Bilan de la Ligue Magnus

 

La page du championnat de France 2013/14 de Ligue Magnus

 

Premier : Briançon. S'il est une question à se poser, c'est de savoir si retrouver Briançon au sommet de cette Ligue Magnus constitue ou non une surprise. Devant l'hégémonie rouennaise de ces dernières saisons, les Diables Rouges ont bien souvent porté le costume de "Poulidor" du championnat, l'une des équipes les plus régulières de la ligue, à coup sûr placée, mais au palmarès encore léger et vierge de titre du championnat jusqu'à ce mois d'avril.

Déjà à l'intersaison, le projet haut-alpin s'est montré séduisant sur le papier : s'incrivant peut-être un peu plus dans la continuité que les saisons précédentes, il est d'abord bâti autour de cadres conservés (Bernier, Szelig, Rohat) et de la resignature de leaders en devenir (Golicic, Labrecque, Quemener). Quant aux recrues, on peut y deviner un savant mélange de joueurs qui ont déjà fait leurs preuves en France (Tarantino, Devin, Raux), et de nouveaux venus que d'aucuns appellent à présent issus du fameux "carnet d'adresses du sorcier Basile", tant le coach italo-canadien et son staff se sont fait une réputation dans le toujours juste recrutement de joueurs venant d'horizons différents. Cette saison, ils se nomment Crowley, Bisaillon, Kearney ou encore Ankerst... Un ensemble qui fait qu'à l'entame de la saison, personne ne doute réellement d'une présence des Diables Rouges dans le haut du tableau, certainement au moins en demi-finales, avec qui sait, peut-être un trophée national à soulever.

Le début de saison est conforme aux prévisions : Briançon va très vite chercher des points, mais est confronté à un début de planning loin d'être évident, et si cela passe à Angers (victoire 1-2 lors de la 4e journée), ce n'est pas le cas face à Grenoble à domicile (3e journée, 0-2) ou face à Rouen (7e journée, 1-3). Les Diables Rouges demeurent solides et font preuve de régularité face aux autres formations, avec très peu d'accidents de parcours. Dès la 8e journée, l'équipe s'installe sur la seconde marche du podium et ne sera plus vraiment inquiétée, au contraire elle aura même plutôt tendance en fin de saison régulière à regarder vers le haut et à titiller Rouen.

Comme de coutume, les lignes s'équilibrent au point que Luciano Basile semble avoir des solutions correspondantes à tout type de situations : absent lors de huit rencontres du championnat, Marc-André Bernier n'en demeure pas moins le joueur le plus prolifique de la ligue en moyenne par match, à égalité avec son coéquipier Dave Labrecque (2 points tout rond par match de moyenne). Labrecque, justement, témoigne d'une régularité historique, puisque lors de cette saison régulière il n'y a que lors de la rencontre face à Grenoble qu'il restera vierge de points. En comptant les play-offs et jusqu'au match 4 de la finale, il aura enchaîné une série hallucinante de 34 matchs d'affilée à au moins un point. Ajoutons le travail offensif de Kearney ou la solidité de Quemener, et les Diables Rouges semblent armés pour les play-offs.

Briançon ne tremble pas en quart de finale avec une petite défaite lors du match 3 en prolongation à Villard-de-Lans, mais pas vraiment de quoi faire douter les esprits. Les passionné(e)s ont ensuite attendu avec impatience la séduisante opposition des Ducs de Dijon en demi-finale : deux équipes réputées pour leur jeu et leur sens tactique. C'est à ce moment là que les Briançonnais frappent un grand coup : ils inscrivent 23 buts et en encaissent 4 ! De quoi se présenter fièrement (et avec l'avantage de la glace) en finale de la Ligue Magnus, face aux tombeurs surprises de Rouen, les Ducs d'Angers. Le premier match de la série est dans la continuité de la précédente, Briançon étouffe son adversaire et s'impose largement (7-2). Kearney en profite pour signer un record de la Ligue Magnus, puisqu'avec ses 4 buts et 2 assistances, il devient le premier joueur à marquer au moins 5 points dans une manche de finale. On s'attend alors à ce que Briançon récidive le lendemain mais Angers s'impose à Froger (3-4) et reprend la "position de force" dans la série avant de recevoir par deux fois. Les Diables Rouges ne laissent pas le temps aux doutes, et lors du match 3 ils offrent une nouvelle démonstration de force en s'imposant avec la manière à l'extérieur, grâce notamment à deux buts et une aide de Golicic (2-6). Le match suivant confirme l'impression générale que cette série sera longue et se jouera au couteau... Devant les caméras de l'Equipe 21, point d'orgue du nouveau partenariat média signé par la FFHG, Angers ne tremble pas et égalise dans la série (3-1). à Briançon pour le match 5, ce sont les défenses qui prennent le pas et c'est sur le petit score de 2-0 que les coéquipiers de Jestin s'imposent et se retrouvent ainsi à une victoire du titre. Celui-ci peut se jouer au Haras lors du match 6, mais les Diables Rouges sont cette fois coupables d'un premier tiers totalement raté, derrière lequel ils courront sans succès toute la rencontre (3-1). Le titre se joue donc lors du match final sur la patinoire des Hautes-Alpes, et il démarre bien mal pour les joueurs locaux, car après 3 minutes de jeu ce sont les Angevins qui mènent au score par Braden Walls. Briançon réagit dans le tiers par Tarantino, puis prend la mesure de son adversaire dans le deuxième tiers : Chakiachvili puis Raux font déjouer Hardy et ouvrent la voie aux Briançonnais. Ils resteront alors solides lors du dernier tiers et tuent le suspense en 2 minutes par les incontournables Bernier et Kearney. Les Ducs ne s'en relèveront pas. Les Diables Rouges de Briançon remportent la ligue Magnus, l'année où se re-crée une Ligue des Champions européenne, et viennent concrétiser des années de travail et de confiance accordée au sorcier Basile. Un titre autour duquel ils tournaient depuis maintenant bien longtemps, et qu'ils chercheront à pérenniser à présent, mais sans leur entraîneur parti chez le voisin Gap.

 

Deuxième : Angers. Angers ou l'énigme de l'intersaison : à l'issue d'un exercice où les Ducs ont brillé sans soulever de trophée, dans quel état d'esprit la troupe du président Juret allait-elle aborder cette nouvelle édition ? En tout cas, cela allait se faire sans certains cadres qui ont largement contribué à dominer largement la saison régulière passée : le coach Varady est parti, de même entre autres que Jeff May, Jonathan Harty, ou Juho Jokinen. Marc Belanger a pris la route du Kazakhstan, accompagné de Cody Campbell, mais ce dernier reviendra en terre angevine après une seule petite rencontre à l'est. Le chantier du nouvel effectif démarre donc par l'arrivée d'un nouvel entraîneur, et les Ducs parviennent à enrôler le très prisé Alex Stein, en provenance d'Epinal. Le recrutement est basé essentiellement sur un convoi exceptionnel en provenance de Bourgogne : Mrena, Custosse, Skinnars et Crowder changent de Ducs ! Le rayon des arrivées sera un peu plus tard marqué par l'imbroglio Manavian, mais au final le joueur ne jouera qu'à six reprises pour les Angevins avant de débloquer sa situation à Rouen.

La saison débute sur un rythme fragile mais plutôt efficace, bien que moins dominant qu'en 2012-2013. Les Ducs prennent assez vite position dans le haut du tableau, naviguant essentiellement entre la troisième et la cinquième place. Quelques accidents de parcours, beaucoup de matchs à l'arrachée, mais cela passe quand même. Angers réalisera d'ailleurs en cette saison un record dans l'histoire de la Ligue, en s'imposant sur 100% de ses six prolongations et tirs au but. La saison semble se passer sans vagues, mais en interne il n'en est pas de même. à la surprise du grand public, le "coach Stoni" est débarqué, et remplacé par son adjoint Simon Lacroix, au club depuis l'avènement de la Ligue Magnus.

Effet psychologique ou non ? Impossible à mesurer, d'autant que l'équipe était loin d'être en crise, mais il s'avère qu'en cet hiver Angers se hisse jusqu'à la finale de la coupe de France. Peu inquiétés en championnat, les Ducs ont une nouvelle occasion de briguer un titre face aux Dragons de Rouen. à Bercy et sous les yeux de Peter Forsberg s'il vous plaît, ils ne laissent pas passer leur chance : en étouffant littéralement leur adversaire, Busto, Bellemare, Fortier et Henderson offrent, à l'instar du blanchissage de Florian Hardy, un titre pleinement mérité à la cité angevine. Enfin libérés de ce que certains considéraient comme "une malédiction", les Ducs n'ont plus pour objectif en cette fin de saison régulière que de composter le billet direct pour les quarts de finale : c'est chose faite en prenant la quatrième place.

La campagne des séries débute sans trembler par Gap. Il faut pour autant passer à la vitesse supérieure quand au tour suivant se présente le grand favori : les Dragons de Rouen. S'il est un avantage à cette situation, c'est que les Angevins n'ont finalement rien à perdre, et l'audace paye en allant s'imposer à la surprise générale sur les deux rencontres à l'Ile Lacroix (0-2 et 1-2). Un énième gros match de Florian Hardy permet aux Ducs de se mettre en position idéale au soir du match 3, à une victoire de la finale (3-2). Mais ce serait brûler les étapes que de penser que le champion en titre ne réagisse pas... Dès le lendemain, les joueurs de Lacroix ne trouvent la faille dans la défense rouennaise, et s'inclinent à domicile pour la première fois de ces play-offs (0-4). à Rouen en match 5, les Ducs sont très rapidement menés au score et ne parviendront à refaire leur retard (4-1). à trois victoires à deux, la donne psychologique a peut être changé, d'autant que les Angevins n'ont pas l'avantage de la glace et ont tout intérêt à conclure la série lors de ce match 6 au Haras. Angers peut alors s'appuyer sur les hommes forts des play-offs, notamment Walls et Skinnars, qui permettent aux supporters de ne pas douter dans cette rencontre : une victoire 4-1, et Angers met fin à l'hégémonie rouennaise en championnat. On se prend alors à rêver au titre dans le Maine-et-Loire, mais au terme d'une série au couteau, l'équipe s'inclinera finalement devant les Diables Rouges de Briançon. Elle termine la saison avec finalement un bilan en demi-teinte, une coupe nationale remportée et un prestigieux fait d'armes d'avoir également fait tomber les Dragons en championnat, mais une finale de Magnus perdue pour la deuxième fois consécutive.

Pour autant, le club ne manquera pas d'autodérision à l'issue de la saison via son compte Twitter : en réponse à un message humoristique indiquant que "le Stade Rennais et l'ASM Clermont Auvergne [deux équipes sportives à la réputation d'éternelles perdantes en finale] sont maintenant amis sur Facebook", les Angevins ont demandé en réponse s'il était possible de les ajouter à leur tour...

 

Troisième : Rouen. Comment attribuer un autre statut aux Dragons que celui de grand favori en cette nouvelle saison ? L'équipe des bords de Seine affirme sa suprématie depuis maintenant plusieurs saisons, et brigue en cet exercice 2013-2014 un cinquième titre consécutif de championne de France. Pour ce faire, les Dragons ont constitué une équipe qui est sans doute sur le papier l'une des plus prometteuses de l'histoire récente du club, c'est dire. Au maintien des principaux cadres comme Thinel, Desrosiers, Lhenry ou Guenette pour ne citer qu'eux, s'additionnent à présent les talents de Lampérier, de retour entre autres pour ses études, mais aussi Guren (36 rencontres de NHL au compteur), Vas "débauché" à Dijon ou encore le prometteur gardien Gabriel Girard, sur lequel plane quand même bon nombre d'incertitudes. Outre les recrues de glace, l'organigramme rouennais se voit également renforcé par l'arrivée de Björn Kinding au poste d'entraîneur-assistant. Le Suédois est venu prodiguer une pédagogie de jeu, qu'il a pu défendre aux quatre coins du monde.

La saison débute telle qu'on pouvait l'imaginer. Dès la troisième journée et suite à une victoire acquise à la Skoda Arena de Morzine (1-6), les Rouennais prennent la tête du championnat, et ne la lâcheront plus. En plus des résultats, ils soignent de plus en plus la manière, et les larges victoires notamment à domicile se succèdent (10-0 face à Villard, 9-3 face à Caen, 8-0 face à Strasbourg...). Le parcours 2013 est parfait : 17 victoires (dont une après prolongations), 0 défaite, 9 points d'avance sur le premier concurrent au classement (Briançon) et un joli cadeau individuel pour conclure l'année, puisqu'en cette dernière rencontre 2013 à Villard (3-6), Marc-André Thinel adresse deux assistances et devient par la même occasion le premier joueur de l'histoire de la Ligue Magnus à atteindre les 550 points inscrits en toutes phases du championnat.

2014 débute par une finale, celle de la coupe de la Ligue. Face à un adversaire surprise (les Chamois de Chamonix), Rouen renverse une situation pourtant bien compromise : à l'issue du 2e tiers, les Dragons sont menés de deux buts et l'addition aurait pu être plus salée. Seulement, l'expérience est clairement côté normand, et sans paniquer, Rouen revient à hauteur avant de prendre un avantage définitif et de soulever le trophée dans une finale qui fera finalement beaucoup parler par rapport à certaines décisions arbitrales (6-4). C'est en ces temps où le ciel est au beau fixe sur la Seine-Maritime que se présente une compétition attendue par bon nombre de supporters : la réception de la Continental Cup. On se prend alors à rêver à un nouveau titre européen à domicile, à l'instar de la saison 2011-2012. La finale semble savoureuse entre les Rouennais et le Donbass Donetsk. Mais le week-end sera long et réservera bon nombre de surprises... En première rencontre face à Asiago (sur le papier la rencontre la plus abordable), les Dragons déjouent pour la première fois de la saison et se font sécher sur un score sans appel (0-6). Rien n'est plus simple le lendemain face aux Norvégiens de Stavanger, et à la surprise générale, Rouen s'incline à nouveau lourdement (2-6). Le tournoi est d'ores et déjà perdu au moment de ce qui aurait dû être LE match de la compétition, mais les coéquipiers de Fabrice Lhenry ont du coeur et de l'orgueil : ils battent cet adversaire de KHL après prolongation (4-3 a.p.), et privent par la même occasion les Ukrainiens du titre, dont héritent les Norvégiens. Peut-être un tournant dans la saison, toujours est-il que le retour au quotidien est compliqué, amenant même les Rouennais à s'incliner pour la première fois du championnat dans le derby normand (4-3 a.p.). L'équipe a de la marge mais c'est une deuxième défaite d'affilée qui se profile suite à la réception de Gap (2-3). La fin de championnat est laborieuse, l'équipe s'incline encore à 3 reprises face à Briançon (1-2), puis à Grenoble (2-1 a.p.) et Amiens (2-0).

Exemptés du tour préliminaire des play-offs comme chaque année, les Dragons retrouvent en quart de finale leurs adversaires de Coupe de la Ligue : les Chamois de Chamonix. Le premier match est à sens unique. Janos Vas et Marc-André Thinel (4 points chacun) contribuent fortement à la large victoire des joueurs locaux (7-3). Le lendemain, Rouen conserve sa position de force mais doit s'employer pour obtenir le gain de la deuxième manche. Les Chamois ont longtemps mené dans la partie mais un but du Finlandais Mielonen à deux minutes du terme (en supériorité numérique) conduit les deux équipes en prolongation. Celle-ci dure 8 minutes avant que Yannick Riendeau ne marque le but libérateur pour le tenant du titre (6-5 a.p.). Les Dragons ne traînent pas en route puisqu'ils se qualifient dès le match 3 en maîtrisant pleinement le déplacement en montagne (1-5). La suite est à présent connue avec une élimination surprise face aux Ducs d'Angers, malgré une belle réaction au cours de la série. Difficile dès lors de voir la saison normande autrement qu'un échec, puisque le seul gain de la Coupe de la Ligue reste bien en deça des objectifs affichés du club. Gageons que l'équipe dirigeante aura à coeur de travailler fort pour repartir de l'avant et reconquérir la Ligue Magnus, la saison prochaine comme dans la durée.

 

Quatrième : Dijon. Après une saison 2012-2013 convaincante mais qui aura vu les hommes de Bourgogne rester à la cinquième place en championnat et tomber en premier tour des séries face à une surprenante équipe d'Epinal, l'objectif des Ducs pour ce nouveau chapitre de Ligue Magnus est clairement d'accéder au top 4 et à la qualification directe pour les quarts, tout en tentant de décrocher une coupe nationale. Pour ce faire, l'équipe a néanmoins perdi une grande partie de son effectif précédent. Dans la "nouvelle tradition dijonnaise", l'équipe avait produit ce qu'il se faisait de mieux offensivement dans les statistiques de la ligue. Mais les Skinnars, Vas et autre Crowder (comme Gascon, Riendeau et Guttig l'avaient faits l'année précédente) sont partis vers d'autres horizons. Ajoutons à cela, les départs de joueurs référents comme Kyle Hardy, Kara ou Mrena (pour ne citer qu'eux), mais aussi du gardien titulaire Kai Tillanen, et le chantier de reconstruction est vaste.

Toutefois, la continuité peut être en partie engagée par la resignature du coach Jarmo Tolvanen, et celle de joueurs présents au club depuis déjà plusieurs années (Kevorkian, Mulle, Decock, Dugas ou le local Nicolas Ritz). Quid du recrutement ? Il est du moins sur le papier bien équilibré, et axé conjointement sur l'arrivée de joueurs expérimentés en Magnus (Thomas Roussel en provenance d'Amiens, le défenseur Michal Korenko, le Canadien Sébastien Gauthier ou le jeune Pierre Crinon), mais aussi des attaquants scandinaves Daniel Ahsberg, Mikael Eriksson et Johan Andersson. Citons également les deux prometteuses arrivées de Trois-Rivières (CIS), les défenseurs Boudreau et Robichaud. Enfin, la question du gardien est rapidement réglée par la venue du français Henri-Corentin Buysse, parmi les tout-meilleurs gardiens du championnat depuis de nombreuses saisons.

Si la saison des Ducs débute sur une victoire puis deux défaites face à Briançon (4-7) et à Caen (6-3), l'équipe trouve très rapidement son rythme de croisière et enchaine une série de six victoires, notamment face à Grenoble (2-1), à Angers (1-3) et à domicile face aux Gothiques (3-2). Il fallait bien les Dragons de Rouen, leaders incontestés, pour stopper ces victoires à la chaîne (2-3). Au fur et à mesure de la saison, Dijon affiche une fiche honnête, essentiellement positive mais qui n'exclut pas les accidents de parcours : d'un côté, les Ducs partent s'imposer à Briançon (2-3 a.p.), une victoire loin d'être anecdotique pour Henri-Corentin Buysse, qui à titre personnel remporte sa première victoire en carrière face aux Diables Rouges, après 16 défaites de rang ! D'un autre côté, les Ducs explosent littéralement à Morzine 15 jours plus tard (12-1) dans une rencontre où rien n'a vraiment tourné du côté bourguignon.

Les coupes n'ayant rien donné, Dijon se concentre alors sur son objectif des places directement qualificatives pour les quarts de finale. Le jeu proposé par des Ducs maintenant rodés est vraiment séduisant dans sa rigueur défensive comme offensive. Ce n'est pas l'équipe qui offre le plus de spectacle, d'ailleurs contrairement aux saisons précédentes aucun leader offensif ne se dégage vraiment dans ces lignes équilibrées, mais les amateurs de beau hockey apprécient sans nul doute les mises en place tactiques de Tolvanen (qui recevra d'ailleurs le trophée Gélinas du meilleur entraîneur de la saison) et leurs applications sur la glace. La fin de parcours convaincante aboutira finalement sur une troisième place en saison régulière, atteignant ainsi l'objectif initial.

Les play-offs des hommes du président Olivier Ritz débutent par la venue des Pingouins du HCMAG... avec 24 heures de retard ! En effet, l'équipe morzinoise a subi un accident de mini-car sur la route vers la Bourgogne, empêchant évidemment la tenue de la rencontre du soir même. Un report qui ne perturbe aucunement les joueurs locaux, bien que les deux rencontres à Trimolet soient extrêmement accrochées : lors de la première, les Ducs doivent prendre l'avantage à trois reprises pour décrocher la manche (3-2). Le dimanche en match décalé, ils pensent avoir fait le plus dur en menant 3-1 à l'issue de la deuxième période (grâce à un but de Gauthier et un doublé d'Ahsberg, très en jambes dans ces séries), mais les Pingouins font à nouveau parler leur courage pour revenir à la marque. C'est le meilleur joueur français de la saison, Nicolas Ritz, qui marque le but décisif (4-3). Avec deux victoires au compteur, les Dijonnais abordent sereinement le déplacement en montagne. La première rencontre à la Skoda Arena ressemble fortement aux précédentes dans le scénario, si ce n'est que les Pingouins font la course en tête. Les Ducs ont toutefois la possibilité de forcer la décision aux tirs au but, mais il n'en sera rien : les trois tireurs bourguignons échouent et Ozolins envoie l'ensemble des acteurs vers un quatrième match (3-2 t.a.b.). Lors de celui-ci, les Français prennent les choses en main : l'expérimenté Dugas ouvre la marque pour Dijon après dix minutes. Les Pingouins reviennent et prennent même l'avantage par Béron puis Numa Besson, mais Nicolas Ritz égalise en infériorité numérique dans la foulée. C'est dans le dernier tiers-temps que les Ducs viennent chercher leur qualification, par Kevorkian dans un premier temps, puis comme un symbole un but en cage vide de Nicolas Ritz (2-4). En demi-finales, les Dijonnais tomberont sur bien plus forts qu'eux en la personne des Diables Rouges de Briançon, mais n'ont aucunement à rougir de leur parcours satisfaisant, et qui sonne comme très prometteur dans l'avenir proche de l'équipe.

 

Cinquième : Morzine-Avoriaz-les Gets. La saison des Pingouins débute... sur un baptème ! La commune de Morzine (et sa station d'Avoriaz) s'associe avec la municipalité des Gets autour du projet hockey, et le club haut-savoyard prend la nouvelle appellation d'HCMAG. L'objectif affiché est clairement d'aider à la pérennisation de l'entité sportive et d'accroître les ambitions futures, alors que le sujet de la ligue professionnelle entraine les premières conversations dès cet été 2013. Du côté de la glace, l'effectif est à reconstruire entièrement suite à 13 départs et seulement 7 resignatures, mais parmi lesquelles celle du coach néerlandais Tommie Hartogs.

Par la force des choses, toutes les lignes offensives comme défensives sont impactées, mais le recrutement débute sur un joli coup avec l'arrivée de l'Amiénois Grégory Béron, venu chercher du temps de jeu et l'expression d'un statut de leader plutôt en sommeil du côté de la Picardie. Beaucoup de paris du côté des nouveaux arrivants, avec notamment des jeunes joueurs prometteurs (Arsenault qui ne sera finalement que de passage, Barbero, Maso ou Mora) et des étrangers dont on espère la "spectacularité" des précédents Cheverie, Doucet ou autres Reeder, Lust et Weihager : le Hongrois Balazs Goz arrive de son Miskolc de naissance, Kim Nabb en provenance de Finlande, ou Ozolins qui sort d'une saison convaincante en EIHL (pour Hull puis Dundee). Carl Hudson arrive d'Allemagne pour sa part, afin de jouer le rôle de défenseur offensif. Quant aux cages, elles seront gardées par le Canadien Andrew Hare aux très bonnes stats en NCAA III avec le SUNY-Oswego, suppléé par l'expérimenté Landry Macrez qui découvre là son septième club en carrière.

Les débuts sont satisfaisants : trois victoires en quatre rencontres, avec une défaite face aux Dragons de Rouen (1-6) : pas de quoi rougir ! La suite se veut plus complexe, et les défaites s'accumulent au terme de matchs souvent bien accrochés. Les Pingouins connaissent même une série de 9 défaites en novembre-décembre, et cette spirale négative entraine l'équipe dans la lutte pour le maintien. Le redressement correspond à la nouvelle année, et prend une forme impressionnante : Morzine-Avoriaz-Les Gets fait exploser les compteurs lors de la venue des Ducs de Dijon (12-1). Pour la fin de saison régulière, les joueurs de Tommie Hartogs affrontent bon nombre de concurrents directs, mais prennent également des points lors de quelques grosses performances comme sur la glace d'Angers (2-4) ou à domicile face à Briançon (5-3). C'est justement ce convaincant parcours en 2014 (6 victoires pour 3 défaites) qui sauve les montagnards et leur permet d'accéder au premier tour des play-offs, même si le chemin fut plus compliqué qu'attendu.

Onzième à l'issue du championnat, le HCMAG doit se rendre dans la Somme pour y affronter une équipe des Gothiques qui ne lui a pas vraiment réussi cette saison (2 défaites sur le même score de 4-3). Pour la première rencontre de la série, Chris Jones ouvre la marque mais les Pingouins perdent le fil dans le deuxième tiers et ne s'en remettront pas. Ils cèdent la première manche sur le score de 6-3. Scénario différent le lendemain, où les Pingouins parviennent à jouer sur leurs principaux atouts : le courage et l'abnégation. Ces valeurs qui viennent masquer un désavantage technique assez évident vis-à-vis de l'adversaire du soir, et qui permet de retourner une situation bien compromise suite à l'ouverture du score de Danick Bouchard. Les Pingouins reviennent, dominent puis se font rattraper, mais font le dos rond pour aller chercher une prolongation où le précieux défenseur Carl Hudson s'offre un doublé (2-3 a.p.). De retour en montagne, l'équipe sait qu'elle dispose d'un "joker" grâce à cette victoire en terre picarde. Mais c'est sans compter sur une équipe des Gothiques qui souhaite faire parler la logique de la saison, et sur une nouvelle prolongation, c'est cette fois Salmivirta qui offre la victoire à Amiens (4-5 a.p.). Au pied du mur, Morzine-Avoriaz-Les Gets doit impérativement remporter ce quatrième match à domicile, et s'y emploie de fort belle manière (6-2). Tout doit donc se jouer lors d'une ultime rencontre au Coliseum, une rencontre qui ressemblera fortement à la dernière en date sur cette même patinoire. Vaillants dès l'entame, les Haut-Savoyards ouvrent la marque en première période grâce à Kim Nabb en supériorité numérique. Amiens égalise par son Finlandais Salmivirta, mais Morzine ne doute pas et reprend l'avantage par Hudson puis Beron. Les Gothiques tentent de revenir mais les visiteurs gardent l'avantage psychologique dans ce match et un dernier but de Josselin Besson en cage vide vient couronner un courage à toute épreuve. Les Pingouins l'emportent 3-5 et se qualifient pour les quarts de finale. Une marche trop haute face aux Ducs de Dijon malgré une franche volonté de bien faire, et l'épisode de l'accident avant le match 1 de ce quart de finale qui n'aura certainement pas aidé les choses, même si fort heureusement les joueurs comme les encadrants s'en sont sortis sans trop de dommages. En somme, une saison pleine d'efforts pour des Pingouins qui ne sont plus forcément en mesure de rivaliser avec les toutes premières places du championnat comme il y a quelques saisons, mais qui ont malgré tout su rivaliser en séries, ce qui est sans doute de bon augure.

 

Sixième : Villard. Le petit village du Vercors est reparti de plus belle. Le club semble parfois tenir avec des bouts de ficelle et surtout à bras le corps par ses dirigeants et bénévoles, mais les Ours ont mine de rien joué l'intégralité des saisons de Ligue Magnus, depuis la création de cette entité en 2004. S'il est compliqué pour le staff de construire un projet à long terme, on s'affaire chaque été à fonder une équipe compétitive. Les départs entre autres des joueurs de passage (Scarlato, Roehl, Ringberg, Pitsikoulis, Hartung) furent une fois encore compensés par les arrivées de renforts étrangers (Leone, Näslund, Jorgernsen, Zarb, Snoj, Lindström), mais aussi de jeunes talents français comme Norbert Abramov en provenance de Gap, ou Bastien Lardière formé chez le voisin grenoblois. En outre, Villard a su conserver l'ossature de la saison passée, comme le duo complémentaire Couture - Eriksson, le slovène Matic Kralj, les expérimentés (Nicolas Favarin, Simonneau, Sangiorgio) et jeunes du club (Martin, Drogue, Jacquier, Richard, Koren). Enfin, c'est un véritable tour de force réalisé par l'équipe encadrante que d'avoir su conserver une deuxième année le très prisé gardien américain Jeff Lerg, auteur de nombreux exploits du côté de la patinoire André Ravix.

Les Ours vont connaître des hauts et des bas dans cette saison, et l'amplitude au classement confirmera cette impression : avant-derniers au soir de la cinquième journée et d'une lourde déconvenue à Rouen (10-0), ils remontent la pente discrètement et prennent des points importants notamment à domicile où le parcours est très satisfaisant : victoires face à Amiens (4-2), au HCMAG (3-2), Epinal (6-4) ou encore Caen (4-1) et Strasbourg (6-5 après t.a.b). Dommage pour eux qu'en déplacement la moisson soit moins bonne car il y a un réel potentiel. à l'issue de la phase aller, l'équipe pointe sans bruit sur la troisième marche du podium. Adaptation express à un nouvel objectif à mi-saison, Villard peut se mêler à la lutte pour le dernier carré. Jeff Lerg, lui, est pleinement au rendez-vous. Le gardien au gabarit atypique élève encore son niveau de jeu et sauve des points à lui tout seul, comme lors d'un succès à Amiens où il sera éblouissant (3-4 après t.a.b). Décembre maintient le rêve mais janvier sera plus rude et l'équipe concède trois défaites de suite au moment où les points semblent plus chers. Le top 4 s'éloigne, les Ours terminent quand même à la septième place et conservent ainsi l'avantage de la glace pour le premier tour des play-offs.

L'adversaire sera l'Etoile Noire de Strasbourg, une équipe dangereuse à la réputation redoutable en play-offs. Il est donc nécessaire aux joueurs de Rich Metro d'entamer la série de la meilleure des manières, et si la première rencontre ne fut pas sans frayeur (les Ours menés 0-3 à mi-match puis 2-4 dans le dernier tiers), le discret James Jorgensen vient offrir la première manche aux siens grâce à un but en prolongation (5-4 a.p.). Autre scénario le lendemain avec Vincent Couture qui ouvre rapidement la marque, mais cette fois-ci c'est l'Etoile Noire qui réagit et prend le dessus pour égaliser dans la série (3-6). Les Isérois n'ont pas d'autre choix que d'aller chercher une victoire en Alsace. Ce sera chose faite au terme d'un troisième match extrêmement serré, où Villard doit notamment son salut au travail de Mike Leone. Premier buteur de la rencontre (en supériorité numérique), il marquera également son tir au but dans la séance. L'Américain aura été le meilleur joueur du championnat dans cet exercice, avec un parfait 3 sur 3. Villard s'impose (2-3 t.a.b.) et n'est plus qu'à une victoire des quarts de finale. Autant boucler la ronde dès le lendemain grâce à un début de match maitrisé : à 0-3 à l'issue des deux premiers tiers, Villard ne laisse pas passer sa chance et s'impose finalement 1-4 pour affronter les Diables Rouges de Briançon au tour suivant, une série où ils ne parviendront guère à mettre vraiment en danger les futurs tenants du titre.

Un beau parcours, avant un clap de fin brutal. Le club a simplement brûlé ses derniers feux pendant ces deux dernières saisons avec de nombreux renforts étrangers. On savait que sa position actuelle reposait sur l'investissement de Daniel Huillier, qui a démissionné après un total de 30 ans de présidence, en même temps que son vice-président Didier Beuque. Ils ont constaté l'impossibilité administrative et financière de s'aligner à nouveau dans l'élite du championnat de France qui se professionnalise, et demandé la "rétrogradation de fait" du club qui écrira la suite de son histoire presque "familiale" dans une compétition qui correspondra plus à ses possibilités réelles.

 

Septième : Chamonix. Auteurs d'une étonnante dernière saison régulière (quatrièmes) mais de play-offs qui ne furent à la même hauteur (éliminés en quarts de finale par Epinal), les Chamois de Chamonix pouvaient à nouveau prétendre à jouer, à défaut des premières places, du moins un rôle de trouble-fête. Pour ce faire, l'équipe a dû être en partie remaniée en cette intersaison avec les départs quasi inévitables de joueurs comme Charland, vainqueur du trophée Ramsay parti défendre les couleurs des Bruleurs de Loups, ou encore Latulippe, Nilsson, Öhberg... Carl Lauzon et Omar Pacha sont eux partis en duo du côté des Stingrays d'Hull en EIHL, pour assumer progressivement leurs velléités de coaching. Le staff chamoniard s'est donc mis au travail, et s'il fut un maître-mot pour qualifier la recherche, elle fut clairement placée sous le signe de l'audace : le club est tout d'abord allé rechercher l'international français Vincent Kara, natif de la commune. Tant qu'à faire son marché du côté de Dijon, les Chamois en ont profité pour enrôler le défenseur offensif Kyle Hardy. Autre retour, celui de Brent Patry, chamoniard entre 2010 et 2012. Le fait marquant du recrutement restera un immense pari avec la signature de l'ensemble de la ligne canadienne qui fit les beaux jours de Courbevoie à l'échelon inférieure la saison précédente (184 points cumulés à eux trois), Kevin Gadoury, Benjamin Rubin et Julien Tremblay. Un coup de poker que l'expérimenté entraineur Stéphane Gros espère payant au moment.

Pourtant, les Chamois ne remporteront leur première victoire à domicile en championnat, face au HCMAG (5-3), que le... 29 décembre ! Entre-temps, heureusement, l'équipe réalise paradoxalement un parcours plutôt positif en voyages, et accroche à son tableau de chasse quelques beaux succès comme à Amiens (6-8), à Caen (0-3), à Grenoble (1-2) ou à Brest (1-6). Au terme de la saison d'ailleurs, Chamonix terminera à la dernière place du classement à domicile, mais cinquième à l'extérieur. Un rythme particulier qui permet aux Alpins d'être plutôt sécurisés autour de la dixième place, pas vraiment inquiétés par les play-downs mais décrochés dans la course à l'avantage de la glace. Il faut donc trouver de nouveaux objectifs et la coupe de la Ligue en est devenu un progressivement : cela démarre pourtant doucement avec une deuxième place dans le groupe D (derrière les Ducs de Dijon). Opposés en quarts de finale à Grenoble qui avait pris la première place du groupe C, les Chamois font match nul à domicile (3-3) mais s'imposent à Pôle Sud (5-6) pour s'ouvrir le chemin des demi-finales. Face à Angers, ils s'inclinent d'abord à domicile comme une habitude cette saison (3-4) mais créent la surprise en s'imposant de deux buts au Haras (1-3). Ils participent alors à la finale face aux Dragons de Rouen mais le scénario sera bien cruel pour eux (voir le bilan de Rouen) et ils s'inclinent 4-6 sur la glace de Méribel. Quant à l'issue du championnat, elle demeure sans histoire : Chamonix termine à la neuvième place, loin des succès de la saison passée.

L'adversaire du premier tour sera donc l'équipe des Dauphins d'Epinal, mais il est à se demander au vu des performances de l'année si le désavantage glace en est effectivement vraiment un... Chamonix le prouve dès le premier match remporté notamment grâce à un troisième tiers-temps de haut vol (5-8). Une position de force à défendre dans la série, et dès le lendemain les montagnards s'y attèlent en dominant de la tête et des épaules une pauvre formation des Dauphins qui avait pourtant ouvert la marque par Yoann Chauvière. Mais avec six buteurs différents, rien ne pouvait arriver aux Chamois ce soir là (2-7), ils retournent à la maison avec un parcours parfait en déplacement. Il va pourtant bien falloir hausser les performances à la maison pour conclure la série. Le scénario de la troisième rencontre est assez dantesque : Chamonix ouvre le score après 41 secondes par l'infatigable Laurent Gras. Mais Epinal ne doute pas, égalise par Plch puis prend un double avantage par Chauvière et Perna. On pense alors que les Dauphins rentreront aux vestiaires en menant mais Terrier puis Tremblay permettent aux joueurs locaux d'égaliser. Trois partout à l'issue du premier tiers, et ce n'est pas terminé ! Epinal reprend sa course en avant grâce à Breault, mais Audibert lui répond à peine deux minutes plus tard. On se dit alors que Chamonix se dirige tranquillement vers une qualification quand Gras et Tremblay donne un double avantage aux Chamois cette fois-ci très tôt dans la dernière période. Mais Epinal tient à sa survie, Petrak réduit la marque avant que Kuralt n'offre aux siens une prolongation au bout du suspense. Difficile alors d'émettre un pronostic mais la décision sera faite, une fois n'est pas coutume, par les pensionnaires de Bozon grâce à un but d'Hardy (7-6 a.p.). Chamonix blanchit la série mais sera blanchi à son tour par les Dragons de Rouen en quarts de finale. Une équipe rouennaise qui aura à elle seule réduit toutes les espérances chamoniardes cette saison.

 

Huitième : Gap. à l'instar de nombreuses autres équipes, la saison gapençaise démarre dans les coulisses avec un objectif : un recrutement ambitieux. De nombreux dossiers sur le bureau, en commençant par celui des gardiens. Zacharias étant parti en Angleterre et Barrier ayant pris la direction de Dijon, les dirigeants s'attachent les services de Tim Boron, gardien canadien venu tout droit de CHL. Confiance est donnée pour le suppléer à Lucas Savoye, jeune gardien formé au club et passé par Caen. Divers autres départs sont à déplorer, l'expérimenté Jiri Rambousek annonce initialement sa retraite mais on le retrouvera un peu plus tard en Suisse du côté de Vallorbe. Le recrutement est plutôt ambitieux, avec l'apport de joueurs qui évoluaient dans des divisions scandinaves inférieures, comme Pasi Hirvonen, Daniel Despotovic ou le centre Niklas Nilsson. Il s'appuie également sur de jeunes joueurs français comme Etienne Chiappino pour qui c'est un retour, le Dijonnais Jacques Evrard, l'attaquant Charly Brugière, ou l'ancien Rouennais Maxime Griet. Enfin, l'effectif est bouclé par deux joueurs très attendus : l'international Nicolas Arrossamena qui arrive de Grenoble, et l'ailier tchèque Radim Valchar.

Pour analyser la saison des Rapaces, impossible de ne pas évoquer ce tragique début d'exercice. Le moins que l'on puisse dire est que le sort s'est particulièrement acharné sur Gap dès l'entame de la compétition : nous sommes encore en septembre que le club se sépare d'un commun accord de son gardien Tim Boron. L'homme n'a pas su s'acclimater à son nouvel environnement et a préféré quitter le Dauphiné. Un phénomène de moins en moins anecdotique en Ligue Magnus, et qui avait touché une bonne partie de "l'armée scandinave" de Strasbourg la saison passée. Reste qu'au moment où le club cherche un nouveau gardien, les évènements prennent une toute autre tournure : les jeunes Etienne Chiappino et Lucas Savoye, l'autre gardien de l'effectif, sont gravement accidentés. Les blessures les plus importantes sont pour Lucas Savoye, dont le pronostic vital est même un temps engagé. Fort heureusement, les deux joueurs s'en sortiront sans profondes séquelles, mais évidemment marqués par ce traumatisme. Sur la glace, les conséquences sont extrêmement délicates pour les Rapaces. Le déplacement à Dijon pour le compte de la quatrième journée est reporté, et le staff recrute en urgence le portier américain Michael Garman. Les résultats subissent les évènements, et l'équipe d'Ari Salo doit attendre la septième journée pour signer sa première victoire (4-1 face à Amiens). Elle peine ensuite à enchaîner, et bien que talonnant Brest et Caen, elle demeure toujours lanterne rouge à l'issue de la phase aller. C'est justement une victoire lors du match inaugural de la phase retour (3-4 au HCMAG) qui lui fera quitter la dernière place, mais les Albatros de Brest ne sont guère décrochés et leur repasseront même devant au soir de la dix-neuvième journée. La lutte pour le maintien est savoureuse cette saison et toutes les équipes concernées rivalisent d'exploits pour tenter de sauver sa peau. Les Rapaces enchaînent alors quatre victoires dont une à Rouen (2-3) et parvient à prendre les points essentiels face aux concurrents directs (4-1 face à Brest, 7-4 face à Caen en dernière journée). Une très belle fin de parcours qui permet aux pensionnaires de l'Alp'Arena d'accrocher la douzième place, dernière qualificative pour les play-offs mais qui résonne surtout comme un maintien acquis là où les choses semblaient si mal engagées.

Dans ces circonstances, les play-offs apparaissent essentiellement comme du bonus, mais chacun sait qu'il s'agit d'une nouvelle histoire, et que dès lors tout est possible. C'est un derby du Dauphiné qui se présente. Les Rapaces défendent crânement leur chance à Grenoble avec notamment trois buts dans le dernier tiers, mais ils échouent finalement du fait d'un but de Tardif en prolongation (4-3 a.p.). Le match du lendemain semble pratiquement le parfait opposé. Cette fois, Gap prend les devants, Grenoble réagit, et le match débouche sur une nouvelle prolongation, qui sourira aux visiteurs. Le Finlandais Kai Syvasalmi inscrit le but qui permet à Gap d'égaliser dans la série et de s'offrir deux matchs à la maison. Le premier se passe mal et les Gapençais subissent les foudres d'un Francis Charland retrouvé, auteur d'un triplé dans la dernière période (1-5). Il faut donc impérativement réagir le lendemain, ce que les Rapaces vont faire avec la manière, brisant tout suspense après vingt minutes en menant déjà de cinq buts. L'équipe se fait plaisir à l'image de Paul Schmitt qui s'offre son premier but pour l'occasion (7-1). Retour donc à Pôle Sud pour conclure la série, où tout se joue initialement dans la deuxième période : Virpio et Valchar offrent à Gap le droit de rêver à la qualification, mais Petit et Charland remettent leur équipe à flot. Il faut attendre les tirs au but pour forcer la décision, et l'exercice tourne totalement en faveur des Rapaces qui réussissent par Vondracek et Virpio là où Sivic et Petit échouent (2-3 t.a.b.). Pour la seconde année consécutive, le douzième de la saison régulière renverse le cinquième, mais le parcours gapençais n'ira pas plus loin et l'équipe s'incline face à Angers en trois manches sèches. Pour autant, l'équipe peut au bilan se montrer vraiment satisfaite, ayant renversé au courage des situations chaotiques qui auraient pu avoir des conséquences bien plus catastrophiques, sur la glace comme en dehors.

 

Neuvième : Amiens. Les supporters amiénois faisaient part d'une certaine impatience dans leur volonté de retrouver les Gothiques au rang de "place forte" du hockey français, une position mise à mal il est vrai depuis plusieurs années. 2012-2013 n'avait pas arrangé les choses pour des Picards éliminés prématurément dans les play-offs (par Strasbourg au premier tour). Bis repetita donc cette saison malgré une volonté affichée de rejouer les premiers rôles, et un recrutement sur le papier à la hauteur des ambitions : le fantasque gardien Juho Santanen parti, le président Henno et son équipe font l'acquisition d'une vieille connaissance de la Ligue Magnus et non des moindres. Ramon Sopko débarque dans la Somme après une saison en demi-teinte en Pologne, mais un palmarès en France qui parle pour lui. Les incertitudes portent toutefois sur son état de forme, cependant le staff décide de lui attribuer sa confiance. Il faut également pallier les départs d'une dizaine de joueurs, dont les jeunes Maurin Bouvet et Guillaume Leclerc qui ont tenté leur chance outre-Atlantique. Du côté des recrues amiénoises, le projet est plus que séduisant. L'équipe accueille notamment l'international Kévin Dusseau ou l'expérimenté Johan Ohlsson pour rallier les lignes défensives. Pour ce qui est de l'attaque, Amiens réalise un très gros coup en s'attachant les services du "chat" Danick Bouchard, qui arrive d'Epinal avec un solide statut de tueur devant le but. Son association avec Martin Gascon, en tête des classements individuels de Magnus jusqu'alors, est très attendue. François Ouimet arrive également en terres picardes avec son sens du jeu, ainsi que le remuant Mathias Arnaud. Ils seront rejoints en cours de saison par le finlandais Ilpo Salmivirta, sans contrat depuis sa pige à Sheffield en "joker médical" et très apprécié partout où il est passé, ainsi que de manière très éphémère par le local Kévin Hecquefeuille, à la saison quelque peu chaotique. Reste que le groupe amiénois ferait envie à bien des équipes, encore faut-il que la mayonnaise prenne.

L'occasion est trop belle de se jauger dès l'entame en étant opposé au rival rouennais sur la glace de l'Ile Lacroix. Pour ce premier match diffusé par le site du média "l'Equipe" dans le cadre du nouvel accord avec la FFHG, Amiens réalise un très bon match, mais doit s'incliner sur un but de Desrosiers en prolongation (5-4 a.p.). La première rencontre au Coliseum est elle totalement débridée, mais aboutit une fois encore sur une défaite face à Chamonix (6-8). Suite à cela, les Samariens s'installent un temps dans un schéma stable de victoires à domicile et de défaites à l'extérieur. Nullement épargnée par les blessures qui toucheront entre autres Gascon, Bachet ou Bastien, l'équipe parfois très rajeunie trouve enfin un meilleur rythme de croisière fin novembre, après une victoire au courage sur la glace des Ducs d'Angers (4-5). Une série de 5 victoires qui révèle un peu plus encore l'importance statistique de Danick Bouchard depuis septembre, le Canadien flirte à mi-saison avec des bases de record de points en Ligue Magnus. La phase retour est toujours aussi fluctuante pour les joueurs d'Heikki Leime, capables de bonnes performances (victoires 2-9 à Chamonix, à domicile 4-3 face à Angers ou le blanchissage face à Rouen 2-0 lors de la dernière journée) mais aussi de défaites surprenantes comme celle à Caen (4-0). Au final, l'équipe prendra la sixième place de la saison régulière, mais c'est un succès individuel pour Danick Bouchard, vainqueur du trophée Ramsay avec 51 points.

En play-offs, l'équipe amiénoise affrontera les Pingouins du HCMAG. Comme nous l'avons déjà expliqué dans le bilan du club haut-savoyard, le parcours des Gothiques s'arrêtera là, au terme d'une dernière défaite à domicile dans le match 5, une série qui aura sans doute révélé une évidente supériorité technique pour Amiens mais une faiblesse psychologique qui leur coûtera la qualification face à des Pingouins qui ont vraiment tout donné au courage. Les nombreux observateurs amiénois auront le temps encore d'établir leur propre théorie sur les raisons des échecs successifs. Toujours est-il que le duo Leime-Immonen sera sans surprise débarqué par les dirigeants à l'issue de cette saison. Cela fait à présent trois saisons consécutives que les Gothiques n'ont pas atteint les demi-finales, et le dernier trophée du club remonte à la dernière saison du Super 16 (champion de France 2003-2004).

 

Dixième : Grenoble. S'il est un club régulièrement associé aux Gothiques d'Amiens ces dernières saisons, c'est bien celui de Grenoble. Les deux équipes ont en effet de nombreux points communs depuis plusieurs années : des effectifs très prometteurs mais des résultats insuffisants, une absence de titres qui suscite l'ire des passionnés de chacune de ces deux places fortes du hockey français. Pour cette nouvelle édition, les Brûleurs de Loups affichent une fois encore un recrutement de premier choix. Si plusieurs joueurs ont quitté le navire pour des destinations françaises (Dusseau, Arrossamena, Ouimet, Desrosiers, Suzzarini, Bogdanoff) ou étrangères (McGrane, Vaskivuo, Briand, Dufresne), le staff a travaillé fort pour recruter des valeurs sures. Et pour ne pas se tromper en route, l'accent a été mis dans un premier temps sur les pensionnaires de Ligue Magnus : la première recrue n'est autre que le détenteur du trophée Ramsay de la saison précédente, Francis Charland. Le club recrute également deux éléments importants de l'ancienne équipe briançonnaise : Mitja Sivic et Toby Lafrance. En défense, l'expérimenté Stéphane Gervais arrive d'Epinal, tandis que l'ancien Drakkar Maks Selan prend la même direction. Le recrutement est complété par le duo universitaire (UQTR) constitué du défenseur Pierre-Luc Lessard et du centre Félix Petit. La dernière recrue est un retour, celui de l'international français Yorick Treille, venu rechercher un peu de stabilité après une saison mouvementée où il aura connu trois clubs différents. Une fois de plus, on parle alors de Grenoble comme un potentiel favori dans la course au titre ou aux coupes nationales.

Ironie du sort, l'entame de saison des Grenoblois n'est pas sans rappeler la précédente : six victoires en autant de rencontres, y compris en s'imposant à Briançon, dont on devine pourtant déjà le potentiel (0-2). Dijon sera la première équipe à faire chuter les Bruleurs de Loups cette saison (2-1), mais c'est aussi l'entame d'une série de quatre défaites pour les hommes de Jean-François Dufour. L'équipe rentre alors dans le rang tandis que Rouen et Briançon prennent rapidement de l'avance. La mi-saison est plutôt compliquée pour Grenoble, mais quelques importantes victoires maintiennent l'équipe dans la course au Top 4. C'est alors que se présente l'évènement hockey de l'hiver avec la tenue du premier Winter Game français. Le club grenoblois et la FFHG créent l'évènement et prennent possession du Stade des Alpes de Grenoble le temps d'une journée mémorable. Les médias régionaux (et quelques médias nationaux) communiquent autour des préparatifs de ce show sans précédent sur l'hexagone et les organisateurs ne se sont pas trompés : 19 767 spectateurs établissent un record d'affluence pour un match de hockey en France. La rencontre est diffusée sur la TNT gratuite et constitue également un beau succès médiatique si on en suit les communications du groupe l'Equipe à ce sujet. Sur la glace (provisoire) en revanche, tout ne s'est pas aussi bien passé pour Grenoble, qui s'incline face à une équipe de Briançon bien mieux organisée (4-5). Peut-être ragaillardis par le spectacle malgré la défaite, les Isérois remportent les cinq rencontres suivantes tandis qu'Antoine Bonvalot a succédé à Sébastien Raibon dans les cages dauphinoises. Après cette série de succès et au soir de la 20e journée, Grenoble pointe à la quatrième place du classement et la rencontre suivante sur la glace d'Angers (troisième) revêt une grande importance. Les Grenoblois prendront un point mais s'inclineront aux tirs au but (3-2 t.a.b). La fin de saison est déroutante pour une équipe capable de battre Amiens (3-1) ou Rouen (2-1 a.p.), comme de s'incliner à Brest (4-2), Chamonix (7-2) ou Villard (1-2 a.p.). Des Ducs de Dijon plus réguliers et des Ducs d'Angers ayant pris un peu plus d'avance condamnent les Brûleurs de Loups au tour préliminaire des play-offs.

Face aux Rapaces de Gap, les Grenoblois auront soufflé le chaud et le froid, mais par dessus tout ils n'auront guère été capables de se mettre en sécurité, et la défaite à domicile dans le match 5 (2-3 t.a.b) vient sceller une nouvelle saison compliquée pour les pensionnaires de Pôle Sud. Il faut dire qu'avec une élimination prématurée en championnat, une autre en quarts de finale de coupe de la Ligue face à Chamonix (3-3, 5-6) et une dernière dès l'entrée en coupe de France (3-6 face à Gap), le bilan est bien en-deçà des objectifs du club. Extrêmement décrié par les fans grenoblois, Jean-François Dufour est démis de ses fonctions, mais demeure sous contrat avec le club pour lequel il devrait travailler dans la structure mineure. L'organigramme est également repensé pour permettre à l'équipe de redevenir ce qu'elle était il y a de cela pas si longtemps. Les Grenoblois réalisaient un quadruplé historique il y a six saisons (2008-2009, avec le match des Champions), et soulevaient encore la coupe de la Ligue en 2010-2011...

 

Onzième : Strasbourg. Strasbourg attaque sa huitième saison en Elite en s'étant forgé une solide réputation d'épouvantail du championnat : cette formation, plutôt encline à jouer la deuxième partie de tableau, est aussi capable d'exploits notamment en play-offs où elle est redoutée par certaines équipes pour sa force de caractère qui l'a conduit jusqu'en finale en 2011, en partant de la onzième place de la saison régulière. Délestée de Grünn, Rollin-Karlsson et Källström, les derniers scandinaves restés dans l'effectif, l'Etoile Noire déplore également le départ de joueurs importants comme l'ailier David Cayer parti s'inscrire dans le projet de développement de Val Vanoise (D2), mais aussi les expérimentés Lionel Tarantino et Pierre-Antoine Devin qui ont rejoint Briançon. Chat échaudé craint l'eau froide, aucun représentant d'Europe septentrionale dans le recrutement de l'été, mais un sacré coup avec l'arrivée du quadra Jan Pardavy, ancien international slovaque passé également par la Russie, la Suède ou la Finlande, et un sacré palmarès. Il est rejoint par un intéressant trio canadien composé du centre Matt Lyall, du défenseur Yan Turcotte et de l'ailier Sébastien Trudeau. Tout ce beau monde découvre un championnat que maîtrise déjà les Français Peter Bourgaut (Briançon) et Valentin Michel (Angers), alors que le jeune Damien Bourguignon (Rouen) vient trouver ses premiers shifts de Ligue Magnus.

Le début de championnat des Strasbourgeois donne directement le ton de ce que sera la saison de l'Etoile Noire : défaits à Briançon en match d'ouverture (5-1), les Alsaciens se reprennent avec la manière dès la journée suivante en s'imposant largement face à Caen (6-0), puis sur la glace de Gap qui a eu beaucoup de difficultés en entame de saison (1-5). La saison des noirs et jaunes suivra cette logique pratiquement implacable : l'équipe peine à faire des résultats face aux cadors de la ligue (défaites 3-4 face à Dijon, 4-2 à Grenoble, 8-0 à Rouen), avec pour seule exception dans cette phase aller, une belle victoire à domicile face à Angers (5-2). En revanche, l'équipe performe face aux formations de bas de tableau : sur l'ensemble de la saison et face aux concurrents directs (Brest, Caen, Gap, Morzine), les Strasbourgeois affichent un bilan de cinq victoires pour trois défaites. Une statistique qui explique à elle seule que l'Etoile Noire n'ait guère été inquiétée par les play-downs, toutefois elle n'a pas su jouer les premiers rôles du fait d'un manque criant de victoires de prestige, la victoire citée face à Angers aura été la seule cette saison face à une équipe du Top-4. Autre élément de réponse, ces difficultés chroniques dans les moments décisifs. Strasbourg établira cette saison un triste record en saison régulière de Ligue Magnus, en s'inclinant à sept reprises en prolongations ou tirs au but, sur autant de situations. Difficile dans ces conditions de décoller au classement, l'Etoile Noire termine alors à la dixième place et s'assure une qualification pour un tour préliminaire qui aura accueilli les Alsaciens chaque saison depuis la montée du club en Elite.

Seulement cette saison, les Strasbourgeois ne sauront réitérer des exploits passés. La faute entre autres à cette malédiction du temps supplémentaire qui les aura suivi également en play-offs (deux défaites en deux rencontres). Avec une seule victoire au compteur (3-6 sur la glace de Villard-de-Lans pour le match 2), Strasbourg quitte la compétition par la petite porte. Toutefois il y a tout de même quelques motifs de satisfaction dans leur parcours, comme l'impressionnante saison de la recrue Jan Pardavy (45 points, sixième total de la Ligue). Il devient le meilleur pointeur de l'histoire de l'Etoile Noire en Ligue Magnus, et seulement le troisième Strasbourgeois à franchir le palier des 40 points en saison, après le duo Yanick Riendeau (43 points) et David Cayer (41 points) lors de la saison 2008-2009. Pardavy qui a d'ailleurs annoncé, à 42 ans, sa resignature pour la prochaine saison, de même qu'Elie Marcos (31 ans), Jan Cibula (39 ans), David Striz (32 ans) ou Vladimir Hiadlovsky (35 ans). C'est dire si l'équipe joue sur l'expérience !

 

Douzième : Epinal. à l'est, rien de nouveau ? Bien au contraire ! Restés sur un incroyable parcours en play-offs la saison passée qui les a conduits jusqu'en demi finale (série perdue face aux Ducs d'Angers), les Dauphins ont vu partir en cette intersaison des artisans majeurs de cette épopée : certes les cadres Peter Slovak, Jan Plch ou Michal Petrak sont restés, de même que d'autres joueurs précieux (Chauvière, Ouimet, Cacciotti, Susanj...), mais le coach Alex Stein a posé ses valises (provisoirement) à Angers. Pour assurer le poste, on a joué la carte maison avec Raphaël Marciano qui est une nouvelle fois promu entraîneur, tandis que Nicolas Martin l'assistera dans ses fonctions. Epinal a également perdu son gardien titulaire, le très coté Gabriel Girard qui a lui choisi d'évoluer pour les Dragons de Rouen. Son successeur sera l'international slovène Andrej Hocevar, qui effectue ici son retour en France après avoir tenu les cages d'Angers en 2011-2012. Ce ne sera pas le seul Slovène à rallier l'effectif spinalien puisque l'attaquant Anze Kuralt arrive également. D'autres joueurs de rang ont délesté l'ensemble des lignes vosgiennes, comme le défenseur Stéphane Gervais qui a pris la direction de Grenoble, l'ailier Sébastien Gauthier celle de Dijon et le serial buteur Danick Bouchard celle d'Amiens. Citons également Jan Hagelberg qui n'a pas resigné, Benjamin Casavant retourné au pays ou des joueurs partis chercher plus de temps de jeu dans les divisions inférieures (Colotti à Annecy, Raibon à Lyon). En somme, un sacré chantier mais visiblement des solutions trouvées à chaque situation : pour les derniers cités, Epinal accueille des joueurs français qui auront pour tâche d'offrir de la "profondeur de banc", comme Martin Charpentier de retour de Gap, Pierre-Charles Hordelalay qui arrive de Reims tandis que le gardien Pierre Mauffrey (ex Toulouse) rejoint son frère et assurera le statut de back-up. Le local Victor Pivron arrive également de Suisse, mais il y retournera très vite. L'effectif s'enrichit également de l'arrivée de Benjamin Breault, un centre drafté en 2006 par les Sabres de Buffalo, de son compatriote Francis Meilleur, qui jouait à Las Vegas avant un transfert avorté en EIHL et son arrivée dans les Vosges, et enfin de Dominic Perna, vieille connaissance du championnat de France où il est apparu pour la première fois en 1998-1999 sous les couleurs de Chamonix, et qui a également porté les couleurs de Tours entre 2006 et 2008.

Le bilan de la saison des Dauphins d'Epinal aurait pu être très difficile à établir. Huitièmes à l'issue de la phase régulière, on aurait pu croire à un parcours sans histoire. Mais les pensionnaires de Poissompré ont démarré dans la difficulté : défaits à domicile par Dijon (4-5), ils ne parviennent à réagir à Grenoble, en l'occurrence un spécialiste des entames de championnat (3-2). Guère épargnés par le calendrier, ils s'inclinent ensuite face à Angers (3-4) puis prennent un point à Amiens avant de s'incliner aux tirs au but (4-3 t.a.b.). Alors avant-derniers au classement, ce point pris lancera peut être leur saison puisqu'ils s'imposent pour la première fois la journée suivante face aux Albatros de Brest (5-3). Par la suite, si l'équipe tarde un peu à prendre des points à l'extérieur (première victoire lors de la onzième journée à Caen), elle retrouve en son antre un bastion fort, puisque dès lors seuls les deux gros favoris que sont Rouen (2-6) et Briançon (4-5 a.p.) viendront s'y imposer. à l'extérieur en revanche, les Dauphins sont bien plus à la peine, et ils terminent à la dixième place du "classement en déplacement", avec 8 points pris, principalement contre des équipes de bas de tableau. Dans les coulisses de ce parcours, les Dauphins auront au moins eu le mérite de faire le bonheur des statisticiens ! En effet dans l'ombre des résultats, l'équipe de Raphaël Marciano a affolé certains compteurs. Dans les normes statistiques internationales, le principe d'établissement des tendances de domination est de calculer les chiffres uniquement sur les équipes "au complet" (ou à 4 contre 4), et de retirer toutes les phases de supériorités / infériorités numériques. Si Epinal ne dénote pas dans les indices, l'équipe surprend dans les chiffres afférents aux calculs : les Dauphins sont apparus largement en tête du pourcentage de tirs à 5 contre 5, avec près de deux points de pourcentage de plus que Rouen (12,38% contre 10,66%). A l'inverse, les Vosgiens pointent à la douzième place du pourcentage d'arrêts à 5 contre 5, avec 89,18%. Comment analyser ces chiffres ? En exprimant simplement le fait qu'en égalité numérique, Epinal a beaucoup marqué (bien plus en proportion que les autres équipes), mais a également encaissé de nombreux buts... Et ce alors que les chiffres en supériorité et infériorité numériques sont plutôt dans la tendance haute. En quelque sorte, les Dauphins d'Epinal auraient largement remporté un "classement du spectacle" cette saison, et les supporters spinaliens ne se sont guère ennuyés malgré une place en milieu de tableau.

Opposés aux Chamois de Chamonix et malgré l'avantage de la glace, les Dauphins d'Epinal n'auront guère pesé dans la série et s'inclinent en trois manches brutes. Avec 22 buts encaissés sur les trois rencontres, difficile d'espérer un meilleur sort, et de nombreux passionnés avancèrent comme élément d'explication l'absence lors des deux premiers matchs du gardien titulaire Andrej Hocevar, retenu par sa sélection slovène aux Jeux Olympiques. L'argument est recevable, mais il ne doit servir de seule exutoire pour cristalliser la déception de cette fin de saison prématurée. Peut-on alors parler de leçon à retenir ? Pas en apparence, puisque faute de tourner la page, les Spinaliens semblent avoir carrément changer de livre pour écrire une nouvelle histoire. Pour la prochaine saison, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre à Epinal, et les Dauphins deviennent GamYo (pour l'effectif professionnel). Il s'agit là de la première expérience de naming dans le hockey français, à l'initiative de Romain Casolari, créateur du studio de jeux vidéo GamYo et spinalien de naissance. De quoi promettre un avenir radieux au hockey vosgien si l'expérience porte ses fruits.

 

Treizième : Caen. Derniers de la précédente saison régulière, les Drakkars de Caen avaient dû se déployer en play-down pour sauver leur place. Afin de s'assurer si possible un scénario plus tranquille, l'équipe dirigeante a misé sur la régularité. Luc Chauvel a été reconduit au poste d'entraîneur. Au rayon des quelques départs, Maks Selan a pris la direction de Grenoble. Le local Pierre Bennett a raccroché et Miro Rahkola est reparti en Finlande. Le natif du plat-pays Vadim Gyesbreghs arrive de Dunkerque, et le recrutement est bouclé par les ex-NCAA Shawn Stuart et Jordan Dewey.

Si la petite structure caennaise se bat avec ses moyens pour rester dans les douze premiers, le début de saison annonce immédiatement la tendance de la compétition : les Drakkars débutent par deux victoires à domicile (4-3 face à Gap, 6-3 face à Dijon) et deux défaites en déplacement (6-0 à Strasbourg et 4-2 à Grenoble). L'équipe poursuit son chemin plutôt positif chez elle, en prenant des points précieux face à des adversaires directs (4-2 face à Brest, 3-1 contre le HCMAG, 4-3 a.p. face à Strasbourg) ou sur des victoires de prestige, comme une victoire 4-0 face à Amiens, ou celle en prolongations dans le derby normand (4-3 a.p.), la première défaite des Dragons de Rouen en championnat cette saison. Mais pour ce qui est des rencontres à l'extérieur, les choses se gâtent cruellement pour les Caennais. Le bilan est rapidement dressé : 13 matchs, 13 défaites, pas même un point pris en prolongations. C'est donc un triste record établi par les Drakkars, la première équipe dans ce cas dans l'histoire de la Ligue Magnus. Avec un compteur vierge à l'extérieur, et un autre au mieux correct à domicile, cela ne fait guère avancer les choses au classement. Oscillant longuement entre la onzième et la douzième place, les Caennais pâtissent du retour en force des Gapençais, héritent de la treizième place au soir de la 22e journée, puis de la dernière la journée suivante. Les Normands sont donc condamnés une fois encore à jouer le maintien.

L'adversaire du play-down n'est autre que le promu brestois, dans une série qui s'annonce ouverte mais avec un élément principal en tête : les Drakkars n'ayant jamais gagné à l'extérieur cette saison, ils jouent de surcroît avec le désavantage de la glace. Ils n'ont donc d'autres choix que de mettre fin à cette spirale s'ils veulent évoluer en Ligue Magnus la saison prochaine. Or, la série débute par deux rencontres sur la glace bretonne. Lors de la première, les joueurs locaux ne laissent entrevoir aucun espoir aux Drakkars. Grâce notamment à un triplé de Jaroslav Prosvic, ils dominent largement cette rencontre et s'imposent avec la manière (6-1). Retour aux affaires dès le lendemain mais pour un scénario bien différent. Caen domine le début de rencontre et mène de trois buts par l'intermédiaire de Gauthier, Marie et Da Costa. Les Albatros réagissent trop tard, et les Normands s'imposent pour la première fois hors de leurs bases, au meilleur moment de la saison (2-3). Peut-être un avantage psychologique sur lequel s'appuyer pour les deux rencontres suivantes, cette fois-ci à domicile. Cela en prend le chemin pour le match 3, où Caen est bienaidés par un triplé de Jean-Christophe Gauthier (5-4). L'objectif des Drakkars est alors de faire fructifier cette avance en jouant à nouveau à la maison, mais ils n'en auront pas la possibilité dans une rencontre maitrisée comme le match inaugural par des Albatros plus en jambes (1-5). à deux victoires partout à l'issue des quatres matchs obligatoires, et un succès à l'extérieur de chaque côté, on sait à présent que cette série se jouera au couteau jusqu'à son terme. Retour donc en terre armoricaine où tout est à refaire, ce qui n'est pas sans conséquence sur cette rencontre accrochée qui n'aboutira que sur un unique but, qui est l'oeuvre du caennais Brice Chauvel dans le dernier tiers-temps (0-1). Caen mène à nouveau la série et tient une occasion en or de l'achever à la maison. C'est sans compter sur Prosvic qui donne l'avantage à Brest. Dès l'entame de la dernière période, Romand puis Da Costa pensent avoir fait le plus dur, mais l'intenable Prosvic remet les compteurs à zéro. La décision se fera donc à l'issue d'une séance de tirs au but, et dans cet exercice seul David Poulin trouve les filets (2-3 t.a.b.). Tout se jouera donc dans une ultime rencontre au Rinkla Stadium, et bien malin celui qui se risquerait à un pronostic. Brest ouvre rapidement la marque par Graham Avenel. Caen égalise par Da Costa en power play, puis prend l'avantage sur un but de Gauthier. Les réponses se succèdent, et c'est Michal Dian qui remet les choses à plat, avant que Poudrier ne donne à nouveau de l'avance aux Drakkars. Ils ont peu de temps pour en profiter puisque Thomas Evans égalise. Le troisième tiers sera la période la plus décisive de la saison de ces deux équipes, et cela tournera en faveur... des Drakkars de Caen. Brice Chauvel clôt la marque et permet à son équipe de remporter la rencontre (3-4) et de se maintenir une nouvelle fois en Ligue Magnus. Une sacrée habitude pour la formation normande, de toute évidence spécialiste du play-down : les Caennais en ont joué quatre en Ligue Magnus, et ne se seront inclinés que lors du premier, face à Chamonix en 2007-2008. Ils ont depuis relégué Mont Blanc en 2010-2011, Mulhouse en 2012-2013 et donc (sportivement) Brest cette saison.

 

Quatorzième : Brest. C'est la toute première saison des Albatros de Brest dans l'histoire de la Ligue Magnus. Une belle récompense pour cette formation historique du hockey français, finaliste 1995 et double championne de France 1996 et 1997, juste avant deux "rétrogradations volontaires" et une reconstruction pas à pas d'un projet qui les a menés jusqu'à cette accession en Ligue Magnus. Ne basculant pas dans l'écueil d'une revue d'effectif inconsidérée, les dirigeants brestois ont décidé de renouveler leur confiance au groupe qui a permis l'accession. Ce sont donc 14 joueurs qui sont restés, avec les seuls départs du gardien Landry Macrez pour Morzine, d'Alan Dana pour Nantes, et les arrêts de Tristan Lemoine et du capitaine Alexandre Lefebvre. Il y a donc peu à recruter, mais le staff est attentif à quelques possibilités intéressantes : le poste du gardien est dévolu à l'ancien Montpelliérain Michael Dupont, dont le niveau par rapport à l'Elite française reste une énigme. Brest enrôle également Nicolas Motreff, déjà passé par la formation bretonne avant Nice, Aina Rambelo en manque de temps de jeu avec Amiens, le nordiste Valentin Dumélié, le défenseur Thomas Evans en provenance du HCMAG, et enfin l'expérimenté Michal Dian, qui fut déjà de la première saison de Ligue Magnus (2004-2005) avec Clermont.

L'objectif des joueurs de Sébastien Oprandi est clair : tenter de décrocher l'une des douze places qui les assurerait un maintien dans l'Elite pour 2014-2015. Ils savent que la concurrence sera rude et qu'il faudra prendre des points importants face à la concurrence directe, tout en tentant de glaner ici et là des victoires inattendues. Cela débute par deux rencontres très délicates, la première à la Skoda Arena de Morzine où les Albatros s'inclinent malgré un excellent début de match (6-3). Face au révélateur rouennais pour la première rencontre à domicile, Brest s'incline sur la même marque (3-6). La première victoire est acquise à l'extérieur, sur la glace de Chamonix en délicatesse à domicile (1-4). Les Bretons enchaîneront d'ailleurs sur une seconde victoire face aux Ours de Villard-de-Lans (4-1). Un parcours un peu en dents de scie s'inscrit alors, avec plus de défaites que de succès mais une équipe brestoise qui prouve sa pleine légitimité dans cette compétition. Ainsi par exemple, après huit journées de championnat, le promu est alors l'équipe qui a le plus souvent ouvert le score dans la partie, avec six situations. Mais dès la neuvième journée et une défaite à Strasbourg (6-3), les Bretons se retrouvent dans les deux dernières positions, et ne les quitteront plus. La série de huit défaites entre la neuvième et la seizième journée n'aidera guère l'équipe à atteindre les objectifs. Pourtant, Brest se réveille en fin de saison et détone par quelques surprenants résultats : trois victoires d'affilée face à Epinal (8-4), à Briançon (1-2) puis face à Caen (8-2). Un peu plus tard, les Albatros accrocheront également Strasbourg (4-2), Grenoble (4-2) et le HCMAG (4-2) à leur tableau de chasse. Une très belle fin de saison où ils auront tout donné pour se maintenir, seulement les concurrents directs auront eux aussi brillé dans cette lutte à distance et cela dessert la cause brestoise. L'équipe termine à la treizième place et devra passer par le play-down pour espérer se maintenir.

Les Albatros seront au moins parvenus à laisser la lanterne rouge aux Drakkars de Caen, et sur le papier c'est une bien belle opération. Avec cette treizième place, ils obtiennent l'avantage de la glace, et ce n'est pas négligeable eu égard aux difficultés caennaises en déplacement. Las, les Normands mettront fin à cette série au meilleur moment pour eux, au plus mauvais pour les Brestois, en s'imposant à trois reprises sur la glace du Rinkla Stadium dans ce play-down. Le dernier but caennais de Brice Chauvel, dans l'ultime période de l'ultime rencontre, condamne les Brestois à un retour en Division 1. Du moins, c'est ce que l'on pense. Un peu plus tard dans l'intersaison, nous apprendrons que les Ours de Villard ne s'aligneront plus en Elite, laissant la possibilité aux Albatros de se maintenir administrativement. L'équipe brestoise, elle même emprunte à quelques délicatesses financières, parvient tout de même à présenter un bilan comptable qui pousse la CNSCG à valider l'équipe en Ligue Magnus. Un cadeau inespéré pour la formation armoricaine, qui devra tout faire la saison prochaine pour obtenir sportivement son maintien.

 

Sebastien Bernard

 

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