Allemagne 2017/18 : bilan

 

Le hockey sur glace a vécu une consécration avec sa médaille d'argent olympique, tout en sachant que cet exploit resterait probablement sans lendemain. Il s'agit de préparer l'avenir alors que les jeunes joueurs n'ont jamais été aussi peu nombreux en DEL.

Les clubs de DEL ont donc présenté un plan visant à obliger peu à peu à aligner des Allemands de moins de 23 ans sur la feuille de match (limitée à 19 joueurs et 2 gardiens dans cette ligue) : un en 2018/19, deux en 2019/20, et ainsi de suite avec des réserves liées à la réalité des générations disponibles. Cela peut arriver au bon moment après quelques générations creuses, mais le sélectionneur national Marco Sturm n'a pas été convaincu. Il en faudra bien plus pour prouver la volonté de la DEL à participer au développement du hockey allemand tout entier, alors que la promotion/relégation est toujours en suspens. Six clubs de DEL2 ont re-déposé les dossiers requis après l'échec formel de l'an passé, et l'examen juridique continue...

 

Les résultats du championnat allemand

 

Les clubs de DEL

 

Munich (1er) : la nouvelle dynastie

En remportant un troisième championnat consécutif, Munich a établi une nouvelle dynastie, comme Berlin et Mannheim depuis la création de la DEL, comme Düsseldorf, Cologne et Füssen avant. Une dynastie au goût de boisson énergétique, financée par les millions de Red Bull. Ce troisième titre a été le plus difficile à obtenir par rapport aux deux précédents, presque trop faciles. Avant le septième match de la finale, l'entraîneur Don Jackson a su faire appel aux émotions des joueurs en racontant ses histoires de victoire en Coupe Stanley avec une autre équipe dynastique (les Edmonton Oilers), et il a ainsi obtenu un huitième titre personnel de coach champion d'Allemagne.

Quinze joueurs ont participé aux trois titres d'affilée, mais ce ne sont pas toujours les mêmes qui se mettent en évidence. Septième meilleur marqueur de l'histoire de l'AHL, ayant appris le travail défensif sur le tard dans sa carrière, Keith Aucoin a brillé pour sa troisième saison en DEL en étant élu joueur de l'année... à 39 ans ! Connaissant parfaitement ses compagnons de ligne Brooks Macek (meilleur buteur de DEL) et Steve Pinizzotto, il a dominé la saison régulière. Mais pour autant, Munich l'a laissé partir à la retraite sans plus de regret. Non conservé non plus, le "shérif" Pinizzotto, après d'énièmes incartades. Red Bull déteste la publicité négative, et le récidiviste des déplacements de cage David Leggio (à qui la DEL a infligé une amende avant de changer sa règle) est aussi sur le départ après avoir perdu sa place de titulaire au profit du gardien héros olympique Danny aus den Birken.

Cette équipe a trop de classe et d'expérience pour dépendre d'individualités. En play-offs, si elle a été la meilleure offensive vue en DEL depuis douze ans, c'est parce que 11 joueurs ont inscrit au moins 12 points ! Et c'est même un joueur de quatrième ligne en partance, Jon Matsumoto, qui a battu le record de points en finale. Chacun a trouvé sa place dans cette mécanique fonctionnelle, y compris un autre médaillé d'argent de Pyeongchang, Yannic Seidenberg, de nouveau excellent dans son rôle de défenseur reconverti.

 

Berlin (2e) : Krupp lassé d'attendre

Une constance remarquable en saison régulière, une deuxième place qualificative en Ligue des Champions, puis une accession à la finale, perdue au septième match après avoir remonté un retard de deux victoires et fait trembler jusqu'au bout le grand favori Munich : assurément, c'est la meilleure saison à Berlin depuis les temps dynastiques.

Même le développement des jeunes, qui avait calé, a repris : les jeunes Jonas Müller et Kai Wissmann ont progressé à pas de géants en défense, et le premier nommé, meilleur +/- de DEL, est devenu vice-champion olympique après avoir inscrit un but "presque vainqueur" en finale. Le mérite en revient forcément à Uwe Krupp, l'entraîneur des Eisbären. Pourtant, il n'a jamais reçu de proposition écrite de nouveau contrat, simplement une promesse orale de prolongation d'un an. Lassé d'attendre, il a accepté un autre défi particulièrement audacieux : il a signé pour deux saisons au Sparta Prague dont il sera le premier entraîneur étranger.

Pourquoi les Eisbären ont-ils laissé partir une figure aussi reconnue que Krupp ? C'est la dernière étape de la reprise en main du club par le groupe Anschutz. Le directeur sportif Stéphane Richer a sa part dans la réussite de la saison pour avoir recruté des Canadiens dominants (la ligne Backman-Sheppard-Petersen mais aussi le centre complet Louis-Marc Aubry). Mais l'âme allemande du club survivra-t-elle à une froide gestion "anschutzienne" purement nord-américaine, dont on a vu les dégâts causés à (RIP) Hambourg ?

 

Nuremberg (3e) : plus solide et plus complet

Troisième de la saison régulière, Nuremberg a raté la qualification directe en CHL, objectif avoué, mais la qualification des deux équipes devant lui pour la finale lui a permis d'être le troisième club qualifié. Même si la finale leur a encore échappé (ils en ont gardé une dent contre l'arbitrage), cette saison a encore aiguisé les crocs des Thomas Sabo Ice Tigers, à l'appétit durable.

Ils ne dépendent plus en effet d'une seule ligne offensive, et il était temps puisque le maître à jouer Steven Reinprecht prend une retraite bien méritée en finissant meilleur passeur de l'histoire du club. Son n°28 est le quatrième numéro de maillot retiré et accroché au plafond. Pendant que le trio Ehliz-Reinprecht-Reimer était rarement au complet à cause des blessures, l'attaque a trouvé une nouvelle homogénéité. Leo Pföderl est devenu un sniper de plus en plus redoutable avec 23 buts en saison régulière et 10 en play-offs.

Surtout, Nuremberg a appris à bâtir son succès sur la défense, devenue la plus solide de DEL. Après deux années difficiles à la suite de son départ en Amérique du nord, Niklas Treutle a réussi sa carrière en obtenant les meilleures stats de la ligue. Il a réussi à intégrer l'équipe d'Allemagne, comme d'ailleurs le géant des lignes arrières Oliver Mebus. Nuremberg n'est donc plus seulement un fournisseur officiel d'attaquants pour la sélection nationale, ce qui sera moins le cas avec la retraite internationale de Patrick Reimer (un des trois médaillés d'argent olympiques avec Ehliz et Pföderl).

 

Mannheim (4e) : changement complet de stratégie

Mannheim est redevenu une équipe dont la valeur collective est inférieure à la qualité théorique des éléments individuels. Mathieu Carle et le déclinant Carlo Colaiocovo n'ont eu aucun impact à la ligne bleue. Le défenseur le plus constant a finalement été... l'international italien Thomas Larkin, celui-là même dont la vilaine charge en CHL avait entaché la réputation européenne du club et de la DEL. À l'offensive, la recrue-vedette Kevin Setoguchi n'a jamais pesé. Treizième attaquant dans la hiérarchie initiale, la révélation Phil Hungerecker a surnagé en terminant deuxième buteur de l'équipe (derrière le satisfaisant Chad Kolarik).

Lassé du gâchis des moyens financiers investis par l'éditeur de logiciels SAP, le patron Daniel Hopp a cette fois lancé une révolution radicale en virant tout le staff, de l'entraîneur Sean Simpson au manager Teal Fowler. La nouvelle philosophie a été définie en janvier par l'engagement futur de Pavel Gross, l'incarnation du hockey de "cols-bleus" de Wolfsburg, la quasi-antithèse des formations de stars des Adler.

Mais en attendant, le coach qui a fini la saison, c'est Bill Stewart, vieil ami du boss depuis le titre 2001. Au début, il n'a pas enrayé la chute vertigineuse au classement qui envoyait Mannheim vers une honteuse élimination prématurée, mais il a fini la saison régulière par quatre victoires et carrément obtenu une qualification directe inespérée pour les quarts de finale... où Ingolstat a même été éliminé en cinq manches. Une demi-finale n'est-elle pas une trop bonne réussite pour un coach "intérimaire", risquant de remettre en cause la stratégie de changement complet ? Non : le club a les moyens de ne pas faire de vagues et a recasé Stewart à un emploi de consultant pour le recrutement. Pas de reclassement en revanche pour 13 joueurs qui seront priés d'aller voir ailleurs.

 

Ingolstadt (5e) : une résurrection tardive

L'autre résurrection tardive est celle d'Ingolstadt, même si elle a été favorisée par le classement serré en milieu de tableau. Collé toute la fin d'année à une inconfortable onzième position de non qualifié, l'ERCI a fini quatrième de la saison régulière, certes, mais le moins bon quatrième de l'histoire de la DEL. L'avantage de la glace, franchement inattendu, n'a pas été exploité lors du quart de finale contre Mannheim.

Avant d'en arriver là, il fallut en passer par un changement d'entraîneur. Victime d'une série de neuf défaites, Tommy Samuelsson fut mis à la porte pendant la trêve de novembre. le directeur sportif Larry Mitchell a tenu les rênes lui-même sur le banc pendant un mois et demi avant que le départ volontaire de Brandon Buck vers Davos (Suisse) ne libère des marges financières. Doug Shedden est alors arrivé comme coach, de même que le défenseur finlandais Ville Koistinen, bon patineur et relanceur précis et sûr.

L'équipe, qui tenait par les performances du gardien Timo Pielmeier, a alors enfin trouvé un équilibre, et ses attaquants de pointe se sont mis à produire. L'absence d'une vraie première ligne est néanmoins restée rédhibitoire en play-offs. L'attaque sera de toute manière à reconstruire car l'Américain John Laliberté, un des meilleurs "power forwards" de la ligue, a anticipé sa retraite en obtenant (chez lui dans le Maine) l'emploi dans la construction dont il rêvait pour sa reconversion.

 

Cologne (6e) : à la recherche de son identité

Les six clubs les plus riches ont en fin de compte tous fini devant, puisque Cologne a également obtenu sa qualification directe pour les quarts de finale, éliminé en six manches par Nuremberg.

L'efficacité de la ligne des recrues Shugg-Schütz-Hanowski ne masquait pas le manque de cohésion de l'équipe. Un constat qui dépasse le vestiaire. Le changement d'entraîneur en novembre, avec l'arrivée de Peter Draisaitl, avait aussi pour but de faire venir une personnalité qui suscitait l'adhésion par son passé de joueur au sein du club. Il y avait urgence car le KEC a perdu sa première place en moyenne de spectateurs (au profit de Berlin).

Il n'y a pas si longtemps, Cologne se caractérisait par des cadres fidèles qui incarnaient l'esprit de l'équipe pendant toute une carrière. C'est de moins en moins le cas, et le défenseur international Moritz Müller - arrivé en âge junior - va bientôt être le seul survivant au gré des "purges". Philipp Gogulla, devenu cette saison le meilleur buteur de l'histoire des Haie en DEL, est en effet la dernière victime en date, poussé dehors malgré un contrat en cours. L'ambiance s'est dégradée dans ce club, et le gérant embauché l'an passé a déjà été viré. Deux collaboratrices avaient démissionné depuis son arrivée. Il avait aussi irrité certains gros sponsors en leur disant de mettre fin à leurs contrats s'ils ne déboursaient pas plus. Le contexte ne se prêtait guère à une telle attitude...

 

Wolfsburg (7e) : la fin d'une glorieuse époque ?

C'est plus qu'une page qui se tourne à Wolfsburg, c'est un chapitre entier. Après une décennie de performances remarquables pour un club à budget moyen, l'entraîneur Pavel Gross a accepté la proposition de Mannheim. Même s'il était tout aussi pleinement engagé dans son travail, son départ annoncé fut un choc pour tout le club.

Il était peut-être difficile de maintenir la même solidarité et la même autorité dans ces conditions. Mais si les dernières semaines furent compliquées, c'est aussi en raison de blessures. Wolfsburg a abordé les play-offs sans ses trois meilleurs marqueurs, dont son meneur de jeu et capitaine Tyler Haskins contraint à mettre un terme à sa carrière par une commotion. La septième place, juste derrière les six gros, n'a rien de déshonorant, pas plus que l'élimination logique en quart de finale contre Berlin.

Cette saison restera surtout comme un mauvais souvenir pour Felix Brückmann : motivé par les Jeux olympiques, piqué par la concurrence annoncée de Gerald Kuhn, le gardien avait intensifié sa préparation... et ne s'était pas accordé assez de temps de récupération. Son endurance reste son talon d'Achille. Ses performances très déclinantes lui ont fait perdre sa place de titulaire, sans même parler de l'équipe nationale bien éloignée aujourd'hui. Trajectoire inverse en revanche pour le défenseur Bjorn Krupp : le fils d'Uwe est devenu un pilier inattendu de la sélection, solide aux Jeux olympiques puis aux championnats du monde.

 

Bremerhaven (8e) : bis repetita

Deuxième année en DEL et deuxième qualification en quart de finale ! Encore une fois, personne n'aurait parié dessus après la perte à l'intersaison des deux gardiens et de la première ligne.

L'international slovène Jan Urbas s'est imposé comme le nouveau meneur offensif avec un engagement de tous les instants, devenant un chouchou du public au même titre que le pilier offensif à longue barbe et aux nombreux tatouages Cody Lampl.

Bremerhaven n'aura pas à rechercher de nouveaux leaders car Urbas a re-signé pour deux ans. Après avoir progressé au-delà des espérances (de 13 points et -1 à 34 points avec une fiche de +11), le défenseur rouquin Ross Mauermann a également prolongé, de même que Tomas Pöpperle dans les cages. Quant à la faible profondeur de banc, sa résorption est facilitée par la fertilité des autorités locales dans la distribution de passeports allemands...

 

Iserlohn (9e) : battu par son émule

Iserlohn a donc été doublement battu par Bremerhaven : comme recordman des naturalisés tout d'abord, et en deux manches sèches en pré-playoffs ensuite. Une fin brutale pour une saison mal commencée : les Roosters étaient derniers au moment du renvoi de l'entraîneur finlandais Jari Pasanen, qui avait mené le club à ses meilleures saisons.

La remontée spectaculaire sous la conduite du nouveau coach Rob Daum avait suscité bien des espoirs, mais l'équipe n'a jamais fait preuve de constance. Le meilleur buteur de DEL chipé à Bremerhaven (Jack Combs) a rempli son contrat en enfilant 22 buts, mais son patinage ne témoignait pas d'une grande implication, y compris dans le repli défensif.

 

Schwenningen (10e) : un modèle enfin récompensé

À l'exact opposé des fournisseurs de passeports, le modèle inverse a aussi fonctionné : dernier club à faire confiance aux jeunes Allemands, Schwenningen a enfin atteint les play-offs de l'élite qu'il attendait depuis 22 ans. Un plaisir qu'il a fallu bien savourer puisqu'il n'a duré que deux petites rencontres.

Pat Cortina a réussi à former une équipe homogène où les quatre lignes patinaient avec la même vigueur et la même rapidité. Cette homogénéité l'a conduit à souvent changer ses trios, ce qui peut expliquer que les performances d'Anthony Rech aient connu des phases fantastiques et d'autres plus délicates, dans ce qui reste une très bonne saison à ce niveau pour le Français.

Mais si tous patinaient autant, peu d'entre eux étaient tranchants devant le but. C'est un problème d'autant plus épineux que la moins bonne attaque de DEL s'apprête à perdre ses deux principales armes offensives : Damien Fleury rentre en France à Grenoble et le capitaine Will Acton a décidé, malgré un contrat en cours, d'accepter l'offre lucrative de Nuremberg qui devait remplacer Reinprecht. Convaincus qu'il serait vain de retenir Acton de force, les Wild Wings risquent néanmoins de regretter celui qui a été leur meilleur marqueur depuis trois ans.

 

Düsseldorf (11e) : une promotion qui a coûté le rêve olympique

Les méthodes de Mike Pellegrims n'ont jamais été acceptées à Düsseldorf. Alors qu'elles avaient conduit Klagenfurt au titre autrichien dès sa première année comme entraîneur-chef, elles ont pris la culture du club à rebrousse-poil. Trop taiseux pour se faire apprécier, le Belge cherchait en même temps à tout contrôler vis-à-vis de ses joueurs, habitués à plus de liberté en dehors de la glace. Son licenciement fin janvier n'a donc surpris personne.

La "promotion" de l'adjoint Tobias Abstreiter fut cependant un cadeau empoisonné : elle l'a obligé à renoncer au voyage olympique comme assistant-coach de la sélection de Marco Sturm, ce qui fut plus douloureux encore a posteriori puisqu'il a raté un moment historique du sport allemand. Tout ça pour un intérim de seulement un mois, puisque Düsseldorf ne s'est encore pas qualifié en play-offs, et pour redevenir simple adjoint la saison prochaine...

Ce championnat aura tout de même permis de réhabiliter Alexander Barta : très décevant pour la première de ses trois années de contrat, il a cette fois justifié son salaire en menant l'équipe en buts (25) et en points (40).

 

Augsbourg (12e) : un exploit difficile à rééditer

La formidable sixième place de l'année passée n'a pu être confirmée par Augsbourg, qui avait pourtant gardé l'essentiel de son équipe avec seulement trois changements. Mais il est difficile de répéter une aussi bonne performance. Les doutes dissipés la saison dernière sur le duo allemand (de passeport !) Boutin/Meisner se faisaient jour à nouveau, au point d'engager à l'automne, Olivier Roy, un gardien venu lui aussi de DEL2.

C'est toute l'équipe qui était en fait un peu en dessous de l'année précédente. La différence n'était pas si forte, le jeu d'Augsbourg restait crédible, mais la réussite n'allait plus dans le même sens. Là où les panthères retournaient la situation en leur faveur et remportaient les matches serrés en 2016/17, elles subissaient cette fois de courtes défaites et ne préservaient plus leur avantage. Après une éphémère place de leader après six journées, l'AEV a donc vu les play-offs s'éloigner peu à peu.

 

Straubing (13e) : du temps perdu

Les play-offs, Straubing n'a presque jamais pu y croire. Les Tigers ont vite été coincés à la dernière place. La greffe de Bill Stewart n'a jamais pris, et son système plus offensif était sans doute peu adapté à une équipe qui avait obtenu deux fois sa qualification sur un bloc solide avec Larry Mitchell. Lorsque Stewart a été viré après dix défaites en treize journées, nul ne pensait alors qu'il retrouverait un emploi à Mannheim.

De son côté, Tom Pokel mettait en place son système et remettait la défense et le powerplay sur pied. Héritant d'une situation intenable à trois gardiens après l'arrivée du joker Drew McIntrye, il décidait de conforter Sebastian Vogl dans sa place de titulaire et de se séparer de Dmitri Pätzold (qui retrouvait une place de numéro 1 à Krefeld). Straubing est devenu compétitif sur la seconde moitié de saison et peut espérer avoir lancé une nouvelle dynamique. Le duo offensif Jeremy Williams - Mike Connolly reste performant et le jeune Stefan Loibl a bien progressé au point d'intégrer l'équipe nationale. Mais si ça fait deux ans que les Tigers vont crescendo quand vient l'hiver, il vaudrait mieux être prêt dès la rentrée.

 

Krefeld (14e) : on ne bâtit pas une équipe sur deux joueurs

Deuxième saison consécutive à la dernière place pour Krefeld, qui inspire de moins en moins confiance quant à son avenir à long terme en DEL. Le champion 2003 décline peu à peu et semble se perdre de plus en plus dans son recrutement avec des paris mal assumés et vite reniés. L'international norvégien à gros gabarit Tommy Kristiansen a ainsi été écarté à l'automne en se joignant à la liste des déceptions.

Les deux attaquants-vedettes Marcel Müller et Daniel Pietta ont réussi de très bonnes performances, mais on ne bâtit pas une équipe avec seulement deux joueurs. Ils supportaient un tel poids sur leurs épaules qu'ils se grillaient à trop jouer et qu'ils n'ont pas été sélectionnés pour les Jeux olympiques. Le club en a alors profité pour les céder, prêtant ou vendant ses joueurs-clés avant la longue trêve olympique puisqu'il ne restait que trois journées par la suite. La saison s'est donc terminée en pratique le 2 février... Un poids en moins pour les finances du club, mais une situation de plus en plus déprimante pour les supporters.

 

 

Les clubs de DEL2

 

Premier : Bietigheim-Bissingen. L'entraîneur Kevin Gaudet tire sa révérence après avoir marqué le club de son passage après six années exceptionnelles : six finales consécutives, dont trois titres. Il a confessé la grande difficulté à devoir sans cesse remotiver les joueurs chaque année, sans perspective de montée à leur proposer.

Les Steelers ont réussi une fois de plus à remporter la ligue même si ses cadres vieillissent et fréquentent souvent l'infirmerie. Convalescent pendant des mois à cause de son genou, Justin Kelly est ainsi devenu le meilleur joueur des play-offs. L'international polonais Adam Borzecki, exemplaire leader défensif, prend pour sa part sa retraite après ce dernier succès. La première ligne Hauner-McNeely-Weller a finalement re-signé malgré les convoitises et Bietigheim-Bissingen compte encore rester la référence de DEL2.

 

Deuxième : Riessersee. Le SCR a vécu une saison exceptionnelle, emmenée par la ligne dominante du championnat. Revenu dans son club formateur, le joueur de l'année Andreas Driendl a parfaitement emmené le vestiaire, tout comme il a dirigé ses compagnons de la ligne, le rapide Richie Mueller et le technique Libor Dibelka. Ce trio a perdu son efficacité y compris défensive en play-offs, mais la défaite en finale contre Bietigheim ne ternit pas un excellent bilan sportif.

Mais à quel prix ? Alors qu'il avait commencé un recrutement toujours de haut niveau, le propriétaire Udo Weisenburger a soudain annoncé le retrait de DEL2. Il a déclaré que les moyens de son entreprise ou ses deniers personnels, rejetant la responsabilité sur les gros salaires attribués par l'ancien manager Ralph Bader (dont le licenciement pour faute a été validé par la justice à cause d'une nuit d'hôtel) alors qu'il les avait déjà validés. Le choc était énorme pour toute une région de Haute-Bavière qui a retrouvé cette saison son attachement pour ce club historique. Personne ne voulait voir le SCR mourir, et Weisenburger changeait finalement d'avis en déposant un dossier pour la saison prochaine. Mais entre-temps, hormis les joueurs du cru, la plupart des cadres ont signé ailleurs. L'équipe n'aura de toute façon plus la même allure.

 

Troisième : Francfort. La saison a été agitée en coulisses chez les Löwen. Rich Chernomaz a été écarté de son poste de directeur sportif en décembre, alors qu'il incarnait le visage du club pour beaucoup de supporters et de joueurs. Son successeur Franz Fritzmeier a vite cherché le dialogue interne pour expliquer ses projets. Sachant qu'il n'en ferait pas partie, le coach Paul Gardner a critiqué le club et son nouveau directeur avant les play-offs... Après deux défaites aux deux premières manches du quart de finale, Fritzmeier l'a viré et l'a remplacé. Un pari osé... mais réussi. Il a resserré les boulons en défense et renversé le derby contre Kassel, la meilleure méthode pour entrer dans les cœurs des supporters.

Mais le vrai défi de Fritzmeier sera dans la reconstruction complète de l'équipe. Le nouveau directeur sportif tient à incorporer de jeunes joueurs allemands, ce qui a toujours été sa politique. Il faudra la concilier avec l'attachement du public de Francfort à des têtes connues. Un nouveau pilier s'est en tout cas imposé pour servir de lien et peut-être de mentor : Tim Schüle, qui a été le meilleur défenseur du championnat.

 

Quatrième : Kaufbeuren. Obligé de s'entraîner dans son ancienne patinoire et de commencer la saison par cinq rencontres à l'extérieur, l'ESVK a vite adopté sa nouvelle patinoire de 3100 spectateurs, tout comme son public. L'atmosphère s'y est d'autant plus facilement créée pour soutenir l'équipe qu'elle a répété ses grandioses performances de la saison précédente en retournant en demi-finale.

Ce club classé "cinq étoiles" dans le classement fédéral des structures formatrices a encore aligné un effectif majoritairement composé de joueurs formés au club. La défense sans renfort étranger a été de loin la meilleure du championnat, en s'appuyant sur le meilleur gardien : incontestable pilier, Stefan Vajs a encore prolongé jusqu'en 2022.

 

Cinquième : Bad Nauheim. Les diables rouges ont connu pas mal d'instabilité dans leur effectif, mais le départ en EBEL de leur défenseur (trop ?) offensif Eric Meland en janvier fut une bénédiction. Elle a convaincu d'embaucher Marcel Brandt, qui venait d'être viré de Düsseldorf à cause de son comportement... et qui au contraire contribué à cimenter le vestiaire de Bad Nauheim. Avec lui, l'équipe a enchaîné onze victoires en treize rencontres pour atteindre une cinquième place inespérée, et le moins bon jeu de puissance du championnat est devenu pendant un temps le meilleur... avant d'échouer en quart de finale sur la solide défense de Kaufbeuren.

Malheureusement, Brandt n'a fait que passer car son destin est bien entendu en DEL. L'entraîneur finlandais Petri Kujala a aussi souhaité partir, ayant accompli sa mission après deux qualifications en play-offs en quatre ans. Comment maintenir la dynamique ? Là encore, le club a trouvé la solution avec un homme mis à la porte de Düsseldorf : l'entraîneur Christoph Kreutzer est une personnalité fédératrice qui attire l'intérêt médiatique, ce qui est un autre souci du club.

 

Sixième : Kassel. Les Huskies ont réussi le transfert de l'année en recrutant l'ancien défenseur de NHL James Wisniewski, qui a éclaboussé le club et le championnat de sa classe. Mais son objectif bien compris était d'utiliser Kassel comme tremplin pour participer aux Jeux olympiques. Une fois sa sélection obtenue, il n'avait plus le même engagement et songeait surtout à ne pas se baisser. Et après l'aventure olympique, il n'avait pas l'intention de revenir.

Kassel s'est fait plaisir mais n'a donc pas aidé sa cause en play-offs, éliminé pour la seconde année consécutive contre Francfort : quand le grand rival a changé d'entraîneur et de style, les Huskies n'ont pas su trouver la solution. Le capitaine Manuel Klinge, blessé au genou après seulement huit journées, aura énormément manqué. On ne sait pas quand et si ses ligaments lui permettront de rejouer. Le club, qui a besoin de joueurs formés au club comme personnalités fédératrices, fera revenir cet été Derek Dinger qui a passé plus de 500 matches en DEL.

 

Septième : Heilbronn. Malgré un recrutement plus conséquent, Heilbronn était encore dernier jusqu'à la fin octobre. Mais l'arrivée en décembre du gardien slovaque Marcel Melichercik a redressé l'équipe vers un retour réussi en play-offs.

L'entraîneur autrichien Gerhard Unterluggauer a été rappelé par son club formateur Villach après cette première expérience réussie de coach, et c'est un compatriote qui le remplacera : Alexander Mellitzer entraînait l'équipe d'Autriche junior et est très peu connu. Ce choix porte en fait la patte de Mannheim, qui a l'intention de relancer la collaboration avec le voisin Heilbronn et d'en refaire une pépinière pour ses jeunes.

 

Huitième : Crimmitschau. Ayant échappé de justesse à la relégation, avec un public réduit comme peau de chagrin, Crimmitschau a réussi une incroyable résurrection cette année. Propulsé en tête par un excellent départ, l'équipe a lentement décliné au classement pour sauver de justesse la dixième place qualificative, synonyme au moins d'un maintien tranquille. Mais elle n'en est pas restée là. Elle a éliminé Ravensburg en deux manches en pré-playoffs pour ensuite faire trembler le premier de la saison régulière Riessersee jusqu'au septième match.

Le gardien germano-canadien Brett Kilar, recruté en novembre pour remplacer Olivier Roy qui ne s'était jamais vraiment plu, a joué un rôle décisif car il a été le plus constant dans ses performances. Les étrangers ont parfois été critiqués pour des prestations en dents de scie, mais comme ils vont tous faire fructifier leurs bonnes stats chez d'autres employeurs, il faudra voir si leurs remplaçants sauront faire aussi bien.

 

Neuvième : Ravensburg. Autrefois très constant dans le haut du tableau, Ravensburg vient d'échouer une seconde saison consécutive au stade des pré-playoffs. Les blessures à répétition, qui ont sans cesse bouleversé les lignes, ont longtemps été mentionnées comme motif des performances moyennes.

Mais l'entraîneur Jiri Ehrenberger, qui a mis en place un système de jeu rapide et intensif en patinage, avait bien récupéré une équipe au complet avant la phase décisive. La blessure au genou du défenseur Sören Sturm était moins grave que prévu et l'opération au poignet du capitaine Vincenz Mayer permettait un retour rapide. Il n'y avait donc plus vraiment d'excuse à se faire sortir en deux manches par Crimmitschau. L'équipe sera conservée pour l'essentiel et aura l'occasion de prouver qu'elle est capable de mieux.

 

Dixième : Dresde. La conclusion a été différente à Dresde puisque l'entraîneur Franz Steer a été remercié après l'élimination en deux rencontres par Heilbronn en pré-playoffs. Pas vraiment d'accord avec cette décision, Volker Schnabel, l'homme qui avait assaini le club financièrement et rétabli sa crédibilité, a lui aussi rendu son tablier.

Une situation inquiétante ? Pas forcément. Les Eislöwen ne repartent pas de loin. Le club n'est plus endetté et les nouveaux dirigeants ont pu apprendre de Schnabel. Sur le banc, l'ancien défenseur international Jochen Molling était l'adjoint de Steer et connaît bien les joueurs à qui il veut appliquer son système de jeu à vocation offensive. Les bases sportives et économiques sont donc là pour que le club puisse mieux développer les jeunes locaux comme il l'annonce maintenant.

 

Onzième : Weißwasser. Lâché et "trahi" par "l'entraîneur de l'année" Hannu Järvenpää, reparti dans son ancien club hongrois comme si son engagement actuel ne l'intéressait plus, les Lausitzeer Füchse ont vécu une saison mouvementée. Les surcoûts liés aux transferts en cours de saison ont atteint 50 000 euros. Ils ont néanmoins payé dans le cas de Jeff Hayes et Roope Ranta : revenus en novembre d'un engagement peu convaincant en Allsvenskan suédoise, les deux joueurs ont pris part aux deux tiers (!) des buts marqués après leur arrivée et ont donc joué un grand rôle dans le maintien.

Ranta repart une fois de plus (à Heilbronn), et Thomas Götz met un terme à sa carrière : c'est un symbole, le dernier joueur à travailler dans la centrale électrique au lignite de Boxberg, grand pollueur et principal employeur du bassin minier de Lusace. Pour la profondeur de banc, Weißwasser va intensifier son rapprochement avec les Eisbären de Berlin, autrefois le seul et unique adversaire du temps du championnat d'Allemagne de l'Est à deux clubs, et accueillir des jeunes qui ont un destin professionnel dans le hockey sur glace.

 

Douzième : Fribourg-en-Brisgau. Le meilleur joueur local Niko Linsenmaier ne sera pas resté longtemps en DEL : blessé lors de la préparation et victime d'une condition physique défaillante, il a vite abandonné l'aventure Krefeld pour rentrer à la maison. Une bénédiction pour Freiburg, car il a encore été le meilleur marqueur et le principal artisan du maintien.

Les Wölfe restent dépendants de leurs joueurs formés au club car le reste de leur recrutement est plus douteux. L'insistance à conserver le controversé Radek Duda n'a pas payé car le Tchèque s'est surtout illustré par ses pertes de palet et son peu d'entrain au repli défensif (en plus de son statut incontesté de recordman des pénalités). Le seul étranger convaincant a été Mark Mancari, recruté début décembre... mais malheureusement blessé à l'épaule en février. Cela incitera-t-il à chercher d'autres pistes plus éloignées de la tradition tchèque du club ?

 

Treizième : Bad Tölz. Après avoir passé presque toute l'année à la dernière place, l'ECT l'a quittée en toute fin de saison et a ainsi obtenu un avantage de la glace très utile dans la série décisive contre la relégation face à Bayreuth. Le promu aura beaucoup appris pendant cette saison, y compris l'entraîneur Rick Boehm même s'il préfère retourner à sa vocation de toujours et s'occuper du hockey mineur.

Le recrutement s'est pas mal fourvoyé en début de saison. Philipp Schlager a certes été meilleur marqueur pour son retour dans son club formateur. En revanche, le géant autrichien André Lakos n'a pas été le leader défensif espéré, qu'est devenu Casey Borer à son engagement en janvier. La pression était surtout trop fort pour le nouveau gardien Andreas Mechel, qui n'était que numéro 2 à ce niveau et a vite été pris en grippe par les supporters. Après avoir longtemps maintenu en poste, on a finalement eu recours à une valeur sûre : le gardien finlandais Mikko Rämö a rassuré tout le monde et excellé dans la lutte pour le maintien.

 

Quatorzième : Bayreuth. La deuxième saison en DEL2 a tourné au fiasco sur tous les plans pour les Tigers. Les jokers de novembre Anthony Luciani et Éric Chouinard ont certes accumulé les points, mais n'étaient pas toujours investis défensivement, et la blessure de Chouinard dans les barrages de maintien l'a empêché de pouvoir jouer le rôle de sauveur.

Pire que la relégation sportive fut la situation en dehors de la glace. Le conflit entre le couple Wendel - qui dirige l'équipe pro - et le club lui-même était tel qu'on a même demandé aux joueurs de l'équipe de ne pas coopérer, et donc d'arrêter d'entraîner les équipes de jeunes ! L'entraîneur Sergei Wassmiller a brossé un portrait terrible : "Le budget nécessaire n'était sans doute pas disponible. Une réglementation rigoureuse de la tape pour les crosses ou l'absence de palets en fin de saison n'ont sûrement pas d'équivalent dans notre branche. La situation où des joueurs expérimentés doivent dormir en auberge de jeunesse ou sur un canapé chez des coéquipiers a certainement eu des effets."

Pourtant, si Margrit Wendel a démissionné de son poste, son époux Christian n'abandonne pas : après avoir recruté un entraîneur réputé - Petri Kujala - pour démontrer que le club est bien guidé, il a déposé un dossier en DEL2 pour être prêt à remplacer Riessersee si celui-ci doit renoncer.

 

 

Oberliga

 

La troisième victoire consécutive de Tilburg en Oberliga a fait grincer quelques dents. Certains se plaignent que le club néerlandais, qui n'a pas le droit de monter, fausse les play-offs en amenuisant les chances de promotion de ceux qui croisent sa route. Landshut a même déposé une motion pour l'exclusion de Tilburg, largement rejetée par un vote des clubs. Après tout, cela ne fait que renforcer l'importance de la saison régulière. Le premier du sud ne croise jamais la route de l'épouvantail, pas plus que le deuxième du nord si les Néerlandais terminent premier.

Le finaliste battu, Deggendorf, mérite donc totalement sa montée puisqu'il a fini l'Oberliga Sud à la première place avant de confirmer en play-offs. Il est bien moins connu que les autres clubs bavarois, sans passé de haut niveau ni équipe junior de très haut rang, mais il a pourtant formé nombre de joueurs de haut niveau. Contrairement à ce que l'on observe souvent chez les promus, Deggendorf a choisi de conserver ses deux étrangers pour la DEL2, ce qui est légitime car Kyle Gibbons et Kurt Leinweber ont mené l'équipe depuis plusieurs années. Mais il a aussi rappelé à la maison d'anciens joueurs de DEL : René Röthke a participé à la montée historique, et Christoph Gawlik, ancien grand espoir du hockey national (sur la première ligne de l'Allemagne au Mondial d'Amiens 2006 à ses débuts) reviendra l'an prochain pour jouer avec son frère, le défenseur Andreas.

 

Marc Branchu

 

 

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