Bilan de la Ligue Magnus

 

La page du championnat de France 2015/16 de Ligue Magnus

 

Premier : Rouen. C'est une saison exceptionnelle pour les Dragons, qui en fait sans doute la plus belle sur le plan du palmarès avec 4 titres conquis, dont surtout les deux plus prestigieuses coupes nationales et, passant par une demi-finale couperet, un challenge européen toujours difficile à remporter car l'adversité y est inusitée et presque inconnue dans des tournois laconiques et sans marge d'erreur (Coupe Continentale). Champion en France, champion en Europe dans sa catégorie. Chez lui, Rouen s'impose (encore) naturellement comme le meilleur club français de ces dix, vingt et trente dernières années, plus d'une génération (!), lui devant et tous derrière, quoi qu'on en dise.

Cette équipe, avec sa nouveauté, quatre trios offensifs grâce au retour de l'enfant du pays Damien Raux, n'était pas une machine à gagner, elle était "humaine" à l'image d'un attachant Tero Konttinen, avec son (petit) lot de déceptions momentanées collectives et individuelles. Les Dragons n'ont fini "que" cinquièmes de la phase régulière. Comptabilisant huit défaites, quatre à domicile dont une contre Dijon, dernier du classement lors de la rencontre ! Battue, cachant son jeu (?), en finale de la coupe de la ligue par Gap...juste au pied des play-offs avant d'aller à Grenoble, souvent présenté comme la genèse du hockey français ! Pas vraiment le parcours d'un rouleau compresseur. Tout n'a pas été simple. Les Seino-Marins ont surmonté en cours de saison deux départs de joueurs importants, aux rôles spécifiques (Manavian et Whitecotton). Las les défaites se sont enchaînées. Les Dragons ne se sont ni découragés, ni économisés, malgré les nombreux matches disputés par leurs abondants internationaux français. À titre d'exemple, les tricolores rouennais ont disputé, avant les championnats du monde de Russie, en moyenne, un quart de matches de plus que les cadres étrangers (Coulombe, Guénette et Thinel) : Chakiachvili (73 matches), Guillemain (65), Arrossamena (65), Colotti (75), Lampérier (81), Raux (81), Yorick Treille (75) et Sacha Treille (72).

Dany Sabourin, devant sa cage, a toujours su fermer la porte au moment de conclure toutes les finales remportées, les séries et les troisièmes matches des deux tournois continentaux. Les nombreuses recrues de l'été dernier n'ont pas connu d'échec sur la saison entière et, durant toute la saison, elles ont apportées leurs contributions en rafraîchissant le style offensif et l'efficacité dans les deux sens (Jason Krog) des Dragons, y compris les défenseurs. Le joker Mark Matheson est régulièrement monté en puissance, jusqu'à être le meilleur arrière de la ligue. Les anciens n'ont pas eu de rendement moindre aux autres années jouées sous le maillot noir et jaune. Loïc Lampérier semble même avoir pris une autre importance dans l'équipe.

C'est l'une des plus belles saisons aussi sur le plan humain, Fabrice Lhenry (dans Paris-Normandie du 27/03/2016) : " Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu une équipe avec des qualités humaines aussi fortes. Avec Ari (Salo, son adjoint), on a pris beaucoup de plaisir à travailler avec ce groupe. " Jusqu'au bout de la saison. Le néo-coach du RHE76 poursuit : " Au niveau gestion humaine, cela aurait pu être compliqué car passer de coéquipier à entraîneur n'est pas évident mais j'ai eu la chance d'avoir affaire à des mecs intelligents. Ils ont tout de suite accepté la situation et m'ont même beaucoup aidé. En début de saison, j'avais fixé des objectifs à court, moyen et long terme et, forcément, on rêve du meilleur mais que l'équipe réponde présent, c'est fort. Je suis très heureux pour ce groupe qui est vraiment très attachant. Les joueurs ont mérité ce qui leur arrive. "

Émotionnellement, la série de demi-finale contre Gap a sans aucun doute été la plus intense. Les discordes et tensions arbitrales des trois premiers matches. Évidemment, le "monstrueux" match n°6 restera dans les annales forgeant un peu plus la légende des Dragons. Menés 0-5, à la mi-match, la remontée des coéquipiers de Patrick Coulombe est encore aujourd'hui quatre mois plus tard, inouïe, inimaginable, irréelle. Avec en apothéose, le lancer du Gapençais Carter sur le poteau de la cage vide rouennaise, l'égalisation de François-Pierre Guénette et, en mort subite, le tir frappé de la ligne bleue d'Olivier Dame-Malka...

La finale contre Angers (trop amoindri par des blessés) et sa terrible petite glace du Haras a finalement été une formalité pour des Dragons prenant un dernier plaisir ensemble, et sur l'île Lacroix, devant ses partisans, d'un jour, d'une saison, de dix, de vingt, de trente et plus d'années. Fabrice Lhenry (dans Paris-Normandie du 27/03/2016) : " Vu comment le [dernier] match [contre Angers] se déroulait, je leur ai dit de continuer à prendre du plaisir sur la glace. Tous ensemble. On sait tous que, d'une année à l'autre, ça n'est jamais exactement le même effectif. L'idée était donc de profiter de ces derniers moments ensemble. [...] je leur ai demandé d'y penser pour les dernières vingt minutes. On a travaillé dix mois ensemble pour en arriver là et, pour eux autant que pour le public, il fallait finir ça joliment. " Ils faisaient plaisir à voir à l'image d'un Olivier Labelle symbole de cette équipe souvent talentueuse, toujours généreuse, et plaisante à voir... gagner.

 

Deuxième : Angers. Les Ducs ont bouleversé quelque peu leur effectif pour cette saison 2015-2016. À commencer par leur gardien. Charles Lavigne devait être le titulaire des Ducs mais il n'a pas convaincu Jean-François Jodoin, promu nouvel entraîneur en chef des Ducs d'Angers après le départ précipité de Real Paiement ! Angers repart donc avec un nouveau gardien en la personne de Raphaël Girard. Un portier plutôt inexpérimenté puisqu'il sort tout juste des rangs universitaires américains.

Peu de nouvelles têtes à Angers mais on note quelques recrues de qualité : Jeff May (Ontario/ECHL, de retour au sein des Ducs), Nolan Julseth-White (partenaire de ligne de May) et Raphaël Faure (Rouen) en défense, Maxime Lacroix (Rouen) et Josh Lunden (Kaufbeuren/DEL2) en attaque. À cet effectif s'ajoute Valentin Claireaux qui, à la recherche d'un contrat à l'étranger, s'entraîne et joue avec les Ducs d'Angers en attendant une bonne opportunité.

Le début de saison est plutôt poussif en termes de qualité de jeu, malgré des résultats encourageants. Il faut bien reconnaître que l'attaque angevine ne repose que sur les épaules de Josh Lunden, le nouvel attaquant des Ducs. Au-dessus techniquement de tous ses autres partenaires, il maintient à flot le navire angevin et permet d'éviter quelques déconvenues. Néanmoins, il ne peut pas tout faire tout seul et le parcours en coupe de la Ligue est loin d'être convaincant. Les Ducs sont éliminés par Rouen dès les quarts de finale (défaites 5-3 au Haras et 6-2 à l'île Lacroix) après avoir terminé deuxièmes de leur poule derrière Bordeaux.

Les Ducs vont véritablement prendre leur envol en novembre. Valentin Claireaux s'est engagé en Finlande au début du mois (KeuPa/Mestis) après un bilan correct (6 points en 6 matchs de Ligue Magnus). Le staff des Ducs n'a pas tardé à le remplacer par...deux joueurs. En effet, le Canadien Yannick Riendeau (passé par Rouen en 2013-2014) et le Suédois Jimmy Jensen (passé par Briançon de 2013 à 2015) viennent compléter l'effectif angevin quelques jours plus tard.

Avec ces arrivées, le niveau général de l'équipe augmente et les lignes sont plus homogènes. Maxime Lacroix va prendre plus de place dans l'effectif et enfiler les points comme des perles ! Cela n'évite pas toutefois l'élimination à Rouen (2-0) en demi-finale de Coupe de France. Les Ducs n'ont donc plus qu'une compétition pour sauver leur saison : le championnat. Les Ducs finissent la saison régulière à la troisième place avec la deuxième attaque (110 buts) et la sixième défense (84 buts). Maxime Lacroix finit d'ailleurs meilleur pointeur de la saison régulière avec 47 points en 26 matchs. Le seul gros point noir de cette saison régulière est la sérieuse commotion cérébrale de Josh Lunden, provoquée par une charge scandaleuse dans le dos de Riku Silvennoinen lors du match de championnat contre Chamonix le 31 janvier 2016. Cette blessure mettra un terme à la carrière de l'atypique moustachu Lunden.

Angers passe le premier tour des play-offs sans encombre contre Brest en remportant la série 3-1 et rencontre Épinal en demi-finale de Ligue Magnus, son bourreau au même stade de la compétition la saison dernière. Une série qui restera dans les annales angevines et spinaliennes tant le suspens aura été entier. Le Gamyo menait 3-1 au Haras dans le sixième match de la série à 7 minutes de la fin et se voyait déjà en finale. Les Ducs en décident autrement en marquant deux fois avant la fin de la troisième période et imposent la tenue d'un septième match dans les Vosges après la série de tirs aux buts. Un septième match qui a tenu toutes ses promesses également puisqu'Angers menait au score à...deux secondes de la fin, avant qu'Anze Kuralt n'égalise à 4-4 dans un Poissompré en folie ! Une nouvelle fois, la décision se fait aux tirs aux buts et Angers en sort vainqueur ! Angers remporte la série 4-3 et se qualifie pour la finale.

Cette demi-finale épique a des conséquences sur la fraîcheur des Angevins en finale contre Rouen. Les Ducs résistent sur leur glace aux deux premiers matchs malgré les défaites mais sont mangés tout cru sur la patinoire de l'île Lacroix. Rouen remporte facilement la série 4-0 et donc le titre de champion de France.

Une bonne saison pour les Ducs qui chutent - une nouvelle fois - en finale du championnat. Angers, qui a (trop) peu fait jouer ses jeunes lors de toute la saison, a tourné à trois lignes et cela s'est ressenti en fin de course. Les joueurs étaient usés physiquement par un parcours en play-offs dantesque. À méditer pour la future saison et le passage du championnat à 44 matchs...

 

Troisième : Gap. Les Rapaces de Gap se présentent pour cette saison 2015/2016 auréolés d'un titre de champion de France. Gap, cette place historique du hockey français, n'avait plus remporté ce titre depuis le doublé 1977 et 1978. Mais à cette époque la coupe Magnus n'existait pas ! Donc c'est pour le plus grand plaisir des nombreux supporters gapençais que la plus belle coupe du sport français trône dans la préfecture des Hautes Alpes. Et il faut bien dire qu'elle n'a pas pris la poussière longtemps, car toutes les occasions sont bonnes pour la montrer au plus grand nombre lors de nombreuses festivités diverses.

C'est donc porteur de cette fantastique victoire que les Rapaces "attaquent" cette nouvelle saison avec encore de nombreux espoirs de victoires. Mais avant de défendre son titre, les Rapaces participent à la plus belle compétition européenne de hockey : la Champions Hockey League ! Si le hockey français fait figure de petit poucet, les Rapaces vont démontrer encore une fois leur envie de bien faire et prouver, à tous, leurs capacités face à des clubs autrement mieux armés financièrement et sportivement. Zurich et Berlin ont été tirés au sort pour venir jouer à l'Alp'Arena. C'est une immense joie de voir tous ces joueurs fantastiques. Mais c'est sur le banc que les stars sont présentes avec les deux coachs. Marc Crawford pour Zurich n'est ni plus ni moins que le coach de la "Dream Team" du Canada des Jeux Olympiques de Nagano et vainqueur de la Coupe Stanley avec les Colorado Avalanche en 1996. Mais ce qui est encore plus exaltant, c'est que le coach de Berlin, Uwe Krupp, jouait lui aussi en 1996 à Colorado ! Pour la grande histoire, Uwe Krupp a marqué le but de la victoire finale dans le match 4 de la finale de la coupe Stanley contre les Florida Panthers.

Les Rapaces jouent leurs 4 matchs au maxi de leurs possibilités et il faut bien dire qu'ils ne sont pas ridicules. D'abord en faisant jeu égal avec Zurich (défaite 4-5) et en faisant tomber Berlin (victoire 3-1). Les deux défaites (1-6) à l'extérieur sont anecdotiques, tant l'essentiel est fait à domicile. Le public a répondu présent en nombre à l'Alp'Arena. Maintenant le championnat peut reprendre ses droits. Le trophée des champions joué face aux puissants dragons Rouennais, à domicile, donne le ton de qui veut succéder à Gap. Rouen emporte le trophée et impressionne par sa puissance avec une victoire (2-4).

Les Rapaces démontrent rapidement qu'ils savent récolter des points à l'extérieur avec dès la quatrième journée une victoire à l'île Lacroix de Rouen (3-4). Les Haut-Alpins remporteront sept succès supplémentaires en déplacement, ce qui les positionne comme la 2e plus prolifique équipe en voyage derrière Épinal. Gap déroule avec une incroyable série de 9 victoires de rang pendant les mois de décembre et janvier. Seul Épinal fait aussi bien ; les deux équipes dominent le championnat dans cette statistique. Le déplacement à Grenoble de la 20e journée (9-4) se révèle comme un accident de parcours. Les bleus terminent en force et se placent premiers au classement général final, devant Epinal et Angers. Gap ne concède, au final, que cinq défaites dans le temps réglementaire. Le groupe est parfaitement huilé dans les unités spéciales à l'aide du meilleur power-play avec 24,5% de buts inscrits.

En point d'orgue, les Rapaces réussissent à se hisser jusqu'en finale de la coupe de la Ligue (la dernière avant sa suppression). En ayant écarté Morzine, puis Bordeaux, c'est une nouvelle fois Rouen qui croise la route des Gapençais. Un match tenu de bout en bout permet aux hauts alpins de dominer physiquement et tactiquement. Gap tient le match et remporte un nouveau trophée. Rouen a subi et plié ! Jamais ils n'ont pu trouver les moyens physiques et mentaux de vaincre.

Le cerbère Clément Fouquerel, mal remis d'une blessure, a laissé la place à Evan Mosher. Le Français attend son retour qui arrive pour les séries, mais le portier canadien a tout de même démontré de très sérieuses qualités pendant la CHL. Les défenseurs ont largement contribué au succès avec Pierre Crinon très solide à l'arrière, ainsi que Matt Maher, Teddy Trabichet, solide physiquement ou encore Dominik Kramar, n'hésitant pas à porter le palet à l'avant. Mais le plus redoutable dans ce secteur de jeu est bien Chad Langlais qui réussit à inscrire 20 points dans la saison avec un lancer redoutable. Ce qui en fait le défenseur le plus prolifique du championnat. Patrick Mac Eachen n'est pas en reste avec 14 points au compteur.

Gap a multiplié les dangers avec une multitude de joueurs en capacité de scorer. Marc-André Bernier est le premier pointeur du groupe avec 29 pts. Matt Carter suit avec 28 points mais ses 15 buts en font le meilleur buteur du club. Le Slovène Bostjan Golicic complète le podium avec 26 points. Anthony Rech avec son jeu puissant et intensif marque aussi et pèse par son harcèlement (22 pts). Le groupe comporte encore quelques joueurs à plus de 10 points : Vincent Kara (16), Takac (15), Doherty (13), Richter (12), Rohat (11) et Da Costa (10).

Les play-offs sont une nouvelle saison et les compteurs sont remis à zéro. Gap bat en cinq manches un Strasbourg affaibli par les blessures qui ne voulait rien lâcher. En demi-finale, une nouvelle fois les Dragons de Rouen croisent la route de Gap. L'intensité est à son maximum et les deux équipes sont au même niveau. On se dirige vers un scénario qui tend vers le 7e match mais Rouen explose à domicile. Menés 5-0, les Dragons ne peuvent empêcher la furie gapençaise. Mais le dicton "impossible n'est pas rouennais" se révèle une nouvelle fois. Les Normands remontent le score et s'imposent pour la finale (7-6 a.p). Avec un avantage aussi conséquent Gap a défailli pour tenir son 7e match à domicile et ce qui laisse un goût amer à cette fin de play-offs.

Les Rapaces ont perdu le titre de champion de France mais ont tenu le haut niveau du championnat en faisant jeu égal avec le futur champion. Camilo Miettinen a dominé les marqueurs avec 16 pts dans les séries suivi de Rech (13) et Bernier (11). Si les regrets de la demi-finale existent, le bilan est plus que positif pour une saison post titre de champion avec le gain de la coupe de la ligue, la prestation en CHL qui honore le hockey français, la première place en saison régulière et les victoires qui ont permis de faire vaciller le futur champion. Luciano Basile a su trouver les bons joueurs et créer l'alchimie. Mais la preuve est donnée par ce groupe qui a travaillé intensément et donné son plein régime tout au long de la saison.

 

Quatrième : Épinal. Vingt-et-une victoires en vingt-six journées. C'est l'excellent bilan d'Épinal en saison régulière. Une formation qui aura su faire preuve de régularité et d'une grande solidité de la fin septembre à la mi-février.

On n'attendait pourtant pas les Gamyo à pareille fête après leur été mouvementé, qui les aura vu exclus de la Ligue Magnus, puis réintégrés par la FFHG (après conciliation devant le Comité national olympique et sportif français). Autant de démêlés (causés par la perspective d'un second redressement URSSAF en huit ans) sanctionnés d'une interdiction de participation à la Coupe de France, mais aussi d'un retrait de trois points au classement. Trois points qui auraient permis aux Vosgiens d'aborder les play-offs comme tête de série numéro un...

Menés de main de maître par leur nouvel entraîneur Stéphane Barin, les Spinaliens, animés d'une grande force collective, firent donc forte impression tout au long de la saison. Ce groupe très soudé, construit dans l'adversité, ne s'est jamais apparenté à une vulgaire somme d'individualités. Une homogénéité telle qu'aucun leader offensif ne s'est véritablement dégagé jusqu'à l'émergence d'un Ken Ograjenšek ayant enfilé les buts comme des perles en fin de saison.

S'appuyant sur une grande profondeur de banc, ce contingent spinalien doué de grandes ressources physiques et morales regorgeait d'éléments capables de marquer à tout moment. D'attaquants flamboyants pouvant rapidement se projeter vers l'avant, tel Pierre-Charles Hordelalay, dernier étage d'une fusée aux multiples rampes de lancement. L'apport des travailleurs de l'ombre (Offret, Le Blond, Cacciotti, Vinatier) a parfaitement su compléter l'abatage d'individualités toujours promptes à faire trembler les filets. D'Ograjenšek à Kuralt en passant par l'étonnant Sabatier. Sans oublier l'éternel Jan Plch, toujours fringant à plus de 40 ans.

Stéphane Barin n'a donc jamais manqué de solutions, ni même de munitions. C'est d'autant plus vrai qu'à l'arrière, les défenseurs surent apporter offensivement à l'image d'un Maxime Moisand doté d'un lancer aussi précis que puissant. Vojtech Kloz, l'autre pièce-maîtresse du dispositif défensif, marquant lui plus de près que de loin, fort d'un grand gabarit n'altérant pas sa mobilité. L'imposant défenseur tchèque, véritable tour de contrôle, se montrant souvent impressionnant défensivement, sans pour autant paraître aussi intimidant qu'un Tomas Kloucek n'ayant jamais manqué de se faire respecter aux abords d'une cage toujours bien gardée. Andrej Hocevar ayant continué sur la lancée de sa saison passée, qui l'avait souvent vu s'ériger en muraille infranchissable devant le filet.

La meilleure défense de France s'est pourtant érodée, au fil d'une demi-finale perdue contre Angers. Un dénouement frustrant pour des Gamyo ayant mené trois victoires à deux avant d'être rejoints par de valeureux angevins, envoyés au paradis à l'issue des tirs au but. Une "loterie" des penalties fatale à cette équipe d'Épinal ayant perdu les quatre fusillades (à Grenoble, Amiens et face aux Ducs d'Angers) qu'elle fut amenée à disputer...

 

Cinquième : Grenoble. Après la saison Martel terminée sur un psychodrame, le club grenoblois avait choisi de se tourner vers un jeune entraîneur : Edo Terglav, débauché à Briançon et à même d'apporter son expérience de la CHL à un effectif qui découvrait la compétition. Terglav était appelé à former un duo avec Jean-François Dufour, toujours entraîneur adjoint et conforté dans son rôle au sein du club puisque promu directeur sportif. Pour effacer la déception de la fin de saison précédente, le staff grenoblois avait décidé de changer l'effectif en profondeur : une défense complètement repensée avec plus de physique (Harty, Barlock, Bisaillon), de nouveaux leaders en attaque (Labrecque, Kalus, Thinel, Gauthier) pour épauler Bouchard et Chouinard ainsi qu'un nouveau gardien (Mustukovs). Les Brûleurs de Loups semblaient bien partis sur une nouvelle dynamique.

La CHL servait de belle entrée en matière à un groupe qui devait se montrer à la hauteur. Après trois défaites encourageantes, les Grenoblois décrochaient enfin la victoire contre les Espoo Blues lors de la dernière journée (2-1). Une victoire symbolique car accompagnée d'une élimination mais historique pour le hockey français et prometteuse pour la suite de la saison grenobloise. Malheureusement celle-ci ne fut pas au diapason. Le "soufflé" CHL est vite retombé avec une élimination prématurée dès la phase de poules de la coupe de la ligue. Les Grenoblois se rachetaient heureusement en coupe de France en se glissant jusqu'en finale mais après un début de match raté, ils s'inclinaient à Bercy face à Rouen (2-3).

La saison régulière de Ligue Magnus fut faite de hauts avec quelques victoires spectaculaires face à Gap (9-4), Bordeaux (7-2) ou Briançon (7-1), un modèle de match défensif contre Epinal (1-0 aux tirs au but) ou encore une victoire inattendue à Rouen avec un gardien junior (5-2). Des grosses performances, parfois face aux cadors de la ligue, malheureusement souvent effacées par des ratés inattendus à domicile comme face à Brest (1-4) ou Chamonix (4-7). Des soirées "sans" qui n'ont pas permis aux Brûleurs de Loups de finir plus haut que la quatrième place. Si le staff grenoblois avait anticipé les blessures en recrutant quelques jokers (Hebar, Arnaud et Milovanovic) avant la date limite des transferts, il fut en revanche pris de court par les blessures en série de ses deux gardiens (Mustukovs et Goy), propulsant ainsi le jeune Corentin Noré sur le devant de la scène. Le junior grenoblois s'en sortait bien et permettait à Grenoble de rester dans la course au podium jusqu'au bout mais la défaite à Amiens (6-2) effaçait la victoire obtenue face à Angers (4-3) quelques jours plus tôt, synonyme alors de troisième place temporaire.

Les Brûleurs de Loups finissent donc quatrièmes à deux points des Ducs. Une place qui leur donne le redoutable honneur d'affronter Rouen, étonnant cinquième. Avec un Mustukovs tout juste remis de blessure, les Grenoblois concédaient deux défaites initiale à domicile. À Rouen, Terglav se décidait à titulariser le gardien "joker" arrivé en fin de saison régulière, Lukas Horak. Après deux énormes matchs du gardien tchèque, les Grenoblois, menés 3-1 dans la série, s'offraient le droit de revenir à Grenoble pour un match 5, finalement perdu en prolongation (1-2). Les promesses offensives affichées en fin de saison régulière, notamment par la ligne Bouchard-Gauthier-Chouinard, n'ont pas été suivies d'effet en play-offs alors que Horak a semble-t-il été lancé dans le bain trop tard pour reverser la série. La saison grenobloise se termine comme les précédentes par une sortie de route prématurée avant les demi-finales que les Brûleurs de Loups n'ont plus disputées depuis la saison 2011-12... Une éternité.

La première saison d'Edo Terglav derrière le banc fut donc mitigée avec quelques satisfactions (CHL, coupe de France) et des désillusions (perte de la coupe de la ligue en poules et élimination en quart de finale des play-offs). Plus encore, l'absence de titre pèse lourd dans le bilan au regard des ambitions de début de saison. Le départ de la présidente Stéphanie Carrel Magnan, annoncée peu après la fin de saison, et son remplacement par Jacques Reboh ouvre un nouveau chapitre pour le club grenoblois...... Le nouveau président devra éviter de reproduire les erreurs du passé pour répondre aux attentes grandissantes du public grenoblois, lassé d'enchaîner les saisons décevantes...

 

Sixième : Brest. Avec la réforme du championnat en vue et sa réduction à 12 clubs, le petit budget brestois devait la jouer finement pour espérer se maintenir sportivement. De ce côté-là, le club a su tirer les leçons des deux précédentes saisons difficiles à ce niveau. Les choix opérés par Sébastien Oprandi et son staff se sont avérés judicieux tant en terme de recrutement que de logistique.

D'un point de vue global, les équipes du championnat ont voulu se sécuriser face à la perspective d'une relégation en effectuant un recrutement d'un niveau un peu plus élevé que d'habitude. Brest n'a pas dérogé à la règle, et le président Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye a accordé un peu plus de moyens pour le recrutement au manager-entraîneur Oprandi. Cela a permis à ce dernier d'attirer des profils ambitieux qui ont fait mouche tels que l'expérimenté Martin Hujsa en attaque et le très propre Charles Landry en défense qui ont tous les deux joués à un haut niveau. Et même lorsqu'il a fallu apporter des petites retouches plus tard dans la saison, les choix se sont avérés opportuns. Quittant un club de Tours alors en pleine crise, Charlie Doyle a été un réel plus en défense et s'est rapidement vu confier des responsabilités. En attaque c'est le virevoltant David Bastien qui a été choisi, et même si son passage au club fut bref, il a laissé une excellente impression.

Des moyens plus conséquents et des choix pertinents ont permis à Sébastien Oprandi de disposer d'une profondeur de banc supérieure aux années passées, qui s'est ressentie dans les résultats. De plus, le coach brestois a clairement su tirer profit au maximum du potentiel de ses joueurs en proposant des blocs équilibrés où le piège pouvait venir de n'importe où. Il suffit de jeter un œil au classement serré et peu élevé des pointeurs : Alexandre Quesnel est le top-scorer avec seulement 24 points et Jérémie Romand, cinquième, n'est qu'à six points derrière. Enfin le rajeunissement volontaire de la défense à l'intersaison afin d'obtenir une récupération plus rapide de celle-ci semble avoir porté ses fruits. Le bon travail entre autres de Léo Bertein (qui a disputé son premier match en équipe nationale) et d'Antoine Bonvalot dans les cages permettent aux Bretons de terminer cinquième défense du championnat avec 82 buts encaissés. C'est le point fort de l'équipe, bien plus que l'offensive (onzième avec 72 buts).

Faisant le constat d'un bilan désastreux à l'extérieur en 2014-2015 (une seule victoire) qui avait coûté cher au classement, le club a procédé à plusieurs aménagements logistiques. Afin d'assurer une meilleure récupération et de mieux "digérer" les longs trajets, des regroupements de matchs pour les déplacements lointains (Gap, Grenoble, Strasbourg en décembre, Lyon, Briançon et Morzine en janvier/février) ont été habilement obtenus. Ce sont ainsi de véritables road trips que les Albatros ont dû affronter. Dans cette situation les sponsors ont joué un rôle important car on retrouvait parmi les partenaires du club une chaîne d'hôtels présente partout en France et un hôtel quatre étoiles aux Gets. De quoi assurer plus régulièrement des nuits confortables dans un vrai lit et non pas des couchettes de cars. Aucun détail n'est laissé au hasard pour bichonner les joueurs sur la route avec même une utilisation de la patinoire morzinoise entre deux rencontres face à Chamonix et Dijon début janvier. Malgré un calendrier original (beaucoup de matchs à l'extérieur en phase retour) qui aurait pu être à double tranchant, les aménagements ont payé. L'amélioration du bilan des Albatros hors de leur nid du Rïnkla Stadium est éloquent : 8 succès, soit autant que le total de victoires obtenues en saison régulière lors de la saison 2014-2015. Autre amélioration significative, les Bretons sont parvenus à battre des concurrents directs au maintien. Briançon, Chamonix, Dijon, Lyon ont été défaits à deux reprises. Bordeaux a été la seule équipe de play-down a ne pas avoir été vaincue en championnat. Les Albatros n'ont pas été en reste contre des équipes du Top-8 en remportant l'intégralité des rencontres face à Strasbourg, Amiens et surtout Grenoble. La victoire à Pôle Sud fera d'ailleurs grand bruit puisque une séance punitive d'entraînement fut infligée aux Brûleurs de Loups à l'issue de la rencontre. Pour les unités spéciales, la progression est spectaculaire également sur les infériorités numériques avec 85,6% de pénalités tuées soit le quatrième meilleur taux de la Ligue Magnus. Bien loin du dernier taux de 73,5% en 2014-2015.

Tous ces éléments ont propulsé les Albatros à une inattendue mais méritée sixième place (après avoir même un temps occupé le podium), leur permettant de disputer un quart de finale de luxe face à leur bête noire de la saison : les Ducs d'Angers. Avec zéro victoire au compteurs face aux joueurs du Maine-et-Loire en championnat, Coupe de la Ligue et Coupe de France, Brest ne partait pas favori mais comptait bien jouer crânement sa chance. Les bonnes intentions bretonnes se sont notamment traduites par une domination aux tirs de l'ensemble des rencontres. Cependant les Ducs sortent vainqueurs de la série en cinq manches après avoir démontré une grosse réussite aux lancers et bénéficié d'un solide Raphaël Girard dans les cages. Le contrat est largement rempli pour Brest qui signe ici sa plus belle saison à ce niveau depuis douze ans. Une performance malheureusement pas vraiment suivie par le public tant les affluences auront été décevantes tout au long de la saison (la barre des 1000 spectateurs n'est même pas franchie en play-off).

À l'arrivée, Brest constitue la plus grosse surprise de la saison dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. En effet, la brillante sixième place et le quarts de finale disputés ont brutalement cédé la place à l'annonce-choc début juin du retrait de l'équipe pour la Division 1. Au préalable, le départ de Sébastien Oprandi vers sa ville natale (Gap) marquait déjà la fin d'une époque pour le club qui devra faire face à plusieurs défis la saison prochaine.

 

Septième : Amiens. À l'approche de la saison 2015-2016, les Gothiques et leurs supporters ont de grandes ambitions. Éliminés de justesse par Gap, futur champion de France, en quart de finale, mais également finalistes, pour la première fois de leur histoire, en coupe de France, les Amiénois espèrent faire encore mieux cette saison. Le duo Smith-Duclos est reconduit, tout comme les cadres Champagne, Bruijsten, O'Keefe et Bault. Le contingent du club est grandement renouvelé, puisque Bastien, Coburn, Stuart, VanderVeeken, Bélanger, Gannon et Stockton quittent le club, remplacés par Luke, Hrdel, Carr, Fillman, Smith et les frères Crowder. Sur le papier, l'effectif a de quoi faire aussi bien que la saison passée, même si Zbynek Hrdel se blesse lors de la préparation, pour ne revenir qu'en décembre, obligeant le club à recruter Jaka Ankerst pour le remplacer.

La première moitié de Ligue Magnus est plutôt réussie. Avec 7 victoires pour seulement 3 défaites, les Gothiques entament le mois de décembre en étant une valeur "sûre" de cette saison, malgré une nouvelle élimination précoce en coupe de la Ligue. Décembre va toutefois être dur à avaler pour Amiens. Le bilan de 4 défaites pour seulement 2 victoires ne se digère pas bien et les Gothiques se retrouvent à batailler pour ne pas finir hors du top-8. Janvier sera définitivement fatal aux ambitions d'Amiens, mais surtout à son coach. Des tensions de plus en plus présentes avec son adjoint et un nouveau président ont raison de la place de Barry Smith qui est éjecté de son poste de coach au profit d'Olivier Duclos. Amiens finit par se qualifier tant bien que mal pour les play-offs, malgré 4 défaites lors des 5 dernières rencontres.

Le séjour en play-offs n'est pas des plus mémorables. Face à des Spinaliens vice-champions la saison précédente, la sortie de route est violente. Deux défaites à Poissompré, dont un cinglant 7-2 lors de la deuxième manche, puis une défaite au Coliséum, et les Amiénois se retrouvent au pied du mur, menés 3-0. Les Gothiques parviennent à "sauver l'honneur" en remportant le quatrième match en fusillade, mais le retour en terre vosgienne met un terme à la saison amiénoise, Épinal remportant la série 4 à 1, et concluant un passage mitigé du duo Smith-Duclos, entre espoirs lors de la première saison et déceptions répétées de la saison qui vient de s'achever.

 

Huitième : Strasbourg. Du côté de l'Étoile Noire, on s'est habitué à voir un turnover relativement important à l'issue de chaque saison de Ligue Magnus. Une fois n'est pas coutume, l'effectif reste assez stable à l'aube de la saison 2015-2016, puisque 15 joueurs restent en Alsace, et pas des moindres : les cadres de l'équipe sont tous là, à l'exception peut-être du Slovaque Jan Cibula reparti dans son club formateur. Dès lors le recrutement vise à affiner les forces en présence, et celui-ci sera pour moitié nord-américain avec les arrivées de Sullivan, Suter et De Concilys. Prime à l'hexagone pour l'autre moitié, puisque Strasbourg enrôle le jeune Johan Saint-André (Rouen) venu chercher du temps de jeu. L'implosion du hockey rémois dissémine ses anciennes forces un peu partout dans le hockey français, et l'Étoile Noire en profite en accueillant le défenseur Maxim Belov. Enfin, le staff clôt le recrutement avec la manière en réalisant l'un des gros coups sur le papier de cette intersaison : Michal Petrak sort de neuf saisons avec Épinal et arrive en Alsace. Avec alors 308 points en France, il est l'un des meilleurs marqueurs de l'histoire de la Magnus, et l'Étoile Noire compte sur ses redoutables facultés offensives.

Dans cette saison particulière, Strasbourg a avant tout l'objectif de prendre l'un des huit tickets pour les play-offs, et ainsi éviter une incertaine poule de maintien. Et le club s'y attèle en démarrant très fort, comme la saison précédente. Mais là où certains arguaient en 2014-2015 un calendrier favorable à l'entame, cette fois ci Strasbourg prend 8 points sur 12 possibles en ayant affronté Grenoble, Angers, Gap et Chamonix, excusez du peu. La suite est plus inconstante, puisque durant une bonne partie de la saison régulière, les résultats seront en dents de scie : des défaites logiques et d'autres frustrantes, mais pas de séries de défaites, notamment grâce à un parcours correct à domicile et quelques bonnes victoires comme face à Bordeaux (5-4) et Amiens (5-3). Avec des points de prolongations ici et là, les hommes de Daniel Bourdages maintiennent un cap : à mi-saison, ils occupent la huitième place avec 19 points au compteur.

Mais les jaunes et noirs sentent le souffle des poursuivants dans leur nuque, et tout est à faire pour assurer le maintien là où la lutte va s'intensifier. Les quatre défaites consécutives (2-4 à Dijon, 4-5 a.p face à Brest, 7-1 à Rouen, 3-4 face à Épinal) placent l'Étoile Noire en fâcheuse posture, quand se présente alors une quasi-décisive série de rencontres face à des concurrents directs. Des finales avant l'heure. Première étape les concurrents les plus proches, les Boxers de Bordeaux : les Français font le métier (buts de Mathieu, Goncalves, Chipaux et Michel) et Strasbourg s'impose précieusement en Gironde. Ensuite, il faut prendre des points face à deux équipes décrochées, et Strasbourg répond présent en s'imposant dans le temps réglementaire face au HCMAG (3-2) puis à Briançon (4-5). L'Étoile Noire parachève le travail en s'imposant 7-5 face à des Lions toujours en course. 12 points pris sur 12, 0 point pour les adversaires consécutifs, Strasbourg a répondu présent au moment le plus important de la saison. Si l'équipe termine sa saison régulière par trois défaites sèches face à des cadors, les points acquis juste avant font la différence. Strasbourg termine à la huitième place et obtient le dernier ticket pour les play-offs, tandis que Bordeaux échoue à trois points, ce qui donne d'autant plus de crédit à la série vertueuse de janvier.

L'objectif principal atteint, l'Étoile Noire peut se remémorer ses glorieux exploits passés en play-offs. Et des exploits, il en faudrait encore, puisque Strasbourg croise la route des vainqueurs de la saison régulière, les Rapaces de Gap, pour ces quarts de finale. Mais de surprise, il n'y aura pas. Les Alsaciens butent lors des deux premiers matchs à l'Alp Arena sur une équipe gapençaise bien supérieure (9-2 et 4-1). De retour à l'Iceberg, les choses se compliquent encore car les Rapaces sont résolus à finir la série le plus rapidement possible. Strasbourg s'incline 3-5 et se retrouve dans l'obligation de tout gagner pour survivre. Le lendemain, Valentin Michel offre dans le troisième tiers-temps la victoire à Strasbourg qui reste ainsi dans la course (3-2). Mais le plus dur reste à faire avec trois victoires à aller chercher dont deux à Gap. Les Rapaces ne doutent pas à domicile, s'imposent 2-1 lors du match 5, et parachèvent par ce succès la saison des Strasbourgeois. Une saison sans crise ni éclat, mais un besoin important de franchir un cap pour jouer un rôle important dans la future ligue professionnelle.

 

Neuvième : Bordeaux. Promus dans l'élite du hockey français, les Boxers de Bordeaux ne tardent pas à afficher leurs ambitions : ils sont à présent en Ligue Magnus pour lancer un projet sur le long terme, et ne comptent aucunement se contenter de jouer le maintien. Pour ce faire, les Girondins détonnent, à peine assurés de la promotion, par un recrutement cinq étoiles ! Francis Desrosiers reparti en Amérique du Nord, c'est un autre Desrosiers qui pose ses valises puisque Bordeaux recrute le meilleur pointeur de l'histoire de la Ligue Magnus (depuis 2004), Julien Desrosiers ! Il n'est pas le seul à faire ce trajet puisque le serial scoreur Francis Charland et le défenseur international français Jonathan Janil suivent le même chemin. En parlant de défenseur international, Nicolas Besch quitte la Pologne pour revenir en France, séduit par le projet des Boxers. Peuvent également être évoquées les arrivées de Kévin Dusseau (Amiens), Felix Petit (Grenoble), Jean-Christophe Gauthier (Caen), Lionel Tarantino (Briançon) ou Peter Valier (Épinal), et nombreux sont ceux à présenter le recrutement bordelais comme le plus abouti de cette intersaison.

Et sur la glace tout cela démarre plutôt bien : les Boxers prennent des points lors de leurs cinq premiers matchs de la saison. Avec quatre victoires et une défaite en prolongations face à Épinal (1-2 a.p.), ils occupent la deuxième place du classement à égalité de points avec le leader rouennais. Et c'est peut être un hasard, mais la défaite justement sur la glace de l'Ile Lacroix pour le compte de la sixième journée (4-2) va être le déclencheur de la première mauvaise série des joueurs de Martin Lacroix. Ils s'inclinent également à domicile face à Amiens (5-6 a.p.), Angers (3-5) puis à Pôle Sud face à Grenoble (7-2). À l'issue de la phase aller, les Boxers sont totalement rentrés dans le rang et occupent la neuvième place du classement suite à une défaite face à Gap (1-4).

Pendant ce temps les parcours en Coupe sont plutôt satisfaisants mais sans coup d'éclat pour autant. Les Boxers s'inclinent en quart de finale de la Coupe de France face à Angers, et échouent en demi-finale de la dernière Coupe de la Ligue face à Gap. Il reste alors à se concentrer sur l'objectif d'accrocher les play-offs à la fin de la saison, ce qui serait un moindre mal. Mais quand l'enchaînement des rencontres se fait sentir, dans la fameuse "période de décisions" de la Ligue Magnus (fin décembre - début janvier), les Boxers sont clairement en souffrance. Ils ne remportent aucune rencontre entre le 5 décembre (0-5 à Morzine) et le 9 janvier (3-5 à Angers) et ne parviennent pas ensuite à enchaîner après ce beau succès en terre angevine. Pas vraiment inquiétés par les équipes du fin fond du classement, au bénéfice de points acquis plus tôt, les Bordelais stagnent entre la neuvième et la dixième place du classement, mais voient l'écart s'accroître avec la dernière place qualificative pour les playoffs. Bordeaux est bien inspiré de terminer son exercice par cinq victoires sur ses six derniers matchs, mais échoue finalement à trois petits points de Strasbourg.

Cette participation à la poule de maintien est clairement en deçà des objectifs du club, et d'un effectif bien plus taillé pour les séries. Mais il faut s'y résoudre côté aquitain et faire contre mauvaise fortune bon cœur. Avec les points acquis face aux adversaires directs, les Boxers sont en position archi-favorable dans cette lutte où deux clubs seront relégués et un autre barragiste. Encore faut-il ne pas jouer avec le feu. Bordeaux ne laisse jamais s'insinuer le doute et fait le jeu de la course au maintien.

En ayant loupé les playoffs, certes au prix d'une formule de transition particulière du championnat, le bilan bordelais s'en trouve clairement mitigé. Avec l'annonce de l'arrivée de Philippe Bozon aux commandes pour 2016-2017, les Boxers chercheront cette fois-ci à ne pas laisser passer leur chance.

 

Dixième : Chamonix. Après une campagne 2015 achevée sans gloire en huitième de finale (élimination en trois manches sèches par Dijon) et un peu en eau de boudin, Chamonix aurait pu céder à la tentation du grand remaniement. Mais au pied de la Mer de glace, on a su, comme souvent, garder la tête froide. Sur le banc, Stéphane Gros a vite rempilé pour une septième saison à la tête des Chamois. Le technicien a tenu à conserver la majeure partie de son groupe, construit autour de quelques cadres français (Clément Masson, Arnaud Hascoët, Matthias Terrier, Joris Bedin, Damien Torfou) et de jeunes du cru (Clément Colombin, Jérémy Arès, Jordan Mugnier...).

Gros, quand même, a changé quelques têtes aux postes clés. Déjà passé par le Mont-Blanc (2009-2011) et la HCMAG (2011-2013), le gardien Henry-Corentin Buysse a reposé sa mitaine en Haute-Savoie après un intermède bourguignon de deux ans à Dijon. Une bonne part des renforts étrangers ont été remplacés. Si Bissonnette, Andersén et Silvenoinnen sont restés, Tremblay, Beaudry, Payette et Hardy ont été débarqués. Le CHC les a remplacés par Dominic Jalbert et Pierre-Luc Lessard, deux défenseurs québecois chipés à Grenoble, et par les attaquants Ilpo Salmivirta (ex-Dijon) et Randy Cameron (ex-Fayetteville en SPHL).

Avec cette recette et cette (relative) stabilité, les Chamois espéraient profiter du début de saison pour grimper dans le classement. Las, Chamonix est passé à côté de son entame de championnat. Pas aidé par un calendrier compliqué (six déplacements sur sept matchs en octobre-novembre) et par les blessures (Randy Cameron touché aux adducteurs, Joris Bedin victime d'une fracture d'un doigt), presque incapable de prendre des points à l'extérieur, le CHC a cumulé onze défaites sur les treize rencontres de la phase aller. De quoi se retrouver, au début de l'hiver, parmi les mauvais élèves de la Ligue Magnus (12e avec seulement 8 points mi-décembre).

Les Chamois ont fini, quand même, par remonter la pente en 2016. Après deux mois sans victoire (huit défaites d'affilée du 30 octobre au 30 décembre), Chamonix a réveillonné en blanchissant Bordeaux (5-0), avant de confirmer ses bonnes résolutions en janvier (cinq succès face à Lyon, Grenoble, Morzine/Avoriaz/Les Gêts, Strasbourg et Briançon). Insuffisant pour vraiment sauver l'année des Chamoniards. Qui, dixièmes de la saison régulière, manquent les play-offs pour la première fois depuis le printemps 2009. Mais néanmoins assez pour aborder la poule de maintien avec une bonne dose de confiance et, côté comptable, un confortable matelas d'avance sur le HCMAG (6 points), Briançon (8 points) et Dijon (10 points).

Six victoires et quatre défaites plus tard, la formation haut-savoyarde a terminé finalement deuxième des play-downs, à cinq longueurs de Bordeaux. Le maintien assuré, Chamonix a pu préparer sa fusion avec le HCMAG. Sa grande révolution.

 

Onzième : Dijon. Fallait-il déjà y voir un signe ? En 2015, Dijon était passé tout près des play-down ; 2016 sera l'année de tous les cauchemars pour les supporters, comme pour l'équipe et le staff. Tout commence avec une intersaison des plus contrariées, où le club est validé de justesse, et moyennant d'énormes concessions sur ses finances, dont l'impact se fera forcément sentir sur le recrutement. Ajoutez à cela le départ - prévisible - de Jarmo Tolvanen, remplacé par son assistant-coach ; si la promotion de Jonathan Paredes sur le banc est logique, elle intervient tôt dans sa carrière, et pendant une saison-couperet. Dijon semble démarrer avec bien peu d'atouts - mais tout de même le retour de Riendeau qui assumera son rôle de leader toute la saison.

Les matchs amicaux ne convainquent pas vraiment, en particulier du côté des cages : on savait de toute manière que remplacer Buysse serait difficile, aussi bien sportivement que dans le cœur des supporters. Ceux-ci vont rapidement prendre en grippe son successeur Jakub Cech - et à raison. Il ne faut également que quelques semaines au staff dijonnais pour lui signifier qu'il ne répond pas aux attentes. Il est remplacé par un gardien slovène, inconnu du championnat français, que Trimolet voit débarquer avec méfiance ; le public ne tardera pourtant pas à apprendre à scander "Pinto", et plus d'une fois par match. Matija Pintaric est l'attraction de l'année chez les Ducs.

Heureusement que Dijon a cette satisfaction d'avoir enfin trouvé un dernier rempart solide ! En attaque comme en défense, rien ne va, ou presque : Samuel Groulx et Rémi Blanchard, deux défenseurs canadiens, quittent encore le club à la fin novembre, tandis que Jared Brown, lui, ne verra pas Noël en Bourgogne. Pourtant, le parcours de début de saison n'est pas si mauvais : en coupe de la Ligue, Dijon ne rencontre guère de difficultés à passer en quarts de finale, et, surtout, balaie sèchement Lyon, marquant 8 buts pour en encaisser un seul. Le bilan est tout aussi élogieux en coupe de France, où les Ducs ne font qu'une bouchée d'Amiens en quarts de finale.

Ces deux demi-finales atteintes seront toutefois la seule satisfaction de cette année 2016 : en championnat, Dijon connaît un début de saison lamentable, n'encaissant que trois points sur ses dix premiers matchs, et laissant en particulier filer des points précieux contre des équipes censées être des adversaires de play-down. A contrario, le 29 novembre, les Ducs assomment Rouen 6-1, et à l'île Lacroix ! Les supporters en conçoivent tout juste de la satisfaction, d'autant qu'ensuite, les Bourguignons retombent dans leurs mauvais travers, incapables de l'emporter face à des concurrents potentiels au maintien. Il faut attendre le 30 décembre pour voir la deuxième victoire dijonnaise dans le temps réglementaire - et la première victoire en championnat à Trimolet - contre... Rouen, à nouveau ! Autant dire que les tribunes grondent, et n'ont pas tort de le faire. L'équipe n'a jamais semblé bien unie sur la glace, trop de joueurs ne mouillent pas le maillot ; le départ de Brown, accusé de nombreux maux, ne résout pas grand-chose, encore qu'il permette l'arrivée de Michal Jeslinek, qui montre rapidement bien plus d'envie que son prédécesseur. Marek Kolba, Romain Gutierrez ou encore Brian McMillin dénotent dans la morosité ambiante, mais c'est insuffisant. La fin de saison régulière est une purge, les Ducs n'engrangent presque pas, et terminent 19 points derrière le premier non-relégable, avec pour seule satisfaction d'avoir limité leur différence de buts grâce à Pintaric.

Alors que la poule de la mort débute, il n'y a aucune raison de se réjouir : Dijon est dernier et accuse un retard qui semble pour ainsi dire impossible à combler, et le premier match, perdu à Bordeaux, sonne presque le glas de la Ligue Magnus en Bourgogne. Presque. Car les Ducs vont se transcender dans la difficulté : Paredes fait finalement les meilleurs choix - entre autres celui de donner plus de temps de jeu à la quatrième ligne -, William Wallen s'affirme, et plus généralement c'est toute l'équipe qui forme enfin une équipe pour "aller [vous] chercher le maintien" comme Benoît Quessandier - formidable capitaine dans les moments difficiles - le promet aux supporters. Trimolet se réveille alors que Dijon balaie ses adversaires, les deux défaites contre Lyon et Bordeaux - à nouveau mais cette fois en prenant le point de la prolongation - devenant presque anecdotiques.

Les Ducs se sauvent sportivement, à contre-courant de tous les pronostics et de magnifique manière, en renouvelant au passage leur histoire d'amour avec des Archiducs qui auront eu bien du mérite en saison régulière. 2015 avait été difficile, 2016 aura été épouvantable, mais tout n'est pas à jeter : Dijon aura entre autre appris la véritable adversité, et peut aborder la saison 2017 fort de cette expérience.

 

Douzième : Morzine-Avoriaz. La saison précédente fut très mouvementée pour les Pingouins de Haute-Savoie, et pour cet exercice 2015-2016, l'équipe dirigeante aspire à plus de sérénité. Autour du coach reconduit les cadres français sont restés (Papa, Josselin et Numa Besson), toutefois des départs importants sont enregistrés, surtout celui du portier canadien Andrew Hare après deux saisons au club. Pour le remplacer, le HCMAG joue l'originalité en enrôlant le massif gardien international polonais Przemyslaw Odrobny. Les arrivées d'Europe de l'Est sont ensuite lettones avec Homjakovs et Sarkanis, mais le cœur du recrutement est canadien, ce qui n'est pas forcément courant à la Skoda Arena.

Dans une saison à la formule modifiée pour passer de 14 à 12 clubs, et avec une poule de maintien à six formations, le HCMAG sait qu'il dispose d'une marge de manœuvre infime s'il veut accrocher les playoffs. Les bons résultats doivent apparaître dès l'entame de la saison... mais il n'en sera rien. Les Pingouins ne parviennent pas à relever la tête, dans une saison encore marquée par de nombreuses blessures, et où le staff doit çà et là piocher dans l'équipe junior du HC74 pour faire le nombre de JFL. Le talentueux Jakub Sindel est notamment à l'infirmerie. À l'issue de la phase aller, les Pingouins ne comptent qu'une seule victoire, et pointent à la dernière place du classement avec 4 points au compteur.

Par le passé déjà, Morzine-Avoriaz-Les Gets a su trouver en fin de saison régulière des ressources inattendues pour se sauver de situations délicates. Mais avec six équipes attendues en poule de relégation, il ne faut plus s'attendre à des miracles. Très vite l'objectif change, et plus que le classement en lui-même, il faut se concentrer à présent sur les résultats en confrontations directes face aux adversaires que l'on peut alors imaginer pour la seconde phase. Pour ce faire, le staff va progressivement insuffler du sang neuf dont l'équipe a clairement besoin : le Canadien Colin Mc Intosh est récupéré de Division 1, l'expérimenté Mathieu Jestin arrive et le très gros coup Ryan Kinasewich est enrôlé en provenance d'EBEL. L'entame des matchs retours est prometteuse, et l'équipe enchaîne pour la première fois de la saison quatre matchs à points (victoires à Bordeaux et Briançon, défaites après 60 minutes face à Lyon et Epinal). Mais bien que ces points essentiellement acquis face à des adversaires directs sont précieux, l'embellie est de courte durée : six défaites sèches suivent. Manifestement lâché par son vestiaire, Tommie Hartogs est remercié après quatre saisons passées au club, et Miroslav Frycer le remplace dans l'optique de la poule de maintien. Après trois importantes victoires sur les quatre dernières rencontres, le HCMAG achève sa saison à la treizième place, mais débute la phase de play-down à la quatrième place sur six, au bénéfice de meilleurs résultats face aux concurrents de la poule que Briançon ou Dijon.

Sans l'étonnant Edgars Homjakovs blessé pour une longue durée, Morzine-Avoriaz-Les Gets commence sa campagne timidement : une défaite en prolongations face à Lyon, puis une défaite à Briançon. Pour éviter l'une des trois dernières places, il faut de la régularité dans les succès. Ce que les Pingouins ne parviennent à faire puisqu'après une belle victoire à Bordeaux (3-6), ils ne prennent qu'un point face à Chamonix (5-6 a.p) et s'inclinent face à une équipe de Dijon qui s'enflamme dans son mode survie (7-3). À mi-chemin, Pingouins et Ducs comptent le même nombre de points à la quatrième/cinquième place. C'est maintenant ou jamais pour les coéquipiers de Cyril Papa, et le message est passé. Profitant de deux rencontres à domicile, Odrobny s'offre deux blanchissages (4-0 contre Briançon, et 1-0 contre Bordeaux) et Morzine est relancé puisque troisième alors de la phase de maintien. L'équipe n'a toutefois plus le droit à l'erreur, si on suit le rythme effréné des concurrents. Après une défaite en prolongations à Chamonix (2-1 a.p), le HCMAG termine sur deux "finales" : lors de la première, ils perdent face à des Ducs de Dijon récompensés de leur improbable parcours de maintien (1-2). Faute de pouvoir éviter au mieux le maintien, les Pingouins peuvent ensuite tout perdre en déplacement à Lyon. Mais c'est Mathieu Jestin qui inscrira le but vainqueur qui enverra (sportivement) les Lions en Division 1.

Alors que la fusion avec Chamonix a franchi le stade du bruit de couloirs depuis quelques semaines à présent, le HCMAG est tout de même bien décidé à terminer le travail correctement : face à Nice, champion à l'échelon inférieur, le ballottage (et la formule) est favorable, et cela se confirme par une victoire sur la Côte d'Azur (2-4). Morzine-Avoriaz-Les Gets a alors deux chances de valider le maintien à domicile, et celui-ci ne se fera pas attendre. Victoire 5-4 des Pingouins qui se sauvent alors en Ligue Magnus et laissent Nice en Division 1. Du moins avant les évolutions d'intersaison.

Les Pingouins auront connu toutes les saisons de Ligue Magnus sous sa forme actuelle, soit depuis 2004-2005. Et l'histoire s'arrête ici (pour la partie élite du club). Place à un nouveau projet, un nouveau livre à écrire sous le titre des Pionniers de Chamonix-Morzine.

 

Treizième : Lyon. La première saison des Lions en Ligue Magnus avait été bien compliquée, et le maintien sportif arraché face à Caen en playdown. Le discours officiel du club est clair, la saison a été analysée, les problèmes identifiés et des jours meilleurs se profilent à l'horizon.

Des wagons de joueurs sont remerciés tandis que d'autres décident de partir. Jonathan Laberge, auteur de belles saisons sous le maillot lyonnais et devenu capitaine après la défection de Martin Millerioux à ce poste, est reconduit pour une saison. Il est le seul joueur étranger reconduit. L'arrivée de Mitja Sivic est annoncée très tôt, en tant que capitaine de l'équipe. Joueur passé par Briançon et Grenoble notamment, il a une éthique de travail irréprochable et sera le moteur de l'équipe, sur et en dehors de la glace. François Dusseau compte beaucoup sur lui pour la saison à venir. Pour renforcer le secteur défensif, Lyon va chercher Slavomir Tomko, Johan Burlin et Jarno Lippojoki qui auront pour mission d'encadrer les plus jeunes. Tomko est d'ailleurs associé à Thomas Lapointe en présaison, et ils forment un duo intéressant sur la glace. Tomko et Burlin ajoutent du poids à la défense, à côté de gabarits beaucoup plus légers comme Breton, Lapointe ou Styf.

Le club lyonnais semble vouloir garder le meilleur pour la fin, ou a simplement du mal à trouver l'homme pour le poste, en tout cas le gardien est presque le dernier recrutement à être annoncé. Le staff fait un pari en faisant signer Tommi Virtanen, qui se remet d'une blessure au genou et qui vient de passer une demi-saison sans jouer. Le Finlandais montre une fiche intéressante avec de bons pourcentages d'arrêts, mais avec les absences à répétition de Matej Kristin la saison précédente, l'interrogation sur l'état de forme de Virtanen semble légitime.

La préparation commence tôt, comme la saison précédente, et le groupe y fait de beaux résultats. Les supporters se prennent à rêver d'une belle saison à venir.

Le premier vrai test est la première journée de championnat, jouée à Charlemagne et face à Épinal. Rappelons que les Gamyo avaient infligé aux Lyonnais un cinglant 5-0 la saison précédente. Ce premier match de la saison marque malheureusement la fin de carrière de joueur de Mitja Sivic, victime d'une fracture multiple du bras et du coude gauches juste avant la mi-match. Evacué sur civière, il est transporté aux urgences pour des radios et un certain nombre d'interventions chirurgicales. La blessure, conséquence d'un contact avec Kloucek, fera couler beaucoup d'encre. Sur la glace, le groupe se rassemble et parvient à remonter un déficit de buts en troisième période pour finir par s'imposer.

Cependant, la réaction d'orgueil de ce match n'illustre en aucun cas le niveau de jeu qui sera proposé par les Lions pendant la saison. Le groupe ne parvient pas à enchaîner les victoires, et même lorsqu'il mène au score, il n'arrive pas à plier un match, et n'est jamais à l'abri d'une remontée de l'équipe adverse. Jani Savolainen arrive rapidement pour remplacer Sivic, et Laberge hérite encore du rôle de capitaine, poste pour lequel il sera assisté de Breton et Parent.

Aucun collectif ne se développe sur la glace, Virtanen et Macrez sont bien trop souvent laissés seuls face aux attaquants adverses. Le repli défensif est poussif et certains attaquants ne semblent pas concernés, le placement des défenseurs est approximatif et la pénétration de l'attaque adverse est rendue trop facile. Les blessures se multiplient, permettant aux plus jeunes d'obtenir un temps de jeu qui reste malgré tout trop rare. Les titulaires, même s'ils ne produisent pas suffisamment, conservent leur temps de jeu. Du côté du dernier rempart, la malédiction du gardien semble s'être invitée de nouveau cette saison, avec un Tommi Virtanen bien fragile. Les blessures à l'échauffement ne sont pas rares, et Landry Macrez doit souvent prendre le relais au pied levé. L'hiver est marqué par le départ de Lippojoki et Savolainen, dont les rendements sont jugés insuffisants par la direction du club, et qui sont tous deux remerciés en huit jours, peu avant Noël. Au mois de janvier, c'est le tour du coach, François Dusseau, jugé coupable de ne pas avoir trouvé de solution pour que son groupe retrouve le chemin de la victoire. Il est remplacé par Mitja Sivic, resté proche du club et maintenant suffisamment remis pour pouvoir retrouver le banc en tant que coach.

La cassure entre la direction et les jeunes joueurs français présents dans l'effectif est consommée, et lorsque l'arrêt de carrière de Joly et les blessures de joueurs français laissent l'effectif senior en déficit de JFL, les U22 refusent de faire les déplacements, sachant pertinemment qu'ils resteront sur le banc pendant tout le match. Ainsi Jean-Charles Carry, le troisième gardien, est présent sur au moins deux matchs en tant que joueur, portant le maillot de Lapointe. Pire, c'est le manager Sébastien Berthet qui doit se mettre en tenue pour compléter l'effectif JFL sur certains matchs à l'extérieur, véhiculant une image bien originale du club lyonnais.

Est-ce qu'il est trop tard ? Est-ce que Sivic a les compétences nécessaires pour redresser l'équipe alors qu'il reste moins de 10 matchs ? En tout cas, le premier match avec Sivic aux commandes est remporté par les Lyonnais face à Dijon. Les deux matchs suivants sont des défaites face à Amiens et Angers, mais les gones retrouvent les Ducs à Dijon et cette fois-ci, c'est même un blanchissage pour les Lyonnais.

Les Lions montrent enfin des choses intéressantes sur la glace, les alignements semblent plus productifs, et surtout un collectif semble enfin émerger. Il est maintenant possible de voir les attaquants lyonnais passer la ligne bleue en groupe au lieu de montrer un jeu stéréotypé consistant en un passage de la bleue et un envoi du palet au fond, en espérant pouvoir en faire quelque chose. Les sorties de zone sont également plus intéressantes, et tout le monde semble maintenant concerné par le repli défensif. Malgré tout, les attaquants n'arrivent pas à trouver les filets, leurs tirs étant beaucoup trop souvent tirés directement sur le gardien adverse. Le blanchissage à Dijon est la dernière victoire de la saison pour Lyon, qui s'incline ensuite à cinq reprises pour finir la saison régulière. Ces matchs sont d'autant plus frustrants pour les joueurs et supporters que, si l'effectif avait montré ce visage pendant la saison, la situation ne serait certainement pas aussi grave. Ceci dit, il n'est pas possible de réécrire la saison et Lyon finit, avec 107 buts encaissés, avec la plus mauvaise défense de la ligue. L'offensive ne se porte pas mieux, puisque les gones ont aussi la plus mauvaise attaque du championnat, avec seulement 67 buts marqués. La conclusion est sans appel : les Lions sont complètement passés à côté de leur saison.

Pour la deuxième année consécutive, les gones doivent en passer par la poule de maintien. Bordeaux, Briançon, Chamonix, Dijon et Morzine sont les adversaires des Lyonnais qui débutent cette poule à une position qui leur permettrait de se maintenir sportivement. Le premier match se joue à Morzine, et Virtanen se blesse à l'échauffement... La poule de maintien étant considérée comme commencée et la blessure de Virtanen le tenant éloigné de la glace pour une période plus longue que la durée de la poule de maintien, le LHC n'a pas d'autre choix que de compter sur Landry Macrez pour garder la cage. Une victoire arrachée en prolongation face à Morzine permet aux Lions d'espérer, et même si la confrontation avec Chamonix se solde par une défaite, les gones rebondissent ensuite face aux Dijonnais, qu'ils battent à Charlemagne. Briançon, Bordeaux, Chamonix puis Dijon s'imposent sur des Lyonnais qui s'enfoncent au classement de la poule, et un sursaut d'orgueil face à Briançon n'empêche pas la descente qui continue jusqu'à la fin de la poule de maintien, avec des défaites face à Bordeaux puis Morzine qui renvoient les Lions en Division 1.

La professionnalisation de la ligue entraîne un nouveau feuilleton de l'été, avec tout d'abord la fusion des clubs de Chamonix et Morzine, qui laisse une place disponible en Ligue Magnus. Nice, champion de Division 1 qui s'est incliné face à Morzine en match de barrage, est premier dans l'ordre de priorité pour la place en Ligue Magnus. Le dossier déposé par les Aigles est validé, et la liste des 12 équipes est de nouveau complète.

Le premier juin, nouveau coup de tonnerre : les Albatros de Brest demandent à la fédération de pouvoir évoluer en Division 1 pour la saison 2016-2017. Le club est entendu et la fédération accepte la participation de Brest en Division 1, laissant une place disponible en Ligue Magnus. Le dossier de Lyon, déjà posé pour la place revenue à Nice, est alors validé. Le maintien sportif n'a pas été obtenu, mais le maintien administratif, si.

 

Quatorzième : Briançon. Vainqueur de la Ligue Magnus en 2014, premier club français à poser dans la foulée ses patins en CHL, Briançon a eu du mal à digérer ces honneurs. Dans la foulée du titre, une page avait déjà été tournée avec le départ de Luciano Basile pour Gap et d'une quinzaine de joueurs. À l'intersaison 2015, c'est un chapitre de son histoire que Briançon a fermé. Edo Terglav, l'ancien capitaine devenu entraîneur, est lui aussi parti, vite imité par plusieurs joueurs-cadres et symboles des succès haut-alpins (Marc-André Bernier, Dave Labrecque, Florian Chakiachvili, Damien Raux), échaudés par une saison 2014/2015 compliquée, achevée dès les quarts de finale. Résultat : de l'équipe championne deux ans plus tôt, ne restait plus à la reprise de septembre que le seul Pierre-Antoine Devin.

Pour succéder à Terglav, et en finir pour de bon avec l'ère Basile, Briançon a commencé par nommer son ancien défenseur hongrois Viktor Szélig, tout jeune retraité, au poste de manager. Sur le banc, les Diables Rouges ont installé le Suédois Patric Wener, recruté à Björklöven (Allsvenskan). Problème : le duo Szélig-Wener a complètement manqué son recrutement, composé de joueurs souvent blessés, trop suspendus ou simplement pas au niveau. Dans les travées de René-Froger, pas grand-monde ne se souviendra des Scandinaves engagés par Wener (les défenseurs Christopher Aspeqvist et Otto Jaksch, les attaquants Sonny Karlsson et Tomas Larsson), du Canadien Steeve Reese ou de l'international hongrois Balint Magosi. On oubliera, aussi, le retour raté de Toby Lafrance dans les Hautes-Alpes après deux ans à Grenoble.

Vite sorti de la Coupe de la Ligue, Briançon a rapidement inquiété en championnat. Quatre défaites d'entrée, une première victoire (4-3 contre Dijon) qui n'arrive que mi-octobre : l'ancien champion s'est d'abord glissé dans le costume de la lanterne rouge. Avant de rassurer en octobre-novembre grâce à un succès dans le derby des Hautes-Alpes (2-1 face à Gap le 29 novembre) et quelques bons résultats (six victoires en huit matchs du 17 octobre au 4 décembre). Au point même de revenir dans la course aux play-offs.

Seulement, ce réveil, au final, n'a été qu'un dernier sursaut d'orgueil. En plein hiver, la dynamique s'est rompue. Du 11 décembre au 6 février, les Briançonnais ont joué quatorze rencontres. Ils n'en ont gagné que deux (2-3 en prolongation le 27 décembre à Lyon, 4-1 contre Amiens le 2 février). Le remplacement de Patric Wener par Alexis Billard mi-janvier n'a rien changé. Le suspension du gardien Sebastian Idoff, après un gros coup de colère contre le corps arbitral le 6 janvier face à Morzine/Avoriaz/Les Gêts, et son remplacement par le jeune (17 ans) et trop tendre Julian Junca, n'ont rien arrangé.

Bilan : pour la première fois depuis 2004 et la création de la Ligue Magnus, Briançon boucle sa saison régulière au-delà de la cinquième place (11e), manque les play-offs et termine sans aucun joueur à plus de 10 buts. Direction la poule de maintien. Où la galère se poursuit. Avec sept défaites en 10 matchs, la formation haut-alpine termine bonne dernière et est reléguée en D1. Où les Diables Rouges espèrent stopper leur descente en enfer.

 

Coordonné par Sébastien Bernard, avec les correspondants de Hockey Archives

 

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