Autriche 2015/16 : présentation

 

Le dernier championnat 2014/15 - Les présentations 2014, 2013, 2012, 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003 et 2002.

 

Sur les neuf dernières années, Salzbourg a remporté cinq titres, et celui de la saison écoulée était le plus net de tous. Sans la grandiloquence de certains de ses prédécesseurs (Pagé...), l'entraîneur canadien Dan Ratushny s'est rapidement imposé comme un grand professionnel. Son équipe a pratiqué un jeu rapide et technique, la seule capable de dominer tous ses adversaires en zone offensive.

Ce succès en club explique aussi que, dans son autre casquette, Ratushny ait été le premier sélectionneur de l'Autriche (abonnée à l'ascenseur) à "survivre" à une relégation, vécue comme injuste et malheureuse après le résultat de France-Lettonie. Il a prolongé pour deux ans et devrait retenter sa chance lors du Mondial franco-allemand de 2017 (à condition de remonter entre-temps). D'ici là, où emmènera-t-il Salzbourg ? Les ambitions européennes travaillent toujours le club, mais la campagne de CHL a été beaucoup moins réussie que la précédente. Non seulement les clubs autrichiens n'ont plus du tout créé la surprise, mais au contraire, le champion d'EBEL s'est fait éliminer par le vice-champion de Norvège, un championnat moins réputé.

En Autriche, cependant, les Red Bulls tiennent le haut du pavé. Certains désignent le gardien comme un point faible relatif. Certes, il est arrivé à Luka Gracnar d'encaisser de mauvais buts, mais à force de voir le Slovène dans les cages, on en oublie parfois qu'il fête tout juste ses 22 ans. Ses contre-performances restent rares pour son âge. Il a éclipsé des portiers autrement plus expérimentés, hier Bernd Brückler et aujourd'hui Fabian Weinhandl, qui a retrouvé un contrat après s'être relancé en Italie mais est encore loin de prétendre concurrence le titulaire.

La perte du défenseur Troy Milam vers le concurrent Vienne a été compensée par l'arrivée de Brian Connelly, qui détient une moyenne de 0,6 point par match en AHL et n'a que 29 ans, six de moins que son prédécesseur. Alors que ses concurrents vieillissent, Salzbourg se renouvelle : c'est le cas quand Layne Viveiros, fils de l'ex-sélectionneur Manny Viveiros, remplace Florian Mühlstein rentré chez lui à Villach.

Le seul imprévu a été le départ soudain d'un attaquant majeur, Thomas Raffl. Il a été pris à l'essai chez les Winnipeg Jets, qui lui ont finalement offert un contrat mais le font jouer en AHL. Benn Ferriero, aux 106 matches de NHL, semblait un remplaçant adéquat, mais il a marqué trois fois moins dans la ligue autrichienne qu'en AHL. Il a donc été écarté en novembre au profit de Luciano Aquino, le meilleur marqueur du championnat 2013 dont les qualités de pointage sont rarement mises en doute.

 

Cette stabilité d'effectif que vante désormais Salzbourg a été le mot d'ordre de Linz depuis toujours. Les joueurs-clés ont été conservés, à la très notable exception de Brian Lebler, le puissant Austro-Canadien et finisseur attitré, qui tente - avec difficulté... - de prouver sa valeur en DEL. Mais Linz n'avait pas qu'un seul sniper. Si Lebler avait mis 41 buts en incluant les play-offs, Andrew Kozak en avait inscrit 40, et il est toujours là.

Ses lancers sont d'autant plus imparables qu'il est maintenant servi par un centre de métier, Brett McLean (37 ans), qui reste sur cinq saisons en NHL puis six en LNA suisse. La présence physique de Dan DaSilva (Augsbourg) complète idéalement une première ligne redoutable.

De surcroît, Linz dispose toujours de l'excellent gardien Michael Ouzas et du meilleur défenseur offensif de la ligue en la personne de Sébastien Piché, retenu malgré des envies de départ dans un autre championnat. L'international Mario Altmann, grand arrière au jeu sûr, est arrivé en renfort.

Tout semblait donc fonctionner déjà parfaitement, avec une première place provisoire, quand Linz a surpris en embauchant en supplément Grant Lewis, ce qui, avec le règlement spécial de la ligue qui attribue un quota de 60 points (points attribués secrètement à chaque joueur selon leur âge et leur valeur supposée, les étrangers étant au maximum de quatre points), a obligé à se séparer d'un joueur autrichien (adieu, Daniel Mitterdorfer, recasé en deuxième division finlandaise). En fait, Lewis, revenant d'une longue blessure, était suivi depuis longtemps, et Linz attendait le moment pour décider de densifier encore sa défense.

Maintenant, c'est clair : après trois ans sans finale, les Black Wings se posent en grand rival de Salzbourg.

 

Revenu moins de deux semaines avant les play-offs, Jim Boni a conduit Vienne en finale et redevenu la figure de l'entraîneur charismatique qui fait vibrer la capitale autrichienne.

La défense est la force de son équipe. La première passe de Troy Milam et la qualité de patinage du Slovène Klemen Pretnar complètement parfaitement des lignes équilibrées qui comprennent Florian Iberer et Jamie Fraser pour la vision offensive, Philipp Lakos et Sven Klimbacher pour la protection physique de la zone défensive. Le septième défenseur Patrick Peter, formé au club, est déjà international à 21 ans.

Les Capitals ont toutefois dû se séparer de leur gardien Matt Zaba, qui ne pouvait garantir son retour en forme après une opération de la hanche. Ils l'ont remplacé par Nathan Lawson, parfois critiqué à Dornbirn pour son jeu risqué. C'est peut-être une chance pour un autre joueur formé au club, le portier numéro 2 David Kickert, de continuer à faire son trou à 21 ans.

Le meilleur marqueur Kris Foucault est parti en Suisse, et le capitaine Jonathan Ferland est absent pour longtemps après une opération de la hanche. Il reste heureusement les deux Viennois chéris du public, Rafael Rotter et Andreas Nödl (longtemps incertain et prolongé en juin alors que l'effectif semblait bouclé). Les recrues Matt Dzieduszycki (35 ans), Simon Gamache (34 ans), Kurtis McLean (34 ans) et Derek Whitmore (30 ans) ne manquent assurément pas d'expérience, mais portent un coup d'arrêt au rajeunissement. L'affection de Boni pour les vétérans est bien connue, et ses talents de motivateur seront utiles pour tirer le meilleur de ses vieux lions lors des play-offs.

 

Sans faire oublier une saison longtemps ratée, la qualification en demi-finale a laissé croire que Klagenfurt était enfin sorti de la crise après deux ans de tempête. Le KAC abordait le championnat actuel avec la légitime ambition de figurer dans le quatuor de tête et de ne plus se soucier de la qualification.

L'attaque a en effet gardé ses six meilleurs marqueurs, auxquels se sont ajoutés les deux meilleurs compteurs de Graz (l'international Manuel Ganahl et Luke Walker), plus le centre d'élite suédoise Jonas Nordqvist, champion du monde 2006. La défense ne paraissait pas moins alléchante. Si Kirk Furey a raccroché les patins à 39 ans pour devenir assistant-coach, son absence sur la glace semblait compensée sans problème par Mark Popovic, en provenance directe de KHL (Medvescak) et Steven Strong, le fils de Ken Strong qui est une véritable légende chez le rival Villach.

Les soucis ont commencé quand le gardien René Swette a dû se faire opérer du colon. Une absence compensée par un contrat provisoire puis définitif de l'ex-international de 34 ans Bernd Brückler, qui reste sur deux saisons sous les 90% à Salzbourg. Il partage la cage - et les critiques - avec le Finlandais Pekka Tuokkola, qui n'a jamais vraiment convaincu les supporters.

La crise a éclaté quand Johannes Reichel, qui avait perdu son capitanat au profit de Thomas Pöck et bénéficiait d'un temps de jeu de plus en plus réduit, s'est résolu à quitter son club de toujours (sauf une saison en Suède) pour se réfugier à Skalica en Slovaquie. Il a cité l'entraîneur Doug Mason comme un motif expliquant sa décision.

Or, Johannes est le fils du vice-président et directeur sportif Hellmuth Reichel, ce qui explique que les critiques visant le père se répercutaient souvent sur le fils. Quelques jours plus tard, dans ce qu'il est (trop ?) facile d'interpréter comme une vengeance, Hellmuth Reichel mettait à la porte Mason parce qu'il n'arrivait pas à tirer le maximum du potentiel de ses joueurs. Que Nordqvist et compagnie ne donnent pas leur pleine mesure, c'est un fait. Est-ce parce que le coach les a mal utilisés, ou parce que l'ambiance du club pèse sur les recrues ? En tout cas, avec le renvoi de Mason alors même que le club est présent en haut de tableau, le KAC semble incapable de sortir du chaos...

 

Année après année, Znojmo s'affirme comme une des équipes les plus techniques et les plus rapides du championnat. Les Tchèques se sont parfaitement adaptés à la ligue autrichienne, ils en connaissent l'environnement. Ils sont régulièrement qualifiés en play-offs, mais n'ont jamais réussi à y franchir un tour pour vraiment faire parler d'eux, y compris dans leur pays.

Ils ne sont pas du genre à se faire remarquer par un recrutement clinquant. Les joueurs les plus connus sont même partis. Le gardien Chris Holt, pas toujours à la fête lors du quart de finale contre le KAC, n'a pas été conservé. À ce poste toujours instable à Znojmo, la doublure Patrik Nechvatal, toujours prêtée par Litvinov, devient titulaire à 23 ans.

La défense a moins d'expérience internationale après les départs du pilier Richard Pavlikovsky (rentré chez lui à Trencin et qui joue toujours à 40 ans) et du Letton Maris Jass. Le renfort Marek Biro est le prototype de la génération actuelle des arrières slovaques, nourrie aux engrais (194 cm). Le meneur des lignes arrières depuis l'arrivée du club tchèque dans la ligue autrichienne en 2011, Lubomír Štach, est heureusement toujours là

Adam Havlik, meilleur marqueur de l'équipe et symbole formé au club, a choisi de relever le défi de l'Extraliga tchèque, plus relevée, et l'âme du redoutable powerplay, Pavel Rosa, a dû mettre un terme à sa carrière après une blessure récurrente à l'épaule. Znojmo s'est trouvé un nouveau chouchou plus exotique, Colton Yellow Horn (dont le nom signifie "corne jaune") qui avait déjà fait sensation à Székesfehérvár avant une année au Japon. Issu de la tribu Blackfoot ce hockeyeur amérindien fut meilleur buteur de la WHL, la meilleure ligue junior canadienne, et a toujours vaincu les préjugés du haut de ses 1m75, apprécié partout où il est passé.

 

Présent depuis trois années dans l'élite, Dornbirn flirte depuis deux ans avec les play-offs, une fois au-dessus de la barre, une fois en dessous. L'équipe a encore la même construction générale, avec une moitié de Nord-Américains autour de l'entraîneur canadien Dave MacQueen. Elle est devenue plus homogène et ne dépend plus de la production offensive de Luciano Aquino : revenu à mi-saison, il a encore dépassé le point de moyenne par match mais n'a pas fait gagner son équipe.

Les trois meilleurs marqueurs sur l'ensemble de la saison sont demeurés : le talentueux Chris D'Alvise, le bon patineur Jamie Arniel et le local Martin Grabher-Meier. C'est aussi le cas du chouchou du public, le capitaine Nikolaus Petrik avec son esprit combattant. Les possibilités offensives ont été élargies avec Kyle Greentree, Matt Siddall, le petit gabarit Dustin Sylvester ou encore le Slovaque Marek Zagrapan, uniquement des joueurs qui connaissent déjà la ligue et y ont prouvé leurs qualités.

Les deux défenseurs nord-américains ont été remplacés, en se servant directement outre-Atlantique : le solide Michael Caruso, ancien joueur d'AHL (2 matches de NHL), avait reculé un an en ECHL après une blessure au poignet. Drew MacKenzie était le meilleur pointeur des arrières lors des derniers play-offs d'ECHL et assurera le soutien offensif.

Dans les cages, l'international français Florian Hardy se retrouve dans la même situation qu'à Munich, en concurrence avec un jeune gardien local, David Madlener, révélation de la saison dernière. Mais pour sa deuxième année à l'étranger, tout se passe bien mieux pour le tricolore. La qualité des gardiens est un des points qui a fait progresser Dornbirn et lui permet d'envisager une place dans la poule finale à 6, et donc la première qualification en play-offs "dans un fauteuil"

 

Le président de Bolzano, Dieter Knoll, continue de jouer le petit jeu dangereux du chantage aux subventions et au sponsoring, menaçant comme chaque été de ne pas se réinscrire. Le début de l'entraînement a donc eu lieu très tardivement, le 25 août, avec 7 joueurs seulement. L'équipe s'est constituée rapidement au fil des jours pour être prête après seulement deux semaines et demie de préparation.

L'entraîneur américain Tom Pokel ne se plaint pas : dans des conditions tout aussi improvisées en 2013/14, alors que le HCB découvrait la ligue autrichienne, il avait aussitôt formé une équipe championne ! S'il n'a tenu que quelques mois dans la pression de Vienne, Pokel reste un héros à Bolzano qui se réjouit de son retour. Pour autant, peut-il réussir une seconde fois le même miracle ?

Son gardien est le même qu'à l'époque : le Tchèque Jaroslav Hübl est sûr et laisse peu de rebonds. Les lignes arrières paraissent cependant un peu limitées. Depuis la fin de l'essai du Slovène Matic Podlipnik, le HCB joue à seulement 6 défenseurs, dont deux paires italiennes, ce qui comprend un débutant formé au club, Luca Franza et son "fort beau gabarit" de 198 cm et 103 kg.

A contrario, l'attaque est dense avec huit Nord-Américains et des internationaux italiens relégués en quatrième ligne. Le premier trio Pollastrone-Broda-Vause a vite mené la danse et fonde tous les espoirs des Foxes cette saison

 

Indéniablement, Villach reste une ville de hockey. Le VSV y est le sujet de conversation principal dans les cafés, et son logo est affiché par la plupart des commerçants. Pour autant, il n'a atteint qu'une fois les demi-finales en cinq ans. Fera-t-il mieux cette année ? Peu probable.

Le gardien Jean-Philippe Lamoureux, connu pour ses arrêts spectaculaires, reste toujours indispensable. La défense compte six joueurs passés par les équipes de jeunes du club, ce qui est un bel hommage à la qualité de sa formation. Encore faut-il choisir deux bons étrangers pour les encadrer... Andy Canzanello, de moins en moins apprécié des supporters allemands au fil de son long bail à Straubing, est arrivé avec une piètre condition physique et a rapidement été viré. Son successeur est un autre Américain, Ryan McKiernan, venu de l'Allsvenskan suédoise tout comme l'attaquant Dustin Johner. Les autres recrues ont été sélectionnées à l'intérieur de la ligue par un club plus formateur que dépisteur.

En particulier, le VSV n'a jamais su remplacer le duo de rêve de 2014 (Ryan/Hughes). Après le flop de la paire Fortier/Ringrose, il a fini la saison dernière avec les jokers Jason Krog et Darren Haydar. Ils ont qualifié l'équipe dans le top-6, mais celui-ci a viré au désastre avec dix défaites, annonciatrices d'une rapide élimination en play-offs. Le choix a donc été fait de se séparer de Krog et Haydar, jugés trop âgés, et de redémarrer avec des lignes offensives plus homogènes, sans vraie star.

L'entraîneur finlandais Hannu Järvenpää se savait lui aussi en sursis. Il a tenu deux mois. Villach a rappelé Greg Holst, le coach du dernier titre du club en 2006. Petit détail : il a 61 ans et n'a plus entraîné depuis trois longues années... Est-il vraiment à la page des dernières mutations du hockey ? N'est-il pas le signe que le club vit dans le passé et peine à moderniser ?

 

Les Hongrois de Székesfehérvár ont dérogé à leur rôle habituel de petit poucet en finissant quatrième l'an passé, avant de céder en quart de finale. L'entraîneur américain et ex-adjoint Rob Pallin, qui ne paraissait au départ qu'une solution transitoire, a donc reçu la pleine confiance de ses dirigeants. Tout en continuant à former les joueurs locaux, il a mis en place un jeu attractif et efficace à forte dimension physique.

Devant le même duo de gardiens qui sera aligné par la Hongrie aux prochains Mondiaux (Miklos Rajna et un Zoltan Hetenyi rétabli de son virus), Fehérvár aligne ainsi une défense dont la taille moyenne est de 1m90. Le joker français Antonin Manavian se joint donc tardivement à des lignes arrières dans lesquelles il ne risque pas d'être le seul à devoir jouer les durs, une dimension limitative dans laquelle il ne veut plus être enfermé comme autrefois en raison de son gabarit. Manavian a une revanche à prendre sur son précédent passage peu convaincant dans la ligue, à Innsbruck.

L'intrus dans cette défense plus robuste que mobile, c'est le petit Kevin Wehrs. Cet excellent patineur a pris le passeport local, et participera aussi au retour de la Hongrie dans l'élite, comme les deux attaquants Frank Banham (40 ans) et Andrew Sarauer (31 ans). L'équipe nationale hongroise n'aura heureusement pas que des vieux Nord-Américains dans son offensive. Parti pour l'aventure américaine, Gergo Nagy revient au pays après une saison à un point par match en ECHL et sera de nouveau disponible pour la sélection. Quant à Róbert Sárpátki, jeune joueur de 20 ans né à Miercurea-Ciuc (Csíkszereda en hongrois) au sein de la minorité magyare de Roumanie, c'est la révélation du moment.

Le duo offensif majeur a néanmoins été recruté... en Alaska. Le jeu intense de l'ailier gauche Brendan Connolly, le capitaine des Aces et 4e marqueur de l'ECHL, arrive avec son centre Chris Francis pour former une paire déjà éprouvée sur grande glace (rappelons que les Alaska Aces ont la seule patinoire de taille olympique dans les circuits pros nord-américains). Leur talent, allié à la solidité physique de la défense, qualifiera-t-il AV19 une troisième année de suite en play-offs ?

 

L'entraîneur et manager américain Todd Bjorkstrand a sévi après la non-qualification en play-offs de Graz et a mis tout le monde - ou presque - à la porte. Vingt nouveaux joueurs sont arrivés. La charrette a même concerné ceux qui étaient indiscutables du point de vue du public : la séparation avec le gardien Dany Sabourin (qui a rejoint Rouen) a surpris tout le monde. Il a été remplacé par Sebastian Dahm, qui a percé aux derniers championnats du monde avec l'équipe du Danemark - le pays où Todd Bjorkstrand a fait sa carrière et auquel il a "donné" ses fils. Un autre international danois, l'attaquant Morten H. Poulsen, est encore arrivé.

Cette équipe encore reconstruite au goût de Bjorkstrand, il ne l'aura pas entraînée longtemps. Il a été viré début octobre et remplacé par son adjoint, l'ancien international slovène Ivo Jan. Plus proche des joueurs, il lui a fallu rassurer au milieu de cette rotation incessante.

Kevin Mitchell, capitaine de Mora et déjà bien connu en Autriche, est ainsi la seule certitude en défense : il remplace Matt Kelly (parti à Villach) et sert d'exemple aux jeunes. Pour le reste, le défenseur suédois de 100 kilos Viktor Borg n' pas été gardé après un essai, et sur les trois Américains venus directement d'AHL/ECHL, il n'en reste déjà plus qu'un... Alors, Ivo Jan a dû mettre sa patte en recrutant, à son tour, des compatriotes : Ales Kranjc forme donc avec Sabahudin Kovacevic un duo déjà vu en équipe nationale de Slovénie.

Graz est toujours incapable de définir la moindre politique sportive durable, et navigue toujours à vue. Depuis sa fondation en 1999, le club du président Jochen Pildner-Steinburg a consommé 20 entraîneurs ! Ce chef d'entreprise, également président du syndicat des industriels de la région de Styrie, ne montre franchement pas un exemple de bonne gestion, tant les 99ers sont l'archétype du club incapable d'obtenir des résultats à hauteur de son budget...

 

Deux fois dernier, une fois avant-dernier, Innsbruck s'est renforcé afin d'atteindre enfin les play-offs. L'entraîneur Christer Olsson a eu la pleine confiance de ses dirigeants pour bâtir son équipe. Il a recruté carrément cinq joueurs avec lequel il était devenu champion à Klagenfurt en 2013 : Tyler Spurgeon, Tyler Scofield, David Schuller et John Lammers, plus le gardien Andy Chiodo . Mais est-il si simple de transférer un modèle gagnant et ses artisans à l'autre bout du pays, à trois ans de distance et dans un contexte différent ?

Il y a une grosse différence avec le KAC : la formation des jeunes est bien moins avancée à Innsbruck, et la profondeur de banc s'en ressent énormément. Même si la défense a été encore densifiée physiquement avec Nick Schaus et Dave Liffiton, il est difficile de rivaliser avec deux lignes de haut niveau quand les adversaires en ont trois ou quatre.

C'est ainsi que les meneurs offensifs John Ulmer et Derek Hahn, qui se sont connus à Francfort quand Ulmer était meilleur marqueur de la DEL (en 2009/10), ont 38 et 37 ans. L'effectif est vieillissant, et manque d'impulsion offensive. Une avant-dernière place se profile à nouveau, mais comme les compteurs sont remis presque à zéro pendant la poule basse à partir de janvier, les play-offs restent toujours possibles.

Le joker de la dernière chance s'appelle Hunter Bishop, qui avait réussi l'exploit de finir avec une fiche positive pour sa première saison européenne, chez une équipe de Ljubljana pourtant larguée. Krefeld a aussitôt mis la main sur lui pour la DEL... mais ne l'a finalement jamais aligné tant sa condition physique était douteuse. Bishop était-il un feu de paille statistique ou peut-il rééditer ses exploits ? La saison d'Innsbruck dépendra de la réponse.

 

L'Olimpija Ljubljana. ne s'est toujours pas débarrassé de ses difficultés financières. Le budget qui lui est alloué (280 000 euros) serait déjà en bas de l'échelle en Ligue Magnus. Les deux recrues canadiennes (Guillaume Desbiens et Stefan Chaput) ont rapidement constaté que les salaires étaient très en retard et ont décidé de partir, sans que le club ne les retienne; Le seul Québécois restant est le gardien Olivier Roy, all-star d'ECHL qui a évidemment beaucoup de travail.

On peut se dire que le coach allemand Fabian Dahlem a bien du courage de continuer son travail alors que les défaites s'accumulent. Pour sa part, il considère qu'il prend toujours autant de plaisir à entraîner et à voir les jeunes joueurs progresser. Or, autour de quelques cadres comme le capitaine Andrej Tavzelj, l'équipe de l'Olimpija est extrêmement jeune, avec une moyenne d'âge (24 ans) la plus basse des grands championnats européens. Malgré la dernière place à laquelle ils sont destinés, Dahlem continue d'enseigner à ses jeunes joueurs un forechecking dynamique.

La (petite) chance des Slovènes, c'est le quota de points qui met souvent au chômage des joueurs autrichiens quand les effectifs sont en trop-plein. Pour la première fois, trois hockeyeurs autrichiens se sont engagés pour une équipe étrangère à l'intérieur de leur propre championnat. Kristof Reinthaler et Fabian Scholz sont utiles en défense, avec un temps de jeu qu'ils n'auraient pas ailleurs, et le centre créatif Roland Kaspitz est vite devenu le meneur des jeu des Dragons. Faute de place ailleurs, les trois hommes font contre mauvaise fortune (car l'Olimpija n'apporte pas la fortune) bon cœur.

 

Marc Branchu

 

 

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