Suède 2019/20 : présentation

 

Alors que l'image du hockey suédois a pris un sacré coup cet été avec la grève (légitime) des hockeyeuses de la sélection nationale, son championnat masculin connaît désormais une nouvelle ère, après l'éviction du président très contesté Jörgen Lindgren. Lindgren était en poste pendant sept ans et beaucoup l'accusaient de "tuer le hockey suédois" en créant un fossé économique entre la SHL et l'Allsvenskan. Un juteux contrat TV favorisant largement les grands clubs et le durcissement des conditions de validation des promus en élite suédoise, avec notamment des exigences en terme de budget et de capacité à recevoir le public, ont été perçus comme la mise en chantier d'une ligue fermée forcée.

Une tension à son paroxysme entre la SHL / ses grands clubs et le reste du hockey suédois a finalement poussé le conseil d'administration de la ligue à évincer Lindgren en octobre 2018. Ce dernier voulait renforcer la marque SHL, au détriment du hockey suédois. Il a finalement perdu son poste à la suite de cette crise majeure. Michael Marchal, président intérimaire, lui a désormais définitivement succédé, et aura pour objectif de redorer la réputation de la SHL et d'instaurer un climat de confiance.

On sait toutefois que la formule avec une série entre les deux moins bons élèves de SHL et les deux meilleures équipes d'Allsvenskan sera la dernière puisqu'à partir de la saison 2020/2021, il y aura forcément un relégué et un promu : les deux derniers SHL batailleront pour préserver leur place tandis que le vainqueur des playoffs en Allsvenskan sera directement promu.

 

Frölunda HC : toujours plus haut

La déception en 2018, et sa rapide élimination dès les quarts de finale, a rapidement été effacée. En 2019, le Frölunda HC a mis tout le monde d'accord, s'adjugeant le titre de champion de Suède après celui, plus tôt dans l'année, de la Champions Hockey League. Troisièmes de la saison régulière, les Indians ont haussé leur niveau de jeu en playoffs, écartant Malmö, Luleå puis en finale Djurgården. Depuis son début de mandat en 2015, l'entraîneur Roger Rönnberg aura donc mené le club de Göteborg à trois titres CHL et deux titres SHL. Impressionnant ! Et dire que, selon certains spécialistes, il disposera de sa meilleure équipe pour la saison à venir... Car finalement, la structure de l'équipe sera pratiquement la même. Les seuls départs notables des défenseurs canadiens Chay Genoway et Jonathan Sigalet seront palliés par leurs compatriotes Brandon Gormley (déjà présent en tant que joker en fin de saison) et Karl Stollery. Le gardien Johan Gustafsson ne sera lui pas une grosse perte, Johan Mattsson tirant son épingle du jeu et montrant que le poste numéro 1 lui allait comme un gant.

Trois visages familiers reviennent par ailleurs à Göteborg : le défenseur Julius Bergman et les attaquants Johan Sundström et Nicklas Lasu. Sundström et Lasu, deux précieux travailleurs, étaient deux acteurs importants du titre en 2016, le premier de l'ère Rönnberg. Incontestablement, ils apporteront un leadership déjà bien enraciné dans l'équipe, grâce évidemment à Joel Lundqvist - qui disputera sa 11e saison en tant que capitaine - mais aussi Simon Hjalmarsson ou Patrik Carlsson.

L'effectif est dense et talentueux. Avec son trophée de MVP des playoffs et ses 19 points en 16 matchs, Ryan Lasch a démontré à ses détracteurs que son efficacité en saison régulière pouvait se conjuguer aux séries éliminatoires. Lasch est d'ailleurs à un cheveu d'un record : il est à deux points de devenir le joueur nord-américain le plus prolifique dans le championnat suédois. Quant à Max Friberg, il a enfin confirmé les belles promesses que l'on pouvait voir en lui. Avec toutes ces pointures, il sera intéressant de surveiller la percée de Lucas Raymond, grand espoir de 17 ans à qui les analystes attribuent l'une des trois premières places de la draft NHL en 2020. Pour autant, même s'il a un pouvoir d'attraction comparable à Rasmus Dahlin par le passé, ce jeune hockeyeur dont le papa Jean est français devra faire ses preuves comme tout le monde, prévient prudemment Rönnberg. Car pour chaque poste, la concurrence sera rude. Le luxe pour Frölunda de disposer d'un effectif riche.

 

Djurgårdens IF : les paris sont ouverts

La méthode Rönnberg fait l'unanimité à Göteborg, mais la mayonnaise prend de mieux en mieux à Stockholm grâce à Robert Ohlsson, tacticien respecté, qui sait tirer le meilleur de ses joueurs et à qui il ne manque plus que les titres. Après la demi-finale en 2018, Djurgården a atteint une marche supplémentaire en finale 2019, même si la domination de Frölunda aura été incontestable. L'équipe a à la fois gagné en maturité et négocié des paris gagnants, tout cela grâce à un groupe très homogène, tant en défense qu'en attaque. Seulement voilà, cette marge de progression est en danger car un tout autre défi attend Ohlsson : assurer le renouvellement de l'équipe. Ce sont effectivement pas moins de douze joueurs qui quittent la capitale, et non des moindres. Adam Reideborn ne gardera plus le filets du DIF, lui qui a décroché le titre de meilleur gardien un an après avoir été au centre des critiques. Parti en KHL, il aura été un pari gagnant. Son remplaçant Niklas Svedberg, qui ressort d'un exercice délicat avec Timrå, en sera-t-il un autre ?

Par ailleurs, 10 joueurs ont marqué plus de 20 points la saison dernière, dont les flèches Jakob Lilja et Emil Bemström, ce dernier devenant meilleur buteur de Suède... à sa première saison de championnat à 20 ans ! Lilja, qui a connu un sommet de carrière à 37 points à 26 ans, accompagnera d'ailleurs Bemström à Columbus pour percer en NHL. Daniel Brodin et les frères Davidsson, qui ont également largement contribué à la production offensive, ne porteront plus également le maillot du DIF. Jacob Josefsson, un autre pari gagnant revenu à Djurgården après huit ans en Amérique du Nord et plus de 300 matchs en NHL, sera de nouveau un atout majeur pour la saison à venir. En SHL, Josefsson s'est révélé capitaine exemplaire dans le vestiaire et sur la glace, le centre de 28 ans obtenant le titre de meilleur joueur du championnat. Robert Ohlsson comptera beaucoup sur son capitaine pour encadrer ce groupe renouvelé, qui comptera un autre pari, Patrik Berglund. L'ancien attaquant de Saint-Louis et de Buffalo a vu sa carrière NHL s'arrêter définitivement en décembre dernier en étant placé au ballottage. La puissance de Berglund, qui sera toutefois en manque de compétition, doit ajouter l'explosivité qui a parfois fait défaut, en particulier lors des absences de Dick Axelsson, gêné par ses genoux douloureux et dont l'avenir sportif est toujours incertain. Ce nouveau virage du DIF pourra peut-être favoriser l'éclosion d'Alexander Holtz, l'autre grand espoir suédois qui sera également éligible à la draft NHL 2020. Car si un parallèle Rönnberg / Ohlsson se forme dans le ciel suédois, il sera impossible de ne pas comparer les deux prodiges Lucas Raymond et Alexander Holtz. Mais en toile de fond, Djurgården pourra-t-il se rapprocher du sommet ?

 

Luleå HF : un bond de géant

C'est une progression spectaculaire qu'a réalisée Luleå. Après deux années de suite déjoués au stade des huitièmes de finale, les ours polaires ont retrouvé le dernier carré sous la houlette de "Bulan", Thomas Berglund. Celui-ci est particulièrement respecté dans cette cité polaire, puisqu'il y a disputé dix-sept saisons en tant que joueur. Entre 2010 et 2014, Berglund était déjà le coach, faisant du LHF un candidat pour l'or. Depuis 2017, il est revenu derrière le banc de l'équipe du Norrbotten, et parvient pour le moment à fonder un nouveau cycle qui doit mener vers le titre. La direction du club est bien consciente du travail accompli et de ce qu'il reste à accomplir, il a été prolongé jusqu'en 2022.

Avec un groupe conservé en large majorité et un recrutement modéré mais réfléchi, Berglund pourrait bien disposer d'une meilleure équipe qui pourrait viser cette fois-ci le titre. Luleå garde la même colonne vertébrale : le gardien Joel Lassinantti, les défenseurs Erik Gustafsson, Daniel Sondell et Joonas Jalvanti, les attaquants Jack Connolly, Niklas Olausson, Robin Kovács, les frères Einar et Petter Emanuelsson, ils porteront de nouveau l'équipe.

Au-delà du groupe conservé, bon nombre de jeunes talents, plus ou moins proches de l'éclosion, garnissent également l'effectif : Nils Lundkvist, Noel Gunler, Isac Brännström (arraché au HV71) et surtout Filip Hållander. Ce dernier a été repêché en 2018 par Pittsburgh, Timrå avait obtenu la chance de l'obtenir en prêt la saison dernière mais cette fois-ci, c'est Luleå qui a obtenu cette chance en l'attirant dans le nord. Hållander sera très utile à l'offensive comme en défense. Le centre, point noir par le passé, a été étoffé, surtout depuis l'arrivée du champion du monde finlandais Arttu Ilomäki. Le Luleå HF sera un adversaire particulièrement redoutable, à condition de hausser le niveau de jeu en attaque aux bons moments, ce qui avait fait défaut en particulier lors des derniers playoffs.

 

Färjestads BK : poursuivre la magie

Pendant quatre ans, Färjestad n'a pas atteint le dernier carré du championnat, jusqu'au boom de la saison dernière. Les joueurs de Karlstad ont maîtrisé à merveille le jeu particulièrement léché inculqué par Johan Pennerborn. Le FBK a terminé premier de la saison régulière, dix ans pile après la dernière victoire au tableau, mais cette fois-ci sans le titre de champion à la clef. Les playoffs se sont avérés particulièrement usants avec deux séries marathons, contre HV71 et Djurgården, ce dernier obtenant finalement le ticket pour la finale. Cette finale, Färjestad tentera d'y accéder cette fois-ci, le FBK en a, en tout cas, les épaules.

Markus Svensson, qui a autrefois brillé avec Skellefteå, est un gage de sécurité, même si le poids des âges commencera peut-être à se faire sentir. La difficulté qu'a connu Färjestad ces derniers mois, c'est d'avoir perdu son meilleur défenseur, Jesse Virtanen, qui a mené les compteurs de l'équipe avec 41 points, et son meilleur attaquant, Joakim Nygård, parti tenter sa chance à Edmonton. D'autres rouages essentiels, comme Mikael Wikstrand ou Oskar Steen, seront également à remplacer, rendant la transition particulièrement délicate.

Mais une intersaison active a permis de reconstituer une équipe très compétitive. Le Tchèque Vojtech Mozík et l'Américain Jonathon Blum, tous deux en provenance de KHL, tenteront de faire oublier Virtanen par leurs qualités de relance et technique, ainsi que leur prédisposition au jeu en supériorité numérique. Si Victor Ejdsell, qui n'a pas pu percer en Amérique du Nord, peut redevenir un attaquant majeur du championnat à 24 ans, les yeux seront braqués sur Ville Leskinen, probablement la meilleure recrue du club. Leskinen est tout simplement le meilleur buteur et le meilleur marqueur du dernier exercice de Liiga. Il est en plus intéressant de voir que, aux côtés des expérimentés Per Åslund ou Johan Ryno, certains ont encore une marge de progression, comme Michael Lindqvist ou Jesper Olofsson. Une puissance offensive ronronne dans le moteur, potentiellement peut-être la meilleure du championnat, en espérant que la défensive puisse demeurer de bonne facture.

 

HV71 : le manège à sensations

La saison 2018-2019 aura été un grand huit aux vrilles et loopings spectaculaires. Le club Jönköping avait très mal démarré l'exercice, l'entraîneur Johan Lindbom en faisant les frais durant l'automne, avant de connaître une fin de saison excitante, poussant Färjestad jusqu'à la dernière manche décisive en quart de finale. Cette révolte ambiante est notamment venue de Jonas Gunnarsson, gardien de 27 ans qui a une nouvelle fois montré qu'il était l'un des tous meilleurs de la ligue. S'il était entendu que son poste de titulaire ne serait pas remis en cause, le HV71 a dû en revanche lui trouver une autre doublure en urgence. Le jeune portier Adam Åhman, qui avait dominé les statistiques en Allsvenskan, devra en effet observer un repos de six mois en raison de douleurs à la hanche. Si Hugo Alnefelt, le remplaçant désigné, est lui aussi prometteur, Gunnarsson devra assumer un surplus de pression.

Le dernier rempart disposera néanmoins d'une forteresse solide. Nils Andersson ne sera pas le seul pilier d'une brigade qui enregistre les arrivées d'Eric Martinsson, Emil Johansson et Johannes Kinnvall, qui ajouteront de vraies compétences de jeu, pour le jeu en zone mais aussi en soutien offensif. Le rendement offensif devra d'ailleurs colmater les départs de Mattias Tedenby et Markus Ljungh, deux des meilleurs marqueurs de l'équipe qui ont totalisé 72 points à eux deux. Deux joueurs peuvent néanmoins tirer leur épingle du jeu : David Gustafsson, un centre de 19 ans qui a excellé en playoffs, et Filip Sandberg, monstrueux lors du titre en 2017 mais qui a connu une courte saison 2018-2019. Tous deux peuvent prendre une place importante dans le rendement de l'équipe qui accueille Christian Sandberg, le grand frère de Filip qui, à 31 ans, a décidé de quitter son club de toujours, AIK. Sa polyvalence sera bienvenue. Si l'on rajoute Axel Holmström, Linus Fröberg et Emil Johansson au fort pouvoir attractif, le HV71 a réalisé un recrutement réfléchi et très intéressant. Autour d'un nouveau capitaine, le charismatique et décisif Simon Önerud, la formation de Jönköping réunit une troupe qui pourrait lui éviter un chemin tortueux, et lui permettre de viser les sommets.

 

Skellefteå AIK : la fibre nostalgique

L'élimination en quart de finale 2017 était peut-être un avertissement. Finaliste en 2018, Skellefteå a une nouvelle fois trébuché en début de playoffs. Le fait de se tourner systématiquement vers des joueurs à la carrière descendante a rapidement atteint ses limites. Il n'est donc pas surprenant de voir résilié le contrat de Fredrik Lindgren, défenseur historique qui a porté le maillot du SAIK dès 1999, à une époque où le club logeait encore en Allsvenskan, le deuxième échelon suédois. Pour Bud Holloway, le cas est particulier car le SAIK souhaitait le garder mais son renouvellement de bail était impossible car il devait rester hors des frontières suédoises pendant six mois pour des raisons fiscales. Une page se tourne ? Presque, Niclas Burström et Arvid Lundberg, qui ne sont eux pas au crépuscule de leur carrière, reviennent après avoir quitté le navire de Växjö qui a sombré. Avec Petter Granberg et Jonathan Pudas, Skellefteå disposera d'une défensive sûre qui est tout de même parvenue à se renouveler. Et elle va continuer après avoir mis la main sur un jeune défenseur extrêmement talentueux, Philip Broberg, huitième choix de la draft NHL 2018 et cédé par Edmonton.

En plus d'un bloc solide en défense, Skellefteå semble disposer d'une palette plus diversifiée en offensive. Joakim Lindström et Oscar Möller sont toujours des marqueurs redoutables, et on peut supposer que Tuomas Kiiskinen, qui a également quitté Växjö, pourra redevenir un attaquant d'élite dans le Västerbotten. L'offensive a également gagné en mobilité avec Rickard Hugg, et en impact physique avec Tom Pyatt (près de 500 matchs NHL) et Jacob Olofsson. En revanche, une question se pose véritablement devant les filets. Une opération éloignera le gardien lituanien Mantas Armalis pendant plusieurs mois, lui qui a connu une bonne saison 2018-2019. Gustaf Lindvall et Oskar Östlund se chargeront de l'intérim, avec l'idée de mettre la main sur le costume de numéro 1. Cette concurrence au plus fort rendrait forcément service à Skellefteå, désireux de revivre son âge d'or.

 

Växjö Lakers : la remise en question

Après une victoire écrasante en championnat en 2018, Växjö a constitué la plus grande déconvenue de la saison 2018-2019. Les Lakers ont dû batailler jusqu'au bout pour obtenir leur ticket pour les playoffs, devant passer par le stade de play-in. Et ensuite, Växjö n'a eu guère son mot à dire en quart contre Luleå. Certes, le départ de la pépite Elias Pettersson a eu une incidence, mais l'effectif sur le papier pouvait présager d'une meilleure performance. L'entraîneur Sam Hallam, encensé il n'y a pas si longtemps et qui demeure derrière le banc pour une huitième saison, a connu son échec le plus lourd. La conséquence de cet échec, c'est un renouvellement très important de l'équipe : 12 départs (dont les fidèles Kiiskinen, Reddox, Fröberg) pour 11 arrivées. Ce qui explique que Hallam n'hésite pas à parler d'une nouvelle ère en interview.

Le Canadien Brendan Shinnimin fait l'unanimité, c'est un centre n°1 et le fait qu'il prolonge l'aventure dans le Småland est une excellente nouvelle pour les Lakers. Marcus Davidsson (un joueur spectaculaire qui a décidé de quitter Djurgården pour Växjö), Jakob Forsbacka Karlsson (qui a passé six saisons aux États-Unis mais a été mis sur la touche par les Bruins), Emil Pettersson (le grand frère d'Elias qui revient à la maison), Richard Gynge (lui aussi un visage familier et bien décidé à relancer sa carrière) seront des atouts offensifs non négligeables. Le centre très défensif Erik Josefsson, promu capitaine, n'aura aucun mal à montrer l'exemple.

En revanche, la perte du défenseur offensif Joel Persson semble difficilement remplaçable, et le jeu en supériorité numérique risque d'en pâtir, alors que Växjö possède de bons défenseurs défensifs comme Oliver Bohm, Peter Andersson, Tim Erixon ou Daniel Rahimi. Devant un Viktor Fasth qui a connu une dernière saison plus difficile, la défense semble donc solide même si sa contribution offensive paraît plus limitée. Sam Hallam est à un tournant et la suite de son mandat dépendra forcément des performances de son équipe, la direction et les fans étant devenus au fil des succès particulièrement exigeants.

 

Malmö IF : pas de stars mais de l'homogénéité

Les fans des Redhawks ont connu deux années enthousiasmantes avec deux participations consécutives en demi-finale en 2017 et 2018. Néanmoins, on savait l'exercice 2018-2019 périlleux, la faute à un budget serré. Malmö n'a finalement pas pu faire grand chose en quart de finale face au futur champion Frölunda. Cela aura eu au moins le mérite de consolider une ossature qui a accouché de quatre lignes homogènes. Une bonne chose car on ne compte pas vraiment de stars. L'effectif est dense et la complémentarité sera le maître mot. C'est probablement ce qui explique l'important contingent danois puisqu'ils seront six pour la saison à venir, dont l'expérimenté Jesper Jensen qui pourrait encadrer au centre le maestro Frederik Storm, même si au poste de centre l'Autrichien Konstantin Komarek ressort d'une saison absolument remarquable (39 points en 49 matchs).

Un buteur pur, c'est par contre ce qui a fait défaut la saison dernière. Un autre Danois, Nicolai Mayer, meilleur buteur mais aussi meilleur marqueur d'Allsvenskan, tentera de se distinguer. L'idéal, dans ce rôle de sniper, serait d'y voir Emil Molin, un joueur au fort potentiel offensif. Il y a un an, Molin avait posé ses valises en Scanie après une fantastique saison de 51 points en Allsvenskan, mais l'exercice 2018-2019 a tourné court, 10 matchs au total, en raison d'une grave blessure au genou. Les attentes sont importantes autour de cet attaquant de 26 ans... qui s'est blessé à la main cet été, une blessure ne nécessitant pas, heureusement, de chirurgie. Si les Redhawks sont épargnés par les blessures, si Oscar Alsenfelt assume de nouveau le costume de n°1 devant la cage, si la défense tient le choc autour du vétéran et ex-rouennais Jens Olsson, Malmö pourra siéger aux quarts de finale. Mais les Redhawks sont-ils capables de mieux ? La direction du club a en tout cas gardé toute sa confiance en Peter Andersson, coach qui officiera une quatrième année de rang à la barre du MIF.

 

Brynäs IF : nouvelle reconstruction

Une finale (inespérée) en 2017, un quart de finale en 2018, une absence en playoffs en 2019 (pour un goal-average défavorable), Brynäs a clairement perdu du terrain. À Gävle, on claironnait à la rentrée 2018 qu'un nouveau cycle était en marche, sous la houlette de Tommy Sjödin. Mais si Sjödin avait conservé une grande popularité dans les travées de la Gavlerinken Arena en tant que joueur, il a perdu de son aura en tant qu'entraîneur puisqu'il n'est resté en poste que deux mois. C'est l'assistant Magnus Sundquist, novice alors en SHL malgré ses 53 ans, qui a repris les rênes et aura à charge de poursuivre un nouveau projet.

La priorité sera de récréer une dynamique. Avec seulement 116 buts marqués, Brynäs a affiché la saison dernière l'une des productions les moins efficaces de son histoire. Et ce sera sans Jesper Boqvist, parti définitivement au New Jersey. Avec 35 points, l'ailier de 20 ans était l'attaquant le plus prolifique mais son départ était prévisible. Celui de Victor Söderström l'était beaucoup moins. Rarement Brynäs aura sorti un défenseur aussi prometteur, réalisant à 18 ans une saison plus qu'honorable. Déjà mis sous contrat par Arizona, ce choix de premier tour à la draft NHL 2019 semble déjà parti pour batailler en Amérique du Nord. Le club de Gävle a perdu ses pépites, mais il a pu ramener à la maison des attaquants fiables qui mèneront l'offensive : Greg Scott, Anton Rödin, Linus Ölund et Adam Brodecki. De quoi étoffer les lignes en soutien aux Nicklas Danielsson et Tomi Sallinen. Jonathan Sigalet est un défenseur habile et inspiré en offensive mais il sera bien difficile de faire oublier l'arrière ultra-offensif Ryan Gunderson. Devant le but, Joacim Eriksson reste un titulaire expérimenté mais il sera mis en concurrence avec un revenant, le jeune Samuel Ersson qui a poursuivi son développement avec brio à Västerås. Une bonne chose pour Brynäs qui va devoir se retrousser les manches pour retrouver des ambitions.

 

Rögle BK : l'ambition des jumeaux

Club historiquement à la marge des places fortes du pays, Rögle s'est taillé de plus hautes aspirations avec les jumeaux Abbott à la barre. Cam le coach et Chris le manager, qui ont fait les beaux jours de Luleå en tant que joueurs, confectionnent un projet ambitieux : fini de jouer le maintien ! Le premier fruit de ce travail est arrivé au printemps dernier lorsque le club d'Ängelholm a retrouvé les playoffs de l'élite suédoise pour la première fois... depuis 25 ans ! Le plus dur reste néanmoins à venir : confirmer cette ascension et passer cette fois-ci l'obstacle des huitièmes.

L'audace qui caractérise les jumeaux Abbott les a poussé à recruter ni plus ni moins que le meilleur gardien évoluant en Tchéquie : Roman Will. Will est un pari intéressant mais ce gardien de 27 ans évoluera pour la première fois en Suède au sein d'une équipe assez loin du top niveau. S'il apprivoise la pression, Rögle a ses chances de passer encore un cap. Surtout que le RBK a conservé certains cadors de l'année dernière dont Ted Brithén, Daniel Zaar ou Craig Schira. Restent également en Scanie le défenseur Kodie Curran et l'attaquant Leon Bristedt, deux véritables révélations.

Jeune attaquant allemand de 19 ans prêté par Saint-Louis, Dominik Bokk, est également un joli coup réussi par les frères Abbott. Même s'il devra se plier au jeu du sacrifice, Bokk devrait sans surprise mener l'offensive, qu'a également rejoint Dennis Everberg, champion du monde avec la Suède en 2018 et capable de devenir l'un des tout meilleurs joueurs du championnat. Un statut que pourrait partager Mattias Sjögren, joueur complet par excellence mais qui a enchaîné les pépins physiques ces dernières années. Les attentes seront plus élevées et vont générer plus de pression. Mais avec une base solide et un recrutement bien mené, Rögle a en tout cas les cartes en main pour viser les quarts, et poursuivre son ascension.

 

Linköpings HC : la prudence désormais de mise

Il arrive que tout déraille du jour au lendemain. C'est exactement ce qu'il s'est passé à Linköping, leader fin octobre 2018 avant de s'effondrer par la suite. Après six ans de suite en playoffs, les Lions ont finalement loupé les séries, un triste évènement dans le comté d'Östergötland. D'ailleurs, le coach Tommy Jonsson a été viré au lendemain de cette saison éphémère. C'est Bert Robertsson, un des architectes de l'âge d'or de Skellefteå, qui lui succède et qui devra poser les premières briques d'une nouvelle construction durable. Avec une nouvelle physionomie de jeu qu'il faudra appréhender. Linköping a d'ailleurs subi trois de revers de rang en préparation, avant de se reprendre contre le HV71.

Cela dit, Robertsson pourra déjà s'appuyer sur des fondations solides. Le staff est parvenu à prolonger "Monstret", le monstrueux gardien Jonas Gustavsson, toujours fiable à 34 ans. La tenue de la défensive dépendra beaucoup de l'état de santé de Mattias Bäckman, le pilier du secteur dérangé ces dernières années par les ennuis de santé. Sa présence sera déterminante, même s'il disposera de lieutenants sûrs comme Eddie Larsson, l'expérimenté norvégien Jonas Holøs, et deux rouages intéressants subtilisés au relégué Timrå, Henrik Törnqvist et Hampus Larsson, qui seront très utiles sur les unités spéciales.

Autre transfuge de Timrå, Henrik Törnqvist est un jeune attaquant bien connu des Lions, qui le retrouvent à un stade du développement plus avancé. Il pourrait bien jouer les premiers rôles en offensive aux côtés de Broc Little, Andrew Gordon et Nick Sörensen (tous trois victimes de pépins physiques la saison dernière) ainsi que Jaakko Rissanen et Patrik "Peppe" Lundh qui ajouteront du peps. Même sans Johan Harju, courtisé mais finalement envolé vers la Tchéquie, Linköping affiche une équipe déjà bien avancée pour un stade de reconstruction. Mais, après la saison 2018-2019 plongeante, la prudence sera de mise.

 

Örebro HK : périlleux renouvellement

Après deux ans sans playoffs, Örebro a retrouvé les séries, sans pour autant écarter Växjö. Il est vrai que l'ÖHK n'avait pas à disposition sa star, son atout offensif numéro 1, Aaron Palushaj. L'Amércain, qui comptait près d'un point par match, s'était fracturé la cheville en début d'année, un manque qui aura été fortement préjudiciable à l'équipe. Ajoutez à cela une défense permissive et deux gardiens, Stefan Stéen et Eero Kilpeläinen, qui n'ont pu sauver les meubles, la saison s'est rapidement terminée. Un troisième gardien, Jhonas Enroth, un habitué de l'équipe nationale et arrivé en tant que joker, n'a pu rectifier la trajectoire de l'équipe. Örebro a réalisé sa meilleure saison au cours des trois dernières années mais les fondations composées, qui auraient pu servir de base pour la saison à venir, se sont fissurées.

Jhonas Enroth, Rodrigo Abols, Aaron Palushaj et Nick Ebert ont été autant de référents sur la glace à leurs postes respectifs, mais il va falloir désormais faire sans eux. Kerby Rychel, un ailier puissant et productif en AHL, faisait partie de cette transition, un accord avait même été trouvé... avant que Rychel ne fasse volte-face pour finalement s'engager en KHL avant le début de la saison. Un coup du sort pour Örebro qui avait finalisé son recrutement. Comme nouveaux éléments, retenons Sakari Salminen, Ludvig Rensfeldt, Ryan Stoa et Mathias Bromé. Ce dernier était clairement l'un des joueurs les plus courtisés durant l'intersaison, un joueur potentiellement capable de marquer au moins 40 points. Dominik Furch, gardien tchèque expérimenté qui a commencé par de très bonnes performances en amical, peut devenir un gage de sécurité qui pourrait alors servir une brigade défensive plutôt jeune. Ce climat de confiance, le trio d'entraîneurs Niklas Eriksson, Jörgen Jönsson et Christer Olsson tenteront de le transmettre à leur équipe pour négocier ce renouvellement, et batailler une fois de plus en playoffs.

 

Leksands IF : pérenniser la place parmi les grands

Après deux années en Allsvenskan, le Leksands IF est de retour en élite suédoise. Mais durant la saison 2018-2019, peu de fans du LIF y croyaient alors que leur club favori connaissait des bas. Les Dalécarliens ont finalement réalisé l'incroyable performance d'évincer la meilleure équipe de la saison régulière (AIK) avant de reléguer le pensionnaire de la SHL (Mora). Si cette promotion peut surprendre, l'organisation souhaite tout de même conserver une vision à long terme et pérenniser la place en élite. C'est Roger Melin, coach très expérimenté passé par plusieurs grandes équipes de SHL, qui devra mener ce club-culte à ses objectifs.

Le manager Thomas Johansson souhaitait surtout pouvoir compter sur un bon gardien et constituer une défense qui tient la route pour le retour en élite. C'est a priori chose faite. Axel Brage a connu de bonnes saisons en Allsvenskan devant les filets mais il est finalement peu expérimenté en SHL. Roger Melin pourrait lui préférer le Finlandais Janne Juvonen, plus jeune et rompu au niveau de la Liiga. Johan Fransson, Patrik Zackrisson, Jonas Ahnelöv et Marek Hrivík joueront le rôle d'encadrant et pourront guider les moins expérimentés pour qu'ils puissent franchir le palier. Ce sera peut-être le cas d'Oskar Lang, un centre de seulement 22 ans qui pourrait prendre une place très importante. Déception néanmoins, le défenseur Mattias Karlsson, qui devait faire partie de ces leaders, a dû être opéré à l'épaule et devra observer un repos jusqu'à la fin de l'année. Le genre d'infortune dont aurait pu se passer un promu...

 

IK Oskarshamn : immense défi pour le petit poucet

Sacrée performance d'Oskarshamn, qui a atteint l'élite suédoise pour la première fois depuis la création du club en 1970. La promotion surprise de ce petit club de l'est de la Suède est d'ailleurs un joli pied de nez aux ambitions d'une ligue basée uniquement sur des critères économiques (mais c'était avant). D'ailleurs, l'IK Oskarshamn est le premier club à bénéficier de l'allègement des conditions de validation en élite. Le défi n'en demeure pas moins immense pour toute l'organisation, notamment pour le jeune directeur sportif (34 ans) Daniel Stodt, nommé à ce poste en mars dernier avant même la sensationnelle promotion. Ses compétences en Football Manager, un jeu vidéo de gestion d'équipe de foot qui est une grande passion, seront bienvenues ! Un seul mot d'ordre pour gérer la téléportation vers cette nouvelle dimension : la survie !

Pour accomplir cette mission maintien, ce sont plus d'une quinzaine de joueurs qui ont été recrutés. Le recrutement s'est d'ailleurs poursuivi jusqu'en septembre puisque le défenseur Johan Alm, les attaquants Nichlas Hardt (international danois), Rok Ticar (international slovène) et Johannes Salmonsson ont été recrutés en l'espace d'une semaine. Salmonsson établit d'ailleurs un record en devenant le premier joueur de l'histoire de l'élite suédoise à représenter sept clubs différents. En tout cas, ces quatre recrues tardives sont de bonnes trouvailles dont va disposer le coach Håkan Åhlun, car sans eux, la mission maintien aurait été beaucoup plus compliquée. Tex Williamsson devra montrer qu'il est un gardien régulier, il sera secondé par Fredrik Pettersson Wentzel dont l'expérience sera précieuse. Les défenseurs Simon Després et Jake Newton, qui ont le niveau SHL, alimenteront également ce capital expérience, si précieux quand il faut s'attaquer à des défis vertigineux tel que celui-là.

 

Nicolas Jacquet

 

Les pronostics des experts sur la SHL

Tomas Hedlund (Hockeybladet) : 1 Luleå, 2 Frölunda, 3 Brynäs, 4 HV71, 5 Färjestad, 6 Malmö, 7 Djurgården, 8 Skellefteå, 9 Växjö, 10 Rögle, 11 Linköping, 12 Leksand, 13 Örebro, 14 Oskarshamn.

Mattias Persson (hockeynews) : 1 Färjestad, 2 Frölunda, 3 Luleå (champion en play-offs), 4 Djurgården, 5 Växjö, 6 Brynäs, 7 Rögle, 8 Malmö, 9 HV71, 10 Skellefteå, 11 Linköping, 12 Leksand, 13 Örebro, 14 Oskarshamn.

Andrée Brendheden (shlbloggen) : 1 Frölunda, 2 Djurgården, 3 Luleå, 4 Färjestad, 5 HV71, 6 Växjö, 7 Rögle, 8 Brynäs, 9 Skellefteå, 10 Leksand, 11 Malmö, 12 Örebro, 13 Linköping, 14 Oskarshamn.

Les pronostics des experts sur l'Allsvenskan

Tomas Hedlund (Hockeybladet) : 1 Björklöven, 2 Västerås, 3 Modo, 4 Timrå, 5 AIK, 6 Tingsryd, 7 Södertälje, 8 Mora, 9 BIK Karlskoga, 10 Karlskrona, 11 Västervik, 12 Almtuna, 13 Kristianstad, 14 Vita Hästen.

Mattias Persson (hockeynews) : 1 Modo, 2 Timrå, 3 Västerås, 4 Björklöven, 5 Södertälje, 6 BIK Karlskoga, 7 AIK, 8 Mora, 9 Karlskrona, 10 Västervik, 11 Vita Hästen, 12 Almtuna, 13 Tingsryd, 14 Kristianstad.

Johan Svensson (Kvällposten) : 1 Modo, 2 Timrå, 3 Västerås, 4 Björklöven, 5 BIK Karlskoga, 6 Mora, 7 Södertälje, 8 AIK, 9 Vita Hästen, 10 Västervik, 11 Karlskrona, 12 Kristianstad, 13 Almtuna, 14 Tingsryd.

 

 

La dernière saison suédoise 2018/19