Allemagne 2020/2021 : présentation

 

En attendant peut-être l'EIHL britannique (prête à envisager un retour au jeu en janvier après avoir reçu des aides d'État), la DEL est le dernier championnat professionnel de hockey sur glace en Europe à reprendre. Elle le fait au pire moment possible de la crise sanitaire : le 17 décembre, le lendemain du jour où l'Allemagne - faisant face à son tour à une saturation de ses hôpitaux pourtant les mieux pourvus en Europe - se reconfine complètement pour les fêtes de fin d'année en fermant écoles et commerces. Les activités professionnelles peuvent certes continuer, et cela inclut le hockey, sans spectateurs évidemment.

Pourquoi avoir autant attendu ? C'est ce que se sont demandé tous les amateurs du hockey allemand, et beaucoup d'acteurs, en voyant qu'on jouait au hockey partout ailleurs sur le continent. Espérer des jours meilleurs plus tard dans l'hiver était illusoire. Quand la DEL a annoncé début octobre qu'il manquait 60 millions d'euros pour boucler la saison avec la jauge de spectateurs alors de 20% (calcul des recettes manquantes des clubs), ce fut très mal perçu par les médias, comme une déclaration de faillite. Les clubs qui n'avaient rien anticipé et alignaient des effectifs tout aussi gourmands quémandaient donc de l'argent public ? La DEL a mis des semaines à déminer cette mauvaise communication en précisant que c'était un simple constat.

Seules deux équipes étaient alors favorables au démarrage de la saison, parce qu'elles tirent toutes deux plus de recettes d'un gros sponsor que des recettes aux guichets : Munich avec Red Bull et Wolfsburg avec Volkswagen. Les autres n'avaient pas assez de garanties de boucler leur budget. S'ils n'ont sans doute pas assez agi durant l'été, les clubs ont alors eu des semaines animées. Ils se sont assurés que leurs dossiers permettraient de bénéficier des subventions proches du plafond européen autorisé de 800 000 euros d'aide gouvernementale pour les clubs sportifs professionnels. En plus des clauses déjà négociées au printemps, prévoyant des coupes salariales conditionnelles de 25%, ils ont souvent négocié de nouvelles réductions de salaires. Certains sont restés inactifs pour utiliser les mécanismes de chômage partiel (bien moins généreux en Allemagne qu'en France puisqu'il signifie une perte de rémunération de 25%, voire près de la moitié pour les plus gros salaires). D'autres - 8 sur 14 - ont choisi de participer dès novembre à la MagentaSport Cup, tournoi de présaison devant son nom à la chaîne de télévision qui le subventionne et qui a versé quelques dizaines de millions d'euros des primes de participation.

Même si la DEL est le grand championnat en Europe qui dépend le plus des recettes liées aux spectateurs, elle touche des droits télévisés de la part de Telekom : 290 000 euros par club, c'est loin des contrats juteux connus en Suisse ou en Suède, mais cela compte. Le partenaire télévisuel a donc mis la pression sur la DEL pour qu'elle reprenne. Le choix a été laissé à chaque club de s'engager, sans conséquence puisque la relégation était abolie, et tous ont fini par suivre. On a fait une croix sur le retour du public dans les patinoires. Puisque les horaires de match n'ont pas à convenir aux spectateurs, le calendrier a été aménagé dans l'unique intérêts des télévisions : on joue tous les jours sauf à Noël et au Jour de l'An (et pour la trêve internationale de février), en moyenne 2 matches par jour, le maximum étant de 3, généralement le dimanche où on échelonne les horaires (14h30, 17h00, 19h30). Bref, il est presque possible de tout voir devant son écran, on ne joue presque pas simultanément.

Les compromis sont nombreux : pour limiter les déplacements, on joue en deux groupes de 7 (nord et sud), et le calendrier n'est connu que jusqu'au 19 mars avec double aller-retour entre les équipes de la même poule (28 journées). Les matches croisés en simple aller-retour seront programmés ensuite, en sachant déjà que les play-offs se joueront au meilleur des 3 matches et pas des 7 matches... même si la DEL a promis de les rallonger si tout se passait bien. Ce n'est vraiment pas l'hypothèse la plus probable. Sauf annulation du Mondial qui fixe le terminus en fin de saison, on pourrait plutôt parier que les rencontres croisées seront amputées voire annulées. Même si les équipes sont censées jouer coûte que coûte à 9 joueurs plus 1 gardien (!), comment ce calendrier très dense résistera-t-il à des quarantaines presque inévitables ?

 

 

DEL : poule nord

 

La tradition du hockey allemand restant bavaroise, tout découpage géographique aboutit généralement à ce que le sud soit plus fort que le nord. Ce n'est plus forcément vrai au plus haut niveau du fait de la présence des métropoles rhénanes et de la capitale au nord... mais cette saison, ça l'est clairement. Les favoris sont au sud et on est bien en peine d'en dégager un dans la poule nord.

Au point de désigner par défaut les Eisbären de Berlin, qui ont pourtant fini bons derniers de la Magenta Cup et qui ont ensuite pris du retard dans leur préparation après cinq jours d'arrêt total à cause de la Covid-19. Comme si une mauvaise nouvelle ne suffisait pas, on apprenait aussi début décembre la retraite-surprise de Maxim Lapierre alors qu'il avait été le premier étranger à rentrer de vacances en juillet.

Les Eisbären ne sont pas épargnés par les difficultés économiques, loin de là. Leur actionnaire, l'Anschutz Entertainment Group, a bâti son modèle financier sur les arénas et les évènements qui s'y déroulent. Autant dire qu'en l'absence de manifestations publiques, les recettes sont comprimées. Le club a donc dû pratiquer la gestion du personnel à l'américaine, pas fondée sur la tendresse : il a licencié pour motifs économiques son attaché de presse depuis 20 ans, Daniel Goldstein, en considérant que ses fonctions seraient reprises par le directeur général Peter John Lee et le directeur de communication du groupe Anschutz (Moritz Hillebrand). Cela ne rapportera aucune économie pour cette année car les Eisbären ont dû verser 60 000 euros aux prud'hommes à leur ancien employé.

Malgré ces difficultés, les Berlinois restent forts sur le papier. Ils ont recruté Mathias Niederberger, le meilleur gardien de la dernière saison de DEL. Ils ont engagé deux des joueurs les plus performants de Bremerhaven, le défenseur offensif norvégien Stefan Espeland (à la place du vétéran du club Constantin Braun) et le centre Mark Zengerle. Ce dernier est entouré par les ailiers Kris Foucault et Giovanni Fiore, arrivés début décembre sur un nouveau trio étranger. La ligne forte de l'an passé Noebels-Sheppard-Pföderl devra de son côté trouver un autre équilibre sans le Canadien : Marcel Noebels doit ainsi se réhabituer à la position de centre, qui semble le point faible de l'équipe.

La place à l'aile peut être prise par le premier tour de draft NHL Lukas Reichel : les trois internationaux juniors, cas contacts, n'ont pu rejoindre la bulle du Mondial junior... ce qui est paradoxalement une bonne nouvelle pour les Eisbären qui les ont à disposition pour le début de saison. Assistera-t-on au retour au sommet des ours blancs ? Il faudrait pour cela retrouver une formation digne de l'époque dynastique. Constatant la qualité de tir déclinante des enfants, les Eisbären Juniors ont fait construire à l'intersaison une petite patinoire synthétique de 15 mètres sur 10, spécialement dédiée aux lancers, avec quatre cibles mises en place qui recueillent les palets. Même si ce geste doit s'apprendre tôt, les pros utiliseront aussi ces installations. Aucun d'entre eux n'a un tir approchant la référence André Rankel - qui vient de prendre sa retraite - au faîte de sa carrière.

 

La perte majeure pour Düsseldorf est évidemment le gardien néo-berlinois Mathias Niederberger, d'autant qu'il constituait avec son frère Leon - parti chez le rival Krefeld - un élément d'identification important formé au club. Pour autant, d'autres joueurs restent natifs de la ville comme l'ailier de la première ligne Maximilian Kammerer, le septième défenseur Michael Geitner mais aussi le gardien de 20 ans Hendrik Hane. Celui-ci n'a joué que 7 matches l'an passé comme doublure de Niederberger, mais avec un pourcentage d'arrêts presque aussi élevé (92,8%). Son nouveau partenaire de 22 ans Mirko Pantkowski n'a joué pour sa part que 4 matches de DEL dans sa carrière. Un tandem aussi inexpérimenté, est-ce de la folie ? Pas forcément, car les deux hommes sont parmi les meilleurs espoirs allemands à ce poste. Le pays remerciera la DEG si le pari réussit.

Hormis ce risque de la jeunesse pris dans les cages, l'effectif est très solide. La défense doit être plus forte parce qu'elle ne comporte pas de joueur très âgé et qu'Alexander Urbom a été avantageusement remplacé par l'ancien défenseur de NHL Kyle Cumiskey, dernière recrue "qui ne gagne pas plus que les autres". Cette précision est très importante car la DEG a demandé à ses joueurs d'accepter une seconde réduction salariale à l'automne pour pouvoir repartir. Tous ont accepté sauf les deux attaquants canadiens, Luke Adam et Chad Nehring.

Leurs départs ont été compensés en partie par l'arrivée de Matt Carey, passé par Schwenningen et choisi pour sa polyvalence parce qu'il peut apporter une solution supplémentaire au centre, justement ce qui fait défaut à Berlin. L'attaque semble un peu affaiblie par les départs, mais le club prétend évidemment le contraire et estime n'avoir perdu personne d'essentiel. La révélation de la saison passée Daniel Fischbuch a signé pour trois ans et constitue une recrue majeure. L'international danois Mathias From renforce aussi la coloration nordique d'une équipe naturellement prétendante... à la victoire en poule nord !

 

Le plus nordique de tous les clubs, c'est quand même le port de Bremerhaven. Il n'est donc pas illogique de voir les Fischtown Pinguins partir prospecter au Danemark pour en ramener le rapide attaquant Niklas Andersen et surtout le gros poisson Anders Krogsgaard, défenseur offensif qui a été le joueur de l'année dans la ligue danoise. Ils ont toujours su trouver des pêches miraculeuses dans des eaux délaissées par les gros cuirassés de la ligue. En cette saison très particulière, Bremerhaven fait figure de favori au moins au sein de sa poule. Un paradoxe pour un club à petit budget (qui a aussi eu recours à un accord de réduction salariale), mais un statut qu'il faudra assumer.

Il faut dire que Bremerhaven a obtenu de Berlin une compensation financière pour laisser partir Mark Zengerle, sans paraître en souffrir. L'Américain a en effet été remplacé comme si de rien au centre de la première ligne par Ziga Jeglic, traditionnellement ailier en équipe nationale de Slovénie mais polyvalent. Le premier trio 100% slovène Urbas-Jeglic-Verlic a été très performant dès la pré-saison et le jeu de puissance fonctionne. L'Américain à passeport allemand Mitch Wahl, prêté l'an passé à Crimmitschau, en constitue un maillon essentiel comme quatrième attaquant.

Le club continue de s'appuyer sur des joueurs facilement dotés de passeports allemands pour constituer son équipe. C'est le cas de l'international américain Brandon Mawxell, qui a signé pour trois ans et qui fera très fortement concurrence à l'habituel titulaire Tomas Pöpperle. Un des duos les plus forts du championnat, sans consommer une seule place d'étranger... Bremerhaven compte pour la première fois un international junior, Filip Reisnecker, qui a signé pour deux ans, mais ce natif de Prague a en fait été formé en République tchèque jusqu'à ses 15 ans. Dans tout l'effectif, Luca Gläser reste le seul joueur né en Allemagne !

 

Club avec la plus faible affluence de la ligue, Wolfsburg est le moins impacté par le huis clos. Il a logiquement fixé l'accès aux quatre premières places de la poule nord comme l'objectif minimum car l'équipe a pris du volume. Un grand gabarit à la personnalité charismatique, Dustin Strahlmeier, arrive devant les filets pour remplacer Brückmann retourné à Mannheim. La défense bénéficie du physique imposant (1,95m et 101kg) de Julian Melchiori, un Canadien d'AHL qui a renoncé à rejoindre la KHL en raison de la Covid, et de l'apport offensif du Danois Philip Bruggisser - qui était plus critiqué à Krefeld pour ses prestations défensives.

L'attaque compte des recrues capables d'amener de la profondeur, dont un profil impressionnant avec le centre finlandais de 1,95m Matti Järvinen, qui reste sur sa meilleure saison en Liiga à 40 points. Pat Cortina ne veut plus deux lignes offensives et deux plus défensives, mais des joueurs polyvalents qui sont tous capables d'amener du danger. Néanmoins, il n'a pas trouvé la bonne formule en pré-saison, ce qui le met sous pression autant qu'il a mis sous pression ses attaquants majeurs Anthony Rech, Mathis Olimb et Garrett Festerling pour qu'ils produisent plus offensivement.

Un cas vécu à Wolfsburg doit alerter tous les sportifs du monde. La recrue Janik Möser se fait tester positif à la Covid-19 en octobre alors qu'il n'a aucun symptôme. Il perd ensuite l'odorat et le goût, et le protocole sanitaire prévoit aussi un électrocardiogramme avant le retour au jeu. C'est alors que le médecin décèle des anomalies par rapport à son test précédent en août : une myocardite, qui pourrait être un effet secondaire inattendu de la Covid faute d'autre explication. Tout en se sentant en forme, le défenseur de 25 ans Möser ne peut donc pratiquer de sport de haut niveau jusqu'à nouvel ordre (Jere Laaksonen, attaquant de Kaufbeuren en DEL2, est dans le même cas).

 

C'est le cas opposé de Wolfsburg : Cologne a le public le plus nombreux - dans la patinoire la plus vaste - de la DEL. Le KEC est donc fortement impacté par les restrictions sanitaires. C'est la survie du club qui était en jeu. Il a été le tout dernier à s'inscrire pour participer au championnat, le 18 novembre, la veille de la date limite fixée par la ligue. Pour y parvenir, il a pratiqué les baisses de salaire les plus importantes puisque les joueurs ont accepté jusqu'à 60% de diminution. Il a aussi lancé un appel à la mobilisation des supporters : 100 000 billets virtuels à 10 euros pièce. C'est la réussite de cette campagne, notamment relayée médiatiquement par le footballeur Lukas Podolski, qui a apporté le million d'euros nécessaire pour boucler un budget réduit permettant d'être au départ.

Cette crise économique frappe une équipe qui venait de vivre la plus grave crise sportive de son histoire avec une série inimaginable de 17 défaites, interrompue seulement par le retour providentiel d'Uwe Krupp. Deux recrues majeures avaient été recrutées à cette époque : le centre James Sheppard, accouru vers Krupp qui avait été son entraîneur à Berlin, et Maury Edwards, le meilleur pointeur des défenseurs de DEL, pour régler enfin l'impact trop faible de Cologne à la ligne bleue. Mais la pandémie a ensuite arrêté toute activité du côté des transferts.

La seule exception a été le gardien, car il en fallait bien un pour remplacer le Suédois Gustaf Wesslau, qui aura marqué son passage en cinq saisons. C'est le vétéran canadien Justin Pogge, convaincant pendant ses quelques mois à Berlin, qui a été choisi en août pour cette difficile succession. Le KEC ne s'est pas plus armé et a commencé sa préparation avec une quatrième ligne de juniors, alors qu'il n'y avait d'habitude aucune place libre pour eux. Leo Hafenrichter est même devenu en pré-saison le plus jeune joueur à avoir jamais porté les couleurs de l'équipe première, à 16 ans 4 mois. Mais ces "gamins" ont paru un peu tendres face aux adultes. Juste avant le début de saison, Cologne a fait revenir l'attaquant défensif américain Mike Zalewski (parti à Vienne il y a un an). Comme quoi même la pire pandémie ne change pas les habitudes et n'ouvre pas totalement la place aux jeunes dans les clubs allemands...

 

Depuis sa nomination comme manager, Christian Hommel a changé le visage d'Iserlohn. Comme un vestige du passé récent, Brent Raedeke, joueur à double passeport autrefois déniché au Canada et devenu international allemand, fait son retour après cinq ans à Mannheim où il a connu le haut niveau et un titre mais de moins en moins de temps de jeu. Pour autant, les Nord-Américains ne forment plus que la moitié du vestiaire. Un international junior a même été recruté avec un contrat de deux ans, Taro Jentzsch, qui a appris un rôle travailleur en infériorité numérique dans la Ligue Junior Majeur du Québec.

Le symbole de la nouvelle politique est le gardien Andreas Jenike, qui a gagné sa place de titulaire la saison passée et qui a été prolongé jusqu'en 2024 (quand il aura 35 ans). Le club ne voulait pas lui imposer un concurrent étranger parce qu'il avait mérité sa place de numéro 1. Les pistes allemandes se sont toutes éteintes, notamment celle du portier formé au club Kevin Reich resté à Munich après la blessure du titulaire. Les Roosters ont alors retrouvé leur créativité en "recrutement généalogique". Ils ont embauché un gardien suisse de mère allemande, Janick Schwendener, qui avait été écarté par Thurgovie après une dispute avec le coach. Christian Hommel ne se fie pas à cette réputation, selon lui les soi-disant caractères difficiles se sont toujours bien intégrés à Iserlohn.

L'importance nouvelle des joueurs allemands a été facilitée par les problèmes de Krefeld, puisque deux défenseurs de la conurbation Rhin-Ruhr ont trouvé refuge dans le calme de la campagne voisine, Torsten Ankert et Philip Riefers. Deux solides gabarits qui renforcent une arrière-garde physique mais au soutien offensif limité.

L'apport offensif sera essentiellement demandé à Brent Aubin (ex-Wolfsburg) et à trois nouveaux attaquants nord-américains ayant montré leurs qualités en Suède et/ou en AHL (Casey Bailey, Joe Whitney et Ryan Johnston). Dans le contexte économique difficile, le club évolue à pas comptés et espère être compétitif en laissant passer l'orage.

 

Du côté de Krefeld, on ne parle plus d'orage... On est dans une dévastation après le passage d'un cyclone. "Tout est sous contrôle", a fait savoir le président de la Save's AG (société qui a racheté le club), Stefano Ansoldi, quand les joueurs ont fait grève officieuse de l'échauffement au premier match de Magenta Cup à domicile (sans public) pour protester contre le non-versement de salaires. Mais personne n'a encore jamais vu l'investisseur suisse sur place. Son homme de confiance, l'Américain Roger Nicholas, a démissionné pendant l'été, effrayé des responsabilités judiciaires liées à son poste s'il dissimulait un état de faillite.

Son adjoint-recruteur, Sergejs Saveljevs, l'a donc remplacé avec l'insouciance de ses 26 ans, au double poste de directeur général et directeur sportif qui occupe deux personnes chez tous les concurrents. Le nouvel entraîneur Glen Hanlon a ensuite claqué la porte, inquiet du contexte (peut-être pas seulement) sanitaire. Puis ce sont les joueurs qui ont jeté l'éponge un à un, tel Kai Hospelt lâchant un "je n'en peux plus" et préférant jouer en DEL2. Et tout ça, c'était avant que le recours judiciaire ne donne raison à l'ancienne idole locale Daniel Pietta : son renvoi malgré un contrat de 10 ans, bien loin de sauver financièrement le club, pourrait l'achever quand il faudra verser les 700 000 euros pour licenciement abusif...

La "chance" de Krefeld est que, interdits de patinoire, les supporters ne peuvent pas manifester ce qu'ils pensent de la situation. L'équipe peut donc faire semblant de travailler comme si de rien n'était. Le capitaine Martin Schymainski, dernier joueur-symbole du club qui n'a pourtant jamais mâché ses mots, devient soudain taiseux mais encaisse la situation et ne quitte pas le navire. Le défenseur Constantin Braun, dont l'épouse est originaire de la ville voisine (et rivale) Düsseldorf, a rejoint son frère Laurin Braun. Les deux hommes peuvent essayer tant bien que mal d'être les nouvelles têtes d'affiche. Un coach letton a été trouvé, Mihails Svarinskis, qui a pris l'habitude en KHL de ne s'étonner de rien de ce qui se passe en coulisses. Des joueurs russes ou lettons au chômage ont été engagés, y compris un international aussi réputé que Martins Karsums. Krefeld a bien une équipe. Comment sera-t-elle payée ? Seul l'actionnaire suisse peut le dire, alors qu'il ne s'est jamais exprimé pour présenter son projet et les raisons de sa venue.

 

 

DEL : poule sud

 

Un seul club n'a pas reproduit le communiqué des "60 millions manquants" de la DEL début octobre : Munich. D'une part, adossé à la multinationale Red Bull, il n'a aucun problème d'argent. Il est d'ailleurs le seul club à ne pas avoir déposé de dossier pour les aides aux clubs professionnels, car il n'aurait pas été éligible. D'autre part, il était en contradiction avec la ligne de la DEL. Il était en effet prêt à jouer et avait déjà effectué 5 matches de préparation quand ses adversaires étaient à l'arrêt. Pour s'occuper, il avait même envisagé de jouer en Autriche, même non officiellement contre l'équipe exempte de chaque journée, mais cela aurait été trop compliqué d'un point de vue logistique à cause de risques de quarantaine en re-franchissant la frontière.

Les Bavarois ont donc bien été obligés d'attendre que leurs adversaires soient prêts à leur tour. Et tant pis si du coup le prêt du joueur NHL Dominik Kahun est presque inutile en s'arrêtant avant le championnat alors qu'il avait vite trouvé des automatismes avec le dup Gogulla - Mauer. Il aura participé à la victoire en Magenta Cup, preuve si besoin que l'EHC Munich reste toujours le favori. Cette longue préparation aura permis à Zach Redmond de s'imposer comme le meneur des lignes arrières : le meilleur défenseur d'AHL 2019 a même fait venir un de ses anciens équipiers à ses côtés, Andrew MacWilliam, pour un essai vite concluant.

Le recrutement offensif dépendra du devenir - non encore décidé - des deux internationaux juniors qui ont été prêtés à Salzbourg pour le début de saison. John Jason Peterka pourrait ensuite rejoindre la NHL. Justin Schütz s'est si bien intégré à l'équipe autrichienne que son club allemand considère qu'une prolongation du prêt serait peut-être la meilleure solution pour son développement. Munich a deux places libres non utilisées pour les joueurs étrangers.

Le club a conservé ses trois gardiens car Danny aus den Birken s'est déchiré les ligaments du genou à l'entraînement en août. Le décalage de la saison a laissé le temps au vice-champion olympique - désormais âgé de 35 ans - d'être opéré et même de reprendre tout doucement l'entraînement. Dans l'immédiat, les finalement plus si jeunes Kevin Reich (25 ans) et Daniel Fießinger (24 ans) vont alterner dans les cages.

 

 

L'habituel co-favori Mannheim est dans une situation plus délicate sans pouvoir remplir sa patinoire. Quand son entraîneur Pavel Gross a critiqué la ligue pour la reprise sans cesse décalée en l'accusant de n'avoir rien préparé pendant l'intersaison, le directeur de la DEL a rétorqué assez sèchement qu'il ferait mieux de se renseigner sur la situation de son propre club...

L'effectif des Adler était tellement surdimensionné que le dégraissage est assez naturel. En comptant le jeune Moritz Wirth prêté à Heilbronn, il y avait 10 défenseurs l'an passé pour 7 places possibles sur la feuille de match. Il n'est donc pas illogique qu'il n'en reste que huit : malgré son passage par des ligues réputées (KHL, SHL, AHL), l'Américain Chad Billins n'a jamais vraiment trouvé sa place depuis un an et vient de s'accorder pour une rupture de contrat. Au contraire, Björn Krupp, lui aussi souvent en tribune l'an passé, a travaillé encore plus fort et semble prêt à jouer un rôle solide.

L'homme qui boit 20 cafés par jour, Mark Katic, mène toujours ces lignes arrières en faisant le bonheur des (télé-?)spectateurs par ses 360° sur la glace. Cette défense sans recrue protègera un duo de gardiens allemands qui se connaissent. Dennis Endras et Felix Brückmann avaient déjà été partenaires à Mannheim de 2012 à 2014. Mais aujourd'hui, le premier a 35 ans et le second célèbre ses 30 ans : la hiérarchie pourrait s'inverser.

L'opération de la hanche du centre canadien Andrew Desjardins a compromis les plans des Adler juste avant le début de saison. L'international itinérant Felix Schütz, qui jouait à Landshut en DEL2 mais avait une clause de sortie pour retourner en DEL, est arrivée pour occuper la place manquante. Le recrutement s'était jusqu'alors limité à l'international Stefan Loibl, engagé en avance il y a plus d'un an, et à Brendan Shinimin, un Canadien qui s'était plus illustré en Suède par sa rudesse mais qui a aussi un bon sens du hockey. En se déchargeant de Billins, Mannheim s'est donné des marges pour recruter en attaque, surtout si Ottawa insiste pour disposer immédiatement du numéro 3 de la draft NHL Tim Stützle. Ces futurs recrutements dépendront de la situation économique... et sportive.

 

La poule sud s'annonce en effet très disputée parce qu'un troisième favori s'y fait jour. L'intersaison avait pourtant commencé de manière plutôt inquiétante pour Ingolstadt. La signature par la DEL en juillet d'un contrat de 4 ans avec l'enseigne de hard-discount Penny était peut-être une bonne nouvelle pour la ligue, mais une mauvaise pour ce club. Un de ses sponsors importants était un concurrent direct : les supermarchés Edika n'ont pas prolongé leur contrat alors qu'ils payaient plus que ce que le club touchera de la DEL pour le partenariat national.

Au printemps, Ingolstadt avait aussi publiquement pointé du doigt le seul joueur à ne pas avoir accepté la clause de réduction salariale de 25% du coronavirus : un élément important puisqu'il s'agissait du dernier membre de l'équipe titrée en 2014, le gardien Timo Pielmeier. L'ERCI avait annoncé n'avoir d'autre choix que de l'écarter en raison de ce manque de solidarité (signalons que son frère Thomas Pielmeier, capitaine de Dresde en DEL2, a agi de la même façon : il a obtenu son salaire jusqu'en mars 2021 puisque juridiquement le club lui doit, mais il n'est pas le bienvenu dans l'équipe, ni dans aucune autre). L'autre gardien Jochen Reimer a rendu cet avis sans appel : "J'avais une super relation avec Timo. Mais cette action était très égoïste, il faut le dire. Il n'a pas rendu service à beaucoup de gens, particulièrement à moi. J'ai eu de grosses pertes à cause de la décision de Timo. Le club doit maintenant payer trois gardiens. Si tout le monde avait fait pareil, il n'y aurait pas de DEL cette saison."

Lors de cette déclaration, il pensait encore jouer. Lorsque le club a entamé une "seconde vague" de baisse de salaire à l'automne, Reimer a même mis fin à sa carrière. Chaque joueur a eu le choix et les défenseurs Sean Sullivan et Brendan Kichton ont aussi renoncé à rester dans ces conditions. Ingolstadt a donc dû engager son premier gardien étranger depuis 11 ans (et le légendaire Jimmy Waite), Michael Garteig, le meilleur pourcentage d'arrêts de Liiga finlandaise. Le directeur sportif Larry Mitchell savait par sa fille qui connaît un ami commun que le champion du monde junior (comme second gardien) Nicolas Daws a un passeport allemand. Et voilà un sacré duo dans les cages !

Ingolstadt a attendu très longtemps pour compléter son équipe en ayant recours au chômage partiel. Les talents de recruteur de Larry Mitchell sont bien connus. Quand il a eu le feu vert pour compléter la demi-douzaine de postes vacants à l'automne, dans un marché avec énormément de joueurs disponibles, il a forcément frappé fort à moindre frais. Trois étrangers très forts arrivent en défense, le joueur "cérébral" Mathew Bodie, l'élégant patineur Ben Marshall et le déjà connu Morgan Ellis (passé par Cologne avant d'aller en KHL).

Larry Mitchell parle lui-même du "meilleur effectif qu'il ait jamais obtenu", et tout le monde se l'accorde. L'attaque dispose d'une profondeur intéressante et d'une attraction avec le rookie de l'année 2018 en Finlande, Petrus Palmu, un petit gabarit de 1m68 que les Canucks ont prêté ces deux dernières années en Liiga mais qui ne fait déjà plus partie de leurs plans. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si Daniel Pietta, engagé comme centre de la première ligne, n'avait pas été suspendu pour un geste raciste. La DEL n'a pas cru ses dénégations (il s'était embrouillé avec le seul Sena Acolatse et le visait donc), mais lui a infligé la plus faible sanction prévue par le règlement (8 matches). Son retour au jeu ne se fera pas sans polémique, même si l'absence de public pourrait lui faciliter la vie...

 

On peut compter sur Straubing pour mettre la pression sur Ingolstadt afin que Pietta soit sanctionné, comme le club l'a déjà fait dans son premier communiqué. Cet épisode où il a été victime de racisme est le dernier d'une intersaison très particulière pour Sena Acolatse : il s'était retrouvé au Ghana pendant le confinement, et n'a pu repartir de ce pays que début août.

À cet instant, Straubing espérait encore participer à la première compétition européenne de son histoire. Le club a encore le menu "CHL Saison" en haut de son site internet, il l'avait spécialement mis en place tellement cette opportunité avait de l'importance. L'annulation de la CHL, conjuguée au report de la saison, a coupé ce bel élan : après six semaines d'entraînement, celui-ci a été arrêté début octobre. L'entraîneur de l'année Tom Pokel est alors rentré un temps au Canada. L'idée était que les joueurs se rafraîchissent l'esprit et ne soient pas mentalement à bout après un camp interminable. La perspective du début de championnat semblait alors lointaine. Des séances volontaires se poursuivaient avec l'adjoint Rob Leask.

De nombreux supporters ont manifesté leur soutien en ne demandant pas le remboursement de l'abonnement. La directrice Gaby Sennebogen et le capitaine Sandro Schönberger se sont alors accordés sur une seconde réduction de salaire, que tous les joueurs et membres du staff ont ensuite acceptée individuellement. Le budget a ainsi été réduit de 6,5 à 4,5 millions d'euros, avec un effectif assez similaire car les Tigers avaient gardé tous leurs joueurs étrangers (sauf le gardien Jeff Zatkoff qui a souhaité mettre un terme à sa carrière et qui a été remplacé par le jeune Canadien Mat Robson). Il est normal qu'ils aient conservé autant de joueurs contrat car ils avaient bâti la meilleure équipe de leur histoire, qui se voyait jouer la course au titre avant l'arrêt brutal de la saison.

La situation semble un peu moins idéale aujourd'hui, sans l'enfant du pays Loibl - dont le départ était connu depuis un an - et sans le joker Felix Schütz. Le jeune Andreas Eder a certes signé pour deux ans mais ne peut se prévaloir du même impact offensif. Surtout, au vu de la difficulté de la poule sud, une qualification en demi-finale serait déjà un exploit (car les quarts de finale seront joués entre équipes d'un même groupe).

 

Qualifié de justesse l'an passé, Augsbourg vit toujours dans l'ombre des succès obtenus avec Bill Stewart. Le coach ne reviendra pas, mais le préparateur mental qui l'avait accompagné à Cologne, Ulfried Wallisch, fait son retour. Le club se fait néanmoins assez peu d'illusions sur ses chances cette saison.

Les attaquants partis laissent un trou de 45 buts qu'il sera difficile à combler pour les très jeunes recrues. Michael Clarke en a certes mis 13 avec Iserlohn, mais c'est le seul à avoir l'expérience de la DEL. Le développement de Maximilian et Magnus Eisenmenger, deux joueurs nés en Allemagne mais qui ont grandi en Suède et ont été formés à Djurgården, sera la principale clé du succès.

Contrariété supplémentaire, Patrick McNeill n'est finalement pas revenu car sa femme a eu un bonne opportunité professionelle au Canada. Son contrat a été suspendu. Wade Bergman, un des joueurs ayant fui la situation chaotique de Krefeld, est venu rejoindre dans la défense des panthères son ancien coéquipier champion NCAA 2011 Brady Lamb. Bergman dispose de plus d'un passeport allemand... parfaitement inutile puisqu'Augsbourg n'a que 5 étrangers (alors qu'il peut en aligner 9). Le club n'avait jamais connu un total aussi faible depuis la libéralisation des étrangers au début de la DEL.

 

Un an après le départ du mécène Thomas Sabo, Nuremberg est toujours vivant. Le directeur Wolfgang Gastner, qui a racheté 75% des parts du club en décembre, a même trouvé un gros sponsor, l'éditeur de logiciels NCP, pour apporter plus d'un million d'euros par an. Le nouvel entraîneur installé Frank Fischöder est l'ancien coach des juniors de Mannheim et connaît bien les jeunes Allemands : il doit participer au changement de stratégie des Ice Tigers, qui s'appuyaient autrefois sur des vétérans de NHL en fin de carrière. Fischöder vise quatre lignes qui tournent avec un fort tempo.

L'effectif est forcément moins fort. Une quinzaine de joueurs sont partis, et ceux qui sont restés ont parfois renoncé à la moitié de leur salaire. Nuremberg n'a plus de stars. Le club a mis fin avec un d'avance au contrat du décevant Will Acton. Le meilleur buteur de l'histoire de la DEL Patrick Reimer est revenu après avoir été prêté à son club formateur Kaufbeuren avant que la saison ne commence... mais il y a attrapé la Covid-19.

Nuremberg a tout de même fini par recruter à la file le n°44 et le n°45 de la draft NHL 2014 (le centre Eric Cornel et l'ailier Brett Pollock). Des étrangers de seulement 24 ans donc, parfois directement en sortie d'université comme Tyson McMellan. Un net changement de stratégie, qui n'est pas non plus total. On compte tout de même encore cinq joueurs avec un passé NHL, dont Luke Adam (qui avait refusé les baisses salariales de Düsseldorf...) et la toute dernière recrue, le défenseur international letton Arturs Kulda. L'effectif reste compétitif dans une poule sud qui s'annonce disputée.

 

Le dernier participant Schwenningen arrive en effet avec des ambitions malgré ses deux dernières places de suite. Pendant que les clubs bavarois (sauf Munich) utilisaient le chômage partiel, le club de la Forêt-Noire a repris très tôt et a participé à la Magenta Cup avec des performances remarquées.

L'effectif a été chamboulé, mais pas forcément autant que prévu. Jamie McQueen, écarté à l'automne dernier, revient dans un contexte différent pour sa seconde année de contrat puisque l'entraîneur et le manager ont changé. Seconde chance aussi pour l'arrière Dylan Yeo, dont le contrat n'a pas été résilié - faute de moyens ? - en dépit de ce qui se disait. Preuve de sa volonté de rester, il a passé tout l'été en Allemagne pour la naissance de son second enfant parce qu'il y trouve le système de santé meilleur qu'en Amérique. Il est prêt à faire oublier les trop nombreuses erreurs de l'an passé.

L'attaque espère beaucoup des jumeaux Tyson et Tylor Spink, qui tourbillonnaient pas mal en Liiga finlandaise avec leurs petits gabarits. Les supporters étaient moins convaincus à l'idée du recrutement de Darin Olver comme centre de deuxième ligne compte tenu de ses stats déclinantes, mais le nouveau manager Christoph Kreutzer voit en lui un modèle de professionnalisme.

Les travaux les plus importants de l'été ne sont pas le ravalement d'effectif. Dans la Helios Arena, construite en 2008, des places debout ont été transformées en places assises, ce qui s'adapte à l'évolution du public. Mais surtout, une réduction de taille de patinoire a été opérée aux dimensions que René Fasel souhaitait imposer pour les tournois IIHF, 26 mètres de large, y compris sur la seconde glace. Il s'agira de la seule patinoire du genre en Allemagne (jusqu'ici Nuremberg et Iserlohn avaient les plus étroites à 29 mètres) et Schwenningen y voit un avantage compétitif à domicile. L'équipe nationale d'Allemagne envisage d'y préparer les tournois internationaux.

 

 

DEL 2

Le hockey allemand est un peu maudit du point de vue du calendrier : la DEL2 avait pour sa part démarré début novembre... juste au moment où la seconde vague de Covid-19 obligeait à jouer à huis clos. La pré-saison s'était déroulée avec du public, certes limité par des règles de distanciation sociale, et les clubs avaient investi dans les protocoles d'hygiène stricts.

Si la DEL a annulé la relégation prévue en raison de la crise, l'accord sur la promotion d'un club de l'étage inférieur reste valable. Trois clubs de DEL2 sont candidats à la montée. Plus gros budget, Francfort a la pression du favori. Le manager Franz Fritzmeier a même déjà viré le nouvel entraîneur finlandais Olli Salo, et en ces temps d'économies, il a pris lui-même sa place. Kassel a mieux débuté, mais a bénéficié au début du prêt de joueurs importants de Cologne (qui cherchait tout moyen d'économiser de la masse salariale). Il faudra chercher un nouvel équilibre sans eux. Quant au troisième larron Bietigheim-Bissingen, il reste endetté et n'a donc engagé que 3 étrangers sur les 4 autorisés.

Un autre club pourrait donc priver les ambitieux de montée. En premier lieu Ravensburg, qui a fait revenir les acteurs du titre 2019. Mais dans ce cas-là, s'il n'y a pas de promu qui porterait la DEL à 15, il faudra bien qu'il y ait un relégué de DEL2 en Oberliga, car la passerelle sportive y est maintenue dans les deux sens. Or, absolument personne n'ose évoquer la descente. Ce genre de considération semble un souvenir pour Fribourg-en-Brisgau, devenu un club de haut de tableau depuis l'arrivée de l'entraîneur britannique Peter Russell. Dresde met pour l'instant ses ambitions de montée entre parenthèses pour se consolider, mais ce n'est pas pour parler de maintien. Ce club dispose de l'infrastructure adéquate pour le niveau supérieur, et Landshut l'aura à la fin des travaux de sa patinoire.

La situation pourrait être plus difficile à gérer dans des clubs qui ont changé d'entraîneur après avoir placé la barre haut par rapport à leurs moyens. Hannu Järvenpää a une grande expérience de la ligue qui l'aidera dans ses nouvelles fonctions à Bad Nauheim. Le nouveau coach suisse Michel Zeiter avait commencé tôt les premières rencontres amicales avec Heilbronn, mais en a perdu tout le bénéfice après des cas de Covid. Kaufbeuren a pris un certain risque en misant sur Rob Pallin : il a été suivi depuis Innsbruck par Tyler Spurgeon qui joue pour lui depuis quatre ans et apprécie ses entraînements rythmés, mais il est connu en Autriche pour son style offensif qui expose ses gardiens. Il n'a jamais hésité à les critiquer, et même l'idole locale déclinante Stefan Vajs n'est donc pas intouchable à ses yeux.

Contrairement à ces trois-là, Bad Tölz n'a presque rien changé, mais ne s'imagine pas retomber après une cinquième place. Ce sont les trois derniers clubs qui paraissent plus en danger par une profondeur de banc plus limitée. Weißwasser a l'équipe la plus jeune après avoir perdu quelques hommes d'expérience. Mario Richer a été le premier à faire reprendre l'entraînement à son équipe de Crimmitschau et compte la maintenir en intensité physiquement et mentalement. L'homme de "coupes" (de France avec Amiens) pourrait devenir un homme de "coups", car son équipe a vite été redoutée des grosses écuries comme pouvant battre n'importe qui. Même si les coulisses y sont devenues plus paisibles, Bayreuth reste sans doute le club aux moyens les plus limités dans cette DEL2.

 

 

Oberliga et hockey amateur

Un club pourrait-il être promu d'Oberliga à l'issue d'une saison dont on ne sait pas comment elle va se finir ? Regensburg doit porter l'étiquette de favori depuis ses performances à la fin du dernier championnat. Rosenheim n'a pas caché ses ambitions après avoir recruté l'entraîneur John Sicinski et le duo d'étrangers Gibbons/Leinweber, c'est-à-dire les trois hommes qui avaient fait monter Deggendorf en 2018. Les clubs de la poule nord, eux, parlent juste de survivre à cette saison pas comme les autres.

L'enjeu automnal était d'avoir le droit de jouer. Les autorités allemandes ont classé les trois premières divisions, Oberliga incluse, dans le sport professionnel. Une décision qu'il a fallu imposer à certaines autorités régionales, en l'occurrence au Rhénanie-Palatinat où le promu Diez-Limburg a été "dénoncé" par les clubs d'autres sports parce qu'il continuait à pratiquer son activité avec des joueurs en partie amateurs.

Ce fut aussi vrai avec l'invité néerlandais Tilburg, car les Pays-Bas ne reconnaissaient que les équipes de football comme pratiquant un sport collectif à un niveau professionnel. Les Trappers n'avaient pas le droit de jouer ou s'entraîner au pays, ils ont donc évolué à l'extérieur sur des glaces louées en Allemagne avant d'obtenir enfin la reconnaissance officielle début décembre, premier club "non-footbalistique" dans ce cas. Pour autant, Tilburg fait profil bas, toujours sans étranger et avec son attaquant majeur en moins : Mitch Bruijsten ayant refusé la coupe salariale générale, le club a négocié une rupture conventionnelle avec lui, incluant une clause de non-concurrence lui interdisant de jouer ailleurs en Oberliga.

En dessous de l'Oberliga, tout le hockey allemand se dirige vers une annulation contrainte de la saison. Les patinoires privées ne peuvent pas rester ouvertes sans recettes, et même des patinoires publiques ont fini par fermer. Certaines sont transformées comme à Regen, à Pforzheim ou à Berlin (la patinoire du FASS) en des centres de vaccination contre la Covid-19. Point commun : les clubs résidents ont appris par les journaux cette réutilisation qui compromet la reprise de leurs activités. Ceux qui risquent de connaître les plus graves difficultés financières sont toutefois les clubs propriétaires de leurs patinoires...

 

Marc Branchu

 

 

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