Suède 2021/22 : présentation

 

La SHL suédoise a repris le 11 septembre 2021, une nouvelle saison qui débutait sous le coup des restrictions toujours en vigueur en Suède. Depuis mars, les limites d'affluence dans les patinoires étaient fixées à 50 ou 500 spectateurs. Comme partout ailleurs, ces fameuses restrictions devenaient de plus en plus difficilement tolérables pour les clubs. Fin août, Anders Larsson (président de la fédération suédoise), Anders Källström (président de la SHL), Agne Bengtsson (présidente de la SDHL), Niclas Fröberg (président de la Hockeyallsvenskan) et Ronnie Glysing (président de la Hockeyettan) rédigeaient une lettre commune pour exhorter le gouvernement à lâcher du lest, souhaitant notamment la mise en place d'un pass sanitaire ou vaccinal afin de permettre de nouveau l'accueil du public. Finalement, quelques jours plus tard, le gouvernement suédois, par l'intermédiaire de la Ministre de la Culture écologiste Amanda Lind, annonçait la levée des restrictions pour le 29 septembre. Étant donné que le championnat a débuté deux semaines avant, la SHL a accepté que certains clubs procèdent à des reports de match après la fin des restrictions pour garantir des recettes en tribunes.

Tout semble parti donc pour une saison (presque) normale, avec des Lakers qui tenteront de poursuivre leur dynastie alors que bon nombre d'adversaires ressortent d'une saison décevante et tenteront de rectifier le tir.

 

Trois titres en l'espace de six ans, on peut véritablement parler de dynastie concernant Växjö, dont beaucoup attribuent son succès à l'entraîneur Sam Hallam, toujours derrière le banc des Lakers. Mais Växjö devra se passer des services d'un pion essentiel des titres 2018 et 2021 (il a d'ailleurs été élu meilleur gardien ces années-là) : Viktor Fasth qui a mis fin à sa carrière à 38 ans. Adam Åhman (Allsvenskan) et Janis Kalninš (KHL) le remplaceront. Le manager Henrik Evertsson compare d'ailleurs le Letton de 29 ans, qui a connu cinq dernières années satisfaisantes en KHL, à Fasth, un talent qui s'était révélé sur le tard.

Si le club du Småland a vu le départ d'Emil Pettersson - le meilleur marqueur de l'équipe - et Jack Drury - qui a impressionné à tel point qu'il a obtenu un contrat NHL, à Carolina - le groupe est finalement assez peu chamboulé. Quadruple champion de Suède (deux fois avec Skellefteå, deux fois avec Växjö), Martin Lundberg a été prolongé, tout comme le capitaine Erik Josefsson et le très offensif Andrew Calof, sans compter sur le défenseur lui aussi très offensif Joel Persson et les inséparables attaquants Robert Rosén et Richard Gynge, toujours à bord.

Julius Nättinen a finalement rallié Växjö, le meilleur buteur de Liiga en 2020 avait été approché à l'époque par plusieurs clubs suédois, avant de choisir Ambrì-Piotta, c'est désormais un Laker qui devient un atout offensif de premier plan pour Växjö. Arvid Lundberg (aucun lien avec Martin), qui fait lui pour la deuxième fois de sa carrière le trajet Skellefteå - Växjö, est un défenseur fiable. Et les supporteurs de Växjö n'osaient pas trop y croire : Pontus Holmberg (22 ans) sera pourtant bien présent cette saison, mis sous contrat par Toronto mais prêté par les Maple Leafs. Le phénomène Holmberg, élu meilleur joueur des playoffs, avait marqué les esprits en marquant un point par match en séries dont plusieurs but gagnants. Växjö est donc bien armé pour défendre son titre.

 

Une deuxième place en saison régulière puis une place en finale en 2021 ont confirmé les ambitions toujours plus grandes de Rögle. Que de chemin parcouru en 70 ans d'histoire pour le club d'Ängelholm, qui n'avait jamais gagné un match de playoffs avant de se rendre en finale au printemps dernier, et qui est donc désormais un candidat au titre à prendre très au sérieux. Pour autant, l'entraîneur Cam Abbott, toujours accompagné de son frère jumeau Chris qui occupe le poste de manager, s'est dit déçu après la finale perdue contre Växjö, il est avide de vengeance.

Mais Rögle a perdu des plumes durant l'intersaison, dont le duo infernal Daniel Zaar et Simon Ryfors (95 points à eux deux), respectivement en KHL et à Tampa Bay. Et les pertes sont également conséquentes en défense puisque trois excellents joueurs sont partis : Niklas Hansson (Zoug), Éric Gélinas (Carolina) et Moritz Seider (retour prêt Détroit). Difficile de passer derrière un phénomène comme Seider, mais le vice-champion du monde Tony Sund et le meilleur joueur des play-offs DEL Ryan McKiernan tenteront de pallier ces départs. En attaque, arrivent l'international slovaque Róbert Lantoši - qui n'a pas percé à Boston - et le deuxième meilleur buteur d'Allsvenskan Oskar Stål Lyrenäs, ce qui a provoqué la colère du staff de son ancienne équipe Mora car il avait encore un an de contrat.

Les performances des expérimentés Ted Brithén, Leon Bristedt, Dennis Everberg et d'Adam Tambellini (très en forme en matchs amicaux) seront déterminantes pour le rendement de l'équipe. Une chose est sûre, Christoffer Rifalk a démontré qu'il était l'un des très bons gardiens SHL, particulièrement remarquable en playoffs (93%). Voilà de quoi rassurer un alignement un peu bouleversé par rapport à la saison précédente, mais qui se veut toujours conquérant pour ainsi poursuivre sa spectaculaire ascension sur la scène suédoise.

 

Solide défensivement et très inspiré offensivement, Skellefteå a une fois de plus tenu son rang dans le dernier carré. L'un des secrets du hockey les moins bien gardés de Suède a toutefois fait surface au cours de la saison : l'arrivée à Skellefteå de Robert Ohlsson au poste d'entraîneur à partir de la rentrée 2021, après cinq années à Djurgården, qui n'avait réussi qu'un coup d'éclat durant ce mandat, une finale en 2019. Ohlsson est accompagné d'un ancien défenseur SHL comme adjoint, Pierre Johnsson. Le défi du SAIK sera d'autant plus grand que ses trois talentueux scoreurs de la saison dernière sont partis tenter l'aventure NHL : Jonatan Berggren (Détroit), Andreas Wingerli (Colorado) et Jesper Frödén (Boston). Le directeur sportif Erik Forssell a bien tenté de retenir le toujours prolifique Pär Lindholm, venu en fin de saison sur un contrat court, mais il a pris le chemin de Kazan et de la KHL. Forssell n'a décidément pas eu de réussite puisqu'il a tenté de mettre le grappin sur Martin Lundberg et Peter Emanuelsson, qui ont tous deux refusé.

Forssell a finalement recruté Tom Kühnhackl - qui n'a réussi à percer ni aux Penguins ni aux Islanders malgré une Coupe Stanley - et Adam Mascherin - troisième meilleur buteur d'AHL - ainsi que le revenant Jonathan Pudas, après un an aux Jokerit. Le retour de Pudas est une aubaine après le départ en DEL de l'historique Niclas Burström, qui a joué pendant dix saisons au SAIK. Burström a toutefois été éclipsé par la percée spectaculaire du jeune Adam Wilsby. À 21 ans, Wilsby a encore une marge de progession importante. Si Oscar Möller s'est avéré moins tranchant, son acolyte Joakim Lindström a montré qu'il était capable d'amasser encore les points malgré ses 37 ans, co-meilleur marqueur de l'équipe. Avec un solide gardien en la personne de Gustaf Lindvall, Skellefteå tentera d'accéder une fois de plus au dernier carré.

 

Si Skellefteå a régulièrement atteint le dernier carré sur la dernière décennie, c'était une première pour Örebro... qui a en plus réalisé un bénéfice d'un million de couronnes (100 000 €) en pleine pandémie ! En parlant du SAIK justement, l'un de ses dirigeants les plus fidèles, Stefan Klockare, a quitté le Västerbotten après vingt ans dans le club. Klockare est arrivé à Örebro avec Stefan Nyman, pour épauler le coach Niklas Eriksson, histoire de permettre à Örebro de viser plus haut.

D'ailleurs, l'ÖHK possède un effectif réellement capable de viser le titre de champion, même après le départ de son meilleur marqueur, Borna Rendulic. Il restait un an de contrat à l'attaquant croate mais il l'a résilié, n'appréciant pas le traitement de la direction qui avait critiqué son jeu en playoffs (5 pts en 9 matchs). Rendulic a aussi justifié sa décision en disant qu'il n'aimait pas le jeu pratiqué en SHL, trop axé sur le patinage, il a rejoint la DEL et Mannheim. En revanche, Robin Kovács, co-meilleur marqueur avec 38 points, est resté à Örebro malgré des propositions de KHL et NHL. À 24 ans, il souhaite tout simplement faire monter les enchères. Quant au Letton Rodrigo Abols, arrivé en janvier de Florida, il a été prolongé en mars, à raison puisqu'il a été brillant avec 20 buts en saison régulière et 10 points en 9 matchs de playoffs.

Les enchères, l'Örebro HK a dû les faire monter pour Carl Klingberg avec, selon Sportbladet, une offre monstre de 300 000 couronnes comme salaire mensuel, il a finalement prolongé son séjour à Zoug, avec qui il a été champion en 2021. La direction avait aussi essayé de rapatrier Mathias Bromé, qui a finalement pris le chemin lui aussi de la Suisse, à Davos. Pas moins de sept joueurs finlandais garnissent tout de même les rangs d'Örebro : le champion du monde Jani Lajunen, Joel Mustonen, Miikka Salomäki et Juuso Puustinen en attaque, en plus du centre Robert Leino, déjà présent la saison dernière, et des défenseurs expérimentés Kristian Näkyvä et Rasmus Rissanen. Rissanen et Näkyvä font partie d'une brigade défensive solide avec Nick Ebert et Stefan Warg. Si le même duo de gardiens, avec l'ex-champion du monde Jhonas Enroth et le jeune Norvégien Jonas Arntzen, affiche de bonnes performances, Örebro pourrait être prêt à faire mieux qu'une demi-finale.

 

Après une treizième place en 2020, Leksand a réalisé une saison 2020-2021 spectaculaire en terminant à la troisième place. Même si l'aventure s'est terminée en quart de finale, piégé par Örebro, le club dalécarlien aura obtenu son meilleur classement des années 2000. Et si ce n'était qu'un début ? Le directeur sportif Thomas Johansson l'a répété cet été : il veut une équipe plus talentueuse et plus fournie (et donc plus chère). Leksand a perdu des joueurs vedettes, en premier lieu Peter Cehlárik et Marek Hrivík, 91 points à eux deux qui ont formé un trio diabolique avec Carter Camper. Les deux Slovaques sont partis en KHL, de même que le gardien Janne Juvonen. Mais Johansson a voulu rassurer les fans du LIF : les nouvelles recrues n'auront aucun souci à prendre la relève.

Si Hrivík est parti à Nizhny Novgorod, un autre marqueur américain, Justin Kloos, a fait le chemin inverse. S'il connaît la même réussite que ses compatriotes Camper et Matt Caito déjà présents la saison dernière, Leksand aura en sa possession une puissance de feu non négligeable, en plus de mettre la main sur un centre fort avec le Finlandais Mikael Ruohomaa, vice-champion du monde 2021. Devant les filets, Kasimir Kaskisuo, qui a joué essentiellement en AHL ces dernières années, s'ajoute à Axel Brage pour un duo de gardiens qui devra tout de même faire ses preuves.

Malgré un recrutement ciblé, Thomas Johansson et son staff ont toutefois connu un échec en espérant le recrutement de Jacob de la Rose, qui jouait à Leksand avant sa (courte) carrière NHL, c'est finalement Färjestad qui a remporté la mise. Par ailleurs, il faudra garder un œil sur le défenseur de 17 ans Lian Bichsel, grand espoir du hockey suisse - au sens propre comme au figuré avec ses 195 cm - éligible à la draft NHL 2022, et que Johansson compare carrément à Victor Hedman. Leksand a une équipe intéressante sur le papier, avec des cadres de premier plan avec Patrik Zackrisson - qui a véritablement donné un supplément d'âme - Mattias Ritola et Jonas Ahnelöv. Le LIF a d'ailleurs aligné 4 victoires en 4 matchs de CHL... avant de connaître plus de difficulté en SHL avec trois défaites à ses trois premiers matchs.

 

Après une perte en quart de finale face au rival Skellefteå au printemps dernier, Luleå connaît un recul, surtout un an après une victoire en saison régulière, recul que le staff entend corriger. Si le départ de l'emblématique Karl Fabricius, qui ne faisait plus partie des plans de l'organisation, a semblé logique, celui de Linus Klasen, meilleur marqueur de l'équipe, et surtout du phénomène Nils Lundkvist risquent d'être douloureux. Le super talent des New York Rangers est d'ailleurs parti rejoindre Big Apple avec le trophée Salming remis au meilleur défenseur en poche, à seulement 20 ans avec 73 points en 138 matchs cumulés. Mais Luleå accueille toutefois l'un des grands chouchous du public, le magicien Linus Omark, de retour après sept saisons en KHL et en Suisse. L'attaquant de 34 ans avait failli revenir dans le Norrbotten en février mais cela ne s'est pas concrétisé. Il a finalement atteint la finale suisse avec Genève-Servette et démontré qu'il était encore capable de faire des étincelles, deuxième meilleur marqueur du championnat helvète. Une donnée à prendre toutefois en considération : Omark a conservé sur son contrat une clause pour un éventuel retour à Genève.

Luleå avait assuré l'essentiel en prolongeant le contrat de trois joueurs clefs, Juhani Tyrväinen, Erik Gustafsson et Jack Connolly. Connolly sera toutefois indisponible en début de saison pour des raisons... fiscales, limitant son séjour scandinave à moins de six mois. Une autre bonne nouvelle concerne le jeune et talentueux gardien Jesper Wallstedt qui reste pour mieux se développer. Vilmos Galló, Joonas Rask et Linus Fröberg ajoutent quant à eux de la profondeur alors que l'ajout de Julius Honka (87 matchs en NHL) en défense aura son importance.

On serait tenté de dire que Brendan Shinnimin, 30 ans et 89 points en 142 matches pour Växjö, est dans une posture similaire, mais il part avec un handicap de taille : le défenseur canadien a la particularité d'avoir répondu au "Chicken Shinnimin" scandé par les supporteurs de Luleå par un doigt d'honneur quand il jouait à Växjö. Autant dire que la cote de popularité de Shinnimin n'est pas bien haute, mais un retour possible de Luleå sur le devant de la scène pourrait faire oublier cet épisode.

 

Les Frölunda Indians ne sont donc plus. Suite à la controverse suscitée par la représentation offensante pour les peuples autochtones, le club de Göteborg, le "Wild west" suédois, a décidé d'effacer ce logo qui représente le club depuis 1995. Le visage amérindien apparaîtra pour la dernière fois cette saison, et on en restera à Frölunda HC comme appellation. Sportivement, comme Luleå, le recul s'est confirmé avec, pour la deuxième année consécutive, une septième place au classement. Une nouvelle frustration alors que l'entraîneur - toujours en place - Roger Rönnberg avait mené Frölunda au titre en 2019. Un symbole fort a néanmoins été envoyé aux fans : le retour de l'icône Ryan Lasch. L'ailier américain, meilleur marqueur en saison régulière et en playoffs l'année du titre, revient à Göteborg après une saison entre la Finlande et la Suisse. Lasch a signé un contrat de trois ans pour une probable fin de carrière avec le FHC.

Le retour de Lasch est un soulagement après la déception des supporteurs de ne pas avoir vu revenir le très populaire Fredrik Pettersson, désormais à la retraite. S'il y a un joueur qui est promis à un très bel avenir, c'est Lucas Raymond, quatrième joueur repêché à la dernière draft. Le jeune surdoué, qui a fait toute sa carrière à Frölunda, a toutefois rejoint l'organisation de Détroit. D'ailleurs, Max Friberg, qui a connu sa meilleure saison en SHL au point d'être convoqué en équipe nationale, avait aussi suscité de l'intérêt de la NHL, mais aucune offre ne lui a donné satisfaction. Une aubaine pour Frölunda qui affiche des profils polyvalents en attaque avec également Patrik Carlsson, Jacob Nilsson, Jan Mursak, Michael Spacek, le jeune centre Karl Henriksson - revenu du camp des recrues des New York Rangers - et l'incontournable Joel Lundqvist. Si le frère jumeau Henrik a mis un terme à sa brillante carrière, Joel disputera sa 18e saison en élite suédoise, exclusivement avec Frölunda. Au sein d'une défense expérimentée où figure toujours l'ex-Rouennais Jens Olsson, l'espoir Mattias Norlinder, choix de Montréal en 2019, sera à surveiller. Avec un solide duo de gardiens Niklas Rubin / Matt Tomkins, Frölunda est apte à retrouver les sommets.

 

On continue dans les chutes, celle de Färjestad, 2e en 2020 puis 8e en 2021, a été particulièrement spectaculaire. La saison 2021-2022 sera tout de même la cinquième pour l'entraîneur en chef Johan Pennerborn qui tentera d'effacer lui aussi les frustrations. Ce sera sans l’adjoint Peter Popovic, ex-adjoint en équipe nationale et qui a fait les frais des mauvais résultats. Il a été remercié à moins d'une semaine des playoffs 2021. En conséquence, le club de Karlstad n'a pas lésiné sur les moyens. Cinq renforts de choix ont d'ailleurs rejoint Färjestad, faisant de nouveau du FBK un sérieux favori au titre, dont le dernier date d'il y a dix ans.

Ces cinq fantastiques sont des visages familiers de l'organisation : le défenseur Mikael Wikstrand (de nouveau capitaine), les attaquants Marcus Nilsson, Linus Johansson, Joakim Nygård et Jacob de la Rose. Voilà clairement du leadership et de la puissance offensive qui faisaient défaut la saison passée. Et pourtant, avec ses 48 points, Daniel Viksten était au four et au moulin, tout comme le défenseur offensif Jesse Virtanen (38 points). Tous deux ont été prolongés comme huit autres pièces importantes de l'équipe. Sebastian Erixon aurait pu être dans le lot mais une vilaine commotion cérébrale l'a privé de match depuis décembre 2020, il a été contraint de tirer un trait sur sa carrière à 32 ans. En revanche, Pennerborn peut s'estimer heureux de pouvoir compter sur Albert Johansson, un profil similaire à Erixon. Le jeune défenseur a été prêté par Détroit. Si le gardien norvégien Henrik Haukeland montre encore de la solidité, Färjestad pourra alors viser haut.

 

Neuvième en 2020 et 2021, Malmö a véritablement besoin d'un nouvel élan, et le staff a été modifié. Si Joakim Fagervall conserve son poste d'entraîneur en chef une seconde année, son adjoint Jesper Mattsson a mis fin à sa collaboration d'un commun accord avec le club. Mattsson était un cadre historique puisque cela faisait sept ans qu'il était assistant à Malmö. L'autre adjoint, Andreas Lilja, a lui aussi choisi de démissionner, après seulement un an à ce poste. Fagervall devra cette fois-ci trouver la bonne formule, aux côtés de Tomas Kollar et Pär Styf.

En plus du meilleur marqueur de Brynäs Jaedon Descheneau, les Redhawks ont mis la main sur un gros poisson : Carl Söderberg, qui revient en SHL huit ans après et près de 600 matchs NHL au compteur. Söderberg, 35 ans, a illico été nommé capitaine de l'équipe. Du leadership, Malmö s'en est assuré aussi avec Johan Olofsson, un joueur fédérateur qui évolue au club depuis 2017. Une porte est restée ouverte pour Frans Nielsen, convoité depuis plusieurs mois. L'attaquant danois est toujours sans club après 15 saisons NHL, mais la poursuite de sa carrière à 37 ans demeure incertaine. Le Danemark, Malmö, qui est géographiquement toute proche, compte dessus en défense avec Matias Lassen et les frères Lauridsen, Markus et Oliver.

Devant le but, cela semble solide. Oscar Alsenfelt reste à l'évidence un très bon gardien mais une vilaine blessure en ce début de saison a forcé le recrutement en urgence d'un autre portier, le Canadien Leland Irving qui évoluait récemment à Bolzano. Et Malmö a dans ses rangs le meilleur gardien d'Allsvenskan, le jeune Daniel Marmenlind. Cependant, sera-ce suffisant pour prétendre aux playoffs ?

 

Djurgården est aussi à la recherche d'un nouvel élan, que ne semblait plus pouvoir insuffler Robert Ohlsson, derrière le banc depuis cinq ans avec une finale et tout de même trop de contre-performances pour un club toujours ambitieux comme le DIF. La direction est alors allée chercher un technicien émérite : Barry Smith. L'Américain de 69 ans n'est pas un profil d'entraîneur que l'on a l'habitude de voir à l’œuvre en Suède, mais l’organisation de Stockholm a décidé de faire confiance à cette grande figure de la NHL qui a gagné cinq Coupes Stanley, dont quatre avec son complice Scotty Bowan. À Smith s'ajoutent les icônes du DIF Nichlas Falk, Daniel Tjärnqvist, Mikael Holmqvist et Jimmie Ölvestad qui renforcent le staff. Djurgården est dans une nouvelle phase, à l'image des retraites de Dick Axelsson - qui a souhaité arrêter après un "échec personnel" - et Anton Hedman - ralenti par les blessures à répétition.

Le staff avait quelques joueurs dans le viseur durant l'intersaison, mais Daniel Brodin a été retenu par Gottéron, et Dmytro Timashov a obtenu un nouveau contrat avec les New York Islanders. Les Islanders doivent d'ailleurs tester l'ex-défenseur de Montréal Erik Gustafsson, également courtisé par le DIF. En revanche, Marcus Sörensen, qui a joué les cinq dernières saisons dans l'organisation de San José, a pu être rapatrié. Le capitanat revient à Linus Videll, après dix ans en KHL, alors que le deuxième meilleur marqueur d'Allsvenskan, Rasmus Bengtsson, rallie également Stockhlm.

Manuel Ågren et Jacob Josefson étant blessés pour une durée indéterminée, Djurgården recherchait tout de même un autre attaquant de premier ordre, c'est finalement l'Américain Peter Holland, qui a connu deux dernières saisons productives à Ekaterinbourg en KHL, qui a convaincu le staff. Marc-André Gragnani, joker au printemps, avait déjà convaincu tout le monde, Djurgården s'est entendu pour un nouveau contrat avec ce très bon défenseur, tout comme l'attaquant vedette Rhett Rakhshani. Mantas Armalis est quant à lui une valeur sûre devant les buts. L'incertitude demeure autour des super-talents Alexander Holtz et William Eklund, appartenant respectivement à New Jersey et San José, feront-ils l'objet d'un prêt ? En tout cas, Djurgården a amorcé une reconstruction d'envergure pour viser l'or.

 

Au regard de la modeste organisation d'Oskarshamn, la deuxième saison a été une réussite, l'IKO s'étant maintenu en élite en évitant les deux dernières places synonymes de série pour le maintien. Avant de songer aux playoffs, Oskarshamn tentera de rééditer ce parcours en dépit de beaucoup de changements, une quinzaine de départs. Concernant l'Américain Tyler Kelleher et le Canadien Andrew O'Brien, la direction du club a décidé d'elle-même de ne pas prolonger la collaboration. Si vis-à-vis de Kelleher, meilleur marqueur de l'IKO sur les deux dernières saisons, la décision semble plutôt étonnante, elle a semblé évidente pour O'Brien qui a été jugé pour une affaire de conduite en état d'ivresse agravée. Concernant Lance Bouma, un joker arrivé à Noël et qui a grandement donné satisfaction, Oskarshamn aurait aimé le conserver, mais il a filé à Malmö.

Une acquisition est intéressante, une double acquisition à vrai dire, celle des frères Hynek et Tomáš Zohorna. Les deux internationaux tchèques se retrouvent après avoir joué deux ans ensemble à l'Amur Khabarovsk en KHL et peuvent réellement devenir deux marqueurs majeurs du championnat. En ajoutant David Quenneville - de la famille de l'illustre entraîneur Joel Quenneville - Dale Weise - 513 matchs NHL - Cameron Brace - 110 points en 80 matchs de ligue danoise - et Patrick Kallkvist - un top scorer de l'Allsvenskan recruté malgré un contrat en cours au MODO - Oskarshamn a mis la main sur de bons éléments. Avec Fredrik Olofsson (meilleur marqueur 2020-2021) et Joe Cannata (meilleur gardien Allsvenskan 2020) qui ont connu de très bonnes performances pour leur première saison en SHL, Oskarsham n'a plus grand chose d'un petit poucet et saura montrer les crocs pour se maintenir.

 

 

C'est devenu une malheureuse rengaine à Linköping : un effectif, sur le papier, compétitif en début de saison mais qui est constamment happé par l'échec. Trois défaites en quart ont précédé trois saisons sans playoffs ces six dernières années. Après deux ans de solutions temporaires, le conseil d'administration a nommé un nouveau directeur, Niclas Björkman. Après le congédiement de Bert Robertsson l'hiver dernier au poste d'entraîneur en chef, ses adjoints Daniel Eriksson et Johan Åkerman avaient pris la relève pour le reste de la saison. Les deux "survivants" n'ont pas été reconduits, Gereon Dahlgren et Niclas Hävelid les ont remplacés pour la nouvelle saison. À la tête de ce staff, Linköping a réussi à convaincre Klas Östman. Ce dernier a déjà côtoyé pendant une dizaine d'années l'organisation, mais il a surtout mené dernièrement Zoug au deuxième championnat suisse de son histoire.

S'agissant de retours, concernant les joueurs cette fois-ci, signalons le gardien Marcus Högberg et le défenseur Eddie Larsson. Devant la cage, Jussi Rynnäs - qui a finalement mis un terme à sa carrière en raison d'une blessure lors d'une balade à vélo - n'a pas vraiment donné satisfaction, tout comme son suppléant Niklas Lundström. Après quatre saisons en Amérique du Nord, Högberg, gardien numéro 1 de Linköping en 2017 avec des statistiques flatteuses, tentera de faire (beaucoup) mieux. Quant à Larsson, qui a joué la saison précédente à Luleå, le retour de Klas Östman aura été un facteur déterminant dans sa décision.

Le leader en défensive Mattias Bäckman est toujours présent après avoir prolongé son contrat, lui qui a connu une absence de seize mois en raison des blessures. Avec Larsson et Bäckman, mais aussi l'impeccable Jonas Junland, Craig Schira et Jesper Pettersson, Östman a une bonne base défensive à sa disposition, en plus d'un solide gardien avec Högberg. Broc Little, lui aussi blessé la saison passée, reste le grand contributeur à l'offensive avec Markus Ljungh. En ajoutant les deux Nord-Américains en provenance de Suisse, Brian Gibbons et Ben Maxwell, Linköping a, une fois encore, une équipe très intéressante sur le papier. Klas Östman réussira-t-il à briser la malédiction et tirer le meilleur de son équipe ?

 

La saison 2020-2021 de Brynäs a été cauchemardesque à plus d'un titre. Finaliste en 2017, l'équipe de Gävle n'a pas réussi à se détacher du fond du classement, n'assurant son maintien qu'à l'issue d'une série "pour la survie" aux dépens du HV71... le champion de Suède 2017. Et l'ambiance en coulisses n'a pas été plus réjouissante que sur la glace. En avril, une enquête a été ouverte à l'encontre de l'ex-NHLer Patrik Berglund pour une suspicion d'agression et de viol sur son ancienne compagne. Le contrat a été rompu entre Brynäs et Berglund, mais aussi entre Brynäs et l'Unicef, partenaire du BIF depuis huit ans, l'antenne suédoise de l'agence des Nations Unies voyant évidemment d'un très mauvais oeil sa réputation associée à une équipe dont l'un des joueurs a été détenu pour des faits de violence, même si l'affaire s'est conclue sur un non-lieu, faute de preuves.

L'atmosphère entourant le Brynäs IF était tout bonnement délétère puisque des employés du club sont allés jusqu'à manifester leur mal-être dans les colonnes de SvenskaFans. Manque de communication, culture du silence, ambiance tendue ont été soulignées. Le nouveau directeur Håkan Svedman, ancien n°1 d'Ikea Suède et Ikea Danemark qui succéde à l'historique Michael Campese, devra avant tout privilégier l'apaisement.

Dans ce chaos, beaucoup avaient perçu Josef Boumedienne, qui a repris l'équipe en main avant la série de maintien et après le congédiement de Peter Andersson, comme un véritable sauveur. Jusqu'ici à la tête du recrutement européen de Columbus, il a été promu à la tête de tout le scouting de la franchise de la NHL. La direction a scruté la Finlande pour lui trouver un remplaçant et débaucher un entraîneur de renom. Mikko Manner, trois fois champion de Finlande, meilleur entraîneur de Liiga en 2018 et adjoint lors du titre mondial en 2019, a accepté le challenge. La direction de Brynäs a bien tenté de convaincre Raimo Helminen, qui a mené la surprenante équipe du TPS Turku jusqu'en finale au printemps dernier, pour devenir adjoint, il a décliné. Samuel Ersson parti à Philadelphie, la cage sera surtout confiée à Veini Vehviläinen, meilleur gardien de Liiga 2018 et 2019, que Manner connaît donc très bien. Une autre recrue qui fera beaucoup de bien à Brynäs : Chay Genoway. Le défenseur canadien, qui a joué six saisons en KHL ces sept dernières années, sera un leader naturel. Avec le retour en santé de Greg Scott, Simon Bertilsson et Anton Rödin, qui n'ont pas été épargnés par les blessures, Brynäs devrait se faire moins peur et viser les playoffs. Le très bon début de saison présage de jours meilleurs après le cyclone.

 

Après deux années en Allsvenskan, Timrå est donc de retour parmi l'élite, mais les Red Eagles tenteront cette fois-ci d'y survivre. En 2018-2019, Timrå avait en effet fait l'ascenseur. Le club du Västernorrland peut compter à son chevet sur le coach Fredrik Andersson, été élu entraîneur 2021 du hockey suédois à la suite de la promotion en SHL. Toutefois, Andersson ne sera pas seul à diriger l'équipe puisque la direction a décidé de le mettre en doublette avec Anders "Ante" Karlsson, qui était son adjoint, ils auront chacun "des zones de travail spécifiques". Du travail, il en faudra pour le promu, d'autant plus que le phénomène Jonathan Dahlén, 93 points en 60 matchs (saison régulière + playoffs), est parti retenter sa chance en NHL. Malgré tout, le directeur sportif Kent Norberg s'est dit satisfait de l'alignement en lice pour ce retour en élite.

Dans l'ombre de Dahlén, Albin Lundin, Jens Lööke et Viktor Lodin ont également largement contribué à l'offensive du TIK. Lodin a d'ailleurs été prêté par Ottawa. Le trio devrait faire des étincelles, tout comme le Canadien Ty Rattie et le Tchèque Robin Hanzl. Timrå a fait preuve d'opportunisme en allant chercher le défenseur Nolan Zajac, de loin le meilleur marqueur d'Oskarshamn, mais à qui l'IKO n'avait pas proposé de nouveau contrat. Zajac retrouve ainsi une autre recrue, Joey LaLeggia, les deux Canadiens ont ensemble représenté l'Université de Denver de 2012 à 2015. Potentiellement une bonne complémentarité en défense. Enfin, Sami Rajaniemi, qui a fait ses débuts en équipe de Finlande la saison dernière, formera avec Jacob Johansson le duo de gardiens. Le mouvement d'ascenseur pourra-t-il être évité ?

 

Nicolas Jacquet

 

Les pronostics des experts sur la SHL

Per Svartvadet (Sverige Radio) : 1 Örebro, 2 Luleå (champion à l'issue des play-offs), 3 Rögle, 4 Färjestad, 5 Skellefteå, 6 Frölunda, 7 Växjö, 8 Malmö, 9 Linköping, 10 Leksand, 11 Brynäs, 12 Djurgården, 13 Timrå, 14 Oskarshamn.

Mattias Persson (hockeynews) : 1 Luleå, 2 Frölunda, 3 Örebro, 4 Rögle, 5 Växjö, 6 Leksand, 7 Färjestad, 8 Skellefteå, 9 Malmö, 10 Djurgården, 11 Linköping, 12 Brynäs, 13 Oskarshamn, 14 Timrå.

Pär Arlbrandt (betsson) : 1 Luleå, 2 Frölunda, 3 Färjestad, 4 Leksand, 5 Rögle, 6 Växjö, 7 Skellefteå, 8 Örebro, 9 Malmö, 10 Linköping, 11 Djurgården, 12 Brynäs, 13 Oskarshamn, 14 Timrå.

NB : l'an dernier, les experts avaient placé HV71 deuxième ou cinquième, et le club de Jönköping a fini relégué...

 

 

La dernière saison suédoise 2020/21