KHL 2017/18 : bilan

 

Résultats du championnat russe

Classement (après play-offs) : 1 Ak Bars Kazan, 2 CSKA Moscou, 3 SKA Saint-Pétersbourg, 4 Traktor Chelyabinsk, 5 Jokerit Helsinki, 6 Lokomotiv Yaroslavl, 7 Metallurg Magnitogorsk, 8 Salavat Yulaev Ufa, 9 Avtomobilist Ekaterinbourg, 10 Neftekhimik Nijnekamsk, 11 Torpedo Nijni Novgorod, 12 Avangard Omsk, 13 Amur Khabarovsk, 14 HK Sotchi, 15 Spartak Moscou, 16 Severstal Cherepovets, 17 Sibir Novosibirsk,18 Dynamo Moscou, 19 Barys Astana, 20 Dynamo Minsk, 21 Vityaz Podolsk, 22 Admiral Vladivostok, 23 Kunlun Red Star, 24 Slovan Bratislava, 25 Lada Togliatti, 26 Dinamo Riga, 27 Yugra Khanty-Mansiysk.

 

Ak Bars Kazan (1er) : plus frais et plus revanchard

Alors que tout le monde attendait la consécration du vainqueur du duel de géants entre SKA et CSKA, c'est un troisième larron, l'Ak Bars Kazan, qui a tiré les marrons du feu. Ayant passé la trêve olympique sous le soleil des Émirats, il avait plus de fraîcheur pour aborder les play-offs que les deux clubs bardés d'internationaux. Étrangement absents de la sélection russe, ces joueurs étaient mentalement prêts. Huit ans après le dernier titre des Tatars, c'est donc un retour sur le devant de la scène pour l'ex-sélectionneur Zinetula Bilyaletdinov. Il n'a pas changé certains de ses principes, en particulier sur la nécessité de jouer le plus simplement possible en zone neutre. Mais il a su introduire plus de pressing et de mobilité dans ses systèmes de jeu.

Il en avait les moyens car Kazan n'avait plus eu autant de talent en attaque depuis cinq ans. Ak Bars avait juste assez de profondeur et Bilyaletdinov a pu alternativement disperser ses forces sur quatre lignes ou construire un top-6 très fort. C'est cette seconde option qui a été retenue dans la dernière ligne droite. Le petit Justin Azevedo est devenu le premier étranger à finir meilleur marqueur des play-offs russes, sur un trio 100% importé avec Jiri Sekac et Anton Lander.

La deuxième ligne était pour sa part entièrement russe. Le vétéran Danis Zaripov, après sa réduction de suspension, est devenu le premier joueur à soulever cinq fois la Coupe Gagarine, aux côtés du centre Vladimir Tkachyov et du meilleur buteur des play-offs Stanislav Galiev (10 buts), très content d'avoir quitté les voyages en bus de l'AHL puisqu'il n'avait pas gagné durablement sa place en NHL à Washington.

Kazan s'appuie toujours sur des produits locaux du hockey tatar, comme Aleksandr Burmistrov, rentré de NHL à la limite des transferts pour donner de la profondeur au centre, et surtout le gardien Emil Garipov, excellent sur les premiers tirs, et prolongé pour deux années supplémentaires. Ak Bars s'est souvent construit sur ses vétérans, mais dans la défense dirigée par les expérimentés Andrei Markov et Atte Ohtamaa, un arrière de 22 ans s'est révélé y compris par sa capacité à rejoindre l'offensive, Nikita Lyamkin, arrivé du club "relégué" l'été dernier (Novokuznetsk).

 

CSKA Moscou (2e) : frustration individuelle et collective

L'idée d'une équipe en rotation permanente, sans le moindre titulaire indiscutable, n'a pas fait long feu au CSKA. Après quelques semaines, les Moscovites ont fini par céder au moins quelques-uns des joueurs en trop. On ne peut s'empêcher de se dire que le CSKA a jeté de l'argent par les fenêtres en dépensant par exemple 40 millions de roubles (550 000 euros) pour recruter Anton Burdasov pendant à peine 12 matches. Entre les recrues "inutiles" et les joueurs conservés qui voyaient leur temps de jeu fondre (le défenseur Igor Ozhiganov), cette situation ne manquait pas de provoquer des jalousies, notamment vis-à-vis des joueurs étrangers toujours soupçonnés de prendre la place d'un Russe.

L'autre difficulté de ce sureffectif est que le CSKA a peiné à trouver les leaders qui le mèneraient. Il continue d'être incarné par les attaquants défensifs Sergei Andronov et Ivan Telegin, qui neutralisent les trios adverses mais inscrivent peu de points. La seule ligne vraiment stable et dangereuse qui s'est dessinée au fil de la saison, c'est le trio Kaprizov-Shalunov-Shumakov. Néanmoins, le grand talent Kirill Kaprizov devait assumer les attentes de son nouveau statut de héros olympique, et sa série de 17 matches sans marquer était pointée du doigt. Quant aux deux autres, ils ont été atteints par une épidémie d'oreillons qui a fait irruption dans le vestiaire du CSKA au moment-clé de la finale de conférence contre le SKA.

C'est alors que la profondeur de banc du CSKA a été légitimée : Andrei Kuzmenko, joueur formé au club (depuis ses 12 ans) et pas toujours titulaire en quatrième ligne, inscrivait trois buts magnifiques au match 1 grâce à son tir aussi explosif que ses jambes. Au match 6, c'est finalement Mikhaïl Grigorenko qui a qualifié le CSKA avec l'égalisation puis le but vainqueur en prolongation, à chaque fois sur passe du toujours excellent patineur Aleksandr Popov. Néanmoins, Popov, seul véritable grand palmarès de l'équipe mais taiseux de nature, n'était pas le plus adapté pour transmettre son expérience des finales gagnées à ses coéquipiers. Le métier, c'est ce qui a fait défaut au CSKA en finale face à un Kazan pas supérieur. Il a aussi manqué de tranchant en jeu de puissance en ne convertissant qu'une de ses 35 dernières supériorités numériques.

L'objectif de conquête de la Coupe Gagarine n'a donc toujours pas été atteint, pas plus que les objectifs individuels des joueurs. Le plus gros salaire du club Ilya Sorokin a perdu la place de gardien numéro 1 aux Jeux olympiques à laquelle il avait été préparé depuis deux ans. Ayant appris à garder sa concentration face au peu de tirs reçus, il a ensuite commencé ses play-offs dans l'excellence (5 buts dont 4 déviations en 9 rencontres) avant de craquer face au SKA et de perdre là encore son poste, au profit de l'étonnant Suédois Lars Johansson. Sorokin n'est pas le seul grand frustré de la saison : le défenseur Aleksei Marchenko a perdu sa place en équipe nationale et l'attaquant Sergei Shumakov a été exclu pour violation disciplinaire lors de la finale par son coach Igor Nikitin.

 

SKA Saint-Pétersbourg (3e) : la fin d'un cycle

Le SKA a commencé la saison de manière impériale avec 19 victoires d'affilée. Il est encore loin du record du CSKA de Viktor Tikhonov en 1984, qui avait aligné 34 succès en championnat en plus de la médaille d'or olympique. Pour autant, l'équipe de Saint-Pétersbourg a battu un autre record : avec 15 joueurs du club champions olympiques plus l'entraîneur, la bande à Oleg Znarok a été plus hégémonique que celle de Tikhonov, qui ne comptait "que" 12 joueurs du CSKA à l'époque où elle incorporait les meilleurs joueurs du pays.

Il y a cependant une différence absolument majeure : le SKA ne rentrera pas dans l'histoire car il n'a pas remporté le titre de champion. Elle pouvait sembler invincible, cette formation, surtout avec le retour en saison régulière de ses pièces maîtresses, le polyvalent Norvégien Patrick Thoresen et le centre Vadim Shipachyov, pas aimé de son coach et dégradé par son expérience malheureuse à Vegas mais toujours aussi bon passeur. La défense de Saint-Pétersbourg avait tellement de talent et de profondeur que la blessure de David Rundblad y passait inaperçue.

Et pourtant, le SKA a buté sur le rival annoncé, le CSKA, qui l'a battu 4 victoires à 2 en finale de Conférence Ouest. Ayant déjà annoncé son envie de retourner dans une NHL devenue pourtant ardue pour les vétérans, Ilya Kovalchuk n'avait plus ni la vitesse ni l'efficacité pour conduire son équipe à la victoire avant de lui faire ses adieux. Il s'agit en somme d'une fin de cycle pour le SKA, qui devra continuer sans "Kovy" et sans Znarok, fatigué de la pression pesant sur le sélectionneur mais aussi des relations tendues avec les dirigeants péterbourgeois.

 

Traktor Chelyabinsk (4e) : un parcours varié

C'est un parcours diversifié et intéressant qu'a réalisé l'équipe entraînée par Anuar Gatiyatullin pour atteindre le dernier carré. Équipe la moins pénalisée du championnat, elle a d'abord dû passer par un duel physique sans concession face au Neftekhimik d'Andrei Nazarov. Au deuxième tour, face au talent offensif supérieur d'Ufa, elle a démontré d'autres qualités de défense et de contre-attaque pour passer. Le Traktor a dépensé beaucoup de forces dans ces deux séries, et ce fut trop dur ensuite contre Kazan dans une finale de Conférence Est pliée en quatre manches.

Le Traktor a pu compter sur des joueurs étrangers performants avec le gardien tchèque Pavel Francouz, le défenseur offensif américain naturalisé biélorusse Nick Bailen et la première ligne Gynge-Szczechura-Videll. Ce trio a été reconstruit en cours de saison parce que son membre initial Gilbert Brulé était mécontent et a demandé à son coach de jouer au centre. Mais comme Paul Szczechura était jugé essentiel à ce poste, Brulé a été échangé contre un ailier mieux assumé, Richard Gynge.

Lors des play-offs, un apport complémentaire inattendu est venu de la quatrième ligne Kruchinin-Sharov-Kravtsov, trois joueurs qui ont vite trouvé une complicité. Aleksei Kruchinin a un peu servi de grand frère à Vitali Kravtsov, qui s'est révélé en marquant 11 points en play-offs (contre 7 en saison régulière !) et en battant ainsi le record d'Evgeni Kuznetsov pour un joueur junior. Non sélectionné dans l'équipe russe au Mondial junior, Kravtsov n'a jamais été un talent évident, il avait même été relégué six mois en défense à l'école de hockey du Traktor. Mais il a aujourd'hui trouvé sa voie comme ailier droit, en sachant très bien se placer et utiliser son gabarit pour prendre les rebonds. Protégé de la presse pendant tous les play-offs pour éviter l'effervescence médiatique, Kravtsov a eu le temps de jeu pour s'exprimer, y compris en avantage numérique où il est efficace dans l'enclave. Il restera la saison prochaine au Traktor avant de rejoindre les New York Rangers qui l'ont drafté en neuvième position.

 

Jokerit Helsinki (5e) : toujours pas de dernier carré

Pendant longtemps, les Jokerit pouvaient passer pour de sérieux candidats au titre, en particulier pendant une belle série de quinze victoires. Les Russes commençaient sérieusement à s'inquiéter de l'effet de la distorsion de concurrence car les clubs non-russes n'ont pas de limitation d'étrangers. L'équipe de Helsinki en compte ainsi dix, le dixième étant le moteur Steve Moses, vedette revenue à la date limite des transferts.

Même le gardien Karri Rämö, blessé, laissait alors l'Américain Ryan Zapolski lui voler la vedette avec d'excellentes statistiques. Alors que leur entraîneur Jukka Jalonen redeviendra sélectionneur de la Finlande la saison prochaine, il n'y avait finalement que deux joueurs majeurs finlandais chez les Jokerit : Sami Lepistö, le défenseur offensif qui organise une des deux unités du très bon powerplay (Matt Gilroy tient le même rôle sur l'autre, à chaque fois derrière quatre attaquants), et bien sûr Eeli Tolvanen, l'ailier de 19 ans dont la puissance et la précision de tir sont déjà jugées dignes des meilleurs buteurs de la KHL.

Malheureusement, le jeu des Jokerit s'est un peu délité et a perdu de sa stabilité en fin de saison régulière. On sentait moins un vrai meneur offensif, car le capitaine Peter Regin était moins efficace que d'habitude. La vitesse d'Antti Pihlström - blessé - a aussi fait défaut. Les Finlandais se sont donc inclinés en six manches devant le CSKA, après avoir tout de même livré un beau combat. Ils ont remporté un match plus que double, de 142 minutes, sur un but de Mika Niemi en cinquième prolongation (2-1) dans une patinoire moscovite désertée. Rämö y a démontré son grand retour en forme avec 84 arrêts sur 85 tirs.

 

Lokomotiv Yaroslavl (6e) : peu créatif mais plus agressif

L'entraîneur Aleksei Kudashov n'a pas su gérer la perte de deux défenseurs majeurs (Gavrikov et Pashnin), et cela s'est ressenti dans le jeu en infériorité numérique, avec un pourcentage catastrophique de 66,1%. Kudashov a donc été viré dès le 3 octobre. Il a regretté cette impatience parce que les changements tactiques étaient en place et que le calendrier intensif impliquait des phases difficiles.

Durant un peu plus de deux années, le grand fait d'armes de Kudashov est d'avoir éliminé le CSKA Moscou lors des play-offs 2016. Le plus étonnant était donc l'identité de son remplaçant : Dmitri Kvartalnov, l'ancien coach du CSKA qu'il avait alors dominé tactiquement. Parfois accusé d'être prévisible et peu adaptable, le hockey habituel de Kvartalnov a en tout cas été mis en place à Yaroslavl : un collectif au point, un jeu vertical et agressif.

Et si, cette fois dans la position d'outsider, Kvartalnov réussissait à surprendre le SKA au deuxième tour des play-offs ? Après un premier match complètement raté par le gardien Aleksei Murygin, c'est Aleksandr Sudnitsin qui a tenu le fort et confirmé sa prise de pouvoir comme numéro 1. Malheureusement, le Lokomotiv, dont le meilleur marqueur a été le défenseur Staffan Kronwall, n'avait pas de véritable meneur offensif. Il a mené la vie dure au SKA, mais avec 4 buts en 5 rencontres (et un but refusé à Nakladal car le palet avait auparavant frappé un plexi de sécurité extérieur à l'aire de jeu), il ne pouvait pas gagner.

Kvartalnov n'a pas hésité à envoyer son meilleur attaquant Brandon Kozun en tribune pour le remplacer en plein milieu des play-offs par un complet débutant de 17 ans à peine, Grigori Denisenko, un petit gabarit qui dribble à une vitesse folle mais qui s'est surtout distingué par son agressivité et par une charge "limite" sur Nikolai Prokhorkin (joueur qui avait très mal vécu au CSKA l'arrivée d'un certain Kvartalnov comme coach...).

 

Metallurg Magnitogorsk (7e) : le licenciement le plus injuste

Après deux excellentes premières saisons comme entraîneur en chef (champion puis vice-champion), le licenciement d'Ilya Vorobyov début novembre est apparu comme une grande injustice. Certes, le Metallurg Magnitogorsk venait de perdre contre le faible Lada et n'était que septième de sa conférence Est. Mais toute la Russie en connaissait les raisons : les Ouraliens avaient perdu un élément de leur première ligne (Zaripov) et leurs trois meilleurs défenseurs pendant l'intersaison. L'unique compensation était le faible Américain Nick Schaus, jusqu'au renfort tardif mais nécessaire de Nikita Pivtsakin, surnuméraire au CSKA mais installé sur la première paire dès son arrivée.

L'injustice était encore plus grande car l'équipe a été vraiment renforcée après la mise à la porte de Vorobyov. Deux des trois arrières qui avaient traversé l'Atlantique ont alors fait le chemin inverse : Chris Lee dont le pari de débuter en NHL à 37 ans était trop osé, et Aleksei Bereglazov revenu en prêt. Le désormais inutile Schaus a alors pu être échangé à Kunlun contre le meilleur marqueur de l'équipe chinoise Wojtek Wolski. Enfin, Magnitka avait de quoi reformer un premier trio sans affaiblir les autres (jusqu'alors seul Tomas Filippi fonctionnait à l'aile de Jan Kovar et de Mozyakin mais on avait aussi besoin de lui au centre de la deuxième ligne).

La rumeur dit que Vorobyov a été rappelé un mois plus tard pour lui proposer de revenir ! Il n'a pas donné suite, et six mois plus tard, il s'est retrouvé sélectionneur national et entraîneur du club le plus riche du pays (le SKA). Pendant ce temps-là, Viktor Kozlov, qui n'avait que deux ans d'expérience derrière le banc comme adjoint, avait la partie plutôt facile en prenant en main le Metallurg : il s'est appuyé sur les systèmes déjà mis en place, insistant simplement sur une défense plus compacte. Magnitka a sauvé l'essentiel en play-offs en remportant le derby de l'Oural contre Ekaterinbourg, mais s'est ensuite logiquement incliné contre la profondeur de banc supérieure de Kazan.

Magnitogorsk a régressé après deux finales, et on voit mal comment cette équipe vieillissante remonterait. L'investissement majeur a consisté à prolonger la star Sergei Mozyakin jusqu'en 2020 pour en faire le plus gros salaire de KHL hors du SKA, une juste récompense de ses performances depuis cinq ans... mais les maintiendra-t-il à 36 ans ? Magnitka n'arrive pas à se renouveler car les joueurs formés au club n'arrivent plus à franchir un cap sur place (Kosov a ainsi été échangé à Kazan). Le défenseur de 20 ans Grigori Dronov, solide dans les duels et sûr dans ses relances, montrera-t-il le contre-exemple ?

 

Salavat Yulaev Ufa (8e) : un fossé culturel

L'entraîneur finlandais Erkka Westerlund était très déçu de ne pas pouvoir continuer son travail à Ufa, ainsi que de la culture court-termiste en vigueur en Russie (voir citation d'avril). N'ayant pas profité d'un calendrier initial facile (10 des 11 premières rencontres à domicile), son équipe a toujours été sous la pression. Elle s'est qualifiée en play-offs et a même passé un tour, mais cela n'a pas suffi à maintenir le coach en poste. D'un autre côté, Westerlund a aussi eu chaud de ne pas avoir été viré en cours de saison. Son travail avait été remis en cause dès novembre devant des supporters par le défenseur Zakhar Arzamatsev, et la vidéo de ses propos avait fait scandale sur internet.

Ce n'est pas Westerlund sur qui le couperet est tombé le premier, mais l'homme qui l'avait invité : Leonid Weisfeld, le manager du club depuis sept ans, renvoyé en janvier. Que lui reprochait-on ? Ce n'est pas très clair, car les décisions venues d'en haut sont souvent impénétrables dans la République du Bashkortostan. La mise à l'écart de Denis Kulyash a certes été controversée  : le défenseur offensif - récupéré par Ekaterinbourg - commettait quand même des erreurs, et en faisant une passe diagonale contraire aux consignes, il avait même envoyé un palet dans la tempe de son équipier Ilya Zubov, lui déplaçant quelques vertèbres sous le choc. Mais les autres transactions semblaient de bonnes affaires. Denis Kokarev a été échangé contre Anton Burdasov, techniquement plus doué et avec un bon tir du poignet, mais qui était superflu dans le "sureffectif" du CSKA. Weisfeld a aussi récupéré à moindre frais des joueurs de Vladivostok en quasi-faillite, dont le duo éprouvé Vladimir Tkachyov - Dmitri Sayustov.

Les renforts que son prédécesseur Zakharkin avait réclamés en vain toute la saison dernière, Westerlund les a donc obtenus. Il avait plus de profondeur, et une première ligne "étrangère" de choc Hartikainen-Kemppainen-Omark qui a été la plus efficace de toute la KHL. Il était très difficile de leur prendre le palet, que ce soit par la technique de Linus Omark ou par la puissance physique de Joonas Kemppainen. Malheureusement, c'était moins vrai des autres lignes qui subissaient sans savoir vraiment défendre en minimisant les erreurs. Il y a bien eu un fossé culturel entre Westerlund et la Russie, car les joueurs russes ont globalement tous joué en dessous de leur niveau.

 

Avtomobilist Ekaterinburg (9e) : une puissance en gestation

L'Avtomobilist Ekaterinbourg est en passe de devenir une nouvelle puissance de la KHL. La masse salariale de 16 millions d'euros doit lui permettre de bonnes ambitions dans la Conférence Est. Il a commencé cette saison par le rapatriement du défenseur Nikita Tryamkin : si son passage à Vancouver lui a appris la diététique (le défenseur de 114 kilos a maintenant un pourcentage de masse grasse normal entre 11% et 12%), il n'a pas apprécié l'hypocrisie des entraîneurs de NHL qui ne lui faisaient que des compliments mais ne le faisaient pas jouer. Il s'est donc réjoui de jouer pour Vladimir Krikunov, dont le franc-parler est notoire et à qui le sens de la diplomatie est totalement étranger.

Tryamkin n'a jamais regretté son choix de revenir dans son club formateur : il a eu beaucoup de temps de jeu, amassant ainsi lancers et mises en échec. Il est devenu le leader des lignes arrières, formant une première paire solide avec Aleksei Vasilyevsky. Il a certes aussi pris 109 minutes de pénalité, mais ce total a gonflé par des méconduites. Au nombre de pénalités mineures, Ekaterinbourg a été la deuxième équipe la plus disciplinée de la KHL.

L'Avtomobilist semblait avoir la jeunesse pour lui, avec deux leaders formés au club de 23 ans, Tryamkin pour la défense et Anatoli Golyshev pour l'attaque. Mais au premier tour des play-offs, il a reçu une leçon des "vieux" de Magnitogorsk, plus efficaces en jeu de puissance. C'est dans ce domaine qu'Ekaterinbourg a perdu ce derby : 0 but en 20 supériorités numériques ! Pour autant, le club a bien l'intention de reprendre le pouvoir dans l'Oural (voire au-delà). Il visera plus haut l'an prochain, sans Krikunov à la retraite (68 ans) mais avec plus de talent offensif (Nigel Dawes et Stéphane Da Costa).

 

Neftekhimik Nijnekamsk (10e) : le poison de la gratuité

Le Neftekhimik Nijnekamsk est un cas curieux à première vue : l'équipe était plus performante que l'an passé, elle a atteint les play-offs... et pourtant l'affluence dans les tribunes a chuté de 30%. L'explication de ce mystère apparent est toute simple : le club a arrêté de distribuer des billets gratuits, et ce sous quelque prétexte que ce soit. Le poison de la gratuité s'était infiltré et avait engendré des habitudes : même si en contrepartie les billets vendus avaient baissé, les Tatars n'ont pas rempli leur patinoire.

C'est dommage car le spectacle était plutôt bon. Le Neftekhimik gagnant souvent, et il jouait un hockey énergique, encouragé par l'émotion communicative du coach Andrei Nazarov. Celui-ci entraînait-il son équipe dans une agressivité douteuse ? Pas en saison régulière : les Tatars étaient assez actifs sur leurs patins pour provoquer plus de fautes qu'ils n'en commettaient.

Mais après trois défaites en play-offs contre le club de sa ville natale (le Traktor Chelyabinsk), Nazarov s'est remis à faire du Nazarov. À quatre secondes de la fin, il a aligné lors d'une mise au jeu en zone neutre un défenseur à faible temps de jeu à la place d'un attaquant : Kamil Fazylzyanov était juste là pour frapper son vis-à-vis. Cette bagarre provoquée a failli fonctionner psychologiquement, car le Neftekhimik a gagné le match suivant le lendemain, mais heureusement l'honneur est sauf et le Traktor est qualifié 4 victoires à 1. Meilleur marqueur de la saison régulière mais passé à côté de ses play-offs, l'Américain Dan Sexton en a fait les frais et a été renvoyé.

 

Torpedo Nijni Novgorod (11e) : le modèle Skudra désavoué

L'entraîneur letton Peteris Skudra a modelé le Torpedo Nijni Novgorod à son goût. Il a formé un groupe homogène où aucune star ne dépasse : Yegor Dugin, rejeté par le Dynamo et le Traktor, a ainsi été placé en première ligne et a été meilleur marqueur de l'équipe. Le style de Skudra est devenu moins actif et encore plus défensif cette année. Le Torpedo avait la 6e meilleure défense... mais la 23e attaque sur 27. En play-offs contre le Lokomotiv, elle a livré des parties équilibrées... mais a perdu chaque match par un but d'écart.

Skudra a donc été désavoué. L'arrivée d'un directeur sportif avec des prérogatives renforcées, Yan Golubovsky, l'annonçait. Le recrutement était en effet devenu un domaine réservé de Skudra, qui permute beaucoup ses lignes en tant que coach mais ne cesse aussi de chambouler son vestiaire, avec 20 changements en quatre mois entre le début de saison et la fin des transferts. Il était évident que Skudra n'accepterait pas des pouvoirs diminués, et il doit donc quitter Nijni Novgorod après cinq ans de travail.

 

Avangard Omsk (12e) : une bagarre pour défendre un entraîneur

L'Avangard est un cas typique de l'instabilité de la KHL : il a consommé 13 entraîneurs en 11 saisons (!), et depuis sa finale en 2012, il n'a jamais dépassé le second tour. C'est un club avec une direction "sans visage", et c'est d'ailleurs pourquoi l'ancienne star de l'équipe (1996-2005) Andrei Sushinsky a été invitée en janvier au bureau directeur.

Entraîneur de mars à décembre 2017, Andrei Skabelka a été accusé d'avoir un peu trop bridé ses joueurs. Le jeu sans palet fonctionnait bien, mais l'Avangard montrait peu de choses avec le palet. Était-ce vraiment la faute du coach ? Maksim Mineev, défenseur de 20 ans formé au club qui s'est révélé cette saison (fiche de +13), s'était fait connaître à l'automne par un étonnant 360° sur une passe décisive et avait alors expliqué que l'entraîneur demandait de la créativité et des actions non conformistes en attaque.

Si l'équipe créait si peu d'offensive, c'était peut-être moins la faute des consignes que de la faiblesse au poste de centre, accentuée par la blessure de Johan Sundström dès le début de saison. L'attaque a aussi été affectée par l'accident grave de Nikolaï Lemtyugov, victime d'une rupture de la rate après une charge de côté. Il ne s'en est pas rendu compte tout de suite et a fait encore deux passages sur la glace avant d'être évacué à l'hôpital et placé en coma artificiel (les supporters avaient fait la queue pour lui donner leur sang car il en avait perdu deux litres).

L'habitude de changer si facilement de coach instaure certainement de mauvaises habitudes au sein du vestiaire. Une violente bagarre, dont la vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, a aussi éclaté entre Andrei Stas et Mikhaïl Fisenko lors d'un dîner d'équipe. Il se dit que l'ancien international biélorusse Stas (il a renoncé à sa nationalité pour ne plus être considéré comme étranger) essayait de s'opposer aux tentatives de ses coéquipiers d'avoir la tête de son "compatriote" Skabelka... Accusé d'être un des frondeurs, le plus gros salaire, l'ancien défenseur international Evgeni Medvedev, a été d'autant plus pointé du doigt pour ses erreurs en play-offs.

Le coach suivant, German Titov, a laissé sa marque : système en 1-3-1 et passage en défense de zone. Il a emmené son équipe à un très beau duel tactique et technique dans la série contre Ufa, jusqu'au septième match. Malheureusement, il n'a pas eu la performance attendue de ses leaders. Excellent et surprenant en saison régulière, le trio Koshelev-Semyonov-Mikheev n'a pas continué sur sa lancée en play-offs. Contrairement au préjugé sur les Canadiens, Teddy Purcell était sans flamme et sans passion à l'arrivée des séries. Seul le Suédois André Pettersson - qui avait curieusement la réputation de ne pas être un joueur de play-offs - a vraiment tenu son rang. Pour tous les entraîneurs, cela prend du temps de comprendre les ressorts d'une équipe. Du temps, ils en disposent rarement à Omsk...

 

Amur Khabarovsk (13e) : le climat n'est doux que pour les Tchèques

L'entraîneur Andrei Martemyanov a réussi à ramener l'Amur Khabarovsk en play-offs après cinq ans d'absence. Il a mis en place un système fondé sur le forechecking et la pression sur l'adversaire, inhabituel en Russie mais particulièrement pertinent maintenant que la surface de la glace de Khabarovsk a été réduite. Le nouveau calendrier avec de longues séquences en déplacement a aussi été plutôt favorable pour les Tigres de l'Amour : cela réduit l'impact des voyages en les concentrant. L'équipe d'Extrême-Orient a réussi à se souder dans l'adversité, survivant à une série de neuf défaites alors qu'elle était affaiblie par une grippe.

Cette réussite ne sera pas restée inaperçue des clubs rivaux... Le coach Andrei Martemyanov a été engagé par l'Avtomobilist Ekaterinbourg, devenu un des clubs les plus riches de la Conférence Est. Quant au jeune centre Aleksei Byvaltsev, qui a rapidement progressé, il était en fin de contrat, et même en relevant son salaire, son club ne pouvait pas lutter face au tout-puissant SKA : il a pu s'y faire embaucher avec son coéquipier Oleg Li, et il y touchera près d'un million d'euros, car on ne voit toujours pas la couleur du plafond salarial "dur", sans taxe de luxe, annoncé imminent par la KHL.

Ceux qui ont choisi de rester à Khabarovsk, en revanche, ce sont les étrangers. Il n'est pourtant pas aisé de s'adapter en Extrême-Orient, mais les internationaux tchèques Michal Jordan, Jan Kolar et Tomas Zohorna passent beaucoup de temps ensemble et ont appris à se "tenir chaud" en quelque sorte quand l'hiver tombe d'un coup à -20°C.

 

HK Sotchi (14e) : versatile comme Superman

En début de saison, les jours de l'entraîneur Sergei Zubov paraissaient comptés. Sa tête semblait déjà placée sur le billot après la défaite 11-3 à Ufa... mais son équipe a répliqué en gagnant 5-0 à Kazan ! Capable du pire mais aussi du meilleur, le HK Sotchi a même créé la sensation en gagnant à Saint-Pétersbourg (3-2 après prolongation) pour infliger sa première défaite au SKA et interrompre sa série victorieuse de 20 rencontres.

Après de tels exploits, les joueurs se sont drapés d'un surnom : les Sotchimen, des super-héros comme Superman. D'où le costume bleu à cape rouge enfilé au All-Star Game par Pavel Padakin, leur révélation de la saison (passé de 12 à 31 points). Versatile comme son équipe, cet attaquant qui atteint tout juste 24 ans en est déjà à son second mariage (sa première épouse canadienne rencontrée pendant ses années juniors à Calgary ne s'imaginait pas vivre ailleurs qu'en Amérique du nord) et à sa seconde équipe nationale, puisqu'il a troqué le maillot de l'Ukraine pour celui de la Russie.

Malgré cette belle saison, le HK Sotchi reste un club qui joue avec la tolérance de la KHL pour payer les salaires avec juste assez de retard et ne pas verser les bonus (qui ne comptent pas quand la ligue vérifie le respect des contrats pour accorder le droit de se réinscrire en championnat !)

 

Spartak Moscou (15e) : la communion devant 11 000 fidèles

Sept ans que le peuple du Spartak attendait cela ! Les rouge et blanc se sont enfin qualifiés pour les play-offs à l'issue d'un match décisif remporté (4-3) face au Dynamo devant 11 337 spectateurs. On était loin d'imaginer une telle consécration mi-octobre quand il se traînait à l'avant-dernière place de la Conférence Ouest. Le directeur général Aleksei Zhamnov - qui est aussi dans le staff de l'équipe nationale - s'était alors mouillé en rejoignant l'entraîneur Vadim Epanchintsev sur le banc. L'effet a été immédiat. Le Spartak a remporté 11 des 13 premières parties avec le tandem aux commandes.

La saison spartakiste a été portée par deux joueurs : réduit à un maigre temps de jeu au SKA, Aleksandr Khoklachev a pu exprimer ses qualités techniques en revenant dans son club formateur, devenant carrément le sixième marqueur de toute la KHL. Plus inattendu encore, Nikita Bespalov, qui a été numéro 2 toute sa carrière, a multiplié les arrêts spectaculaires pour déboulonner Markus Svensson de sa place de titulaire.

Mais si le Spartak est le numéro 1 du public à Moscou, il n'est pas encore le numéro 1 sportif. Il a devancé le Dynamo, mais en play-offs, la cinquième attaque de KHL n'a mis qu'un but en quatre rencontres (!) face au SKA. Hormis Lukas Radil qui a donné satisfaction, les autres étrangers ont été critiqués dans cette phase décisive. Ben Maxwell n'a jamais pu trouver la forme entre plusieurs petites blessures. Le centre américain Ryan Stoa était sur une courbe descendante et a manqué d'agressivité. Enfin, le défenseur Ville Lajunen, peut-être affecté par sa non-sélection olympique, a commis trop d'erreurs.

 

Severstal Cherepovets (16e) : impossible à exclure... pour l'instant

Cette saison aurait pu être la dernière en KHL pour le Severstal. La ligue avait annoncé l'exclusion des trois clubs les moins bien notés selon sa grille multi-critères... dont elle n'a jamais donné le détail de l'attribution des notes. Or, le Severstal - pourtant revenu en play-offs - est resté dans les trois derniers, et son score a même chuté selon la KHL ! Incompréhensible pour tous les observateurs. Seuls deux clubs ont été écartés, car l'exclusion du Severstal aurait été impossible à justifier.

Le club de la Vologda a donc finalement sauvé sa tête en se qualifiant de belle manière pour les play-offs. Il a pris 4 points dans les deux derniers matches qui restaient après la longue trêve olympique, deux déplacements chez les cadors CSKA et SKA. Le Severstal a réussi à bâtir une équipe combative autour de l'exemplaire Maksim Rybin, leader de vestiaire aux mises en échec redoutées. Ceux qui ne rentrent pas dans cet état d'esprit sont renvoyés : le meilleur buteur de la saison précédente Maksim Trunyov a été écarté pendant la pré-saison parce qu'on ne lui trouvait plus de place dans le top-6, et le renfort tchèque Petr Holik a vite été renvoyé au bercail parce qu'on jugeait qu'il fuyait les duels physiques.

Toute collective qu'elle ait été, la réussite du Severstal a été intimement liée aux performances d'un joueur dominant : Dmitri Kagarlitsky. Il n'avait plus qu'à signer un contrat tout prêt à Ufa, mais il avait choisi de rester pour un salaire inférieur dans sa ville natale, l'année où sa femme allait accoucher. Dans la série de play-offs contre le SKA, Kagarlitsky a été le meilleur joueur sur la glace, mieux que toutes les stars adverses, et il a été élu dans l'équipe-type de la KHL. Mais une fois que Kagarlitsky sera parti (curieusement au Dynamo Moscou et non chez un prétendant au titre), que les play-offs n'apporteront plus d'immunité, le Severstal pourra-t-il échapper à son renvoi hors de la KHL ?

 

Sibir Novosibirsk (17e) : Cicéron, c'est pas qualifié

Ancien adjoint chargé de la défense, le nouvel entraîneur Pavel Zubov a surtout conquis... les journalistes. Ils s'ennuyaient parfois pendant le match mais jamais pendant ses conférences de presse. Ils l'ont même surnommé le "Cicéron de la KHL" pour ses talents d'orateur et ses formules (" Je ne peux même pas qualifier notre jeu de cirque. Le cirque est un spectacle coloré et joyeux que les enfants aiment. ").

Mais en interne, les joueurs étaient fatigués des discours et des réunions incessantes. La communication n'est pas passée avec tout le monde : le courageux défenseur Fyodor Belyakov a été échangé (au Spartak) après un conflit, et le défenseur tchèque Adam Polasek a décidé de partir (à Sotchi) car il n'a pas apprécié que le contenu d'un dialogue qu'il pensait privé soit répété le lendemain à la télévision.

Pour autant, le manager Kirill Fastovsky n'a jamais regretté d'avoir nominé Zubov. L'été dernier, les volontaires ne se bousculaient pas pour diriger une équipe du Sibir dépouillée une fois de plus de tous ses meilleurs joueurs. D'où les réunions nécessaires pour reformer un collectif avec des recrues inexpérimentées. Les cadres encore présents n'étaient pas des leaders   Stepan Sannikov n'était plus que l'ombre de lui-même, et le gardien Alexander Salak, qui a un caractère de meneur, n'était plus en position de l'être car il ne retrouvait plus son niveau après une blessure, concurrencé par Aleksei Krasikov.

Le 7 décembre, Zubov est finalement retourné au poste d'adjoint et le Sibir a recruté Vladimir Yurzinov junior, qui avait conduit Kunlun en play-offs l'an dernier. Ayant travaillé en Finlande, Yurzinov a mis en place un système moins engoncé dans les vieux schémas défensifs russes, ce qui convenait mieux aux joueurs étrangers. Son équipe a alors remporté 13 des 17 rencontres restantes... mais cela n'a pas suffi pour se qualifier. L'équipe de Novosibirsk a été victime du niveau très compétitif de la Conférence Est, où seulement points séparaient le premier du malheureux neuvième - le Sibir.

 

Dynamo Moscou (18e) : restructuré mais éliminé

Après avoir repris en main les clubs de football et de hockey sur glace, qui menaient une vie indépendante sans aucun contrôle, le Comité Central du Dynamo a découvert une dette totale de 200 millions d'euros. Des créances renvoyaient à une compagnie chypriote soupçonnée d'appartenir à l'ex-président (du club de football) Boris Rotenberg. Deux plaintes ont aussi été déposés contre l'ex-manager du hockey Safronov.

Le dirigeant de la section water-polo a été installé à la tête du club de hockey : Sergei Fedorov - à ne pas confondre avec le hockeyeur du même nom - est un ancien nageur diplômé de pédagogie qui a fait carrière dans les assurances. L'entraîneur Vladimir Vorobiev a donc été consulté sur le recrutement et a eu les joueurs qu'il voulait, sauf Mat Robinson parti gagner bien plus au CSKA.

Et pourtant, ce Dynamo restructuré a manqué les play-offs pour la première fois depuis 17 ans ! Il a vécu les mêmes problèmes que l'an passé : l'absence d'un vrai marqueur (aucun attaquant n'a dépassé 23 points et le meilleur pointeur a été le défenseur Ilya Nikulin avec 27) et une infirmerie trop remplie. On pensait que l'expérience de sa défense suffirait à qualifier le Dynamo, mais le gardien Aleksandr Eremenko a pris un mauvais but lors du match décisif chez le Spartak. Longtemps meilleur club moscovite après la chute de l'URSS, le Dynamo a perdu de son lustre.

 

Barys Astana (19e) : l'auto-égorgement

Tout allait bien pour le Barys Astana jusqu'à la trêve de novembre. Il était alors premier de la Conférence Est et ses leaders offensifs, Nigel Dawes et Linden Vey, figuraient parmi les meilleurs marqueurs du championnat. Mais la direction s'est crispée toute seule en voyant le capitaine Dawes poster des photos de ses vacances aux Émirats Arabes Unis sur les réseaux sociaux. Le Canadien naturalisé a eu une retenue de salaire pour "départ non autorisé" alors qu'il était de bonne foi et avait bien eu l'autorisation de son entraîneur, afin qu'il se repose d'un calendrier contraignant.

Dawes en a voulu au coach Evgeny Koreshkov, qui n'y était pour rien. Des tensions ont alors commencé à apparaître dans le vestiaire. Le Barys a vécu une dégringolade, ne remportant que 7 points sur les 20 matches suivants. Rien n'a arrêté la chute, ni le licenciement de Koreshkov le jour du Nouvel An pour le remplacer par Galym Mambetaliyev (simple intérimaire et parfait inconnu qui a pourtant officié comme coach au All-Star Game de KHL à Astana dans les jours suivants), ni l'abattage rituel d'un mouton sur la glace lors d'un entraînement, qui a rendu certains joueurs étrangers malades.

Le Barys s'est privé peu à peu de tous les Canadiens qui portaient son offensive : Martin Saint-Pierre a été échangé à Vladivostok contre le peu convaincant James Wright, et enfin Linden Vey a quitté le club pour Zurich. Ce dernier départ a déclenché une rumeur : il aurait été viré parce qu'il aurait refusé de prendre la nationalité du Kazakhstan (ce que l'on comprend tout à fait puisqu'il a obtenu une médaille de bronze avec le Canada aux JO). Les ZSC Lions, son nouveau club, ont été obligés de publier un communiqué pour démentir et corroborer la version du Barys d'une décision mutuelle. La pression pour prendre un passeport du Kazakhstan doit pourtant bien exister, puisque le gardien Henrik Karlsson - souvent sélectionné dans l'Euro Hockey Tour avec le maillot suédois - a endossé à son tour la tenue turquoise, sans que cela suffise à faire remonter le Kazakhstan dans l'élite.

C'est la pire saison du Barys dans ses dix ans d'histoire. On ne sait plus bien quelle est la stratégie de son propriétaire Askar Mamin, à qui certains conseillers souffrent de faire une chambre de naturalisation. Mais en changeant d'entraîneur chaque année, et en se défaisant de ses meilleurs étrangers, on a l'impression qu'il s'est mis dans une impasse.

 

Dynamo Minsk (20e) : les prémisses de l'échec du Bélarus

Même si le licenciement de Dave Lewis en plein milieu du championnat du monde pourrait laisser croire le contraire, le siège éjectable des entraîneurs ne s'allume pas toujours n'importe quand au Bélarus. La non-qualification du Dynamo Minsk en play-offs n'a ainsi pas été imputée sur le dos de Gordie Dwyer. Au contraire, le coach canadien a reçu les compliments du Président de la République qui a annoncé lui-même qu'il fallait continuer la coopération avec Dwyer, "un homme de NHL, un homme bon et un sportif". Et personne ne risque de remettre en cause la parole présidentielle au Bélarus...

Dwyer a en effet subi des handicaps bien compris : il a été nommé tardivement, et les recrues aussi, alors qu'elles avaient besoin d'un temps d'adaptation. Seul des 5 étrangers qui était déjà présent la saison précédente, le défenseur Marc-André Gragnani a été le meilleur marqueur de l'équipe. Le gardien suédois Jhonas Enroth a vite retrouvé les angles d'une grande glace et a tenu le Dynamo bien des soirs. Le bilan est plus contrasté pour le trio offensif nord-américain. Quinton Howden a été utile sur les engagements importants et en infériorité numérique. Justin Fontaine et surtout Jack Skille - arrivé en septembre après le début en championnat - ont eu du mal à s'adapter à une responsabilité de première ligne alors qu'ils jouaient sur un troisième ou quatrième trio en NHL.

Pour autant, ils n'ont guère eu de concurrence interne. Aucun des attaquants biélorusses (naturalisés inclus) n'a vraiment pu remettre en cause leur place en première ligne. Si le Dynamo est arrivé à exploiter la vulnérabilité défensive des favoris qui pratiquaient un hockey offensif, il a connu beaucoup de problèmes face à des équipes regroupées en défense. Cette inefficacité offensive, on l'a vue par la suite aux Mondiaux, avec comme conséquence une piteuse relégation. Les éléments de cet échec étaient déjà contenus dans la saison du Dynamo, y compris la déception du défenseur Dmitri Korobov dont on attendait plus et qui a été renvoyé avant la fin de son contrat.

 

Vityaz Podolsk (21e) : pas besoin d'un club croate pour avoir un Croate

Même s'il a conservé le même système de jeu contrôlé par l'entraîneur Valeri Belov, le Vityaz Podolsk n'a pu reproduire sa qualification en play-offs. Il a fini dernier de sa division (Tarasov), avec un total somme toute honorable de 67 points. Il poursuivra sa route en KHL, ce dont certains doutaient à une époque puisqu'on parlait même d'une fusion avec le Dynamo.

Il faut dire que sur les quatre recrues étrangères de l'intersaison, trois n'ont pas convaincu et ont été renvoyées ailleurs dès l'automne. Le seul qui a pleinement pris sa place, c'est Vojtech Mozík. L'international tchèque a assumé son rôle de leader défensif de manière encore plus nette que son compatriote Jakub Jerábek avant lui : Mozik a en effet amassé 30 points mais aussi un ratio de +14, alors que les autres arrières ont fini à maximum 12 points et des ratios autour de zéro ou très négatifs...

La valse des étrangers a en tout cas permis la véritable intégration en KHL d'un Croate formé au Medvescak Zagreb, paradoxalement au moment où ce club a quitté la ligue. Borna Rendulic, capitaine de l'équipe de Croatie et plus grand talent de l'histoire de ce pays, est parti très jeune à l'étranger et a fait son trou tout seul jusqu'à jouer en NHL. Il a été adopté au Vityaz avec le statut de joueur étranger et sera conservé. Cela apporte un peu de jeunesse dans une attaque toujours menée par le duo de vétérans Makeev-Afinogenov.

 

Admiral Vladivostok (22e) : un milliardaire aux arrêts et des impôts à payer sans salaire

L'Admiral Vladivostok a consommé la bagatelle de... quatre entraîneurs au cours de la saison ! Aleksandr Andrievsky a d'abord été remplacé par son adjoint suédois Frederik Stillman, qui dirigeait déjà l'essentiel des entraînements et donnait des instructions sur le banc : le changement était donc limité. Il n'en va pas de même de l'embauche-express d'Andrei Razin, engagé le 27 décembre et reparti seulement 5 matches plus tard avec pourtant un bon bilan de 10 points. Oleg Leontiev a alors fini le championnat...

Voilà qui mérite plus ample explication de contexte. Le 15 décembre 2017, le club a d'abord changé de président : Ziyavudin Magomedov, le milliardaire qui dirige le conglomérat Summa (et qui a ensuite été arrêté en mars pour avoir détourné de l'argent notamment lors de la construction des fondations du stade construit à Kaliningrad pour la coupe du monde de football), a été remplacé par Zairbek Yusupov. Le versement des salaires avait alors deux mois de retard. L'Admiral a alors rapidement cédé cinq joueurs, dont quatre à Ufa qui n'a toutefois versé une compensation que pour Vladimir Tkachyov, le meilleur marqueur de l'équipe.

Le jour de la signature de Razin, le 27 décembre, n'était autre que... la date limite des transferts de la KHL ! Le nouvel arrivé devait donc s'activer très très rapidement pour compléter l'équipe avec de bons joueurs qu'il connaissait (tel Denis Vikharev) car il arrivait dans un groupe totalement dépeuplé par le départ de tous les mécontents, dont les étrangers emmenés par Robert Sabolic. Les seuls Canadiens qui sont restés, ce sont les blessés Martin Saint-Pierre et Shaone Morrisonn, mais ils devaient se présenter tous les jours à la patinoire pendant leur convalescence pour faire leurs exercices sous surveillance. Quant à Razin, s'il est si vite reparti, c'est que le contrat de deux ans et demi promis s'est vite avéré être un leurre : comme pour Stillman avant lui, on ne lui proposait qu'un contrat temporaire pour la durée de son mandat, qui ne le protégeait pas en cas de licenciement (et est normalement interdit dans les règlements de la KHL qui oblige à des compensations).

Début janvier, dans ce contexte, l'Admiral partait donc "favori"... pour se faire exclure de la ligue ! Il n'en a rien été. Dans le classement multi-critères établi par la KHL, le fait de payer effectivement ses joueurs ne vaut que pour 5% de la note ! L'Admiral a récolté assez de points au classement et s'est efforcé de suffisamment remplir sa patinoire pour échapper au couperet. Il a pourtant subi un scandale public quand l'agent de Jonathon Blum a révélé que son joueur n'avait toujours pas été payé en mars alors même que le fisc américain lui réclamait les 52% d'impôts sur l'argent qu'il était contractuellement censé avoir touché de l'Admiral de septembre à décembre (plusieurs centaines de milliers de dollars). Allez donc expliquer à l'administration fiscale qu'en Russie les contrats ne sont pas forcément respectés ! La nouvelle direction, qui avait dégraissé les gros salaires, ne se sentait pas comptable des dettes de ses prédécesseurs ! La KHL lui a d'ailleurs infligé une amende pour ces retards... En plus de régulariser sa situation, l'Admiral devra effacer ce discrédit pour convaincre qu'il a durablement sa place en KHL.

 

Kunlun Red Star (23e) : l'échec cuisant de Keenan

Le célèbre entraîneur canadien Mike Keenan avait réussi à s'arroger les pleins pouvoirs durant l'été en évinçant Vladimir Krechin de son poste de directeur général. Néanmoins, ses décisions managériales ont vite suscité un sentiment qui a marqué l'ensemble de sa carrière : la controverse. Keenan a perdu son bras de fer en essayant d'imposer une baisse de salaire de 40% à Konstantin Makarov, qui a déposé réclamation devant le syndicat des joueurs, pour une fois écouté.

Quant aux joueurs écartés par Keenan, Richard Gynge et Geoff Kinrade, ils se montraient plus performants dans leurs nouveaux clubs. Keenan pouvait tout de même se targuer d'avoir lui-même rendu Gilbert Brûlé (échangé contre Gynge) plus performant en le replaçant au centre, au point qu'il a été sélectionné dans l'équipe olympique canadienne. Il citait aussi l'excuse des blessures de "son meilleur joueur" Andrei Kostsitsyn et de ses défenseurs Marek Daloga et Jesse Blacker. Pas suffisant pour justifier un bilan de plus en plus désastreux.

Les dirigeants chinois sont plus patients que leurs homologues russes, mais même leur patience a des limites. Après une série de neuf défaites d'affilée (et de 17 défaites en 19 matches), Keenan a été viré de son poste d'entraîneur début décembre, cinq joueurs après avoir perdu celui de manager général. Il a été maintenu au poste honorifique de "membre du comité de conseil international du Red Star Kunlun". Ce doit être la traduction en mandarin de "placard"... Son adjoint Bobby Carpenter, autre ex-coach de NHL qui lui a succédé à la tête de l'équipe, a reçu la même "carte de membre" lorsque le club a annoncé que son contrat ne serait pas renouvelé.

Le hockey chinois a maintenant pléthore de conseillers internationaux, mais il n'a pas beaucoup avancé. Pour la construction d'équipe à court terme, le Kunlun Red Star a enregistré une lourde perte en laissant sa principale arme offensive Wojtek Wolski retourner à Magnitogorsk. Quant au projet olympique 2022, Keenan y a porté un coup sévère en virant le seul Chinois (né et formé au Canada), le défenseur Zach Yuen. Une décision personnelle de Keenan que le Red Star a regretté en rappelant Yuen, qui devrait être réintégré via l'équipe-ferme de VHL (Heilongjiang), la seule qui puisse effectivement permettre à des hockeyeurs chinois de progresser.

 

Slovan Bratislava (24e) : une nouvelle forme de boycott ?

La révolution dans le hockey slovaque a forcément affecté les relations avec le Slovan Bratislava, dont le président est Juraj Široký, celui-là même qui a été éjecté de la présidence de la fédération par la fronde menée par les joueurs et anciens joueurs. On aura forcément remarqué que les hockeyeurs du Slovan, majoritaires dans l'équipe nationale il y a peu, étaient beaucoup moins nombreux dans la sélection de l'entraîneur canadien Craig Ramsay : 0 aux Jeux olympiques, puis 2 aux championnats du monde.

Le discours n'a pas forcément été hostile. Le nouveau président de la fédération Martin Kohút expliquait être "très triste que le projet envisagé avec les joueurs du Slovan comme base de l'équipe nationale ne fonctionne plus". Larmes de crocodile ? Il expliquait ensuite que "la fédération n'est pas propriétaire du Slovan qui est une entité privée avec sa propre stratégie, qui n'est probablement pas en accord avec les objectifs du hockey slovaque, mais nous n'en savons rien et nous devons aligner la meilleure équipe possible".

Fallait-il y voir un nouveau "boycott à l'envers" ? Les hockeyeurs du Slovan étaient-ils floués dans la sélection ? Pas tant que ça, finalement. Le gardien titulaire du club est tchèque (Jakub Štepánek) et les deux premières lignes offensives sont composées de trois Tchèques (Repík, Kašpar, Smolenák), de deux Canadiens (Boychuk et Genoway) et d'un seul Slovaque, le centre Marek Viedenský. L'absence en équipe nationale de ce gros gabarit (193 cm) solide dans les deux sens de la glace - il a même fini la saison KHL avec une fiche positive - n'était guère compréhensible, mais c'est sans doute le seul cas. Les arrières autour du capitaine Andrej Meszároš sont en effet des trentenaires vieillissants, et le Slovan est comptablement la pire défense de la KHL.

Les résultats du Slovan ne plaident guère en sa faveur, et le changement d'entraîneur début octobre (le Biélorusse Eduard Zankovets a remplacé Miloš Ríha) n'y a rien changé. Le club s'enfonce chaque année un peu plus dans les profondeurs du classement.

 

Lada Togliatti (25e) : on arrête de rêver

Le Lada est un modèle de constance à sa manière : depuis trois ans, il se classe troisième de la KHL... en partant de la fin. En cette saison où la KHL avait annoncé une réduction du nombre d'équipes, son sort a vite semblé scellé, avec une série de dix défaites dès le mois de septembre.

Et ce ne sont pas les critères non sportifs qui le rattraperont. Comme l'État avait annoncé ne plus vouloir financer le sport professionnel, il aurait fallu moins dépendre du financement public, ou au moins faire semblant (car en Russie les grandes entreprises sont liées au pouvoir d'une manière ou d'une autre). Rien n'a été entrepris en ce sens et le club ne faisait pas partie des priorités du nouveau gouverneur local.

Les dirigeants du Lada se sont masqué la réalité en croyant pouvoir encore se sauver. Contrairement à leurs collègues du Yugra, ils avaient au moins été invités au comité de direction de la KHL qui a voté l'exclusion du club, à la quasi-unanimité. Ils en sont ressortis tout pâles, KO debout. Ils ne pouvaient rien répondre aux journalistes amassés à la porte, sinon qu'ils ne parleraient que quand on leur aurait expliqué la décision. La KHL n'a certes toujours pas expliqué les calculs exacts de son mystérieux classement, mais le Lada paraissait condamné d'avance malgré le bond - un peu trop ? - spectaculaire de l'affluence (5455 spectateurs en moyenne, soit 1629 de plus).

C'est triste car le Lada Togliatti, premier club de province à avoir remporté le titre de champion de Russie (en 1994), reste un grand club formateur. C'est justement un natif de la ville, le toujours lapidaire Ilya Bryzgalov, qui a un peu plus enfoncé le clou : l'ancien gardien a expliqué que la KHL était un business, que sa décision était parfaitement compréhensible, et que le Lada remonterait au plus haut niveau "si les gens à Togliatti se mettent soudain à tripler leurs revenus", ce qui "est improbable dans les prochaines décennies". Pour tuer un rêve sans la moindre pitié, demandez Bryzgalov...

 

Dinamo Riga (26e) : une bouffée d'air pur

Sportivement, le Dinamo Riga n'a pas fait mieux que le Lada : il a fini avec le même nombre de points, le même nombre de buts marqués, et simplement quatre buts encaissés en plus. Il a été largué dès le début de la saison, avec 5 points en 16 matches au moment où Sandis Ozolinš a été remercié de son poste d'entraîneur (remplacé par un autre ancien joueur récemment retraité, Girts Ankipans). Le retour de blessure de Lauris Darzinš mi-novembre a permis de reconstituer une bonne première ligne balte Indrašis-Redlihs-Darzinš, mais elle a été trop seule.

Les Lettons ne se distinguent toujours pas par le recrutement inspiré de leurs renforts étrangers : ils ont même ouvert leur porte à Nikolaï Zherdev... Ils l'ont écarté une première fois en novembre, lui ont pardonné, puis l'ont licencié pour de bon en janvier en faisant jouer une clause contractuelle de "violation du régime". En clair, c'est la goutte d'alcool qui a fait déborder la vase. Des secondes chances, Zherdev en aura eu beaucoup, mais ce joueur qui pourrait être un des meilleurs du monde techniquement a décidément gâché sa carrière dans la boisson.

Pour autant, contrairement à ses collègues de bas de tableau, le Dinamo n'a pas eu à s'inquiéter pour son appartenance à la KHL. Son financement est majoritairement privé (via la nébuleuse Gazprom...) et la municipalité l'a soutenu en annonçant qu'ils rééditeraient chaque année le match en plein air, tel que celui organisé cet hiver sur un terrain en périphérie de la capitale. Même si les tribunes n'ont pu être installées que sur trois côtés (derrière les bancs, c'était une propriété privée impossible à négocier), les joueurs et les 8500 spectateurs ont adoré l'ambiance, sur une glace de qualité, et la résonance médiatique a été excellente. Cette bonne publicité, la KHL n'a pas l'intention de s'en priver.

 

Yugra Khanty-Mansiysk (27e) : abandonné comme un puits de pétrole vide

L'arrivée de l'ancien adjoint de Bykov en équipe nationale, Igor Zakharkin, aura eu plus de retentissement médiatique que sportif. Entraîneur très compétent dans la compréhension du jeu, il était en revanche vierge dans les fonctions de manager général. Il s'est rendu compte trop tard que la pyramide des âges était rédhibitoire et que ses vétérans, malgré leurs qualités techniques, n'avaient pas assez de jus pour appliquer son système sur le long terme. Le nouveau coach arrivé fin septembre, Anatoli Emelin, n'a pas pu sauver une situation inextricable.

Quant à la recrue-vedette Veli-Matti Savinainen, son potentiel offensif souffrait parce que "son problème est qu'il se concentrait trop sur la défense" selon Zakharkin (appréciation rare dans la bouche d'un coach !). L'international finlandais a finalement déçu sur tous les plans.

Déjà menacé l'an dernier, le Yugra n'aura eu qu'un an de sursis avant d'être exclu de la KHL. Dernier du classement sportif, il avait aussi la pire affluence des clubs russes (ne devançant que les Chinois de Kunlun). Onze ans après sa création, le club de la ville pétrolière est abandonné comme un puits de pétrole vide. Il a vainement essayé de vanter le bon travail effectué avec l'équipe junior. Elle se dispersera probablement, à l'instar de son meilleur buteur de la saison Pavel Varfolomeev (13 buts). Ce joueur de 23 ans, même s'il vient de Magnitogorsk à l'origine, a bien progressé dans les rangs juniors du club depuis son arrivée il y a six ans dans le cadre de l'éphémère draft KHL ; il a signé à Omsk pour la saison prochaine.

 

Marc Branchu

 

 

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