Russie 2015/16 : présentation

 

Des dirigeants arrêtés pour détournement de fonds, des règlements changés avant le début de championnat, une crise économique qui affecte même le champion : le moins que l'on puisse dire est que l'actualité KHL est mouvementée.

Conférence Ouest

Division Bobrov : SKA Saint-Pétersbourg, Jokerit Helsinki, Dynamo Minsk, Dinamo Riga, Medvescak Zagreb, Spartak Moscou, Slovan Bratislava.

Division Tarasov : CSKA Moscou, Dynamo Moscou, Lokomotiv Yaroslavl, Torpedo Nijni Novgorod, HK Sotchi, Severstal Cherepovets, Vityaz Podolsk.

Conférence Est

Division Kharlamov : Metallurg Magnitogorsk, Ak Bars Kazan, Avtomobilist Ekaterinbourg, Traktor Chelyabinsk, Neftekhimik Nijnekamsk, Yugra Khanty-Mansiysk, Lada Togliatti.

Division Chernyshev : Avangard Omsk, Salavat Yulaev Ufa, Barys Astana, Sibir Novosibirsk, Amur Khabarovsk, Admiral Vladivostok, Metallurg Novokuznetsk.

 

 

Division Bobrov (Conférence Ouest)

 

Il y a quatre ans, le hockey sur glace était un sport secondaire à Saint-Pétersbourg, et ses fans se plaignaient que certains viennent à la patinoire avec les couleurs bleu-blanc-azur du Zénith, le club de football de la ville. Depuis, les affluences du ballon rond n'ont cessé de diminuer, et le bleu et rouge du SKA Saint-Pétersbourg est incontournable dans le sport local, a fortiori depuis la Coupe Gagarine soulevée au printemps.

L'entraîneur champion Vyacheslav Bykov est néanmoins retourné en Suisse, et son tempétueux successeur Andrei Nazarov a mis moins de semaines à susciter la première polémique : il aurait frappé et blessé au visage le médecin de l'équipe Yegor Kozlov ! Cette information du journal Business Online a été démentie par le club ; ce qui est sûr en revanche, c'est que Nazarov a amené avec lui son staff médical, et qu'il a vite choisi de renvoyer Kozlov, qui avait de son côté travaillé de longue date avec Bykov (au CSKA et en équipe de Suisse).

Le bruit fait autour de la personnalité de Nazarov masque un peu une réalité plus gênante : le champion s'est affaibli offensivement. Le gardien Mikko Koskinen est toujours là, la défense s'est peut-être même améliorée (Yuri Aleksandrov a été remplacé par le jeune défenseur international Yegor Yakovlev), mais l'attaque s'est dépeuplée. Le SKA n'est pas épargné par les difficultés économiques du pays. Panarin et Tikhonov, partis en NHL, n'ont pas été remplacés. Et si on se plaignait souvent à critiquer les joueurs étrangers à Saint-Pétersbourg, on verra bien si ce sera mieux sans eux, avec 2 attaquants étrangers au lieu de 4 (en partie parce que l'Ukrainien Ponikarovsky entre dans le quota avec les nouvelles règles, mais une autre place est tout simplement laissée libre). Quatre joueurs offensifs majeurs en moins, et pour compenser, le retour du gabarit de déménageur Evgeni Artyukhin : le compte n'y est vraiment pas.

Le SKA n'a plus que deux lignes offensives fortes au lieu de trois. D'une part, Ilya Kovalchuk et les deux nouveaux étrangers, le centre finlandais Jarmo Koskiranta et l'ailier suédois Joakim Lindström. D'autre part, Vadim Shipachyov et Evgeni Dadonov, dont la super-ligne avec Artemi Panarin n'aura duré qu'un an : Evgeni Ketov est naturellement promu à sa place (il avait déjà joué avec Shipachyov à Chelyabinsk sous les ordres d'un certain Nazarov), mais cet attaquant défensif n'a pas le talent offensif d'un Panarin.

Qu'on soit bien clair : le SKA a encore un effectif parmi les tout meilleurs de KHL, et il reste au moins co-favori. Mais il n'est plus sans équivalent sur le papier, et cela peut ouvrir bien des ambitions à ses adversaires.

 

Et l'ambition est grande en particulier chez les Jokerit Helsinki. Le club finlandais a beau avoir perdu ses meilleurs éléments, lui s'est au moins efforcé de les remplacer. Il n'a plus de complexe d'infériorité à avoir dans les "derbys" face au SKA. Plutôt que de se plaindre que les propriétaires russes ne fassent pas couler les robinets à flot, les supporters des Jokerit peuvent constater que la taïga n'est pas forcément plus verte chez le voisin... Surtout que, non soumis au moindre quota d'étrangers, les Jokerit sont objectivement mieux lotis que les clubs russes.

Le trio offensif qui avait fonctionné au-delà des espérances est-il irremplaçable ? Poste pour poste, les caractéristiques sont très semblables. Brandon Kozun a un profil proche de son prédécesseur Steve Moses : un petit gabarit (1m73) qui pourrait donner sa pleine mesure sur les glaces européennes. La technique de l'international norvégien Mathis Olimb n'a pas grand-chose à envier au spectaculaire Linus Omark. Et le centre danois Peter Regin a comme point commun avec Petr Koukal leur excellence en infériorité numérique. C'est aussi du Danemark que provient le défenseur offensif venu remplacer Gudbranson, à savoir Philip Larsen.

Même si l'alchimie ne se devine pas, ces étrangers assez similaires peuvent suffire. À plus forte raison si les joueurs finlandais élèvent leur niveau et deviennent aussi des leaders. Juhamatti Aaltonen peut mieux faire, et la puissance physique de la recrue Jesse Joensuu donne d'autres atouts offensifs.

Des Jokerit moins dépendants de leurs joueurs-clés et plus équilibrés colleraient finalement mieux au style de l'ex-sélectionneur national Erkka Westerlund. Un style très finlandais qui n'est facile à jouer pour personne.

 

Le Dynamo Minsk aurait dû aborder la saison avec optimisme et ambition. Il a conservé son attaque performante de la saison dernière. Il s'est renforcé de Ryan Gunderson, le défenseur offensif des Jokerit. Et il n'a pas perdu au change dans les cages : le local Dmitri Milchakov fait maintenant équipe avec l'expérimenté Jeff Glass, qui passe déjà sa septième année en KHL et remplace donc l'international norvégien Lars Haugen. L'équipe paraît donc consolidée... et c'est sans compter sur les possibles bouées lancées à des joueurs biélorusses devenus chômeurs du jour au lendemain.

C'est en effet la grande controverse politique qui a perturbé le début de saison : une divergence entre la fédération russe, qui veut que tous les joueurs non-sélectionnables en équipe de Russie soient considérés comme étrangers dans ses clubs, et la KHL, qui souhaite que les représentants des "pays amis" (en premier lieu le Bélarus) restent hors quotas. Une semaine avant le démarrage du championnat, le Ministère des Sports a tranché : les Biélorusses seront considérés étrangers. Le président de la ligue Dmitry Chernyshenko a pourtant continué d'affirmer le contraire, craignant les poursuites judiciaires des hockeyeurs renvoyés à cause de ce changement réglementaire malgré des contrats en cours. Solidaire de ses joueurs, le président de la fédération du Bélarus a même suggéré que le Dynamo Minsk pourrait se retirer de la KHL en protestation ! Il a ensuite tempéré ses propos.

Un tel capharnaüm aurait dû être un sujet de discussion permanent pour les employés du Dynamo Minsk. Pas du tout ! Ils sont taraudés par d'autres soucis. Trois personnes du club ont été arrêtées successivement cet été : le dépisteur russe Leonid Sygyndykov, puis le directeur général Maksim Subbotkin, et enfin le manager Vladimir Berazhkou. Une enquête a été ouverte pour des détournements qui s'élèveraient à 150 millions de roubles, soit 7500 euros, pas un montant énorme par rapport au salaire des dirigeants concernés.

Délit avéré ou complot manipulé ? Toujours est-il que l'atmosphère au sein du club est aujourd'hui paranoïaque : tout le monde a été interrogé par la police, chacun se pense écouté et ne veut plus parler au téléphone de peur de finir derrière les barreaux. Et comme le "Dynamo" est - par définition traditionnelle - une émanation du Ministère de l'Intérieur, ce sont d'anciens fonctionnaires de cette administration, sans rapport avec le hockey, qui ont été envoyés diriger le club dans ce contexte pour le moins particulier.

 

Au vu des difficultés financières du Dinamo Riga qui avaient laissé planer le doute sur sa réinscription en KHL, c'est avec soulagement que l'on constate que l'équipe a été renforcée et peut espérer revenir dans la course à la qualification en play-offs. Le challenge paraît réalisable pour l'entraîneur finlandais Kari Heikkilä.

À deux très notables exceptions près (Kaspars Daugavins et le gardien Edgars Masalskis), la composition comprend tous les principaux joueurs de l'équipe de Lettonie au dernier champion du monde, celle qui s'était sauvée par la peau des fesses par un match interdit aux cardiaques contre la France. C'est aussi l'interrogation : hormis Lauris Darzins, le capitaine de ce Dinamo, les autres joueurs lettons n'ont pas semblé, lors du Mondial, capables de prendre les responsabilités pour mener l'équipe.

En particulier, ne manque-t-il pas un finisseur aux Baltes ? Les deux nouveaux étrangers n'ont pas ce profil. La recrue finlandaise Ville Leino, depuis ses 53 points en NHL en 2010/11, ne jouit pas d'une haute réputation en la matière. L'autre étranger Tim Sestito (à ne pas confondre avec son frère Tom !) est plutôt un joueur physique, que les Devils de New Jersey ont utilisé chaque saison depuis six ans en NHL, mais à chaque fois de manière minoritaire en l'assignant le plus souvent en AHL.

La défense semble moins problématique avec le retour de Guntis Galvins et l'arrivée de deux étrangers de 25 ans, Steven Seigo et Tomas Kundracek. Même si le héros national Masalskis n'est plus là, les cages sont solidement gardées. Jakub Sedlacek, titulaire l'an passé, reçoit comme concurrent Joakim Eriksson, champion de Suède 2013 qui n'a pas réussi depuis deux ans à se faire une place en NHL.

 

Le Spartak Moscou commence à être habitué à disparaître momentanément (1953-55, 2006-07 et maintenant 2014-15) puis à renaître ensuite. Mais ces éclipses semblent entamer sa crédibilité, ses fans vieillissent et il doit trouver un nouveau public. Andrei Verevko, l'ancien directeur de l'Arena Mytishchi puis du club de l'Atlant (que le Spartak remplace) a été nommé président pour cela. Il avait créé dans cette nouvelle salle un environnement évènementiel et familial avec des animations pour enfants, des pom-pom-girls, des shows d'avant-match : c'est la stratégie que suivra aussi le Spartak.

Impossible à Sokolniki, antique patinoire de bientôt 60 ans d'âge (42 ans pour le toit rajouté ensuite), inadaptée aux exigences de modernité. Au risque de choquer les habitudes, le Spartak s'est donc installé à Loujniki, le palais des sports historique du Dynamo ! Comme cette salle est parfois occupée par des concerts et autres, il retournera à Sokolniki pour l'occasion.

Si ce déménagement peut déconcerter les fans historiques, c'est surtout les conditions de la résurrection qui sèment le doute. Le Spartak a en effet "reçu" en cadeau de bienvenue 24 joueurs rachetés à l'Atlant par le SKA Saint-Pétersbourg, un club avec lequel les supporters avaient développé une rivalité houleuse ces dernières années. Il s'agit notamment des jeunes qui ont pris du temps de jeu l'an dernier "grâce" aux soucis financiers de l'Atlant, mais pas uniquement : le gardien finlandais Atte Engren fait partie de ce "paquet-cadeau" du SKA. Et sa doublure Evgeni Ivannikov - un fils de Spartakiste - provient aussi de Saint-Pétersbourg. Du coup, malgré les efforts désespérés du manager Aleksei Zhamnov pour casser cette image, le Spartak est maintenant vu partout comme une émanation du SKA, dépendante de la générosité de cet adversaire-chaperon...

L'entraîneur German Titov, qui a quitté Novokuznetsk pour Moscou pour se rapprocher de sa mère (sa famille restant à Calgary), veut quant à lui ressusciter le style offensif du Spartak, déclarant préférer les 6-5 aux 1-0.

Mais il se retrouve avec un problème sérieux en défense : en plus du quota de 5 étrangers (dont les deux défenseurs offensifs nord-américains Matt Gilroy et Chay Genoway), les Spartakistes avaient prévu pour leurs lignes arrières deux représentants du Bélarus - Dmitri Korobov et Andrei Antonov - et un du Kazakhstan - Vitali Novopashin, devenus soudain surnuméraires par l'imbroglio réglementaire ! Comme en plus le seul autre défenseur un peu expérimenté Aleksei Grishin est blessé pour deux mois, le Spartak se retrouve à aligner une défense de 23 ans de moyenne d'âge !

 

Le Medvescak Zagreb a la masse salariale d'un gros club de DEL, et des sources de recrutement habituellement similaires (sans les Allemands bien sûr) : en gros, une équipe d'AHL "importée" sur le Vieux Continent, y compris le coach. Ce dernier est cependant moins expérimenté cette fois : Gordie Dwyer, 37 ans, n'a entraîné qu'en Ligue Junior Majeur du Québec. Or, il doit imposer son style nord-américains à des joueurs venus de tous horizons.

La nouvelle politique du Medvescak est en effet l'internationalisation de l'effectif. L'adaptation ne devrait pas poser de problème pour des professionnels reconnus en Europe qui ont eu du vécu dans plein de championnats dont la KHL : le défenseur finlandais expérimenté Tuukka Mäntylä et les Tchèques, le technique Marek Kvapil et le physique Radek Smolenak, en attaque. On se posait en revanche beaucoup plus de questions sur ces mystérieux Russes censés incarner le rajeunissement.

La réponse est vite arrivée : toutes les recrues étaient "à l'essai", mais ce sont les Russes qui ont vite été écartés dès la fin juillet. Il n'en reste plus que trois, et ils ne jouent même pas. On va gentiment oublier cette fable selon lequel de jeunes Russes qui n'ont pas percé ailleurs en KHL vont le faire au Medvescak dans un environnement plus nord-américain. Le club de Zagreb a donc abandonné les gamins slaves et s'est "musclé" dans le courant du mois d'août : deux lourds arrières internationaux, le Slovaque Milan Jurcina (194 cm et 110 kg) et l'Italien Thomas Larkin (196 cm et 100 kg), et le célèbre "agitateur" et recordman de pénalités en carrière du championnat suédois Andreas Jämtin. Ce n'est donc parce que le Medvescak s'européanise qu'il sera moins physique, au contraire. Mais pour l'internationalisation, le compte y est : cela fait du coup 11 nationalités !

 

Le Tchèque Milos Riha a déjà entraîné deux fois le Slovan Bratislava, en 2001/02 et en 2004/05 : à chaque fois, il a amené le club au titre de champion de Slovaquie, avant de repartir aussi sec. Mais cette troisième mission sera autrement plus difficile : il récupère le dernier de la Conférence Ouest, et on comment il pourrait améliorer significativement la situation.

Outre la perte de repères du coaching, la saison passée avait peut-être pâti de gardiens ne dépassant pas les 90% d'arrêts. Riha aime disposer de deux gardiens équivalents en concurrence, et il est exaucé avec Michael Garnett et Barry Brust, deux gardiens canadiens expérimentés et éprouvés en KHL. Et on peut dire que le Slovan a investi dans ce poste puisqu'il a engagé Tom Barrasso - le vainqueur des Coupes Stanley 1991 et 1992 avec le Pittsburgh de Lemieux et Jagr - comme entraîneur des gardiens.

Il paraît certes que le gardien fait 50% d'une équipe. Mais on peut se demander si l'investissement à ce poste n'est pas un luxe au vu de la faiblesse du reste de l'effectif. Il n'y a pas que vis-à-vis de la concurrence de la KHL que Slovan peine à être compétitif, et même les meilleurs Slovaques partent : le pilier défensif Ivan Baranka et l'ailier Libor Hudacek ont tous deux choisi la Suède.

Au total, ce sont quatre des huit meilleurs attaquants ont quitté Bratislava, et Lukas Kaspar, le champion du monde 2010, ne les remplacera pas à lui seul. Heureusement que le duo slovène Ticar-Jeglic est toujours là. Les vieillissants Ladislav Nagy (36 ans), Milan Bartovic (ex-capitaine, 34 ans) et Tomáš Surový (néo-capitaine, 33 ans) attendent la relève, exactement comme en équipe de Slovaque. Que vaudront les jeunes Patrik Lusnak et Radovan Pulis, qui restent sur une saison à un point par match dans les championnats du Bélarus et de Slovaquie, à ce tout autre niveau ?

 

 

Division Tarasov (Conférence Ouest)

 

Avec l'affadissement du SKA Saint-Pétersbourg, le CSKA Moscou, champion de Russie au bénéfice de la saison régulière mais battu en finale de la Conférence Ouest par le nouveau grand rival à l'issue d'une série mémorable, tient sa chance d'aller au bout de l'aventure.

Pour cela, il doit prouver qu'il ne tient pas à la seule personnalité d'Aleksandr Radulov mais constitue une équipe solide et homogène. La question se pose surtout sur sa défense, sans joueur étranger depuis le départ de Nemec, remplacé par l'international russe Aleksandr Kutuzov. Dans les cages, le meilleur gardien du championnat du monde 2011 (élu pendant qu'il craquait en finale) Viktor Fasth, remplacé par son compatriote Anders Nilsson (ex-Kazan) à Edmonton, arrive en nouveau concurrent de Stanislav Galimov. Le junior Sorokin reste encore cantonné au rôle de numéro 3.

La capacité à faire éclore au plus haut niveau les nombreux joueurs qu'il forme s'est perdue au CSKA. C'est pourquoi une équipe-ferme - le Zvezda - a été créée en VHL, réminiscence de l'époque soviétique où le "club central de l'armée" (signification des initiales CSKA) disséminait ses soldats dans une multitude de clubs militaires affiliés. Aujourd'hui, les jeunes Moscovites ont pris l'habitude de partir d'eux-mêmes pour se révéler. Au moins, certains reviennent, tel Dmitri Kugryshev, qui ne jouait qu'en quatrième ligne avant son départ et qui, après deux grosses saisons au Sibir, revient compléter un bon deuxième trio avec Jan Mursak et Simon Hjalmarsson.

La première ligne a perdu pour sa part Igor Grigorenko, le complément idéal de Radulov. Mais une semaine avant le début du championnat, le CSKA, qui avait encore une place vacante d'étranger, a récupéré Geoff Platt, viré du Lokomotiv pour cause de passeport biélorusse devenu inutile. Platt a vite été adopté et a marqué du revers le but vainqueur en prolongation lors du match d'ouverture face au SKA. Et même si Stéphane Da Costa, en convalescence de son genou, a manqué toute la préparation, le Français est revenu au jeu au troisième match, entre Platt et Radulov, pour inscrire un doublé. Avec deux trios offensifs qui fonctionnent, l'entraîneur Dmitri Kvartalnov sera peut-être moins tenté de changer ses lignes en permanence cette année.

 

Le Dynamo Moscou veut depuis de longues années quitter son vieux complexe olympique Loujniki (laissé au Spartak) au sud-ouest de la ville. Au nord-ouest de Moscou, à la station de métro "Dynamo", se construit la VTB Arena, un projet pharaonique de plus d'un milliard d'euros qui devait inclure dans un même bâtiment un stade de 45 000 places et une patinoire de 15 000 places. Quand il n'a pas été retenu pour accueillir la Coupe du monde 2018 (car livré trop tard au goût de la FIFA), ce projet a baissé de 40%, tant en coût qu'en gradins du stade. Ensuite, le groupe français Vinci, recruté mi-2013, a été évincé un an plus tard en raison de désaccord avec la banque VTB sur la gestion du projet... Bref, aujourd'hui, il est censé ouvrir en 2018... Les hockeyeurs du Dynamo, eux, se sont installés dans le Palais de glace VTB, nom similaire car sponsor identique, mais localisation différente : sud-est de la ville, métro Avtozavodskaïa. Il s'agit des anciennes usines automobiles ZIL, reconverties pour devenir le "Parc des Légendes" du hockey. La patinoire de 12 100 places, qui a ouvert en avril, accueillera les championnats du monde 2016.

Le Dynamo s'y perd parfois lui-même : se sent-il vraiment chez lui alors qu'il continue de s'entraîner à la base de Novogorsk, à l'extérieur de la ville et à l'opposé, donc... au nord-ouest. Vous avez suivi ? Vous êtes vraiment très fort. Même le plus russophone des journalistes grenoblois s'était perdu en cherchant en vain un match de hockey du Dynamo au métro Dynamo (quelle idée aussi !). C'est comme si vous alliez à la VTB Arena et pas au Palais de glace VTB, pff...

L'entraîneur letton du Dynamo, Harijs Vitolins, est maintenant un homme seul. L'ancien adjoint ne bénéficie plus des conseils de son mentor Oleg Znarok (qui s'occupe uniquement de l'équipe de Russie) et il a perdu son principal soutien, le président du club Arkadi Rotenberg, qui a démissionné pour se faire élire président du conseil d'administration de la fédération de hockey russe (FHR). Or, beaucoup de supporters lui font grief de l'absence d'une première ligne forte. Ce n'est pas forcément sa faute, car il n'a aucun centre à mettre entre Kaspars Daugavins et Maksim Pestushko. On ne compte plus trop sur le vieux Tereshchenko toujours blessé. Le vieillissant Konstantin Gorovikov est mieux adapté sur une troisième ligne. Daniil Tarasov, revenu d'Amérique où il était parti à 18 ans, a été testé mais sans faire l'affaire. Et on ne va pas employer Aleksei Tsvetkov qui forme déjà un beau duo technique avec Maksim Karpov sur la deuxième ligne.

Le Dynamo s'est occupé de donner de la mobilité à la défense en remplaçant Jalasvaara par son compatriote Juuso Hietanen. Mais les lignes arrières, menées par le soutien offensif Mat Robinson, manquent surtout de poids. En plus, le gardien numéro 1 Aleksandr Eremenko est blessé pour un mois après une collision malheureuse avec Robinson. Heureusement qu'il y a de la densité avec les deux autres membres du "trio des Alexandre" (Lazushin et Sharychenkov) dans les cages)... Comme quoi l'homogénéité reste un atout malgré le manque d'une recrue-vedette (et surtout d'un meneur offensif) qui contenterait les fans.

 

S'ils regardaient ailleurs, les supporters du Dynamo verraient que leurs homologues du Lokomotiv Yaroslavl ont bien plus de raison de se plaindre. Eux ont perdu leur principale idole post-accident, Sergei Plotnikov, meilleur marqueur de l'équipe deux fois en trois ans, qui veut tenter sa chance en NHL, aux côtés de Malkin à Pittsburgh. Il n'a clairement pas été remplacé.

La principale recrue offensive est Jonas Enlund, toujours plus efficace depuis cinq ans au Sibir Novosobirsk, mais qui n'a rien d'une star flamboyante. Ce bon travailleur devrait s'intégrer à une équipe dont la colonne vertébrale est la discipline. C'est le fer de lance du nouvel entraîneur Aleksei Kudashov, qui a appris à travailler avec les jeunes à l'Atlant et pourra faire progresser les espoirs prometteurs de Yaroslavl, bien encadrés par des éléments de grande expérience internationale comme les centres Jiri Novotny et Petri Kontiola.

La défense, point fort habituel du Lokomotiv, a perdu deux éléments importants, Jonas Holøs et Yegor Yakovlev, mais reçoit en renfort Patrik Hersley, le canonnier suédois dont le lancer de la droite a remporté le concours de puissance de tir au dernier All-Star Game de KHL. L'arrière-buteur arrive dans une équipe qui dispose de son complément presque idéal, son compatriote Staffan Kronwall, le capitaine de l'équipe de Suède et garde-chiourme de sa propre cage. Attention néanmoins, cette paire très puissante n'est pas réputée pour sa vitesse.

Le Lokomotiv Yaroslavl garde un statut d'outsider, qu'on devrait normalement retrouver en play-offs, mais sans l'assurance d'y passer un tour.

 

Le Torpedo Nijni Novgorod est l'équipe qui a connu le plus gros bouleversement à l'intersaison : l'entraîneur Peteris Skudra est toujours là, mais la majorité des joueurs sont partis. Son système fonctionnera-t-il encore, y compris face à des adversaires qui auront des renseignements de première main ? En effet, huit joueurs sont partis chez des rivaux directs de la même division : Hietanen au Dynamo, le jeune défenseur Grigoriev au Lokomotiv, deux joueurs au CSKA et quatre à Sotchi !

Le bon équilibre défensif trouvé l'an passé devra être conservé avec pas moins de six nouveaux éléments dans les lignes arrières, autour d'Aleksei Pepeliaev ("l'ancien" puisqu'il est arrivé... en cours de saison dernière). A priori, ces recrues défensives ne font pas fantasmer les foules : le rugueux Vadim Khomitsky et le bombardier Oleg Piganovich ne font plus parler d'eux depuis longtemps. Quant au renfort étranger Dan Spang, s'il était un grand espoir américain avant son accident de la route à 18 ans, il a connu une carrière discrète en AHL et en DEL, avant d'arriver en Finlande où il a fini champion au printemps avec les Kärpät. En plus, le gardien a aussi changé : Kasutin, parti à Togliatti, a été remplacé par le duo Proskuryakov/Lisutin.

En attaque, le Torpedo a recruté trois étrangers au style de jeu assez physique, adapté à l'intensité réclamée par Skudra : les Suédois Carl Klingberg et Linus Videll, ainsi que le Canadien Carter Ashton. Ce dernier avait commencé la dernière saison en NHL à Toronto avant d'être interrompu dans son élan par une suspension de 20 matchs pour un contrôle positif au clenbutérol (et de revenir au jeu mais le plus souvent en AHL). Explication officielle : il a fait une soudaine crise d'asthme après un entraînement, a emprunté un inhalateur à un coéquipier et l'a gardé ensuite... Aucun mot, bien sûr, de l'identité ou de la sanction du partenaire si généreux... Le clenbutérol - détourné par les culturistes et connu comme dopant depuis des décennies - est un médicament d'origine vétérinaire, néanmoins interdit en Europe comme aux États-Unis. C'est pour ça qu'Alberto Contador - déchu du Tour de France 2010 à cause du clenbutérol - avait déclaré avoir mangé un steak pour se justifier... Cette substance est autorisée à l'usage humain contre l'asthme... en Russie ! Autant dire que le cas Ashton a été passé sous silence par la presse russe.

Le débat chaud tient plutôt aux joueurs biélorusses, puisque le Torpedo en avait 3, en plus des 4 étrangers des "pays non amis". L'un d'eux a été viré, Aleksandr Makritsky, et la rumeur annonce que les frères Kostitsyn pourraient bientôt voir leur contrat rompu. Quoi qu'il arrive, il est surprenant de voir un joueur aussi célèbre qu'Andrei Kostitsyn placé en quatrième ligne (!), avec le revenant Aleksandr Frolov, qui a retrouvé un contrat après une saison blanche, et qui semble en bonne forme. Les deux ailiers d'expérience encadrent un centre débutant de 20 ans, Daniil Ilyin. Mais pour le coach, ce libellé de "quatrième trio" renvoie à une hiérarchie très théorique puisque toutes les lignes ont des temps de jeu similaires. Normal, puisque la star, c'est l'entraîneur...

 

Le HK Sotchi n'a qu'un an d'existence, mais il s'est déjà fait une petite réputation : celle de pouvoir offrir un environnement confortable pour des joueurs à la réputation sulfureuse. L'entraîneur Vyacheslav Butsaev a su gérer la mini-diva Mikhaïl Anisin, il devra s'occuper du talent perdu Nikolaï Zherdev, dont l'ex-entraîneur de NHL a révélé en mars dernier qu'il avait embauché un détective privé pour le suivre... L'an passé au Dynamo Moscou, Zherdev n'a plus fait parler de lui pour ses frasques, mais il ne s'est malheureusement pas fait non plus spécialement remarquer sur la glace.

Relancer sa carrière, c'est aussi l'objectif de Konstantin Barulin, le gardien qui a souffert la saison dernière à Omsk et qui en a perdu le contact avec l'équipe nationale. À Sotchi, sa place de titulaire ne devrait pas être remise en question et il pourra retrouver confiance.

Mais bien sûr, on ne saurait constituer une équipe uniquement avec des caractériels. Sotchi a aussi engagé un travailleur de l'ombre persévérant, le triple champion KHL Dmitri Kazionov. Surtout, il s'est musclé en défense avec Janne Jalasvaara et le géant Aleksei Semyonov.

Puisque le club de la Mer Noire avait atteint les play-offs l'an passé malgré un temps d'adaptation initial forcément compliqué pour le débutant, il espère évidemment en faire autant avec une équipe désormais rodée. Mais comme il était huitième et dernier qualifié de la Conférence Ouest, il n'est pas à l'abri qu'un club moins bien placé connaisse une meilleure saison.

 

Le Severstal Cherepovets réussit une performance remarquable dans un championnat de si haut niveau : sur ses deux premières lignes offensives, il ne compte qu'un seul joueur (Pavel Chernov) qui ne soit pas formé au club ! Ses deux compagnons en première ligne, Dmitri Kagarlitsky et Evgeni Mons, ont appris le hockey ensemble dans toutes les catégories (année de naissance commune : 1989). Le deuxième trio, lui, mêle les générations : Igor Skorokhodov, parti à dix-huit ans, revient dix ans et demi plus tard prendre place aux côtés du capitaine-symbole de 32 ans Yuri Trubachev, qui a prolongé pour deux saisons, et du grand espoir de 20 ans Pavel Buchnevich.

Confier l'offensive aux enfants du pays présente l'avantage de pouvoir blinder la défense avec des étrangers. Jusqu'ici, le calibre des recrues extérieurs était médiocre, mais le Severstal semble avoir un peu plus investi dans le domaine. Il a engagé Miroslav Blaták et Ondrej Nemec, qui formaient ensemble la deuxième paire défensive de l'équipe tchèque championne du monde 2010, plus un gros arrière suédois de 104 kilos, Mattias Karlsson. Le gardien tchèque Jakub Stepanek est quant à lui resté pour une troisième saison. L'effectif est ainsi intéressant et expérimenté, même si la profondeur de banc est nettement plus faible que dans les grands clubs.

Le Severstal Cherepovets a la particularité d'être le premier club à avoir osé violer la loi en alignant six étrangers (dont les deux internationaux biélorusses Nikolai Stasenko et Evgeni Kovyrshin), mais a priori avec une permission spéciale de la ligue, qui n'avait pas encore tranché ce point chaud. Il espère donc que l'amende annoncée par le Ministère des Sports sera en fait payée par la KHL...

 

En sept années de KHL, seuls deux clubs encore actifs ne se sont jamais qualifiés en play-offs : le Metallurg Novokuznetsk à l'Est et le Vityaz Podolsk à l'Ouest. À l'époque où ce dernier pratiquait la boxe sur glace, le résultat sportif était certes secondaire. Mais cette saison, il a clairement fixé les play-offs comme objectif, et a même l'ambition d'y passer un tour, ce qui est pour le moins ambitieux.

Le Vityaz s'était essoufflé la saison passée, ayant dépensé trop d'émotions en début de championnat. Il espère que l'expérience acquise l'aidera à mieux gérer sa saison, d'autant que l'effectif agrandi accroîtra la concurrence au sein de l'offensive. Le club de la Région de Moscou a conservé la quasi-totalité de ses joueurs. Ivan Lisutin, parti à Nijni Novgorod, n'était plus que le second gardien derrière le Finlandais Harri Säteri.

La filière finlandaise a d'ailleurs été poursuivie dans les deux remplacements d'étrangers, car on émet le vœu à Podolsk que deux nouveaux Finlandais puissent améliorer un powerplay jusqu'ici faiblard. Le petit Teemu Eronen, bon organisateur en supériorité numérique, remplace Mattias Porseland en défense. En attaque, le Tchèque anonyme Robert Kousal est substitué par le meilleur buteur de la Liiga finlandaise, Olli Palola.

Ces deux recrues ont été embauchées dès le printemps : si le Vityaz ne recrute plus que des Européens, c'est aussi parce qu'il ne veut pas attendre l'ouverture du marché nord-américain au 1er juillet. À cette date, l'équipe était déjà constituée et partait pour son stage hors glace à Bellinzona en Suisse. La préparation est ainsi optimale pour le début précoce de la saison KHL, qui reprend dès la fin août.

 

 

Division Kharlamov (Conférence Est)

 

Le contrat originel de deux ans de Mike Keenan au Metallurg Magnitogorsk a été prolongé pour une troisième saison. L'expérimenté entraîneur canadien s'est épris de la Russie et a même déclaré qu'il voudrait en prendre la nationalité. Il travaille toujours avec les deux mêmes adjoints, son fidèle Michael Pelino et son "interprète" Ilya Vorobyov.

L'effectif n'a pas beaucoup changé non plus depuis le titre de 2014. Elle est toujours bâtie autour du super-trio Sergei Mozyakin - Jan Kovar - Danis Zaripov. La présence de Zaripov en deuxième ligne lors de la présaison était plus un test expérimental. Keenan n'a pas l'intention de changer sa troïka, et il a annoncé par avance qu'elle conserverait le même temps de jeu.

Pour ne pas être l'équipe d'une seule ligne, le "Magnitka" œuvre toujours à la formation d'une deuxième ligne d'attaque dangereuse. Le club a recruté le Canadien d'origine polonaise Wojtek Wolski pour la mener, et espère que Tomas Filippi, recruté directement en Extraliga tchèque, se révèle une aussi bonne trouvaille que Kovar deux ans plus tôt.

Hormis ces deux renforts étrangers (qui remplacent Brent et Stapleton), le Metallurg s'inscrit dans la continuité et s'appuie sur son école de hockey pour compléter son banc. Par rapport à la concurrence qui a pâti plus directement de la crise, Magnitogorsk a moins perdu. Les Ouraliens restent un candidat pour le titre, et les favoris légitimes de la Conférence Est.

 

L'autre cador de l'Est, l'Ak Bars Kazan, a pour sa part subi de plein fouet la vague de départs des joueurs russes vers une NHL devenue financièrement plus intéressante depuis la chute du rouble. Sur la dizaine de hockeyeurs qui ont signé outre-Atlantique, trois viennent de Kazan. Si les attaquants Aleksandr Burmistrov et Kirill Petrov n'ont fait que retourner vers une NHL qu'ils connaissaient déjà, c'est la grande aventure tardive pour le défenseur vétéran Evgeni Medvedev.

Ce n'est malheureusement pas tout : en plus de Medvedev, la grande figure Ilya Nikulin et Konstantin Korneev ont ainsi quitté la défense. Trois arrières multiples champions du monde partis en même temps, cela laisse un vide immense, y compris vis-à-vis de l'apport offensif de Nikulin et Medvedev. Les Tatars veulent compenser par de jeunes joueurs locaux, et l'ex-international junior Albert Yarullin, qui a démontré ses capacités pendant son prêt à l'Atlant, aura enfin sa chance.

La presse russe a critiqué la faiblesse du recrutement de Kazan, poussé dans ses retranchements car rarement habitué à perdre autant de cadres. Le Finlandais Jussi Rynnäs aura certes de la peine à faire oublier le meilleur gardien de la saison dernière Anders Nilsson : il faudra déjà qu'il s'impose dans la compétition directe avec son solide collègue Emil Garipov. Les deux autres soi-disant "inconnus", comme les dénonçaient certains "experts" russes, témoignent en réalité d'une observation avisée du hockey international : Marek Daloga est devenu un défenseur majeur de l'équipe de Slovaquie et vaut beaucoup mieux que ses stats discrètes ; le centre Mattias Sjögren vient de signer une très bonne saison en Suède puis aux championnats du monde où il a excellé en infériorité.

Le rôle de Sjögren n'est cependant pas évident, puisqu'il se retrouve en première ligne à devoir alimenter les buteurs Oscar Möller et Justin Azevedo. Ne serait-ce pas à un pur meneur offensif de le faire ? Non. Fyodor Malykhin avait brillé en ayant carte blanche à Ekaterinbourg en 2013/14, parce que d'autres travaillaient pour lui, mais il a appris en un an dans un grand club que la faiblesse dans le patinage et dans les duels est rédhibitoire. Il est maintenu en troisième ligne par Zinetula Bilyaletdinov, malgré la blessure actuelle du capitaine Aleksandr Svitov qui affaiblit le poste de centre. L'obstination de l'entraîneur tatar et sa confiance dans son système restent de toute manière le meilleur atout d'Ak Bars pour rester performants même avec moins d'individualités de renom.

 

C'est un style de hockey très différent qu'introduit Andrei Razin, nouveau représentant de la génération montante des entraîneurs russes. Il a très vite fait parler de lui en amenant à une improbable finale de VHL le "petit" Izhstal Izhevsk. Il a amené dans ses valises chez l'Avtomobilist Ekaterinbourg des joueurs discrets mais précieux dans le travail de l'ombre, le défenseur Pavel Turkin et le centre Andrei Alekseev, destinés à la troisième ligne. Le niveau supérieur ne fait pas peur à Razin, content de disposer de joueurs qui commettent moins d'erreurs techniques et tactiques. Il professe donc le même hockey ambitieux en KHL, n'hésitant pas à presser à plusieurs.

L'équipe de l'Oural, tout en gardant son excellent gardien tchèque Jakub Kovar, est donc devenue une attraction avec un hockey spectaculaire et moderne. Razin est aussi attendu comme développeur de talents, car il a beaucoup utilisé dans toutes les situations de jeu le défenseur de 18 ans Aleksandr Shchemerov pendant la présaison : il voulait en fait tester au maximum cet international U18 qui occupera le quota de jeunes.

L'entraîneur débutant dispose aussi de joueurs d'expérience. Le centre tchèque Petr Koukal, champion du monde 2010, reste sur une excellente saison aux Jokerit. Le défenseur de 40 ans et ex-capitaine Sergei Gusev vient quant à lui d'illustrer la "sévérité" de l'agence russe anti-dopage (RUSADA) qui l'a suspendu pour 6 mois... avec effet rétroactif à partir de fin mars. En clair, il n'a manqué qu'un mois de compétition ! Le joker Oleg Saprykin, sans club depuis novembre et embauché fin août sans pré-saison, a vite démontré qu'il a quand même la forme.

Ainsi renforcé, l'Avtomobilist Ekaterinbourg a tout de l'équipe-surprise, qui n'en est déjà plus une après avoir commencé la saison par cinq victoires.

 

L'aréna du Traktor Chelyabinsk a été rebaptisée en l'honneur de Valeri Belousov, décédé en avril dernier à 67 ans. L'entraîneur de légende a conduit le club du sud de l'Oural à deux podiums en championnat de Russie. Le jeune coach Andrei Nikolishin en est loin, et l'urgence pour lui est de sauver sa place, qui lui a été confiée en octobre dernier. Inquiets des premières performances, les supporters ont en effet interrogé les joueurs qui se sont plaints de la fatigue liée aux grosses charges d'entraînement. Conséquence : les supporters ont demandé le renvoi de Nikolishin !

L'équipe du Traktor est pourtant censée être assez jeune pour résister à la fatigue. Si Belousov privilégiait l'expérience, la politique du club a changé. Bulis a pris sa retraite et les contrats des vétérans Atyushov et Panov, jugés trop chers, n'ont pas été renouvelés. Même le gardien est jeune : le prometteur champion tchèque Pavel Francouz. La politique de rajeunissement a été appliquée en même temps à tous les échelons : à l'équipe-ferme de VHL (Chelmet) et par ricochet à l'équipe junior de MHL.

Le problème du Traktor ne viendrait-il pas d'un excès de talents offensifs et d'un manque de porteurs d'eau ? Des orfèvres sont disséminés sur les ailes des différentes lignes, car Nikolishin veut que chacune soit capable de marquer : le dévoreur d'espaces Martin Ruzicka, l'ancien numéro 4 de draft Stanislav Chistov, qui a mûri depuis qu'il a été nommé capitaine, et l'élégant Anton Glinkin, dont les mains magiques déroutent les gardiens lors des pénaltys. L'effectif manque cependant de gabarit, notamment après le départ de Panov. C'est pourquoi le centre canadien Alexandre Bolduc, qui était capitaine et meilleur marqueur de Portland en AHL, doit amener de l'impact physique, même s'il doit encore s'adapter à l'arbitrage.

Le Traktor a peut-être un atout dans sa manche pour se sortir de l'étau : le défenseur formé au club Vyacheslav Voynov, double vainqueur de la Coupe Stanley à Los Angeles, a décidé de rentrer au pays maintenant que sa carrière NHL est bouchée par une accusation de violence domestique. Malgré sa réputation entachée, si la même situation s'était présentée il y a deux ans, les prétendants auraient sûrement fait la queue pour acquérir un tel joueur et verser une compensation dodue au Traktor qui détient ses droits. Mais aujourd'hui, les grands clubs ne se disent pas intéressés. Le gouverneur de Chelyabinsk a donc fait une proposition à Voynov, qui prend le temps de la réflexion.

 

Ancien sélectionneur du Bélarus, qu'il avait conduit en demi-finale des Jeux olympiques de Salt Lake City, Vladimir Krikunov a gardé un petit faible pour les hockeyeurs de ce pays. Cela lui coûte cher aujourd'hui comme entraîneur du Neftekhimik Nijnekamsk, à cause de la décision du Ministère des Sports de limiter les sportifs étrangers dans les clubs russes. Il a imposé une limite à 6 pour le football ; dans le hockey, la limite était déjà à 5 et n'a pas varié, mais elle inclut désormais les joueurs biélorusses jusque là "assimilés".

Le Neftekhimik a certes le droit de garder ses 7 étrangers, mais il ne pourra en aligner que 5 à chaque match : il faudra donc jongler entre les deux attaquants biélorusses "néo-étrangers" Andrei Stas et Aleksandr Kitarov, le défenseur letton Grigorijs Pujacs, le gardien et les trois Américains. En tout cas, Krikunov continue d'ouvrir la porte aux internationaux biélorusses : lorsque le gardien finlandais Ville Kolppanen s'est blessé, c'est le vétéran au chômage Vitali Koval qui a été recruté à sa place.

La recrue en forme du Neftekhimik n'est cependant pas étranger : il s'agit de l'ailier Evgeni Grigorenko, formé à Magnitogorsk et passé à Nijnekamsk pour obtenir du temps de jeu. Avec un effectif sans star mais assez homogène, le club tatar a les moyens de prendre la dernière place qualificative en play-offs, après deux échecs consécutifs.

 

C'est une première dans l'histoire de la KHL et on ne pensait même pas que ça arriverait un jour : un club - le Yugra Khanty-Mansiysk - n'aligne pas le moindre joueur étranger. C'est dire si les pétroroubles ne coulent plus à flots, même dans la première région pétrolière de Russie, frappée de plein fouet par la chute du cours du baril. On pensait quand même, au vu des salaires pratiqués en KHL, bien plus élevés qu'ailleurs en Europe, qu'un club trouverait toujours des renforts étrangers à moindre frais.

Non. Le Yugra a choisi d'aligner une équipe à coût réduit qui "mise sur ses jeunes joueurs". Ce ne sont pas des produits du cru vu la création somme toute récente du club, mais des joueurs qui ne demandent qu'à se montrer à l'instar de l'attaquant Pavel Medvedev, auteur en ouverture de saison d'un "but de lacrosse" en portant le palet depuis l'arrière de la cage : le Spartakiste avait déjà fait le coup chez les juniors. Et pour encadrer ces espoirs, il y a le métier et le gabarit de Konstantin Panov, qui n'était plus désiré à Chelyabinsk mais qui a été récupéré - sans doute pas à un salaire si haut - à Khanty-Mansiysk où il se montre toujours utile à 35 ans.

Après avoir explosé l'an passé en quittant le CSKA pour Khabarovsk, Nikita Gusev est devenu le leader indiscutable de sa nouvelle formation, hormis en infériorité numérique où il ne joue pas. Cet attaquant rapide et agile est doté d'une grande créativité technique et d'un tir du poignet redoutable.

On ne pensait cependant pas que ce joueur-phare suffirait. Même les plus chauvins des commentateurs russes voyaient cette équipe "100% Mère Patrie" au fond du gouffre. Elle se révèle pourtant compétitive grâce à ses deux gardiens formés à Chelyabinsk, Georgi Gelashvili - en qui plus personne ne croyait - et Vladislav Fokin.

 

Il y a une autre conséquence à la récession économique, c'est que les clubs y réfléchissent à deux fois avant de virer - et d'indemniser - leur entraîneur. La seule exception est le Lada Togliatti , qui a renvoyé Sergei Svetlov dès la mi-septembre, quand l'équipe est tombée à la dernière place.

Étonnamment, ce licenciement avait été prédit dès le mois d'août par des observateurs avisés. Ils avaient pris note que l'adjoint choisi par Svetlov l'an passé, Andrei Pyatanov, s'était fait virer pendant l'été. Ils avaient aussi remarqué que Svetlov et le nouvel assistant-coach Artis Abols semblaient s'éviter en dehors du banc et être plus rivaux que partenaires. Il devait y avoir un fond de vérité à ce qui paraissait être un cancan : un mois plus tard, Abols a succédé à Svetlov.

La mission du Letton est cependant compliquée. Il faudra que son compatriote, le gardien Edgars Masalskis, réalise les miracles dont il est parfois coutumier en équipe nationale. Pris d'abord à l'essai, Masalskis a enchaîné les victoires en pré-saison pour décrocher un contrat, mais il ne peut plus empêcher l'accumulation des défaites en championnat.

Le métier des paires défensives Viklund-Flood et Belov-Malenkikh - point fort du recrutement du Lada - n'a pas l'effet attendu, car c'est sa faiblesse offensive qui limite le potentiel de Togliatti.

 

 

Division Chernyshev (Conférence Est)

 

L'Avangard Omsk a une fois de plus changé de coach, mais il a cette fois choisi une solution de long terme. Le club escomptait tôt ou tard faire appel de nouveau à un entraîneur russe (ce qui n'était plus le cas depuis 2010) : il a franchi ce pas un an avant la date qu'il avait initialement programmée, parce que Summanen est parti abruptement, mais sans doute aussi parce que l'ex-sélectionneur tchèque Vladimir Ruzicka n'a pas cédé à ses avances.

Le nouvel entraîneur, Evgeni Kornoukhov, a directement signé pour deux ans. Ce natif d'Omsk a appris le métier auprès de spécialistes reconnus (Vujtek, Vorobiev, Yurzinov) et doit s'occuper de ce que Summanen délaissait, la formation des jeunes. Une nouvelle stratégie a été formulée dans chaque classe d'âge : la victoire est secondaire par rapport au développement des joueurs.

Rassurez-vous, l'équipe première, elle, est quand même censée gagner. Elle dispose toujours du possible meilleur top-6 offensif de KHL avec les trios Perezhogin-Sobotka-Popov et Shirokov-Zubov-Parshin. Ils ont été complétés par l'attaquant défensif Martin Erat, dont la complémentarité avec son compatriote Vladimir Sobotka peut être utilisée au moins en infériorité numérique. Même à défaut de Ruzicka, les Tchèques jouent donc un rôle-clé : après avoir eu fort à faire dans un Slavia Prague désargenté sans avoir pu éviter la relégation, le gardien Dominik Furch aura un autre genre de pression dans un club de haut de tableau, avec une jeune doublure locale (Denis Kostin) dont les performances ont déjà eu raison de Barulin l'an passé.

 

C'est une restructuration complète qu'a vécue le Salavat Yulaev Ufa après le départ de l'ancienne "famille régnante" de Bachkirie, les Rakhimov, aujourd'hui en disgrâce. Ce club est maintenant encadré par une grande collection d'experts. L'ex-international Aleksandr Semak est devenu directeur exécutif. Leonid Weisfeld, un des managers les plus respectés de Russie, a été embauché avec son recruteur de confiance, Konstantin Krylov. L'entraîneur Aleksei Emelin a débarqué avec son adjoint habituel Arkady Andreev.

C'est donc dans un organigramme apparemment complet qu'est arrivé Igor Zakharkin, nommé coordinateur de toutes les équipes du club (des juniors aux féminines). Une nomination qui a étonné toute la Russie : Zakharkin a tout gagné comme adjoint de Slava Bykov, mais aujourd'hui le couple inséparable est séparé puisque Bykov est rentré en Suisse. Figure controversée, car peu diplomate envers ses confrères russes quand il s'occupait de la sélection, Zakharkin a pourtant une longue carrière puisqu'il était déjà dans le staff de l'équipe nationale en 1993, quand la Russie était championne du monde pour la dernière fois avant quinze ans et que Bykov n'était "que" le meneur de jeu sur la glace. Zakharkin ne risque-t-il donc pas de faire de l'ombre à ses collègues en place ? Emelin a donné son assentiment au recrutement de Zakharkin... mais celui-ci a fini par être nommé à sa place (en le gardant à ses côtés).

L'effectif rebâti est prometteur. Weisfeld a fait venir ses cadres de confiance à Ekaterinbourg (Anton Lazarev, Artyom Chernov, Sami Lepistö), il a embauché l'artiste suédois Linus Omark, et il a reconstitué un duo venu du CSKA : si Igor Grigorenko reste sur une excellente saison sur la ligne de Radulov, son jeune centre Nikolaï Prokhorkin a été échangé à Ufa parce qu'il avait perdu la confiance du staff moscovite. Il a tenté, comme l'été précédent au CSKA, le coup du "j'hésite à signer parce que je réfléchis encore à partir en Amérique", mais il a cette fois trouvé plus malin que lui avec Weisfeld : il a dû finir par signer pour un montant inférieur à la proposition de contrat initiale, qui avait une durée limitée. Tel est pris qui croyait prendre...

Le problème d'une équipe entièrement reconstruite est qu'elle prend du temps à assimiler son organisation défensive. Dernière du championnat après deux semaines, elle s'est vite retrouvé aux abois, en panne de confiance. Deux joueurs étrangers ont vite été montrés du doigt. Au sein d'un effectif qui compte déjà dans ses rangs le meilleur défenseur offensif de Russie (Kirill Koltsov), l'arrière finlandais Sami Lepistö s'est vu rappeler qu'on attend surtout de sa part beaucoup moins d'erreurs dans sa zone. Derrière cette équipe talentueuse mais trop peu agressive dans les duels, le gardien Niklas Svedberg a la tâche la plus compliquée : remarqué pour un plongeon théâtral au premier match télévisé, l'ancien meilleur gardien d'AHL puis solide numéro 2 à Boston, plus habitué au style nord-américain, a vite été montré du doigt.

 

Le projet de nouvelle patinoire du Sibir Novosibirsk avance lentement et en est au stade des autorisations administratives. La plus ancienne patinoire de KHL hors de Moscou a donc encore de beaux jours devant elle. Mais cette structure en bois n'est-elle pas le meilleur atout du Sibir ? L'ambiance y a été décrite comme "unique au monde" par certains entraîneurs étrangers.

Le public sibérien survolté doit bien aider à ce que cette équipe reste parmi les meilleures de KHL alors qu'elle perd chaque année ses meilleurs joueurs. L'été dernier, Novosibirsk avait vu partir le meneur offensif Jori Lehterä (en NHL) et le meilleur défenseur Kutuzov. Même pas mal ! Cette année, c'est la première ligne entière qui s'en est allée (Enlund-Koskiranta-Kugryshev et les défenseurs Hersley et Ozhiganov). Aucun centre numéro 1 n'est arrivé, mais ceux qui occupaient les deuxième et troisième lignes, Oleg Gubin (qui a 34 ans et a rarement eu un rôle aussi important !) et David Ullström, compensent tout seuls comme des grands.

Les nouveaux étrangers Calle Ridderwall et Vladimir Roth n'ont jamais été considérés comme des joueurs dominants, mais on pourrait en dire autant de leurs prédécesseurs. À croire que c'est le Sibir qui fait les grands joueurs, au lieu que ce soient les grands joueurs qui fassent le Sibir. Deux fois champion à Magnitogorsk dans un rôle discret, Rinat Ibrahimov a été chargé de mener la défense.

Même si un seul des cadres supposés est resté au club, le gardien tchèque Alexander Salak, le Sibir fait donc comme si de rien n'était et reste redoutable.

 

Dans la capitale du Kazakhstan, qui a poussé en un rien de temps dans des steppes désertes, la notion de "vieille patinoire" est toute relative. Le peu confortable Palais des Sports, quatre mille places, datait seulement de 2000, mais le Barys Astana déménage dans la "plus belle aréna de hockey d'Asie", conçue de manière moderne pour accueillir 12 322 spectateurs.

Les travaux se sont terminés au tout dernier moment, mais la salle a pu ouvrir à temps, pour la Coupe du Président du Kazakhstan en pré-saison. Pour autant, le Barys a dû commencer la saison dans sa "vieille patinoire" : la nouvelle a été occupée par la célébration en grande pompe du 550e anniversaire du Khanat kazakh. C'est le revers de la médaille de ces enceintes modernes : le hockey n'y est plus toujours prioritaire.

Confronté au départ de son bouillant entraîneur Andrei Nazarov, le Barys Astana a opté pour la solution locale en mettant à sa place son adjoint Erlan Sagymbaev. Capitaine du Kazakhstan aux Jeux olympiques de Nagano, où l'équipe d'Asie Centrale avait atteint les quarts de finale, Sagymbaev a fait toute sa carrière d'entraîneur au pays, y compris en encadrant l'équipe nationale.

La différence avec la sélection, c'est que le Barys est bâti sur un "cinq majeur" nord-américain qui a le gros du temps de jeu et de la contribution offensive. La priorité était donc la prolongation des contrats du trio Dawes-Boyd-Bochenski.

Néanmoins, la formation d'une deuxième ligne dangereuse reste un enjeu. Deux passeurs de 32 ans, l'ex-international russe Aleksandr Kaïgorodov et l'attaquant canadien Martin Saint-Pierre, ont été recrutés pour alimenter les finisseurs kazakhs que sont Vadim Krasnobolotsev et Roman Starchenko.

Du haut de ses 194cm et 100kg, Keaton Ellerby, qui a perdu sa place à Winnipeg après quatre saisons de NHL, est quant à lui censé verrouiller la zone défensive quand la première ligne n'est pas sur la glace : si le Barys parvient à ne plus être l'équipe d'une seule ligne, il sera pris plus au sérieux.

 

C'est une étonnante transhumance qui s'est opérée cet été en Extrême-Orient : tous les dirigeants de l'Admiral Vladivostok sont passés en bloc à l'Amur Khabarovsk, avec l'entraîneur Sergei Shepelev et sept joueurs. Parmi eux, les frères Ushenin, mais surtout deux étrangers, l'attaquant suédois Tom Wandell et le défenseur Kolar.

Cet international tchèque Jan Kolar, est clairement le transfert-clé dans lequel le club a investi. Son incroyable fiche de +23 quand aucun coéquipier ne dépassait +8) a été monnayée très cher, plus d'un million d'euros de salaire annuel. Kolar obtient même un collègue et ami, l'attaquant Tomas Zohorna, avec qui il a été champion tchèque en 2010 et 2012 dans sa ville natale Pardubice. L'attaque paraît tout de même moins bien dotée que la défense, également renforcée du relanceur Vitali Atyushov, ex-international russe.

Les performances de l'Amur Khabarovsk dépendront donc énormément du gardien. Et le club espère avoir fait une bonne pioche avec Juha Metsola, un petit gabarit mobile et agile comme seule la Finlande sait en produire : que deviendront ses 93% d'arrêts en carrière avec Tappara dans l'adversité de la KHL ?

 

Le grand départ vers Khabarovsk signifie-t-il que l'Admiral Vladivostok est dépouillé et condamné à finir derrière son rival local ? Pas forcément. Le meilleur marqueur Niclas Bergfors, lui, est resté. Et en sens inverse, l'Admiral a obtenu en échange Dmitri Lugin, un joueur né à Khabarovsk (!) et aussitôt intronisé assistant-capitaine après son changement de tunique.

Bien sûr, il faut remplacer Kolar. Mais deux étrangers sont arrivés pour solidifier la défense. Le Letton Oskars Bartulis, qui occupait un rôle mineur au Barys Astana, a été nommé capitaine. L'ancienne star junior Jonathon Blum s'est partagée depuis cinq ans entre NHL et AHL, sans jamais franchir le cap attendu : à défaut des déménagements pendulaires en Amérique, il se "stabilisera" à Vladivostok, même si cela signifie qu'il passera son temps dans les lointains déplacements en avion vers la Russie européenne. Les qualités de patinage de Blum doivent en faire un joueur intéressant sur les grandes glaces russes.

Ce qui différencie l'Admiral de son adversaire d'Extrême-Orient, c'est le poste de gardien. Pas d'étranger, mais deux jeunes Russes qui prennent beaucoup plus de place que le petit Metsola. Avec 193cm et 97kg, Ivan Nalimov a joué la moitié des rencontres la saison passée, avec un pourcentage d'arrêts moyen de 90%. Avec 197cm et 108kg, Igor Bobkov a été considéré comme un gabarit idéal pour la NHL moderne, mais il a été totalement bouché dans l'organisation d'Anaheim par le super-espoir Gibson et par des vétérans, au point de finir en ECHL. Il s'est donc résolu à franchir l'Océan Pacifique pour relancer sa carrière.

 

Le Metallurg Novokuznetsk est conduit par un coach de grande expérience, Nikolaï Soloviov, 64 ans, qui l'avait déjà entraîné de 2003 à 2006, et qui a été engagé début mars avec Sergei Kotov, déjà son adjoint au Severstal. Mais sur la glace, aucune chance de trouver des cheveux grisonnants !

La moyenne d'âge de l'équipe est la plus basse de KHL, inférieure à 23 ans, et ce n'est pas juste une moyenne apparente, faussée comme c'est souvent le cas par des juniors déclarés dans l'effectif sans qu'ils jouent en pratique. 23 ans, c'est vraiment aussi la moyenne d'âge de la première ligne ! Le défenseur Cade Fairchild (26 ans) et le centre Ryan Stoa (28 ans), les deux Nord-Américains déjà là l'an passé, y côtoient en effet une insolente jeunesse russe, celle qui a très rarement sa place habituellement.

À un poste de défenseur où l'expérience est très valorisée, Roman Manukhov, formé à Ekaterinbourg et qui avait un seul match de KHL au compteur (chez le Lokomotiv), a été placé directement sur la première paire à 21 ans ! Maksim Kazakov, 22 ans, venu d'Omsk, a pris place sur une aile pendant que l'autre est dévolue à Kirill Kaprizov, 18 ans à peine. Formé au club où il a commencé à 4 ans, ce joueur créatif est le seul titulaire de son âge en KHL. Malgré son petit gabarit, Kaprizov, qui a le hargneux Radulov comme modèle, ne montre aucune réticence dans les duels face à des adultes plus costauds que lui.

Même si la présence en play-offs de Novokuznetsk reste toujours improbable (la dernière remonte à 2007), le Metallurg redevient en tout cas lui-même, un club formateur et développeur de talents.

 

Marc Branchu

 

 

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