient tout le temps au rouge" à Cologne, et bien sûr que le KEC ne remporte encore aucun titre dans la prochaine décennie ! Cette idée a été empruntée au club de football argentin Independiente qui avait enterré sept chats morts sous le stade de son rival Racing Club en 1967. Bien sûr, aucun félin n'a été maltraité dans la version du club allemand qui a un lion pour emblème.

Cette rivalité a pris une telle importance que l'autre antagonisme naturel avec Krefeld - ville située juste en face de l'autre côté du Rhin - s'est beaucoup atténué. Après la relégation des Pinguine, la DEG les a même pris comme club partenaire pour le prêt de jeunes joueurs, ce qui a fait tousser les supporters des deux camps. C'est "comme si Gryffondor prenait Serpentard comme équipe-ferme" selon bon mot de l'éditorialiste Alexander Brandt-Memet.

Ce n'est pas tout ça mais, sur la glace, Düsseldorf a-t-il les moyens de rivaliser ? Après deux ans avec un duo de jeunes gardiens qui était jugé risqué, la DEG a choisi la sécurité en recrutant l'international norvégien Henrik Haukeland et en donnant le temps au portier formé au club Hendrik Hane (21 ans) de progresser avec moins de pression à ses côtés. L'autre grande vedette du recrutement est Philip Gogulla, né à Düsseldorf mais qui n'y avait passé qu'une seule saison (52 points en 52 matches en 2018/19) : il s'installe cette fois à long terme dans sa ville natale en signant pour trois saisons (à 34 ans). Une recrue très symbolique, même si ses 17 buts la saison passée (avec Munich) sont tout juste équivalents à ceux de son prédécesseur Carter Proft (parti à... Cologne).

L'attaque a toujours un bon mix entre des jeunes qui progressent et des hommes de métier, mais comme l'an dernier, le défenseur au plus gros temps de jeu - l'international Marco Nowak - est parti à Berlin. Son successeur dans le rôle de l'unique arrière droitier est un Américain à l'apport plus discret, Alec McCrea (ex-Iserlohn). La capacité de la défense à éviter les contre-attaques reste en question, surtout compte tenu du nouveau système de jeu. Après quatre années sous la houlette de l'ex-défenseur Harold Kreis, le nouvel entraîneur Roger Hansson veut amener un style moins passif et plus offensif.

 

Mais pour monter au classement, il faudra passer devant Bremerhaven. Le petit club de la mer du Nord n'est guère disposé à céder sa place. Il s'est qualifié dans le top-6 depuis trois ans et ne craint pas de viser des objectifs supérieurs en rêvant d'une première demi-finale. Tant que son premier trio slovène Jan Urbas - Ziga Jeglic - Miha Verlic est aussi performant, la belle histoire peut continuer. Il sera plus que jamais au centre de l'attention car Urbas hérite du capitanat.

Si l'attaque n'a été retouchée qu'à la marge, la retraite de l'ex-capitaine Mike Moore laisse en effet un vide dans une défense renouvelée à moitié. Les Fischtown Penguins ont tout de même retrouvé une valeur sûre avec l'international danois Nicholas B. Jensen, qui avait commencé sa carrière en DEL à Bremerhaven avant deux belles saisons à Düsseldorf et un titre de champion à Berlin. La seule recrue qui ne connaisse pas l'Allemagne est Philip Samuelsson, international junior américain et fils d'Ulf Samuelsson, célèbre pour avoir découvert en plein milieu du tournoi olympique de Nagano qu'il avait perdu sa nationalité suédoise. Robuste mais pas "hors limite" comme son père, Philip ne débarque pas dans l'inconnu non plus : il a joué en NCAA avec le défenseur droitier Patch Alber et en AHL avec le centre Dominik Uher, deux joueurs qui sont depuis quatre ans à Bremerhaven.

Le club à l'atmosphère familiale continue de se structurer. Pour sa septième saison en DEL, il se dote pour la première fois d'un entraîneur des gardiens, avec l'ex-international letton Edgars Lusins. Surtout, il fait confiance de plus en plus aux jeunes Allemands. Les trois quotas de joueurs de moins de 23 ans ne doivent plus passer leur temps sur le banc, maintenant qu'un nouveau talent offensif arrive avec Georgi Saakyan. Quant au nouveau défenseur Moritz Wirth qui a dépassé cet âge limite à 24 ans, il n'a donc plus sa place à Mannheim mais Bremerhaven n'a pas hésité à le recruter pour servir de tremplin à sa carrière.

 

C'est un refrain connu : Schwenningen s'est fortement renforcé pendant l'été (selon ses concurrents et pas uniquement selon la communication du club) et vise les play-offs. Viennent ensuite habituellement des prestations sur la glace bien en dessous du niveau attendu... Qu'est-ce qui pourrait faire que cela fonctionne cette fois-ci, et que les supporters de la Forêt-Noire ne connaissent pas encore une amère déception de plus ?

La crédibilité du club repose beaucoup sur le choix de l'entraîneur. Le directeur sportif Christoph Kreutzer a en effet choisi comme coach Harold Kreis, dont il connaît bien le travail effectué depuis quatre ans à Düsseldorf. Kreis est capable de mieux structurer le jeu de l'équipe et de lui donner de bonnes défensives. Kreutzer lui a ajouté des recrues avec de l'expérience internationale. En défense, l'Italien à passeport allemand Alex Trivellato fait ainsi son retour au club et Ville Lajunen, qui reste sur deux finales de Liiga avec le TPS Turku, doit être la nouvelle arme du powerplay avec son slap de la droite.

Mais le gros coup est le recrutement de l'international letton Miks Indrasis, à la grande colère du Spartak Moscou qui le traite de menteur en affirmant qu'il s'était engagé à rejoindre la Russie et qu'il a été menacé dans son pays. Indrasis complète une première ligne très efficace avec le centre norvégien Ken Andre Olimb et l'ailier canadien Brandon DeFazio (ex-Ingolstadt). Néanmoins, Schwenningen a aussi connu une déconvenue. Andrew Calof avait bel et bien signé son contrat, mais le club n'avait pas encore effectué son transfert international auprès de l'IIHF, car ces démarches sont effectuées seulement par les clubs de DEL quand le joueur débarque dans le pays. Cette faille a été utilisée par l'agent slovène de KHL Aljoša Pilko qui l'a fait signer à l'Amur Khabarovsk. Schwenningen 1 - KHL 1, palet au centre... Les Wild Wings ne se sont pas montrés pressés de remplacer Calof, gardant son poste d'étranger en réserve. Leur attaque a en effet gagné en homogénéité grâce au prêt par Mannheim de Florian Elias, enfin un grand talent dans le quota de trois jeunes.

 

Un pessimisme certain s'installe à Augsbourg. Pendant deux années décevantes, le club en est à son quatrième entraîneur mais n'a pas énormément modifié son effectif. Alors que les supporters allemands sont généralement attachés à leurs joueurs, ceux de la ville des Fugger (banquiers de l'Europe à la renaissance) auraient voulu plus de changement : ils ont fait leurs comptes et pointent la baisse de rendement des deux anciens joueurs de l'effectif (depuis respectivement 8 et 7 ans), le défenseur et capitaine Brady Lamb et l'Américain Drew LeBlanc (dont la chute libre est spectaculaire avec 55, 49, 39 puis 20 points sur les quatre dernières saisons).

Même le retour du héros Dennis Endras n'a pas totalement calmé la grogne. Le gardien de 37 ans avait fait ses premiers pas en DEL à Augsbourg quand il était encore junior, il y a connu sa plus belle année en 2010 quand il fut élu meilleur joueur des Championnats du monde 2010, et il y est revenu onze ans après son départ, avec l'intention de s'y installer y compris après la fin de sa carrière (quand tout le monde sait que son maillot figurera sous le toit de la patinoire). Son recrutement permet d'avoir un duo de gardiens allemands, et donc d'utiliser les places d'étrangers pour en avoir toujours 3 en défense - avec l'international américain Derek Warsofsky (ex-Ingolstadt) en nouveau meneur - et surtout pour monter à 6 en attaque.

Problème : même si le contingent allemand s'est amélioré avec le recrutement du néo-international Samuel Soramies (ex-Ingolstadt lui aussi), la constitution de ces six places d'étrangers a été problématique. Le Suédois Sebastian Wännström, meilleur buteur de Liiga finlandaise en 2020/21, n'a mis qu'un but en présaison et répète plutôt ses prestations médiocres de sa dernière saison passée entre Riga et Ajoie. Le jeune Québécois venu d'AHL Antoine Morand n'a pas transformé sa période d'essai et a été envoyé en Finlande. Adam Payerl semble plus seul que jamais sur le front de l'attaque car l'autre buteur Matt Puempel s'est blessé au ménisque contre l'Olimpija Ljubljana et manquera trois mois (ce qui pourrait peut-être permettre sa naturalisation dans l'intervalle pour qu'il revienne comme allemand...).

Avec des ultimes recrues offensives qui arrivent très tard, le nouveau coach écossais Peter Russell a fort à faire, mais il a déjà sauvé des causes plus désespérées à la tête de l'équipe de Grande-Bretagne (notamment du côté de Kosice que les Français ont rebaptisé Waterloo...). Il vient d'être élu meilleur entraîneur de DEL2, comme Mike Stewart quand il était arrivé pour conduire le club à ses meilleures saisons. Il faudra juste un peu de patience pour le laisser travailler en paix.

 

Avec cinq départs pour quatre arrivées (des totaux qui incluent le changement du second gardien), Nuremberg est l'équipe la plus stable. Son visage reste donc identique : beaucoup de rythme dans le patinage et autant que possible dans la prise de décision, mais une fragilité défensive parfois inquiétante. Ces caractéristiques ont même été encore amplifiées.

L'attaque a encore plus de jeunes jambes, puisque les trentenaires Chris Brown (vers Iserlohn) et Marko Fridrich (vers Ingolstadt) ont été remplacés par les grands espoirs Roman Kechter (18 ans, formé au club et revenu après un an en Suède) et Danjo Leonhardt (20 ans). À peine revenu du Mondial junior reporté en plein mois d'août, Danjo Leonhardt - qui a déjà acquis une belle expérience senior en Autriche en passant par Salzbourg - a pris place au centre de la deuxième ligne entre les buteurs nord-américains Dane Fox et Tyler Sheehy et pourrait bien être la révélation de la saison. La première ligne est menée par Tim Fleischer (22 ans), entre deux ailiers allemands expérimentés, le néo-international Daniel Schmölz et le meilleur buteur de l'histoire de la DEL Patrick Reimer. Tom Rowe a promis d'utiliser tout son banc et tient parole : contrairement à d'autres clubs, les trois joueurs de moins de 23 ans ne seront pas là pour remplir la feuille de match, deux d'entre eux sont les deux premiers centres ! Rowe peut ainsi tourner en permanence à quatre lignes et user ses adversaires par le tempo.

La défense ne peut pas se permettre ce luxe. La seule recrue devait initialement y être Luke Green, un défenseur offensif au coup de patin excellent dont la carrière prometteuse avait été freinée par des blessures : il a juste eu le temps de faire la photo d'équipe... avant de repartir pour raisons personnelles. Son remplaçant Hayden Shaw a toujours été moins coté (il arrive des Lions de Trois-Rivières en ECHL) mais il témoigne du même allant offensif et participe à la rapidité des transitions. Mais après les départs de Tim Bender (Iserlohn) et Fabrizio Pilu (Mannheim), les lignes arrières de Nuremberg sont les moins fournies de la ligue avec tout juste 7 joueurs. Elles peuvent pâtir des blessures. L'équipe n'a toutefois utilisé que 8 places d'étrangers (dont 4 en défense) et a donc un recours en cas de coup dur.

 

Douzième l'an passé, Iserlohn vise les playoffs en espérant se mettre à l'abri de la relégation le plus vite possible... mais chacun sait bien que le chemin est très étroit et que le bas de tableau s'annonce serré. Les Roosters ont gagné en densité avec l'arrivée de l'ailier gauche Sebastian Streu (Berlin), dont le père était passé au club, et de deux défenseurs allemands qui ont encore leurs meilleures années devant eux, Tim Bender et Colin Ugbekile.

Mais dans le même temps, le club a-t-il les buteurs de premier plan qui lui rapportent la majorité de ses points ? Il le pensait a priori. En plus du duo Eric Cornel - Casey Bailey (40 buts à eux deux l'an passé) qui devait former une bonne deuxième ligne, Iserlohn se voyait déjà aligner une première ligne encore plus épatante. Comme les hockeyeurs baltes n'ont plus débouché en KHL, le vétéran Kaspars Daugavins était financièrement moins gourmand, d'autant que Berne lui avait versé une belle indemnité pour racheter son année de contrat. Il avait été champion AHL avec l'entraîneur Kurt Kleinendorst, qui l'a donc appelé en le sachant sur le marché. Une recrue de premier choix pour le petit club du Sauerland ! Mais on a placé tellement d'attentes sur le Letton qu'il a peiné à y répondre en pré-saison.

L'autre joueur indispensable de l'attaque, Kris Foucault, laisse peu de doutes sur ses qualités... quand il peut jouer. Ce hockeyeur héroïque célébré par le site de la NHL et par plusieurs médias nord-américains en mai dernier (il a sauvé une fillette de 6 ans de la noyade aux Bahamas !) accumule les pépins de santé. Après avoir manqué la moitié de la saison passée à cause d'une blessure à l'épaule, il a raté les trois dernières semaines de la préparation pour une inflammation au genou. Quant au meilleur marqueur du championnat danois Felix Maegaard Scheel, le club semble vouloir attendre qu'il obtienne un passeport allemand pour le déclarer officiellement à la DEL. Le top-6 offensif peine donc à se former. Iserlohn a certes enregistré le retour provisoire et inattendu de l'attaquant international formé au club Lean Bergmann, mais dans des circonstances qui interdisent de s'en réjouir : Mannheim l'a prêté jusqu'à fin décembre pour qu'il puisse se rapprocher de sa famille qui vit des moments difficiles.

 

L'objectif a été atteint à Francfort : la capitale financière allemande fera son retour en DEL douze ans après la fin des Lions. Mais en raison du compromis trouvé du fait de la pandémie, un seul club a fait le voyage inverse (Krefeld) et non deux. C'est donc cette saison qu'il y aura deux descentes... et cela rend la tâche du maintien beaucoup plus compliquée pour le promu ! En plus, les Löwen ont dû se séparer de leur sponsor majeur - la banque russe VTB - pour ne pas perdre leur crédibilité éthique, et ils n'ont pas encore trouvé de sponsor maillot. Leur choix de garder la majorité des joueurs qui ont permis la montée - dont évidemment le gardien Jake Hildebrand - aurait-il été identique s'ils avaient eu un budget plus élevé, dans un contexte de changement de coach ? Le Canadien Gerry Fleming, entraîneur-adjoint de Berlin de 2018 à 2021 (année du titre), a en effet remplacé Bohuslav Subr.

En tout cas, la défense a été peu modifiée : toujours 3 étrangers avec un seul changement, le remplacement de Bobby Raymond (maintenant à Grenoble) par un leader au profil bien plus défensif, Reece Scarlett. Dans le rôle du défenseur offensif droitier, Max Faber a été remplacé par un Simon Sezemsky qui n'a plus fait parler son slap depuis longtemps en DEL. Kevin Maginot, qui avait un peu connu la ligue dans sa jeunesse dans sa ville natale Mannheim, doit maintenant franchir le pas à 28 ans après avoir fait l'essentiel de sa carrière en DEL. Pour compléter la troisième paire, on a fait revenir Maximilian Gläßl qui était déjà passé par le club et qui a acquis une bonne expérience de la DEL à Straubing puis à Krefeld.

Comme il y a plus d'étrangers autorisés en DEL, Francfort a pu se payer une première ligne : Brendan Ranford doit confirmer sa très bonne saison à Bietigheim, Ryan Olsen naviguait entre AHL et ECHL, mais les Löwen ont réservé le meilleur pour la fin en, trouvant leur centre numéro 1 juste avant le début du championnat : Carter Rowney arrive des Red Wings de Detroit et a passé les cinq dernières saisons entièrement en NHL ! Le quota "U23" ne gêne pas le promu qui a recruté deux attaquants éprouvés en faisant revenir Magnus Eisenmenger (qui a entre-temps appris la DEL en un an à Augsbourg) et surtout en recrutant Dominik Bokk. Il a été champion en étant prêté à Berlin en fin de saison dernière, mais à 22 ans l'étiquette d'ex-espoir menace déjà cet ancien premier tour de draft NHL qui débuta en élite suédoise à 17 ans seulement. Jamais invité par les sélectionneurs nationaux en senior, Bokk a aussi cramé ses relations avec les Carolina Hurricanes dont il ne veut plus qu'une annonce d'échange. Mais s'il travaille à la hauteur de son talent, il a un très haut potentiel.

Francfort n'a pas de certitudes... mais s'est assez bien renforcé pour faire peur à ses rivaux, tout en gardant des cartouches. La lutte pour le maintien promet donc d'être très chaude.

 

C'est pour cela que tout le monde semble condamner d'avance Bietigheim-Bissingen, même s'il a démontré l'an passé sa capacité à se maintenir. La communication officielle fait bonne figure en déclarant avoir amélioré l'équipe. Après le départ des deux meilleurs marqueurs Riley Sheen (Rögle) et Brendan Ranford (Francfort), les supporters n'en sont pas si sûrs. Comme dans toute équipe qui n'a pas les moyens de remplacer des joueurs ayant sur-performé, l'entraîneur Daniel Naud parle de "mieux répartir la charge offensive".

Ce sera de toute façon une nécessité. Les deux nouveaux Américains (Chris Wilkie et Chase Berger) et les deux nouveaux Finlandais (Teemu Lepaus et Michael Keränen) pourraient donner plus de profondeur pour ne plus dépendre d'une seule ligne. Bien sûr, leur CV n'est pas très fourni : le plus beau est celui de Keränen, qui fut de joueur de l'année en Finlande quand il avait 25 ans, mais cela remonte à huit ans et il n'a jamais retrouvé le même niveau en partant en Amérique du Nord puis en revenant en Europe. Néanmoins, leurs prédécesseurs étaient encore moins alléchants sur le papier, sinon ils n'auraient pas atterri à Bietigheim. C'est au sein des Steelers que les joueurs peuvent se révéler, et les recrues semble avoir assez de qualités techniques pour former des combinaisons intéressantes.

La défense pose plus de questions. Le capitaine Constantin Braun a eu énormément de temps de jeu l'an passé, tout comme son collègue Jalen Smereck qui n'a pas été conservé car il finissait par se permettre des actions trop risquées. Les deux recrues Matthew Maione et Joshua Atkinson semblent des défenseurs plutôt offensifs et mobiles, mais pas forcément des stabilisateurs défensifs. Le jeu en infériorité numérique, en particulier, reste un point faible récurrent qui peut encore coûter très cher.

 

 

 

DEL 2

 

La chance des clubs de DEL serait que le champion de DEL2 ne puisse pas monter : il n'y aurait alors qu'un relégué au lieu de deux. Mais ils ne comptent pas trop sur ce repêchage, car la probabilité semble faible. Les trois principaux favoris soit tous trois candidats à une promotion. Après les ratages administratifs de l'an passé, Kassel et Dresde ont appris de leurs erreurs et ont déposé un dossier de promotion valide et complet dans les temps. Kassel est le grand favori assumé. Ils ont embauché l'entraîneur champion Bohuslav Subr qui a bien envie de décrocher une seconde montée de suite et de prendre ensuite l'ascenseur pour faire un pied-de-nez à son ancien club (surtout si celui-ci descend). Cet esprit animera aussi les quatre joueurs de Francfort qu'il a amené avec lui : le défenseur offensif Max Faber et les attaquants Tomas Sykora, Pierre Preto et Darren Mieszkowski. En plus, les Huskies ont réussi un gros coup supplémentaire en convaincant Tristan Keck (de l'autre rival régional Bad Nauheim), un des joueurs les plus rapides du championnat, de les rejoindre en utilisant une clause permettant de sortir de son contrat en cas de naturalisation allemande.

La stratégie est très différente à Dresde, qui prend soin de structurer le club et se montre bien moins pressé. Les Eislöwen n'ont connu que trois départs. Ils s'appuient en effet sur une douzaine d'attaquants allemands de 24 à 27 ans, pas encore au zénith de leur carrière, avec lesquels ils visent une montée à moyen terme. Mais cette extrême stabilité pourrait bien être leur meilleur atout dès cette saison face à des concurrents qui ont changé leur entraîneur et plus de la moitié du vestiaire...

Le relégué Krefeld est un peu la grande inconnue. D'une part, il n'y a pas de précédent puisque cela faisait quinze ans qu'aucun club n'avait repris place en DEL2 après une descente sportive. D'autre part, il est difficile de faire plus imprévisible que Krefeld qui multiplie les signaux contradictoires dans sa gestion. Le bilan de l'été est finalement rassurant. La "famille" du KEV s'est ressoudée avec le retour de plusieurs anciens joueurs très appréciés, les défenseurs formés au club Philip Riefers et Pascal Zerressen ainsi que l'attaquant et ex-international Marcel Müller. Le mystérieux actionnaire suisse a prouvé sa volonté d'investir à long terme puisqu'il a fallu mettre plus de 200 000 euros pour acheter le bus de l'équipe (en mettant fin au contrat de location) et l'adapter pour le transformer en bus de luxe afin d'économiser des nuits d'hôtel sur la durée. On est passé près de la catastrophe quand le club amateur (KEV) a annoncé l'échec des négociations pour le nouveau contrat de coopération avec la structure professionnelle. Les parties étaient pourtant d'accord sur le montant reversé pour la formation (75 000 euros), mais quand le KEV a envoyé le contrat pour signature, en reprenant les clauses de la version antérieure, le directeur général de la structure pro Karsten Holderberg a renvoyé le document avec de nombreuses modifications juridiques, dont certaines légalement inacceptables pour une association. Sans coopération avec un club de base, les Pinguine auraient risqué une amende 100 000 euros d'ici la fin de l'année. Holderberg a battu sa coulpe en parlant de simples propositions de discussion, et le contrat a finalement été signé quelques jours plus tard, in extremis avant le début du championnat. Ce nouveau clash rappelle la fragilité de la confiance envers les dirigeants du club.

Si une équipe peut empêcher le trio de monter (et donc un deuxième club actuel de DEL de descendre), c'est sûrement le vice-champion Ravensburg, qui a gardé son gardien Jonas Langmann, son meilleur défenseur Julian Eichinger et ses quatre attaquants étrangers. Landshut a aussi recruté fort pour accéder au haut du tableau, mais c'est une constante depuis plusieurs saisons et ces ambitions ont à chaque fois été douchées sur la glace. Le directeur Ralf Hantschke tient donc un discours prudent en prétendant que qualification directe en quart de finale (soit une place dans les six premiers) serait un "rêve". Le retour du gardien local Sebastian Vogl, après dix ans en DEL, a en tout cas calmé les supporters.

Après des années en bas de tableau, Bayreuth semble décidé à s'installer pour de bon en DEL2. Ce club qui utilisait des contrats d'un an change de stratégie en proposant des contrats longs : les Tigers ont prolongé leur meilleur marqueur Ville Järveläinen jusqu'en 2025 et lui ont adjoint pour la même durée son ami de jeunesse Petteri Nikkilä, une recrue "hors calibre" pour la DEL2 ! Il pourrait non seulement aller en play-offs mais lutter déjà pour le top-6.

Les clubs qui s'étaient élevés dans le haut du tableau ces dernières saisons ont en effet un peu perdu leurs certitudes. Heilbronn a perdu ses quatre matches de préparation. Kaufbeuren a perdu pour la saison son défenseur Fabian Koziol (rupture des ligaments croisés) et espère que les deux nouveaux attaquants étrangers, l'ailier tchèque physique Sebastian Gorcik (arrivé de Znojmo) et le meneur de jeu Jacob Lagacé (un point par match à Frisk Asker et passé auparavant par Rouen) s'adapteront bien pour former une deuxième ligne derrière le duo efficace Lammers/Spurgeon. Bad Nauheim a perdu deux joueurs sous contrat, Tristan Keck (Kassel, parce qu'il a obtenu sa naturalisation allemande après la date qui l'aurait lié aux Rote Teufel) et Stefan Reiter (Rosenheim en Oberliga, après mutation de sa compagne), et a un effectif limité alors que la concurrence a beaucoup gagné en profondeur de banc - y compris Crimmitschau qui semble plus fourni mais manque peut-être d'un pur buteur.

Qui est en risque ? Le club de Fribourg-en-Brisgau a la "chance" de s'occuper lui-même de la gestion de sa (très vieille) patinoire, déléguée par la ville, y compris le paiement des factures énergétiques : est-il besoin de préciser que l'hiver s'annonce difficile ? Weißwasser, qui glisse chaque année au classement, a appris à se contenter du maintien.

Largué l'an passé, Selb, ne pourra pas compter chaque année sur un miracle en barrages de relégation. Pour illustrer un nouveau départ, les Wölfe ont présenté un nouveau logo "avec moins de couleurs" (5 quand même, ce qui fait beaucoup dans une charte graphique pour un logo si simple). Le nouveau promu Regensburg devra passer à son tour par une phase de découverte de la division, mais il peut compter sur son réservoir de club formateur et a bétonné la place la plus importante, celle de gardien, avec l'Américain Devin Williams venu d'Extraliga slovaque.

 

Marc Branchu

 

 

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