Épinal, un nouveau standing grâce au naming ?

 

L'idée d'un "naming" ayant depuis longtemps fait son chemin dans l'esprit des dirigeants spinaliens, il fallait bien s'attendre à voir les Dauphins disparaître du grand bestiaire de la Ligue Magnus. Et ce jour est arrivé le 4 juillet dernier, lors d'une grande soirée organisée à Poissompré devant 900 spectateurs (!) impatients de voir les grands décideurs du hockey vosgien dévoiler leur ambitieux projet, intimement lié à l'apport d'un nouveau sponsor et à l'engagement d'un mécène providentiel apparu l'an passé. Un véritable "touche-à-tout" de l'Internet originaire d'Épinal et reconnu, sur la toile, pour ses talents de consultant (notamment dans le domaine du référencement) et d'éditeur de sites web. Un entrepreneur passionné de sports et fondateur de plusieurs start-ups, dont une spécialement dédiée à la conception et au développement de jeux vidéos en ligne, sur tablettes ou smartphones (les studios GamYo).

Le changement, c'est maintenant !

Récemment revenu dans ses Vosges natales, Romain Casolari s'est donc lancé dans la grande aventure du hockey, apportant sa contribution financière par le biais d'un partenariat très particulier débouchant sur le tout premier "naming" de l'histoire du hockey français. Et qu'on se le dise, les GamYo d'Épinal, officiellement nés un 4 juillet, entendent de donner les moyens de leurs ambitions pour surfer sur la vague du succès. Sans rien précipiter, en bâtissant dans la durée pour "décrocher un titre dans les six ans", objectif avoué d'un Casolari désireux de "construire, étape par étape, une grande équipe de Magnus".

Les ex-Dauphins d'Épinal ont donc pris le nom de leur nouveau bailleur de fonds et s'affichent désormais en orange et noir, dans une tenue rappelant autant le maillot des Flyers de Philadelphie (NHL) que celui des Graz 99ers (EBEL). De nouvelles couleurs que les Gamyo entendent hisser haut, portés par un public fervent qui répondra immanquablement présent dans les bons comme dans les mauvais moments.

Autant dire que si les résultats suivent, on ne manquera pas de se re-demander si l'on n'a pas vu trop petit dans la reconstruction de Poissompré. La patinoire spinalienne a affiché le meilleur taux de remplissage de toute la Ligue Magnus (96 %) l'an passé et fait salle comble lors des dix derniers matchs de championnat (play-offs inclus, avec plus de 1 500 spectateurs en moyenne). Cet engouement a d'ailleurs éclipsé les déboires extra-sportifs rencontrés l'été dernier, lorsque les dirigeants spinaliens, menacés d'une invalidation, avaient dû repenser un budget doublement retoqué par le "gendarme financier" de la "Fédé" et parapher un contrat d'objectif financier (COF) les enjoignant à dégager un excédent d'au moins 121 000 euros à l'issue de la saison.

S'il garde au chaud la somme de 123 000 euros provisionnée en vue du litige toujours d'actualité avec l'URSSAF, le club, dont le budget (qui a presque doublé en huit ans) atteint désormais 1,2 millions d'euros, a toutefois pu compter sur l'indéfectible apport de ses sponsors et le précieux soutien de Romain Casolari, sans qui ce défi n'aurait peut-être pas été réussi : quelque 131 000 euros de bénéfice ont été annoncés lors de l'assemblée générale.

Cette santé financière retrouvée a valu à l'ICE d'être validée sans condition. Un heureux dénouement qui n'avait rien d'évident quelques mois auparavant, lorsqu'un COF aux allures d'épée de Damoclès planait au-dessus des Dauphins, pour qui remplir régulièrement Poissompré apparaissait alors comme une impérieuse nécessité. Mais en donnant au public l'assurance d'y passer une bonne soirée, joueurs et dirigeants spinaliens sont parvenus à le fidéliser. C'est-là l'une des grosses satisfactions d'une saison riche en émotions. Un exercice pourtant pas commencé sous les meilleurs auspices, mais qui aura réservé d'agréables surprises aux habitués de Poissompré, où l'ICE s'est seulement inclinée devant Briançon et Rouen en saison régulière.

Entre absences préjudiciables et perméabilité coupable

Les supporters spinaliens sont pourtant restés sur leur faim avec l'élimination prématurée de leurs Dauphins. Une sortie qu'il serait bien trop commode d'imputer aux seuls aléas du calendrier. Et pourtant, en atteignant les quarts de finale du tournoi olympique, la Slovénie n'a pas seulement rédigé la plus belle page de son histoire hockeyistique. Elle aura également influencé le destin des Dauphins en rallongeant d'une journée l'indisponibilité des deux internationaux spinaliens... au moment où l'ICE en avait le plus besoin ! Les retours d'Anže Kuralt et Andrej Hocevar, espérés au lendemain d'un naufrage collectif (5-8), n'étant intervenus qu'à la veille d'un déplacement décisif. Dans la foulée d'un second sabordage (2-7) à Poissompré... que les seules présences d'Hocevar et Kuralt auraient peut-être pu empêcher !

Toujours est-il qu'Épinal a vu sa saison s'abréger du côté de Chamonix, à l'issue d'une mort-subite n'ayant jamais aussi bien porté son nom (6-7 a.p.). Une sortie laissant un fort goût d'inachevé à cet ensemble vosgien plein de caractère et doté d'un potentiel offensif certain. Mais incontestablement desservi par l'incon(si)stance d'un secteur défensif apparu beaucoup trop permissif tout au long de l'exercice.

Cette rencontre fut à l'image d'une saison riche en buts et en rebondissements, où l'excellent rendement des attaquants s'avéra insuffisant pour combler les manquements d'une défense ouverte à tous vents, qui aura encaissé 112 buts en saison régulière (seuls les barragistes caennais et brestois firent pire)... et 22 en seulement trois matchs de play-offs !

Une bonne équipe n'est rien sans un excellent gardien. Mais lorsque celui-ci doit s'efforcer à colmater les brèches laissées par ses coéquipiers, il ne peut espérer garder très longtemps sa cage inviolée. Et sans de solides fondations, marquer plus de buts que l'adversaire ne suffit pas toujours pour l'emporter... surtout quand l'attaque est tenue à bout de crosse par le talent et la complémentarité d'une poignée d'individualités, jamais si dangereuses que lorsqu'elles parviennent à combiner pour accélérer le jeu. On pense notamment à ce trio Kuralt-Petrák-Plch qui assura près de la moitié des buts marqués l'an passé.

Cette ligne "tchéco-slovaquo-slovène" fut d'ailleurs perçue comme l'arme fatale d'Épinal. La fougue, l'abatage et la vista d'Anže Kuralt se sont merveilleusement accordés à l'incomparable vision du jeu d'un Ján Plch répondant toujours présent, du haut de ses trente-neuf printemps, aux côtés d'un Michal Petrák ayant tout bonnement réalisé sa meilleure saison depuis son arrivée dans le championnat français. Le centre tchèque a véritablement affolé les compteurs et a même failli s'adjuger le trophée Ramsay décerné au meilleur pointeur de Ligue Magnus...

Les deux feront toujours la paire

Les exploits individuels de Petrák n'ont pourtant pas éclipsé les qualités d'un Ján Plch n'ayant décidément rien perdu de sa vision du jeu éclairée... ni de son sens du but, toujours aussi aiguisé ! Le vétéran, véritable légende vivante du hockey spinalien (et symbole fort des "années Dauphins") reste une valeur sûre au pointage. Un monstre de régularité et d'efficacité avec ses 25 buts marqués toutes compétitions confondues. Mais ce talent à l'épreuve du temps, qui ne donne jamais l'impression d'être un vétéran, put compter, il est vrai, sur l'indéfectible appui de son éternel compère. Michal Petrák pour ne pas le citer. Une individualité n'ayant décidément pas son pareil pour marquer (ou faire marquer) en mystifiant défense(s) et gardien(s) avec sa formidable dextérité et dont les éclairs de génie gomment les imperfections d'un jeu pas toujours parfait. L'intéressé se perdant parfois dans des contrôles ratés, des transmissions mal assurées ou des relances dans l'axe inappropriées.

Doué mais inconstant, l'attaquant formé à Kladno ne force pas toujours son talent. Et peut donc souffler le chaud et le froid au cours d'une seule et même soirée. Mais qu'on le veuille ou non, sa capacité à renverser le cours d'un match sur une action individuelle en font un joueur exceptionnel, à surveiller comme le lait sur le feu. Un élément souvent décisif, qui vaut près d'un point et demi par match en Ligue Magnus et restera pour longtemps le deuxième meilleur compteur d'Épinal en élite... derrière Ján Plch.

Michal Petrák, qui rallongea d'un mois sa saison en allant jouer les prolongations dans le Piémont (avec Valpellice, où il débuta comme étranger surnuméraire avant de disputer les play-offs italiens dans leur intégralité, profitant notamment des blessures et suspensions qui frappèrent le contingent nord-américain des Bulldogs), imita donc Anže Kuralt, parti lui, sitôt l'élimination prononcée, renouer avec les joutes d'une Erste Bank Liga qu'il fréquenta, il y a quelques années, sous les couleurs de Jesenice. Les Graz 99ers, confrontés à la blessure de Daniel Woger, l'avaient recruté pour compléter leurs rotations offensives.

Utilisé avec parcimonie (car affecté au quatrième trio), Kuralt n'aura pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. Mais cet ailier très complet, qui n'a pas peur d'aller "gratter" les palets, trouva tout de même le moyen de marquer à son troisième et dernier match en élite autrichienne, démontrant une fois encore qu'il n'a pas besoin d'énormément d'occasions pour les mettre au fond. Une efficacité appréciée à Épinal... où il n'était pas loin d'être l'attaquant numéro un !

Difficile pourtant d'imaginer qu'un si redoutable finisseur sommeille sous les traits juvéniles de ce jeune premier, grande révélation d'une saison qui l'aura vu prendre une nouvelle dimension. Aussi rapide sur ses patins qu'habile de ses mains, doté d'une belle vista et d'un sacré sang-froid face au gardien, Kuralt exploite aussi bien les espaces qu'il ne voit le jeu et peut tout à fait scorer de loin, en dégainant des tirs aussi précis que puissants. Autant de qualités qui lui permirent de réaliser cinq doublés et deux triplés entre la mi-septembre et la fin décembre. Une forme olympique qui éteignit le souvenir de Danick Bouchard. Et lui valut d'être sélectionné pour les J.O. de Sotchi (mais seulement en temps de remplaçant). Un statut de réserviste partagé avec Andrej Hocevar, troisième gardien dans la hiérarchie nationale (derrière Gracnar et Kristan).

Ces nominations furent donc aussi valorisantes pour le hockey spinalien que pénalisantes pour les Dauphins, contraints de finir le championnat régulier et d'amorcer les phases finales sans deux de leurs meilleurs éléments. Un vide qu'ils n'ont pu totalement combler : les cages n'ont évidemment pas été si bien gardées par ce duo Ravel-Mauffrey si "perméable" qu'il représenta l'abyssal total de 39 buts alloués en seulement 6 journées de championnat...

Le processus de renforcement des bases arrières passait donc par l'engagement d'une doublure de plus grande envergure. D'un back-up plus solidement référencé que Nicolas Ravel et Pierre Mauffrey, deux jeunes portiers plein de bonne volonté mais n'ayant véritablement pu se départager l'an passé. Ravel, réputé plus friable mentalement que son alter-ego (mais considéré plus fort techniquement), n'a d'ailleurs pas su saisir sa chance et s'imposer comme un incontestable numéro deux, n'apportant de ce fait aucune garantie (à ce niveau) sur ce poste-clé. Mais faute de vivier suffisant, aucun portier français n'a pu être engagé pour subvenir à ce besoin.

Vous l'aurez compris, Nicolas Ravel et Pierre Mauffrey seront donc encore chargés de de pallier les éventuelles indisponibilités d'Andrej Hocevar. Un portier sûr et régulier (comme Épinal n'en avait plus connu depuis de longues, très longues années) qui fait le métier devant le filet et assure autant qu'il rassure grâce à ses reflexes, sa gestion des rebonds et sa propension à essuyer, sans trembler, des pluies de lancers.

Fort d'une certaine expérience internationale, le Slovène est assurément l'un des tous meilleurs gardiens du championnat français. Mais aussi le principal atout défensif des Dauphins. Force est toutefois de constater que l'ex-Angevin pâtit trop souvent de l'inconstance de sa défense et de ses coéquipiers. Principale conséquence de cette irrégularité, sa moyenne de buts très élevée (qui frise les 4 buts encaissés par matchs) écorne son pourcentage d'arrêts (90%).

Il convenait donc de pourvoir Andrej Hocevar d'une meilleure assise défensive que l'an passé, où seuls Martin Charpentier, Francis Meilleur et Maxime Ouimet firent véritablement l'unanimité. Gašper Sušanj, trop souvent débordé et pas toujours très alerte défensivement, a laissé une impression mitigée. Le grand gabarit slovène (1,86 m pour 95 kg), très lourd sur ses patins, a pourtant passé deux fois moins de temps sur le banc des pénalités et davantage contribué offensivement qu'à sa première saison.

Évoluant dans un registre exclusivement défensif, Maxime Ouimet n'a lui plus rien à prouver. Souvent intraitable en un-contre-un, propre dans ses relances, solide dans les duels et dur sur l'homme, l'ancien capitaine du Drakkar de Baie-Comeau (LHJMQ) est véritablement devenu l'âme de la défense spinalienne. Jouant plus physique que ne le laissent suggérer ses mensurations (1,81 m pour 85 kg), le Canadien est un farouche compétiteur, connu pour tout donner et ne rien lâcher crosse en mains et patins aux pieds. Revers de la médaille, ce tempérament de battant (doublé d'un petit côté "guerrier") très apprécié à Poissompré lui vaut d'attirer régulièrement l'attention des référés.

Peu entreprenant offensivement (et pas franchement doté d'un "gros" lancer), Maxime Ouimet s'était trouvé en Francis Meilleur un parfait allié. Tous deux forment une sacrée paire, aussi solide que complémentaire, partageant la même combativité pour assurer la meilleure des gardes rapprochées. L'impact physique, l'intensité et l'engagement de tous les instants qui caractérisent le jeu d'Ouimet, défenseur de caractère sur lequel nombre d'attaquants se sont cassé les dents, s'accordent parfaitement au profil plus offensif de Meilleur, que l'on croyait bien parti pour rester...

Mais voilà, l'intéressé est allé voir ailleurs, cédant finalement aux avances du promu lyonnais. Un coup dur pour l'ICE, qui espérait prolonger son meilleur défenseur, tardivement recruté afin de pallier la défection de Sébastien Bisaillon. Un deuxième choix de première qualité tant Meilleur, le bien nommé, ne tarda pas à s'affirmer comme l'une des pièces maîtresses du collectif spinalien, modérant les prises de risques tout en apportant sa pierre à l'édifice offensif grâce à sa clairvoyance et à la précision de ses transmissions, qui furent autant de rampes de lancement pour ses avants.

Goulet, le patron qu'il fallait

Mis devant le fait accompli, l'état-major spinalien s'est démené pour lui trouver un digne remplaçant, y parvenant en s'attachant les services d'Alain Goulet, un défenseur grand format (1,90 m pour 88 kg) réputé pour sa solidité et sa force de frappe digne d'un "bombardier". Un blueliner qui fit forte impression à Poissompré l'an passé, lors du tournoi international remporté par son ancien club du Saryarka Karaganda.

Arrière élancé doté d'une grande mobilité, ce Franco-ontarien de 25 ans originaire de Kapuskasing (l'un de ces bastions francophones situés dans l'Est de l'Ontario) se lançait alors dans le grand bain du hockey européen après plusieurs années passées à batailler aux quatre coins du continent nord-américain. Tout d'abord dans le junior A ontarien (il en sera d'ailleurs champion en 2007 avec les Tigers d'Aurora) puis en NCAA avec les Mavericks de Nebraska-Omaha, faisant notamment parler la poudre en supériorité avec son slap surpuissant. Goulet quittera toutefois les rangs universitaires en décembre 2008 pour rejoindre le junior majeur québécois et plus particulièrement les Olympiques de Gatineau, dont il deviendra le meilleur défenseur et le pilier du powerplay (avec 16 buts et 45 points enfilés en 46 matchs joués, play-offs compris).

Capable de rapidement se projeter vers l'avant (une qualité rappelant son passé d'attaquant), ce grand talent impressionna plus d'un observateur durant son passage à Gatineau. Mais pas son nouvel entraîneur Jérôme Dupont, un Franco-ontarien qui le connaît bien (pour l'avoir déjà dirigé à Aurora) et croyait dur comme fer à une belle carrière de son poulain, ne tarissant pas d'éloges à son sujet. "Il est très agile, a un physique imposant, un tir foudroyant, des bonnes mains, une bonne vision du jeu et il prend de bonnes décisions. Il a tout ce qu'il faut pour jouer dans la LNH."

Mais voilà, malgré tous les efforts déployés lors des différents camps d'entraînement, Alain Goulet n'aura jamais eu la chance de jouer dans la cour des grands. L'ancien choix de sixième ronde des Bruins de Boston (en 2007) a été envoyé en Ligue américaine (AHL) pour la saison 2009-10 dans le club-école de Providence (marquant 3 buts et 18 points en 71 parties) avant d'être assigné à l'échelon inférieur. Après trois années passées à griffer les glaces d'ECHL, le grand défenseur canadien éprouva le besoin de changer d'air l'été dernier. Aussi répondit-il favorablement à l'appel venu du lointain Kazakhstan, gonflant ainsi les rangs d'un des plus sérieux prétendants à la coupe Bratine (le Graal ultime en VHL). Un Saryarka aussi cosmopolite qu'impressionnant sur le papier. Et surtout suffisamment solide, en fin de saison, pour décrocher son premier titre de champion depuis son accession en 2e division russe. Une quête victorieuse à laquelle contribua Goulet, titulaire du meilleur différentiel (+ 16) de tous les défenseurs officiant dans l'antichambre de la KHL !

Autant dire qu'avec une telle recrue, l'ICE n'a pas seulement compensé le départ de Francis Meilleur. Elle a également relativisé celui de Yoann Chauvière, l'attaquant reconverti capable d'évoluer derrière ou devant selon les besoins du moment, qui aura définitivement trouvé sa place dans l'alignement malgré son manque d'expérience à l'arrière, particulièrement lorsqu'il se retrouve en position de dernier défenseur, où il reste une proie facile pour les dribbleurs les plus habiles. Ce défenseur très offensif n'a en revanche rien à envier aux meilleurs "blueliners" question lancers, puisqu'il est devenu, l'an passé, le troisième meilleur buteur de tous les défenseurs (derrière Carl Hudson et Kyle Hardy, mais ex aequo avec Milan Tekel, Gašper Sušanj et Francis Meilleur). Un joli tir groupé des trois arrières spinaliens, auteurs de cinq buts chacun en saison régulière... et tous classés dans le top-10 des meilleurs défenseurs-pointeurs (avec 55 points cumulés à eux trois) !

Pas en reste, l'attaque vosgienne a elle placé six de ses représentants parmi les vingt-deux meilleurs compteurs du championnat "régulier". Six joueurs à plus de trente points réunis sur deux trios n'ayant pourtant pas laissé la même impression. La prolifique association Kuralt-Petrák-Plch (61 buts) s'est montrée autrement plus décisive - et convaincante - que laa ligne Cacciotti-Breault-Perna (40 buts). Mais il faut bien reconnaître que les Canadiens, qui s'en sont sortis avec des différentiels négatifs (contrairement au trio "tchéco-slovaquo-slovène", largement positif à l'image d'un Plch culminant à +18), ne formaient pas nécessairement la meilleure des triplettes. Cette ligne, constituée d'un gros travailleur (Cacciotti) et d'un excellent passeur (Breault), avait cruellement manqué d'un vrai finisseur (que n'était définitivement pas Perna)...

Cap à l'Ouest (ou direction Dijon) pour Breault, Cacciotti et compagnie

Aussi l'ICE s'est-elle délestée des trois Québécois, réglant assez rapidement le cas de Perna. Mais concernant Benjamin Breault et Steven Cacciotti, le doute fut longtemps permis. Et en l'absence de communication officielle, ce furent eux qui annoncèrent, en avant-première, leur non-reconduction sur les réseaux sociaux. La presse locale apportant quelques précisions, comme celles d'un Anthony Maurice ayant estimé Steven Cacciotti un peu trop "gourmand" financièrement. Une décision regrettée tant l'Italo-canadien, capitaine écouté et respecté fut, ces deux dernières années, l'un des joueurs plus appréciés à Poissompré. L'ancien Nocéen n'était pourtant pas le plus flamboyant des ailiers, ni même le rapide ou le plus talentueux des attaquants spinaliens. Mais en se retroussant les manches pour śuvrer aux quatre coins du terrains, le Québécois est vite devenu un élément-clé de l'effectif vosgien.

Steven Cacciotti, qui brilla jadis dans l'ombre de Danick Bouchard et Sébastien Gauthier, a dû tisser une nouvelle complicité avec deux nouveaux coéquipiers. Un ailier droit vieillissant et pas toujours très inspiré (Domenico Perna) comparé à Benjamin Breault. Un jeune centre créatif, dynamique, combatif, doué et dévoué, mais qui n'a jamais vraiment donné l'impression d'avoir pu évoluer au maximum de ses capacités. Comme s'il n'était pas suffisamment bien entouré pour donner la pleine mesure de ses possibilités.

Malgré son envie et ses grandes qualités, Breault n'a pas totalement été le leader offensif espéré. Lui qui fut un gros pointeur dans le junior majeur québécois pouvait, il est vrai, difficilement compter sur Perna pour finaliser les actions, accélérer le jeu ou enflammer les débats. Ŕ n'en pas douter, la vivacité d'un Kuralt ou d'un Hordelalay aurait mieux convenu à cet attaquant dynamique et entreprenant, pas avare d'efforts et s'impliquant totalement défensivement. Un investissement sans faille contrastant avec l'attentisme de son (ex-)ailier droit Dominic Perna, un "lutin" italo-canadien (1,65 m) qui valait son pesant de points au second échelon transalpin. Mais n'aura strictement rien montré pour son retour en Ligue Magnus, peinant à suivre le rythme et accusant souvent un temps de retard dans ses actions. Il faut dire que l'ex-Tourangeau n'avait rien d'une "fusée sur patins".

Sorti enthousiasmé de sa première expérience française, Benjamin Breault n'est pas resté longtemps en rade. Les dirigeants brestois, confrontés au départ de David Croteau, ont sauté sur l'occasion de lui proposer un nouveau pied-à-terre en bord de mer. Idem pour l'état-major dijonnais, qui s'est empressé d'engager Steven Cacciotti. Dominic Perna ayant lui rapidement signé en faveur des Corsaires nantais, s'en allant sans regrets, car très avantageusement remplacé par un buteur, un vrai ! Un jeune attaquant méconnu, mais qui n'est pourtant pas le premier venu...

Une équipe jeune, ambitieuse… et française !

Ken Ograjenšek est considéré comme l'un des joueurs slovènes les plus talentueux de sa génération. Grand ami d'Anže Kuralt, ce rapide ailier bourré de qualités est un scoreur-né qui affole les compteurs depuis ses plus jeunes années avec les U20 de Celje, avant de partir griffer la glace du Tivoli sous les couleurs vertes de l'Olimpija. Du moins son équipe réserve. Désigné meilleur joueur de Slohokej Liga à seulement dix-huit ans, Ograjenšek verra s'ouvrir les portes du groupe fanion s'alignant en élite autrichienne. Mais l'attaquant vedette, débarqué sur la pointe des pieds, mettra deux saisons à véritablement s'imposer, profitant d'un temps de glace accru, l'an passé, pour exprimer toutes ses capacités. Redoutable à bout portant (ses frappes sèches ne laissent généralement aucune chance aux gardiens) et souvent bien placé aux abords du filet, il se montrera suffisamment opportuniste et inspiré pour régulièrement trouver le chemin des filets.

Trop mal classé pour participer aux play-offs autrichiens (les modestes moyens du club de la capitale le cantonnant aux bas fonds d'un championnat très relevé), l'Olimpija se consolera en remportant les quatre matchs nécessaires à l'obtention d'un vingt-septième titre de champion de Slovénie avec Ograjenšek en meilleur compteur de ces phases finales raccourcies. Buteur impénitent, Ograjenšek aura donc attiré l'attention de plusieurs clubs français. Dont Briançon, qui paraissait bien placé pour s'attacher les services du natif de Celje. Mais c'était sans compter sur la possibilité d'évoluer aux côtés d'Anže Kuralt à Épinal pour reformer ce duo détonant qui fit fureur en équipe nationale U18 et U20 il y a quelques années.

La "colonie" slovène d'Épinal s'est donc agrandie, confirmant que cette filière est effectivement un bon filon. Mais l'importance croissante du "made in France", qui prend tout son sens avec ce nouveau point de règlement contraignant les clubs à aligner dix joueurs de champ formés localement en plus du gardien remplaçant, aura encouragé l'état-major spinalien à privilégier l'engagement d'éléments non-étrangers. Et à faire du recrutement de ces "JFL" une priorité. Désireuse, depuis longtemps, d'enrôler un attaquant français de premier plan, l'ICE est ainsi parvenue à ses fins en mettant la main sur le meilleur pointeur français du dernier championnat, auteur de la meilleure saison de sa jeune carrière. Son nom ? Grégory Beron !

C'est un gros coup qu'ont donc réussi les dirigeants spinaliens, pas peu fiers d'avoir pris dans leurs filets cet ailier très complet doté d'un gros lancer, d'excellentes mains, d'un bon coup de patin et capable de marquer de près comme de loin. Un international en devenir qui s'est paré de "bleuet" dans ses jeunes années et aura été plus d'une fois amené à "dépanner" derrière. Tant en équipe de France U20 qu'avec Amiens, où il se révéla un soir de décembre 2007, à Rouen, en suppléant Élie Marcos sur la première ligne au début du troisième tiers-temps... pour signer son premier doublé chez les "grands" !

Devenant incontournable aux côtés d'Anthony Mortas et Rod Stevens, Grégory Beron terminera la saison sur l'aile gauche du premier trio amiénois et s'affirmera comme l'un des plus sûrs espoirs du hockey français. Une destinée quelque peu contrariée par son retour sur la troisième ligne et ses repositionnements plus ou moins temporaires à l'arrière. Gardant la confiance d'Antoine Richer, Grégory Beron passera l'hiver 2010/11 "au chaud" (sur le premier trio) et verra ses bonnes prestations récompensées d'une sélection en équipe de France A' pour deux tournois. Et c'est en Haute-Savoie qu'il explosera, inscrivant notamment huit buts dans le seul mois de janvier pour définitivement s'affubler du casque blanc de top-scoreur morzino-gêtois. Comment donc s'étonner de l'avoir vu disputer les quatre premières manches de l'Euro Challenge avec l'équipe de France en avril dernier avant de subir le retour progressif des expatriés... et d'être retranché.

La troisième ligne n'est plus la cinquième roue du carrosse

Comme bien d'autres Samariens avant lui (les Julian Marcos, Rémi Caillou, Guillaume Menessier, Fabien Leroy et autres Frédéric Dehaëne... sans oublier Christophe Ribanelli, qui resta plusieurs années en Picardie), Beron s'en vient donc gonfler les rangs spinaliens. Il retrouvera quelques-uns de ses anciens coéquipiers chez les Gothiques d'Amiens, comme Pierre-Charles Hordelalay ou encore l'ailier Yannick Offret, un joueur de complément besogneux, parfois rugueux (78' de pénalités récoltées en 26 journées, dont 62' découlant de bagarres ou de charges inappropriées) et trop souvent inexistant offensivement (aucun but l'an passé).

On est loin de l'impression laissée par le remuant Pierre-Charles Hordelalay, un buteur énergique, rapide et technique qui aura laissé entrevoir de belles possibilités sans pour autant "cartonner". Rien d'étonnant là-dedans : l'ex-Rémois a été le centre attitré d'un troisième trio volontaire, mais limité, où l'ultime poste vacant fut essentiellement dévolu aux joueurs du cru. Le départ de Victor Pivron (qui termina la saison au Star Lausanne, en troisième division helvétique) et l'éviction du capitaine déchu Fabien Leroy (un temps reconverti attaquant) ont permis à Anthony Rapenne (puis Kevin Benchabane) d'avoir droit à leur part du gâteau. Mais ces deux-là, tous valeureux qu'ils soient, touchent aux limites de leurs capacités et voient désormais poindre la concurrence d'un autre jeune Spinalien. Une relative émulation puisque Maxime Martin (19 ans), qui montra le bout de son nez en fin de saison passée, devra lui aussi se contenter d'un rôle de figurant avec l'arrivée d'un ailier ultra-rapide et autrement plus talentueux.

Peter Valier, puisque c'est de lui dont il s'agit, ne manque pas de qualités. Alliant vitesse et technicité, l'attaquant de 22 ans formé aux Jokers de Cergy est un "diamant brut". Un gros potentiel capable de s'engouffrer dans les plus petites brèches pour donner du fil à retordre à n'importe quelle défense du championnat. Ancien pensionnaire du centre de formation rémois (auquel il fit une petite infidélité en intégrant, pour un an, le giron amiénois), le Francilien s'est vu lancé dans le grand bain de la D1 à seulement 17 ans, portant le maillot des Phénix dans trois catégories (U18, U22 Élite et senior) avant d'endosser celui des Dragons. Et d'arracher un premier titre de champion de France espoir (sur la première ligne d'Anthony Rech et Alexandre Mulle). Sa voie paraît alors toute tracée.

Vu comme l'un les plus prometteurs de sa génération, celui qui était encore international junior se voit progressivement incorporé au groupe professionnel, profitant notamment d'une soirée portes ouvertes à l'Ile-Lacroix pour s'offrir un premier doublé en Ligue Magnus face à des Dauphins totalement dépassés (17-4). Mais un petit écart de conduite lui vaudra d'être sanctionné par Rodolphe Garnier, qui lui fermera ensuite les portes de l'équipe première. Dans l'impasse à Rouen, l'international A' est donc parti rebondir à Dijon, où il tira son épingle du jeu sur le troisième trio bourguignon et gagna en maturité auprès d'un Jarmo Tolvanen l'ayant indéniablement fait progresser. Mais peut-être aurait-il pu apporter encore plus aux Ducs que ses treize buts marqués en deux ans. C'est en tout cas le ressenti des habitués de Trimolet, aussi impressionnés par son explosivité et sa faculté à provoquer des pénalités qu'interpellés par son irrégularité.

L'arrivée de Peter Valier devrait donc faire le plus grand bien au troisième trio spinalien, également renforcé par la signature de Vincent Kara, son ancien coéquipier dijonnais (2012-13), qui apportera sa touche physique dans les duels. Le Chamoniard de 24 ans, né et formé au pied du Mont-Blanc, se définit d'ailleurs comme un joueur "assez physique, qui travaille dur dans les coins et peut marquer de temps en temps". Une description conforme à la réalité de cet énergique ailier labellisé "CHC" plein d'ambition à Dijon il y a deux ans... sans pour autant parvenir à s'y imposer !

Répondant souvent présent dans les duels, ce Chamoniard de 24 ans (né et formé au pied du Mont-Blanc) se définit d'ailleurs comme un joueur "assez physique, qui travaille dur dans les coins et peut marquer de temps en temps". Une description conforme à la réalité de cet énergique ailier labellisé "CHC" plein d'ambition à Dijon il y a deux ans... sans pour autant parvenir à s'y imposer !

Cette nouvelle tentative d'expatriation représente peut-être sa dernière chance de briller en Ligue Magnus sous des couleurs autres que celles de son club formateur. Un club de cśur qu'il a pourtant quitté dans ses jeunes années pour tenter sa chance en République tchèque (et notamment chez les espoirs du HC Vítkovice, le grand club d'Ostrava) et qu'il aurait aimé délaisser, en août 2009, pour s'établir à Spišská Nová Ves (alors promu en Extraliga slovaque). Un essai non transformé qui n'aura pourtant pas empêché Vincent Kara d'effectuer, dans la foulée, la meilleure saison de sa (jeune) carrière au côté de Clément Masson et Matthias Terrier avec 11 buts marqués (et 35 points compilés) durant cet hiver 2009-10 qui le vit revenir "bronzé" du mondial junior de Herisau (Suisse). Et s'affirmer comme l'un des grands espoirs français du moment. L'attaquant haut-savoyard rentrera quelque peu dans le rang, se montrant toujours performant (il vaut ses dix buts par saison) sans pour autant "crever l'écran". Rentré à Chamonix l'été dernier, Vincent Kara s'est relancé, terminant notamment l'exercice auprès de Kevin Gadoury et Julien Tremblay, contribuant à l'élimination prématurée des Dauphins. L'international A' pourrait apporter une belle valeur ajoutée à ce troisième spinalien n'ayant jamais eu si fière allure sur le papier.

Un constat qui s'étend également à la défense qui avait cruellement besoin d'une "présence" derrière (aussi rassurante pour ses coéquipiers qu'intimidante pour ses adversaires) et qui tient, en Alain Goulet, son gros calibre étranger. Un Canadien apporte ces solides garanties à laquelle s'ajoute la discrète efficacité de Martin Charpentier, un jeune défenseur purement défensif, encore un peu "léger" physiquement mais consciencieux et très peu pénalisé malgré son temps de jeu. Une sobriété innée chez ce pur produit du hockey spinalien revenu, l'an passé, d'une fructueuse parenthèse gapençaise et comptant, à seulement 21 ans, trois saisons d'ancienneté au plus haut niveau français.

Un champion d'Italie à Poissompré

Aux âmes bien nées, la valeur n'attend donc pas le nombre des années. Mais l'expérience est-elle pour autant gage de sûreté ? Rien n'est moins sûr concernant Peter Slovák, qui a depuis longtemps fait son temps et ne s'apparente plus, aujourd'hui, qu'à un joueur de fond d'alignement. Nathan Ganz, qui effectue son grand retour en équipe première, n'a lui pas grand-chose à espérer. Contrairement à Maxime Moisand, un défenseur d'avenir se conjuguant au présent. Un international français en activité, comme l'arrière-garde vosgienne n'en avait plus connu depuis Benoît Quessandier...

Moins physique (1,77m pour 78 kg), mais bien plus expérimenté que l'ex-Rouennais à son arrivée (en 2008), ce Grenoblois sacré champion d'Italie en avril dernier (avec Renon) s'est aguerri à l'étranger ces trois dernières années après s'être révélé chez les Brûleurs de Loups. Son club formateur, où il fit toutes ses classes jusqu'à devenir l'un des espoirs tricolores les prometteurs de sa génération, s'affirmant également comme l'un des piliers des équipes de France cadet (U18) et junior (U20). Progressivement intégré à l'équipe première lors d'une saison 2008-09 qui vit les BDL réaliser un retentissant triplé, Moisand s'imposa comme titulaire à part entière l'année suivante. Le contexte du club isérois, contraint de réduire la voilure, était devenu particulièrement propice à l'épanouissement des jeunes talents. Gagnant parallèlement ses premiers galons d'international, cet arrière débordant de vivacité est ensuite progressivement monté en grade.

Désireux de progresser à l'étranger, l'intéressé rejoindra ensuite une Élite danoise plus exigeante tactiquement et physiquement. Ŕ Odense, Moisand connaîtra l'émoi d'une finale nationale (perdue contre Herning) et la satisfaction d'enchaîner avec les mondiaux d'Helsinki. Ce défenseur-relanceur connu pour soigner ses placements et assurer de rapides remontées de palet est devenu incontournable chez les Bleus. Cette expérience acquise sur la scène internationale lui a valu de susciter l'intérêt de nouveaux clubs étrangers. Aussi quittera t-il le championnat danois pour rejoindre Astana en septembre 2013, disputant les premiers mois de compétition au Kazakhstan avant d'être libéré en janvier. Des contacts sont finalisés avec l'un des clubs les plus emblématiques des Dolomites (Renon, petite ville du Südtirol germanophone plus connue là-bas sous son nom allemand de Ritten), désireux de le voir renforcer la meilleure défense d'Elite A (articulée devant l'ex-gardien de NHL Chris Mason). Une fin de saison réussie débouchant sur un titre de champion. "Seulement" réserviste lors du dernier mondial biélorusse, Maxime Moisand aura suivi des gradins les exploits tricolores. Mais ne nous y trompons pas. Le Grenoblois (qui compte, à 24 ans, 65 sélections) représente non seulement le présent. Mais aussi l'avenir de l'équipe de France en défense.

Bernés par Dan Brooks...

Dicté par certains impératifs économiques, le choix de confier la gestion sportive aux bons soins de Raphaël Marciano et Nicolas Martin (qui est également préparateur physique) aura permis d'alléger la masse salariale sans pour autant déstabiliser un groupe initialement destiné à être dirigé par un technicien étranger (Claude Bouchard). Mais grâce à l'apport de nouveaux sponsors, cette cure d'austérité n'est aujourd'hui plus d'actualité. Aussi les dirigeants spinaliens ont-ils entrepris d'enrôler un coach solidement référencé. Et surtout plus en adéquation avec leurs nouvelles ambitions, finissant par trouver patin à leur pied avec Dan Brooks, un Américain de 46 ans loué pour son charisme, sa science du jeu et connu pour être un formidable dénicheur de talents.

Faisant de ce Bostonien bon teint l'un des acteurs privilégiés de son ambitieux projet, l'aréopage du club de la Cité des Images était pourtant loin d'imaginer que son nouvel entraîneur, pourtant officialisé le 4 juillet dernier, signerait à Berne dans la foulée (en temps que nouveau bras droit de Guy Boucher, qu'il côtoya il y a quelques années à Drummondville dans le junior majeur québécois).

Ce n'est pas la première fois qu'un Nord-américain fait ce genre de coup bas, et Dan Brooks n'a pas manqué d'expliquer son revirement par de graves problèmes familiaux l'empêchant d'assumer pleinement ses nouvelles responsabilités d'entraîneur à plein temps. Mais en reniant parole, promesses et contrat pour un poste d'assistant en LNA, l'ex-adjoint de John Torchetti (au CSKA Moscou), qui se présenta aux dirigeants bernois comme libre de tout engagement, a soulevé l'indignation du clan vosgien... qu'il n'avait même pas eu la décence d'informer de son intention de faire faux bond ! Un comportement jugé "inacceptable" par l'état-major bernois, mis dans l'embarras, qui prouvera sa bonne foi en résiliant, dans un ultime rebondissement, purement et simplement son contrat !

... les GamYo vont faire le buzz en recrutant le Boz' !

Bien mal acquis ne profite donc jamais. Mais l'ICE n'a pas attendu ce dénouement pour se remettre en quête d'un remplaçant, à un mois -seulement - de la reprise des entraînements. Et il n'était pas question d'embaucher le premier venu, ni d'enrôler un parfait inconnu... ce que n'est assurément pas Philippe Bozon, l'heureux élu !

Réfutant l'idée reçue qu'un immense joueur ne devient pas nécessairement un grand entraîneur, le staff spinalien a donc saisi l'opportunité d'engager l'un des plus grands noms de l'histoire du hockey français. Un patronyme connu dans la Cité des Images, où l'attaquant Christian Bozon (avec qui Philippe ne présente aucun lien de parenté) śuvra comme joueur (puis comme entraîneur-joueur) entre 1995 et 1999.

Mais en ce temps-là, Philippe Bozon survolait la LNB et faisant merveille en DEL tout en tenant à bout de crosse l'attaque tricolore sur la scène internationale. Force est pourtant constater que le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France (96 buts en bleu), tombé tout petit dans la marmite du hockey, n'a pas encore forgé sa légende d'entraîneur. Mais qu'importe, son extraordinaire carrière de joueur force l'admiration et inspire le plus grand respect.

Nommé en 2009 à la tête de l'équipe de France des moins de 20 ans, l'ex-NHLer vivra un premier échec cuisant avec les "bleuets" (relégués en division 2 à l'issue d'un mondial disputé à Megève et Saint-Gervais) mais rebondira à Lugano dans la foulée, où il succéda à Kent Johansson, une autre légende du club tessinois. Sous pression, mais jouissant toujours d'une grande popularité, le Haut-Savoyard s'efforcera de remettre des "bianconeri" en pleine crise sur les rails du succès. Sa notoriété ne suffira toutefois pas et les mauvais résultats enregistrés l'automne suivant précipiteront son licenciement. Une année entière s'écoulera avant qu'il ne reprenne du service, à Sierre (LNB), où il sera propulsé aux commandes d'une formation valaisanne en perdition.

Transformer l'essai

On l'a compris, le Boz', intronisé en 2008 au Temple de la renommée de l'IIHF (en même temps qu'Igor Larionov et Mario Lemieux), n'a pas toujours hérité d'équipes faciles à diriger. Mais celui qui redevint, l'année passée, sélectionneur de l'équipe de France U20 va débarquer dans un contexte apaisé (ce qui n'avait pas été le cas à Lugano et Sierre) et officier, pour la toute première fois, au sein d'un club français entendant lui donner les moyens d'aller au bout de ses idées. Charge, désormais, au consultant de luxe pour la chaîne Sport + de transformer l'essai en profitant pleinement de son expérience de joueur pour faire - enfin - décoller sa carrière entraîneur.

Assisté dans ses fonctions par Nicolas Martin et Yvan Charpentier ("Féfé" Marciano prenant du recul après avoir tant donné ces dernières années), Philippe Bozon est arrivé mi-août dans la Cité des Images pour la reprise des entraînements. Une rentrée quelque peu perturbée par une remise en glace de Poissompré tardant décidément à s'opérer. Un contrariant contretemps ayant forcé les "boys" du Boz' à effectuer plusieurs allers-retours entre Épinal et Amnéville (durant le week-end du 15 août) pour patiner et s'entraîner normalement, progressivement rejoints par de nouveaux arrivants. Le manager Anthony Maurice, qui n'excluait pas totalement la possibilité d'engager un joueur additionnel suivant les opportunités du marché, a étoffé son effectif en recrutant un défenseur supplémentaire pour donner plus d'épaisseur à un secteur manquant cruellement de profondeur. Le temps passant, Aziz Baazzi était devenu plus abordable financièrement...

Modèle de précocité (Daniel Bourdages le lança chez les grands à seulement 17 ans), ce petit gabarit plus solide qu'il n'y paraît (1,76 m pour 82 kg) laissa entrevoir d'intéressantes possibilités lors de ses débuts strasbourgeois. Baazzi s'est révélé avec l'Étoile noire durant l'hiver 2009-10 avant d'intégrer Caen, alléché par les responsabilités et le temps de glace offerts par le promu normand. Il faut dire qu'une place en première ligne, au côté de l'expérimenté Vladimír Urban, l'attendait à Caen, où il poursuivit sa progression en étant utilisé tant en infériorité qu'en supériorité. Comme il le souhaitait à son arrivée. L'Alsacien a poursuivi son ascension au sein des Gothiques d'Amiens. Le meilleur défenseur du Mondial D1B remporté par les Bleuets à Tychy a vu sa progression récompensée d'une première sélection avec la "grande" équipe de France seize mois plus tard.

La première d'une longue série pour ce défenseur discret (qui évoluait l'an passé en soutien du premier trio amiénois, apparié au relanceur Jimi Santala), invité à participer au tournoi EIHC de Briançon en février puis aux six premiers matchs de préparation du mondial biélorusse au printemps. Il a effectué cet été (en compagnie de Peter Valier) la traditionnelle tournée estivale des A'... pendant que David Croteau sortait d'un essai infructueux au Kazakhstan !

Peut-être serait-il arrivé à ses fins si Nicholas Pard, avec qui il formait un duo du tonnerre à Brest depuis trois ans, l'avait accompagné à Kokshetau (au lieu de se raviser pour s'engager en faveur de ces Rapaces fortement "briançonnisés"). Mais faute d'avoir pu monnayer ses talents au Kazakhstan, le Canadien s'est rattrapé à la possibilité d'intégrer les GamYo, en quête d'un centre percutant, aussi bon buteur que passeur. D'un créateur capable d'accélérer le jeu et suffisamment fort, techniquement, pour faire la différence individuellement. Des caractéristiques collant parfaitement au profil de Croteau, qui survolait la D2 avant de dominer la D1... et valait plus d'un point par match la saison passée, sa toute première parmi l'élite du hockey français !

Reste à voir si l'ancien Mulhousien saura transformer l'essai et tirer son épingle du jeu lors du prochain tournoi de Vaujany (les 22, 23 et 24 août), où Matthieu Le Blond sera également testé. Formé à Grenoble (mais révélé chez le voisin villardien), ce centre combatif et travailleur apportant énormément défensivement sort d'une saison sans relief chez les Brûleurs de Loups, où il ne put totalement exprimer ses qualités en dépit d'un réel potentiel. Aspirant à se relancer, mais peinant décidément à retrouver son excellent niveau de jeu des play-offs 2012 (où il avait atteint des sommets d'efficacité, avec 7 buts et 10 assists en 20 matchs), l'Isérois rejoindra l'équipe cette semaine à Villard-de-Lans, où ces GamYo couleur tango ont établi leur camp d'entraînement. Un stage coûteux, mais rendu nécessaire par l'indisponibilité prolongée de Poissompré, qui durera jusqu'à la fin du mois (entraînant l'annulation, le report ou l'inversion des matchs amicaux prévus face à Lyon et La Chaux-de-Fonds).

Force est de constater que ce groupe spinalien, même allégé de Romain Mauffrey et Kevin Benchabane (qui n'a finalement pas été conservé), sonnera très français, ce qui n'avait plus été le cas depuis de longues, très longues années ! Rien n'empêchait pourtant l'ICE de se "nord-américaniser". La suppression du quota restreignant l'engagement des joueurs extra-communautaires a ouvert une brèche dans laquelle de nombreux clubs (Gap, Rouen, Lyon, Grenoble...) n'auront pas manquer de s'engouffrer. Mais en refusant de suivre une tendance qui s'est généralisée, les GamYo ont lancé un signal fort à l'intention des joueurs français. Et il y a fort à parier qu'avec le Boz' comme nouveau "boss", le club vosgien gagnera en attractivité dans les prochaines années. Car ne nous y trompons pas : c'est bien sur la durée qu'Épinal entend concurrencer les plus grosses cylindrées...

Jérémie Dubief

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2013/14  MJ   Min   Moy.    %
 1 HOCEVAR Andrej        21/11/1984  183  83         (Slovène)  Épinal       FRA-1   21  1228   3,71  89,6%
30 MAUFFREY Pierre       05/09/1988  182  81  Épinal            Épinal       FRA-1    7   253   6,63  84,2%
39 RAVEL Nicolas         30/01/1990  179  69  Épinal            Épinal       FRA-1    6   279   6,02  83,8%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2013/14  MJ   B   A Pts   Pén
 3 OUIMET Maxime         06/02/1988  182  90        (Canadien)  Épinal       FRA-1   28   2   6   8   66'
 8 GOULET Alain          22/09/1988  188  90        (Canadien)  Karaganda    RUS-2   63   5   5  10   34'
 9 CHARPENTIER Martin    21/01/1993  183  72  Épinal            Épinal       FRA-1   28   2   2   4   10'
12 SLOVAK Peter          29/11/1977  175  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   26   1   4   5   26'
19 GANZ Nathan           31/05/1991  176  77  Épinal            Épinal 2     FRA-4   12  10  19  29   32'
28 SUSANJ Gasper         30/06/1988  186  95         (Slovène)  Épinal       FRA-1   28   5  18  23   48'
90 MOISAND Maxime        11/06/1990  177  78  Grenoble          Astana       KAZ-1   14   1   2   3    0'
                                                                Renon        ITA-1   23   3   3   6    0'
   BAAZZI Aziz           26/06/1992  176  78  Strasbourg        Amiens       FRA-1   24   0   1   1   16'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2013/14  MJ   B   A Pts   Pén
 4 KARA Vincent          17/10/1989  183  87  Chamonix          Chamonix     FRA-1   29   7  14  21   30'
10 MARTIN Maxime         24/06/1994  178  68  Épinal            Épinal       FRA-1   25   0   0   0    2'
14 PLCH Jan              16/08/1974  182  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   29  23  28  51   14'
15 RAPENNE Anthony       16/11/1991  180  68  Épinal            Épinal       FRA-1   23   0   1   1    2'
18 OGRAJENSEK Ken        30/08/1991  175  82         (Slovène)  Olimpija Lj. AUT-1   54  16  19  35   37'
                                                                Olimpija Lj. SLO-1    4   6   1   7    4'
21 VALIER Peter          27/07/1992  180  76  Cergy             Dijon        FRA-1   33   6   9  15   16'
23 OFFRET Yannick        05/05/1988  180  86  Amiens            Épinal       FRA-1   29   0   3   3   78'
25 BÉRON Grégory         31/07/1989  180  90  Amiens            Morzine      FRA-1   35  20  26  46   32'
40 PETRAK Michal         12/05/1983  186  85         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   29  19  38  57   36'
                                                                Valpellice   ITA-1    7   3   1   4    0'
57 HORDELALAY Pierre-C.  05/01/1989  175  75  Mantes            Épinal       FRA-1   27   3   8  11   28'
92 KURALT Anze           31/10/1991  175  80         (Slovène)  Épinal       FRA-1   25  19  22  41   18'
                                                                Graz         AUT-1    3   1   0   1    0'
   CROTEAU David         15/07/1983  182  82        (Canadien)  Brest        FRA-1   33  16  18  34   80'
   LE BLOND Mathieu      16/09/1987  181  71  Grenoble          Grenoble     FRA-1   31   5   3   8   18'

Entraîneur : Philippe Bozon (47 ans).

Partis : Francis Meilleur (D, 6+13, Lyon), Yoann Chauvière (D, 7+13, Morzine-Avoriaz-Les Gets), Fabien Leroy (D, 0+1), Romain Mauffrey (D, 0+0, Amnéville, FRA-3), Dominic Perna (A, 15+24, Nantes, FRA-2), Steven Cacciotti (A, 13+23, Dijon), Benjamin Breault (A, 13+22, Brest), Kevin Benchabane (A, 1+0, Amnéville, FRA-3).

 

Revoir la présentation 2013/14

 

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