KHL 2015/16 : bilan

 

Résultats du championnat russe

Classement (après play-offs) : 1 Metallurg Magnitogorsk, 2 CSKA Moscou, 3 Salavat Yulaev Ufa, 4 SKA Saint-Pétersbourg, 5 Avangard Omsk, 6 Dynamo Moscou, 7 Sibir Novosibirsk, 8 Torpedo Nijni Novgorod, 9 Lokomotiv Yaroslavl, 10 Jokerit Helsinki, 11 HK Sotchi, 12 Ak Bars Kazan, 13 Admiral Vladivostok, 14 Avtomobilist Ekaterinbourg, 15 Slovan Bratislava, 16 Neftekhimik Nijnekamsk, 17 Barys Astana, 18 Dynamo Minsk, 19 Traktor Chelyabinsk, 20 Medvescak Zagreb, 21 Spartak Moscou, 22 Dinamo Riga, 23 Yugra Khanty-Mansiysk, 24 Vityaz Podolsk, 25 Amur Khabarovsk, 26 Lada Togliatti, 27 Severstal Cherepovets, 28 Metallurg Novokuznetsk.

 

Metallurg Magnitogorsk (1er) : sur les traces de son père

En 2006/07, après la démission de Dave King fin septembre, le Metallurg Magnitogorsk avait promu son adjoint Fyodor Kanareikin à sa place et avait aussitôt remporté le titre. Le président Viktor Rashnikov avait peut-être ce souvenir en tête lorsqu'il a démis Mike Keenan de ses fonctions le 17 octobre. L'entraîneur canadien a pâti d'un début de saison moyen, pas aidé par les mauvais buts encaissés sur des lancers bien visibles par son gardien Vassili Koshechkin. Après quatre années d'apprentissage, l'assistant-coach Ilya Vorobyov devait initialement prendre le relais en fin de saison. La passation a donc eu lieu plus tôt que prévu... et l'histoire s'est répétée neuf ans plus tard !

La mission de Vorobiev était de rendre "Magnitka" moins dépendant de sa première ligne Mozyakin-Kovar-Zaripov qui ne sera pas éternelle. On l'a vu au début des play-offs où Danis Zaripov semblait en dessous de son niveau. Le Metallurg a été malmené dans le derby contre Ekaterinbourg dès le premier tour, mais la deuxième ligne 100% étrangère Oskar Osala - Tomas Filippi - Wojtek Wolski est venue à la rescousse. Le géant finlandais Osala comptait déjà 3 buts et 2 assists quand il s'est blessé malencontreusement au quatrième match (un joueur est retombé sur sa jambe) et il n'est revenu que pour la finale.

Magnitogorsk a donc su diversifier ses ressources offensives. Il disposait aussi en la matière d'un joker de luxe, Aleksandr Syomin, engagé 100 millions de roubles (1,4 millions d'euros) pour une demi-saison après son éviction de Montréal en NHL. Ami du nouvel entraîneur-adjoint Viktor Kozlov et donc mis en confiance, Syomin s'est investi y compris défensivement, même s'il manque désormais de vitesse de jeu. In fine, le joueur décisif a quand même été Sergei Mozyakin, star incontestée de la saison. Sachant patiner dans les espaces pour bénéficier du travail de Jan Kovar, l'ailier russe a marqué le 9e but en prolongation de sa carrière en KHL lors du cinquième match si important de la finale.

Ilya Vorobyov est donc devenu entraîneur champion de Russie, marchant ainsi sur les traces de son père (champion en 1997 avec Yaroslavl). Piotr Vorobiev avait bâti ses succès sur une défense à outrance, son fils a hérité de certaines capacités en la matière pour faire gagner une équipe offensivement talentueuse. Le gardien Koshechkin et la défense, menée par le gros temps de jeu de Chris Lee, ont réussi de solides play-offs. Aleksei Bereglazov en a été la révélation à 21 ans : Magnitogorsk prouve une fois de plus sa double capacité à former des jeunes et à gagner !

 

CSKA Moscou (2e) : Radulov s'adapte à tous

Le CSKA fut longtemps le symbole du hockey soviétique, et de ce jeu de passes patiemment construit par un travail commun de lignes qui ne se quittaient jamais. Le style avec lequel il domine la saison régulière depuis deux ans en est presque l'antithèse. L'entraîneur Dmitri Kvartalnov demande à ses joueurs d'envoyer le palet au fond et de mettre la pression sur les défenseurs. Ce type de tâche convient parfaitement au néo-international Ivan Telegin, révélation du championnat du monde et prolongé de 3 ans alors qu'il n'avait mis que 9 points en saison régulière.

Quant aux lignes immuables du CSKA, on peut difficilement s'en éloigner plus. Lors des play-offs, Kvartalnov a utilisé 23 combinaisons différentes (!) de ses deux premières lignes offensives. Beaucoup de possibilités, mais toujours un leader : Aleksandr Radulov. La saison précédente, il jouait le plus souvent avec Stéphane Da Costa et Grigorenko, mais ce dernier est parti à Ufa et le Français a été souvent blessé. Radulov a changé de partenaires toutes les semaines. Et il n'a jamais paru aussi dévoué, agressif mais discipliné. Il a même endossé la responsabilité de l'échec en finale - que personne n'aurait songé à lui attribuer - en assumant son -3 au septième match.

Le seul qui ne bougeait plus dans le système du CSKA, c'est le gardien. Alors qu'on craignait pour Ilya Sorokin qu'il soit bloqué dans son développement et cantonné à un rôle de numéro 3, le jeune portier de 20 ans a pris le dessus sur ses collègues Stanislav Galimov et Viktor Fasth et est devenu le meilleur gardien de la KHL avec d'impressionnantes statistiques à 95% d'arrêts. Le fait d'avoir Fasth ou non sur le banc ajoutait aussi une alternative sur la gestion des étrangers. Le meilleur exemple de cette rotation, c'est Geoff Platt, en tribune au premier match de la finale de Conférence ouest contre le SKA Saint-Pétersbourg, puis revenu encore plus fort avec un doublé au match 2, un but décisif pour débloquer un score encore vierge en troisième prolongation du match 3 (!) et... une expulsion au match 4 - pour un vilain coup de genou au visage de Shipachyov à terre - qui lui a fait manquer la majorité de la finale.

Si le CSKA a donc pris sa revanche sur le SKA, il lui manque toujours la Coupe Gagarine. Il est donc loin du palmarès de son homologue de l'époque soviétique. La finale se sera jouée à peu de choses : aura-t-il encore l'occasion d'en rejouer une ? La NHL va lui prendre trois joueurs : son symbole Radulov, son meilleur défenseur Nikita Zaitsev et - plus étonnamment - Roman Lyubimov. Lors du camp de présaison 2015, ce joueur était placé à l'aile de la cinquième ligne d'entraînement, et on lui a fait comprendre qu'il ne pourrait être titulaire que s'il se reconvertissait au poste de centre. En deux ans, cette polyvalence lui a fait intégrer l'équipe nationale (à l'aile), mais ce joueur plafonnant à 14 points en saison régulière de KHL trouvera-t-il sa place outre-Atlantique ?

 

Salavat Yulaev Ufa (3e) : le jeu spectaculaire résiste à l'épreuve de force

Igor Zakharkin, l'ancien adjoint de moins en moins discret de Bykov, a enfin pu coudre ses premiers galons d'entraîneur en chef. Après un mois de championnat, il a transformé une équipe d'Ufa mal en point, d'un coup de baguette magique. Plutôt une baguette psychologique, à vrai dire. A contrario de l'autoritarisme russe, Zakharkin est convaincu qu'un coach peut se permettre d'être sociable et même de parler normalement à ses joueurs. Il défend le droit à l'erreur, ce qui a donné confiance à une équipe jusqu'ici mentalement fragile et paralysée par la peur.

La peur, le Salavat s'est chargé de la mettre sur l'équipe d'en face par divers moyens. Sans palet, les ailiers ont pressé les défenseurs adverses pour réduire leurs solutions. Dès la récupération du palet, le jeu de transition était redoutable de rapidité, avec la participation de quatre joueurs dont un des deux défenseurs. En phase offensive, les hommes de Zakharkin ont utilisé des triangles en mouvement constant qui libérait toujours des angles libres pour le porteur du palet et de bonnes positions de tir. Autant d'atouts qui pouvaient mettre l'adversaire en danger, donc à la faute. Le Salavat pratiquait ainsi le jeu le plus spectaculaire de la ligue.

À chaque réorganisation, ses gagnants et ses perdants. Pendant que le défenseur offensif Kirill Koltsov (vainqueur de la KHL en 2011 avec Bykov et Zakharkin aux commandes) se faisait évincer de l'équipe, la nouvelle première paire d'arrières était constituée de l'international finlandais Sami Lepistö et de l'inattendu Aleksandr Loginov, devenu soudain à 28 ans une clé de voûte du jeu de puissance.

Dans le même temps, le centre suédois Andreas Engqvist a été extirpé de la quatrième ligne où il croupissait, pour compléter parfaitement Omark et Grigorenko sur le premier trio. Forcément, cela implique qu'un autre hockeyeur a dû faire le voyage inverse : Nikolaï Prokhorkin, de premier centre, se retrouvait ailier de la quatrième ligne ! Zakharkin a néanmoins su le maintenir impliqué avec suffisamment de temps de jeu, y compris dans les unités spéciales.

Un vrai collectif s'est donc formé, et il s'est sorti d'une épreuve de force : mené deux fois 3 victoires à 1 par Kazan puis par Omsk, il a remporté chacune de ses séries au septième match. Zakharkin, se plaignant que son équipe était trop académique, a alors fait appel à leur hargne pour être les premiers sur le palet et mettre du trafic devant la cage. Contre l'Avangard, le Salavat Yulaev n'a ouvert le score qu'une seule fois dans la série, et il s'est pourtant qualifié : jamais une équipe au système défensif n'aurait réussi un pareil exploit. 14 matches de play-offs en 28 jours, cela marque un homme ! Surtout quand il faut enchaîner avec une finale de conférence contre Magnitogorsk...

Cette démonstration d'endurance a aussi changé le regard sur le magicien suédois Linus Omark, qui avait la réputation de s'éteindre dans les grands rendez-vous. Il est certes un joueur d'instinct, parfois trop spontané, mais sa passion et sa volonté ne peuvent plus être remises en cause. Malheureusement, Omark a perdu ses deux compagnons de ligne face à Magnitogorsk. Engvist a subi une commotion cérébrale au premier match, remplacé par le vétéran Sergei Soïn qui a amené sa science du jeu. Puis c'est Igor Grigorenko qui s'est blessé : le capitaine a repris le jeu sous infiltrations et a été qualifié de "héros" aux yeux de son entraîneur. L'héroïsme n'a pas suffi à réussir une troisième remontée fantastique, mais Ufa a marqué les esprits.

 

SKA Saint-Pétersbourg (4e) : recrutement tardif et mal équilibré

Le début de saison du SKA était un peu la chronique d'un désastre annoncé. Passer du duo Bykov-Zakharkin à Andrei Nazarov, c'est un peu comme passer d'un professeur d'université très pédagogue à un officier de l'armée : le changement de méthode éducative est un peu trop brutal. D'autant plus quand la matière à enseigner n'était plus la même : la force devenait la priorité, et non plus le mouvement. Le champion s'est donc vite traîné au classement.

En octobre, Nazarov a donc été viré, et Sergei Zubov, déjà adjoint l'an passé, obtenait sa première mission comme entraîneur en chef. L'ancien défenseur offensif des Dallas Stars était l'idole de jeunesse de Vyacheslav Voïnov. Sa présence était donc un argument fort supplémentaire (en plus d'autres arguments sonnants et trébuchants) pour faire venir à Saint-Pétersbourg l'arrière de Chelyabinsk, expulsé du territoire américain pour violences conjugales mais resté très convoité en Russie.

Les renforts que le SKA n'avait pas achetés durant l'été (ce qui rendait aussi la situation impossible pour Nazarov), il les a en effet acquis en cours de saison. Comme le gardien champion Mikko Koskinen était l'ombre de lui-même, le club a engagé un entraîneur des gardiens supplémentaire, Jari Kaarela, en plus de son coach personnel Marko Torenius, et de l'ancien gardien Maksim Sokolov qui a alors quitté le banc pour une fonction d'observateur en tribune.

Staff pléthorique, donc, mais aussi attaque densifiée. On sait qu'Artemi Panarin - devenu neuvième marqueur de NHL dès sa première année pour bien se rendre compte de son niveau - n'avait pas été remplacé. C'est un joueur de quatrième ligne, Anton Burdasov, qui avait pris sa place sur le "trio magique" avec Vadim Shipachyov et Evgeni Dadonov. Effet immédiat : Burdasov faisait parler sa puissance pour être le meilleur marqueur du SKA en début de saison. Néanmoins, cette ligne ne récitait plus son hockey comme l'an passé.

On a donc fait venir Nikita Gusev, moins physique mais plus technique, capable de comprendre les combinaisons de Shipachyov et Dadonov. Burdasov, quant à lui, a finalement été échangé à Omsk - avec le centre défensif Khokhryakov - contre Shirokov. L'ancien petit génie des Jokerit, Steve Moses, a aussi été embauché pour reformer un trio étranger (avec Jarno Koskiranta et Joakim Lindström) capable de soulager la première ligne. Gusev, Moses, Shirokov et le jeune Pavel Buchnevich : toutes ces recrues ont pour point commun de jouer à l'aile. Le SKA gardait un déficit au centre, poste où le double champion du monde Sergei Shirokov a été obligé de jouer, alors que c'est fondamentalement un ailier.

Ce fait est important pour expliquer le "cas Kovalchuk" qui a secoué toute la Russie lors des play-offs. Ilya Kovalchuk avait largement fait illusion en saison régulière : plus gros temps de jeu parmi les attaquants (y compris parce qu'il tarde souvent à rejoindre le banc pour les changements...), il avait terminé deuxième marqueur du SKA, essentiellement grâce aux avantages numériques. Mais ses palets bêtement perdus avaient déjà terni son bilan. Son premier match de play-offs contre le Lokomotiv fut une catastrophe : 24 minutes de temps de jeu pour un seul tir cadré... et deux buts encaissés quand il était sur la glace. Il fut écarté une première fois de l'équipe, avant d'avoir sa chance au tour suivant et de perdre définitivement sa place. Le joueur le plus connu de la KHL, capitaine de l'équipe nationale, était devenu un attaquant superflu dans son club, à seulement 32 ans.

Le SKA Saint-Pétersbourg était porté uniquement par sa première ligne Gusev-Shipachyov-Dadonov, qui a battu le Dynamo Moscou pour ainsi dire à elle seule. En deux tours, 16 des 27 buts du SKA avaient été marqués en supériorité numérique. Le schéma de jeu était resté le même qu'avec Panarin : Dadonov dans l'enclave, et ses deux collègues en fond de zone pour des passes transversales redoutables. Le défaut venait plutôt du manque de soutien et de force de frappe des défenseurs. En finale de conférence, le CSKA Moscou a compris d'où (ne) venait (pas) le danger et s'est adapté. Il n'a encaissé qu'un but en infériorité, de la part de la seconde unité spéciale, et a totalement neutralisé le premier trio, maintenu à zéro point sur la série... avant d'éclater de nouveau au championnat du monde (avec Panarin).

 

Avangard Omsk (5e) : querelles familiales

L'Avangard Omsk tenait à cultiver une image de club familial qui prenait un soin particulier de ses joueurs. Cette image ne résiste cependant pas à l'examen du cas Sergei Kalinin : le capitaine du club, dont la terrible blessure avait choqué la Russie lors des derniers play-offs, s'était vu proposer un contrat avec un salaire réduit de moitié. Un manque de gratitude mais aussi de confiance. Kalinin pouvait gagner plus ailleurs : lui qui n'avait jamais quitté son club a fait son trou en NHL chez les New York Rangers. Tout n'était donc pas si merveilleux dans le vestiaire d'Omsk : un autre enfant du pays, le défenseur Nikita Pivtsakin, avait également décidé de partir, et l'Avangard a su en tirer un très bon prix - pas loin du million d'euros - en cédant ses droits au CSKA.

Le début de saison n'a pas non plus été très tranquille. L'entraîneur local Evgeni Kornoukhov devait assurer une atmosphère de confiance, mais il s'est vite rendu compte que ce n'était pas si simple. Il avait refusé en mai les assistants qui lui avaient été proposés (Yakovenko et Panov) pour choisir un staff (Shakhvorotsov et Mukhin) avec lequel il pensait partager une approche commune de l'entraînement et du jeu. En pratique, des dissensions n'ont pas manqué d'apparaître, et les adjoints ont donc tous été virés en octobre pour revenir aux adjoints initialement envisagés par le manager Shalaev. Un peu avant, un signe avant-coureur avait été visible quand Denis Kulyash avait perdu son capitanat au profit de Sobotka.

Vladimir Sobotka était de toute façon l'indiscutable leader des Sibériens dans le jeu, présent dans toutes les situations de jeu et dans les duels. Il était d'autant mieux installé que l'on avait recruté à ses côtés son ami Martin Erat, formé comme lui à Trebic : ce vétéran aux 13 saisons de NHL n'a plus la vitesse de ses jeunes années mais a gardé une bonne intelligence de jeu. L'Avangard est d'ailleurs devenu une équipe "très tchèque" puisque ses meilleurs éléments ont souvent été le gardien Dominik Furch et le défenseur Michal Kempný, qui ont pu percer en équipe nationale grâce à leurs solides premières saisons en KHL.

Malheureusement, Sobotka a une fragilité connue, il se blesse fréquemment. Et comme l'an passé, c'est arrivé au plus mauvais moment, au début des play-offs. L'Avangard n'a jamais réussi à retrouver le bon équilibre sans son centre-clé, et il s'est fait éliminer au deuxième tour par le Salavat Yulaev Ufa.

 

Dynamo Moscou (6e) : le déménagement ne rend pas plus riche

En emménageant dans la VTB-Arena du Parc des légendes, construite pour les championnats du monde, le Dynamo Moscou a matière à entrer dans une nouvelle ère. Même sans remplir sa nouvelle salle, le club de hockey a assemblé plus de 7000 spectateurs et dépassé pour la première fois l'affluence de son homologue, le Dynamo du football. Pour autant, sa situation financière est toujours aussi précaire. Les salaires automnaux n'ont été payés qu'en décembre, grâce à l'aide gracieuse de l'ex-président Arkadi Rotenberg, sans toutefois s'impliquer plus avant puisqu'il est aujourd'hui au conseil d'administration de la KHL.

Ce mois de décembre a d'ailleurs été très mouvementé. Le vice-président Mikhaïl Tyurkin, en conflit de pouvoir avec le directeur général Andrei Safronov, a été promptement retiré de l'organigramme après des déclarations considérées comme déplacées dans la presse. C'est ensuite l'entraîneur Harijs Vitolins qui a été sacrifié, lui qui assistait Znarok lors des deux titres de champion de 2012 et 2013. Le Letton a déclaré ne ressentir aucune honte quant au jeu pratiqué par son équipe, compte tenu des joueurs à l'infirmerie. Il est vrai que le gardien-expert Aleksandr Eryomenko, blessé fin août, n'a commencé sa saison qu'en novembre.

L'ancien coach des juniors Sergei Oreshkin a pris la succession pour la fin de saison. Il faut dire que le Dynamo, double vainqueur de la Coupe Gagarine grâce à un collectif d'expérience, a aujourd'hui été bien rajeuni. C'est pour cela qu'il a tendu la main mi-septembre à Ilya Nikulin - qui avait quitté le Dynamo champion en 2005 dans la "rafle" (sept joueurs) opérée par Kazan pour bâtir sa dynastie. Ancien capitaine de l'équipe de Russie, Nikulin n'y a plus été appelé depuis les JO de Sotchi et était très critiqué depuis deux ans. Il a pu se relancer au Dynamo en se concentrant sur ses tâches défensives : on l'attendait moins dans un rôle de meneur car la première paire Robinson-Hietanen était déjà très au point. Mat Robinson n'est pas qu'un défenseur offensif : il donne beaucoup de mises en échec, gagne ses duels et bloque les tirs. Il est sans aucun doute le meilleur joueur du Dynamo.

Mais si la défense est le point fort du Dynamo, l'attaque n'a toujours pas de leaders. Les joueurs techniques recrutés au fil de la saison (Filatov, Kaigodorov, Petruzalek) ne sont jamais restés très longtemps et posent la question de la cohérence du recrutement. Comme le meilleur marqueur, l'international letton Martins Karsums, s'était blessé début décembre, on sentait bien que l'offensive serait limitée. Le Dynamo a certes mené 2 victoires à 1 contre le SKA Saint-Pétersbourg au deuxième tour des play-offs... mais n'a marqué qu'un but au total lors des trois rencontres suivantes !

 

Sibir Novosibirsk (7e) : le miracle sibérien

Le miracle continue à Novosibirsk, où le travail de Kirill Fastovsky récolte de plus en plus de louanges. Ancien manager du CSKA Moscou pendant neuf ans à l'époque où ce club n'avait pas encore d'argent, il s'occupe depuis six ans du Sibir et ne cesse de le faire progresser. Depuis deux ans que l'entraîneur biélorusse Andrei Skabelka est en place, les Sibériens se mêlent même au haut du classement.

Forcément, les meilleurs joueurs sont convoités, et c'est un tour de force de les garder avec un budget limité. Le manager s'était battu pour convaincre Dmitri Monya - révélé depuis deux ans avec 23 puis 35 points - de ne pas retourner dans sa ville natale Moscou, mais l'ailier technique n'était plus que l'ombre de lui-même avant même de se blesser. Il a fini la saison en République Tchèque, les transferts étant clos en Russie quand il a été écarté. C'est cependant la seule fausse note d'un recrutement réussi.

Le club a appris en particulier à gérer ses étrangers, forcément déboussolés en pleine Sibérie. Tomas Vincour est arrivé hors de forme et en surpoids, mais a été bien encadré par son compatriote Salak pour se préparer. Il était encore plus important de rassurer les étrangers quand un vice-gouverneur de la région (qui n'est plus en poste à ce jour) a annoncé début janvier qu'on lui avait demandé d'arrêter le financement du sport professionnel.

On annonçait alors que le Sibir allait être dépouillé de ses meilleurs joueurs. Ce n'est pas le cas, puisque la meilleure ligne - 100% russe - sera conservée intégralement. Deux joueurs formés au Traktor Chelyabinsk, l'ailier Sergei Shumakov (vif dans les duels et doté d'un tir redoutable) et le centre Maksim Shalunov (ancien espoir qui s'était un peu perdu), y ont côtoyé le local Stepan Sannikov, invité-surprise aux championnats du monde pour la Russie, où il a été à vrai dire le joueur le plus transparent. Conservés aussi, les gros gabarits de Vitali Menshikov et Maksim Ignatovich, deux défenseurs qui ont même été testés en équipe de Russie. Novosibirsk est le lieu idéal pour que les jeunes joueurs mûrissent et franchissent un palier entre 23 et 25 ans.

Pour la troisième année consécutive, le Sibir a rencontré au niveau des quarts de finale le Metallurg Magnitogorsk. Ils avaient gagné une série chacune, et la "belle" est revenue aux Ouraliens, futurs champions. Le Sibir a mal digéré sa défaite au quatrième match, sur un but en prolongation qu'il estimait entaché d'un surnombre. Le colérique gardien tchèque Alexander Salak - qui venait de prolonger son contrat après avoir annoncé dix jours plus tôt qu'il ne voulait plus jouer en KHL à la suite d'une attente interminable à l'aéroport de Vladivostok - a alors attaqué crosse en avant un juge de ligne, ce qui lui a valu 5 matches de suspension (dont 4 pour commencer la prochaine saison...).

 

Torpedo Nijni Novgorod (8e) : le sens du sacrifice s'impose à tous

Peteris Skudra est un entraîneur au caractère chaud, qui s'emporte souvent dans le feu de l'action, et qui critique individuellement ses joueurs plus qu'il ne le faudrait. Mais on ne peut nier qu'il porte un message sans équivoque et fait travailler tous ses hommes de la même façon.

Aucun préjugé, y compris dans le recrutement. Les joueurs réputés en fin de course (Aleksandr Frolov) ou réputés à problèmes (Nikolai Zherdev), Skudra les prend comme les autres, et leur tient le même discours. Comme tout le monde, à pied d'égalité, ils devront entrer dans le système, lutter physiquement dans les bandes, et se jeter devant les lancers.

Le résultat, c'est quatre lignes très équilibrées dans lesquelles le danger peut venir de partout. L'international letton Kaspars Daugavins n'est pas dépaysé, il a fini meilleur marqueur comme il l'était déjà au Dynamo qui a un profil similaire. En luttant sur chaque palet, le Torpedo a réussi à éliminer les Jokerit dans une magnifique bataille en sept manches, avant de céder avec les honneurs contre la tête de série numéro 1, le CSKA Moscou.

En plus, un jeune joueur formé au club a été élu meilleur espoir de la saison : Artyom Alyayev, un défenseur de seulement 173 cm qui a signé 23 points pour sa première saison complète de KHL à 20 ans.

 

Lokomotiv Yaroslavl (9e) : la défense ne fait pas tout

On disait que le Lokomotiv n'avait pas de buteur, mais pendant longtemps, il n'en a même pas eu besoin. Le plus près de ce profil, c'était Jonas Enlund, qui tournait à 17 buts de moyenne depuis quatre ans à Novosibirsk : le Finlandais a été recalé en tribune comme étranger surnuméraire (car le gardien du Kazakhstan, Vitali Kolesnik, était désormais comptabilisé comme étranger), avant de partir pour Saint-Pétersbourg... où il a eu le malheur de se blesser dès son premier match après avoir fait bonne impression.

Sa faiblesse offensive n'a pas empêché le Lokomotiv Yaroslavl de se porter très tôt en tête de la KHL, par une série de 13 victoires en octobre, grâce à une défense de fer. L'entraîneur Aleksei Kudashov fait redescendre ses ailiers très bas dans la zone défensive et empêche tous les tirs en bonne position. Plus qu'à Kolesnik, qui mise sur sa taille, ce système a surtout convenu à Aleksei Murygin. Ce gardien peu spectaculaire, qui bâtit sa réussite sur sa lecture du jeu et son anticipation, a battu tous les records de la KHL dans ce système confortable : une série d'invincibilité de 266 minutes dès le mois de septembre, 13 blanchissages et une incroyable moyenne de 1,13 buts encaissés par match !

Néanmoins, il a manqué deux points au Lokomotiv Yaroslavl pour devancer le CSKA Moscou à la première place de la saison régulière. Deux points qui changent tout : le Loko s'est retrouvé au premier tour contre un SKA Saint-Pétersbourg remis de son début de saison raté. En plus, il devait jouer ces play-offs sans Petri Kontiola, le centre de sa première ligne, de loin la plus efficace avec les ailiers russes Daniil Apalkov et Yegor Averin. Après leur victoire en prolongation au premier match, les joueurs de Yaroslavl ont montré leurs limites offensives. Leur jeu en supériorité numérique, que l'on savait médiocre (19e), les a plombés avec 1 but en 17 occasions. La défense ne suffit pas toujours à gagner les championnats : le Lokomotiv a été éliminé tristement, sans inscrire le moindre but lors de ses trois dernières rencontres face au SKA.

 

Jokerit Helsinki (10e) : les adieux du professeur

Les Jokerit suivent la récente tradition de l'équipe nationale finlandaise : les changements d'entraîneur s'y prévoient un an à l'avance ! Le contraste est encore plus saisissant avec les clubs russes et leurs dirigeants à l'humeur fluctuante. On savait donc que ce serait la saison d'adieu du "professeur" Erkka Westerlund, avant qu'il ne laisse la main la saison prochaine à un autre ancien sélectionneur national, celui qui a conduit la Finlande au titre de champion du monde 2011 : Jukka Jalonen.

Théoricien auteur d'une centaine d'articles scientifiques sur le hockey finlandais, Westerlund a encore démontré son adaptabilité tactique supérieure à ses collègues russes. Son système se base sur un contrôle de la zone défensive pour ne laisser que des tirs du périmètre, et sur des changements de position constants en zone offensive pour désarçonner les défenses adverses. Le fait d'affronter les Jokerit toute l'année est-il un bon entraînement pour que les hockeyeurs russes apprennent à battre les Finlandais, leur bête noire en équipe nationale ? Apparemment, cela n'a toujours pas suffi...

Le mérite en est sans doute partagé entre Westerlund et le manager Jari Kurri, qui choisit scrupuleusement les joueurs : les Jokerit n'ont pas souffert du départ de leurs vedettes de la saison précédente. Le Danois Philip Larsen a succédé à Gunderson dans le rôle du patron de la défense qui distribue les longues relances. Brandon Kozun a chaussé les patins de Moses, celui du petit ailier au tir précis, avec sans doute plus encore de subtilité technique. La seule erreur de casting a finalement été Mathis Olimb, si brillant en équipe de Norvège, et finalement prêté à Kloten en fin de saison. C'est donc l'ailier finlandais Juhamatti Aaltonen qui a pris sa place en première ligne aux côtés de Kozun et du meneur de jeu danois Peter Regin.

La malchance des Jokerit, vainqueurs de leur division, c'est d'être tombés au premier tour des play-offs sur un adversaire pas si russe dans le style : le Torpedo Nijni Novgorod est encore plus physique qu'eux et n'a rien à leur envier en matière de combativité dans les duels. Les Finlandais ont payé leur tribut aux blessures (Larsen, Ohtamaa, Jormakka, Kapanen) au cours d'une série tendue et intense, qu'ils ont perdue au sixième match.

 

HK Sotchi (11e) : résurrections dans la ville-fantôme

Deux ans après les Jeux olympiques, la girouette KHL a les regards braqués vers l'est et a déjà oublié la " conquête du Sud " voulue il y a quelques années. Parce que c'est un fait acquis ? Pas vraiment. Le club de VHL créé à Krasnodar a déjà disparu, et la patinoire olympique du HK Sotchi a le taux de remplissage le plus faible de la ligue (43%). Il faut dire que la station balnéaire de la Mer Noire a parfois des allures de ville-fantôme, surtout l'ancien village olympique. La pérennité du club peut poser question quand les salaires des hockeyeurs sont systématiquement versés avec quelques mois de retard.

Malgré ce contexte difficile, Sotchi, qui n'intéresse plus guère les médias, constitue sans doute la plus belle surprise de cette saison de KHL. L'entraîneur Vyacheslav Butsaev s'est fait une spécialité de réhabiliter les joueurs en disgrâce ailleurs, en prouvant qu'il savait mieux les utiliser : Andrei Kostitsyn, écarté de Nijni Novgorod fin septembre, en est le dernier exemple en date, finissant deuxième marqueur de sa nouvelle équipe derrière le technicien suédois André Pettersson.

La révélation de la saison, c'est surtout Ziyat Paigin : envoyé à Sotchi en octobre par Kazan où il jouait à peine sur la quatrième paire défensive, ce jeune arrière de 1m97 a été immédiatement aligné en powerplay, où son lancer dévastateur a fait des ravages. Auteur de 27 points en 37 parties, le vice-champion du monde junior 2015 a été convoqué en équipe nationale en février.

Le déchaînement offensif de Sotchi dans la seconde moitié de saison régulière lui a donné la quatrième place de toute la KHL... qui était aussi la quatrième place de la Conférence Ouest très relevée. Le premier tour n'avait donc rien d'évident, et cet effectif aux joueurs expérimentés est tombé sur un rare adversaire qui avait encore plus de métier : le Dynamo Moscou. L'équipe de la Mer Noire s'est donc fait balayer en quatre manches.

 

Ak Bars Kazan (12e) : la chute de la maison tatare ?

Est-ce une fin de règne pour Ak Bars Kazan ? Les Tatars ont tout simplement connu leur plus mauvaise saison depuis la chute de l'URSS. Ils se sont moyennement placés en cinquième position de la Conférence Est, sans l'avantage de la glace mais avec l'adversaire le plus motivant qui soit : le grand rival, le Salavat Yulaev Ufa, représentant de l'autre république musulmane, les voisins du Bashkortostan. En plus, c'était une confrontation directe entre les deux philosophies opposées des deux derniers sélectionneurs russes, Zinetula Bilyaletdinov pour Kazan et Igor Zakharkin (l'ex-adjoint de Bykov) pour Ufa.

La culture de la passe et de la construction du jeu a d'abord fait pencher la balance en défaveur de Kazan. Même les deux meneurs offensifs habituels, Oscar Möller et Justin Azevedo, semblaient étonnamment incapables de prendre l'initiative. Mené trois victoires à une, Ak Bars est revenu grâce à Vladimir Tkachyov, auteur du but décisif au match 5 à l'extérieur puis d'un triplé au match 6 (remporté sur le score incroyable de 8-0 !). Natif d'Ukraine mais formé à Kazan, le centre Tkachyov est enfin prêt à 22 ans à endosser des responsabilités supérieures.

La panthère blanche semblait donc avoir retrouvé son mordant. Au match décisif, Dmitri Arkhipov, qui avait commencé les play-offs sur le banc avant d'intégrer la quatrième ligne au match 3 et d'y marquer un but, ouvrait le score après 38 secondes sur la glace adverse. Mais 27 secondes plus tard, Enver Lisin - que Kazan n'avait pas su mettre en avant et garder quand il était junior - égalisait pour l'équipe locale. Battus 3-2, les Tatars subissaient leur seconde élimination au premier tour en trois ans (avec une finale dans l'intervalle).

Le départ des cadres expérimentés n'a clairement pas été digéré : il faudra qu'une nouvelle génération arrive à maturité.

 

Admiral Vladivostok (13e) : à bon port malgré les tempêtes

La saison de l'Admiral Vladivostok en KHL ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. En octobre, après une sixième défaite consécutive, un lourd 3-8 à domicile contre le Torpedo, le nouvel entraîneur biélorusse Aleksandr Andrievsky avait déjà remis sa démission. Ses dirigeants ont eu l'intelligence de ne pas accepter. Ce n'était pas la faute du coach si cette équipe avait perdu ses meilleurs joueurs vers Khabarovsk à l'intersaison.

Le club n'était pas dans une situation financière réjouissante et n'avait d'ailleurs toujours pas versé toutes les primes contractuellement dues la saison précédente. Pour cela, la KHL l'a interdit de recrutement le 1er novembre. Il était indispensable pour l'Admiral que cette sanction soit levée afin d'aligner la recrue de NHL David Booth, déjà arrivée sur place ! Cet ailier américain devait remplacer avantageusement Pascal Pelletier, le meilleur marqueur du Medvescak qui n'avait pas apporté le travail escompté (0+4 et -9 en 16 parties) et venait d'être écarté. Il a fallu trois semaines pour que l'Admiral règle ses dettes et soit de nouveau autorisé à signer un contrat. Pour y parvenir, il a été nécessaire de se défaire du plus gros salaire du club Niclas Bergfors, "échangé" à Khabarovsk contre un défenseur remplaçant.

L'Admiral a donc passé l'hiver avec comme deux meilleurs marqueurs deux joueurs "à bas coût", récupérés en division inférieure (VHL) ces deux dernières années : Konstantin Makarov et Artyom Podshendyalov. Alors même que tous ses meilleurs joueurs ont été envoyés chez le voisin Khabarovsk, Vladivostok est resté malgré tout le meilleur club d'Extrême-Orient (en attendant la nouvelle concurrence du future équipe chinoise de KHL ?).

En fait, là où d'autres investissent en attaque ou dans les cages, la réussite de l'Admiral doit beaucoup à sa première paire de défenseurs, sélectionnée au All-Star Game : Jonathon Blum, le petit défenseur américain, et le capitaine Oskars Bartulis, l'international letton qui a mis plus de points qu'au cumul de ses trois saisons précédentes en KHL. Ces deux joueurs ont été alignés plus de 25 minutes par match et ont parfaitement tenu leur rôle. C'est sur eux que les dirigeants comptent investir pour continuer à figurer en play-offs.

 

Avtomobilist Ekaterinburg (14e) : l'entraîneur devenu intouchable

L'Avtomobilist abordait la saison avec seulement dix joueurs ayant au moins une saison complète de KHL à son actif. Cette équipe inexpérimentée est pourtant partie fort, à l'instar d'Anatoli Golyshev : ce prodige originaire de Perm avait excellé en pré-saison, mais avait vu son début de championnat retardé de deux semaines par une blessure. Il a repris place en première ligne, bénéficiant de l'expérience du centre tchèque Petr Koukal.

La technique et le patinage de Golyshev lui permettent de déborder les défenseurs et de compenser son petit gabarit (172 cm) et en ont fait le meilleur marqueur de l'équipe à seulement 20 ans. S'il veut une preuve que la taille ne fait pas tout, il peut prendre exemple sur son capitaine Aleksei Simakov (167 cm) qui a fait une belle carrière.

Cette jeune équipe avait-elle le métier suffisant pour gérer un long championnat ? Plus l'hiver venait, et plus les résultats se retournaient. L'avance prise en début de saison fondait à vue d'œil. L'Avtomobilist encaissait mal la fatigue du voyage en Suisse à Noël pour la Coupe Spengler. La qualification était soudain remise en cause, et l'entraîneur Andrei Razin était même suspendu par le président du club Aleksei Bobrov pendant un match. Une décision incompréhensible : ce match a été perdu à domicile contre le faible Severstal (qui n'avait plus gagné dans le temps réglementaire depuis 16 rencontres) !

Razin n'en est revenu que plus conforté à son poste. L'Avtomobilist a alors remporté 10 de ses 12 dernières parties. Il n'a perdu dans cette phase que contre le Metallurg Magnitogorsk, ce qui a donné lieu à la fameuse saillie verbale de Razin contre "l'arbitre gay". L'adversaire au premier tour des play-offs est justement le rival ouralien Magnitka. Ekaterinbourg l'a poussé dans ses retranchements en égalisant à deux manches partout grâce à 2 buts et 1 assist du défenseur Aleksei Vassilievski (frère du gardien de Tampa Bay) puis en menant encore deux tiers-temps au match 6 avant de s'incliner, non sans un dernier "merci" plein de venin de Razin aux arbitres.

Quels qu'aient été ses emportements en conférence de presse, Razin s'est rendu intouchable dès sa première année à ce niveau. Il a fait progresser tous ses joueurs, non seulement le talent Golyshev mais aussi ceux que personne s'attendait. À 24 ans, le centre Aleksandr Torchenyuk n'avait jamais joué en KHL et a fini à 27 points. Le gardien Igor Ustinskov a supplanté l'international tchèque Jakub Kovar comme numéro 1 en fin de saison. Quant à Nikita Tryamkin, ce grand défenseur de deux mètres s'est vu doter d'un temps de glace important en play-offs, et sitôt l'Avtomobilist éliminé... il est parti chez les Vancouver Canucks, pour finir la saison comme titulaire en NHL.

 

Slovan Bratislava (15e) : Riha s'installe

Le Slovan Bratislava a tout lieu d'être satisfait de son bilan quand on sait que son avenir en KHL paraissait incertain et qu'il a fait partie des clubs interdits de recrutement au 1er novembre pour non-paiement des salaires antérieurs. Le club slovaque a en effet atteint les play-offs grâce à une belle résurgence en fin de saison de sa deuxième ligne Ziga Jeglic - Rok Ticar - Andrej Stastny. Face au CSKA Moscou, il n'avait aucune chance et s'est fait logiquement éliminer en quatre manches sèches.

Le seul regret du Slovan Bratislava est que la KHL ait commencé dès le mois d'août quand les Slovaques sont encore en vacances : les tribunes clairsemées des premières rencontres l'ont fait tomber à la onzième place des affluences européennes, alors qu'il tenait à son classement dans le top-10.

Le retour de l'entraîneur Milos Riha a été réussite : il a obtenu de bons résultats, il a bien travaillé avec les jeunes, et comme souvent ce coach émotionnel a été adoré du public. Lors de ses deux précédents passages au club, il avait immédiatement obtenu le titre de champion de Slovaquie et était reparti aussitôt après. Cette fois il s'est installé dans la durée et a resigné pour deux ans.

Le challenge ne sera toujours pas simple. Même si le Slovan a fait tous les efforts pour garder au moins son premier gardien Barry Brust, il ne peut toujours pas concurrencer les salaires de KHL. Ses trois meilleurs marqueurs vont donc tous partir à la concurrence : le meneur offensif Lukas Kaspar, auteur d'une grande saison qui l'a ramené en équipe nationale tchèque, le défenseur offensif Cam Barker et le centre slovène Rok Ticar. De plus, le champion du monde 2002 Lubomir Visnovsky, qui aura peu joué pour son grand retour en raison de problèmes chroniques de dos, prend sa retraite et tiendra son jubilé en août.

 

Neftekhimik Nijnekamsk (16e) : Krikunov tire sa révérence

Ancien entraîneur national du Bélarus, de la Russie et du Kazakhstan, Vladimir Krikunov a mis un terme à sa carrière à 65 ans sur ce que l'on peut qualifier de dernier succès. On lui fera la grâce de lui accorder qu'il a ramené le Neftekhimik en play-offs (comme à ses trois passages précédents), même si en pratique, il a été démis de son poste en janvier - pour devenir vice-président du club - alors que l'équipe était neuvième, 2 points en dessous de la barre de qualification. C'est son adjoint Evgeni Popikhin qui a pris la suite et terminé le travail.

Krikunov a amélioré le jeu défensif. La troisième saison en KHL du gardien Aleksandr Sudnitsin - dont le style de jeu hybride combine lecture du jeu et réflexes - a été la meilleure. Le Lokomotiv s'en est aperçu et s'est adjugé ses futurs services. En revanche, le défenseur le plus connu, l'ex-international Evgeni Ryasenski, a été présomptueux en voulant partir au cours de l'automne dernier. Il a annoncé qu'il quittait le club, a beaucoup négocié... et est revenu un mois plus tard parce qu'il n'a pas trouvé d'autre employeur.

Malheureusement, l'attaque n'a pas connu le même succès. Le capitaine Maksim Rybin menait largement la KHL en septembre au nombre de mises en échec, mais il a ensuite décliné à 35 ans et s'est blessé en fin de saison. Le meneur offensif habituel, Yegor Milovzorov, a donné l'impression de s'endormir sur ses lauriers, ou plutôt sur son nouveau contrat de 3 ans signé pendant l'été. Envoyé en équipe-ferme pour réfléchir début décembre, il n'a pas fait mieux et était bien en dessous de son niveau passé.

Le meilleur marqueur - trop seul - aura été Mikhail Zhukov (formé en Suède où son père s'était installé à la chute de l'URSS) : il a inscrit 36 points alors que son record était à 23. Mais quand un joueur réussit à Nijnekamsk, il finit toujours par bifurquer vers le "grand frère" tatar, Kazan : Zhukov connaît bien puisqu'il y avait été deux fois champion dans ses jeunes années, avec un rôle limité en quatrième ligne.

 

Barys Astana (17e) : l'homme providentiel ?

Initialement, l'objectif du Barys Astana était de devenir enfin moins dépendant de sa ligne nord-américaine. C'est pourquoi le club du Kazakhstan avait recruté Aleksei Kaigorodov, l'imprévisible artiste qui avait éliminé le Canada aux Mondiaux 2011 en dribblant deux joueurs en infériorité numérique. Censé centrer la deuxième ligne, Kaigorodov a gâché son temps de jeu avec le pire bilan de la KHL (4 assistances en 22 matches et fiche de -15). Son jeu tout en finesse a semblé déplacé et incompris de ses coéquipiers besogneux.

Kaigorodov a été envoyé au Dynamo Moscou dès le retour d'Andrei Nazarov sur le banc, fin octobre. Le Barys ne s'était jamais consolé du départ de cet entraîneur charismatique vers le riche SKA Saint-Pétersbourg. La décision de virer le coach fraîchement nommé - Yerlan Segimbaev - en septembre n'avait abouti qu'à une solution temporaire : capitaine du Kazakhstan aux JO 1998, Evgeni Koreshkov était devenu entraîneur principal par intérim. Comme tout le monde pressentait que les jours de Nazarov à Saint-Pétersbourg étaient comptés, les dirigeants d'Astana attendaient simplement qu'il soit mis à la porte pour le réengager aussi sec.

Nazarov est donc revenu, et son "folklore" avec lui, y compris les provocations et agressions douteuses de son gros bras Damir Ryspaev, envoyé à la bagarre dès son deuxième match. L'ancien et nouvel entraîneur était aussi la garantie d'une confiance totale dans la ligne nord-américaine Bochenski-Boyd-Dawes.

Si le Barys est devenu redoutable chez lui, ce n'est pas seulement à cause de l'emménagement dans la nouvelle Barys Arena de 12000 places (qui a sonné creux car le public n'a pas crû). C'est aussi parce que Nazarov, à domicile, utilise à fond le privilège du dernier changement et n'hésite pas à recourir au coaching malin pour faire surgir sa ligne aux moments-clés.

Cela n'aura pas suffi. Nazarov n'a pas réussi à ramener Astana en play-offs, pas plus qu'il n'a pu maintenir le Kazakhstan dans l'élite mondiale malgré l'apport - là encore - de cette même ligne nord-américaine naturalisée sous les couleurs du pays d'Asie Centrale. Malgré ce double échec, Nazarov reste incontournable et a été prolongé dans les deux postes. Comme quoi, en Russie comme au Kazakhstan, montrer les muscles, tenir un discours viril et se positionner en homme providentiel sont les clés pour marquer les esprits, quels que soient les bilans comptables.

 

Dynamo Minsk (18e) : le Président et le prisonnier

La saison du Dynamo Minsk avait commencé dans un contexte délicat avec l'arrestation et l'emprisonnement de Vladimir Berezhkov, ancien rédacteur en chef du quotidien sportif Pressbol et directeur général du club. Tous les joueurs de l'équipe ont finalement signé une lettre au Président de la République du Bélarus, Aleksandr Lukashenko, pour que - sans remettre en cause le cours évidemment impartial de la justice - il fasse preuve d'un peu de "charité humaine" (pas sa qualité la plus connue). Poursuivi pour abus de pouvoir et abus de biens sociaux, Berezhkov est resté en détention provisoire pendant toute la saison sportive et n'a été libéré que début avril.

L'absence de Berezhkov, qui inspirait confiance aux membres du club, a laissé une ambiance pesante dans le vestiaire. La gestion du Dynamo Minsk était retournée dans l'opacité. En octobre, alors que l'infirmerie était pleine (Linglet, Kulakov, Goroshko, Vesce), le préparateur physique Barry Brennan fut mis à la porte, puis l'entraîneur slovaque Lubomir Pokovic annonça son départ pour "motif extrasportif" ne lui permettant pas de continuer à travailler. L'ex-international Andrei Kovalev est alors devenu entraîneur, d'abord par intérim. C'est à partir du moment où on lui a retiré l'étiquette d'intérimaire, en décembre, que les résultats se sont dégradés...

La vraie raison de ce déclin n'est sans doute pas le changement de titre de Kovalev, mais plus sûrement la blessure de Nick Bailen, la veille de son 26e anniversaire. Le défenseur américain, qui devait être le nouveau naturalisé de la sélection nationale du Bélarus, était la clé de voûte de l'équipe avec 31 points en 40 rencontres. Le meilleur marqueur du club, l'attaquant Matt Ellison, a bien tenté de tenir lui-même le rôle important de Bailen en jeu de puissance, mais il n'avait guère de marge pour du temps de jeu supplémentaire.

Le Dynamo Minsk a manqué les play-offs, et le Bélarus a raté son championnat du monde. Du changement a donc été demandé, sous l'oeil vigilant et la moustache ferme du Président : le Dynamo devra en particulier rapatrier les meilleurs joueurs du pays (qui comptent désormais comme étrangers ailleurs en KHL).

 

Traktor Chelyabinsk (19e) : du sous-entraînement au sur-entraînement

La saison passée, Andrei Nikolishin avait sauvé la saison du Traktor pour ses débuts comme entraîneur. Il avait alors remplacé à l'automne Karri Kivi, accusé de ne pas comprendre la mentalité russe. Ce Finlandais avait confié des programmes de préparation physique aux joueurs sans les fliquer en permanence. Naïveté d'occidental : ceux-ci n'avaient donc pas travaillé. Nikolishin ne risquait pas de commettre la même erreur. Au camp de présaison en Italie, il a imposé jusqu'à deux entraînements sur glace et deux séances de préparation physique hors glace par jour. Les joueurs ont souffert, et ils l'ont fait savoir.

Dès le mois de septembre, après un début de saison raté, les supporters du Traktor ont demandé la démission de Nikolishin en se référant à l'évidente fatigue des joueurs victimes de surcharge d'entraînement. Les dirigeants ont laissé à Nikolishin un peu de temps pour se refaire, mais en novembre, il était mis à la porte pour de bon. Son message ne passait tout simplement plus auprès des joueurs.

Certains ont semblé tout de même bénéficier de son système de jeu. Semyon Kokuev, habituel travailleur de quatrième ligne, s'est ainsi mué en quatrième marqueur de l'équipe, en plus d'être le joueur qui donnait le plus de mises en échec. Les joueurs techniques en revanche, les Chistov ou Yakutsenia formés dans la tradition russe, n'étaient pas dans leur élément quand on leur demandait d'envoyer le palet en fin de zone. Le point commun est que les uns et les autres ont fini par être perdus pour le club. Le capitaine de la saison précédente Stanislav Chistov avait perdu son efficacité (10 points en 36 parties). L'enfant du pays a quitté en décembre son club, avec lequel il fut le premier à passer la barre des 500 matches en KHL. Quant à la révélation Kokuev, ses envies de départ le conduiront au Dynamo Moscou.

Hormis la bonne tenue de la doublure Vassili Demchenko (21 ans) qui a bien pallié la blessure du gardien tchèque Pavel Francouz, la saison du Traktor a donc apporté peu de satisfactions. Le principal jalon est le travail du nouvel entraîneur Anouar Gatiyatulin : ayant appris le hockey à chelyabinsk, il a mis en place le jeu qui plaît aux supporters. Cela a fonctionné... épisodiquement. Le Traktor n'a raté la qualification en play-offs qu'à deux journées de la fin, et le jeune Gatiyatulin a obtenu un contrat de deux ans. C'est surtout une ligne offensive d'impact qui semble manquer à Chelyabinsk, malgré la qualité de l'école locale.

 

Medvescak Zagreb (20e) : plus avare de chèques que de Tchèque

Le Medvescak Zagreb a été interdit de recrutement en novembre par la KHL pour n'avoir toujours pas fini de payer les salaires de la saison précédente à une quinzaine de joueurs, pour un total de plus de 700 000 euros. La ligue, censée n'accepter aucun club avec des retards de paiement (promesse jamais tenue), a réagi bien tard puisque l'affaire avait été révélée publiquement dès le mois de juillet par l'ancien gardien Mark Dekanich (double passeport dont on devait faire le titulaire de l'équipe de Croatie...). Le responsable de la communication du Medvescak avait alors osé déclarer qu'il était normal que Dekanich n'ait pas été pleinement payé puisqu'il n'avait pas été aussi performant qu'il l'espérait... Au final, les joueurs n'ont pas obtenu mieux que le compromis qui leur avait été proposé au départ : un long échéancier de paiement.

Pendant ce temps-là, le club-phare de Croatie avait pu commencer la nouvelle saison comme si de rien n'était. Il est même bien parti, premier de Conférence ouest après cinq journées et toujours bien placé dans le top-8 avant une première série de revers en novembre.

L'équipe de Zagreb a donc su gérer sa transition d'une équipe purement nord-américaine vers un effectif plus international. Il a bien été emmené par sa première ligne tchèque où le pur centre Tomas Mertl servait à la fois le talent technique de Marek Kvapil et le gabarit puissant de Radek Smolenak.

Le Medvescak a cependant conservé une dimension physique, maintenue par chacun des entraîneurs canadiens successifs. Il faut dire que celui de cette saison - Gordie Dwyer - était un ancien enforcer aux 44 bagarres en NHL (à la sulfureuse époque de Bob Probert & co). Ce hockey rugueux fonctionne mieux sur la petite glace de Zagreb. Mais le calendrier de la KHL est souvent déséquilibré, et le dernier match à domicile a eu lieu... à la mi-janvier ! Les Croates ont terminé par 7 rencontres en déplacement, et c'est au cours de cette longue tournée qu'ils ont vite perdu leurs dernières chances d'atteindre les play-offs.

 

Spartak Moscou (21e) : les romantiques modernes

La résurrection du Spartak Moscou après une nouvelle année blanche était d'abord un défi de popularité. Même si ses affluences ont été artificiellement gonflées - au point que la KHL a enquêté sur ces chiffres manifestement pipés - il est indéniable que l'ancien "club du peuple" a (re)trouvé son public. Cela n'avait rien d'évident en emménageant dans la terra incognita de Loujniki, l'ancien domaine du Dynamo. Les dirigeants du Spartak ont su profiter des coursives plus spacieuses pour installer des animations pour petits et grands, ce qui n'était pas possible dans l'antre historique et vétuste de Sokolniki.

Ce club de tradition aura donc donné des leçons de marketing à tous ses homologues de la capitale ! Pour autant, il n'a pas oublié son histoire. Il a obtenu de la ligue de pouvoir organiser 5 rencontres dans le vieux Sokolniki, dont une le 22 décembre - date anniversaire des débuts du championnat soviétique - jouée avec un maillot "rétro".

Le Spartak n'a pas utilisé que l'ancienne patinoire du Dynamo, il a aussi récupéré à mi-septembre Konstantin Glazachev dont le club ne voulait plus. Le trentenaire a pris place en première ligne avec le Tchèque Lukas Radil et le centre peu connu Aleksandr Mereskin. Malgré tout, l'équipe manquait un peu de talent pour donner corps au hockey " romantique " promis par l'entraîneur Herman Titov. Le joueur le plus doué a sans douté été le petit défenseur canadien Chay Genoway, mais son apport offensif n'a pas toujours compensé ses erreurs défensives.

Le point faible qui a empêché le Spartak de s'approcher des play-offs, c'est tout de même principalement la performance de ses gardiens. On attendait beaucoup mieux d'Atte Engren et d'Evgeni Ivannikov, au vu de leurs saisons précédentes en KHL.

 

Dinamo Riga (22e) : le manager infantilisant

Le calendrier opposé à celui du Medvescak, c'est celui du Dinamo Riga. Le club letton était dernier de conférence ouest à mi-saison en moyenne de points marqués par match, mais 20 des 29 rencontres restantes (et 11 des 14 dernières) étaient programmées à domicile. Il avait donc les moyens de faire une saison crescendo.

Impatient d'assister au redressement espéré, le manager Normunds Sejejs a publiquement critiqué ses leaders. En décembre, il s'est défait de deux joueurs étrangers, le déclinant attaquant finlandais Ville Leino mais aussi le défenseur tchèque Tomas Kundratek... qui a ensuite connu une bonne fin de saison au Slovan Bratislava puis pour ses débuts en championnat du monde. Surtout, il a "rétrogradé" son meilleur marqueur Miks Indrasis pendant deux jours dans l'équipe-ferme de Liepaja, sans qu'il n'y joue le moindre match. Une mesure qui ressemblait plus à une punition publique qu'à un vrai choix de gestion.

Comme si cela ne suffisait pas, Sejejs - qui était aussi assistant-coach - a décidé début janvier de se séparer de l'entraîneur Kari Heikkilä et de le remplacer lui-même. Il a expliqué que le système du Finlandais convenait mieux à des joueurs plus expérimentés. Il faut dire que Sejejs est plus infantilisant, par exemple en évoquant le retour au cantonnement dans une " basa " comme l'époque soviétique.

Ce sentiment de défiance a semblé rejaillir négativement sur la performance de certains joueurs. Le défenseur Steven Seigo est devenu méconnaissable en fin de saison. Après s'être vu retirer le capitanat (au profit de Sotnieks) en cours de championnat, Lauris Darzins n'a quant à lui mis qu'un seul but à ses 24 derniers matches, tout en restant deuxième pointeur de son équipe. Il demeure un des tout meilleurs joueurs lettons, et il y avait de quoi s'étonner de l'annonce de la fin de son contrat. En fait, il s'agissait d'une stratégie de Sejejs - appliquée également au cas Andris Dzerins - pour le resigner un peu plus tard à un salaire inférieur...

 

Yugra Khanty-Mansiysk (23e) : la filière des entraîneurs

Un nouvel entraîneur a fait des débuts intéressants en KHL dans une relative discrétion : Pavel Ezovskikh a pris les commandes du Yugra Khanty-Mansiysk après quatre années à s'occuper de l'équipe junior. Avec un effectif sans joueur étranger, il ne fallait pas attendre de miracles. Simplement un travail de fond, avec comme résultat une équipe volontaire et concentrée sur son sujet.

Ezovskikh est un représentant de l'école de hockey de Chelyabinsk, ex-ailier gauche d'un fameux trio entièrement constitué de futurs entraîneurs de renom (voir biographie de Bykov) ! Et il a mise en valeur cette école en construisant son équipe autour des rejets du Traktor Chelyabinsk : le valeureux combattant Konstantin Panov, toujours efficace à 35 ans, y a été formé, tout comme les deux gardiens Georgi Gelashvili et Vladislav Fokin. Ce dernier a réussi à 29 ans la meilleure saison de sa carrière.

Pour autant, le Yugra n'avait guère de prétentions, surtout après avoir cédé sa jeune star Nikita Gusev au SKA dès la fin octobre. Curieusement, sa moyenne de points a augmenté en passant dans un grand club, ce qui est extrêmement rare mais s'explique par la qualité de ses coéquipiers (Shipachyov et Dadonov). À Khanty-Mansiysk, l'environnement est moins propice à faire exploser les compteurs, mais en l'absence de Gusev, Igor Bortnikov a su tripler sa production pour devenir leader de l'équipe.

 

Vityaz Podolsk (24e) : les buts ne s'importent pas

Si le Vityaz n'a encore jamais atteint les play-offs, ses dirigeants ne désespèrent pas et continuent d'avoir l'ambition de s'y qualifier. C'est difficile dans une Conférence Ouest désormais très relevée. Le seul qui a maintenu l'espoir pendant une bonne partie du championnat, c'est le gardien finlandais Harri Säteri. Après une première saison correcte sans plus, il a été remarquable : il a frisé les 93% d'arrêts en étant le deuxième gardien le plus bombardé de KHL (derrière Salak).

Un gardien peut "voler" un match, et Säteri l'a d'ailleurs fait dans la moitié des victoires du club. Mais il ne peut pas "dérober" une qualification en play-offs à lui seul. Le Vityaz n'avait ni la défense, ni l'impact offensif. La recrue-vedette Olli Palola, deux fois meilleur buteur du championnat finlandais, a été un fiasco complet. C'est le genre de joueur efficace dans une organisation offensive rodée et bien spécifique (comme avec Tappara), pas un magicien quand il est livré à lui-même. Le bilan de Palola, avec 1 but et 4 assists en 27 matchs, a été à des années-lumière de rentabiliser son gros contrat.

Le meilleur marqueur de l'équipe a encore été Maksim Afinogenov, mais de peu. Le contrat du vétéran de 36 ans, un des plus rémunérateurs de KHL, s'achève. Le Vityaz l'a prolongé de deux ans à des conditions plus modestes. L'enjeu sera d'utiliser cette marge de manœuvre pour corréler un système collectif et des hommes pertinents pour l'appliquer.

 

Amur Khabarovsk (25e) : avant-goût des problèmes des clubs chinois

Si le meilleur buteur de la Liiga finlandaise s'est totalement planté, le meilleur gardien de Liiga a réussi son entrée en KHL : Juha Metsola a été le joueur le plus fiable de l'Amur Khabarovsk. Décidément, on peut faire confiance à l'inépuisable école finlandaise des gardiens. Metsola compense son petit gabarit par sa bonne lecture du jeu, ses réflexes et son agressivité. Sa doublure Aleksandr Pechursky a également été solide.

Il est cependant toujours aussi difficile de faire venir des joueurs en Extrême-Orient, et les velléités de la KHL de créer des équipes en Chine risquent de se confronter au même problème, en pire avec la barrière linguistique et culturelle. L'exemple de Kaspars Daugavins, placé en "ballottage" par le Dynamo en début de saison et réclamé alors par l'Amur, le prouve : le Letton n'a jamais voulu partir si loin, pour motifs familiaux. Il a fallu "l'échanger" contre deux défenseurs n'ayant pas le niveau de la KHL. Les échanges forcés à la mode NHL ne fonctionnent pas sur un continent plus vaste et plus disparate, car les joueurs ne les acceptent pas.

C'est pourquoi il faut mieux engager des joueurs qui étaient déjà "baignés" par le Mer du Japon à Vladivostok et qui ne craignent pas les longues distances : les jumeaux Ushenin sont ainsi devenus les meneurs offensifs de l'équipe.

Le reste de l'équipe n'a néanmoins jamais trouvé de stabilité dans ses performances. Engagé début décembre, deux semaines seulement après avoir été viré du Traktor, Andrei Nikolishin ne s'est donc pas non plus imposé pour cette deuxième étape de sa jeune carrière d'entraîneur.

 

Lada Togliatti (26e) : saison déjà foutue en septembre

La saison du Lada Togliatti était déjà ruinée en septembre. Une série noire de dix défaites consécutives l'a précipité en bas de tableau sans espoir de remonter en play-offs. Les blessures pour deux mois de deux centres, le capitaine Andrei Nikitenko au pied et Igor Magogin au haut du corps, se sont ajoutées à ce désastreux bilan de septembre.

Après les départs du duo Petrov-Chernikov vers Omsk à l'intersaison, les joueurs restants ont sans doute trop tardé à prendre leurs responsabilités. Le compteur de Georgi Belousov est ainsi bloqué à zéro pendant 11 parties, avant qu'il ne s'éveille soudain pour marquer 11 points pendant les 8 suivantes. Cet ailier technique a fini la saison à 25 points, total que personne d'autre n'a dépassé. Le Lada a la plus faible attaque de KHL, et c'est aussi l'équipe qui a le moins lancé au but, et de loin.

Si l'équipe a pu paraître compétitive, c'est donc principalement grâce à l'éternel Edgars Masalskis. Le gardien letton a connu de blesses semaines à l'automne et continue de prouver qu'il ne veut pas être envoyé à la retraite.

 

Severstal Cherepovets (27e) : le scalp du dernier des Mohicans

Il y a quelques années, les clubs de KHL se précipitaient vers les entraîneurs étrangers, d'abord tchèques, puis finlandais et nord-américains. En cette période de repli sur soi de la Russie, la tendance s'est totalement inversée. Démis de ses fonctions le 29 octobre 2015, le Tchèque Václav Sýkora a ainsi été le dernier étranger à entraîner un club russe d'élite.

Si les étrangers n'ont plus la cote, c'est aussi parce que la génération de joueurs des années post-soviétiques a commencé sa reconversion. Arrivé comme adjoint pendant l'été, Dmitri Yushkevich a ainsi rapidement succédé à Sýkora. Une tâche compliquée dans une équipe de bas de tableau qui s'est un peu plus dépeuplée en décembre : le Severstal a laissé le gardien Jakub Stepanek (sous les 90%) partir à Berne, dont il a participé à la résurrection, et surtout il a vendu le meilleur espoir local, Pavel Buchnevich, au riche SKA.

Le Severstal a ainsi "rentabilisé" Buchnevich, jugé impossible à retenir car son destin était de tenter sa chance en NHL chez les Rangers. Mais il n'a pas procédé à une liquidation totale. Dmitri Kagirlitsky avait un contrat de deux ans, et le club a donc conservé son meilleur marqueur, joueur essentiel par son patinage, son intelligence de jeu et son bon tir.

  

Metallurg Novokuznetsk (28e) : la ligne où tout le monde s'épanouit

D'habitude, les équipes de bas de tableau de KHL vendaient tous leurs meilleurs joueurs aux grands clubs dès le milieu de championnat, dès lors qu'elles n'étaient plus en course pour les play-offs. Ce fut moins le cas cette année. Il ne faut pas forcément y voir une volonté de stabilité et de raisonnement à long terme : c'est peut-être surtout parce que les acheteurs ont moins d'argent !

Le Metallurg Novokuznetsk a fait notablement exception. Le début de saison en fanfare de sa première ligne n'est pas passé inaperçu, et elle aura donc tenu sous cette forme pendant trois mois à peine ! Le centre américain Ryan Stoa a été alors envoyé à Nijnekamsk, où il a été utilisé comme ailier : c'était son poste en NHL et AHL, mais ce fut beaucoup moins concluant. Trois semaines plus tard, la révélation Maksim Kazakov est retourné dans sa ville natale Omsk avec un contrat jusqu'en 2017... mais encore très peu de temps de jeu.

Ce qui est incroyable est que ces deux départs n'ont en rien affecté la première ligne. Le troisième homme Kirill Kaprizov, malgré la pause pendant le championnat du monde junior (médaille d'argent), a quand même fini meilleur marqueur à 18 ans seulement. Plus étonnant encore, l'ailier arrivé à la place de Kazakov, Kirill Lebedev, a établi des statistiques similaires (16 points en 24 matchs et +7) alors qu'il a 24 ans, n'avait presque jamais été considéré comme un espoir. Le premier trio de Novokuznetsk est décidément le lieu idéal pour se développer.

Que ce trio permette autant de s'épanouir, c'est certainement grâce à la compétence du duo défensif Cade Fairchild - Roman Manukhov, car en Russie on raisonne par ligne de cinq joueurs. Finir avec des fiches positives chez le dernier de KHL est tout de même remarquable. Pour une lanterne rouge désargentée, le Metallurg a pratiqué un bon hockey, avec du mouvement, mais il lui manque peut-être un gardien numéro 1.

 

Marc Branchu

 

 

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