Finlande 2022 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2021)

 

Comme partout ailleurs, la Liiga a dû cohabiter avec une pandémie toujours menaçante sur la dernière saison, avec des restrictions pendant un temps. Les clubs n'en sont pas sortis totalement indemnes, le cabinet d'audit EY a étudié leur situation économique : leur budget cumulé (69 millions d'euros) a perdu 38% dans la crise, plus encore qu'en Suède (30%). L'explication vient du fait que les clubs suédois touchent trois fois plus d'argent des droits télévisés. Pour surmonter la crise, de manière générale, les clubs ont baissé de 16% leur masse salariale - seuls quelques uns l'ont augmentée - et bénéficié de 10 millions d'euros d'aides publiques. La recommandation d'EY est issue des bréviaires des écoles de commerce : diversifier ses activités, comme le fait Lukko qui possède sa propre entreprise de nettoyage.

Le partenariat privé demeure toujours précieux, mais la collaboration de certains clubs avec la chaîne de magasins discount Kärkkäinen ne pouvait survivre en plein contexte covid. Le gérant Juha Kärkkäinen est un anti-vaccin qui a contribué à la désinformation, il avait d'ailleurs exhorté ses employés à ne pas se faire vacciner. Les Pelicans de Lahti ont cessé leur collaboration avec Kärkkäinen, suivis par JYP et Kärpät. Précisions que ce n'est pas la première fois que Juha Kärkkäinen fait parler de lui, ce personnage sulfureux a des liens étroits avec le mouvement néo-nazi "Résistance nordique", il a d'ailleurs été condamné pour des publications antisémites. Pour lever toute ambiguité sur le sujet, l'association des joueurs de Finlande a fortement recommandé aux joueurs de se faire vacciner.

Le covid n'explique toutefois pas à lui seul la baisse de fréquentation, de l'ordre de 25%, dans les tribunes de Liiga. Les 12 000 Finlandais interrogés pour un sondage citent plus fréquemment le prix des places (stable mais plus problématique après la crise économique), la baisse de niveau du championnat mais aussi le fait d'avoir trouvé d'autres loisirs pendant les périodes sans match.

Le contexte étant toujours particulier, les désormais traditionnelles dispositions ont été prises pour endiguer l'épidémie : les équipes en quarantaine les unes après les autres, une pause (mineure) durant la saison, un mois à jouer sans public, les reports de rencontres, etc. Et par voie de conséquence, certaines équipes ont eu dans leur effectif 40, voire 50 joueurs. Les matchs de saison régulière reportés étant finalement trop nombreux, il était impossible de tous les reprogrammer, le classement final a finalement été déterminé par une moyenne de points, avec pour conséquence de faibles marges. Mais le spectacle a été au rendez-vous. Plus particulièrement le passionnant duel à distance entre les deux rivaux de Tampere, Tappara et Ilves, qui a tenu en haleine tout le pays. Il s'en est d'ailleurs fallu de peu pour qu'on les retrouve en finale, mais cela a totalement galvanisé les audiences TV du carré final (+44% par rapport à l'année précédente). La fièvre des playoffs s'est donc muée en fièvre de Tampere, la saison même où la splendide Nokia Arena de la ville a ouvert ses portes, avant que la deuxième ville de Finlande n'accueille les championnats du monde.

 

Tappara Tampere (1er) : de l'angoisse à la consécration

Si la saison s'est finie en apothéose, le début de l'exercice 2021-2022 de Tappara a soulevé beaucoup de questions. À l'automne, l'équipe se traînait en milieu de classement, alternant le mauvais et le moyen. Une place indigne pour le plus gros budget du championnat, qui pourtant brillait sur la scène européenne en Champions Hockey League. Le summum de cette décrépitude en championnat est intervenu à l'inauguration de la toute nouvelle enceinte de la ville, la moderne Nokia Arena, le 3 décembre 2021, le rival Ilves écœurant Tappara 6-3. C'était alors, déjà, la troisième victoire de la saison des Lynx face au concurrent local. La défaite de trop ? Beaucoup l'ont pensé, de même que certains ont songé à l'éjection de l'entraîneur en chef Jussi Tapola, au sein du club durant dix des onze dernières années. Mais ces doutes se sont vite envolés.

Après ce revers inaugural de la Nokia Arena, les fans de Tappara n'ont pas eu le temps de cogiter. Le déclic s'est produit, Tappara s'est vengé en laminant 7-0 Ilves lors du "back to back" dans la belle arena, et aligné neuf victoires consécutives. La "hache" de Tampere a alors fait une remontée fantastique, jusqu'à remporter sur le fil la saison régulière aux dépens des Jukurit. L'absence prolongée du leader Jukka Peltola et du nouveau talent Joona Luoto laissaient craindre le pire, mais leurs coéquipiers ont pris la relève, à l'image de Waltteri Merelä (sommet de 44 points) et Kristian Kuusela (premier attaquant de l'histoire de la Liiga à passer le cap des 1000 matchs). Anton Levtchi, 26 ans et jamais drafté en NHL, est probablement celui qui a le plus impressionné avec 61 points (26 buts, 35 passes), le meilleur total de la ligue. Quant au Canadien Brady Austin et à Mikael Seppälä, de l'aveu des spécialistes, ils ont formé la meilleure paire défensive du championnat.

Une équipe consolidée et l'ajout habile de deux renforts KHL (le défenseur Otto Leskinen et l'attaquant Veli-Matti Savinainen) qui sont devenus rapidement deux des meilleurs joueurs du championnat ont permis d'aborder les playoffs dans les meilleures conditions. Tappara n'a concédé que trois défaites en trois tours de playoffs, percutant physiquement, rigoureux défensivement et irréprochable devant le but. Un peu trop tendre à l'image de l'équipe en début de saison, le gardien Christian Heljanko a lui aussi contribué à la métamorphose, 92% d'arrêts et 9 blanchissages en saison régulière, avant d'afficher un remarquable 93% en playoffs, il a été particulièrement impressionnant lors de la série finale. Les performances sensationnelles de Luoto, qui a inscrit plus de points dans ces playoffs (17) que lors de n'importe quelle de ses saisons avec le club, ont éclipsé un Levtchi moins productif mais présent par son leadership. Déjà le plus titré du pays, Tappara a ainsi remporté son 18e championnat de Finlande, c'est aussi le deuxième pour Charles Bertrand, qui a connu sa saison la moins productive depuis qu'il évolue en Finlande mais qui ne peut pas être blamé pour son engagement dans les duels. L'attaquant de l'équipe de France a d'ailleurs décidé, à 31 ans, de changer totalement de voie en mettant fin à son idylle avec la Finlande depuis 2009 (entrecoupée de brèves expériences en KHL, Suède et Suisse), il rejoint Ingolstadt en DEL allemande.

 

Turun Palloseura (2e) : attractive malgré des recrues fiascos

Si Tappara a connu des difficultés au décollage, l'autre finaliste, le TPS Turku, a connu un ralentissement de sa cadence durant l'hiver. La saison avait bien commencé, le technicien très respecté Jussi Ahokas avait succédé derrière le banc à Raimo Helminen qui avait, contre toute attente, réussi à construire une équipe redoutable. Ahokas a restauré un style très défensif diablement efficace, avec pour dernier rempart le toujours solide Andreï Kareyev. Beaucoup de réussite durant les premiers mois, TPS s'offrant le luxe de battre le champion en titre Lukko trois fois. Le Turun Palloseura a néanmoins été confronté à plusieurs longues absences. Le défenseur suédois Johan Ivarsson a souffert d'arythmies cardiaques, il a finalement été opéré du cœur. Quant à Aleksi Anttalainen, c'est au genou qu'il a dû se faire opérer. Enfin, l'ancien capitaine Lauri Korpikoski, qui avait subi une opération de la hanche en 2021, était en conflit au sujet de son contrat, il a fini par être prêté à Bienne. En plus des blessures, le club de Turku n'a plus eu la même réussite dès le mois de décembre, encaissant sept revers consécutifs. La jeune équipe jouait alors plutôt bien mais s'inclinait régulièrement sur des scores serrés.

Les joueurs d'Ahokas, qui voyaient alors les playoffs leur passer sous le nez, se sont réveillés en février, avec notamment une série de six succès de rang. Finalement quatrième de la saison régulière, TPS a brillé en playoffs en écartant, non sans mal, deux grosses écuries, HIFK puis Ilves. Comme la saison précédente, les jeunes ont assuré avec toujours les redoutables Juuso Pärssinen (libéré par Nashville après le camp d'automne) et Markus Nurmi, qui ont eu pour troisième complice Mikael Pyyhtiä, l'un des joueurs les plus importants dans l'essor de l'équipe. Pyyhtiä a inscrit 9 buts lors des matchs fatidiques de février, puis 8 autres en playoffs. Nurmi (23 ans), Pärssinen (21 ans) et Pyyhtiä (20 ans) ont cumulé à eux trois 44 points en 18 matchs de playoffs.

Qu'a-t-il manqué finalement à cette équipe enthousiasmante qui a fini pour la deuxième année consécutive en argent ? Clairement, certains axes de recrutement ont été un échec. Hormis le gardien russe Kareyev et le défenseur suédois Niklas Arell, les joueurs étrangers n'ont pas convaincu. La direction s'est d'ailleurs trop précipité à quelques semaines des playoffs en recrutant deux jokers, les frères jumeaux russes Vyacheslav et Vladislav Ushenin, qui n'ont pas eu d'impact significatif. L'exode des étrangers de la KHL après la crise en Ukraine (dont a profité Tappara) aurait pu offrir d'autres opportunités bien plus satisfaisantes. Trop tard, TPS n'avait plus de marge de manœuvre dans ses finances pour recruter. La profondeur et le leadership, qu'auraient dû combler les renforts étrangers, ont fait défaut dans la dernière ligne droite. Quant à la sensation slovaque Juraj Slafkovský, sensationnel avec sa sélection aux Jeux olympiques et aux Mondiaux et probablement parmi les deux premiers rangs du prochain repêchage NHL, ses performances sont restées modestes en club, même si sa maturité et sa puissance (à seulement 18 ans) sont indéniables.

 

Tampereen Ilves (3e) : un succès rafraîchissant

Le début de saison de la part d'Ilves n'inspirait peut-être pas confiance, onzième après un mois d'activité selon le classement traditionnel, huitième avec le système de la moyenne. Certains allaient mettre en doute le changement régulier de lignes du coach Jouko Myrrä, y compris certains de ses joueurs selon certains échos. Finalement, la bonne dynamique a été trouvée assez rapidement, et ce malgré les nombreuses blessures et le covid qui ont entaché la saison. Au final, près d'une quarantaine de joueurs ont été utilisés, avec toutefois une bonne performance collective sur la durée. Exception faite de quelques cas isolés (Daniel Gazda et Ivan Nikolishin), la grande majorité des joueurs ont réalisé des performances louables. Malgré certaines longues absences coûteuses, comme celles de Santeri Virtanen et Antti Saarela (auteur d'un hat trick à l'inauguration de la Nokia Arena), chaque maillon a su prendre le relais. Le poste de gardien de but en est un exemple flagrant. L'absence de plusieurs mois, dès octobre, du titulaire tchèque Marek Langhamer n'augurait rien de bon, il a finalement été parfaitement secondé par son jeune coéquipier russe Vadim Zherenko qui a assumé avec brio les lourdes responsabilités. Ilves a alors bénéficié d'un remarquable duo de remparts, car à son retour Langhamer a été une pièce importante pour la médaille de bronze, la première du club en l'espace de 21 ans.

Une longue liste de malades et de blessés, dont des joueurs clefs, n'est donc pas la seule caractéristique de la saison 2021-2022 d'Ilves, qui a dit adieu à sa vétuste enceinte du Hakametsä, que les Lynx occupaient depuis 1985. L'emménagement dans la toute moderne Nokia Arena a donné, tout comme au rival Tappara, des ailes à Ilves. Les joueurs de Jouko Myrrä n'ont ensuite pas faibli, affichant notamment 7 victoires à leurs 9 derniers matchs à la mi-janvier. Ils étaient alors au deuxième rang de la Liiga, ils ont finalement fini la saison régulière à une belle troisième place. Autant dire que la Nokia Arena a également vibré pour l'autre équipe de Tampere, c'est le peu de le dire. Des pointes à 11 700 spectateurs par match, le record de 300 000 spectateurs durant les playoffs cette saison vient en bonne partie de la Nokia Arena... même si la série finale dans ce nouvel écrin s'est disputée sans Ilves.

Évidemment, les satisfactions ont été nombreuses. En plus de solides gardiens, Eemeli Suomi est toujours un capitaine remarquable de combativité, qui a mené les compteurs de l'équipe pour la troisième saison de suite. Le faux-frère formé à Tappara Petri Kontiola s'est montré, malgré ses 37 ans, encore décisif, notamment en supériorité numérique, il a également inscrit le but de la qualification en demi-finale contre Kärpät. Citons enfin deux jeunes talents éblouissants, le défenseur Leo Lööf et le centre Matias Mäntykivi, qui pourraient avoir une belle carrière respectivement à St. Louis et Boston. En demi-finale, Ilves n'a malheureusement pu compter sur un nouvel acte héroïque de son joker de luxe, le phénomène Marko "Mörkö" Anttila qui n'a pas pu reproduire les exploits qui ont fait sa signature en équipe nationale. L'aventure s'est arrêtée face à TPS avec probablement beaucoup de frustration chez les fans qui auraient tant souhaité (comme beaucoup d'amateurs du pays) une finale 100% Tampere. La première médaille du club depuis 2001, en bronze, a toutefois récompensé cette équipe rafraîchissante.

 

KooKoo Kouvola (4e) : la surprise (en playoffs)

Qui s'attendait à une fin de parcours aussi spectaculaire de la part de KooKoo ? Un club arrivé tout droit de Mestis en 2015, qui n'avait jusqu'ici connu qu'une incursion en play-in l'année dernière. Un nouvel entraîneur en chef relativement inexpérimenté à ce niveau (Olli Salo succédant au réputé Ahokas) et le départ de quelques joueurs clefs n'avaient pas créé un vent d'optimisme. D'autant plus après un hiver catastrophe : KooKoo n'a remporté que deux des dix rencontres de décembre, avant de ne jouer qu'un seul match (perdu) en janvier en raison d'une quarantaine covid, pour ne rien arranger. Mais de meilleures performances en février ont permis d'arracher le ticket pour les playoffs. La direction avait alors décidé de ne pas faire appel à des renforts avant les séries, pendant que la plupart se renforçaient au moins un minimum. Raison économique et / ou manque d'ambition ? Une première moitié de saison délicate a peut-être modéré les ambitions.

Et pourtant, le but en deuxième prolongation de Radek Koblízek en play-in, envoyant KooKoo en quart de finale, a probablement été un détonateur, le début d'une belle aventure printanière pour le club de Kouvola. La croyance en son plein potentiel s'est alors renforcée. KooKoo a par la suite piégé l'équipe sensation de la saison régulière, Jukurit, en l'éliminant là encore à l'issue d'une dernière manche décisive d'un quart de finale passionnant. L'équipe sensation, c'était cette fois-ci KooKoo qui ne faisait plus de complexe de supériorité. Malheureusement privé de deux défenseurs majeurs en demi-finale, Petteri Nikkilä et Sam Lofquist, KooKoo a malgré tout affiché une belle résistance face à l'écrasant favori et futur champion Tappara. Et il s'en est fallu de peu pour que l'équipe obtienne la première médaille de son histoire en Liiga, battue d'un but par Ilves pour la médaille de bronze.

La brigade défensive a tenu le choc malgré quelques blessés, ainsi que la retraite soudaine et prématurée, à seulement 24 ans, de Martin Berger. Une maladie cardiaque a été diagnostiquée, son médecin lui a ensuite ordonné de raccrocher les patins. Cela a toutefois permis de voir de jeunes défenseurs émerger comme Eero Teräväinen (le petit frère du NHLer Teuvo), mais surtout Peetro Seppälä, devenu un vrai pilier et dont les droits appartiennent au Seattle Kraken. Porté également par Nick Malík, jeune gardien à double nationalité américaine et tchèque étonnant de régularité, l'ex-duo d'Ilves revanchard Ville Meskanen / Joose Antonen et le leader Kim Strömberg (15 points en 16 matchs de playoffs), KooKoo, qui jusque-là produisait des performances respectables en Liiga, a réalisé un parcours sensationnel, qu'il sera peut-être difficile à renouveler dès la saison prochaine.

 

Mikkelin Jukurit (5e) : la surprise (en saison régulière)

L'hégémonie de certaines forces en élite finlandaise a été bouleversée par le parcours spectaculaire de KooKoo, également par celui des Jukurit. L'ambiance dans les coulisses n'était pourtant pas au beau fixe. Le conseil d'administration avait démissionné, la raison étant la méfiance envers le propriétaire majoritaire Heikki Viitikko qui détient 28% des parts du club. Mais ce qui faisait davantage jaser les fans, c'était le choix audacieux de l'entraîneur en chef. Beaucoup étaient sceptiques en voyant arriver Olli Jokinen, illustre joueur mais parachuté derrière un banc de Liiga sans expérience. Une trajectoire qui est à contre courant de la tradition finlandaise où la formation technique sur plusieurs années est privilégiée. La venue d'un novice, quand bien même il fut un joueur accompli en son époque, a eu le don d'éveiller les critiques bien avant de constater la réalité des résultats. Jokinen était moqué, faisait l'objet de memes sur les réseaux. Mais les critiques ont vite été ravalées, tant le choix de Jokinen aura été judicieux.

Olli Jokinen a instauré une atmosphère plus professionnelle dans les vestiaires, plus proche des grandes écuries de Liiga. Et les résultats ont suivi avec une impressionnante montée en puissance, jusqu'à être leader de la saison régulière le 5 mars. Le recrutement n'a pas donc seulement été une réussite derrière le banc. Et ce sont de jeunes joueurs qui ont tiré leur épingle du jeu, mettant au placard certains vétérans contrariés par les blessures comme Niko Hovinen et Jani Tuppurainen. Le gardien Oskari Salminen, qui n'avait encaissé que 7 buts à ses 5 premiers matchs, n'a pas flanché, il a atteint l'élite des tous meilleurs gardiens de Finlande. Tout comme Christian Heljanko de Tappara, Salminen a réalisé au total neuf blanchissages durant la saison. Petrus Palmu, après une saison en DEL, a atteint un sommet de 59 points (le deuxième meilleur total de la ligue), créant l'un des duos les plus dangereux de Liiga avec le talentueux espoir Aatu Räty qui a pris définitivement son envol. Ces trois-là ont clairement marqué les esprits, avec à leurs côtés de très bons leaders comme Niclas Lundgren, Oliver Larsen, Jarkko Immonen, Pekka Jormakka et Patrik Puistola.

L'équipe de Savonie du Sud a alors atteint un niveau insoupçonnable, récompensée par une belle deuxième place au classement. La chute en quart de finale contre KooKoo a peut-être laissé des regrets, le duo Palmu / Räty a perdu en tranchant en playoffs, mais la réussite sur l'ensemble de la saison est un motif d'espoir sachant que 80% de l'équipe sera inchangée pour la saison à venir.

 

IFK Helsinki (6e) : nouvelle saison, nouvelle déception

Chaque année, l'IFK Helsinki est l'un des grands favoris du championnat de Finlande, le deuxième plus gros budget de Liiga durant la saison 2021-2022 avec 2,6 millions d'euros de masse salariale. Mais comme souvent, la saison du HIFK s'est terminée par une déception. Ce tour de montagnes russes était piloté par une ancienne gloire du club de la capitale, Ville Peltonen, qui a notamment entraîné Lausanne de 2018 à 2020. Il avait un objectif : mettre l'accent sur le développement physique. Mais après onze journées, HIFK ne pointait qu'à la neuvième place du classement, "une efficacité insuffisante" selon Peltonen, effectivement les Helsinkiens ont eu bien des difficultés à marquer. Mais à l'approche des fêtes de fin d'année, HIFK a su trouver son rythme, devenant momentanément leader du championnat dès le 31 décembre, avec des performances enfin convaincantes conformes à ses ambitions.

HIFK a clairement joué son meilleur hockey pendant les fêtes. Mais au début de l'année, le covid s'est malheureusement invité parmi l'équipe, de nouvelles difficultés ont alors commencé. À partir de ce moment précis, l'IFK a commencé à jouer à effectif réduit, il ne remportera que 8 des 21 rencontres pendant cette période difficile, blanchi d'ailleurs à six reprises alors que l'équipe offrait l'attaque la plus productive avant le début des contaminations dans les vestiaires. À l'issue d'une saison régulière en dents de scie, les joueurs de la capitale plieront face à TPS lors d'une série certes attrayante malgré l'élimination en quart.

HIFK a beau offrir une belle légion de vedettes, peu ont vraiment tenu leur rang : Jere Innala, Eetu Koivistoinen, Roni Hirvonen, Juha Jääskä, le Suédois Johan Motin et le Français Yohann Auvitu. Le défenseur de l'équipe de France, après bien des soucis - il n'avait disputé que 23 matchs entre 2018 et 2021 - a rayonné, en saison régulière et encore plus en playoffs lors desquels il fut, de l'aveu de certains spécialistes, le meilleur joueur de l'équipe. Auvitu a d'ailleurs inscrit le 9 999e but de l'histoire de HIFK en Liiga. Auvitu et Motin étaient des piliers d'une défense loin d'être infaillible, alors que les deux gardiens, Michael Garteig et Niilo Halonen, n'ont pu atteindre le niveau attendu lorsqu'ils n'étaient pas blessés. La saison 2021-2022 était donc une nouvelle déception pour HIFK, le dernier titre datant d'il y a 11 ans.

 

Oulun Kärpät (7e) : échec du coach joker

À l'image de Tappara et HIFK, Kärpät est souvent avancé comme un favori pour le titre, quand bien même 2021 a été marqué par une élimination dès les quarts de finale. Une mésaventure qui s'est renouvelée en 2022. Cela avait pourtant bien commencé, le club d'Oulu se classant troisième après onze rencontres, pendant que certains favoris ont rencontré des difficultés dès le début. En plus des cadres d'expérience, certains internationaux juniors ont brillé comme le défenseur Topi Niemelä (Toronto, dans le top 10 des meilleurs défenseurs marqueurs) et Ville Koivunen (Carolina, 29 points à sa première saison). Reste néanmoins que l'échange avec les Jukurit d'Aatu Räty (alors que son frère Aku est resté à Oulu), en échange d'Axel Rindell, qui n'a pu atteindre son niveau, était une bien mauvaise opération. Quant aux performances de l'équipe, elles ont ralenti au fil de la saison.

L'arrêt des activités des Jokerit en KHL a permis la mise sur le marché de joueurs, mais un éminent entraîneur est également devenu disponible. Lauri Marjamäki, ancien coach de l'équipe nationale et connaissance de longue date à Oulu, était un choix tentant. La direction avait déjà fait sauter la banque à la fin de la période des transferts avec sept recrues, elle a finalement décidé d'évincer Lauri Mikkola, qui ne faisait plus l'unanimité à la barre de l'équipe, pour faire venir Marjamäki (qui a amené avec lui l'ailier Julius Junttila). À l'approche des playoffs, sa venue a fait naître des espoirs de titre, lui qui a mené Kärpät à deux championnats de Finlande et une médaille de bronze entre 2013 et 2016. Bon nombre de joueurs le connaissaient très bien, tels que le défenseur champion olympique Atte Ohtamaa et les meilleurs marqueurs de l'équipe Saku Mäenalanen et Juhamatti Aaltonen.

À son arrivée, le technicien de 45 ans a voulu mettre l'accent sur le jeu défensif, qui s'est effectivement perfectionné. Il a changé de gardien titulaire, laissant sur le banc le Russe Stanislav Galimov alors hors de forme après une période de maladie, pour faire briller son jeune concurrent de 20 ans Joel Blomqvist (94% d'arrêts en saison régulière, puis 95% en playoffs). Mais ces ajustements se sont faits au détriment du jeu offensif. S'en est suivie une sécheresse de buts qui a commencé en fin de saison régulière, et qui a empiré en playoffs lors de la série de sept matchs contre Ilves. Sous Marjamäki, Kärpät a disputé 16 matchs au cours desquels les nordistes n'ont inscrit que 26 buts. Le coach joker - qui sera encore là à la rentrée - n'a pas pu échapper à ses responsabilités après cet échec, car les attentes étaient très élevées à son arrivée. Saluons tout de même la fin de carrière d'un monument, Mika Pyörälä, 40 ans, 15 saisons en Liiga (uniquement avec Kärpät) et qui a passé le cap des 700 matchs en carrière lors de sa dernière saison.

 

Rauman Lukko (8e) : emporté par la deuxième vague

Les fans de Lukko seront passés par toutes les émotions durant cette saison 2021-2022. En bas de tableau en automne, le club de Rauma, champion en titre, a ensuite réalisé une remontée spectaculaire avec 12 victoires consécutives, un record dans l'histoire du club, dont 10 succès dans les 60 minutes. Cette impressionnante séquence a eu lieu entre mi-décembre et début février. On retrouvait là le Lukko qu'avait façonné précédemment Pekka Virta, une force collective redoutable capable de défendre son titre. Lukko est allé jusqu'à atteindre la deuxième place de la saison régulière, derrière Tappara.

Des performances réalisées en partie grâce à deux individualités qui se sont détachées. Auteur d'une saison stratosphérique l'an passé, le jeune gardien Lassi Lehtinen a connu davantage de difficultés. Avec un jeune talent finalement en mal de confiance, le staff est allé chercher Artyom Zagidulin, qui n'avait joué que trois matchs en KHL avec Magnitogorsk. Zagidulin a repris le flambeau et connu de solides performances. Mais le joueur le plus précieux de l'équipe était incontestablement Vili Saarijärvi, défenseur de 24 ans qui formait une doublette solide avec Samuli Piipponen. Saarijärvi a apporté beaucoup d'assurance en défensive, mais il était aussi le meilleur marqueur et le meilleur buteur chez les défenseurs. Un joueur exemplaire sur lequel Langnau a mis son grappin pour la saison à venir. De très bons atouts offensifs comme Sebastian Repo, Arttu Ilomäki, Scott Pooley, Thomas Gégoire ou Pavol Skalický ont permis d'emprunter le chemin vers les playoffs.

Mais à la mi-février sont arrivées les contrariétés. Déjà touchée par une première vague de covid en novembre (qui a vu l'annulation d'un match CHL), l'équipe en a subi une deuxième en fin de saison régulière. Dans cette dernière ligne droite, Lukko a dû s'entraîner et jouer à effectif réduit. Le jeu s'est alors enrayé, la défense a pris l'eau, Zagidulin tentant de sauver les apparences. Lukko a perdu 7 de ses 9 derniers matchs, sachant que deux rencontres reportées n'ont pu être reprogrammées, le club de Rauma a finalement terminé au dixième rang, in extremis pour jouer les play-in. Une équipe à la fois décimée par le covid et déstructurée, l'entraîneur en chef Marko Virtanen ne cachait pas alors ses inquiétudes avant les séries éliminatoires. Ses joueurs ont finalement assuré l'essentiel en déjouant d'abord HPK mais ils ont déposé les armes en cinq manches en quart de finale face à Tappara. Une seule victoire contre le futur champion mais une résistance honorable pendant toute la série pour l'équipe de Liiga la plus touchée par le covid, même si Virtanen a souhaité assumer ses responsabilités et ne pas se cacher derrière les raisons médicales. Point noir à souligner et à améliorer : la place des jeunes formés au club, qui n'ont eu que trop peu d'impact durant la saison alors que la section junior est un modèle de réussite.

 

Hämeenlinnan Pallokerho (9e) : une réussite trop insolente

La saison 2021-2022 de HPK a été pendant un temps réjouissante, mais au final décevante. Cinq défaites consécutives, six lors des huit premiers matchs de la saison pour seulement cinq points, le faux départ a eu raison du trio de coaching conduit par Matti Tiilikainen. C'est finalement Jarno Pikkarainen, personnage incontournable en Liiga et présent derrière le banc du HIFK jusqu'à la saison précédente, qui a repris le flambeau. Un changement bien venu semble-t-il. Trois victoires consécutives aussitôt Pikkarainen arrivé, le club d'Hämeenlinna s'est transformé en équipe de top Liiga avec par la suite une séquence de dix victoires de rang. HPK a tenu une régularité dans les résultats jusqu'au mois de mars. Car arrivé à ce stade, la bonne dynamique est retombée. Seulement 9 points ont été obtenus sur 33 possibles jusqu'à la fin de la saison régulière. Dans les derniers matchs, HPK est passé de la quatrième à la septième place. Et en play-in, HPK n'a pas été en mesure de remporter une seule victoire contre Lukko.

Le covid, les blessures sont des raisons que l'on peut avancer. Mais de l'aveu des spécialistes, HPK a eu surtout beaucoup de réussite dans les temps forts de sa saison, déjouant les pronostics et les prévisions des statistiques avancées. La chute en mars, et les défaites accumulées, ne sont probablement qu'un retour sur Terre attendu, plus proche de la valeur réelle de l'équipe. D'ailleurs, sur le plan du jeu, le jeu de puissance aura été catastrophique. Des renforts étrangers décevants (Mario Grman, Ryan Johnson, Philippe Cornet, Sean Collins, Matt Marcinew) et l'absence d'un vrai centre numéro 1 auront été préjudiciables.

Il faut tout de même admettre que HPK a eu malgré tout du nez concernant une vraie recrue en or : Michael Joly. Ce Québécois de 27 ans, qui jouait là sa première saison en Europe, aura été absolument éblouissant. De son aile droite, Joly a marqué 21 buts dont 9 gagnants, 50 points au total, capable d'accélérations impressionnantes, irréprochable dans son soutien défensif et dans son attitude. Vif, rapide, polyvalent, ce joueur a clairement marqué les esprits et il est devenu le chouchou de la Pohjantähti areena. Notons également les performances admirables du gardien Daniel Lebedeff, jeune rempart de 23 ans qui a destitué Eetu Laurikainen, trop irrégulier, du poste de titulaire. Ce n'était que la deuxième saison de Lebedeff en Liiga, et il a réussi à maintenir un pourcentage d'arrêts à 93% en saison régulière puis en play-in. Joly et Lebedeff seront d'ailleurs encore sous l'uniforme de HPK pour la saison à venir, mais il faudra un vrai effort collectif pour redresser la barre.

 

Lahden Pelicans (10e) : cauchemar dès Noël

Les Pelicans de Lahti n'ont pas pu faire mieux qu'une dixième place, un rang que l'on aurait pas pu imaginer après une première moitié de saison très satisfaisante, avec un summum juste après la première trêve internationale de novembre. Sous les ordres de Tommi Niemelä, les joueurs de Lahti étaient parvenus à affiner leur jeu, dans tous les aspects, en particulier en terme de possession de puck. Malgré huit blessés, dont six en une semaine, fin novembre, les Pelicans semblaient tenir le choc. Et puis après les fêtes de fin d'année, ce fut un coup d'arrêt brutal avec des performances pauvres. La formation de Lahti n'a récolté que 3 points sur une séquence de dix matchs, un score cumulé de 14-31 sur cette période et une belle chute au classement. Une mauvaise passe que Niemelä attribuait alors à la pause de Noël de huit jours puis une quarantaine covid de dix jours dans la foulée qui ont perturbé l'organisation de l'équipe. Sauf que les Pélicans n'ont jamais pu relever le tête. Ils se sont alors accrochés jusqu'au bout pour décrocher un ticket pour les play-in, ce fut chose faite mais KooKoo, qui démarrait alors une campagne spectaculaire en playoffs, a mis les oiseaux pêcheurs en vacances.

Une fin particulièrement frustrante, au regard du niveau atteint à mi-saison, aussi au vu des investissements réalisés pour tenter de relever l'équipe avant les playoffs. Dans les derniers jours de la période des transferts, le staff était allé faire son marché, comme d'autres écuries de Liiga, en KHL où les portes de sortie se sont ouvertes après le début du conflit en Ukraine. Ont rejoint Lahti le gardien star Patrik Bartošák, le surprenant défenseur letton Karlis Cukste et le champion olympique Hannes Björninen, en plus du super talent Brad Lambert cédé par JYP. Lambert a d'ailleurs eu du mal à confirmer son potentiel et les espoirs que l'on voit en lui, à Jyväskylä comme à Lahti, alors qu'il était censé être en haut de la liste pour la draft NHL 2022.

Si les attentes (trop grandes ?) autour de Lambert n'ont pu être comblées, les trois jokers ont tenu leur rang, tout comme sur toute la saison le leader Teemu Eronen, le redoutable duo tchèque LukᚠJašek / Jirí Smejkal (respectivement 51 et 45 points en saison régulière) et le toujours spectaculaire Iikka Kangasniemi. Mais ce n'est uniquement que sur ces quelques individualités que le groupe, finalement assez fragile, obtenait ses résultats. Quelques bonnes recrues ne font pas un succès, et le manque de production de jeunes talents demeure un point qu'il faudra corriger.

 

Kalevan Pallo (11e) : défaillance incompréhensible

KalPa a connu un début de saison difficile avec de nombreuses blessures, celle-ci a d'ailleurs commencé sans Kim Nousiainen, Jaakko Rissanen, Kasper Simontaival et Juuso Könönen. Les performances en dents de scie ont toutefois précédé un réveil qui a eu lieu en tout début d'année. À partir du 13 janvier, l'équipe de Kuopio a réussi à tenir une certaine régularité dans les résultats. Pendant deux mois, KalPa était irrésistible, c'était l'équipe de Liiga qui avait obtenu le plus de points sur cette période. Un jeu rapide et léché, les joueurs entraînés par Tommi Miettinen épataient la galerie, à plus forte raison à la maison puisque sur l'ensemble de la saison, KalPa était la troisième équipe la plus performante à domicile. Rien ne semblait arrêter cette escouade portée notamment par les deux revenants, Tuomas Kiiskinen et Jaakko Rissanen.

À l'approche des playoffs, KalPa avait son destin en main, avec un calendrier plutôt favorable. Et pourtant, stupeur, le train qui allait à vive allure, rattrapant les premiers mois difficiles, a déraillé : six défaites lors des six derniers matchs de la saison régulière, 11e rang et pas de playoffs. Incompréhension alors que l'équipe semblait rodée et prête à défier les meilleurs. Comment peut-on justifier une telle défaillance ? Difficile, car les statistiques avancées plaçaient bien plus haut le club de Savonie du Nord. La saison de l'équipe est à l'image des performances de son gardien, Eero Kilpeläinen, auteur d'un début d'exercice moribond, avant de retrouver son meilleur niveau pour remettre en selle les siens en course vers les playoffs, puis il est retombé dans ses travers avec des prestations faibles et de mauvais buts en fin de saison. D'ailleurs, Kilpeläinen a préféré arrêter là en mettant fin à sa carrière.

Les blessures de nombreux joueurs ont probablement freiné les performances (c'est le cas du Haut-Savoyard Sami Tavernier). Le staff n'avait recruté en février que deux défenseurs (Tom Grönblom et Nikita Pivtsakin), en plus d'un gardien en novembre, une posture plutôt attentiste au regard des indisponibilités dans l'effectif, notamment à la date limite des transferts. Une chose est sûre, la première vraie saison en Liiga de Hugo Gallet, sans avoir à faire la bascule de Mestis, a plutôt été convaincante avec un temps de jeu important, 17 minutes de temps de jeu moyen. Des performances prometteuses pour le futur pilier de l'équipe de France au sein d'une équipe qui tentera d'être plus endurante la saison prochaine.

 

Vaasan Sport (12e) : efficacité éphémère

La saison de Vaasa a démarré de manière convaincante, avec notamment cinq victoires de suite à domicile. Pendant les deux premiers mois, les Aigles ont offert un hockey rapide et passionnant. Mais le rendement a commencé à vaciller en novembre, le doute s'est ensuite installé pour ne pas disparaître. Du 6 au 26 novembre, Vaasa a connu une série noire de six revers de rang, seulement 2 buts marqués sur cette séquence et une inefficacité durant 228'49", un triste record. La morosité a perduré et l'inquiétude de ne pas disputer les playoffs grandi. Les joueurs de Risto Dufva ont finalement terminé à la 12e place. L'équipe n'a jamais été en mesure de retrouver son meilleur niveau, affichant certes de la combativité mais manquant de vitesse et de patinage. Mais c'est surtout l'efficacité devant le but qui a fait défaut.

Beaucoup de joueurs ont été essayés tout au long de la saison, mais finalement peu ont donné satisfaction. Le gardien Niko Hovinen a livré des prestations solides, donnant à chaque fois à son équipe une chance d'accrocher n'importe quel adversaire. Mais sa blessure a obligé le suppléant Rasmus Reijola à assumer davantage de responsabilités, probablement trop lourdes pour lui. Shaun Heshka et Emil Johansson ont formé un duo solide en défense, l'un des meilleurs de Liiga, qui a apporté beaucoup de sang-froid au secteur défensif. Défense où le jeune Slovène Bine Masic a très bien figuré, en attendant l'arrivée d'un autre grand talent slovène de l'organisation, Jure Povse, qui a inscrit 54 points en 40 matchs avec les U20.

La puissance offensive était toutefois bien trop limitée, reposant trop souvent sur le centre vétéran Turo Asplund qui a connu une nouvelle saison de plus de 30 points. Le retour dix ans après dans son club formateur de Joni Nikko était particulièrement attendu, mais il n'a finalement pas donné satisfaction. Alors que Vaasa était hors course pour les playoffs à la fin de l'hiver, la saison s'est malgré tout finie sur une note plaisante : une victoire sur Ilves qui marquait la fin d'une carrière bien remplie pour deux hommes forts du club, Jonne Virtanen et Filip Riska.

 

JYP Jyväskylä (13e) : quand une blessure change tout

Lanterne rouge en 2021, JYP est parvenu à améliorer son classement, mais une treizième place ne pourra pas réconforter les supporteurs. Après des débuts prometteurs, les joueurs de Finlande centrale ont vite sombré. Entre le 15 octobre et le 22 janvier, le club de Jyväskylä a perdu 21 des 26 matchs de championnat. JYP était complètement enlisé en fond de classement, avec pour apogée de ce cauchemar une défaite 1-10 contre Kärpät, l'un des revers les plus sévères de son histoire. Le désespoir des joueurs était à son summum, pour l'équipe la plus jeune de Liiga qui ne pouvait encore réellement se battre pour une place en playoffs, malgré quelques bonnes recrues étrangères (le gardien Konstantin Shostak, les attaquants Reid Gardiner et Adam Brodecki).

Parmi un carrousel impressionnant de 51 joueurs durant toute la saison, un nom a tout de même retenu l'attention : Joakim Kemell. Cet ailier droit de 18 ans a complètement éclipsé l'autre jeune phénomène Brad Lambert, poussé vers la sortie par ses performances décevantes. Le staff de JYP n'a d'ailleurs pas pris la peine de commenter le départ de Lambert vers son club formateur, les Pelicans. Également éligible à la draft NHL 2022, Kemell a amélioré son rang avec des performances automnales absolument éblouissantes : 17 points dont 11 buts après seulement 15 matchs. Alors qu'il n'avait pas encore 18 ans à ce moment de la saison, il était l'attaquant le plus prolifique du championnat, les fans de JYP se rêvaient de voir le record de points d'un U18 en Liiga - signé Kaapo Kakko - pulvérisé. Malheureusement pour eux, et pour Kemell, une vilaine blessure qui l'a écarté des glaces pendant un mois a ruiné sa saison et sa confiance. Lui qui était devenu l'espoir le plus en vue de Finlande n'a alors jamais retrouvé ses sensations, à son retour en décembre : il n'a marqué aucun but entre le 3 décembre et 2 mars, n'inscrivant que 5 points en 23 recontres après sa blessure. La fin de saison régulière a toutefois été réjouissante avec une équipe qui a évacué la pression pour taquiner les meilleurs.

 

Saimaan Pallo (14e) : des jeunes qui éclipsent les vétérans

51 joueurs à JYP, et tout de même 44 joueurs pour SaiPa qui ont tenté de rafistoler une équipe en difficulté tout au long de la saison. Ce n'est pas forcément ce qu'avait prévu le tant attendu nouvel entraîneur, le réputé Pekka Virta qui a mené Lukko au titre en 2021, et qui souhaitait créer une vraie identité. Faire appel à plus d'une quarantaine de joueurs, dont bon nombre de recrues qui ont déçu dans le lot, les conditions étaient loin d'être réunies. Le retour du Canadien David McIntyre, qui était un top scoreur de Liiga quand il a joué à Lappeenranta de 2014 et 2016, a fait partie des grandes déceptions, transféré en cours de saison à Cologne. Autre grande déception, l'arme tchèque Dominik Lakatos qui n'a rien eu de fatale, lui aussi a déménagé en cours de route, rentré à Vítkovice. Ce jeu de chaises musicales n'a pas permis de respecter une précieuse stabilité, SaiPa a rapidement perdu le fil, ne le retrouvant à aucun moment.

Les plus fortes responsabiltés ont surtout incombé aux plus jeunes, ce qui n'était pas forcément un mal car cela a permis de consolider le projet à long terme du staff et de Virta. Et justement, certaines pépites ont fait très forte impression, indiquant que le chemin pris est le bon. Niclas Westerholm (24 ans) a été remarquable devant les poteaux dans une équipe qui a continuellement subi le jeu, son absence pendant six semaines a été particulièrement difficile à gérer par ses suppléants. Westerholm, qui a joué les deux tiers des rencontres de son équipe, est devenu l'un des meilleurs à son poste, les portes de l'équipe nationale lui ont d'ailleurs été ouvertes. Nuutti Viitasalo (23 ans) et Henri Hietala (21 ans... et quasiment 2 mètres de haut) ont réalisé une étonnante percée en défense, peut-être plus particulièrement Viitasalo qui a terminé troisième meilleur marqueur chez les "rookies", il a été sélectionné au camp de l'équipe nationale en fin de saison mais a dû déclarer forfait en raison d'une blessure.

Une autre star en devenir est à trouver en offensive : Ville Petman (22 ans) a lui aussi réalisé une percée impressionante avec ses 39 points (le meilleur total de l'équipe), il n'en avait inscrit que 2 la saison précédente. Casque d'or de l'équipe dès le début de la saison, Petman est devenu le centre numéro 1 que recherchait l'équipe, et tout comme Westerholm, il a fait ses débuts en équipe nationale. Petman, Westerholm, Viitasalo, Hietala et quelques autres sont les signes d'une nouvelle ère prometteuse pour SaiPa. Le développement d'une nouvelle génération et une identité de jeu solide, la direction de SaiPa semble avoir pris une direction claire avec un encadrement expérimenté, même s'il y a encore beaucoup à apprendre.

 

Porin Ässät (15e) : préparer l'avenir

Déjà absent des playoffs lors des deux exercices précédents, les Ässät n'ont pas été en mesure de rallier les séries encore une fois. Avec le deuxième budget le moins élevé du championnat, on ne pouvait pas s'attendre à des miracles, mais les "As" n'ont pas connu une seule période convaincante durant la saison, bloqué à la dernière place. L'entraîneur en chef Ari-Pekka Selin, visage familier en Liiga, a été éjecté le 23 novembre, après seulement 21 points obtenus en 23 matchs et seulement 4 victoires dans les 60 minutes. L'arrivée de Karri Kivi, qui avait mené le club de Pori au titre en 2013, avait de quoi rassurer les plus sceptiques, mais cela n'a pas amélioré le rendement pour autant. Cependant, la prolongation du contrat de Kivi jusqu'en 2023 a eu le mérite d'installer une certaine continuité, permettant de travailler sereinement sans la pression des résultats.

La saison noire s'est transformée en zone d'essai pour l'avenir. Alors que les Ässät étaient condamnés à rester dans le fond du classement, Kivi a donné un temps de jeu important aux jeunes talents, notamment Leevi Viitala, Kalle Myllymaa, Feetu Knihti et Jami Virtanen. Ce dernier a une histoire étonnante puisque son père Jaakko et son grand-père Anto Virtanen ont joué pour Ässät. C'est la première fois en élite finlandaise que trois générations représentent le même club. Précisons que d'autres espoirs avaient déjà fait leur trou en Liiga. Les jeunes défenseurs Aleksi Heimosalmi et surtout Rami Määttä étaient devenus des joueurs réguliers au sein de l'équipe depuis le début de la saison. Au moins, les jeunes de l'organisation ont accumulé du capital expérience, à défaut de pouvoir compter sur de vrais leaders. Le gardien russe Konstantin Volkov et le centre américain Derek Barach ont été les seuls étrangers à donner satisfaction, alors que les leaders respectés Sakari Salminen et Jarno Kärki étaient parfois aux abonnés absents.

Les As auront besoin de leadership pour poursuivre ce nouveau cycle, mais le club sera en tout cas moins fragile économiquement. En mars 2022, la ville de Pori a racheté 44% des parts de la patinoire vendues dix ans plus tôt au club, les rachetant pour à peine 500 000 euros, soit un dixième de la valeur. Cela a tout de même permis d'effacer les dettes d'Ässät, de quoi partir sur de nouvelles bases, à tous points de vue.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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