Allemagne 2020/21 : bilan
La demi-finale aux championnats du monde fut un formidable aboutissement de la saison pour l'Allemagne, une conclusion inespérée lorsque la DEL paraissait ne jamais vouloir démarrer à l'automne. Le championnat condensé s'est bien terminé, par des play-offs en mode "sprint" qui ont été riches en suspense même s'ils n'ont pas plu à tout le monde. Tout le monde était au départ, et tout le monde à l'arrivée.
Si la pandémie a conduit la DEL à abolir la relégation, la promotion a été maintenue conformément aux engagements. Bietigheim-Bissingen obtient donc une montée sportive dans l'élite, la première depuis onze ans. La DEL se jouera donc à 15, potentiellement avec deux descentes... Cette situation potentiellement plus tendue a peut-être contribué à la sévérité avec laquelle ont été considérés les dossiers de promotion déposés avec plus de douze mois d'avance pour la saison prochaine. Ceux de Kassel et Dresde ont été recalés : ils comprenaient bien le document le plus important, la garantie bancaire de 900 000 euros, mais il manquait un formulaire de candidature... Seuls Francfort et Bietigheim avaient un dossier complet, et comme le second est déjà promu cet été, il n'y aura qu'un candidat à la montée dans un an : Francfort seul contre lui-même, car il faudra être champion pour monter.
Les résultats du championnat allemand
Les clubs de DEL
Les Eisbären de Berlin ont réussi un retour un peu inattendu au sommet du hockey allemand. Promu capitaine cette saison, dernier joueur encore présent de la génération 1985 - celle qui avait porté la dynastie berlinoise -, le défenseur Frank Hördler est ainsi devenu champion pour la huitième fois. Pour en arriver là, les Berlinois ont commencé par remporter de manière nette la poule nord. On la disait théoriquement moins forte, mais les nordistes ont mieux géré les play-offs raccourcis en apportant les deux finalistes au nez et à la barbe des favoris. Un avant-goût de ce qui s'est passé aux championnats du monde...
Le succès des Eisbären a d'ailleurs pavé la voie du parcours de l'Allemagne à Riga. Le staff berlinois s'est même vanté de préparer un trio pour l'équipe nationale. C'est l'entraîneur Serge Aubin qui a décidé avant même le début de championnat de promouvoir le grand espoir Lukas Reichel aux côtés du buteur Leo Pföderl et du joueur de l'année Marcel Noebels, qui cultive de plus en plus l'art de la passe. Cette ligne "internationale" paraissait pourtant brisée par la blessure au genou de Pföderl dont la saison été annoncée terminée, mais son retour inespéré au jeu a été décisif puisqu'il a marqué le but du titre. Le trio est donc arrivé en pleine confiance en équipe nationale, de même que le gardien Mathias Niederberger, très solide jusqu'à son erreur dommageable en demi-finale mondiale.
Ce titre n'aurait toutefois pas été possible sans de solides renforts nord-américains. On l'a vu dans la coupe de pré-saison, où Berlin a fini à la dernière place avec des espoirs de NHL prêtés par les Kings de Los Angeles. Le directeur sportif Stéphane Richer a ensuite trouvé bien mieux en KHL en faisant venir Matt White, joueur très attiré vers le but, et Zach Boychuk, joueur technique mais aussi défensivement stable qui a été utilisé dans toutes les situations de jeu. Le décevant international norvégien Stefan Espeland a été avantageusement remplacé à mi-saison par Simon Després qui a bien mieux tenu le rôle de défenseur offensif malgré presque un an de désoeuvrement forcé. Mais celui qui a été élu meilleur joueur des play-offs était déjà présent la saison précédente : c'est l'arrière au slap surpuissant Ryan McKiernan.
Berlin reprend donc le dessus sur Mannheim en nombre de titres depuis la création de la DEL (8 contre 7). Un succès qui est celui de Peter John Lee, directeur sportif puis directeur général du club depuis 21 ans, qui avait aussi été quatre fois champion d'Allemagne comme joueur avec Düsseldorf. Il prendra un poste moins opérationnel de directeur du conseil de surveillance.
Wolfsburg (2e) : renvoyés malgré la finale
C'est peut-être une conséquence de l'absence de spectateurs, qui fait moins bouillir les émotions sur la glace : on n'avait jamais enregistré aussi peu de pénalités dans toute l'histoire de la DEL. Dans ce contexte assagi, les joueurs de Wolfsburg ont été les plus aptes à maîtriser leurs émotions. L'équipe a été la moins sanctionnée de la ligue avec 7,3 minutes de pénalité par match. Une discipline qui porte la marque de l'entraîneur Pat Cortina, dont le système de jeu rigoureux était redoutable en zone neutre.
Cortina était pourtant très critiqué fin janvier, avant qu'une série de 10 victoires ne le conforte sur le banc. Toujours inconstants, les Grizzlys connaissaient ensuite une seconde panne (8 défaites en 9 matches) avant un soudain réveil de leurs stars offensives. Celui d'Anthony Rech fut aussi soudain que spectaculaire : le Français a inscrit la moitié de ses 14 buts en saison régulière dans les 4 dernières journées ! Son compagnon de ligne Mathis Olimb devenait lui aussi enfin un joueur-clé de l'offensive. Mais ces quelques semaines sont arrivées trop tard pour compenser l'impression d'un an et demi : le Norvégien ne sera pas conservé, même s'il a mené l'équipe lors des play-offs.
Ces séries avaient un format "express" qui convenait bien à Wolfsburg : devoir se qualifier au meilleur des trois manches, c'était le principe habituel des "pré-playoffs", que les Grizzlys connaissent bien pour s'y être toujours qualifiés. Spécialistes de ces duels sans lendemain, ils ont passé deux tours en gagnant à l'extérieur au match 3, avant d'échouer de peu en finale. Une défaite frustrante car le club n'a jamais été aussi prêt de gagner et a donc l'impression d'avoir laissé passer une chance unique. Cette place de vice-champion n'a pas sauvé Pat Cortina, dont le style de jeu jugé trop défensif ne plaisait pas à tout le monde. Mike Stewart, ancien entraîneur à succès d'Augsbourg avant une expérience désastreuse à Cologne, lui succèdera pour "donner une nouvelle impulsion". Mais cette décision ne plaît pas à tout le monde : un des cinq membres du conseil de surveillance, Hiltrud Werner, a démissionné pour signifier son désaccord. Or, il s'agit d'un homme-clé du conseil d'administration de Volkswagen, le plus impliqué dans le club de hockey sur glace au sein de ce sponsor vital.
Mannheim (3e) : un coach dans un univers parallèle
En janvier, Mannheim a prolongé les contrats du manager Jan-Axel Alavaara et des entraîneurs jusqu'en... 2024 ! Un témoignage de confiance dans une équipe à qui tout réussissait. Les Adler s'étaient déjà installés à la première place de la poule sud et ne l'ont jamais lâchée. Ils paraissaient forts sur toutes leurs lignes avec une très forte concurrence dans laquelle les recrues peinaient grandement à se faire une place, tel l'ex-international Felix Schütz qui a souvent dû rester en tribune. Pourtant, si cette équipe avait de loin la meilleure défense, son efficacité offensive laissait à désirer.
L'élimination en demi-finale contre Wolfsburg, son ancien club, fut le premier échec de Pavel Gross après les play-offs réussis en 2019 et annulés en 2020. Mais pour lui, ce n'était pas de vrais play-offs. Avant même qu'ils ne commencent, l'entraîneur tchèque avait déclaré que cette formule au meilleur des trois manches faisait "rire l'Europe", qu'elle était une "faute envers le hockey" et "trahison envers les fans". Après la défaite, il alluma une fois de plus la ligue à boulets rouges : "L'équipe a commencé l'entraînement estival le 1er mai 2020 après le désastre du Corona (l'annulation des playoffs 2020). À cause de l'incapacité de la DEL, qui est la seule ligue du monde à avoir repoussé deux fois le début de saison, les gars ont vécu une année sans pause. C'est inacceptable pour des sportifs de haut niveau. Aujourd'hui, je peux dire qu'on aurait été plus malin de faire trois mois de pause."
Le directeur de la DEL Gernot Tripcke a répliqué qu'il avait "mieux à faire que de commenter des déclarations d'univers parallèles". En effet, la ligue n'a fait qu'appliquer la volonté des clubs dans ses décisions. Comme en début de saison, Gross critiquait donc en pratique ses propres dirigeants. Ceux-ci ont fini par se désolidariser publiquement de cette opinion qui n'appartenait qu'à son auteur.
Mannheim a dû avaler une pilule plus amère encore que ces petites dissensions : le capitaine depuis cette saison Ben Smith, le meilleur marqueur en play-offs, l'homme-clé aux mises au jeu, le joueur le plus complet, utilisé dans toutes les situations de jeu, annonçait son départ en mai. Pire encore, il file chez le concurrent direct pour la suprématie sur le hockey allemand, Munich. Un double coup dur.
Ingolstadt (4e) : terrasser un dragon ne suffit pas
La mobilité était la clé du jeu d'Ingolstadt, où l'entraîneur Doug Shedden a mis en place un système en 1-3-1. Sa vitesse rendait cette équipe dangereuse en contre-attaque, et elle était donc plus à son aise contre les rivaux les plus forts que contre des adversaires plus passifs. Munich a ainsi été battu trois fois sur quatre en saison régulière, puis deux fois en play-offs. Après cette qualification, Shedden a alors déclaré que son équipe a "terrassé un dragon". Mais cet exploit est resté sans lendemain car les panthères n'ont pas su ensuite triompher des ours blancs. En demi-finale, l'ex-Berlinois Louis-Marc Aubry a mis trois buts contre son ancien club au premier match pour une victoire à l'extérieur, mais les héros ont ensuite paru fatigués dans les deux manches suivantes.
Si les jambes étaient lourdes, c'est que les joueurs-clés étaient très utilisés. Le défenseur Mat Bodie a ainsi eu un record de temps de jeu en play-offs (28'50" !). Avec un temps de jeu de 21 minutes toute la saison, le meneur offensif Wayne Simpson sait certes se préserver. Ailier au "pouls de 60" (dixit son coéquipier Hans Detsch), il fait preuve d'un sang-froid avec une personnalité calme. Il ne panique jamais dans ses choix, faisant un petit chip dans la bande quand il est pressé par deux joueurs, mais cette absence d'inquiétude se traduit parfois par des jeux risqués et quelques pertes de palet. Le duo rêvé avec la recrue Daniel Pietta n'a jamais vraiment fonctionné et a été séparé. C'est un Allemand plus jeune, Tim Wohlgemuth, qui a été la meilleure surprise de la saison. Ingolstadt espérait bâtir sur lui à long terme en lui accordant une place importante, mais après une longue réflexion il a pris le risque de rejoindre l'environnement plus concurrentiel de Mannheim, avec évidemment un contrat plus lucratif.
Le directeur sportif Larry Mitchell n'a cessé de sous-entendre qu'Ingolstadt ne retrouverait jamais une équipe aussi forte, car il l'avait constituée à partir des opportunités de marché avec un "budget de DEL2", selon lui. Classé parmi les favoris de cette saison, le club devra donc continuer à vivre avec ce sentiment d'avoir laissé passer une opportunité unique au niveau de l'équipe pro, mais aussi avec des remous dans la structure de formation. Le coordonnateur du hockey mineur tchèque Petr Bares avait doublé le nombre de licenciés en neuf ans, assuré la montée de chaque classe d'âge au plus haut niveau et obtenu le label "5 étoiles" au sein d'un club historiquement peu réputé dans la formation des jeunes. Mais il n'était pas en bons termes avec Mitchell et sera remplacé par un proche de ce dernier, l'ancien joueur Billy Trew, dans un club qui se nord-américanise de plus en plus.
Munich (5e) : la fin d'un cycle ?
Après quatre finales consécutives, l'élimination en quart de finale a été vécue comme un coup d'arrêt à Munich. Le bilan contre les autres cadors du sud Ingolstadt (4 points sur 12) et Mannheim (1 point sur 12) rendait méfiant avant de les retrouver en play-offs, même si le Red Bull avait fini comme un taureau furieux avec 11 victoires sur les 12 derniers matches. La meilleure attaque de DEL (plus de 4 buts par match), emmené par le sniper le plus efficace de la ligue (Trevor Parkes, 23 buts), s'appuyait sur quatre lignes équilibrées mais a perdu en créativité à cause des blessures des deux centres Patrick Hager - le capitaine opéré de la cheville en avril - et Mark Voakes.
Le gardien Danny aus den Birken était en revanche revenu à temps de blessure avant les play-offs, mais il les a complètement ratés. Il a été remplacé par Kevin Reich au cours du premier match contre Ingolstadt (1-4), mais a été retitularisé deux jours plus tard... pour une nouvelle contre-performance (4-5). Les deux portiers ont pâti de ce choix : Reich s'est définitivement résolu à partir en constatant ce manque de confiance, et le vice-champion olympique Aus den Birken a maintenant la réputation d'avoir sa carrière derrière lui à 35 ans.
C'est toute la stratégie munichoise, dont les succès s'étaient notamment bâtis sur des vétérans, qui est remise en cause. Un rajeunissement pourrait être nécessaire, et John Jason Peterka ne peut l'incarner puisqu'il est destiné à la NHL. La défense en particulier a paru trop lente face à des rivaux directs plus vifs.
Bremerhaven (6e) : à nous l'Europe !
Cinquième année en DEL pour l'équipe des rives de la Mer du Nord, et cinquième qualification en play-offs. C'est déjà remarquable en soi, mais elle ne s'est pas arrêtée là : sa deuxième place dans la poule nord lui vaut en effet une qualification en CHL, une perspective phénoménale pour un club à si petit budget. Il a fini par se prendre au jeu dans cette saison spéciale qui pouvait le voir intégrer le cercle des favoris. Mais il a buté d'entrée sur Wolfsburg en ne parvenant pas à créer du danger en zone offensive.
Auparavant, les 4 défaites concédées pendant la quarantaine de Jan Urbas (qui a attrapé le Covid-19) avaient permis de constater combien les performances de Bremerhaven dépendent de l'indispensable attaquant slovène. Avec ses compatriotes, le passeur intelligent Ziga Jeglic et le finisseur Miha Verlic, il a formé un trio baptisé le "Karawanken-Express", d'après une chaîne de montagnes de Slovénie qui avait aussi donné son nom à une compétition disparue.
Iserlohn (7e) : toute l'offensive par un trio
Pour un club qui fut un des derniers à se résoudre à commencer sa saison, Iserlohn a dépassé les espérances : les Roosters ont atteint les quarts de finale, et ils ont même gagné la première manche chez le futur champion Berlin (4-3). Ils ont néanmoins perdu le deuxième match chez eux (0-6) en perdant leur capitaine élu Torsten Ankert blessé au genou, puis ont été éliminés dans la capitale (3-5) après avoir mené 2-0.
La saison fut pourtant longtemps décevante. L'entraîneur Jason O'Leary a été remplacé par son adjoint Brad Tapper à mi-saison. Sa signature pour un club suisse l'an prochain avait précipité cette décision, mais ce n'était pas la seule explication. Juste avant ce renvoi prématuré, le dirigeant Wolfgang Brück avait déclaré dans un podcast du Westfalen Post : "Notre système de jeu en me plaît pas. On dirait que notre possession du palet tend vers zéro. J'attendais des joueurs cette saison plus d'actions offensives, et pas que l'on soit pour la seconde fois de suite l'équipe qui concède le plus de tirs de toute la ligue."
Si Iserlohn a obtenu sa qualification, il le doit grandement à son premier trio, qui a inscrit 47% de ses buts (53 sur 113). Un pourcentage très voire trop élevé. Alexandre Grenier, le créateur de jeu qui sait utiliser beaucoup de variantes, suivra son ancien coach O'Leary à Langnau. Véritable pitbull dans la conquête du palet, le meilleur marqueur de saison régulière Joseph Whitney ira à Stavanger en Norvège. Il ne restera donc que Casey Bailey, un grand travailleur qui crée des espaces et qui a marqué tout autant grâce à son bon tir.
Straubing (8e) : plus au niveau d'avant la pandémie
L'arrêt brutal de la saison précédente avait coupé Straubing dans son élan, et les Tigers n'ont jamais pu retrouver le même niveau. Et ce n'est pas la faute du départ à Mannheim du meilleur joueur allemand Stefan Loibl. Son remplaçant Andreas Eder, que personne n'attendait à pareille fête, a en effet fini meilleur marqueur de l'équipe, avec même une fiche positive de +10 dans une équipe à l'équilibre. Le seul à avoir dépassé cette efficacité collective, c'est le défenseur Marcel Brandt avec +18. Tous deux ont été appelés en équipe nationale en récompense.
Malheureusement, les habituels leaders étrangers n'étaient plus du tout à leur niveau habituel. Le duo canadien qui portait les Tigers avec une grande régularité a complètement raté sa cinquième saison : Michael Connolly, avouant a posteriori avoir trop peu travaillé durant la très longue intersaison, n'était que l'ombre de lui-même avant sa blessure début mars (5 points en 23 matches) et le vétéran de 37 ans Jeremy Williams a traîné sa peine jusqu'à la fin avec une fiche catastrophique de -12. Le défenseur Sena Acolatse, un temps aligné en attaque pendant une avalanche de blessures, a aussi régressé. Et ce n'est pas mieux chez les recrues : le gardien Mat Robson a connu des prestations désastreuses (86%) avant de se blesser rapidement, laissant Sebastian Vogl seul titulaire.
La nostalgie du "monde d'avant" a donc envahi les supporters de Straubing, qui se remémoraient avec une pointe de douleur ce moment où ils avaient le droit d'encourager leur équipe, mais aussi le moment où celle-ci était performante. Mais les Tigers n'avaient plus rien à perdre. Ils ont arraché leur qualification in extremis, et ont quasiment éliminé Mannheim avec une efficacité soudain retrouvée de certains joueurs, tel Antoine Laganière aux belles capacités techniques et de patinage. Mais avec trois buts d'avance à dix minutes de la fin, Straubing a encore gâché cette chance et la frustration reste donc prédominante.
Düsseldorf (9e) : début d'une cure d'économies
L'équipe de Düsseldorf avait été l'une des plus impactées par les réductions de salaire. Le très bon début de saison, avec une seule défaite dans le temps réglementaire en dix rencontres, est donc venu de manière un peu surprenante. Il a été permis par l'efficacité de la recrue-phare Daniel Fischbuch, qui menait même les compteurs de la DEL avec 20 points en 11 matches. Il n'a pu maintenir ensuite la même réussite, mais est resté tout de même l'attaquant le plus constant. D'autres ont connu des éclipses bien plus longues, notamment Maxilimian Kammerer et l'international danois Mathias From dont l'implication a été plus variable.
La DEG a donc manqué une qualification qui semblait à sa portée, et ce n'est pas uniquement la faute des deux gardiens Mirko Pantkowski et Hendrik Hane, même s'ils ont fini tous deux avec des pourcentages d'arrêts médiocres (89,4% et 89,3%). Le pari d'alterner deux jeunes joueurs devant les filets sera poursuivi, d'autant que Düsseldorf devra rester très prudent financièrement. Le plus dur sera de remplacer Nicholas B. Jensen, qui a tenu un rôle très important en défense avec le deuxième plus gros temps de jeu de DEL (23 minutes et demie par match) : le défenseur danois a en effet rompu son contrat qui courait jusqu'en 2023 pour s'engager à Berlin.
Schwenningen (10e) : la fatalité, mais aussi l'indiscipline
Le bilan de Schwenningen comprend son lot de frustration. Le club n'a pu jouer les play-offs de la coupe de pré-saison à cause du Covid-19, et il a manqué la qualification en championnat au quotient de points face à Straubing, qui avait moins marqué mais comptait un match en moins. Mais pour une équipe habituée au bas de tableau, cette saison a permis de retrouver le sourire, et surtout de la confiance en ses moyens.
Les Suédois ont été les hommes-clés chez les Wild Wings. Enfin épargné par les blessures, Andreas Thuresson s'est très bien entendu avec le technique et créatif Troy Bourke et a fini meilleur marqueur. La tactique défensive de l'entraîneur scandinave Niklas Sundblad a parfaitement fonctionné, y compris grâce aux arrêts spectaculaires de Fredrik Eriksson. Malheureusement, ce gardien a dû rentrer au pays après le décès de sa mère et les points perdus en son absence ont coûté cher. La fatalité n'est cependant pas la seule raison de l'élimination. Même si Schwenningen a été la deuxième meilleure équipe en infériorité numérique, elle a aussi été la deuxième équipe la plus pénalisée, et même la plus indisciplinée si on ne compte pas les méconduites. Ce sera le point à travailler alors que la coloration suédoise de l'effectif devrait s'amplifier.
Cologne (11e) : une saison pour rien ?
Deux saisons de suite sans play-offs, ce n'était tout simplement jamais arrivé dans l'histoire du KEC. L'entraîneur Uwe Krupp a balayé cet argument d'un revers de main en déclarant que la "saison corona ne compte pas". Néanmoins, les Haie n'ont pas tiré un trait sur ce championnat. Ils n'en ont pas profité pour laisser vraiment la place aux jeunes, que Krupp a jugé pas encore prêts. Mi-janvier, ils ont recruté l'ancien attaquant de NHL Landon Ferraro comme douzième attaquant d'expérience et il n'y avait alors plus de place pour les joueurs du centre de formation.
Les Haie avaient donc bien un effectif normal (bien entendu avec une réduction de salaire imposée et en bénéficiant des aides publiques), mais cela n'a pas suffi. Le Covid-19 a contaminé un joueur-clé, le meilleur arrière Maury Edwards, qui a manqué plus de la moitié de la saison. Mais la défense a aussi pâti du niveau des gardiens. Le vétéran canadien Justin Pogge n'a pas du tout convaincu, au point que le club veut le sortir de sa dernière année de contrat. Son collègue allemand Hannibal Weitzmann n'a pas su saisir l'opportunité pour faire mieux et Cologne lui a signifié ne plus compter sur lui.
La rare exception dans cette occasion manquée pour les jeunes est un attaquant de 20 ans, Marcel Barinka. Les supporters de Cologne ont plaidé pour sa reconnaissance comme rookie de l'année, mais il n'a pas été considéré dans le vote, de manière injuste selon certains, légitime pour d'autres. Malgré un passeport allemand, le natif de Prague recruté l'été dernier n'avait pas de lien avec ce pays sur le plan du hockey sur glace. Sa classe technique est néanmoins indéniable et il rappelle quand même que - malgré quelques talents remarquables - les Allemands n'ont pas encore surpassé les Tchèques en matière de formation...
Augsbourg (12e) : nous partîmes cinq, et par un prompt renfort...
Augsbourg avait commencé la saison avec seulement 5 étrangers, nombre historiquement bas dû à un budget réduit par la crise sanitaire, et a fini à... 11 ! Cette pléiade de renforts a été regardée d'un œil assez critique et dubitatif quant à la sincérité des réductions salariales imposées aux joueurs en place. Deux de ces renforts étaient là pour assurer le poste de gardien, parce qu'Olivier Roy a multiplié les soucis, de problèmes musculaires à un test positif au coronavirus en passant par une blessure au genou. Alors que Roy aime relancer lui-même le jeu et cherche la passe risquée, le fort a été tenu l'essentiel du temps par un gardien de style différent, Markus Keller, qui préfère jouer la sécurité.
Parmi ces jokers, un seul a vraiment été une réussite : Brad McClure a formé un trio très efficace avec le passeur David Stieler - devenu meilleur marqueur de l'équipe et le travailleur T.J. Trevelyan, infatigable à 37 ans y compris pour bloquer les tirs adverses. Mais cela n'aura pas suffi à réveiller le plus faible powerplay de l'histoire du club (en dessous de 13%).
Une page se tourne après cette saison sans public : l'ex-capitaine - qui avait lâché cette fonction l'an passé après une altercation à la fête de la bière - Steffen Tölzer quitte le haut niveau après 770 matches à Augsbourg (record du club). Son numéro 13 sera le troisième retiré après le 5 de Paul Ambros et le 7 de Duanne Moeser.
Nuremberg (13e) : entre deux ambitions
Quand ses concurrents se renforçaient au fur et à mesure, Nuremberg a maintenu sa stratégie financièrement raisonnable et plus tournée vers les jeunes, mais ce ne fut pas facile. Le mécontentement des supporters était fort face à des performances en net déclin qui plaçait le club au fond du trou en poule sud. L'habituel buteur Patrick Reimer peinait à retrouver la forme à 38 ans à cause d'une préparation perturbée, et c'est l'inattendu Daniel Schmölz - un travailleur sachant s'imposer physiquement dans le slot - qui a fini meilleur marqueur avec un beau total de 19 buts en 38 rencontres.
En fin de saison, lors des matches croisés avec les équipes de la poule nord, les Ice Tigers ont montré qu'ils restaient compétitifs, mais l'environnement avait besoin d'un signal de changement. L'argument de la formation ne suffisait plus à justifier de donner toutes les clés à un staff moins habitué au haut niveau. L'entraîneur Frank Fischöder a été maintenu à son poste, en revanche le directeur sportif André Dietzsch, peut-être dépassé par le cumul des fonctions, restera "seulement" entraîneur des gardiens et responsable du hockey mineur.
Mi-mars, Nuremberg a donc annoncé le recrutement de Stefan Ustorf au poste de directeur sportif, comme il l'avait été chez les Eisbären après avoir arrêté sa carrière (à cause de symptômes post-commotion). Mais il est bien entouré qu'à Berlin et a aussi moins de marge de manoeuvre financière. Son arrivée a été bien perçue mais le défi n'est pas si facile.
Krefeld (14e) : apprendre à gérer un club
Commençons par le point positif : Krefeld est toujours vivant. C'était loin d'être une évidence à l'automne lorsque l'entraîneur et les joueurs-cadres fuyaient un navire à la dérive. À la barre, un commandant letton de 24 ans, Sergejs Saveljevs, improbable directeur général et directeur sportif. Son recrutement orienté vers l'est - par affinité ou par contrainte financière - a connu des ratés. Ses compatriotes au chômage qu'il a recrutés en début de saison n'ont guère convaincu : l'attaquant de 100 kg Filips Buncis a eu un impact offensif très faible (6 points), et l'international Martins Karsums s'est parfois plus concentré sur des récriminations envers les arbitres que sur son jeu. Quant au coach également arrivé de Lettonie, Mikhails Svarinskis, il a été remplacé fin janvier par Clark Donatelli.
Les recrues russes n'ont pas toujours été à l'aise dans le jeu physique de la DEL. La bonne surprise était pourtant parmi eux : Artur Tyanulin a fini meilleur marqueur, même si son jeu russe a parfois été difficile à comprendre pour ses coéquipiers. Le gardien Sergei Belov, prévu en numéro 1 alors qu'il restait sur une saison blanche, a laissé beaucoup plus dubitatif. Il a certes des réflexes rapides, mais sa gestion des rebonds est douteuse et il n'a pas été meilleur que les gardiens allemands. Pourtant, Savjelevs s'est entêté à son sujet, au point d'annoncer sa prolongation de contrat alors que le coach Donatelli n'en veut pas. L'Américain a apparemment eu le dernier mot...
Il va falloir suivre une ligne et s'y tenir. La cohabitation des cultures entre Nord-Américains et Russes/Baltes semble difficile. Le capitaine Martin Schymainski avait commenté ainsi la soudain résurrection de l'attaquant canadien Lucas Lessio après le changement d'entraîneur : "Cela tient à la langue maternelle commune. Lucas s'est mis à bouger les pieds et est devenu un meneur." Un meneur tout relatif, dans une équipe qui a occupé la dernière place de bout en bout et n'était pas au niveau. Krefeld est toujours vivant, mais l'année prochaine, la relégation sera mise en place et on voit mal par quel miracle les Pinguine pourraient y échapper.
Premier : Bietigheim-Bissingen. Parmi les trois équipes qui avaient déposé un dossier de montée, c'est donc la plus inattendue qui a décroché la timbale. Bietigheim-Bissingen ne s'était pas fermé la porte, mais l'objectif était plutôt de se placer dans les quatre premiers pour avoir l'avantage de la glace en play-offs. Les Steelers étaient donc dans les temps de passage avec une quatrième place. C'est alors qu'ils se sont révélés. Une surprise ? Oui, mais totalement méritée. Ils ont éliminé leurs deux rivaux pour la promotion, Francfort et Kassel, à chaque fois à l'issue de magnifiques renversements de situation en troisième période. De plus, Bietigheim-Bissingen est l'équipe la plus titrée de deuxième division, cinq fois championne depuis 2009. C'est juste récompense qu'elle ait sa chance au moment où la porte s'ouvre.
Les Steelers avaient pourtant eu leur licence validée uniquement en appel en début de saison, à cause de leurs anciennes dettes des "années Gaudet". Leur effectif était certes rajeuni, mais pas moins fort. Arrivé de Chamonix début février en raison du demi-sommeil de la Ligue Magnus, Evan Jasper a travaillé fort et s'est imposé à l'aile droite de la première ligne avec Riley Sheen et Matt McKnight. Mais quand Sheen s'est blessé en finale, ce sont les Allemands qui se sont montrés décisifs, emmenés par le meilleur marqueur des play-offs Norman Hauner. Le héros de ce printemps magique fut toutefois Leon Doubrawa : le troisième gardien s'est retrouvé tout seul à son poste lorsque ses deux collègues se sont blessés. Au départ, Doubrawa avait juste été engagé l'été dernier pour l'équipe junior (dont la saison de NHL a été annulée par la pandémie) ! Âgé de 19 ans, il a répondu présent avec beaucoup de sang-froid pour accompagner l'équipe au titre.
Deuxième : Kassel. La saison semblait quasi-parfaite pour Kassel : vingt points d'avance en saison régulière, une équipe dominante sur toutes les lignes, et un titre qui tendait les bras avec 2 victoires en finale et le troisième succès qui semblait toujours à portée de main, à quelques minutes près. Kassel se voyait-il trop beau ? S'imaginait-il déjà revenir en DEL avant d'avoir fait l'ultime effort ? En tout cas, les Huskies ont dérapé dans la dernière ligne droite, avant d'apprendre que la montée leur serait administrativement refusée l'an prochain. La double peine ! Avaler cette déception sera donc très long...
Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, c'est Bietigheim-Bissingen qui a démontré plus d'endurance mais aussi de profondeur de bans en play-offs. Les Huskies s'y sont peut-être appuyés un peu trop sur leurs quatre étrangers, que devaient surtout soutenir des naturalisés. Ryan Olsen, dont les grands-parents nommés Schmidt avaient quitté la région de Francfort pour Vancouver, n'a jamais obtenu le passeport allemand espéré. Il était lui-même indiscutable en tant qu'étranger, par ses buts et son efficacité aux mises au jeu (64% !), mais l'impossibilité de le naturaliser a impliqué que l'arrivée de la bonne pioche Philippe Cornet en cours de saison s'est faite aux dépens de Brett Cameron devenu surnuméraire.
Troisième : Fribourg-en-Brisgau. L'EHC Freiburg a connu sa meilleure saison depuis son passage en DEL, et même sa meilleure dans l'absolu si on tient compte de l'évolution du hockey depuis lors. L'entraîneur écossais Peter Russell a mis en place un jeu plus offensif dans cette seconde saison, avec des transitions plus rapides depuis la zone défensive, et plus de risques et d'ambition dans la construction. La précision des passes du renfort suédois Andreé Hult a fait oublier son prédécesseur Pither et a porté toute la première ligne, sur laquelle le joueur formé au club Christian Billich a connu à 34 ans la plus belle année de sa carrière.
Même le gardien Ben Meisner a participé à cette dynamisation du jeu par ses relances, avant de quitter sa cage... définitivement, rentré au Canada en plein milieu des pleins playoffs ! Pas du tout aigri, il salue au contraire la performance de la jeune doublure Enrico Salvarani (qui a pris sa place), dit avoir "tout donné" et ne plus rien avoir à donner pour le hockey. Meisner privilégiera à 30 ans sa vie de famille, content de ce qu'il a apporté, y compris en attirant l'attention et récoltant des fonds sur les problèmes de dépression. La révélation Salvarani signera pour sa part à Ravensburg, où il rejoindra son coach Russell mais aussi Daniel Henrizi, directeur sportif parti l'an passé dans des circonstances troubles (il dit avoir été poussé à la démission par des méthodes de harcèlement). Sans les principaux artisans des succès obtenus depuis deux ans, tous passés chez un concurrent, il sera très difficile pour Fribourg-en-Brisgau de répéter cette performance...
Quatrième : Ravensburg. Si les Towerstars ont décidé de se reconstruire avec l'ancien staff de Fribourg-en-Brisgau, c'est que l'entraîneur canadien Rich Chernomaz a été viré mi-février. Pourtant bien partie en tête du classement, l'équipe a décliné par manque de stabilité et de confiance dans sa zone défensive, où elle a commis trop d'erreurs individuelles dont elle peinait à se remettre. Elle a aussi pâti de blessures, tant de ses meneurs offensifs Andreas Driendl et Mathieu Pompei que de son pilier défensif polonais Pawel Dronia.
Après avoir sauvé l'essentiel, une place en play-offs, Ravensburg a ensuite retrouvé une soudaine compétitivité sous la conduite de l'entraîneur-adjoint Marc Vorderbrüggen. Revenu en forme en cette fin de saison, l'attaquant américain au gros slap John Henrion a alors mené l'offensive avec l'inattendu international junior Joshua Samanski, présent uniquement parce que la ligue junior majeur de l'Ontario n'a jamais repris. Cet élan a brutalement été stoppé par la Covid-19 qui a éliminé Ravensburg à quelques heures du match 4 de la demi-finale. Une fin aussi brutale que frustrante pour un groupe qui sera profondément remanié.
Cinquième : Bad Tölz. L'entraîneur Kevin Gaudet, qui a pourtant remporté trois fois le championnat avec Bietigheim, a cité cette saison comme la meilleure de sa carrière. Lui qui a toujours beaucoup utilisé ses meilleurs joueurs a su gérer un effectif encore amoindri par les blessures. Il a par exemple recommandé à Marco Pfleger de garder des forces pour s'économiser dans cette saison dense. Le joueur allemand a ainsi admis être resté passif dans les duels inutiles pour conserver de l'énergie pour les situations importantes, et cela lui a permis d'être le meilleur marqueur du championnat.
Ce très grand temps de jeu a en effet mis en valeur les hommes-clés qui ont récolté les trophées. Le gardien Maximilian Franzreb, qui n'a cédé sa place que 48 minutes sur la saison, a été élu meilleur gardien. Max French a été élu joueur de l'année... avant qu'une blessure à l'aine ne mette fin à sa saison. Sans lui, puis sans le quatrième marqueur Lubor Dibelka dont les muscles ont aussi lâché, l'équipe a manqué de gaz en play-offs et n'était plus capable de marquer après la mi-match.
Le soulagement prédomine quand même. On craignait que le club ne survive pas à la faillite du sponsor Wee, application de paiement virtuel qui s'est révélée être un miroir aux alouettes et qui a laissé une grosse ardoise. Mais les autres partenaires se sont mobilisés lorsque le nom de la patinoire a été... mis aux enchères, une procédure qui a suscité une belle curiosité médiatique ! Les supporters aussi ont été solidaires. Lorsque la barre des 400 personnes ayant refusé le remboursement de leur abonnement (dont ils n'ont pas profité pour cause de Covid-19), le club a annoncé en "cadeau" que Max French resterait une troisième saison.
Sixième : Francfort. Les Löwen n'ont tout bonnement jamais vraiment été dans le coup pour monter en DEL. Le directeur sportif Franz-David Fritzmeier a viré l'entraîneur Olli Salo au bout d'un mois et demi et pris sa place sur le banc, et il a un peu amélioré la situation, mais sans pouvoir la renverser complètement en quart de finale contre Bietigheim-Bissingen.
Fritzmeier est aujourd'hui sous pression car ses choix ont été critiqués. La recrue à risque Sebastian Collberg fut un risque non payant, et l'individualité douteuse Kale Kerbashian n'a pas été décisif. Il y a certes eu des blessures chez les renforts étrangers (David Suvanto, Kyle Wood) et des malades du Covid chez les cadres allemands (Christian Kretschmann, Martin Buchwieser), mais Francfort ne pourra pas se rater bien longtemps. La rumeur dit que le club est financièrement sur le fil du rasoir car il a tout misé sur la promotion en DEL...
Septième : Kaufbeuren. On avait prédit que l'arrivée de Rob Pallin comme entraîneur mettrait les gardiens en difficulté, on n'imaginait pas à quel point. Alors que Vajs était blessé comme toujours, le jeune Maximilian Meier s'est blessé au pied à l'échauffement le jour de la Saint-Valentin à Freiburg. Le coach n'avait plus confiance dans le seul gardien valide Jan Dalgic, "malheureusement pas en forme sur et en dehors de la glace". Le retour très attendu de Stefan Vajs... s'est soldé par une nouvelle blessure aux ligaments deux jours plus tard, saison terminée. L'ESVK a donc fini la saison avec Benedikt Hötzinger, prêté comme Meier par le partenaire de division inférieure Füssen !
Malgré ces problèmes de gardiens, une quarantaine automnale et les deux blessures du leader offensif finlandais Sami Blomqvist, Kaufbeuren a réussi à remonter dans un calendrier resserré pour se qualifier en play-offs. L'ESVK a même révélé le joueur formé au club Philipp Krauß, prévu au départ surtout comme capitaine de l'équipe junior (dont la saison a vite été annulée), et qui a fini à 20 points. Kaufbeuren prolongera à la fois Pallin et les quatre attaquants étrangers. Mais ceux-ci pouvaient faire florès grâce à des défenseurs allemands expérimentés. Trois d'entre eux (Julian Eichinger, Denis Pffafengut et Florin Ketterer) sont sur le départ. Seuls deux joueurs ayant connu une saison gâchée par les blessures (Simon Schütz et Jan Pavlu) arriveront pour les remplacer. Kaufbeuren aura donc besoin que l'infirmerie se vide pour retrouver son meilleur niveau.
Huitième : Heilbronn. Tout comme Kaufbeuren, Heilbronn a été arrêté trois semaines en début de saison par la pandémie de Covid-19 et avait donc un retard au classement. Les Falken ne sont pas arrivés à quitter la dernière place. L'entraîneur suisse Michel Zeiter a alors été mis à la porte, sans reproche concret à lui formuler en dehors des résultats. C'est le partenaire de toujours Mannheim qui a fourni la solution en prêtant pour quelques mois l'entraîneur Bill Stewart, qui s'occupe du recrutement nord-américain au sein du staff des Adler.
Quand Stewart a évoqué les play-offs à son arrivée, plus grand monde ne le croyait. Mais une série tardive de sept victoires à permis à l'équipe de se qualifier... à la faveur d'une remise en quarantaine et d'un arrêt prématuré de la saison régulière. Si la création offensive de Heilbronn a principalement reposé sur l'indispensable Dylan Wruck, les deux blocs de powerplay forts - un atout important - n'étaient plus disponibles en play-offs. Le chasseur allemand de rebonds et déviations Stefan Della Rovere était blessé, et plusieurs autres joueurs avaient attrapé la Covid-19. La formation affaiblie n'avait donc aucune chance contre Kassel en quart de finale, alors que sa forme semblait la rendre redoutable.
Neuvième : Crimmitschau. Si Mathieu Lemay (joueur-fétiche que Mario Richer voulait déjà recruter à Amiens) a fini meilleur marqueur, il a mis deux fois plus de points que tous ses collègues ! Les Eispiraten manquaient donc vraiment de profondeur, et ont pâti de blessures parfois incroyablement malchanceuses, comme celle de Carl Hudson finalement revenu au jeu avec une visière totale. Malheureusement, la saison s'est interrompue pour raisons sanitaires au moment où Crimmitschau était juste sous la barre de qualification. Celle belle saison méritait mieux, même si l'équipe a vite eu d'autres préoccupations : le gardien Ilya Andryukhov a subi au même moment un grave accident de la route et a dû être opéré des deux jambes.
Une neuvième place en saison régulière, c'est le meilleur classement de Crimmitschau depuis 13 ans. On comprend donc que Mario Richer ait été adopté. On lui a prolongé son contrat, et on lui a donné le droit la saison prochaine à disposer d'un adjoint, Andrew Hare (l'ex-gardien de Morzine), qui n'était resté que ponctuellement comme consultant pour cause d'économie. Fin juin, la désillusion fut donc immense dans le club saxon en apprenant par un message Whatsapp de son agent que Richer demandait à être dégagé du contrat qu'il venait de signer pour reprendre un poste en France...
Dixième : Bad Nauheim. "Cette place correspond à nos capacités économiques par rapport à la concurrence", selon Andreas Ortwein, directeur général du club depuis maintenant 13 ans. Pour la seconde fois seulement de son mandat, il y a toutefois eu un changement d'entraîneur en cours de saison. Hannu Järvenpää, tacticien internationalement réputé, a été remplacé par son adjoint Harry Lange, ancien joueur du club réputé pour sa détermination sur la glace, et qui exige la même chose de ses hommes : "Le cœur doit être à la bonne place. Quand j'allais dans un duel, je voulais aussi le gagner. J'ai eu dernièrement plutôt le sentiment que cela beaucoup se contentent de ne pas faire d'erreurs."
Lange a pourtant débuté par sept défaites et l'équipe s'était alors enfoncée à la dernière place. L'absence du capitaine Marc El Sayed (victime d'une myocardite, effet secondaire de la Covid-19) n'a jamais vraiment été compensée. Mais les Rote Teufel ont retrouvé une position plus honorable sur la fin grâce au retour en forme de la ligne formée par Christoph Körner, Kelsey Tessier et surtout le spectaculaire et créatif Cason Hohmann, un joueur qui crée des espaces et trouve la passe parfaite au bon moment : le club lui a proposé une augmentation mais il partira vers Bayreuth. Les capacités économiques, disait-on.
Onzième : Landshut. Des capacités économiques, l'EVL n'en manque pas. Il comptait le deuxième marqueur de la ligue dans ses rangs (Zach O'Brien, 83 points), plus le septième (Marcus Power, 69 points), et il a déjà recruté pour la saison prochaine le premier (Marco Pfleger, 86 points) et le neuvième (Andreé Hult, 68 points). Ceci tout en conservant Robin Weihager, troisième pointeur des défenseurs cette saison (48 points).
Le talent offensif se complète aussi des talents locaux, car Landshut est un club formateur, qui a élevé un trio complet de l'équipe allemande aux derniers Mondiaux (Kühnhackl-Krämmer-Rieder). Le trentenaire Maximilian Forster a complété de manière idéale la première ligne et le jeune Lukas Mühlbauer a commencé à faire son trou à 22 ans. Mais un club formateur devrait avoir une équipe plus homogène au lieu de reposer énormément sur la réussite de son premier bloc de powerplay. L'équipe a été déséquilibrée cette saison, terminant avant-dernière défense, et le choix critiqué de deux vieux gardiens n'a pas été convaincant. L'ex-international Dimitri Pätzold a fini à 88,6% d'arrêts, sa doublure Jaroslav Hübl à 85,4%.
Douzième : Weißwasser. Ce déséquilibre, Weißwasser en a tiré les conséquences. Pour la seconde fois en deux ans (après l'international britannique Mike Hammond l'an passé), le meilleur marqueur des Füchse présentait des faiblesses défensives. Kale Kerbashian, qui avait été vendu comme une personnalité pleine de caractère à son arrivée, aurait été maintes fois rappelé à l'ordre par ses coéquipiers sur son investissement collectif, dont témoigne sa fiche de -7. Trois semaines après son coach Corey Neilson, Kerbashian a été renvoyé à son tour. Une fois arrivé à Francfort, il a expliqué qu'il n'était pas heureux dans une petite ville.
Le club ne veut plus commettre les mêmes erreurs. Le directeur Dirk Rohrbach, qui avait laissé le coach Neilson constituer l'équipe depuis deux ans, décide qu'il gèrera les négociations lui-même, en privilégiant des joueurs déjà attachés à l'identité de Weißwasser et pas des "mercenaires".
Treizième : Dresde. À l'inverse de son voisin saxon, Dresde a confirmé son meilleur marqueur à qui certains ont collé une réputation de diva : le Canadien Jordan Knackstedt dit avoir appris de son rôle de capitaine et promet qu'il fera des efforts pour mieux parler allemand afin que son passeport ne soit pas qu'un simple papier. Mais ce club se cherche toujours une stabilité. L'entraîneur Andreas Brockmann a été engagé fin décembre jusqu'en 2022.
En avril, un énième directeur sportif est arrivé, Matthias Roos. Il a tout de suite annoncé qu'il déposerait un dossier de montée pour donner un signal, même si le vrai objectif n'est pas dès 2022. Le club s'engage dans un projet sur deux ans pour se mêler au titre la saison suivante (2023). Tant mieux, puisque le dossier a été rejeté comme incomplet par la DEL...
Quatorzième : Bayreuth. En dépit des apparences, les Tigers n'ont pas abandonné le combat lorsque la DEL2 a annoncé début février qu'il n'y aurait pas de relégation. Au contraire, le club a déclaré viser les play-offs, encore à portée, et rappelé aux joueurs que de belles primes étaient prévues en conséquence. Pourtant, après cette annonce, Bayreuth n'a plus gagné qu'un seul match dans le temps réglementaire et a même terminé par une série catastrophique de dix défaites.
Les supporters, qui avaient renoncé à 80% au remboursement de leur abonnement, méritaient bien mieux que d'assister à une telle débâcle devant leur écran, s'ils en avaient encore la motivation. Le club n'a pas tardé à réagir. Il a conservé ses deux meilleurs joueurs, le meneur offensif Ville Järveläinen et le défenseur offensif Kurt Davis, mais il a dit adieu aux autres étrangers à l'investissement défensif douteux (Jusso Rajala et Tyler Gron) et envoyé un signe fort dès la fin de saison en recrutant le 3e marqueur de DEL2, Cason Hohmann. Bayreuth n'a pas l'intention d'être dernier l'an prochain.
Promu d'Oberliga : Selb. Même si la saison fut particulière, même si plusieurs équipes n'ont pu défendre leurs chances à cause du coronavirus, personne ne peut nier que Selb a amplement mérité sa promotion. Les Wölfe (loups) ont en effet battu coup sur coup en play-offs les trois autres grosses équipes qui avaient dominé la saison, Rosenheim (au jeu physique), Regensburg puis les Scorpions de Hanovre (deux équipes au jeu plus technique).
L'entraîneur autrichien Herbert Hohenberger, arrivé l'été dernier, a aligné la formation la plus homogène, à quatre lignes, mais aussi le meilleur joueur de l'Oberliga sud, l'Américain Nicholas Miglio, qui a signé un nouveau contrat de deux ans. La ville située à la frontière tchèque espère donc s'installer durablement en DEL2 et y retrouver les derbys contre Bayreuth, mais une division au-dessus d'il y a quelques années.
Marc Branchu