Bilan des championnats du monde 2018

 

Pour fêter le cinquantième anniversaire de mai 1968, le hockey sur glace a failli connaître sa révolution. 2018 restera comme l'année où l'Allemagne a failli être championne olympique, et où la Suisse a failli être championne du monde. Alors, regrettera-t-on bientôt cette "révolution manquée qui faillit renverser l'histoire" ? Ou cette déstabilisation de l'ordre établi augure-t-elle de hiérarchies plus mouvantes et de compétitions plus ouvertes ?

Ces Mondiaux n'avaient pourtant vraiment pas commencé en bousculant le train-train. Pendant les premiers jours, la moitié des rencontres débouchait sur des scores écrasants. Des voix réclamaient la réduction du nombre de pays participants, et le président de l'IIHF René Fasel leur donnait même raison tout en avouant que ce ne serait sans doute pas possible. Il a fallu attendre pour que le Danemark, la Lettonie et à son niveau la Suisse viennent créer les surprises. Si l'écart entre les grandes nations et les autres, qui s'était réduit avec le temps, a semblé se creuser à nouveau, on le doit sans doute aussi à la transformation de la NHL qui s'est nettement rajeunie et résolument engagée dans la vitesse. Aujourd'hui, les joueurs de NHL font vraiment la différence, ce qui n'était pas toujours le cas quelques années en arrière.

Par le niveau de jeu, par une des phases finales haletantes, ce championnat du monde a donc tenu toutes ses promesses. Le Danemark est donc un organisateur heureux, félicité par Fasel qui avouait a posteriori quelques craintes à l'idée que la compétition se tienne pour la première fois dans ce petit pays avec une affluence moyenne faible dans son championnat national. Herning est une vraie ville de hockey, totalement aux couleurs des Mondiaux, où les fans ont retrouvé l'ambiance festive qui faisait le charme de cette compétition. Quant à Copenhague, les Suédois y ont comme prévu élu domicile, jusqu'à la victoire finale, puisqu'ils n'avaient qu'à traverser le pont.

Résultats et comptes-rendus des Mondiaux 2018

 

Suède (1re) : les meilleurs défenseurs du monde

La Suède est la reine... des pénaltys ! Une seule finale olympique s'est jouée aux tirs au but, celle qui s'est dénouée par le geste légendaire de Peter Forsberg en 1994. Dans l'histoire, il n'y a eu que trois finales des championnats du monde décidées aux tirs au but, une remportée par le Canada (en 1994 aussi, à Milan) et les deux que vient d'empocher la Suède, l'an dernier et cette année, sur un pénalty gagnant de... Forsberg. Il s'agit cette fois de Filip Forsberg, un des quatre jokers arrivés en cours de tournoi (avec Arvidsson, Ekholm et Hörnqvist). Même si le doublé suédois a été obtenu par un exercice souvent qualifié de loterie, difficile d'incriminer la chance comme seul facteur de la réussite scandinave. La Tre Kronor a été la seule équipe invaincue de la compétition, et elle mérite donc amplement son titre.

La Suède, avec 10 millions d'habitants, a aujourd'hui acquis une impressionnante profondeur de grands joueurs, que l'on pensait réservée à de plus grands pays comme le Canada ou la Russie. Elle l'a montré en étant sacrée deux fois de suite avec seulement trois joueurs en commun, ce qui était déjà le cas du Canada en 2014 et 2015. Mais s'il s'agissait pour les Canadiens de trois attaquants (Hall, Duchene, O'Reilly), les Suédois qui ont conservé l'or sont un avant, Dennis Everberg, et deux arrières, John Klingberg et Oliver Ekman-Larsson.

Pas un hasard : la Suède a aujourd'hui la meilleure défense du monde, avec des joueurs dominants. Elle est la seule équipe dont trois arrières différents ont été récompensés lors d'un même Mondial. Le trophée de meilleur arrière est revenu à John Klingberg, mais les journalistes ont voté dans leur équipe-type pour Oliver Ekman-Larsson et pour la révélation Adam Larsson : après le décès de son père et des blessures, celui-ci a épaté par sa défense acharnée de l'enclave et ses mises en échec dévastatrices (même si celle sur Guillaume Leclerc aurait pu lui valoir une sanction) mais aussi par ses qualités techniques. Il s'est senti plus libre avec le palet qu'en NHL, et cette liberté est inculquée aux arrières suédois dès les juniors.

Cette nouvelle philosophie s'est traduite dans le système de jeu de Rikard Grönborg, aussi soigné que sa barbe. Il implique vraiment les cinq joueurs sur la glace. Tant qu'ils participent au repli, tous ont une liberté d'action dans les phases de possession. Il en ce sens logique que cette Suède riche en défenseurs offensifs ait eu pour capitaine Mikael Backlund, un centre au travail défensif remarquable. Offensivement, cette équipe s'est distinguée par son homogénéité sans forcément avoir un grand leader. Les journalistes (majoritairement scandinaves comme le montre l'absence des Suisses), ont récompensé le gardien Anders Nilsson et deux défenseurs, mais un seul attaquant, le meilleur marqueur de l'équipe Rickard Rakell, qui s'est éteint en finale en perdant beaucoup de palets.

 

Suisse (2e) : un exploit reproductible

Si en 2013 à Stockholm, les Suisses avaient eu le sentiment d'avoir réalisé un incroyable exploit, ils ont cette fois quitté la glace terriblement déçus, presque dévastés moralement, tellement ils sont passés près d'un titre de champion du monde. Leur état d'esprit est désormais orienté vers la victoire, et c'est un entraîneur suisse, Patrick Fischer, qui a inculqué cette mentalité.

La Suisse a-t-elle définitivement pris place dans un top-6 mondial qui deviendrait un top-7 ? Il faut plus d'un exploit pour y parvenir. La Slovaquie a été championne du monde en 2002 et faisait clairement partie d'un top-7 au début du siècle, avant d'en être éjectée. Après le titre de vice-champion du monde 2013, la Nati n'a pas obtenu de résultats probants les années suivantes, et certaines des révélations du tournoi n'ont pas confirmé les espoirs placés en eux (Cunti, Suri, Bodenmann).

Les perspectives paraissent cependant bien meilleures cette fois, car la Suisse dispose à la fois de joueurs qui se sont transcendés et de talents indéniables. Le gardien Leonardo Genoni a levé tous les doutes à son endroit lors des phases finales. La défense a été digne d'éloges. Le capitaine Raphael Diaz et le jeune Mirco Müller ont été irréprochables, et le joker Roman Josi a amené comme d'habitude sa classe mondiale. Mais qui eût cru que Michael Fora, le jeune capitaine d'Ambrì-Piotta, puisse élever son niveau de jeu à ce point en finale ? Même si son patinage n'est pas de niveau élite, il a été impressionnant dans les duels physiques.

Et que dire d'Enzo Corvi ? Resté dans son club formateur Coire jusqu'à ses 20 ans, le Grison - au contraire de son coéquipier de jeunesse Niederreiter qu'il a retrouvé à ses côtés - n'a jamais été international au-delà des U16. Il a fait son trou doucement au sein du HC Davos avant de se révéler cette saison en équipe nationale. Il a démontré que ses qualités techniques pouvaient se transposer au niveau international, tant dans l'intensité que dans la lecture du jeu. Du sens du but de Grégory Hofmann à l'énergie et à la hargne de Tristan Scherwey, la Nati s'est découvert des cadres. Et à l'instar de Kevin Fiala qui a clairement franchi un palier, elle sait aussi disposer de jeunes talents avérés y compris en NHL.

 

États-Unis (3e) : l'appétit vient en mangeant

La médaille de bronze constituait jusqu'ici le pinacle des ambitions américaines. Il faut dire que les États-Unis n'ont jamais fait mieux depuis 1960 - et même depuis 1950 si l'on exclut les tournois olympiques qui faisaient aussi office de championnat du monde. Mais cette année, elle laisse des regrets. Les Américains ont en effet commencé par six victoires, du jamais vu puisque cinq succès leur avaient suffi pour remporter leur unique "vrai" titre de champion du monde en 1933.

On savait d'avance que les États-Unis avaient amené une grosse équipe avec la présence de Patrick Kane. Il a parfaitement répondu aux attentes puisqu'il a égalé avec 20 points le record de la compétition pour un joueur de NHL (établi par Dany Heatley en 2008), même si les 7 points obtenus contre la Corée du Sud lui ont facilité la chose. Décisif en quart contre les Tchèques, Kane s'est comporté en vrai capitaine et a toujours mené l'équipe. Il a même choisi son centre en se prononçant pour le jeune Colin White, ce qui équilibrait les lignes.

Dylan Larkin a été exemplaire défensivement dans son rôle de neutralisation , notamment en phase finale face à la première ligne tchèque et face à la première ligne canadienne. Il a bénéficié à ses côtés de la vitesse de l'explosif Chris Kreider qui a ainsi piégé McDavid dans le match pour la troisième place.

Ce qui aura manqué, c'est du réalisme en demi-finale contre la Suède, où le score (0-6) ne reflétait pas la physionomie du match. Le geste qu'on retiendra de ce match dans le camp américain, c'est malheureusement le coup de crosse vengeur à deux mains de Johnny Gaudreau. Cette vilaine pénalité a coulé son équipe en provoquant le troisième but suédois. Se laissant aller à la frustration, Gaudreau n'a pas toujours utilise bon escient ses dons techniques exceptionnels même s'il a aussi signé des passes magiques. Cette maturité a manqué, et Kane n'a pas suffi. Mais l'appétit vient en mangeant et, après trois podiums en cinq ans, les Américains sont maintenant tous convaincus que la finale est à leur portée.

 

Canada (4e) : les gardiens, mais pas que

Après trois finales consécutives, le Canada repart sans la moindre breloque. Un résultat encore plus décevant si l'on regarde la composition de l'équipe. Sauf à un endroit-clé : dans les cages. Pas de grande équipe sans grand gardien, on le sait. Et cette fois, les craintes a priori se sont confirmées a posteriori. Darcy Kuemper a failli et Curtis McElhinney a également encaissé de mauvais buts, c'est indéniable. Pour autant, reporter toute la responsabilité de l'échec canadien sur les épaules des gardiens serait un peu facile.

Lors de ses défaites, le Canada a inscrit 1 but (Finlande en poule), 2 buts (Suisse en demi-finale) et 1 but (États-Unis en petite finale). Quand on réunit autant de talent d'élite, ce n'est pas assez. Avant d'être lui aussi impuissant lors du week-end final, Connor McDavid a trop souvent paru bien seul à porter son équipe à bout de bras. Capable de mettre dans le vent - dans la bourrasque même - n'importe quel défenseur en un contre un, le talent à haute vitesse a fini avec 17 points... alors qu'aucun de ses coéquipiers n'a dépassé les 8 points ! Si l'entraîneur Bill Peters changeait tout le temps ses lignes, c'est bien qu'il n'a jamais trouvé la bonne formule

Malgré sa maîtrise technique du palet, Matt Barzal n'a jamais su entraîner un trio avec ses collègues des New York Islanders, y compris son partenaire usuel Jordan Eberle dont le temps de jeu a dès lors fondu comme neige au soleil. Et la défense n'a guère fait mieux. Colton Parayko a été solide, mais même le joker d'habitude fiable Marc-Edouard Vlasic a déçu, sauf en quarts de finale où il a tenu en respect les meilleurs joueurs russes. Quant à Aaron Ekblad, il n'a guère eu l'apport offensif espéré, même si le staff l'a désigné parmi les trois meilleurs de l'équipe. Dans l'ensemble, la mayonnaise n'a jamais donné l'impression de prendre pour former une performance collective entièrement convaincante.

 

Finlande (5e) : l'équipe bipolaire

On aura rarement vu aux championnats du monde une équipe plus bipolaire que cette Finlande. Elle a été capable de tout écraser sur son passage en début de tournoi, de battre à plate couture les Nord-Américains pour terminer première de poule, mais aussi de perdre face à la Danemark, à l'Allemagne et en quart de finale face à la Suisse.

Cette schizophrénie s'est forcément catalysée autour de la personnalité du coach Lauri Marjamäki : celui que beaucoup qualifiaient déjà de plus mauvais sélectionneur de l'histoire de la Finlande semblait par moments capable de soudain transformer son système pour utiliser pleinement les capacités offensives de ses joueurs. En fin de compte, il a connu un nouvel échec pour achever son mandat. Et il s'est enferré dans ses choix, en accordant des minutes décisives à Ville Pokka, multipliant les erreurs et maintenu à la pointe de la première unité de puissance sans jamais rien produire.

Pokka, qui plafonne voire régresse depuis des années en AHL, est devenu la tête de turc des supporters finlandais, alors qu'un arrière de la même génération 1994, Markus Nutivaara, s'est révélé : il n'était même sélectionné dans l'équipe championne du monde junior 2014, mais il a récemment percé très vite en NHL après avoir fait son trou chez les Kärpät d'Oulu entraînés par un certain... Marjamäki. Avant de proposer l'exécution en place publique de ce dernier, il faut donc lui savoir gré d'avoir lancé chez les seniors Nutivaara mais aussi Sebastian Aho, l'incontestable meneur offensif de cette équipe.

L'entraîneur n'explique pas tout. Si cette équipe a été si inconstante, c'est sans doute aussi un péché de jeunesse. Elle a montré son génie dans les moments fastes, mais manquait d'expérience pour gérer le sort contraire. Le capitanat a en particulier paru venir trop tôt pour Mikael Granlund, pas entièrement prêt à assumer les responsabilités défensives d'un centre. La transition générationnelle a fait passer la Finlande à un niveau de talent bien supérieur, mais le métier met plus de temps à s'acquérir.

 

Russie (6e) : un échec aussi historique que prévisible

Cela fait cinq ans que la Russie n'avait pas été éjectée du podium mondial. Pire, elle n'avait déjà obtenu aucune médaille aux Mondiaux U18 et U20, une disette qui n'était jamais arrivée dans toute l'histoire russe ! Heureusement que les Jeux olympiques sont venus laver l'honneur du pays. Mais faut-il s'inquiéter d'un possible déclin ?

Même s'ils ont déroulé en début de tournoi contre des équipes plus faibles, les Russes ont perdu face à chaque adversaire du top-6. Ils ont interrompu leur série de 11 victoires consécutives sur la Suède aux championnats du monde, laissé échapper la première place de poule et rencontré le Canada en quart de finale. Un morceau un peu gros... La ligne-phare Kaprizov-Datsyuk-Gusev, trop seule, a été neutralisée par le duo Vlasic-Parayko, et le héros Kirill Kaprizov, auteur du but vainqueur dans la prolongation olympique, a cette fois condamné la pénalité fatale en prolongation, un cinglage certes un peu sévère à ce moment du match mais que les arbitres étaient tout à fait légitimes à siffler. Aucune vraie satisfaction n'est à porter au bilan, sinon le bon tournoi d'Aleksandr Barabanov.

Pour autant, difficile de tirer un jugement trop définitif car la Russie n'a jamais abordé un Mondial dans d'aussi mauvaises conditions : une cascade de forfaits, un changement d'entraîneur à trois semaines du début de la compétition, et même une épidémie d'oreillons dans le vestiaire moscovite avant de partir. Impossible dès lors d'en vouloir au sélectionneur "intérimaire" Ilya Vorobyov. Certes, le choix du gardien titulaire pour le quart de finale était peu judicieux : Igor Shestyorkin n'avait certes encaissé aucun but en sept tiers-temps en poule, mais il a montré ses limites et en a pris cinq contre le Canada. Ce ne sera pas un grief. Le président de la fédération Tretiak semble avoir l'intention de prolonger le contrat de son entraîneur.

 

République Tchèque (7e) : collée à son plancher

Sixième année consécutive sans médaille pour les Tchèques, scotchés depuis le dernier championnat du monde à cette septième place qui est leur plancher historique mais qui semble aujourd'hui leur place tristement normale. Après la retraite internationale désormais définitive de Tomas Plekanec, la jeune génération fera-t-elle preuve de la même abnégation et de la même implication pour l'équipe nationale ?

Cette équipe a besoin de nouveaux leaders, et Radek Faksa a connu à ce titre un tournoi décevant. La bonne surprise est venue de Dmitry Jaškin, qui a complété la première ligne avec le duo dominant arrivé en cours de tournoi, David Krejcí et David Pastrnák. Le renfort de ces deux joueurs a laissé espérer au public tchèque un potentiel supérieur, malheureusement déçu en quart de finale face aux Américains. Qu'il ait ou nom commis des erreurs de coaching dans ce match, Josef Jandac est en partance, donc peu importe. Le sélectionneur lègue un premier renouvellement en ayant mis le pied à l'étrier au prometteur junior Martin Necas.

Trouver un nouveau sélectionneur ne paraît pas si simple. Les entraîneurs-managers-propriétaires Libor Zabransky (Brno) et Martin Straka (Plzen) ont décliné la proposition car ils préfèrent se consacrer à leurs clubs. Il reste trois candidats qui seront proposés au vote du Comité exécutif de la fédération le 7 juin. Deux incarnent la nouvelle génération, Václav Varada et le sélectionneur des U20 Filip Pešán. Mais même si la décision se fait à la majorité des voix (6 sur 11), le journal Sport prétend que le président Tomáš Král est en négociations avancées avec le troisième candidat, le plus expérimenté : Miloš Ríha, qui a notamment fait carrière en Russie. C'est un motivateur qui pourrait ranimer la flamme de l'équipe nationale. Mais c'est aussi une forte personnalité. Saura-t-il composer et s'entourer ? Jandac raisonnait collectivement, et son assistant Jaroslav Spacek a tenu un rôle important notamment en s'occupant des défenseurs. Cela fait deux ans qu'il forme de près des arrières peu expérimentés, par des séances particulières, pour les hisser au niveau des championnats du monde.

 

Lettonie (8e) : exceptionnelle discipline de système

Le sévère 1-8 encaissé par les Lettons au deuxième match de la Finlande aurait pu laisser croire qu'ils auraient bien de la peine à être compétitifs. Tout au contraire, l'entraîneur canadien Bob Hartley s'est servi de ce résultat pour convaincre ses joueurs qu'il n'y avait pas d'autre voie vers le salut que d'être extrêmement rigoureux. La discipline s'est améliorée de manière incroyable en fin de tournoi : deux pénalités seulement contre l'Allemagne et le Canada, puis une seule dans le match décisif face au Danemark et dans le quart de finale contre le Canada.

Mais c'est tout le système de jeu qui a été appliqué avec une diligence remarquable. Parfaitement en place, les Baltes ont défendu leur enclave avec une vigueur inédite et un engagement physique total, devant un excellent Elvis Merzlikins dans les cages. Les buts encaissés ont eux aussi fondu progressivement : lors de leurs cinq dernières rencontres, ils ont encaissé 1 seul but à cinq contre cinq face aux Américains, Allemands et Canadiens (plus un en prolongation à 3 contre 3 contre ces derniers), 0 contre les Danois et 2 contre les Suédois. Lorsque vous ne prenez quasiment pas de pénalités et que nous ne cédez aucun espace à cinq contre cinq, vous augmentez forcément de beaucoup vos chances de succès !

La Lettonie a donc fait un retour mérité en quart de finale, qu'elle attendait depuis neuf ans. Et elle a même cru pouvoir aller plus haut car elle a sérieusement fait douter les futurs champions du monde. Cela, elle y est parvenue grâce à son implication dans le système défensif de Bob Hartley, alors même qu'elle avait un powerplay désastreux, le plus mauvais du tournoi. Il lui manquait en effet Daugavins et Darzins, ses deux leaders offensifs majeurs de ces dernières années. Mais elle a réussi à compenser par sa solidarité collective, et la valeur montante Rudolfs Balcers est devenu meilleur marqueur de l'équipe (4+2) dès son premier championnat du monde.

 

Slovaquie (9e) : des motifs de satisfaction

La Slovaquie va devoir repasser par des qualifications pour aller aux prochains Jeux olympiques, ce qui ne lui était plus arrivé depuis plus de vingt ans. C'est une conséquence de sa sortie du top-8 mondial, puisque l'Allemagne (aux Jeux olympiques) puis la Suisse (dans ce tournoi) ont filé hors de sa portée. Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'elle a perdu sa position. Cela fait cinq ans qu'elle n'a plus mis un pied en quart de finale, mais elle n'en a jamais été aussi près pendant cinq années, avec 11 points. La grande frustration concerne surtout le premier match contre les voisins tchèques, où les Slovaques se sont fait rejoindre à neuf secondes seulement de la fin. Atteints moralement, ils ont été sans ressort le lendemain face à leur concurrent direct, la Suisse. La qualification, frôlée, s'est donc perdue dès le premier week-end.

Pour autant, Ladislav Nagy - qui décidera cet été s'il continue ou arrête sa carrière pour s'occuper de ses deux enfants - défend le bilan de l'entraîneur canadien Craig Ramsay : "avant, il y avait un chaos terrible en zone défensive, et maintenant, on défend très bien, on bloque les tirs et on utilise bien les crosses. On suit le système et on est parmi les meilleurs en infériorité numérique." L'estime est réciproque car Ramsay, qui a utilisé Nagy y compris dans ces phases de désavantage numérique, a été impressionné par son vétéran de presque 39 ans qui "fait tout sur la glace" et a été son meilleur marqueur avec 10 points (1+9).

Certes, Ramsay emploie un discours très positif même dans les mauvais jours. Mais dans les faits, la Slovaquie a vraiment des motifs de satisfaction. Les gardiens étaient nouveaux ? Marek Ciliak et sa doublure Patrik Rybar s'en sont bien sortis. La défense comprenait trois débutants âgés de 18 à 22 ans ? Mario Grman, Christian Jaros et Martin Fehervary ont tous terminé avec des fiches positives ou nulles en engrangeant une expérience précieuse. Les attaquants issus de l'Extraliga slovaque n'inspiraient pas confiance ? Michal Kristof a étonné tout le monde en étant deuxième marqueur de l'équipe (3+3), et le trio de Poprad (Bondra-Buc-Svitana) a été le "deuxième en performance", comme l'a dit le manager Miroslav Šatan, alors qu'il constituait théoriquement la quatrième ligne.

La dynamique est donc redevenue positive à un an des championnats du monde à domicile. Les nouveaux venus qui ont fait bonne impression pourraient amplifier la concurrence et mettre la pression sur les vétérans. Avec un système désormais en place et quelques forfaits en moins, la Slovaquie, qui patinait plus que les années précédentes, sera prête à aborder son rendez-vous chez elle.

 

Danemark (10e) : une audience inédite

Comme les Slovaques, le Danemark pourrait se lamenter d'avoir été éliminé avec 11 points, un total qui avait toujours suffi à une qualification en quart de finale lors des précédentes éditions des championnats du monde. Mais si la barre a augmenté cette fois, c'est aussi par la faiblesse des reléguées cette année, en particulier de la Corée à zéro point. Les Danois ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes : ils avaient un match décisif contre la Lettonie, avec tout le pays derrière eux.

La partie était retransmise en direct en soirée à une heure de grande écoute, sur la deuxième chaîne de télévision nationale (TV2). Il a attiré 519 000 téléspectateurs, soit 33% de parts de marché dans un pays de moins de six millions d'habitants, avec un pic à 760 000 téléspectateurs en fin de match. C'est presque le double du précédent record qui datait du match qualificatif Danemark-Norvège à Amiens en 1999 (310 000 spectateurs). Présenter le hockey sur glace au plus grand public possible, tel était l'enjeu de ce Mondial, bien au-delà de la mobilisation des fans habituels à Herning. Le but est en effet de se faire connaître pour attirer plus de licenciés. Mais vu que le travail de formation est déjà excellent sur les 15 clubs, tant en qualité qu'en quantité, l'élargissement de la pratique ne peut se faire que si des décideurs se mettent à construire de nouvelles patinoires.

Il reste donc à espérer que ces nombreux téléspectateurs ont apprécié le spectacle et ont été moins frustrés que les joueurs du résultat final (0-1). Jusqu'à ce moment, le Danemark avait su négocier ses matches-clés en dominant la Finlande (3-2) dans la plus grosse performance de son histoire et en confirmant contre la Norvège. Mais dès que les adversaires imposaient un défi physique, les Danois subissaient le jeu, ce qui avait déjà été notable contre les Nord-Américains. Pas de forechecking, des difficultés à aller directement à la cage avec assez de vigueur : l'équipe est restée engoncée dans ses habitudes tactiques et a été trop passive face aux Lettons.

Faut-il dès lors prolonger ou non le contrat du sélectionneur Janne Karlsson, en poste depuis cinq ans ? Les précédentes tentatives de confier l'équipe nationale à des Nord-Américains avaient échoué par méconnaissance des réalités internationales. Mais le Danemark dispose de plus en plus de talent et pourrait tenter d'élever l'intensité. La décision, délicate, n'est pas prise. Le manager de l'équipe nationale Jesper Duus a fait une réponse de Normand (les Normands descendent des vikings, rappelons-le...) en déclarant que Karlsson pourrait rester, mais qu'il y a des alternatives...

 

Allemagne (11e) : nécessaire pédagogie

Marco Sturm avait balisé le terrain avant la compétition et il l'a répété ensuite, l'Allemagne n'est pas une des meilleures nations du hockey. Mais cette relative évidence pour les initiés ne l'est pas pour le grand public. Beaucoup d'amateurs allemands de sport ont (re)découvert le hockey à l'occasion des JO, et ils veulent voir gagner leur équipe nationale. Il faut un grand effort de pédagogie pour expliquer pourquoi les vice-champions olympiques ne parviennent plus, trois mois plus tard, à lutter pour les médailles. Bien sûr, l'adversité était beaucoup plus forte. Et l'équipe allemande, malgré le renfort des joueurs de NHL Leon Draisaitl, Dennis Seidenberg et Korbinian Holzer en défense, était de son côté moins forte.

Sturm l'a dit, l'équipe médaillée d'argent avec un équilibre unique qui ne se retrouvera pas de sitôt. Il faudra du temps pour que les jeunes compensent les retraites internationales des joueurs d'expérience, surtout avec un relatif creux générationnel. Avec plusieurs absents importants, Sturm avait promis que le public allemand serait épaté en découvrant le jeu et la vitesse de ses jeunes exilés en Amérique du Nord. Ils ont de jeunes jambes rapides, certes, mais ils doivent encore progresser et ont paru peu efficaces, ne répétant pas la belle histoire v&eacyute; l'an passé par Frederik Tiffels (plus inconstant cette fois). Les débutants les plus en vue ont été les gardiens, bien connus en DEL : Niklas Treutle a récupéré une place inattendue de numéro 1 après le premier week-end raté de Timo Pielmeier, et le numéro 3 Matthias Niederberger a été récompensé par une entrée en matière idéale avec une victoire historique sur la Finlande.

Mais le meilleur joueur allemand de cette quinzaine, c'est sans conteste Yasin Ehliz. Il s'est fait connaître comme parfait joueur de complément à Nuremberg en évoluant depuis des années aux côtés de Reinprecht et Reimer. C'est peut-être cette habitude de côtoyer de grands joueurs qui l'a rendu si à l'aise pour compléter le talent technique de Draisaitl et Kahun. C'est bien Ehliz qui a éclaté dans ce trio par sa vaillance dans les duels et son jeu très efficace. L'écart avec les autres lignes offensives a malheureusement été trop grand. En défense, c'est la paire de l'offensif Yannic Seidenberg et du défensif Moritz Müller qui s'est montrée la plus constante.

 

France (12e) : merci pour tout Messieurs !

Dave Henderson, pour une retraite bien méritée, et Pierre Pousse, qui dirigera l'équipe de France U20, ont pu quitter leur mandat dans une haie d'honneur avec une ovation bien méritée. Les Français étaient dans les tréfonds du hockey international, ils ont dorénavant évolué pour être une nation prise au sérieux dans l'élite. La mission est accomplie, et le maintien n'a même sans doute jamais été obtenu avec autant d'aisance que cette année. Les Bleus n'ont guère tremblé devant le Bélarus (6-2) et l'Autriche (5-2).

Mais inversement, cela faisait longtemps que la France n'avait pas été aussi impuissante face aux grosses nations. Dans ce championnat, c'est l'équipe qui a le moins eu la possession du palet (43%), hormis la Corée. Les meilleurs joueurs offensifs ont eu peu d'occasions de s'exprimer, mais ils l'ont fait quand même, et Alexandre Texier, talent remarqué bien au-delà des frontières nationales, a pu donner un bel aperçu de ses capacités en zone offensive pour son premier championnat du monde, même s'il a encore quelques années à mûrir pour atteindre son plein potentiel.

L'identité du nouveau sélectionneur a été dévoilée pendant le tournoi, ce sera Philippe Bozon (Voir notre article lors de sa nomination). Connaissant sa personnalité en tant que joueur (voir biographie), il ne se satisfera pas de la demi-mesure et aura certainement de l'ambition. Le mandat qui lui est fixé est dirigé vers la qualification aux Jeux olympiques, qui s'est toujours refusée de peu à Dave Henderson. Elle arrivera très vite et Bozon n'aura pas beaucoup de temps pour prendre ses marques. En lançant déjà de nouveaux jeunes dans le grand bain (Hugo Gallet, Thomas Thiry, Guillaume Leclerc), le duo Henderson-Pousse lui a un peu ouvert la voie.

Voir aussi l'article sur le bilan individuel des tricolores

 

Norvège (13e) : inexorable déclin ?

Lorsque son équipe encaisse un but, le sélectionneur Petter Thoresen se penche sur son carnet et note scrupuleusement les erreurs commises. Et dans ce Mondial, il aura pris beaucoup de notes... La Norvège occupe aujourd'hui la neuvième place au classement de l'IIHF, mais cette position est quelque peu usurpée. Elle est due à un quart de finale aux Jeux olympiques, obtenu par une victoire chanceuse et guère convaincante sur la Slovénie. Leurs performances dans les deux compétitions de 2018 ont été décevantes.

C'est le pays de l'élite mondiale qui a fait le moins d'efforts de renouvellement, et son déclin semble un peu inexorable. On a beaucoup évoqué dans le passé le manque de profondeur en défense, mais la situation en attaque est en passe de devenir critique. L'offensive ne présentait qu'un seul non-trentenaire sur chaque ligne. Sur le premier trio, le cadet des frères Olimb fêtera ses 30 ans en janvier, et même la fratrie semble engagée sur la pente descendante. Sur la deuxième ligne, Thomas Valkvae Olsen représente à 25 ans la lueur d'espoir et a fait un bon tournoi, mais il a bénéficié du métier de son partenaire Anders Bastiansen, qui semble de plus en plus difficile à remplacer au centre à bientôt 37 ans...

Toujours aussi peu de joueurs arrivent à se faire une place dans cette équipe bien rodée, et la baisse de performance indique peut-être le moment d'oser intégrer plus de jeunes pour leur donner leurs chances. Ce championnat, avec la présence de la Corée, qui assurait en quelque sorte le maintien, n'était-il pas l'occasion idéale pour le faire ? La Norvège ne risque-t-elle pas de regretter bientôt de n'avoir pas saisi cette chance de préparer la transition générationnelle ?

 

Autriche (14e) : un pied dans la porte

Enfin ! L'Autriche se maintient dans l'élite mondiale pour la première fois depuis 2004, et c'est le premier promu à y parvenir depuis la France en 2008. Après avoir pris l'ascenseur 12 fois en 13 ans (six fois dans le sens de la descente et six fois dans le sens de la montée), elle s'est enfin stabilisée au bon niveau - et pas à l'étage inférieur comme en 2016 !

Paradoxalement, les Autrichiens avaient eu plus de mérite lors de précédentes éditions, souvent desservis et victimes de scénarios contraires. Ils n'ont pas mieux joué que lors de leurs relégations antérieures, mais ils sont arrivés au moment où le fruit pourri (le Bélarus) tombait de l'arbre. Une prestation défensive volontaire face à un adversaire en mal de confiance a donc suffi à assurer la précieuse victoire qui a vite été évidente (4-0).

Une fois installée, l'Autriche devrait être en meilleure position pour se maintenir. L'an prochain, elle sera à Bratislava, à seulement cent kilomètres de Vienne, avec ses supporters pour l'encourager. L'équipe à battre pour conserver sa place sera l'Italie, dont les clubs se sont mis en situation de dépendance vis-à-vis d'elle (mais qui savent tirer leur épingle du jeu comme le prouve la nouvelle improbable victoire de Bolzano dans la ligue autrichienne...). La fédération s'est déjà mise au travail pour affronter justement d'autres adversaires que l'Italie lors de la préparation. Elle négocie pour récupérer au moins partiellement la place du Bélarus relégué dans l'Euro Challenge d'avril, et compte profiter de la proximité pour recevoir les Canadiens et les Américains à son dernier match de préparation. Les Autrichiens ont mis un pied dans la porte, et ils n'ont plus l'intention de la laisser se refermer...

 

Bélarus (15e) : innover dans le ridicule

Le Bélarus a réussi deux innovations dans ce tournoi. Premièrement, depuis la création des poules de huit, il est la première équipe à finir avec zéro point (cela le consolera-t-il que la Corée l'ait accompagné dans cette performance ?). Deuxièmement, il a viré son entraîneur en plein milieu du tournoi ! Voilà de l'inédit en championnat du monde. Il y a certes eu le précédent de la Finlande au Mondial junior 2017, mais il s'agissait alors du tenant du titre qui se retrouvait en barrage de relégation. Les Biélorusses, eux, étaient à une position tristement attendue. Avant le tournoi, cette fois, même les fans au pays ne rêvaient plus de quart de finale.

Certes, Dave Lewis n'avait clairement pas l'affection ni la maîtrise de tous ses joueurs. S'il n'a rien dit à ses joueurs après la défaite contre la France, c'est qu'il voulait laisser des leaders prendre la parole et donner le ton dans ce vestiaire dissonant. Mais le Bélarus a surtout atteint le comble du ridicule par cette mesure extrême, a fortiori avec la fable d'une séparation à l'amiable. Selon le directeur sportif de la fédération Vladislav Klochkov : "Nous sommes très reconnaissants envers Lewis, il a donné beaucoup au hockey biélorusse. Maintenant il dit que le temps a passé, qu'il a 65 ans, qu'il a des petits-enfants et qu'il veut passer plus de temps avec sa famille." Que Lewis ait eu envie de quitter cette atmosphère déplorable et de retourner auprès des siens, on n'en doute guère, mais à la fin de son contrat, après la fin du championnat. Mais personne ne croit que c'est de gaieté de cśur qu'il a convenu de cette décision le lundi soir, sachant qu'il a quitté l'hôtel à 4 heures du matin, sans accorder aucune interview à chaud, pour prendre le premier vol vers Detroit...

Sommé de prendre en mains l'équipe, son adjoint Sergei Pushkov s'est exécuté. Il a changé le système d'un 1-1-3 en un 1-2-2 en s'efforçant de demander aux joueurs d'être plus disciplinés. Il ne pouvait de toute façon plus revenir sur les choix de la sélection, sans forcément les partager. Mais qui pouvait croire que l'entraîneur pouvait encore avoir une influence sur une relégation qui pendait de plus en plus au nez. Avec une efficacité aussi faible des gardiens (85,3%) et des tireurs (4,3%), le meilleur coach du monde ne pourrait rien faire. Et non, pour les animateurs de statistiques, un "PDO" aussi faible (85,3 + 4,3 = 89,6) n'est même pas une anomalie, mais le reflet de la faiblesse des tirs - dans un pays où les meilleurs techniciens et buteurs d'antan sont à la retraite ou presque - et d'un grave déficit non traité dans les cages. On a caché le problème sous le tapis pendant des années, y compris par des naturalisations...

Même le Président de la République semble l'avoir compris cette fois. Il aurait admis qu'avec ce jeu son équipe n'aurait rien à faire en élite. Enfin, la démonstration ultime est faite que changer le président de la fédération puis le sélectionneur ne changera pas les données du problème. Au Dynamo Minsk, les internationaux biélorusses n'apprennent pas les situations-clés en jouant en troisième ou en quatrième ligne. Quant au championnat national, il s'est affaibli, si déséquilibré qu'il n'y a plus vraiment de concurrence pour s'y faire une place de hockeyeur professionnel. On reprochera ce qu'on veut à Lewis, mais il a préparé l'avenir en incorporant des jeunes, y compris le junior Egor Sharangovich en première ligne. Il y a des jeunes qui ont du potentiel, et une bonne génération U18 maintenue dans l'élite mondiale. De toute façon, le Bélarus remontera bien vite d'une façon ou d'une autre, puisqu'il co-organisera le championnat du monde (avec la Lettonie) en 2021. Mais cette date arrive bien tôt au vu du chantier de la reconstruction...

 

Corée du Sud (16e) : éviter le destin japonais

Sur les sept dernières années, il n'y avait eu qu'un seul score à deux chiffres aux championnats du monde. La Corée du Sud est responsable d'un certain retour en arrière puisqu'elle a encaissé deux défaites de dix buts et plus. Chez elle aux Jeux olympiques, elle réussissait à se transcender avec la sympathie du public. Ce fut un peu moins vrai à Herning où la belle histoire n'intéressait plus vraiment. Peut-être les Asiatiques auraient-ils bénéficié d'un petit effet de curiosité dans la capitale Copenhague ? Mais dans la petite ville du Jutland, les Coréens ont joué devant des tribunes vides. Le nombre de spectateurs officiels est trompeur à ce titre, il a été faussé car de nombreux spectateurs ont acheté des billets à la journée pour être certains d'avoir des places quand le Danemark jouait le même jour. Ce n'est pas pour autant qu'ils étaient présents dans les gradins.

Sans septième homme pour les pousser, les Coréens ont logiquement montré leurs limites. Dépassés dans le jeu physique, dans la compréhension du jeu, dans la maîtrise technique, ils l'ont été aussi à ce niveau sur leur point fort que sont les qualités de vitesse et de patinage. Comme leur gardien naturalisé Matt Dalton n'a pas réalisé d'exploits, il n'y avait guère mieux à espérer qu'une litanie de défaites. L'écart était trop grand.

Ce n'est peut-être pas qu'un au revoir, mais plutôt un adieu pour les prochaines années. Les Coréens semblent plutôt destinés à jouer le maintien en division IA. Lorsque les doubles-passeports seront à la retraite, il ne leur sera pas forcément si facile de maintenir leur nouvelle suprématie en Asie face au Japon - qui n'a fait que décliner doucement après "ses" JO de Nagano et dont l'exemple doit servir d'avertissement ! - voire face à la Chine dont on se demande comment elle négociera son propre virage olympique et sa qualification d'office en 2022, annoncée par René Fasel.

 

Marc Branchu

 

Retour à la rubrique articles