Bilan de la saison NHL 2017/18

 

La page de la saison NHL 2017/18

Après deux trophées du Président, Washington a finalement remporté la coupe Stanley l'année où on les attendait le moins. Alexander Ovechkin et sa bande ont su exorciser leurs vieux démons en éliminant Pittsburgh au deuxième tour, en gagnant un match sept à Tampa Bay, et en renversant globalement des séries bien mal engagées. Au vu d'une saison régulière sans relief, c'est peu dire que la victoire des Capitals laisse les analystes dans le brouillard...

Pire, le finaliste, Las Vegas, était encore moins attendu. La franchise d'expansion figurait entre la 25e et la 31e place dans les pronostics d'avant-saison, et son succès embarrasse tous les médias. Certes, l'histoire est belle, mais elle rend surtout caduque toutes les analyses. Les journalistes n'ont rien vu venir et se trouvent un peu gênés aux entournures...

Il est temps désormais de procéder au traditionnel bilan : 31 équipes, certaines au succès inespéré, d'autres aux échecs cuisants.

 

Washington Capitals (1er)

La rédemption, la consécration au moment où le monde l'attendait le moins. Washington a remporté la coupe Stanley. Alex Ovechkin a enfin soulevé le précieux trophée avant de festoyer comme un damné, lavant des années d'affront pour le bonheur de tous les amateurs de joie de vivre. Pourquoi maintenant ? Comment ? C'est le grand mystère de la saison.

Double détenteur du trophée du Président, grand favori historique à la coupe, voici deux saisons que Washington butait sur le futur champion Pittsburgh en demi-finales de conférence. Perdre contre le futur vainqueur, c'est rageant, mais que peut-on y faire ? La plus grande manœuvre réalisée par Washington cette saison a certainement été d'avancer masqué. Sans grands changements à l'intersaison, si ce n'est quelques trous laissés en défense, les Caps ont certes quasi tout le temps mené la danse dans la division Métropolitaine mais il fallait remercier pour cela un PDO très favorable de 101,6, le 4e de la ligue, masquant la 24e possession et le 26e taux de buts anticipés... Washington affichait donc durant la saison régulière des indicateurs de jeu côtoyant ceux des Islanders, de Vancouver ou Arizona... Pas franchement de quoi faire peur et nous étions nombreux à prévoir un nouvel échec tôt en séries, une fois la réussite envolée.

C'est la raison pour laquelle les modèles statistiques n'ont pas venu venir les Caps. Ils se basent sur les données de la saison régulière, de loin les plus prédictives historiquement. Jamais une équipe n'avait autant changé de visage entre les deux phases de la saison. Mais quand on y pense, ce n'est pas New Jersey ou Colorado qui a causé la surprise (sans vouloir offenser), c'est un ex-grand favori qui a retrouvé ses moyens à temps.

Quel fut donc le miracle de Washington ? Il faut regarder derrière pour cela. Conscients du gruyère qui tenait lieu de défense durant la saison régulière, les Caps se sont attachés à recruter des défenseurs capables de garder la rondelle à la date limite des échanges. Prenant leur chance avec les deux Tchèques Jakub Jerabek et Michal Kempny, c'est ce dernier qui trouva sa niche au sein du top-4 à la bleue aux côtés de John Carlson, derrière le solide duo Orlov-Niskanen. Une addition par soustraction car le principal bénéfice de l'arrivée de Kempny était de repousser Brooks Orpik loin dans l'alignement, un bien fou pour l'équipe. Avec Orpik sur la glace, la possession de Washington baissait cette saison de 5% et les buts anticipés de 8%... Un gouffre sans fond. Résultat, les buts anticipés accordés par Washington en séries les auraient placés au 2e rang de la ligue en saison régulière, un bond positif impressionnant.

Le reste est de la poésie. Ovechkin a enfilé 49 buts et s'est montré décisif en série. Mais rien de nouveau pour celui qui tournait déjà à un point par match au printemps depuis le début de sa carrière (et dépassait déjà Crosby lors de leurs affrontements directs), mais la victoire fait ressortir les bons côtés de l'histoire. Braden Holtby a dominé son sujet. Rien de nouveau pour celui qui détient le meilleur pourcentage d'arrêts en playoffs parmi les gardiens actifs. Pensez-y, en carrière, Holtby a arrêté 92,9% des palets en 82 matchs de séries. Une saison complète à un rythme digne d'un trophée Vezina. Mais, là aussi, la victoire fait enfin rejaillir le bon côté des choses. Evgeny Kuznetsov a mis 32 points en 24 matchs de séries, Nicklas Bäckström 23 en 20, lui qui tourne aussi à un point par match en playoffs depuis le début de sa carrière. Lars Eller réalisa des séries d'une maîtrise rare. Enfin non, il a toujours fait cela, mais la victoire... Bref, vous aurez compris.

La victoire de Washington c'est la défaite des mauvaises langues. Celles qui critiquaient Ovechkin et sa capacité à mener son équipe à la coupe. Celles affirmant qu'une équipe habituée à perdre ne peut se mettre à gagner. Celles ne voyant en Washington qu'une bande d'individualités... Les Caps ont également gagné avec 3 centres européens, et seulement 4 Nord-Américains au sein des 10 joueurs les plus utilisés (Carlson, Niskanen, Oshie, Wilson). C'est aussi la revanche du coach Barry Trotz, habitué à dominer en saison régulière mais à faire chou blanc en séries. Il a cette fois construit une équipe moins en contrôle du palet mais plus dynamique lorsqu'elle l'avait dans ses palettes. L'histoire lui a donné raison. Washington champion, c'est le sacre de l'imprévu et c'est tant mieux.

 

Vegas Golden Knights (2e)

Vegas, Vegas, Vegas. L'histoire de cette saison. L'histoire d'un scénario presque parfait. L'histoire d'étoiles parfaitement alignées, presque trop. Trop d'ailleurs, au point de dérailler au pire moment. Tout a été dit ou presque sur cette saison historique et nous ne pensons pas forcément qu'il faille revenir point par point sur le parcours des Golden Knights mais plutôt s'en servir comme une réflexion sur la NHL.

Peut-on être champion sans faire exprès ? Vegas semble l'avoir démontré cette saison. Même s'ils n'ont pas soulevé la coupe, les Knights ont personnifié une ligue où la réussite a un impact majeur. Vegas a incarné le fait que dans un monde très homogène, un petit coup de pouce du destin peut mener loin. Que devaient être les Knights cette saison ? Dans les termes même de leur Directeur Général George McPhee, une équipe assurant un minimum de spectacle pour bâtir un marché mais surtout une franchise d'expansion en construction pour le long terme comme l'a montré son repêchage d'expansion. Celui-ci s'est concentré sur l'acquisition de choix de draft en échange de ne PAS choisir certains bons joueurs et sur l'obtention de vétérans pouvant être ré-échangés dans la foulée, toujours pour accumuler espoirs et choix de draft. Les David Perron, James Neal, Marc-André Fleury devaient être les exceptions et leaders du groupe, des choix évidents qui devaient apporter un minimum de crédibilité aux Knights.

C'est là qu'intervient le premier élément du destin. Rien, mais rien au monde n'obligeait Florida à offrir Jonathan Marchessault et Reilly Smith contre un simple choix de 4e ronde... Marchessault enfila 27 buts avec Vegas cette saison... Il en avait mis 30 avec Florida l'an passé... Rien n'obligeait Boston à laisser Colin Miller libre au repêchage, un joueur connu pour son potentiel encore non exploré. Tout comme Nate Schmidt à Washington, même si les Caps refusèrent surtout de payer pour le rendre intouchable. Schmidt devait être le joueur le plus utilisé cette saison par Vegas. Enfin, rien n'obligeait non plus Anaheim à laisser libre Shea Theodore, désormais le futur leader de la défense dans le désert. McPhee a surtout profité des erreurs des autres DG plus qu'il n'a fait de trouvailles lui-même. Aucun mal à cela, dans le sport il faut un gagnant et un perdant, même en coulisses, mais cela indique surtout les priorités bizarres de certains dirigeants dans la ligue.

McPhee eut finalement bien du mal à se départir des vétérans repêchés qu'il pensait monnayer par la suite. Methot, Emelin partirent pour de modestes choix mais Jason Garrison, Luca Sbisa ou Deryk Engelland passèrent la saison à Vegas, même si ce dernier, aux liens étroits avec la communauté, devait surtout servir d'ambassadeur. Et quand McPhee a dû passer à l'action, il a offert un trésor à Détroit pour un choix de 1er tour, un de 2e et un de 3e pour Tomas Tatar à la date limite des échanges. Tatar qui finalement regarda les playoffs de la passerelle... Un trésor qui devait servir à construire l'équipe à long terme et qui sert déjà à faire des folies. On passera sur l'affaire Vadim Shipachyov. Trois matchs en NHL et Vegas déclara qu'il n'avait pas ce qu'il fallait pour jouer dans la ligue. Pourquoi l'avoir signé au prix fort dans ce cas après des mois de scouting ? Voilà pour la réflexion sur la direction managériale de l'équipe.

L'élément suivant du succès des Knights est relatif au contexte de la division Pacifique, un concours de médiocrité cette saison. Arizona et Vancouver étaient hors compétition. Edmonton s'est enfargé dans ses erreurs. Calgary n'a pu lutter avec un PDO de 98,7. Anaheim a joué avec un effectif décimé par les blessures. Los Angeles a survécu grâce à Jonathan Quick et seul San José a un peu surnagé malgré des gardiens en grande difficulté. Dans ce contexte, terminer premier de la division ne demandait pas un grand effort. Non pas que Vegas a été mauvais, loin de là. Mais le 12e taux de possession de la ligue et le 16e pour les buts anticipés, le 11e powerplay et la 10e infériorité ne constituent pas vraiment un CV impressionnant. Un PDO positif de 100,6 a boosté ces performances et celui-ci aurait été bien supérieur sans l'intérim horrible de 16 matchs de Maxime Lagacé dans les cages...

À son crédit, le coach Gerard Gallant avait bâti un système prompt à surprendre ses concurrents de la Pacifique. Défense resserrée (9e pour les buts anticipés concédés) et projection rapide en attaque, le jeu des Knights a pris de vitesse toute la division, et ce jusqu'en finale de conférence où, pour la première fois de la saison, Vegas tomba sur un adversaire supérieur dans le jeu. Se rendre sans contestation jusqu'au dernier carré avec une équipe objectivement à peine supérieure à la moyenne dit tout de l'adversité rencontrée par les Knights. Ils en ont profité et c'est tout à leur honneur, mais imaginez cette équipe dans une autre division... Les dominations vont et viennent en NHL, et gagner c'est aussi tomber sur les bons adversaires au bon moment.

Le dernier élément du succès de Vegas vient de la réussite individuelle des joueurs. Oui, Florida a offert sur un plateau les deux tiers du premier trio des Knights, trio qui s'est montré dominant sur la glace. Mais le troisième larron, William Karlsson, au potentiel incertain à Columbus, a vu son étoile briller dans le ciel toute la saison. Son pourcentage d'efficacité de 23,4% était tout simplement aussi imprévisible qu'anormal, se plaçant dans le top-10 de la décennie. Rappelons que les tous meilleurs snipers de la ligue tournent en carrière à 14-15% de réussite et que la moyenne de la ligue est autour de 8%, ce qui était le cas de Karlsson avant. Ses 43 buts sont le reflet de cette chance d'une vie. À 15%, il aurait enfilé 27 buts plutôt que 43. C'est certainement là, autour de 25, qu'il faut s'attendre à le voir ces prochaines années et Vegas devra trouver les buts manquants ailleurs. Enfin, si Karlsson a mis si longtemps à resigner, c'est que Vegas avait bien du mal à estimer le potentiel réel du joueur, démêlant le vrai des faux semblants. Il a finalement signé 1 an pour 5,25 millions, coupant la poire en deux : un contrat "pour voir" s'il peut faire aussi bien.

Dernier élément : la performance de Marc-André Fleury dans les cages. À 33 ans, l'ex-Penguin a connu sa meilleure saison en carrière, avec un taux d'arrêts de 92,7%, lui qui tourne à 91,3% depuis le début de sa carrière. Le vétéran a un peu adapté son style mais il a objectivement joué au-dessus de ses moyens, comme en est capable un gardien pendant un temps donné. Cela a continué en séries, le temps d'emmener Vegas en finale de la coupe Stanley. Et surtout, au moment où Vegas a heurté un mur face aux Jets, Fleury a porté son équipe sur ses seules épaules, atteignant le summum de sa saison au meilleur moment. Le revers inévitable de la médaille fut un écroulement en finale face à Washington. Dommage pour lui mais cela était prévisible. Avant la finale, sa performance se situait à la hauteur de celle de Tim Thomas en 2011 ou de Jonathan Quick en 2012. Trop belle pour être vraie.

En général, même si Washington a été meilleur dans le jeu, bloquant notamment la zone neutre et donc les projections offensives des Knights, leur coupant les jambes, Vegas a vu la réussite disparaître d'un coup en finale. Alors que tous les rebonds et breakaways semblaient rentrer face aux Jets, ce fut l'inverse contre les Caps, à l'image du raté de Tuch à la fin du match 2.

Vous l'aurez compris, malgré tous les chapeaux que l'on peut tirer aux Knights (sans oublier la ferveur populaire créée, dans le contexte douloureux de la fusillade d'octobre), leur performance doit être mise en contexte. La ligne éditoriale saluant l'esprit collectif des joueurs, leur ardeur à voir chaque soir un coéquipier se venger de son ancien club, ces belles histoires n'ont pu résonner que grâce à la bonne étoile sous laquelle le club a vécu cette saison. Mais voir l'histoire se répéter l'an prochain est très improbable. Vegas a raté SA chance, dommage, mais l'histoire fut belle.

 

Winnipeg Jets (3e)

Les Jets furent l'une des équipes de l'année et peuvent tirer un bilan très positif de leur saison. La progression de 27 pts au classement par rapport à 2016-17 témoigne d'une amélioration sensible de l'effectif. Malheureusement, la division Centrale est très relevée, et Winnipeg a sans doute laissé trop de forces dans une bataille dantesque contre Nashville au deuxième tour. Les sept matchs dans les jambes furent de trop face à Vegas. La défaite en finale de conférence Ouest, avec un scénario improbable - qui aurait prédit des buts gagnants de Ryan Reaves ?! -, ne doit pas pour autant diminuer les mérites de cette saison remarquable. Le public a répondu présent en masse dans ces phases finales et fait de Winnipeg une place forte difficile à conquérir.

La première arme de l'équipe dans son chemin parmi les prétendants au titre fut Connor Hellebuyck. Le gardien de 25 ans a parfaitement réagi à l'arrivée l'été dernier d'un concurrent : Steve Mason, signé 2 ans et 4,1 millions, qui fut au contraire l'un des pires agents libres de l'année. Hellebuyck aura joué 67 des 82 matchs, et termine avec 92,4% d'arrêts, 2,36 buts encaissés et six blanchissages. De quoi figurer parmi les trois candidats au trophée Vezina. Mieux, il a produit de manière comparable en playoffs.

Devant lui, la défense a fait aussi bien, avec la 5e moyenne de buts encaissés (2,63), ce qui allait de pair avec la 2e attaque (3,33) et la 9e place en possession (51,5%). Sur le plan collectif, Winnipeg n'a pas volé sa place dans le carré final.

Au rayon individuel, bien peu de lignes furent aussi dominantes que la première. Au centre, Mark Scheifele a consolidé sa place parmi les meilleurs de la ligue. Il signe 23 buts et 60 pts en 60 matchs, dominant le jeu comme bien peu de joueurs. Ses 14 buts en 17 matchs de playoffs sont exceptionnels. Son ailier droit, Blake Wheeler, termine meilleur pointeur de l'équipe avec une saison ébouriffante de 23 buts, 68 assistances et 91 pts : 9e marqueur et meilleur passeur, ex-æquo avec Claude Giroux. Mieux, il a contribué avec 21 pts, dont 18 assistances, lors des phases finales. La vision du jeu de Wheeler en avantage numérique a surtout permis au troisième larron, Patrik Laine, de se lancer sur les traces d'Ovechkin. Le Finlandais plante 44 buts, dont 20 en supériorité, et 70 pts pour sa deuxième saison NHL, avec une réussite au tir de 18,3%. Le plus étonnant venant de l'origine des tirs, bien souvent assez lointaine. Laine est un réel sniper au profil assez rare, mais il a eu du mal en playoffs (5 buts seulement).

La deuxième ligne aura été tout aussi dangereuse, autour du jeune Danois de 22 ans Nikolaj Ehlers (29 buts, 60 pts mais aucun but en playoffs), du rookie Kyle Connor (31 buts, 57 pts), qui a d'ailleurs fini la saison en première ligne, et de Bryan Little, l'ancien de l'équipe, auteur de 43 pts. Winnipeg a surtout franchi un palier statistique au retour de blessure de Mathieu Perreault (17 buts, 39 pts en 70 matchs), clairement sous-estimé.

Joel Armia, Andrew Copp et Adam Lowry ont aussi franchi les 20 pts, offrant une belle profondeur de banc. Adam Lowry, surtout, a joué un rôle majeur pour étouffer les meilleurs trios adverses, s'installant parmi les meilleurs attaquants défensifs de la ligue. L'acquisition de Paul Stastny a la date limite des échanges a illustré les nouvelles ambitions des Jets, et le centre vétéran s'est parfaitement ajusté en deuxième trio, signant 13 pts en 19 matchs, puis 15 en playoffs. Winnipeg n'a cependant pas réussi à la retenir et il a rejoint Vegas au 1er juillet.

Le 5e jeu de puissance de la NHL s'est donc appuyé sur une ligne d'attaque variée, mais aussi sur des artilleurs spectaculaires. À ce titre, Dustin Byfuglien fait figure de menace constante, combinaison d'impact physique et offensif. Il n'a certes marqué que 8 buts, mais ses 43 points, dont 22 en supériorité, démontrent que sa qualité de relance est du niveau élite. Il a encore haussé son niveau en playoffs, avec 5 buts et 16 pts en 17 matchs. Un Tyler Myers digne des attentes placées en lui après son trophée Calder (36 pts), un Josh Morrissey en talent émergent de défenseur-pur (26 pts) et un Jacob Trouba en progression (24 pts) complètent un top-4 mobile. Disposer de Dmitry Kulikov et Ben Chiarot en 3e paire, ce n'est pas mal non plus, avec Joe Morrow pour la profondeur, ce qui a renvoyé Tobias Enström, pilier historique du club, à ses études, handicapé par des pépins physiques.

Au final, une saison record de 114 pts, de nombreux records de carrière et une historique finale de conférence. Les Jets ont connu la plus belle saison de leur histoire et, au vu de la moyenne d'âge de l'effectif, semblent destinés à prétendre au titre encore quelques années.

 

Tampa Bay Lightning (4e)

Favori affiché de la saison, Tampa Bay a échoué, encore une fois, en dépit d'une saison record de 113 points. Finaliste de la coupe Stanley 2015, le Lightning atteint le carré final pour la deuxième fois depuis et semblait disposer de tous les atouts. Le départ canon cette saison s'est appuyé sur une attaque inarrêtable et une défense de fer. La deuxième moitié de saison fut un cran en dessous, mais Tampa a retrouvé ses valeurs en playoffs. La meilleure attaque de la ligue (de loin) a pourtant disparu au pire moment. Le Lightning a été blanchi face à Washington, au match 6 qui leur aurait permis de boucler la série, puis au 7e à domicile. Le tout après avoir perdu les deux premiers matchs de la série à domicile, alors que l'équipe avait bouclé les deux premiers tours en cinq manches. De quoi se taper la tête contre les murs, car en face, Holtby n'avait connu aucun blanchissage cette saison !

Car oui, l'attaque floridienne a terrorisé toute la NHL. Nikita Kucherov semblait parti pour conquérir les titres de meilleur buteur et pointeur. Il a ralenti en deuxième partie, et a finalement été dépassé par McDavid. Tout de même, ses 39 buts (31 à 5 contre 5) et 100 pts lui ont valu une extension de contrat qui l'amènera jusqu'en 2027, à 9,5 millions par an. Ses volées ravageuses du cercle droit n'ont eu d'égales que celles de son capitaine Steven Stamkos à gauche. Enfin en santé (78 matchs joués), Stamkos a signé 27 buts, dont 15 en supériorité, et 86 pts. Vladislav Namestnikov a joué le rôle de centre (20 buts, 44 pts) avant d'être échangé à la date limite des transferts. JT Miller l'a remplacé poste pour poste avec la même efficacité (18 pts en 19 matchs)... Clairement, les deux snipers n'avaient pas besoin de grand monde.

La force de Tampa est venue de sa profondeur de banc quasi inégalée. Le jeune Brayden Point a dominé la deuxième ligne, signant 32 buts et 66 pts avec un énorme rôle défensif. Tyler Johnson, replacé sur l'aile (21 buts, 50 pts) et Ondrej Palat (35 pts en 56 matchs) l'ont accompagné. La révélation de l'année fut en troisième ligne, avec l'éclosion de Yanni Gourde (25 buts, 64 pts), 4e marqueur de l'équipe et étonnant rookie, non drafté, passé par l'ECHL. Avec Alex Killorn (47 pts) et Chris Kunitz (29 pts), les solutions ne manquaient pas... Le système de Tampa produit jeune sur jeune, à l'image de l'excellente fin de saison d'Anthony Cirelli (11 pts en 18 matchs et 53,8% de possession à 5 contre 5).

L'entraîneur Jon Cooper avait de quoi faire donc, même si cela n'a pas suffi face à Washington. L'apport de ses défenseurs a parfaitement complété le jeu. Victor Hedman, avec 17 buts et 63 pts, a décroché son premier trophée Norris de défenseur de l'année. Il faut dire qu'il fut sur la glace pour 76 buts marqués contre 50 encaissés à 5 contre 5... Une saison dominante aux côtés de son compère Anton Strålman (18 pts). Ajouter Ryan McDonagh à la deadline avait tout du luxe, d'autant qu'il n'a pas trop produit (3 pts en 14 matchs) avant de signer 5 assistances en playoffs. Qu'importe, l'ex-Ranger a prolongé pour sept ans dès la saison terminée, complétant un top-4 mobile aux côté de Mikhail Sergachev. Le jeune Russe acquis dans l'échange Jonathan Drouin a connu une première saison productive (40 pts), dominant en possession (53,8%), dans un rôle protégé. La troisième paire Coburn-Girardi fut bien plus à la peine, dominée en possession assez nettement. Seul petit bémol d'une équipe qui a bien souvent campé dans la zone adverse (7e de la ligue avec 51,6% de possession)...

Une attaque de feu, une défense solide (13e de la ligue) : il manquait un gardien majeur, et le jeune Andrei Vasilevskiy a parfaitement tenu son rôle. Son début de saison exceptionnel a suffi pour le positionner dans les trois nominés au trophée Vezina, en dépit d'une fin de saison moins dominante. Il termine avec 91,9% d'arrêts tout de même, et des statistiques identiques en playoffs. Il n'aura pas volé de matchs contre les Capitals, malgré tout.

Tampa a donc dominé son sujet, au coude-à-coude avec Boston toute la saison avant de rafler le titre de conférence Est. La majeure partie de l'effectif est encore sous contrat à long terme, à des tarifs défiant toute concurrence. Steve Yzerman est peut être le meilleur manager général de la ligue, mais il lui manque une coupe. Un nouvel échec en 2018-2019 ferait désordre.

 

Nashville Predators (5e)

La déception des Predators. Passés si proches l'an passé (sans vouloir reparler de la performance de Pekka Rinne en finale, ni du premier but refusé pour un hors-jeu millimétré lors du premier match), tout recommencer pouvait sembler une longue corvée pour Nashville. Un peu à l'image des Sharks en 2016-17, la saison régulière devait constituer une interminable balade avant le début des vraies affaires.

Ce fut le cas... 82 matchs, le trophée du Président en poche et un effectif en santé pour aborder les séries. L'année servit en fait essentiellement au Directeur Général David Poile à renforcer son équipe afin de se donner toutes les chances d'aller cette fois-ci au bout. Si la signature de Nick Bonino donnait un 3e centre aux Preds, le principal chantier demeurait de trouver un second centre de niveau top-6. La perte de Ryan Johansen en playoffs l'an passé avait clairement laissé transparaître la faiblesse lorsqu'il s'est agi d'affronter les centres des Penguins en finale. Ce fut chose faite lors du deal à trois pour Matt Duchene, dans lequel Nashville récupérera Kyle Turris en échange notamment de l'espoir Samuel Girard, de toute façon barré par le top-4 actuel de la défense. En 61 matchs ensemble, la ligne Turris - Kevin Fiala et Craig Smith afficha 58% de possession, le 2e rendement de la ligue à ce chapitre, 61% des buts anticipés et 72% des buts inscrits. Une performance en béton.

À la date limite des échanges, Poile acquit Ryan Hartman, payant certes le prix fort mais ajoutant un jeune joueur capable de suivre le noyau de l'équipe pour de nombreuses années. Il avait auparavant réussi à convaincre Mike Fisher de sortir de sa retraite à temps pour les séries. Enfin, Eeli Tolvanen, le choix de première ronde 2017 et qui a mis le feu à la KHL avec le club des Jokerit s'est joint au club pour la fin de saison, même s'il ne vit pas une minute de glace au final en séries.

Collectivement, le système du coach Laviolette n'avait guère évolué depuis l'an passé. 6e taux de possession de la ligue avec 52% des tirs tentés, Nashville perdait toujours autant en qualité en raison de tirs trop lointain et leur taux de buts anticipés a longtemps stagné en dessous des 50%, avant de dépasser tout juste cette marque en fin de saison. Et encore, cette amélioration fut surtout dû au retour au jeu de Ryan Ellis, qui solidifia la défensive en repoussant loin dans l'organigramme Alexei Emelin. L'équilibre d'un ensemble tient ainsi souvent en NHL à son membre le plus mauvais. La saison de P.K. Subban en est l'exemple parfait. En l'absence d'Ellis, Matthias Ekholm est allé épauler Roman Josi et Subban s'est donc retrouvé en compagnie de Emelin. Les deux ensemble ont affiché une possession de 47,6%, très négative. Sans Emelin ? Subban s'élevait à 57,6% ! Et Emelin sans Subban tombait à 44%... À nouveau mis avec Ekholm sur la deuxième moitié de saison, la paire habituelle affichait en comparaison 55% de possession... Malgré le Russe et le fait d'être largement employé en zone défensive par Peter Laviolette, Subban a presque égalé sa meilleure production en carrière avec 59 points et un record de 16 buts, se méritant une nomination comme finaliste au trophée Norris. Roman Josi a connu une saison à la hauteur de ses standards avec 53 points et Ellis en a mis 32 en 44 matchs.

Devant, le trio Forsberg - Johansen - Arvidsson est toujours aussi efficace et celui de Turris complétait enfin un top-6 de ce nom pour les Preds mais le fond d'alignement, la 4e ligne et la 3e paire ont peiné. Rendu en séries, l'Avalanche du Colorado a offert une résistance honorable mais vaine. La véritable épreuve pour les Preds venait ensuite face aux Jets de Winnipeg, ce que l'auteur de ces lignes pensait être une finale avant l'heure. Le monde du hockey priait pour une série en 7 matchs et les deux équipes nous l'ont offerte. Mais tout au long de l'affrontement, il a semblé que Winnipeg possédait davantage de profondeur et surtout une vitesse de plus, qui, lorsque actionnée, laissait les Preds loin dans le rétroviseur. Chaque fois que Nashville a réussi à garder le match serré, ils se sont imposés, mais les quatre victoires des Jets l'ont été par 3 ou 4 buts d'écart.

Ce qui nous amène à Pekka Rinne. Auteur d'une excellente saison à 35 ans avec 92,7% d'arrêts, son meilleur résultat en carrière, il s'est vu décerné le trophée Vezina du meilleur gardien (peut-être pas totalement mérité mais c'est une autre question), et a ainsi fait taire de nombreux sceptiques. Mais voilà, au moment crucial, le match 7 contre les Jets, il commit de nouveau deux énormes boulettes qui mirent le match hors de portée des Preds. Il est difficile de lui faire porter personnellement le chapeau, mais dans une ligue où avoir le meilleur gardien n'est pas un gage de succès, avoir un cerbère fiable et prévisible l'est bien davantage. Derrière lui, Juuse Saros a réalisé une excellente saison (92,5% d'arrêts en 26 matchs). À voir quel sera l'équilibre du tandem l'an prochain alors que Nashville poussera encore très fort pour soulever le trophée.

 

Boston Bruins (6e)

L'année de la renaissance pour les Bruins de Boston. Après une défaite piteuse au premier tour contre Ottawa l'an passé et deux saisons précédentes sans printemps, Boston ressemblait à une équipe à court de ressources, possédant quelques excellents joueurs mais peu de relève. L'entraîneur Claude Julien avait été mis dehors en février et remplacé par son assistant Bruce Cassidy. Si le système de Julien, parmi l'un des plus dominants de la ligue la dernière décennie, avait ses failles, un Tuukka Rask en baisse constante n'avait pas aidé les récents résultats. Et l'équipe avait fini la saison sous Cassidy avec des indicateurs de jeu sur la pente descendante. Un signe d'une baisse de niveau comme celle qui avait suivi le départ de Babcock à Détroit ?

Pas du tout. Nous penchions dans ces pages pour un affaiblissement continu des Bruins et ceux-ci ont prouvé tout le contraire. Bruce Cassidy a pris le système de Julien et l'a perfectionné. Il a surtout changé la mission du trio Brad Marchand - Patrice Bergeron - David Pastrnak. Habitués auparavant à faire face aux meilleurs trios adverses et aux départs en zone défensive, la ligne s'est vue déchargée de ce poids pour libérer ses capacités offensives. Résultat, Marchand a enfilé 85 points en 68 matchs, Pastrnak 80 en 82 et Bergeron 63 en 64, s'approchant pour la première fois de sa carrière du point par match. Des performances records pour tous, qui s'accompagnaient de la même dominance dans le jeu. Avec Bergeron sur la glace à 5 contre 5, Boston affichait 57,2% de possession, tout simplement le 2e parmi tous les joueurs de la ligue. Ensemble, les trois ont enregistré 58% de possession, 53,5% des buts anticipés et 60% des buts inscrits et nous ne serions pas les premiers à les qualifier de meilleur trio de la ligue.

Collectivement, les Bruins ont roulé sur la NHL comme aux débuts des années 2010. Meilleur taux de possession, 3e aux buts anticipés, un des systèmes défensifs les plus hermétiques, le 4e powerplay, la 3e infériorité numérique... Tuukka Rask a également semblé renaître de ses cendres après un début de saison difficile, ajoutant au système de jeu un dernier rempart de luxe. Le rookie Charlie McAvoy a remodelé la défense à lui-seul. Avec 32 points en 63 matchs, 56% de possession et 54% de buts anticipés, tout cela face aux meilleurs trios adverses, McAvoy aurait largement pu prétendre au titre de rookie de l'année s'il n'avait pas raté une vingtaine de matchs et sans la concurrence de Mathew Barzal. Il a transporté le vieux Zdeno Chara sur son dos toute la saison. De 55,3% de possession avec McAvoy, Chara tombait à 49,7% sans lui ! Derrière, Torey Krug a pu tranquillement enfiler 59 points avec un Brandan Carlo plus à son aise dans un rôle de numéro 4.

Ce mix de vétérans et de jeunes illustre la saison des Bruins. L'afflux massif de sang neuf a redonné cette profondeur manquante derrière les piliers du club. Boston doit ainsi 58 buts et 174 pts à ses rookies, n°1 de la ligue devant New Jersey (156 pts). Danton Heinen, 23 ans, a terminé 5e compteur du club à 47 points, formant avec Riley Nash et David Backes un 3e trio dominant dans le jeu. Jake DeBrusk, 21 ans, fut 7e compteur du club avec 43 points en 70 matchs. Il a surtout transporté un David Krejci qui peine sur la glace sans une telle aide. De 54% de possession avec DeBrusk, Krejci tombait à 49% sans lui. Un constat qui a poussé les rumeurs d'échange cet été pour le vétéran tchèque.

Au terme des 82 matchs, Boston figurait donc logiquement parmi les quatre grosses écuries de la ligue avec Nashville, Winnipeg et Tampa Bay, au point de payer pour un renfort comme Rick Nash. Tampa Bay qu'ils étaient appelés à retrouver dès les demi-finales de conférence. Il fallait avant cela passer les Maple Leafs de Toronto au premier tour, un mal qui aurait été évité sans une défaite lors de la dernière journée de la saison face à Florida. Défaite sans laquelle Boston aurait terminé première de l'Atlantique et aurait tranquillement affronté New Jersey en première ronde. Le résultat de ce contretemps fut une lutte sévère de sept rencontres face à Toronto, dans laquelle Boston laissa beaucoup de plumes physiquement. Arrivée lancée face aux Lightning, la machine s'enraya dès le second match et Tampa fila en finale en cinq petites parties. Le nombre de joueurs blessés était rédhibitoire, notamment un Bergeron touché à l'aine et Tampa remporta ses face à face sur la glace.

Coup du sort ? Le fait d'affronter un autre favori si tôt était de toute façon au programme, même avec un effectif en santé. La bonne nouvelle est que Boston a retrouvé le plus haut niveau, réussissant une mini-reconstruction en 2-3 ans. Si les jeunes pouvaient enlever un peu plus du poids reposant sur les épaules de Bergeron pour qu'il arrive en forme au printemps, Tampa et Toronto auront bien un 3e adversaire dans l'Atlantique.

 

Pittsburgh Penguins (6e)

Remporter deux coupes de suite constituait un exploit pour les Penguins de Pittsburgh dans la NHL actuelle. Trois de suite ? C'était insensé... et ils ne l'ont pas fait. Auraient-ils pu le faire ? Qui sait. La bonne étoile qui doit accompagner les futurs champions semblait avoir cette fois-ci quitté les Pens qui ne vont tout de même pas se plaindre après deux bagues supplémentaires.

La saison régulière a eu un drôle de visage pour la bande de Sidney Crosby. Plutôt à l'aise dans le jeu à 5 contre 5 (7e de la ligue pour la possession comme pour les buts anticipés), Pittsburgh a lutté contre un manque de réussite effrayant, apeurant, historiquement bas. C'est simple, à Noël, Pittsburgh affichait le second pire PDO depuis 10 ans, 300e sur 301 équipes donc ! Si les tireurs luttaient bizarrement pour mettre la rondelle au fond, le problème venait principalement des gardiens. Matt Murray a connu une saison difficile avec un taux d'arrêts de 90,7%, lui qui sortait de saisons à 93% (sur un échantillon de seulement 13 matchs) et 92,3%. Le pauvre Murray a également perdu son père courant janvier, s'absentant pendant un moment de l'équipe. Son remplaçant Tristan Jarry n'a guère fait mieux (90,8% d'arrêts) et seul Casey deSmith a affiché des choses intéressantes (92,1% en 14 matchs). Mais, au final, Pittsburgh a dû composer avec le 30e taux d'arrêts de la ligue, seul Ottawa faisant pire. Avant-derniers également au PDO avec tout juste 98,1, les Pens ont longtemps eu la dynamique sans les résultats, même si leur niveau de jeu pouvait permettre d'espérer un redressement au classement d'ici la fin de la saison, ce qui arriva enfin à partir de la mi-janvier.

En attendant, c'est le powerplay qui garda l'équipe à flot. Avec 26% de réussite, la supériorité numérique des Penguins était la plus efficace de la ligue. La triplette Crosby-Malkin-Kessel n'a plus vraiment besoin d'être présentée... Rajoutez à cela Kris Letang à la pointe et Patric Hornqvist et vous obtenez une arme de destruction massive. 38 des 98 points de Malkin cette saison vinrent du jeu de puissance, 42 sur 92 pour Kessel, 38 sur 89 pour Crosby... Le différentiel de buts négatif à 5 contre 5 était ainsi compensé par les unités spéciales.

Individuellement, le capitaine Sidney Crosby a encore été à la baguette avec 54,7% de possession et 56,5% de buts anticipés en sa présence, parmi les tout meilleurs de l'équipe. En comparaison, les indicateurs d'Evgeni Malkin tournaient autour de 51,5% et ceux de Phil Kessel de 49%, dans le négatif. Kris Letang était revenu en pleine possession de ses moyens et il a pesé positivement sur le jeu. Brian Dumoulin s'est également bien accroché sur la première paire à ses côtés. Patric Hornqvist a connu une autre excellente saison avec 49 points. Gabe Guentzel a vu son pourcentage de réussite aux tirs redescendre sur terre (22 buts et 48 points au final) mais a re-décollé en séries avec 21 points en 12 matchs, aux côtés d'un Crosby en feu. Le fond d'alignement a cependant manqué de punch. Riley Sheahan puis l'acquisition Derrick Brassard n'ont pas réussi à dynamiser une 3e ligne qui faisait par le passé la force des Penguins.

Ces Penguins étaient quand même forts, peut-être même plus forts que l'an passé. Après avoir vaincu presque sans encombre les Flyers au premier tour, l'opposition face aux Capitals a cependant vu la chance printanière tourner pour une fois en faveur de l'équipe adverse. Les deux clubs se sont bien partagé le jeu, à 50% de possession et de chances de marquer chacun, mais Washington a enfilé les buts sur un Matt Murray sans réponse alors que Braden Holtby dressait, lui, un mur devant ses filets. L'an passé, Marc-André Fleury avait gagné à lui seul la série et le portier des Caps regardait les attaquants des Pens lui voler autour. Le vent tourne, comme souvent au hockey. C'était au tour des Caps de gagner. Pittsburgh retentera sa chance l'an prochain, et aussi longtemps que ses vedettes feront partie de l'élite de la ligue.

 

San José Sharks (8e)

Après la finale 2016, les Sharks avaient perdu au 1er tour en 2017 face à Edmonton. L'effectif, quasi inchangé, espérait rebondir et aller encore plus haut, mais avait perdu l'historique Patrick Marleau, sans que le manager général Doug Wilson ne le remplace. La saison 2017-2018 se termine finalement au deuxième tour face à l'improbable équipe de Vegas, que les Sharks auront poussé jusqu'au match 6. Un match 6 perdu à la maison 3-0, alors que San José trouvait les montants de Fleury à quatre reprises... Tout un symbole.

Malgré cette déception, San José a offert de meilleures statistiques globales que la saison dernière. Cette treizième qualification en playoffs en quatorze saisons prouve que la franchise californienne demeure une valeur sûre. Mieux, elle a franchi les 100 pts - la 2e fois seulement en six saisons. Les soucis ont été réels une bonne partie de l'année, notamment l'attaque. Le jeu des Sharks, trop stéréotypé, a souvent consisté à s'appuyer sur le slap de Brent Burns à la bleue, mais le grand défenseur a peiné à régler la mire pendant la première moitié de saison. Conséquence, le compteur de buts a mis du temps à grimper. Les 3,01 buts par match se classent 13e - une progression par rapport à 2016-17, mais loin des attaques de feu de nombre de leurs rivaux. Avec 2,76 buts encaissés, la 9e place de San José en défense démontre une tendance à des scores modestes, serrés, des matchs qui basculent sur peu de choses. Le jeu de puissance, seulement 16e, ne fut pas un atout, alors qu'en infériorité, 84,8% des situations ont été maîtrisées - 2e total de la ligue.

Un bilan contrasté donc, mais certains choix ont payé. À la deadline, l'arrivée d'Evander Kane fut définitivement un boost favorable, avec 9 buts en 17 matchs, puis 4 de plus en playoffs. L'ancien des Sabres s'est intégré immédiatement et a reçu un contrat risqué de 7 ans et 49 millions dans la foulée, engageant la suite de sa carrière en Californie. Il n'a jamais dépassé les 60 points en une saison, en dépit de quatre saisons à 20 buts...

Kane a donc aidé une attaque qui en avait cruellement besoin, car le centre fétiche, Joe Thornton, n'a pu jouer que 47 matchs, touché au genou. Le grand pivot de 39 ans comptait alors 36 pts dont 13 buts, et semblait avoir retrouvé un certain élan. Sa blessure a coïncidé avec une série de défaites, qui a précipité l'acquisition de Kane. En son absence, la jeune garde s'est efforcée de compenser. Joe Pavelski s'est mué en passeur (44 assistances), ne signant que 22 buts, repositionné au centre, après un début de saison perturbé par des pépins physiques. La finition est venue de Logan Couture (34 buts), Tomas Hertl (22 buts, 46 pts, records de carrière) et Timo Meier (21, dont 18 à 5 contre 5). Les deux jeunes joueurs ont franchi un petit palier, mais ils vont vite devoir endosser un costume bien plus grand... Hertl l'a compris et ses 9 pts en 10 matchs de playoffs sont encourageants. Autres bonnes surprises, Chris Tierney (17 buts, 40 pts, record de carrière) et Kevin Labanc (11 buts, 40 pts), ainsi qu'un retour en forme de Joonas Donskoi (32 pts en 66 matchs). Tierney, surtout, a assumé un rôle majeur en infériorité et se positionne comme un excellent centre de 3e ligne. Labanc, un rookie, a pour sa part brillé en supériorité. Le léger retour en forme de Mikkel Bødker (37 pts) aura surtout permis de l'échanger à Ottawa dans l'affaire Mike Hoffman en fin de saison, contre des choix de draft, tant le Danois a été acculé dans son propre camp toute la saison.

Avec une attaque en difficulté, il fallait donc une défense engagée vers l'avant, ce que Brent Burns a su parfaitement faire. L'homme à la barbe foisonnante a tenté 332 tirs cadrés, 3e de la ligue derrière Ovechkin et Seguin. Il aura mis un temps fou à débloquer son compteur de buts et n'en marque finalement "que" 12 (contre 29 l'an dernier), tout en menant l'équipe en points (67). Malgré tout, il a souffert dans le jeu défensif pur. Certes, il compte des statistiques de possession favorables (54,3%) mais son équipe a encaissé plus de buts qu'elle n'en a marqué avec lui sur la glace. À sa décharge, son partenaire habituel Paul Martin, 37 ans, a fortement ralenti et été blessé les trois quarts de l'année. Il a joué plus en ligue mineure qu'en NHL (18 matchs à 14)... Ce furent donc Dylan DeMelo, Joakim Ryan ou Tim Heed qui se sont succédé. Les deux derniers, des rookies, ont connu une certaine inconstance. Le principal souci de Burns a été un manque de concentration hors glace, illustré par quelques prises de bec avec la presse. Il a sans doute mal digéré le départ de Bob Boughner, qui l'avait beaucoup fait progresser dans son jeu défensif. Loin de la qualité de 2016-17, Burns a cette année commis des erreurs de débutant. Il va rentrer dans la 2e de ses 8 années de contrat et devra se remobiliser.

Ce n'est certes pas vraiment le rôle premier de Burns de défendre, dans le schéma de l'entraîneur Peter De Boer... Ce rôle est plutôt dévolu à la paire Marc-Edouard Vlasic (32 pts) - Justin Braun, qui a assumé les meilleurs trios adverses. Braun, surtout, a atteint un record de carrière sans le moindre point en supériorité : 33 pts à 5 contre 5, soit autant que PK Subban et Seth Jones, excusez du peu... Le duo a cependant souffert en possession. Finalement, la 3e paire aura été solide, avec un Brendan Dillon au top (22 pts), parfait dans son rôle de défenseur physique. Son entente avec DeMelo aura bien fonctionné.

Enfin, dans les buts, Martin Jones aura montré une certaine inconstance avec 91,5% d'arrêts, mais il a brillé en playoffs. Son remplaçant, Aaron Dell, a parfaitement joué son rôle avec des statistiques similaires.

San José semble poursuivre sa mue, entamée l'été dernier avec le départ de Patrick Marleau. Une année de transition : les leaders trentenaires ne parviennent plus vraiment à porter l'équipe à bout de bras. Mais la jeune garde a franchi un cap : Couture, Hertl, Meier, Labanc, Tierney ont tous battu leurs records de carrière en attaque, et Joakim Ryan ou Tim Heed tenu bon en défense. Pas de raison que les Sharks subissent un déclin. Joe Thornton a rempilé pour un an et poursuivra sa route dans le livre des records des meilleurs passeurs, en quête de cette coupe Stanley qui lui échappe depuis si longtemps...

 

Toronto Maple Leafs (9e)

Toronto, c'est l'équivalent de ces jeunes loups qui veulent grandir trop vite dans les films de mafieux. Ceux qui défient l'autorité et pensent mériter leur place au soleil mais finissent par mordre la poussière de la main des vieux sages. Après l'élimination au premier tour des séries 2018, une blague a circulé sur Internet. 2017 : Toronto éliminé par les expérimentés Capitals, 2018 : Toronto éliminé par les expérimentés Bruins... 2030 : Toronto éliminé par les expérimentés Coyotes... Bien sûr, Rome ne s'est pas faite en un jour mais il y avait de quoi être frustré pour des Maple Leafs qui comptaient bien capitaliser sur leur lancée de la saison dernière.

Cette idée reposait sur le principe que la bande de jeunes ne pouvait que s'améliorer. Ce qu'elle a fait d'ailleurs. Mais cette saison fut aussi le témoin d'une mise en abîme interne entre cette masse de talent tout feu tout flamme et le parrain du gang, Mike Babcock. Aucune équipe n'a été aussi "fun" que les Leafs cette saison. Regarder Toronto, c'était s'attendre à un déluge dans les deux sens de la patinoire. Toronto termina ainsi 3e meilleure attaque de la ligue pour les buts anticipés pour mais 28e défense dans l'autre sens ! Et c'est ce qui chagrinait l'entraîneur qui a bien tenté vers la mi-saison de remettre de l'ordre dans tout ça. Mitch Marner et William Nylander sont tour à tour allés faire une visite sur la 4e ligne, histoire de retourner à la base. Des vétérans comme Leo Komarov ou Roman Polak reçurent un temps de jeu paraissant disproportionné pour leurs capacités. Conséquence : les indicateurs de jeu de Toronto piquèrent du nez et Babcock se résolu à lâcher de nouveau les rênes en fin de saison.

Au final, les prouesses dans le jeu des Leafs ne furent pas si impressionnantes : 50% de possession et 51% des buts anticipés, dans le ventre mou de la ligue. Toronto a pu cependant compter sur le 2e PDO de la ligue à 101,8. À quel point les tentations conservatrices de Babcock pour améliorer la défense ont-elles bridé le potentiel de l'équipe ? L'an prochain fournira peut-être une portion de réponse car la jeunesse a pris cet été le pouvoir au sein du club. Comme prévu, Lou Lamoriello a passé les rênes et c'est Kyle Dubas, 35 ans et enfant prodige du hockey côté management, qui prend la suite. Dubas n'a pas retenu les services des vétérans aimés de Lamoriello et Babcock : Komarov, Martin, Polak, etc. Babcock devra faire avec un joueur comme Tyler Ennis en profondeur et des jeunes type Travis Dermott en défense.

La reconstruction des Leafs prendra donc un nouvel envol en octobre prochain, et les fans n'ont jamais été aussi enthousiastes. Les changements internes évoqués plus haut en sont la cause, jumelés bien sûr avec l'arrivée de John Tavares et l'assurance donnée par Dubas qu'il pourra conserver toutes ses jeunes vedettes au sein du cap salarial. L'ex-capitaine des Islanders endossera donc une casquette de grand frère auprès des Matthews and co.

Auston Matthews a confirmé son impressionnante saison rookie avec 63 points en 62 matchs. Mitch Marner est passé de 61 à 69 points. Nylander a égalé sa production de l'an passé avec 61 pions. Nazem Kadri est toujours un second centre de luxe efficace. Patrick Marleau a comme d'habitude dépassé les 25 buts. Enfin, Zach Hyman a affiché une progression intéressante avec 40 points et de indicateurs de jeu très positifs. Toronto a par contre dû laisser partir James van Riemsdyk et ses 36 buts vers d'autres cieux. Même chose pour Tyler Bozak. Deux éléments de l'ancienne génération au sacrifice nécessaire.

Que l'on soit conservateur ou non, tout le monde s'accorde pour dire que le chantier se situe derrière. Les deux paires de défense ont semblé déséquilibrées dans un souci de mitiger les risques. Morgan Reilly a trimbalé Ron Hainsey toute la saison, affichant un moyen 49% de possession avec lui, mais 56% sans Hainsey ! De même, Jake Gardiner a porté Nikita Zaitsev. Ensemble, les deux affichaient une possession à 48%, mais le Russe sans Gardiner tombait à 41%... Son contrat semble d'ailleurs la seule grosse épine dans les flancs de Kyle Dubas. Reilly et Gardiner ont chacun engrangé plus de 50 points mais Gardiner a pris symboliquement sur lui le rôle de bouc émissaire pour les trous d'air défensifs à l'issue d'un match 7 effroyable contre Boston. Une défaite dont il se mettait le poids sur les épaules dès la sirène finale. L'aide pourrait cependant venir de l'interne. Connor Carrick, 24 ans, et surtout Travis Dermott, 21 ans, ont démontré des choses très intéressantes, se positionnant tous deux dans le top5 de l'équipe pour la possession et les buts anticipés. Si l'on ajoute Andreas Borgman, Toronto n'aura sans doute pas besoin d'aller chercher un grand nom à l'extérieur, mais plutôt de réordonner ses paires défensives.

Ainsi, si la déception était palpable après l'élimination, celle-ci restait presque attendue. Toronto faisait face dans la division Atlantique à deux des toutes meilleures équipes de la ligue en Tampa Bay et Boston. C'était trop tôt pour les Leafs en 2018, mais la mise à jour estivale permet toujours de croire en des jours très radieux.

 

Minnesota Wild (10e)

Les saisons commencent à se suivre et à se ressembler pour Minnesota, une équipe suffisamment costaud pour faire les séries chaque année mais pas assez pour prétendre aux grands honneurs. Doucement mais sûrement, la recette du coach Bruce Boudreau s'est encore une fois mise en marche. Comme l'an passé, le Wild a tout misé sur sa défensive pour limiter les chances de qualité pour l'adversaire. Dans les faits, le Wild laisse donc le palet à l'autre équipe (26e pour la possession) et se laisse bombarder, mais de loin. Résultat, pour la deuxième année consécutive, Minnesota termine meilleure défense de la ligue pour les buts anticipés accordés et pour les buts anticipés en général avec 53,8% de ceux-ci à 5 contre 5. Dans les faits, le Wild obtient 52,7% des buts marqués, proche du total anticipé donc, et, si la lutte fut longue, les sept points d'avance sur le neuvième de la conférence en fin de saison représentent une marge assez confortable.

La différence au classement avec la saison dernière tient à la baisse du PDO, de 101,7 en 2016-17 à 100,8 cette saison. Celle-ci vient principalement de tireurs moins en réussite, ou plutôt en réussite normale comparativement à une saison royale la campagne précédente. Seuls Eric Staal et Mikael Granlund ont gardé le rythme. Les deux finissent meilleurs compteurs avec respectivement 76 et 67 points. Granlund affiche également les meilleurs indicateurs de jeu de l'équipe. Avec lui sur la glace, Minny obtenait 61% des buts anticipés (!), sans lui, cela tombait à 52%. Il formait également un duo redoutable avec Mikko Koivu, toujours excellent défensivement. Jason Zucker a enregistré 64 points (contre 47 l'an passé), en partageant son temps justement entre les trios de Granlund et de Staal, que du bénef...

Pas épargnéq par les bobos, Charlie Coyle et Nino Niederreiter ont connu une production en baisse. Le Suisse a même essuyé de sérieuses critiques pour son jeu défensif alors que dans l'ensemble ce fut le seul joueur largement positif pour la possession du palet (52% avec lui sur la glace, 46% sans lui !). Mais sa mentalité offensive ne cadre peut-être pas avec les volontés du coach, au point de faire surgir des rumeurs d'échange ces derniers mois. Zack Parise n'a pu jouer qu'une demi-saison et ses ennuis de santé récurrents commencent sérieusement, à 33 ans, à laisser présager des années difficiles, lui dont le contrat, vestige de l'ancienne convention collective, s'étale jusqu'en 2025...

Derrière, la paire Ryan Suter - Jared Spurgeon a fait la pluie et le beau temps. Ce sont les seuls défenseurs à afficher un taux de possession de 50%, et leurs buts anticipés étaient de 57% pour Suter et 60% pour Spurgeon ! Un Spurgeon qui confirme saison après saison son talent immense et méconnu. Par ailleurs, Matt Dumba a explosé offensivement avec 50 points, bénéficiant d'une vingtaine de matchs aux côtés de Suter durant la blessure de Spurgeon. Autrement, son association avec Jonas Brodin a souffert dans le jeu mais bénéficié d'un PDO très favorable de 102-103. La lecture objective des faits a cependant certainement fait baisser la valeur de Brodin aux yeux de l'organisation alors que Dumba est monté en grade.

Dans les cages, Devan Dubnyk n'a pas connu une vilaine saison avec un taux d'arrêts de 91,8%, proche de sa moyenne en carrière. Pour le reste de l'effectif, en revanche, le Wild a peiné un peu trop fortement. Personne dans le bottom-6 offensif n'a dépassé les 25 points. Joel Eriksson Ek a un peu déçu avec 16 petits points mais, à sa décharge, jouer avec Daniel Winnik et Marcus Foligno dans un schéma défensif n'était sûrement pas un cadeau. Les paris Tyler Ennis et Matt Cullen n'ont pas ajouté grand-chose et, au total, le Wild était sans doute trop déséquilibré pour jouer dans la même cour que les grosses écuries de la division Centrale.

Affrontant au premier tour les Jets de Winnipeg, Minnesota a explosé. Avec 59% de la possession et surtout 62% des buts anticipés, les Jets n'ont fait qu'une bouchée d'un Minnesota trop défensif quand arrivent les moments importants. Car, pour se répéter encore une fois, les attaques remportent les séries en NHL. Sept matchs est un laps de temps bien trop court pour attendre que l'adversaire fasse une faute. Contrôler la rondelle équivaut à contrôler son destin en se créant ses propres chances. Machine à gagner en saison régulière, la stratégie de Bruce Boudreau s'est une nouvelle fois heurtée à un mur. Ce mur a coûté son poste au DG Chuck Fletcher, non reconduit en fin de contrat. Paul Fenton, adjoint à Nashville, le remplace aux commandes du club mais il apparaît réellement difficile de voir le club gravir cette marche supplémentaire pour concurrencer les Nashville et Winnipeg, sans compter avec un St Louis réarmé et Dallas qui pousse. Minnesota est coincé entre deux eaux.

 

Anaheim Ducks (11e)

Dans la série "équipe portée par un joueur en feu", les Ducks d'Anaheim se posent là. La saison 2017-2018 a vu la consécration de John Gibson parmi l'élite de la ligue. À 25 ans, le natif de Pittsburgh a porté son équipe sur ses épaules au cours de 60 matchs exceptionnels : 92,6% d'arrêts et 2,43 buts encaissés. Il fut le métronome d'une équipe au style de jeu à l'ancienne, selon les désirs de Randy Carlyle. L'entraîneur privilégie le défi physique et son équipe a semblé par moments en être usée. Aucun joueur n'a disputé les 82 matchs, et seuls trois en ont joué 80. Les blessures ont pesé sur les Californiens, car elles ont touché les cadres : Ryan Getzlaf (56 matchs joués), Ryan Kesler (44), Hampus Lindholm (69), Kevin Bieksa (59), Corey Perry (71) avant de perdre Cam Fowler juste avant les playoffs.

Cela a forcé le staff à s'appuyer sur d'autres joueurs, qui n'ont pas toujours tenu la baraque. Les Ducks n'ont pas pu compter sur beaucoup de jeunes talents, et, avec 11 joueurs au delà de 30 ans, figuraient parmi les équipes les plus âgées de la ligue. L'expérience certes... mais face à la vitesse des Sharks, Anaheim a juste paru vieux, très vieux. Laminés 4 victoires à 0 sans jamais avoir vraiment une chance de renverser la série, les Ducks finissent avec plus de questions que de réponses. Six saisons de playoffs, cinquième saison au delà des 100 pts, marquées par deux finales de conférences perdues... mais la fenêtre s'est-elle refermée ?

Sur le plan individuel, tout n'est pas à jeter. Ryan Getzlaf a mené la charge avec 61 pts en 56 matchs, une prestation digne d'un MVP, distribuant les caviars à la ronde. Principal bénéficiaire, Rickard Rakell a confirmé avec 34 buts et 69 pts, records de carrière. Derrière ce duo, la saison fut bien plus compliquée. Corey Perry a reçu son lot de critiques pour une saison jugée dilettante (17 buts, 49 pts). Jakob Silfverberg a reculé (17 buts, 40 pts), mais cela correspond aussi à son profil d'ailier défensif, chose qu'il a particulièrement bien mené. Ces soucis offensifs ont poussé le staff à sacrifier Sami Vatanen, envoyé aux Devils contre Adam Henrique à un moment où tous les centres de l'équipe emplissaient l'infirmerie. Henrique s'est bien fondu dans le groupe (20 buts, 36 pts en 57 matchs) et a reçu un contrat de 5 ans début juillet. Bonne surprise aussi, Ondrej Kase. Le jeune Tchèque s'installe parmi les solutions d'appoint, avec 20 buts et 38 pts. Andrew Cogliano, qui a vu sa série brisée par une suspension (830 matchs, aucun manqué depuis le début de sa carrière), n'aura en revanche marqué que 12 buts (35 pts), même si cela se rapproche de sa production standard. Son travail défensif n'est pas en cause, avec des prestations similaires de Derek Grant et Nick Ritchie. 10e choix de la draft 2014, on attend plus de Ritchie, au jeu très physique, mais guère plus. Globalement, une formation homogène, mais un cran en dessous de la moyenne de la ligue (19e attaque).

La clé fut donc Gibson dans les cages - Ryan Miller faisant de même avec 92,8% d'arrêts en 28 matchs - et une défense très hermétique. Avec 2,55 buts encaissés, Anaheim se classe 3e de la NHL. Une performance due au brio de la jeune garde, Josh Manson (26 ans, 37 pts) et Brandon Montour (24 ans, 32 pts), qui ont pris le relais des blessés. Manson a surtout dominé dans le jeu (70 buts pour, 40 contre à 5 contre 5). Hampus Lindholm compte tout de même 31 pts, dont 13 buts, et reste le défenseur le plus précieux de l'équipe, avec Fowler (32 pts). Un top-4 convaincant, donc. La troisième paire l'a moins été, à l'image d'un Kevin Bieksa acculé dans sa zone.

Au final, Anaheim paraît à la croisée des chemins. L'essentiel de la masse salariale (23,7 millions) concerne Getzlaf, Perry et Kesler, 33 ans et, pour les deux derniers, en déclin évident. Perry, surtout, ne semble pas avoir digéré l'arrivée de Carlyle : après cinq saisons de 30 buts ou plus, il ne compte que 36 buts sur les deux dernières saisons... à 8,6 millions par an. Ryan Kesler (8,2 millions), pour sa part, n'a marqué que 14 pts en 44 matchs, écrasé dans son propre camp la plupart du temps, après son retour d'une blessure à la hanche. Le staff aura sans doute des choix à faire, car la division Pacifique est de plus en plus compétitive.

 

Los Angeles Kings (12e)

Un nouveau départ pour Los Angeles. L'équipe vainqueur de deux coupes Stanley n'y arrivait plus, ratant encore les séries la saison dernière. Clap de fin pour le DG Dean Lombardi et l'entraîneur Darryl Sutter, le grand artisan du système de jeu le plus dominant dans la ligue cette décennie. À leur place, l'ancien de la maison Rob Blake fut nommé aux commandes de la franchise et l'adjoint de Sutter, John Stevens, fut promu derrière le banc. Les Kings de Sutter constituaient une machine à contrôler le puck, confisquant celui-ci de manière parfois éhontée, limitant drastiquement les chances adverses. Malheureusement, c'est offensivement que le système avait atteint ses limites. Devant, L.A. pratiquait un jeu de la quantité, mais avait raté le virage qualitatif pris par la ligue en réponse justement aux Los Angeles, Boston et Chicago de ce monde. Trop de tirs pris en périphérie de la zone, des jambes vieillissantes pour aller chercher les rebonds... L'objectif numéro un de John Stevens était justement de rajeunir le système de jeu, y insufflant davantage de rythme et de vitesse.

Afin de prendre les défenses adverses de vitesse, il fallait par contre ouvrir le verrou défensif. Le résultat fut spectaculaire, mais pas dans le bon sens du terme. Entre 2011 et 2017, Los Angeles se classait 2e de la ligue pour les tirs accordés, et 3e pour les buts anticipés contre. Cette saison, les Kings pointaient au 30e rang pour les tirs accordés, 17e pour les buts anticipés. Si on a un peu resserré les barbelés autour de la cage de Jonathan Quick en fin de saison, le gardien des Kings n'avait jamais eu à subir un tel barrage. Drew Doughty a pourtant signé une excellente saison, et mérité peut-être de remporter le Norris, et les Jake Muzzin et Alec Martinez n'ont pas oublié comment défendre, c'est simplement que le coach leur demandait de jouer autrement. Un exemple de l'impact massif des entraîneurs sur la performance des équipes. Au total, L.A est tombé dans le ventre mou de la ligue pour la possession à 50% tout rond, après des années de domination, et au 23e rang pour les buts anticipés, dans le négatif à 48%.

Face à ce déluge, l'histoire de la saison des Kings s'est écrite dans les buts. Jonathan Quick y a dépassé pour la deuxième fois de sa carrière les 92% d'arrêts (92,1), bien au-delà de sa moyenne historique de 91,6%. Le portier a littéralement porté son équipe sur son dos toute la saison, très bien secondé par Darcy Kuemper, le duo de gardiens signant le 4e taux d'arrêts de la ligue à 5 contre 5. Los Angeles a engrangé les points en début de calendrier lorsque le cerbère était en feu. Le matelas accumulé d'octobre à décembre s'est effrité par la suite, au même rythme que la réussite de Quick, mais les dégringolades des Oilers, Flames, Stars, Blues and co ont permis à L.A. de survivre jusqu'au bout. L'impact de Quick s'est aussi vu en infériorité numérique, où Los Angeles passait du 16e total de buts anticipés accordés au 1er rang pour les buts encaissés.

Devant, le style de jeu en contre-attaque a redonné vie à Anze Kopitar, auteur de 92 points et d'une saison dominante. Le pointeur suivant des Kings, Dustin Brown, affiche seulement 61 points ! Brown porté par Kopitar justement toute la saison. Tyler Toffoli et Tanner Pearson ont à peine dépassé les 40 points. Le rookie Adrian Kempe a inscrit 16 buts et 37 points. Il est clair que la profondeur a souffert de l'absence de Jeff Carter, auteur de 22 points en 27 matchs à son retour. Soulignons enfin les bons débuts d'Alex Iafallo, mais bien porté, lui aussi, par Kopitar.

L'odeur des playoffs a cependant donné des idées à Rob Blake, qui transigea avec Ottawa en fin de saison pour se débarrasser du contrat de Marian Gaborik en échange de celui de Dion Phaneuf, souhaitant colmater les brèches en défense, et de Nate Thompson pour la 4e ligne. Malheureusement, si Phaneuf décocha quelques boulets de canon pour son arrivée, c'est avec lui que Los Angeles a, par la suite, accordé le plus de chances à l'adversaire...

Le premier tour face à Vegas constitua un chemin de croix pour Quick, qui signa l'une des meilleures performances de l'histoire pour un gardien perdant. Si le score des quatre rencontres demeura serré, c'est uniquement grâce au portier noir et argent. Les Kings subirent le jeu avec seulement 47% des tirs et 41,5% des buts anticipés... Au final, la vitesse des Golden Knights n'a fait qu'une bouchée du physique des Kings. Ce constat peut sembler problématique car le cœur de l'équipe a dépassé les 30 ans et est signé à long terme. Brown, Kopitar, Carter, Lewis, Thompson, le nouveau venu Kovalchuk, Phaneuf, Martinez sont tous trentenaires. Doughty a 28 ans, Muzzin 29. Pour les Kings c'est maintenant ou jamais, mais la saison dernière n'indique rien de vraiment bon pour eux. Le style a évolué mais les atouts sont peut-être passés de date.

 

Philadelphia Flyers (13e)

Les Flyers de Philadelphie ne savaient pas trop quoi attendre de cette saison 2017-18. Les vedettes Claude Giroux et Jakub Voracek sortaient de saisons plus que moyennes et le capitaine traînait des blessures récurrentes. Une bande de jeunes pointaient à l'horizon mais il était difficile de prédire quand ceux-ci seraient prêts à avoir un impact dans la grande ligue.

Au final, tout aura plutôt bien fonctionné pour les orange. La première bonne nouvelle fut que Claude Giroux était pleinement remis de ses pépins physiques, en route vers la meilleure saison de sa carrière avec 102 points, au deuxième rang de la ligue. Giroux aurait même pu passer proche du trophée Hart si la saison n'avait pas été riche en joueurs ayant porté leur équipe sur leurs épaules (Hall, Kopitar, MacKinnon...). Giroux a sans doute payé là le fait de jouer avec un Sean Couturier en pleine explosion. Fini les seconds rôles dans l'ombre, placé au centre de la première ligne, poussant Giroux sur l'aile, Couturier a prouvé qu'il avait largement les épaules pour être un centre numéro un. Engrangeant 76 points, près du double de son record précédent, et se montrant dominant dans les deux sens de la glace, il a figuré parmi les trois finalistes du trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif. Un trophée pour lequel la réputation joue beaucoup. Couturier intègre ainsi le club des Patrice Bergeron ou Anze Kopitar.

Avec Giroux et Couturier sur la glace, Philadelphie affichait un taux de possession un peu supérieur à 53%, le meilleur de l'équipe. Sans eux, ce chiffre chutait dans le négatif à 48%. Pour les buts anticipés, c'était 55% avec eux, et 48% sans eux... Il faut ajouter plus de 36 points inscrits par Giroux en supériorité numérique en compagnie de Voracek (35 points), Shayne Gostisbehere (33), Wayne Simmonds (17) et 14 points pour Couturier. Cette première unité est celle qui produisait le plus de buts anticipés dans la ligue après la première vague des Maple Leafs de Toronto.

De vrais moteurs que l'équipe a eu du mal à suivre. Jakub Voracek a certes mis 85 points, un record en carrière, mais peut remercier le powerplay comme nous venons de le mentionner. À 5 contre 5, il a beaucoup joué avec le numéro deux de la draft 2017, Nolan Patrick. Émergeant à 50% de possession et 52% de buts anticipés, le second trio s'en est bien tiré mais essentiellement grâce à ses prouesses offensives car, défensivement, Patrick est celui avec lequel les Flyers accordaient le plus de tirs à l'adversaire. La jeunesse en apprentissage en somme. Un autre bon exemple fut Travis Konecny. Celui-ci a réussi à suivre le rythme sur le trio de Giroux-Couturier, mettant 47 points au final. Mais, sans eux, Konecny voyait ses indicateurs de possession chuter de 53% à 44% ! Un gouffre qui illustre une nouvelle fois le manque de support.

Car le problème se trouvait dans la suite du banc. Wayne Simmonds a bien ralenti comme l'illustre sa saison de 46 points. Mais surtout les Jori Lehterä, Valtteri Filppula, Dale Weise and co ont coulé dans le jeu. Cela n'a pas empêché l'entraîneur Dave Hakstol de leur conserver sa confiance, au plus grand dam des fans. Et c'était la même histoire en défense. Ivan Provorov a été au four et au moulin, surtout après avoir enfin été réuni avec Shayne Gostisbehere (et débarrassé d'Andrew MacDonald). Radko Gudas a été efficace défensivement mais son comportement dangereux a encore fait les manchettes. Travis Sanheim, 22 ans, a réalisé 49 matchs prometteurs dans le jeu : 53% de possession, 54% de buts anticipés, les meilleures stats de la défense. Mais Andrew MacDonald a encore sombré et Robert Hagg est le seul jeune à avoir déçu. Certes, il joua aux côtés de MacDonald, mais son jeu loin du vétéran ne s'améliorait pas pour autant.

Au total, la puissance collective de la moitié supérieure de l'équipe a fait des Flyers une équipe pouvant tout de même légitimement prétendre aux séries. Le coach Dave Hakstol avait mis l'emphase sur la défense et les Flyers se sont classés dans le top-10 de la ligue pour les tirs et les buts anticipés accordés. Dans une division Métropolitaine pleine d'équipes en sur-régime, les Flyers étaient l'élément stable capable de survivre, ce qu'ils ont fait. Même la pénible série de 10 défaites consécutives fin novembre (dont 5 en prolongation), n'a pas empêché les coéquipiers de Giroux de retrouver les séries. Les performances à 5 contre 5 de Brian Elliott y sont aussi pour quelque chose (92,5% d'arrêts), bien épaulé par Michal Neuvirth (93,4% d'arrêts). Mais curieusement, les deux s'effondraient complètement en infériorité numérique où Philadelphie était 29e de la ligue.

En séries, les Flyers ont bien tenté d'emballer les débats face au grand rival Pittsburgh, et Couturier a été monstrueux avec 9 points en 6 matchs. Mais les Penguins ont largement dominé leur sujet avec 55% de possession et de buts anticipés, pour clore le sujet en 6 matchs. Les Flyers n'ont pas pour autant fait la fine bouche, heureux de retrouver leurs stars, de voir éclore les jeunes, en attendant la suite de la relève.

 

Columbus Blue Jackets (14e)

Après la défaite face à Pittsburgh en playoffs 2017, le staff estimait qu'il manquait un "tueur" devant. Jarmo Kekäläinen y a remédié au cours de l'été en faisant l'acquisition d'Artemi Panarin, 26 ans, dans un énième échange avec Chicago. On se demandait si le Russe produirait sans Patrick Kane. La réponse : oui. Avec 27 buts et 82 pts, Panarin a porté les Blue Jackets. Le 2e meilleur attaquant de l'équipe le suivait avec seulement 48 pts - le rookie Pierre-Luc Dubois. Ce déséquilibre s'est traduit par une maigre 17e place au classement des attaques (2,88 buts par match). Un manque de finition surtout, car l'équipe termine 8e en possession à 5 contre 5 et 5e avec 33,7 tirs par match. Disposer du 25e jeu de puissance n'a pas aidé, un an après avoir eu le meilleur, ce qui témoigne de la volatilité de l'exercice...

Le problème de l'attaque a pesé une bonne partie de l'année, puisque Columbus était 29e après 54 matchs, avant de mieux finir. Cela n'a pas aidé face à Washington, même après avoir gagné les deux premiers matchs et poussé la plupart des rencontres en overtime grâce aux exploits du seul Panarin.

"The Bread Man" donc, et derrière lui, le désert. Pierre-Luc Dubois, 19 ans, a débuté en douceur avant de monter en puissance au fil des mois et de trouver un certain confort au centre (20 buts, 48 pts). Une bonne performance, lui qui ne comptait que 4 pts en 20 matchs, avant donc d'en marquer 44 dans les 62 derniers. Kekäläinen avait bien raison de le choisir à la place de Puljujärvi... Cam Atkinson termine 2e buteur (24 buts, 46 pts) avec de belles qualités défensives, et le tout en 65 matchs seulement, signant 33 pts dans les 33 derniers matchs, avec son record en tirs par match. Josh Anderson (19 buts, 30 pts) obtient un record de carrière, et le jeune Danois Oliver Björkstrand a lui aussi progressé (40 pts et seulement 6,7% aux tirs), mais on attendait mieux d'Alexander Wennberg, qui n'a pas confirmé sa glorieuse saison 2016-2017 (8 buts et 35 pts en 66 matchs contre 59 pts l'an dernier). Handicapé par des blessures, il n'a pas porté le jeu de puissance. Pas mieux pour le capitaine Nick Foligno (15 buts, 33 pts) ou l'ailier fort Boone Jenner (13 buts, 32 pts, dont 19 sur les 28 derniers matchs). Matt Calvert, loin de sa saison à 30 buts, n'en a mis que 9, et Brandon Dubinsky 6, étant même un temps renvoyé chez lui pour "des problèmes personnels". L'acquisition de Thomas Vanek en fin de saison aura bien aidé (15 pts en 19 matchs) et contribué au regain offensif du sprint final.

En somme, Columbus n'avait guère d'attaque derrière sa première ligne. Comment expliquer la qualification ? Par la défense, bien sûr ! Avec 2,76 buts encaissés par match, les Blue Jackets se classent 10e, grâce à un duo exceptionnel. Seth Jones, 2e pointeur de l'équipe (16 buts, 57 pts) a fermé la porte une bonne partie de l'année, et son entente avec Zach Werenski (16 buts, 37 pts) est parfaite. Jones a frôlé les 25 minutes par match et Werenski les 23, en dépit d'un souci à l'épaule... Les deux autres paires ont reçu des miettes, avec la révélation Markus Nutivaara aux côtés du vétéran David Savard. Jack Johnson, poussif en 3e paire, n'a pas été retenu au 1er juillet et a rejoint Pittsburgh. Il faut dire que bien peu de joueurs ont de pires statistiques de possession que lui ces dernières années... À l'inverse, l'acquisition de Ian Cole à la deadline a fait un bien fou, notamment en infériorité, aidant à remonter un peu l'effroyable jeu en infériorité (27e au final). Les équipes spéciales auront donc fait très mal aux Blue Jackets cette saison.

Bien évidemment, disposer d'un dernier rempart infranchissable explique aussi beaucoup de choses. Sergei Bobrovsky a (encore) tenu son équipe à bout de bras. 37 succès, 92,1% d'arrêts et 2,42 buts encaissés en 65 matchs, et surtout un nombre de buts "sauvés" au-delà de la normale (93,5% à 5 contre 5). Son remplaçant Joonas Korpisalo fut loin d'être aussi solide (89,8%). Malgré tout, le Russe, multiple vainqueur du Vezina, n'a pas convaincu du tout en playoffs (90% d'arrêts), et ses prestations ont agacé les supporters. Il sera en fin de contrat en juillet 2019 et, à 30 ans, l'avenir du poste de gardien se pose.

L'intersaison s'annonce ainsi très tendue. Les déclarations maladroites de Jack Johnson à son départ ont mis le feu aux poudres, mais c'est surtout le "cas" Panarin qui inquiète. Devenu de facto le franchise player de l'équipe, Panarin sera en fin de contrat en juillet 2019 et peut déjà recevoir un nouveau contrat. Mais les négociations traînent, le Russe hésite à rester à long terme dans l'Ohio, doutant que l'équipe puisse aller loin en playoffs - la franchise n'a jamais passé le 1er tour. Les Blue Jackets vont-ils parier sur lui ou l'échanger avant qu'il ne soit trop tard ? Ce sera le feuilleton des prochaines semaines...

 

New Jersey Devils (15e)

Outre Colorado, l'équipe que l'on attendait le moins en playoffs, c'est New Jersey. Les Devils ont touché leur première phase finale depuis la défaite en coupe Stanley face à Los Angeles en 2012, séduisant les observateurs par leur vitesse, et on pourrait résumer leur saison à un seul nom : Taylor Hall.

L'ancien Oiler d'Edmonton a explosé cette année et porté à lui tout seul son équipe vers la qualification. C'est peu dire que Hall, 26 ans, a mérité son trophée Hart de MVP de la saison. Il a reçu 72 premières places (1264 pts) contre 60 à MacKinnon (1194). Les deux hommes ont vraiment porté leurs équipes... Hall signe deux records de carrière à 39 buts et 93 pts, dont une ébouriffante série de 26 matchs consécutifs avec un point entre le 2 janvier et le 8 mars. Il semblait qu'il était alors le seul joueur de son équipe capable de finir les actions...

Hall a eu bien du mérite, car il a passé l'essentiel de l'année aux côtés de deux rookies. On s'attendait à ce que Nico Hischier, le numéro 1 de la dernière draft, fasse l'équipe, mais de là à le voir au centre de la première ligne, face aux meilleurs trios adverses, et signer quand même 20 buts et 52 pts à 18 ans... Oui, c'est 41 de moins que Hall (!) mais le jeune Suisse a séduit par sa maturité, son travail défensif et sa progression. Troisième larron, le Suédois Jesper Bratt, sorti de nulle part. Drafté au 6e tour en 2016, il devait retourner en junior majeur chez les London Knights mais a démarré l'année en feu et est finalement resté toute la saison (35 pts, dont 12 sur les 13 premiers matchs). Bratt a cependant peiné au fil de l'année et connu quelques matchs en tribunes en fin de saison, remplacé par Kyle Palmieri. Joueur emblématique (24 buts, 44 pts en 62 matchs), Palmieri reste très régulier, combatif et précieux en jeu de puissance. Il a malheureusement manqué 20 matchs pour un pied cassé.

Le banc, quel banc ? New Jersey avait Taylor Hall, c'était bien suffisant... Il a malgré tout bénéficié de relais : les autres joueurs ont eu chacun leur temps fort. Brian Gibbons a débuté avec une réussite insolente avant de se blesser et de ne plus faire grand chose à son retour (12 buts). Puis, Brian Boyle a pris le relais, marquant but sur but et remplaçant Hall au All-Star Game (13 buts), dans une saison remplie d'émotion. Diagnostiqué d'une forme de cancer au camp d'entraînement, son retour émotionnel et ses performances lui ont valu le trophée Masterton. Une fois éteint, Boyle a passé le témoin au trio Coleman-Zajac-Noesen. Zajac, invisible pendant des semaines à son retour de blessure, est peu à peu monté en pression (12 buts, 26 pts) au centre des deux Texans. Le rookie Coleman a fini en feu (13 buts, 25 pts) avec un jeu défensif de haute qualité, et obtient aussi le bronze à Copenhague. Noesen a montré par flashs de belles qualités également (13 buts, 27 pts), et des statistiques de possession positives. On ajoutera l'ailier fort et rapide Miles Wood (19 buts, 32 pts), dynamite sur pattes. Seul Boston a marqué plus de points par ses rookies, et, avec 10 joueurs au delà des dix buts, les Devils ont donc trouvé une contribution du banc qui avait disparu depuis des années. Dommage que Marcus Johansson n'ait pu jouer que 29 matchs (14 pts) pour cause de commotion, victime d'un énième mauvais geste de Brad Marchand...

Ray Shero a donc réussi son pari de refonder les lignes d'attaque, même si cela reste modeste (15e attaque, 10e jeu de puissance, 21e en possession à 5 contre 5). Ainsi, seuls Hall, Wood et Noesen finissent avec un Corsi positif... Shero est devenu acheteur à la date limite des échanges, ce que personne n'attendait. Patrick Maroon aura apporté un peu en supériorité, alors que Michael Grabner n'a rien donné, et passé l'essentiel des playoffs en tribunes.

Restait à refonder une défense passoire... et sur ce plan, le bilan est plus mitigé. Au rayon des satisfactions, Will Butcher, signé en agent libre depuis l'université de Denver, termine 4e compteur de l'équipe avec 5 buts et 44 points, ne manquant qu'un seul match. Certes, il a bénéficié d'un rôle protégé, mais on a vite senti la précision de son jeu notamment en supériorité (23 pts). L'acquisition de Sami Vatanen contre le favori du public Adam Henrique a elle aussi beaucoup apporté. Le Finlandais a fini en première paire dans des rôles difficiles et compte 28 pts en 57 matchs. En revanche, Andy Greene a affiché ses 35 ans et peiné en possession (45%), ce qui n'a pas aidé son jeune partenaire Steven Santini, finalement renvoyé en AHL. Damon Severson a connu une saison décevante, lui qui venait de recevoir un gros contrat de 5 ans. Il a même connu quelques matchs en tribunes, mais marque tout de même 9 buts et 24 pts. John Moore n'a pas fait mieux (7 buts, dont plusieurs en prolongation) et quitte le club pour Boston au 1er juillet. Ben Lovejoy a débuté en tribunes avant de reconquérir sa place, avec une saison bien meilleure que la précédente - avec un temps de jeu réduit, et, plus étonnant, 51,9% de possession. Mirco Mueller fut également satisfaisant dans un rôle limité, ralenti par une blessure. Point positif, les Devils finissent avec le 8e jeu en infériorité de la ligue - même si cet atout a disparu face au Lightning en playoffs.

New Jersey n'a pas pu vraiment compter sur ses gardiens. Cory Schneider fut très loin de son meilleur niveau. Limité à 40 matchs par des pépins physiques, le portier de 32 ans est-il déjà sur le déclin ? Avec seulement 90,7% d'arrêts et 2.93 buts encaissés, il a perdu sa place dans le sprint final au profit de Keith Kinkaid. L'éternel remplaçant de 29 ans bénéficiait d'une baraka spectaculaire dans les quinze derniers matchs, et termine sa saison avec 26 victoires en 41 matchs, 91,3% d'arrêts et 2,77 buts encaissés, avant de remporter le bronze au Mondial. Kinkaid aura su faire les arrêts importants : 89,1% jusqu'en février, mais 93,2% dans les vingt derniers matchs, derrière une défense friable. New Jersey passe donc en playoffs avec le 25e pourcentage d'arrêts à 5 contre 5... et un final de feu : 10-2-1 face à des cadors de la ligue, et la plupart sur la route s'il vous plaît.

La reconstruction est-elle finie ? Le chemin est encore long. Laminés, comme prévu, par Tampa Bay au premier tour (4-1), les Devils vont devoir consolider ces acquis dans une division Métropolitaine relevée. Ray Shero ne dévie en revanche pas de son chemin. Au 1er juillet, il a laissé partir Moore, Maroon, Grabner, Hayes, Stafford et Gibbons sans recruter personne. Les trous seront bouchés en interne : progression de Pavel Zacha, et possiblement Michael McLeod, Joey Anderson, Jesper Boqvist ou encore Blake Speers... Le groupe de prospects va bien, merci.

 

Colorado Avalanche (16e)

Étudier les équipes qualifiées de justesse pour les séries revient à revenir sur une série de coups de dés, de coups du sort qui ont fait qu'au bout de 82 matchs, au moins 4920 minutes de hockey, la différence entre hockey et golf au mois d'avril tient à un point ou deux, et une poignée de buts. Qualifié en battant St Louis lors de la dernière journée, Colorado est définitivement l'invité surprise de cette année. N'y allons pas par quatre chemins, l'Avalanche a reçu cette saison une bonne dose de karma positif après des années de misère.

Le symbole de cela est peut-être l'échange de Matt Duchene. Après plus d'un an d'attente, l'Avalanche a enfin obtenu le retour souhaité pour son joueur dans une affaire à trois avec Ottawa et Nashville. Arrivé en provenance des Predators, Samuel Girard a déjà convaincu en défense par son dynamisme digne minimum d'un top-4. Colorado a ainsi fait le plein d'espoirs et de choix alors que les Sens ont été pour le moins généreux, lâchant notamment leur premier choix 2018 ou 2019. Même à l'époque, il était raisonnable de penser que ce premier choix allait éventuellement valoir très cher tant il était aisé de voir Ottawa plonger au classement. Surtout que les Sénateurs ont finalement choisi de donner le choix 2019, gardant le 4e pick de la draft 2018. Au vu de leur effectif, Colorado se frotte déjà les mains à l'idée de recevoir un très très haut choix de draft en juin 2019... C'était pour la parenthèse managériale. Joe Sakic, longtemps critiqué - y compris dans ces pages - pour son inaction, a eu ce qu'il voulait, renforçant la re-reconstruction du club et libérant le vestiaire d'un poids.

Qui saura dire si le départ de Duchene a réellement joué un poids psychologique ? Mais c'est à ce moment là que Nathan MacKinnon a décollé pour signer la meilleure saison de sa carrière (97 points en 74 matchs), à portée du trophée Hart de meilleur joueur de la ligue. Dans le jeu, MacKinnon, son ailier Mikko Rantanen (84 points) et Sven Andrigettho étaient les seuls attaquants avec lesquels Colorado dépassait les 50% de possession cette saison. La liste semble courte ? Oui car Colorado a encore été outrageusement dominé sur la glace.

Les Avs se sont classés 23e de la ligue pour la possession à 48,4% et surtout 29e pour les buts anticipés à 46,3%. Seuls Ottawa et Vancouver ont fait pire... Et surtout, cela est très similaire à la saison précédente, alors que Colorado était 28e pour la possession et 30e pour les buts anticipés... Dans le jeu à 5 contre 5, rien n'a changé. Comment donc expliquer alors le passage des bas-fonds du classement aux playoffs ?

Deux analystes ont déjà tenté de mesurer l'impact de la réussite/chance sur le classement en NHL. L'un a conclu que 38% du classement est dû à celle-ci. L'autre étude a conclu à... 37,6%. Si Colorado a tactiquement davantage joué le contre cette année, et s'est laissé porté par le trio de MacKinnon, la seule réelle différence au bout du compte avec l'an passé est le passage du pire PDO de la ligue en 2016-17 (97,1) au 5e cette saison à 101,5 ! Les gardiens ont notamment signé le 3e meilleur taux d'arrêts de la ligue à 5 contre 5, position qui était un trou noir auparavant. Deuxièmement, les unités spéciales ont tourné à plein régime. Le powerplay a rentré 22% de ses opportunités, au 8e rang de la ligue malgré le 30e total de buts anticipés... (merci MacKinnon). Et le penalty kill fut le 4e plus efficace de la ligue, de manière méritée cette fois.

Au premier tour des séries, les Avs ont donné le change face à Nashville sans que personne n'y croie vraiment. Encore une fois, seul le trio de MacKinnon semblait pouvoir apporter des solutions. Un petit tour et puis s'en va.

Sur le plan individuel, Gabriel Landeskog a retrouvé des couleurs (62 points et des indicateurs de jeu juste derrière ceux de McKinnon). Alexander Kerfoot a connu une première campagne intéressante avec 19 buts et 43 points. Autre jeune, Tyson Jost a été limité à 22 points mais, dans l'ensemble, tous ceux qui ne jouaient pas avec MacKinnon ont souffert. Tyson Barrie a bénéficié du power play pour inscrire 57 points (30 en supériorité), Eric Johnson a été plutôt solide et il faut souligner le bon travail en profondeur de Mark Barberio. Dans les cages, Semyon Varlamov a retrouvé des couleurs et signé sa meilleure saison depuis la période 2013-15, bien épaulé par Jonathan Bernier.

Colorado a donc caressé sa patte de lapin toute la saison, au point de propulser l'entraîneur Jared Bednar parmi les finalistes du trophée Jack "PDO" Adams (no comment). Mais si les choses continuent comme cela, sans un minimum de réussite, il faut s'attendre à des déceptions dans les montagnes Rocheuses.

 

Florida Panthers (17e)

Avons-nous besoin de revenir sur la saison 2016-17 des Panthers pour comprendre la campagne 2017-18 ? Non hein ? Et bien si, absolument... Car l'analyse de la saison passée doit se faire à la lumière des possibilités au départ de celle-ci.

Faisons vite. Été 2016, Florida met au placard Dale Tallon et nomme Tim Rowe Directeur Général. Celui-ci apporte des idées novatrices, notamment la volonté de largement utiliser les statistiques pour le dépistage des joueurs et le repêchage. Gerard Gallant, homme de Tallon, reste en poste quelques mois avant d'être finalement limogé en plein road trip. En général, le management du personnel de Rowe a posé question dans un milieu très fraternel. Nombreux préposés au matériel, à la préparation et adjoints ont été remplacés sans ménagement. La légende urbaine a été de voir à leur place des "computer boys", extérieurs au milieu du hockey. Rowe assura lui-même l'intérim derrière le banc, certainement une autre erreur médiatique. Florida était certes hors de la course aux séries début 2017, mais il faut prendre en compte une saison durant laquelle Jonathan Huberdeau n'a joué que 31 matchs, Barkov 61, Bjugstad 54, Ekblad a subi des commotions et surtout l'équipe affichait un horrible PDO de 98,8, le 25e de la ligue... Les propriétaires n'auront pas attendu bien longtemps et Rowe fut mis à son tour au placard et Tallon remis en place. Un an après ces évènements, l'analyse communément admise dans la ligue est que Florida n'avait pas le luxe ni la culture de la patience, là où Toronto par exemple a pris le temps de changer son fonctionnement de fond en comble jusqu'à nommer Kyle Dubas DG.

S'il est encore nécessaire de revenir en arrière, c'est enfin pour comparer les mouvements des deux DG. Rowe s'est débarrassé de Dmitri Kulikov pour le sous-estimé Mark Pysyk, a refilé le contrat de Dave Bolland à l'Arizona, signé James Reimer (5 ans à 3,4M$) pour épauler Roberto Luongo, obtenu Jason Demers (5 ans à 4,5M$) et un certain Jonathan Marchessault sur le marché des agents libres. Il a surtout signé une floppée de contrats avantageux pour la franchise : Aaron Ekblad (8 ans à 7,5M$), Keith Yandle (7 ans à 6,3M$), Vincent Trochek (6 ans à 4,75M$), Reilly Smith (5 ans à 5M$), Jonathan Huberdeau (6 ans à 5,9M$). Sans oublier le repêchage de Henrik Borgström en fin de première ronde (23e rang), aujourd'hui considéré comme l'un des 5 meilleurs espoirs hors NHL. Jamais de mémoire on avait vu un DG solidifier l'avenir d'une franchise de la sorte en un seul été. Le mécontentement en interne et des performances sportives décevantes du fait des blessures et d'un PDO exécrable auront donc eu le dessus sur le processus à long terme.

Revenons donc au présent (sic) et à la saison dernière. Dale Tallon héritait d'une équipe cimentée pour longtemps, avec des forces à tous les postes et un cap salarial très avantageux. Son retour en poste allait pourtant être symbolisé par un coup de balai digne des pires alternances politiques. La première échéance était le repêchage d'expansion de Las Vegas. Tallon choisit alors de protéger les défenseurs de profondeur Alex Petrovic et Mark Pysyk plutôt que Jonathan Marchessault, pourtant auteur de 30 buts et 51 points pour le modique salaire de 750 000$ et encore sous contrat un an. Tallon allait de plus offrir Reilly Smith dont le contrat de 5M$ par an lui faisait peur et qui sortait d'une saison décevante de 37 points, lui qui tournait avant autour de 50. Pour s'en délester, Vegas ne paya qu'un choix de 4e ronde. Et Florida perdait deux attaquants de top-6. Jason Demers, pourtant auteur de 28 points fut expédié en Arizona contre Jamie McGinn, un joueur de profondeur. Tallon défaisait tout ce qu'il pouvait des actions de son prédécesseur. Et refaisait l'équipe à son image en signant Michael Matheson pour 8 ans et 4,875M$ par an, un terme énorme pour un défenseur numéro 4-5.

À son actif, Tallon fit par contre revenir Evgeni Dadonov de KHL et sentit qu'il était temps de laisser Jaromir Jagr s'en aller. Enfin, il nomma derrière le banc Bob Boughner, un entraîneur à la réputation conservatrice et qui déclara à l'envie sa réticence envers les stats. Cette opposition médiatique à l'expérience Tim Rowe semblait importante pour Florida et Dale Tallon passa également du temps à mettre en avant l'échec de son prédécesseur. Échec en apparence mais tout relatif comme nous l'avons vu. Et le DG de prononcer cette phrase devenue culte, "les stats ont pris plus de place dans le jeu, nous avons fait des erreurs, mais Dieu merci je suis de retour..."

Qu'advient-il sur la glace ? Bob Boughner tira de son équipe un piètre 19e jeu de possession de la ligue, le 20e pour les buts anticipés, avec une attaque et une défense dans le ventre mou de la ligue dans chaque cas, le 21e jeu de puissance et la 16e infériorité numérique. Et si les Panthers firent une poussée vers les playoffs en fin de saison, c'est uniquement dû à un PDO de 102,8 sur le dernier quart de la saison. Le sprint final les laissa dans le coup jusqu'à la dernière semaine. Malgré cinq victoires de rang pour finir la saison, le retard accumulé était trop important pour être comblé.

Le fond de jeu proposé ne faisait cependant en aucun cas des Panthers un candidat viable aux séries. Devant, Aleksander Barkov engrangea 78 points, dominant le jeu en compagnie de Dadonov (65 points) et Jonathan Huberdeau (69 points). Vincent Trocheck marqua 75 points (dont 27 en power play) dans un rôle très offensif, et Nick Bjugstad amassa 49 points comme passager aux côtés de Barkov. Derrière ? Le vide. L'attaquant suivant, Jamie McGinn, termina avec 29 points. Radim Vrbata, signé durant l'été, ne disputa que 42 matchs pour 14 petits points avant d'annoncer sa retraite. Si seulement les Panthers avaient conservé Marchessault et Smith...

La paire Aaron Ekblad - Keith Yandle a souffert dans le jeu, terminant avec les pires indicateurs de jeu parmi les défenseurs de l'équipe (48% de possession et de buts anticipés). Victimes des stratégies de Boughner ou vrai problème ? Yandle amassa quand même 56 points mais Ekblad commence à inquiéter au fil des années. Son impact sur le jeu n'est plus le même. Les commotions ont-elles laissé trop de traces ? Dans les buts, Roberto Luongo réalisa une superbe saison, avec un taux d'arrêts de 92,9%, le 2e de la ligue derrière Antti Raanta parmi les gardiens ayant joué plus de 35 matchs. James Reimer tint son rôle de back-up à 91,3%, un brin décevant, mais la charge était peut-être lourde avec 44 matchs joués du fait d'une blessure de Luongo en cours de saison.

Au final, pas de séries pour les Panthers malgré un effectif pourtant talentueux mais dirigé de manière peut-être problématique. Il est utile de rappeler une dernière fois que Dale Tallon aura encore la confiance de ses patrons la saison prochaine. Une liberté incommensurablement plus grande que les 9 mois accordés à Tim Rowe et ses idées. Dans une ligue qui va de l'avant, Florida marche à l'envers.

 

Saint-Louis Blues (18e)

Parfois, une saison se joue sur un seul match. C'est le cas du finaliste malheureux, mais c'est aussi le cas des Blues de St. Louis cette saison. L'équipe du Missouri a manqué les playoffs pour la première fois depuis 2011, et la différence entre un succès relatif et un échec cuisant tient à une partie : la 82e et dernière. Le 7 avril, St. Louis se déplaçait à Denver, face à l'Avalanche, avec en jeu la 8e et dernière place de la conférence Ouest. Une déroute 5-2, qui éliminait les joueurs de Mike Yeo, doublés par leur adversaire d'un soir pour un petit point, et achevait une fin de saison brutale.

Tout s'est joué en réalité dans la quinzaine précédent la deadline. Une série de contre-performances poussait le manager général Doug Armstrong à jeter la serviette et à envoyer Paul Stastny à Winnipeg. Un choix curieux, car l'équipe avait largement dominé son sujet au cours des deux premiers mois de la saison et ne semblait vivre qu'une mauvaise passe, avec une attaque en berne. Car ce très bon début s'était fait sans Patrik Berglund, Jay Bouwmeester et Alex Steen, blessés - ce dernier ne manquant finalement que 6 matchs -, et avec le jeune Robby Fabbri out pour la saison. Portés par Vladimir Tarasenko et la révélation Jaden Schwartz, ainsi que par l'excellente acquisition de Brayden Schenn, St. Louis jouait dans la cour des grands, menant même la division Centrale... jusqu'à la blessure de Schwartz mi-décembre, qui faisait dérailler la mécanique. Le bilan de 3-8-1 en février précipitait donc les manœuvres de Doug Armstrong, conscient des limites de son offensive, descendue à 2,1 buts par match. Cette longue agonie s'achevait ainsi avec cette défaite sans contestation au tout dernier match.

Quelle leçon tirer ? L'effectif était bien trop limité au final, et manqua de constance. A commencer par Jake Allen, aussi brillant en début de saison que catastrophique vers la fin, lui qui termine avec l'un des plus mauvais pourcentages d'arrêts des gardiens partants (90,6%). À lui de rebondir, car son remplaçant Carter Hutton ne sera plus là, parti au 1er juillet, capitalisant sur une saison remarquable (93,1%).

La défense a donc du se priver de Jay Bouwmeester, limité à 35 matchs - où il fut laminé en possession - et s'est principalement appuyée sur la première paire Alex Pietrangelo (54 pts) et Colton Parayko (35 pts). On attendait plus que les 6 buts du deuxième cité, mais le premier en a revanche marqué 15, avec une domination évidente dans le jeu. Malgré tout, derrière eux, la situation fut plus délicate pour Joel Edmundson. Robert Bortuzzo a plutôt bien fait dans un rôle limité de défenseur pur, tout comme Carl Gunnarsson et le rookie Vince Dunn, plutôt solide pour ses débuts (24 pts). Il fut même propulsé vers un rôle plus grand dans la dernière ligne droite, pour compenser les blessures de ses équipiers. En somme, la défense a fait le travail, mais pas le gardien...

Et encore moins l'attaque, particulièrement en fin de saison. Seul le premier trio a véritablement produit. Brayden Schenn, acquis de Philadelphie à l'intersaison, a mené l'équipe avec 70 pts, dont 28 buts, avec son habituelle domination en jeu de puissance (19 pts). Il a assuré le rôle de premier centre avec aplomb. Vladimir Tarasenko a fini les actions, un cran en dessous de ses standards (33 buts, 66 pts) et Jaden Schwarz s'est installé parmi les meilleurs joueurs de la ligue, signant 59 pts en seulement 62 matchs, dont 24 buts. Il fut clairement le joueur de l'année côté Blues. Le retour de blessure d'Alex Steen n'a pas autant apporté : le Suédois a souffert défensivement et n'a finalement marqué que 15 buts et 46 pts.

Le gros problème, c'est qu'il n'y avait pas grand monde derrière. Brodziak, Sobotka, Berglund (17 buts, 26 pts), Upshall, Jaskin n'eurent des productions qu'anecdotiques. St. Louis a tourné à une seule ligne, bien insuffisant dans une division Centrale aussi relevée.

La véritable question demeure : quel est le réel niveau des Blues ? Celui des deux premiers mois de l'année, ou celui de la fin de saison ? Tout reposera sur Allen, car Armstrong s'est montré particulièrement agressif sur le marché à l'intersaison : signatures de Tyler Bozak, Patrick Maroon, David Perron, acquisition de Ryan O'Reilly. La profondeur offensive qui a fait tant défaut en 2017-2018 semble avoir été traitée...

 

Dallas Stars (19e)

Les Stars de Dallas font pleinement partie du contingent des déçus de la saison. Les Stars avaient appuyé fort sur l'accélérateur l'été dernier en remportant la course pour Alex Radulov, afin de compléter le premier trio avec Jamie Benn et Tyler Seguin, et en embauchant Martin Hanzal comme 3e centre. Marc Methot fut acquis de Vegas pour donner de la profondeur à la défense, même si ce choix pouvait paraître douteux, et Ben Bishop arriva pour stabiliser la position de gardien, talon d'Achille de l'équipe ces dernières saisons.

Derrière le banc, Ken Hitchcock est venu faire une dernière pige et apporter son génie défensif à une équipe qui pariait auparavant sur un jeu très ouvert, peut-être trop ouvert pour son effectif disponible. Le résultat fut assez édifiant. Dallas termina la saison au 3e rang de la ligue pour les tirs accordés. Seuls Boston et Carolina en accordèrent moins. Et si l'on prend en compte la qualité des chances, Dallas finit 2e pour les buts anticipés contre. En bref, une véritable forteresse, à la Hitchcock, une nouvelle preuve qu'un coach peut faire faire ce qu'il veut à des joueurs.

John Klingberg, durement critiqué auparavant pour son manque de rigueur défensive, a démontré dans ce contexte tout son potentiel. Il a très bien limité l'adversaire dans sa propre zone et surtout prouvé sa capacité à dynamiser l'attaque. Avec Klingberg sur la glace, Dallas s'est créé 2,7 buts anticipés par heure de jeu à 5 contre 5, ce qui place le Suédois dans le top-10 de la ligue, en compagnie des Roman Josi, Kris Letang, Dougie Hamilton, Marc Giordano, Morgan Rielly et Zack Werenski de ce monde. Ses 67 points le placent 3e parmi les défenseurs de la ligue, à un petit point de John Carlson. À ses côté, Esa Lindell, 24 ans, a confirmé tout le bien qu'on pensait de lui. Methot blessé, c'est lui qui a appuyé Klingberg toute la saison, formant la paire la plus efficace, et de loin, de l'équipe.

La situation de l'équipe s'est simplement un peu ternie au pire moment, courant février, alors que la défense s'est mise à accorder davantage de tirs et de chances. Pour quelle raison ? Disons que cela coïncide exactement avec le retour au jeu de Marc Methot... Celui-ci fut finalement rétrogradé dans l'alignement et tenu loin de Klingberg mais la réputation du joueur avait une nouvelle fois joué en défaveur de l'équipe. Comme à Ottawa, c'est avec lui sur la glace que Dallas a accordé le plus de tirs à l'adversaire. Au contraire, Stephen Johns, Dan Hamhuis et Greg Pateryn ont été solides en profondeur.

Dans les cages, Ben Bishop a connu une saison tout juste potable, avec un taux d'arrêts de 91,6%, dans la moyenne de la ligue, mais en dessous de sa moyenne en carrière. Dallas espérait plus et le gardien présentait surtout deux visages, bon à domicile et très friable sur la route.

Mais, au final, l'assise de l'équipe a été largement solidifiée. Heureusement car l'attaque n'a produit tirs et chances qu'à un rythme moyen (18e de la ligue pour les tirs tentés)., Dallas affichait le 12e taux de possession de la ligue à 51,4% et surtout le 2e pourcentage de buts anticipés (53,6%), grâce, donc, aux prouesses de la structure défensive. De quoi largement suffire pour accrocher une place en séries.

Que s'est-il alors passé ? C'est le moment de parler de réussite et de concours de circonstances. Si, sur la saison, Dallas affiche un PDO tout à fait dans la norme à 100,1, le découpage de la saison est complètement déséquilibré. L'occasion de ressortir le graphique dont votre serviteur est le plus fier cette saison...

Durant le mois d'octobre : 14 points pris en 10 matchs avec un PDO de 97, et en mars, seulement 10 points pris en 16 matchs avec un PDO de 97,4... Pas un bilan catastrophique mais pas un rythme permettant d'aller en séries. Deux mois, 24 points en 26 matchs, un quart de saison durant lequel l'équipe a joué avec un boulet au pied. Des points précieux perdus qui ont coûté le printemps aux Stars, échouant à 3 points de la 8e place de la conférence. Entre novembre et février, Dallas a, à l'inverse vu la rondelle pencher complètement de son côté avec un PDO de 101,2, le 8e de la ligue sur cette période. Un surplus de réussite qui n'était, pour le coup, pas forcément nécessaire. Dallas a vécu de croûtons de pain en octobre et mars et s'est offert des restaurants au quotidien entre deux...

Si les gardiens n'ont pas fait de vagues, c'est surtout en termes de pourcentage de tirs que le problème a été latent. Benn (79 points), Seguin (78) et Radulov (72) ont fait la pluie et le beau temps sur la glace, mais, derrière, la chute est brutale. Le pointeur suivant, Mattias Janmark est à seulement 34 points ! Jason Spezza a brusquement disparu de la circulation (26 points), Martin Hanzal a été limité à 10 points en 38 matchs à cause de blessures, Antoine Roussel a lui aussi connu des pépins physiques et moins apporté que la saison précédente. En gros, il manquait une seconde ligne aux Stars et le fond d'alignement a manqué ses chances. Un problème auquel l'équipe va tenter de remédier l'an prochain. Valeri Nichushskin va revenir de KHL. Peut-être qu'Adam Mascherin, re-drafté par Dallas à 20 ans, aura sa chance. Enfin, le 3e choix de la draft 2017, Miro Heiskanen, débarquera en Amérique.

Après la pige de Hitchcock, Dallas mettra sa confiance en un coach rookie, Jim Montgomery. À voir quel visage il souhaitera donner aux Stars alors que Tyler Seguin entre dans sa dernière année de contrat, "à la Tavares". Des Stars qui ont tenté leur chance sur Tavares justement et qui poussent fort sur Erik Karlsson. Vu l'âge de l'équipe, c'est la seule chose à faire.

 

Calgary Flames (20e)

Les Flames de Calgary ont frôlé la qualification en playoffs. Jusqu'au 15 février, l'équipe figurait dans le top-8 de la conférence Ouest... mais a terminé la saison sur une piteuse fiche de 5-12-2. En réalité, les Flames ont évolué en sur-régime toute l'année et se sont finalement éteintes dans la dernière ligne droite. Un an après une courte apparition en playoffs, la franchise de l'Alberta a compté sur un Mike Smith de gala : 92,1% d'arrêts sur les 47 premiers matchs. Mais le vétéran s'est blessé, ses remplaçants n'ont pas pu porter l'équipe de la même manière (91,1% pour David Rittich tout de même). Pire, Smith n'a plus rien arrêté à son retour (88% d'arrêts sur les 8 derniers matchs). Rittich, comme Jon Gillies, ont montré trop d'inconstance, mais pourraient devenir les choix par défaut, car Smith, 36 ans, sera en fin de contrat en 2019.

Ce souci dans les cages a sans doute coûté la saison de Calgary, car le positif est réel. La paire Mark Giordano - Dougie Hamilton fut l'une des plus dominantes de toute la NHL : 58,5% au Corsi. Hamilton a signé 3,29 tirs par match et 17 buts... curieusement sacrifié et envoyé à Carolina à l'intersaison contre Noah Hanifin notamment. Entre les problèmes de masse salariale et l'attitude du joueur jugée trop "intellectuelle" (!), Hamilton laissera un grand vide. TJ Brodie et Travis Hamonic ont peiné à s'entendre et ont souffert dans le jeu, faute de trouver l'alchimie. La troisième paire n'a pas convaincu non plus, le duo composé par Michael Stone et le rookie Brett Kulak ne jouant qu'un rôle limité. Ce dernier, en fin de contrat, a demandé l'arbitrage, et le staff a répondu en le plaçant au ballotage...

L'attaque a un peu le même profil : un top-6 solide, mais pas grand chose derrière. Johnny Gaudreau a battu son record de carrière (84 pts), avec 24 buts, et domine son sujet. Il est le moteur qui mène l'attaque de Calgary, et son entente avec Sean Monahan est précieuse. Gêné par des pépins physiques, ce dernier a tout de même marqué 31 buts et 64 pts, avant de subir pas moins de quatre opérations (hanches, poignet) à la fin de la saison... À leurs côtés, Michael Ferland a apporté le jeu physique et compté 21 buts et 41 pts, avant d'être expédié à Carolina avec Hamilton. Elias Lindholm fait le voyage dans le sens inverse et sera sans doute installé sur cette première ligne en 2018-19.

Derrière cette première ligne dominante, Matthew Tkachuk (24 buts, 49 pts en 68 matchs) s'installe comme un buteur précieux, au style agressif. Mikael Backlund, centre intelligent défensivement, signe 45 pts. Et c'est tout : l'ancien top-3 de draft Sam Bennett stagne (26 pts), l'ancien top-10 Curtis Lazar, acquis d'Ottawa contre un 2e tour et protégé lors de la draft d'expansion, n'a pour sa part marqué que... 2 buts ! Finalement, seul Mark Jankowski et ses 17 buts ont réellement servi, le rookie restant dans l'histoire comme le dernier buteur d'une passe de Jaromir Jagr en NHL. Le vétéran tchèque a tenté un dernier rodéo au Saddledome, pour 1 but, 7 pts en 22 matchs parsemés de blessures diverses avant un retour au pays. On y ajoutera le déclin sensible de Troy Brouwer et la blessure de Kris Versteeg, enfin, qui aura fait très mal à la profondeur de banc.

Un changement de "culture" semblait nécessaire : Glen Gulutzan subissait des critiques de plus en plus ouvertes, entre coups de gueule à l'entraînement et choix incompréhensibles. Le jeu de puissance, notamment, n'a marqué que 16,6% de ses occasions, ce qui intrigue compte tenu du talent de la première ligne.

Le staff a jeté son dévolu sur Bill Peters. L'ex-coach de Carolina a la réputation d'un entraîneur rigoureux, développant un jeu de possession dominant, mais les prestations défensives comme la finition des Hurricanes n'ont jamais rien donné. Il disposera cette fois de talents largement supérieurs en attaque comme en défense. À voir si Smith tiendra le fort dans les cages...

 

Carolina Hurricanes (21e)

Les années se suivent et se ressemblent comme deux gouttes d'eau pour les Hurricanes de la Caroline. Équipe joker avant la saison, petit péché mignon des amateurs de stats, les Canes ont tout fait pour réussir mais ont tout de même retrouvé les terrains de golf dès la mi-avril... Depuis l'arrivée en poste de l'entraîneur Bill Peters, Carolina propose l'un des meilleurs jeux de possession de la ligue, une domination sur la glace et des efforts anéantis par une réussite anémique en attaque et des gardiens à la rue... Sur les quatre saisons sous la direction de Peters, Carolina se classe 5e pour la possession (derrière LA, Boston, Nashville et Tampa, excusez du peu) mais bonne dernière au PDO (somme du pourcentage d'efficacités aux tirs et du pourcentage d'arrêts) avec 97,9... Sachant que l'avant-dernier Buffalo est à 99.

La solution semblait pourtant avoir été trouvée l'été dernier. Le talent grandissant à l'attaque pouvait résoudre une partie de l'efficacité manquante et surtout, les Canes ont mis la main sur Scott Darling, le "gardien remplaçant pouvant devenir un numéro un" le plus en vue sur le marché. Auteur d'une excellente saison à Chicago derrière Corey Crawford, tous les espoirs étaient permis. Peine perdue, Darling n'a jamais trouvé son rythme en Caroline. Son pourcentage de 91,5% en 2015-16 et 92,4% en 2016-17 a dégringolé à 88,8% cette saison, le pire parmi les 32 gardiens ayant joué au moins 40 matchs. Quant à Cam Ward qui devait l'épauler dans sa tâche, il se classe au 29e rang sur ces 32 cerbères avec 90,6%. Pour représenter l'ampleur du fardeau que les gardiens ont encore représenté pour les Canes, s'ils avaient offert un taux d'arrêt même aux alentours de la moyenne de la ligue (90,5%), rien de plus, Carolina aurait encaissé 28 buts de moins dans la saison. 28 ! Sachant que leur différentiel au final était de... -28. De quoi mettre un pied dans la porte des playoffs.

Le reste était en effet plus que jamais prometteur. Second meilleur Corsi de la ligue avec 53,5% des tirs tentés, Carolina a obtenu à 5 contre 5 52,7% des buts anticipés (5e de la ligue) pour seulement 46,1% des buts marqués en réalité (25e rang)... Dans le détail, seul Boston accordait moins de tirs en défense, même si la qualité des chances accordées par Carolina laissait parfois à désirer. Offensivement, seuls Calgary et Chicago ont décoché plus de tirs. Là aussi il y avait souvent un problème de qualité des chances, les Canes shootant beaucoup en périphérie, mais le barrage imposé aux adversaires aurait dû suffire.

Le doigt a été pointé vers Bill Peters mais également vers des joueurs pas assez enclins à vouloir se risquer près des filets adverses. Combien de fois a-t-on vu Carolina tourner autour des défenses adverses pour finir par lancer dans le plastron du gardien ? Un jeu trop léché, trop idéaliste, pas assez réaliste et hargneux. Car à trop posséder le palet, une équipe s'expose à des défenses adverses repliées et compactes, difficile à percer. C'est le revers de la médaille du hockey moderne. À trop vouloir bien jouer, on se retrouve dans une impasse. Et justement, l'effectif était composé de très bons joueurs de système mais manquait de finisseurs de haut talent.

La défense est une machine à porter la rondelle et les attaquants sont des mangeurs de puck, mais pas assez des gâchettes capables de forcer ces défenses en mode château fort. Sebastian Aho, Teuvo Teräväinen ont pourtant continué de progresser avec des saisons à 65 et 64 points. Justin Williams a apporté ses 51 points, Jordan Staal, Elias Lindholm et Derek Ryan ont fini autour de 40 points mais seul Aho a dépassé les 25 buts inscrits. Jeff Skinner a connu un manque de réussite au tir résultant en seulement 24 filets inscrits. Au final, si la progression est visible, l'efficacité des Canes se classait encore 28e de la ligue cette saison. Encore et toujours la même rengaine.

Nul besoin de faire le calcul de ce qu'un pourcentage moyen aurait apporté comme buts en plus, vous avez compris le principe. Carolina a encore échoué dans son idéal de jeu, abattu par la réalité des manques de son effectif. Ayant racheté la franchise en fin de saison, Tom Dundon a promis du changement et vite. Exit le DG Ron Francis, qui avait pourtant bâti cet effectif prometteur. Bill Peters a également choisi de quitter le navire. Et le recrutement d'un nouvel entraîneur a pris un temps fou, la plupart des candidats potentiels déclinant l'offre, sans doute inquiets de l'implication massive du néo-propriétaire Dundon, dont le modèle avoué est celui de Mark Cuban, le bouillant propriétaire des Mavericks de Dallas en NBA...

Le plus paradoxal dans cette affaire est que les solutions pointaient leur nez. La saison prochaine, Carolina pourra compter sur le centre Martin Necas, le futur centre numéro un manquant et surtout sur Andrei Svechnikov, numéro deux de la dernière draft et sniper d'élite. Un bon échange a également apporté Dougie Hamilton en défense, l'un des meilleurs dynamiseurs offensifs de la ligue. Si Darling assure le minimum, Carolina pourrait ENFIN réaliser son potentiel.

 

New York Islanders (22e)

Nous serions tentés de dresser le bilan de la saison 2017-18 des Islanders de New York en commençant par la fin. Inutile de revenir sur les détails du feuilleton John Tavares, l'important est que le capitaine est parti, et que le club n'a rien eu en retour. La grande décision du 1er juillet dernier, la signature la plus importante d'un agent libre de cette dernière décennie, vient clôturer une saison où les événements hors glace ont eu autant voire plus d'importance que la performance sportive de l'équipe.

Celle-ci entamait la saison dans une éternelle position d'outsider. En état perpétuel de végétation sous l'ère du DG Garth Snow, les Islanders avait réussi à soutirer Jordan Eberle aux Oilers durant l'été et un certain Mathew Barzal allait faire ses débuts en NHL. Ayant pris les rênes de l'équipe en fin de saison dernière, Doug Weight avait apporté une certaine dose de confiance dans l'effectif, même si les indicateurs de jeu montraient que l'amélioration par rapport à son prédécesseur était minime. Enfin, la question du ménage à deux entre Jaroslav Halak et Thomas Greiss dans les cages demeurait entière, et fort probablement le talon d'Achille de l'équipe.

Sur la glace, les Islanders ont longtemps fait illusion. Illusion car les hommes de Brooklyn furent copieusement dominés dans le jeu. Si l'attaque a produit des tirs et des buts anticipés dans la moyenne de la ligue, la défense s'est classée 29e pour les tirs tentés contre et 30e pour les buts anticipés accordés... La blessure de Calvin de Haan qui rata 50 matchs n'aidait pas. Si l'on ajoute des gardiens sans surprise dans le peloton de queue de la ligue, il a fallu enchaîner les miracles devant pour tenir l'équipe à flot.

Ces miracles sont venus de la palette des Barzal, Lee, Tavares and co. Les attaquants de l'équipe ont connu une réussite aux tirs parmi les meilleures de la ligue, la 4e à 5 contre 5, de quoi compenser pour le manque d'occasions créées. Les Isles se sont ainsi vite fait une image d'équipe "fun", des tireurs en feu et un gruyère derrière... Au final, New York est l'équipe ayant vu le plus de buts à 5 contre 5 avec 176 marqués et 188 encaissés, 364 au total, 17 de plus que la seconde équipe, Ottawa.

Ce dopage offensif a fait que les coéquipiers de Tavares squattaient encore une place en playoffs arrivé l'hiver, lorsque la réussite a fini par disparaître - surtout lorsque Bailey a manqué quelques matchs sur blessure. Jouer au-dessus de ses moyens est quasi toujours annonciateur d'une chute et celle des Isles annoncée s'est confirmée au cours de février, mois durant lequel la fiche de l'équipe fut de 3 victoires, 6 défaites et 2 autres en prolongation. Et le mirage des séries s'est dissipé.

Dommage car la franchise avait signé une victoire importante en remportant l'attribution d'un terrain pour la construction d'une nouvelle arena fin décembre. La fin d'un feuilleton douloureux qui devait constituer un atout de choix pour retenir Tavares à long terme. Mais pour celui-ci, le projet sportif venait avant tout et la désillusion de rater une nouvelle fois les séries allait ajouter à son envie d'ailleurs.

Le capitaine avait pourtant fait honneur au maillot, avec une saison de 84 points. Sans oublier que, comme à son habitude, Tavares a traîné avec lui ses ailiers. Successeurs des Kyle Okposo et Matt Moulson, Anders Lee a inscrit 40 buts aux côtés de Tavares et Josh Bailey 71 points. Élu rookie de l'année, Mathew Barzal a crevé l'écran avec ses 86 points. Il ajoute à cela des indicateurs de possession et de buts anticipés parmi les meilleurs de l'équipe avec son compagnon de trio Eberle, et fait déjà partie de l'élite de la ligue pour les sorties et entrées de zone en possession du palet. Les Islanders tiennent là un joyau. Jordan Eberle inscrit 59 points mais le reste de l'alignement eut du mal à suivre. Les jeunes Beauvillier et Nelson n'ont pas dépassé les 40 points. Joshua Ho-Sang peine toujours à obtenir la confiance du management, au point d'exprimer publiquement sa frustration (12 points en 22 matchs). Le jeu allait un peu trop vite pour les vétérans en défense, Nick Leddy et Johnny Boychuk et les quelques satisfactions sont plutôt venues des jeunes Pulock, Pelech et Mayfield (tous entre 23 et 25 ans).

La suite de l'histoire, on la connaît. Les propriétaires ont fait le ménage dans les bureaux. Exit Garth Snow et Doug Weight, remplacés par les poids lourds Lou Lamoriello et Barry Trotz. Cela n'a pas suffi à retenir Tavares. La draft a été bonne avec quatre choix hauts placés mais le court terme s'annonce sûrement difficile pour les Islanders pour faire le lien entre le désormais leader Matthew Barzal et les prospects de cette cuvée 2018 Wahlstrom, Dobson and co. La défense manque de défenseurs top-4, surtout que De Haan, blessé une bonne partie de l'année, est aussi allé voir ailleurs au 1er juillet. L'autre point d'interrogation vient du niveau réel de Lee ou Bailey sans Tavares... Les modèles précédents Okposo et Moulson se sont plus ou moins écroulés après avoir quitté le club. Cela laisserait un gros problème de profondeur, surtout que Lamoriello a signé depuis plusieurs "plombiers" pour remplir l'alignement, de quoi s'interroger sur le niveau de jeu que pourra proposer le club l'an prochain. La gueule de bois post-Tavares risque de durer un peu.

 

Edmonton Oilers (23e)

On peut aligner le meilleur joueur du monde et tout de même rater sa saison... Dure leçon pour les Oilers d'Edmonton, qui se voyaient déjà soulever la coupe Stanley. Après un retour en playoffs en 2017, ponctué par une qualification au deuxième tour, Edmonton semblait destiné à suivre les traces des Penguins, qui avaient atteint la finale lors de la troisième saison de Sidney Crosby. La plupart des observateurs y voyaient un signe et plaçaient Connor McDavid et ses coéquipiers au sommet. Mais ils ont perdu 25 points au classement et échoué même à se qualifier !

Comment expliquer une chute aussi brutale ? Clairement, ce n'est pas la faute de son capitaine. Connor McDavid est monté en puissance tout au long de l'année et a fini en feu : 41 buts, record de carrière, et 108 pts, meilleur total de la ligue. S'il ne remporte pas le trophée Hart (se qualifier en séries semble une condition sine qua non...), il s'offre le Ted Lindsay, qui récompense le meilleur joueur désigné par ses pairs. À 21 ans à peine, il est la star absolue de la ligue. Il fut cependant seul, trop seul, et les choix douteux du manager général Peter Chiarelli l'ont très mal entouré. Leon Draisaitl fut le seul à pouvoir jouer à son niveau (25 buts, 70 pts), mais l'Allemand n'a produit que sur la ligne première, incapable de former un duo de centres de haut vol. Ryan Nugent-Hopkins a fortement progressé défensivement et marqué 24 buts, record de carrière, et 48 pts en 62 matchs, gêné par des blessures, au point de figurer dans les rumeurs d'échanges, du moins jusqu'à ce qu'il ne passe sur l'aile de McDavid... Chiarelli avait sacrifié Jordan Eberle pour sauver sa masse salariale, et les remplaçants n'ont pas vraiment brillé. Ryan Strome ne compte que 34 pts en 82 matchs... et c'est le 4e compteur de l'équipe ! La profondeur de banc ? Quelle profondeur ?...

Les choix douteux sont légion : Milan Lucic, auteur de 10 buts - 1 seul sur les 46 derniers matchs - et payé 6 millions de dollars jusqu'en 2023 (!), Michael Cammalleri (4 buts)... Il y a un Edmonton avec McDavid et un sans, les statistiques de possession tombant dans les abysses dès que le capitaine n'est plus sur la glace. On passera l'anémique bottom-6, où seuls Drake Caggiula et Jesse Puljujärvi ont vaguement tiré leurs épingles du jeu (20 pts). Ty Rattie a pour sa part finit sur la ligne de McDavid, et signé 9 pts sur les 14 derniers matchs : peut-être a-t-il enfin franchi la marche, lui qui est trop bon pour l'AHL mais pas assez pour la NHL, du moins jusque là.

L'attaque n'a donc rien donné, la faute à une défense catastrophique. Darnell Nurse est sorti du lot (26 pts, +15 et 22 minutes par match) là où Oskar Klefbom a connu une saison brutale, laminé en possession mais il faut le dire handicapé toute la saison par une douleur à l'épaule qui a fini par le contraindre à l'opération. Adam Larsson a joué son rôle de défenseur pur, mais, forcément, sa performance sera sans cesse comparée à celle du joueur contre qui il a été échangé, Taylor Hall, MVP de la ligue cette saison... On passera sur le trophée Calder de Matthew Barzal, drafté avec le choix des Oilers acquis contre un Griffin Reinhart perdu dans la draft d'expansion ! Derrière, Kris Russell continue à diviser les observateurs, et les choix de Todd McLellan ont trop souvent cantonné Yohann Auvitu en tribunes, en dépit d'un apport évident à l'offensive (33 matchs, 9 pts). La blessure d'Andrej Sekera, limité à 36 matchs, n'a bien sûr pas aidé la défense, mais il a coulé à son retour. Au total, le staff aura testé 31 joueurs et 4 gardiens, sans jamais trouver une combinaison valable. Quatre gardiens, car Cam Talbot, après sa brillante saison passée, a signé l'une des pires campagnes de sa carrière avec 90,8% d'arrêts et 3,02 buts encaissés. Retour aux temps glorieux de la défensive passoire des Oilers...

Peter Chiarelli vit sur sa réputation de vainqueur de coupe Stanley avec Boston, mais ses décisions depuis son arrivée à Edmonton posent question. Marquées par la "réaction" (signer le gros bras Lucic pour répondre au physique des Kings), l'agressivité sur le marché et surtout, une cascade de mauvais choix. Edmonton frôle les 22 millions de dollars sur le duo McDavid-Draisaitl, et a donc mis tous ses œufs dans le même panier de la première ligne. Cela ne suffit pas à faire une équipe.

 

New York Rangers (24e)

La saison de la fin des illusions pour les Rangers. Voici plusieurs années que le niveau de l'équipe décroît, depuis leur finale perdue de 2014 en fait, mais Henrik Lundqvist permettait aux Blueshirts d'accrocher les séries année après année. Le portier suédois est désormais sur la pente descendante et l'intérim nécessaire d'Antti Raanta l'an passé avait pu passer pour une sonnette d'alarme. Cela n'avait pas empêché Lundqvist de sortir Montréal à lui seul au premier tour dans un dernier sursaut d'orgueil. Mais un tour et puis rien.

Les Rangers n'avaient pas pu résister aux appels du pied de Kevin Shattenkirk au cours de l'été. Le défenseur avait parfaitement fait connaître son désir de jouer pour son club de cœur. Mais, pour le reste, l'état-major était déjà bien conscient qu'une page devait se tourner. Antti Raanta et Derek Stepan furent monnayés pour un haut choix de draft et un espoir. Ne pas chercher à remplacer le premier centre par défaut du club constitua un autre signe que les attentes pour la campagne 2017-18 allaient être modestes. 

Le début de saison ressembla aux précédentes ou presque. Des Rangers dominés dans le jeu mais sauvés par Lundqvist et la réussite des tireurs en attaque. Résultat, le club était encore en course pour les séries à la fin du mois de janvier. Pas vraiment du goût des dirigeants... Dans une division Métropolitaine extrêmement serrée, la rumeur que les Rangers allaient plus ou moins volontairement piquer du nez secoua la ligue tant il est inédit de voir une équipe dénigrer une chance de jouer au printemps et surtout une telle transparence dans la stratégie à long terme d'un club est encore taboue.

Il est certain que le modèle de communication des Toronto Maple Leafs tout au long de leur reconstruction a fait des émules. Début février, les Rangers firent parvenir aux abonnés de saison une lettre détaillant le programme à venir. L'équipe doit se refaire une santé, se rajeunir, reculer pour améliorer ses chances de remporter à l'avenir une coupe Stanley. Les Rangers devinrent de fait l'une des équipes les plus scrutées avant la date limite des échanges. Outre Nick Holden, Michael Grabner et J.T Miller, Rick Nash fut envoyé à Boston contre, entre autre, un choix de 1er tour, et surtout le capitaine Ryan McDonagh prit la direction de Tampa Bay, contre un autre choix de 1er tour, et potentiellement un autre en 2019.

La fin de saison fut un avant-goût du futur. Filip Chytil et Lias Andersson eurent droit à un essai, une manière de mettre l'eau à la bouche des fans et de montrer que l'avenir méritait d'être patient. Car la reconstruction ne sera pas terminée en septembre, loin de là. Les Rangers ont ajouté 3 choix de premier tour à la draft du mois de juin mais ces jeunes demandent encore quelques années de développement. L'effectif en place s'articulera encore autour de Mats Zuccarello, meilleur pointeur de l'équipe cette saison avec 53 petits points. À 30 ans, le petit Norvégien pourrait cependant être échangé en février prochain alors qu'il sera en fin de contrat. Mika Zibanejad (47 points en 72 matchs) et Chris Kreider (37 points en 58 matchs) étaient les deux seuls attaquants à plus de 50% de possession cette saison (et un joli 53% de buts anticipés). Ils devront faire survivre l'attaque avec Vladislav Namestnikov, obtenu de Tampa.

Shattenkirk n'a pas du tout époustouflé cette saison (23 points en 46 matchs mais des indicateurs de jeu largement dans le rouge) mais sera le leader à la bleue l'an prochain faute de McDonagh. Les vétérans Marc Staal ou Brendan Smith encadreront les jeunots Neil Pionk, Anthony DeAngelo et Brady Skjei.

Henrik Lundqvist aurait pu partir ailleurs tenter sa chance s'il le voulait mais le portier a choisi de demeurer fidèle au club. Il lui reste trois années de contrat à écouler, le temps de faire la transition avec le très prometteur Igor Shestyorkin, 21 ans et l'un des tout meilleurs gardiens de KHL avec le SKA. Il devrait débarquer en Amérique en 2019-2020 pour rejoindre la sage reconstruction de la franchise.

Celle-ci passait également par un changement de staff. Exit l'entraîneur Alain Vigneault, très critiqué ces dernières saisons pour ses stratégies conservatrices s'appuyant largement sur des vétérans défensifs et les prouesses de Lundqvist. L'entraîneur de Boston University David Quinn le remplace derrière le banc, prenant le pari d'un coach plutôt novice à cette position - il a connu par le passé trois saisons en AHL et une saison en assistant coach à Colorado. Cette saison a demandé du courage aux Rangers mais au moins ils vont dans la bonne direction.

 

Chicago Blackhawks (25e)

La fin d'une ère ? Après les titres 2010, 2013 et 2015, les Blackhawks de Chicago ont connu une série de désillusions. Aucune victoire en playoffs depuis que les gros contrats de Jonathan Toews et Patrick Kane se sont activés (21 millions à eux deux), et pas de playoffs du tout cette saison, une première depuis 2008. Un bout de course anticipé ?

Le principal problème cette saison ne semble pourtant pas un problème de fond. Le gardien numéro 1, Corey Crawford, était parti sur les bases de l'une des meilleures saisons de sa carrière : une fiche de 16-9-2, avec 92,9% d'arrêts et 2,27 buts encaissés en 28 matchs. Le problème, c'est qu'il s'est blessé, une blessure à durée indéterminée qui a finalement duré toute la saison et a fait réaliser à beaucoup que la saison précédente tenait beaucoup aux seules performances de Crawford justement... 

Les Blackhawks ont été contraints de s'appuyer sur Anton Forsberg, qui ne comptait qu'une dizaine d'apparitions NHL en carrière sous les couleurs de Columbus. Le Suédois a flanché (90,8% d'arrêts) et a même partagé la cage avec le vétéran Jeff Glass, ancien champion du monde junior qui débutait en NHL à 32 ans après sept saisons en KHL, et le Québécois Jean-François Berubé : le duo n'a même pas atteint le 90% d'arrêts en 28 matchs. Le rookie Collin Dellia n'a pas fait mieux en deux apparitions, et s'est même lui aussi blessé au cours d'un match. Son remplaçant ? Un comptable de 36 ans, Scott Foster, gardien "d'urgence", qui a connu ses 14 minutes de gloire avec sept arrêts contre Winnipeg, dont un tir difficile de Laine. L'amateur fut le héros d'un soir, et quasiment le seul moment positif des cages de Chicago...

Clairement, la saison ratée des Blackhawks vient de là - la signature de Cam Ward début juillet illustre ce nécessaire renfort. Mais la défense n'a pas non plus été exempte de tout reproche. Soucieux de diminuer sa masse salariale, Stan Bowman a dû sacrifier le bon soldat Nicklas Hjalmarsson, envoyé à l'intersaison 2017 dans l'Arizona, contre Connor Murphy. Ce dernier n'a pas confirmé et n'avait pas le niveau d'un top-4. Duncan Keith a mené (encore) la brigade défensive, mais n'a marqué que deux fois sur 187 tirs. Il termine avec 32 pts, son plus bas total depuis 2007, et un triste ratio de -29 inhabituel pour l'ancien vainqueur du Norris. Il a été bien plombé par son compère de toujours Brent Seabrook, complètement en bout de course, au point même de finir en tribunes. À 6,8 millions par an jusqu'en 2024, le contrat de Seabrook apparaît comme un sacré boulet... Derrière ces joueurs d'expérience, le bilan est maigre. Jan Rutta, Erik Gustafsson - plutôt prometteur en 35 matchs et récompensé par un contrat de deux ans -, Jordan Oesterle, Gustav Forsling ont alterné le bon et le moins bon. Michal Kempny, déçu de son temps de jeu, a demandé un échange... et soulevé la coupe à Washington. Les lignes arrières de Chicago ne sont plus ce qu'elles étaient...

Cette faiblesse s'est traduite sur la relance, et donc sur le potentiel offensif d'une équipe complètement dépendante de Patrick Kane. L'Américain n'a pas atteint les 100 pts comme l'an dernier, mais a digéré le départ d'Artemi Panarin avec une saison de 27 buts et 76 pts, friable défensivement. Il a fini par trouver une entente intéressante avec deux jeunes : Nick Schmaltz, ancien premier choix de draft (21 buts, 52 pts) et le sniper rookie Alex DeBrincat, petit gabarit auteur de plusieurs triplés pour sa première année (28 buts, 52 pts). En échange de Panarin, l'équipe avait fait revenir Brandon Saad dans l'espoir de relancer Jonathan Toews. Le capitaine signe 52 pts avec des statistiques de possession dominantes... mais Saad seulement 35. Les deux hommes n'ont jamais eu un pourcentage au tir aussi bas dans leur carrière... Artem Anisimov n'a en revanche pas supporté le départ de Panarin et a coulé, avec certes 20 buts mais seulement 31 pts. Le bottom-6, invisible, ne compte aucun joueur à 10 buts, avec une foison de changements tout au long de l'année - échanges de Hartman et Panik notamment. Seul Vinnie Hinostroza y a tiré son épingle du jeu, dans un rôle limité (25 pts, +5)... mais il vient de partir pour l'Arizona en compensation du contrat de Marian Hossa. Le retour de Patrick Sharp fut en revanche une fausse bonne idée, et le vétéran a vu son temps de jeu s'étioler au fil de l'année. Enfin, Chicago a été plombé par l'un des pires jeux de puissance de la ligue (15,9%, 28e) et un jeu en infériorité sans relief (18e).

Clairement, Chicago conserve son carré magique - Keith, Kane, Toews, Crawford - mais s'est essoufflé pour les entourer. La draft n'a pas compensé, et les nombreux échanges pour tenir sous le plafond salarial ont fini par saper les fondations de l'équipe. Il va y avoir du travail pour revenir à un niveau respectable au sein d'une division Centrale de plus en plus relevée.

 

Vancouver Canucks (26e)

S'il fallait classer les franchises actuellement les plus éloignées d'une Coupe Stanley, Vancouver figurerait assurément parmi le top-3 de ces pires élèves. Peuvent-ils espérer remonter rapidement la pente ? Encore faut-il que la direction adopte la bonne philosophie. La saison dernière est un exemple des contradictions à l'œuvre chez les Canucks. Pour la der des frères Sedin, le management a longtemps cru que l'équipe pourrait lutter pour les playoffs. Peine perdue, la réalité finit par rattraper un collectif emmené par des vétérans trop usés : les Sedin, Vanek, Edler, Gagner, Del Zotto, Eriksson, Tanev and co. L'effectif semble plutôt à des années lumières d'être prêt.

La grande satisfaction de la saison fut Brock Boeser. Le rookie enfila 29 buts en 62 rencontres, soit un rythme de quasi 40 buts par saison. Le jeune homme est un finisseur d'élite et formera avec Elias Pettersson (qui devrait débarquer l'an prochain en NHL) le duo d'avenir de l'équipe. Mais les autres espoirs de l'équipe ont plutôt déçu. Bo Horvat a désormais 23 ans et son potentiel semble se limiter à une deuxième ligne. Ses 22 buts et 44 points correspondent à son rendement moyen depuis 3 ans. Sven Bärtschi (29 points en 59 matchs) et Markus Granlund (12 points en 53 matchs) sont au mieux des joueurs de soutien. Jake Virtanen, ex-6e choix au total du repêchage 2014, a été plutôt positif dans le jeu mais n'a enfilé que 20 points en 75 matchs. La dynamo Troy Stecher n'a pas confirmé sa première saison, marquant moitié moins de points cette campagne-ci (11 en 68 matchs). Si l'on ajoute un Olli Juolevi, 5e choix de la draft 2016, rentré en Finlande pour relancer un développement à l'arrêt, cela fait beaucoup de déceptions pour une reconstruction qui traîne déjà en longueur.

Dans les cages, Jacob Markström et son remplaçant Anders Nilsson ont joué à leurs niveaux, c'est-à-dire en dessous de la moyenne de la ligue. Les Canucks espèrent que Thatcher Demko pourra bientôt donner de la stabilité à ce poste mais les deux Suédois sont encore sous contrat la saison prochaine.

Collectivement, les Canucks ne pouvaient tromper grand monde. 28e équipe de la ligue pour la possession, 27e aux buts anticipés, le niveau de jeu proposé correspondait à la réalité d'une franchise encore engluée au fond du classement. L'entraîneur novice Travis Green a bien concentré ses efforts sur la défense mais, offensivement, seuls les Rangers et Buffalo obtenaient moins de tirs par heure de jeu dans la ligue.

Mais même le nez dans le mur en février, le Directeur Général Jim Benning ne profita pas de la date limite des échanges pour accélérer la reconstruction. Seul Vanek fit ses valises, non pas en retour d'un choix au repêchage, mais d'un vétéran (Jokinen) et d'un joueur de ligue américaine (Motte)... Erik Gudbranson, défenseur défensif, attirait quelques convoitises mais Vancouver préféra le prolonger pour 3 saisons, à 4M$ par saison, cher pour un joueur de profondeur... Et la valse des décisions bizarres continua au 1er juillet. Les Canucks ont exclusivement signé des vétérans de profondeur pour des contrats trop longs et trop chers, comme si Benning pensait toujours pouvoir être compétitif l'an prochain. Même si Pettersson arrive et si Quinn Hughes - leur premier choix de la draft 2018 - perce, la déception risque encore une fois d'être au rendez-vous. Entre-temps, la grogne des fans monte. Bref, on prend les mêmes et on recommence à Vancouver, alors que les jumeaux Sedin ne seront plus là pour tenir à peu près le navire à flot.

 

Detroit Red Wings (27e)

La seule chose positive de la saison de Detroit ? L'inauguration de la Little Caesars Arena. La nouvelle patinoire des Red Wings a cependant eu bien du mal à attirer les foules, tant l'équipe fut médiocre. Neuf joueurs de plus de trente ans et une masse salariale quasiment au maximum ne montrent guère une envie de reconstruction. Mais la formation du Michigan n'a jamais été dans le coup. L'attaque termine 4e et la défense 9e... en partant de la fin. Sans marquer et en prenant trop de buts, cela devient difficile !

Défensivement donc, l'équipe a souffert, laminée en possession. Le vétéran Mike Green n'a pas autant produit que l'année précédente (33 pts) mais termine meilleur marqueur dans ce secteur devant un autre ancien, Niklas Kronwall (27 pts). Les autres défenseurs ont été anecdotiques et n'ont pas trop brillé, notamment l'expérimenté Trevor Daley. On attendait ainsi plus de Danny DeKeyser après son nouveau contrat, même s'il n'a pas été le pire dans son jeu défensif pur. Nick Jensen a plus séduit dans un rôle limité, avant d'enchaîner avec le bronze au Mondial avec les États-Unis.

Le souci est venu des gardiens. Petr Mrazek (22 matchs) n'a pas réussi à déboulonner Jimmy Howard (60 matchs) et les deux portiers finissent avec des statistiques comparables : respectivement 90,9% et 91% d'arrêts, 2,89 et 2,85 buts encaissés. Trop juste pour gêner les meilleurs.

Les satisfactions sont à chercher en attaque. Anthony Mantha a franchi un palier et termine meilleur buteur de l'équipe avec 24 réalisations (48 pts), devant Gustav Nyquist (21 buts, 40 pts). Dylan Larkin a retrouvé des couleurs, en prenant le poste de distributeur (63 pts, dont 47 passes). L'expérimenté Henrik Zetterberg n'a pas manqué le moindre match cette saison, et, avec 56 pts dont 45 passes, continue à exceller dans les deux sens du jeu - il fut l'un des rares à dominer son sujet en possession. Le vide abyssal derrière ce quatuor a coûté très cher, cependant. Justin Abdelkader est largement surpayé (35 pts, encore 5 ans à 4,25 millions !), Andreas Athanasiou n'a pas justifié son bras de fer de l'intersaison - il menaçait de signer en KHL - et n'a compté que 33 pts, en souffrant défensivement. Les rookies Martin Frk et Tyler Bertuzzi signent 25 et 24 pts. On pourra oublier le bout du banc, composé de vétérans en bout de course mais aux salaires conséquents, à l'image de Frans Nielsen (4 ans à 5,25 millions) ou Darren Helm (3 ans à 3,85 millions).

Le manager général Ken Holland n'a semble-t-il pas accepté que ses 21 ans à la tête de l'équipe exigent désormais une "purge" majeure des lourds contrats et une reconstruction plus ambitieuse. Certes, l'envoi de Tomas Tatar à Vegas a permis de récolter trois choix de draft. Mais en dépit des sélections intéressantes de Filip Zadina ou Joseph Veleno, Holland a repris sa stratégie d'anciens, en signant au 1er juillet Jonathan Bernier, Thomas Vanek et Mike Green. Bref, on ne sait pas trop où va Detroit, mais cela risque fort de ne pas être en playoffs avant un bon moment.

 

Canadiens de Montréal (28e)

Aurait-on pu écrire un scénario plus cauchemardesque pour cette saison 2017-18 ? Presque pas. Il faut remonter à l'été pour comprendre où plongent les racines du problème. Marc Bergevin est un Directeur Général prudent, dans ses réflexions comme dans ses actes. Lui qui n'a jamais souhaité sacrifier l'avenir de l'équipe pour des succès immédiats a laissé traîner en longueur les négociations avec Alex Radulov, pourtant auteur d'une excellente saison pour son retour en NHL. S'il finit par égaler l'offre de 5 saisons des Stars de Dallas, l'attaquant russe avait décidé d'aller voir ailleurs. Le trou creusé au sein du top-6 d'attaque ne sera jamais comblé. De même, Bergevin refusa de donner à Andrei Markov les deux saisons de contrat qu'il souhaitait, et le "Général" décida de rentrer en Russie gagner la coupe Gagarine. Le trou creusé au sein du top-2 de la défense ne sera jamais comblé.

L'échange de l'espoir Mikhail Sergatchev pour Jonathan Drouin signait une tentative de combler le manque de talent en attaque et surtout de trouver un premier centre à l'équipe. En conférence de presse, Bergevin déclarait que Drouin aurait toute la patience du management pour apprendre le poste, lui qui n'avait plus joué centre depuis le Junior, tout en ajoutant qu'Alex Galchenyuk n'aurait plus sa chance, en aucun cas. Pour trouver une solution en défense, Bergevin offrit un contrat très généreux et immédiatement décrié à Karl Alzner, tout en espérant qu'un effort collectif comblerait le départ de Markov à la relance de l'attaque... 

La somme de ces manques et approximations se fit très tôt sentir parmi les joueurs. Des joueurs qui déclaraient à mots couverts dès septembre qu'ils n'avaient pas l'effectif pour être compétitifs... Le jeune Victor Mete arrachait une audition aux côtés de Shea Weber mais la marche demeurait haute pour tenir toute une saison. Plus que tout, ce même Weber se blessa dès les premières minutes de jeu contre Buffalo, en ouverture de saison. S'il traîna son pied amoché une vingtaine de matchs, Montréal dut jouer les trois quarts de la saison sans son défenseur principal.

Mais la liste des malheurs ne s'arrêtait pas là. Le gardien Carey Price a connu un début de saison catastrophique, et la pire saison de sa carrière en général. L'ajustement de sa position est une raison évoquée. Alors que Claude Julien a placé beaucoup plus de corps devant lui qu'un Michel Therrien, Price devait jouer plus bas sur ses appuis pour tenter d'y voir un peu. La conséquence en était une perte de la mobilité qui faisait de Price le meilleur du monde à son poste ces dernières saisons. Le portier était en outre gêné par des bobos qui finirent par le mettre sur la touche dès l'automne.

Les 10 premiers matchs des Habs défilèrent ainsi tel un cauchemar. Plutôt dominateur dans le jeu, le Canadien voyait le but adverse se refuser à lui et le puck rentrer systématiquement dans le sien. Si le mois de novembre vit les choses se rétablir, le retard accumulé au classement ne serait jamais comblé. La suite ressemble à un abandon devant trop d'adversité. Philip Danault fut longtemps sur la touche, laissant la ligne de centre complètement dégarnie, derrière un Jonathan Drouin en souffrance dans le jeu et devant un Tomas Plekanec n'ayant plus ses jambes d'autrefois. Max Pacioretty traînait son mal-être, laissé sans joueur capable de l'alimenter dans un jeu nord-sud comme le faisaient Radulov ou Danault. De toute façon, Pacioretty allait manquer le dernier quart de la saison, comme Mete, comme Andrew Shaw... Montréal finit la saison avec un effectif à moitié composé de joueurs de ligue Américaine.

Face à une telle avalanche de pianos sur la tronche, il est presque inutile d'analyser le contenu de la saison des Habs. Le fait est que les hommes de Claude Julien ont longtemps eu le dessus sur leurs adversaires, gagnant la bataille des tirs et des chances de marquer. Seulement le manque de finition devant et le manque de talent derrière faisaient payer cash chaque espace laissé, ce qui rendait cette domination stérile. 

La conséquence de ce maelström est que la direction des Habs a changé son fusil d'épaule. La fenêtre pour la coupe de la génération Price, Pacioretty, Subban, Markov and co est refermée. Du noyau dont a hérité Marc Bergevin à son arrivée en poste, auquel on peut rajouter Alex Galchenyuk, seul Price sera certainement encore à Montréal en septembre prochain. La direction tourne cet été la page sur cette époque et les feuilletons qui l'ont accompagnée. Pacioretty reste à échanger mais il sera le dernier sujet de tension à évacuer avant de reconstruire. Reconstruire, le mot auquel se refuse Bergevin, qui préfère parler de "retool", réarmement, certainement par respect pour Price et Weber, mais toutes ses actions pointent dans ce sens. Montréal cherche à se rajeunir. Le CH a bien géré ses multiples choix de draft en juin et semble attendre la prochaine génération de prospects. Techniquement, Montréal pourra toujours espérer que la chance lui sourie pour se glisser en séries. Avec un Price en santé, tout est possible... puis espérer que ce même Price fasse des miracles en playoffs.

Au moins les jeunes ont donné satisfaction dans la défaite. Gallagher, Drouin, Scherbak, Domi, Hudon, Lehkonen, Danault, Armia sont tous des joueurs de top-9 et Brendan Gallagher fait office de doyen à 26 ans... Gallagher qui a retrouvé ses moyens cette saison, et laissé les blessures au vestiaire. Derrière, Mete et Juulsen sont deux défenseurs top-4 en puissance. Weber et Price ont encore quelques années dans les jambes. Jeff Petry a prouvé qu'il peut être efficacement au four et au moulin. Il faut désormais prôner la patience et regarder Toronto et Tampa s'entretuer en attendant son heure. Marc Bergevin saura-t-il mieux gérer cette génération que la précédente ? Là est la question.

 

Arizona Coyotes (29e)

Les Coyotes de l'Arizona abordaient la saison avec des attentes plus importantes. La reconstruction touchait à sa fin, et les acquisitions d'Antti Raanta, Derek Stepan et Niklas Hjalmarsson visaient à positionner les dernières pièces du puzzle afin de franchir un cap au classement. Le nouvel entraîneur Rick Tocchet débarquait avec une coupe Stanley en tant qu'assistant coach des Penguins.

Malheureusement, la première victoire dans le temps réglementaire n'est arrivée que... le 16 novembre ! L'équipe était hors course d'entrée, avec 14 pts de retard sur les playoffs après même pas deux mois de compétition. La clé du problème ? Le poste de gardien. Antti Raanta blessé, les Coyotes ont utilisé pas moins de six gardiens dans les premières semaines sans trouver un jeune pour tenir le fort convenablement. Aucun n'a été aidé par une défense décimée par les blessures (Connauton, Chychrun, Schenn, Hjalmarsson). Le contraste avec une fin de saison en boulet de canon après le all-star game est criant.

Pourtant donc, l'équipe termine avec moins de 80 points pour la quatrième année de suite, échouant à atteindre les playoffs pour la sixième fois. Le meilleur joueur de l'équipe, le défenseur Oliver Ekman-Larsson, est en fin de contrat au 1er juillet 2019 et aucune indication d'une prolongation ne transpirait. Il a finalement resigné pour 8 ans au 1er juillet.

La satisfaction Antti Raanta a répondu présent : 2,24 buts encaissés, 93% d'arrêts... mais seulement 47 matchs. Une saison en santé est impérative pour les Coyotes : le jeune Wedgewood, acquis des Devils, a fait ce qu'il a pu, et l'acquisition de la date limite Darcy Kuemper n'a rien donné. Il sera cependant le numéro 2 l'an prochain, Wedgewood ayant été envoyé aux Sabres..

La défense a été catastrophique une bonne partie de l'année, notamment Alex Goligoski, aux statistiques de possession abyssales. Ekman-Larsson a surtout produit en supériorité (15 de ses 42 pts). Pour le reste, Kevin Connauton et Jason Demers auront fait une saison correcte et Jakob Chychrun bien fini l'année, au contraire d'un Luke Schenn toujours aussi décevant.

L'attaque ne termine que 30e de la ligue, avec le seul Clayton Keller au-delà des 20 buts. Le rookie compte 65 pts, en tête de l'équipe et 3e au trophée Calder. Après un gros début de saison, il a ralenti en cours d'année avant de mieux finir. Derrière lui, Derek Stepan reste régulier (56 pts). Max Domi n'aura marqué que 9 buts, dont plusieurs cage vide, et s'est surtout illustré avec 36 passes. Le divorce semblait inévitable et il rejoint Montréal contre Alex Galchenyuk à l'intersaison. Christian Dvorak et le rookie Christian Fischer ont souffert défensivement, tout comme le bottom-6, où Brad Richardson et Jordan Martinook ont été des poids morts. L'acquisition de Richard Panik aura été intéressante (19 pts en 35 matchs) en dépit d'un incident hors glace. Enfin, le grand espoir Dylan Strome peine toujours à s'installer durablement en NHL. Productif en AHL, il a signé 9 pts en 21 matchs avec les Coyotes et a paru un peu plus à l'aise en fin de saison. Arizona a du potentiel, de la place dans sa masse salariale, mais va devoir trouver des solutions au cinéma des coulisses. Le propriétaire Andrew Barroway cherche toujours des investisseurs et le cas de la patinoire n'est toujours pas réglé.

 

Ottawa Senators (29e)

Peut-on trouver une pire saison que celle des Senators d'Ottawa ? Pas sûr. À la fois horrible sur le plan sportif et calamiteuse hors glace, cette saison a durablement entamé la confiance des supporters et vu le vestiaire à deux doigts d'imploser. Un triste sketch, où quasiment aucun acteur n'en sort grandi.

Sur le plan sportif, Ottawa n'a pas capitalisé sur sa finale de conférence 2017. Passés à un but de la finale, les Senators étaient visiblement en sur-régime. Cette fois, ils n'ont pas été sauvés par les gardiens. Craig Anderson a affiché ses 37 ans et termine avec 3,32 buts encaissés et 89,8% d'arrêts seulement. Mike Condon n'a pas fait mieux en 31 matchs (3,25, 90,2%). La défense n'a donc pas du tout couvert ses portiers, à l'image de Dion Phaneuf, finalement échangé à Los Angeles contre un Gaborik en fin de carrière, mais aussi d'un Cody Ceci aux fraises. Chris Wideman n'a joué que 16 matchs, blessé. Le jeune Thomas Chabot et Mark Borowiecki ont surnagé, tout comme un Erik Karlsson pressé comme un citron (26 minutes par match) et tout de même auteur de 62 points. Le multiple vainqueur du trophée Norris pouvait recevoir une extension de contrat au 1er juillet, mais les rumeurs d'échange ont fait les gros titres toute l'année. Gêné par des blessures, le Suédois n'a pas pu donner la pleine mesure de son talent. Lui qui peut espérer dix millions de dollars sur le marché l'an prochain sera-t-il échangé d'ici là ? C'est semble-t-il passé tout près à la date limite, avec Vegas sur les rangs, et son départ semble acté dans les têtes des dirigeants.

Offensivement, le duo Mark Stone - Mike Hoffman a tiré son épingle du jeu avec 62 et 56 pts, parmi les rares joueurs à passer la barre des 20 buts. Stone a pourtant manqué 24 matchs sur blessure. Le staff a cherché de multiples solutions et sacrifié un Kyle Turris proche de la fin de contrat pour récupérer Matt Duchene, alors que l'équipe affichait alors un bilan de 6-3-5. L'attaquant a mis des mois à s'adapter (5 pts sur ses 24 premiers matchs), poursuivi par une poisse mémorable devant la cage. Il signe finalement 23 buts et 49 pts au total. Le gros contrat de Bobby Ryan est un boulet spectaculaire dont personne ne veut (33 pts). Ryan Dzingel a surnagé (23 buts mais 17% au tir), mais le bottom-6 n'a pas du tout produit, à l'instar d'un Alex Burrows en bout de course (6 buts, 14 pts). Zack Smith, efficace depuis deux ans, n'a cette fois marqué que 5 buts. L'effectif a changé tout au long de l'année, sans réussite, et a abouti à une vente massive à la date limite des transactions (dont Derick Brassard). Reconstruction ?

Mais s'il n'y avait que le sportif... Le pire restait à venir. Une année marquée par des tragédies (décès de l'enfant à naître d'Erik Karlsson), déjà. Mais surtout, une fronde des supporters envers le propriétaire Eugene Melnyk, qui s'est traduite par l'achat d'un panneau d'affichage appelant à son départ ! Un propriétaire aux déclarations fracassantes, expliquant, en gros, que les fans ne méritaient pas une équipe et qu'il pourrait tout aussi bien vendre ou voir ailleurs. Et ce, en plein match en plein air, pour les célébrations du centenaire de la NHL. Ambiance... Pour enfoncer le clou, Melinda Karlsson, épouse du joueur vedette, a engagé des poursuites judiciaires contre la petite amie de Mike Hoffman, pour cyber-harcèlement, soutenue par les compagnes de plusieurs joueurs. Hoffman, dommage collatéral, a rapidement été évincé et expédié à l'autre bout du continent - San José - du moins pour quelques minutes puisqu'il a fini par atterrir en Floride, dans la même division qu'Ottawa !

Les Senators sont une franchise en perdition, avec un public qui vide massivement les travées de l'arena. Le staff semble à bout d'idées et va devoir vivre avec de gros contrats inutiles encore un an (Ryan, Gaborik, Burrows...), avec la menace de perdre son meilleur joueur, Erik Karlsson. Il va falloir reconstruire très vite, trouver un gardien d'envergure, consolider la défense. Ottawa doit encore un premier choix 2019 à Colorado, après avoir décidé de garder le n°4 cette année pour Brady Tkachuk. Il serait tragique pour la franchise qu'il s'agisse du 1er au total, autrement dit le talent générationnel Jack Hughes...

 

Buffalo Sabres (31e)

Un nouveau manager, Jason Botterill. Un nouvel entraîneur, Phil Housley. Mais une septième saison de suite sans playoffs. Encore une fois, les Sabres finissent bons derniers de la NHL. Avec 62 points, Buffalo échoue à 35 points des phases finales au cours d'une saison déjà finie dès novembre. La défense a été à la rue (29e, 3,22 buts encaissés par match) et l'attaque encore plus (dernière avec 2,38 buts marqués).

Le constat d'échec de Botterill était criant à la date limite des transferts, où il n'a obtenu qu'un retour relativement moyen pour Evander Kane et a avoué que le groupe dont il disposait "ne fonctionnait pas".

Clairement, les joueurs de l'effectif ont intégré une culture de la défaite, décriée par Ryan O'Reilly lui-même : "J'ai senti au cours de l'année que je perdais l'amour du jeu à plusieurs reprises. Je dois le retrouver, car cela me ronge, et cela ronge d'autres joueurs aussi." Ambiance... et rumeurs insistantes de transfert, qui se concrétisent en juillet avec un départ à St. Louis.

Alors que garder dans cet éternel projet de reconstruction ? Pas grand chose ! Jack Eichel, 21 ans, a manqué quelques matchs sur blessure, mais signe tout de même 25 buts et 64 pts, ce qui mène l'équipe. La contribution de Sam Reinhart a été honnête (25 buts, 50 pts en 82 matchs) mais reste en deçà des attentes d'un n°2 de draft. Ceci dit, il a terminé en feu, inscrivant 37 pts lors des 38 derniers matchs, ce qui peut laisser un peu d'espoir.

Le contrat mirobolant de Kyle Okposo n'est toujours pas mérité (6 millions de dollars mais seulement 15 buts et 44 pts), même si sa performance n'est pas si mauvaise compte tenu des ennuis de santé qu'il a connu en 2016-17. 

Outre les 61 pts et 24 buts de O'Reilly, c'est à peu près tout puisque seuls neuf joueurs ont franchi la barre des 20 points, dont deux défenseurs ! On sortira du lot Evan Rodrigues, qui a fini par gagner sa place avec 25 pts en 48 matchs. 

Une défense passoire donc, dans laquelle Rasmus Ristolainen a produit (41 pts) mais pauvrement défendu, tout comme Marco Scandella (22 pts). La seule satisfaction fut donc Jake McCabe, un défenseur pur qui a surnagé. Les blessures de Zach Bogosian, limité à 18 matchs, n'ont rien arrangé.

Derrière eux, ni Robin Lehner ni Chad Johnson n'ont assuré une prestation solide dans les buts, contrairement aux années précédentes.

Le chantier s'annonce donc majeur, mais les bonnes pièces du puzzle arrivent : Casey Mittelstadt a quitté la NCAA après un titre de MVP du mondial junior et joué 6 matchs NHL en fin de saison (5 pts). Les Sabres ont enfin gagné la loterie de la draft et ont pioché premier : Rasmus Dahlin, défenseur le plus doué depuis des années, s'annonce comme une base précieuse pour l'arrière-garde de Phil Housley. Ajoutons Lawrence Pilut, défenseur de l'année en Suède, Brendan Guhle, solide dans ses débuts, Alex Nylander ou encore Victor Olofsson (27 buts et 43 pts avec Frölunda en 50 matchs)... La fierté des supporters remontera peut-être enfin la pente. Mais il y a encore du boulot.

 

 

Nicolas Leborgne et Thibaud Chatel

 

 

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