Grenoble : retour dans le top 4 ?

 

La saison 2012/13 des Brûleurs de Loups ne laissera pas un souvenir impérissable. Pourtant ambitieux, Grenoble s'est de nouveau contenté d'une place dans le ventre mou. Après deux septièmes places en saison régulière lors des saisons précédentes, les protégés de Jean-François Dufour ont terminé cette fois à une triste neuvième place, bien loin des objectifs affichés en début de saison. Ils étaient pourtant assez longtemps en course pour décrocher cette quatrième place qui permet d'accéder directement aux quarts de finale. Et du fait des écarts très faibles au classement, tout restait possible. Mais deux défaites face à Briançon puis Morzine au cours des deux dernières journées les obligeaient à passer par les barrages.

Pire, elles les obligeaient même à démarrer la série à l'extérieur face aux Rapaces. Une série facilement négociée par les Brûleurs de Loups qui balayaient Gap en trois manches. Face à Angers, leader de la saison régulière, l'exploit semblait impossible et pourtant... Après deux victoires à domicile de part et d'autre, les deux équipes devaient disputer un cinquième match en Anjou. Tout semblait possible et le scénario n'était pas sans rappeler les play-offs 2011/12 lorsque Grenoble avait remonté un handicap de deux défaites pour s'imposer en cinq manches face à d'autres Ducs, ceux de Dijon. C'était également en quarts de finale... mais c'est bien connu, les miracles ne se produisent qu'une seule fois. Battu 4-0 au Haras, Grenoble finissait sa saison en quarts-de-finale, sans rééditer le parcours exceptionnel de la saison précédente jusqu'en finale.

Et ce ne sont pas les coupes qui ont donné plus de satisfaction. À chaque fois, l'aventure s'arrêtait en demi-finale, assez logiquement d'ailleurs, contre Rouen en coupe de la ligue et Briançon en coupe de France. Grenoble était battu par le futur vainqueur de la compétition. Pas de quoi avoir honte comme lors de la déroute contre Montpellier un an plus tôt, mais pas de miracle non plus. Un sentiment qui résume au fond assez bien cette saison grenobloise : une saison terne, sans relief, bien loin de la magie des play-offs 2011/12 ou de la coupe de la ligue 2010/11 pour ne pas remonter plus loin. Grenoble n'a pas été capable de surfer sur la vague des succès du printemps 2012 et le soufflé est donc vite retombé après cette finale inespérée.

Et si les résultats n'étaient pas au rendez-vous, le jeu n'y était pas non plus. L'enthousiasme qui avait propulsé les Brûleurs de Loups en finale un an auparavant s'était envolé. Comme on pouvait le craindre, le talent de Rouleau a cruellement manqué à une équipe sans imagination qui devait s'en remettre aux coups d'éclats de Vaskivuo en saison régulière et à la hargne de Tartari et Le Blond en play-offs pour faire bonne figure. Bref, on s'est ennuyé ferme cette saison dans les travées de Pôle Sud devant une équipe constamment à la recherche d'un jeu collectif qui n'a jamais vraiment pu se mettre en place. Partant de ce constat, du changement en profondeur était attendu pour cette saison 2013/14 qui s'annonce.

Grosse vague de départs

Et bien entendu, tous les regards se tournent vers le banc alors que Jean-François Dufour arrivait au terme de son bail de trois ans comme entraîneur. Avec un bilan très mitigé. Côté succès : une coupe de la ligue, un trophée des champions et une finale de Magnus. Trois coups d'éclat en trois ans. Mais avec des moyens réduits depuis 2010 (remboursement de la dette oblige...), Grenoble est bel et bien rentré dans le rang pendant l'ère Dufour. Au-delà des résultats par forcément faciles à obtenir avec une équipe très jeune face à des formations plus solides et expérimentées, c'est surtout la manière qui a déplu. Dufour s'est improvisé coach après l'éviction de Lusth puis le forfait de Rolland, et il a beaucoup tâtonné pour trouver ses repères. Un plan de jeu pas toujours très clair, des changements de lignes incessants, une gestion de l'effectif pas toujours très lisible, des joueurs en régression d'une saison sur l'autre : le coach grenoblois semblait parfois peiner pour faire passer son message à un groupe souvent en panne d'inspiration. Bref, du changement semblait dans l'air.

Mais à la surprise générale, les dirigeants grenoblois maintenaient leur confiance à l'entraîneur québécois qui rempilait pour un bail de deux ans. Ce choix surprenant (par défaut ?) tient sans doute compte du contexte économique du club qui ne pouvait se permettre d'aller chercher un coach expérimenté de renom tant que la dette ne serait pas pleinement remboursée. Le choix de la continuité et du long terme, donc, de la part de dirigeants pas vraiment adeptes des révolutions de palais et qui misent sur une montée en puissance de leur entraîneur, l'expérience aidant. Mais pour ne pas revivre une saison similaire à la précédente tout en maintenant Dufour à son poste, le staff grenoblois devait changer l'effectif en profondeur.

L'attaque était la première visée. Neuvième de la ligue Magnus, l'offensive grenobloise n'a pas vraiment fait parler la poudre. Et d'après le staff grenoblois, la faute incombait principalement aux joueurs étrangers dont le rendement était bien inférieur aux attentes. Dans le viseur : les deux Québécois restés au club, François Ouimet et Francis Desrosiers qui ont vu tous deux leur production chuter alors qu'ils avaient plutôt réussi leur première saison grenobloise. Ouimet avait été l'attaquant le plus régulier avec une moyenne supérieure à un point par match, mais sa production a baissé (22 points au lieu de 28). Souvent changé de ligne, il a pourtant connu une bonne période aux côtés de Tartari et Le Blond vers la fin de la saison régulière mais il n'a pas confirmé lors des play-offs où il fut totalement transparent (2 pts). Mais ce n'est rien à côté de Desrosiers qui fut lui transparent pendant toute la saison. Pourtant moins touché par les blessures que l'année précédente, il n'a pas réussi à marquer un seul but en 33 matchs de Ligue Magnus, saison régulière et play-offs compris ! Une contre-performance incompréhensible pour un jeune joueur qui était sur la pente ascendante et sortait d'une saison de 18 buts en championnat... Les deux vont essayer de rebondir dans un nouveau cadre (Amiens pour Ouimet, Bordeaux pour Desrosiers).

Les deux Québécois ne sont pas les seuls à faire leur valise. Ed McGrane et Mike Vaskivuo (photo de gauche), sur qui de gros espoirs étaient fondés en début de saison, ne seront restés finalement qu'une saison à Grenoble. McGrane semblait certes en fin de carrière mais son CV parlait pour lui avec de grosses statistiques en ligue mineure nord-américaine. Avec lui, Grenoble semblait tenir le gros centre qui manquait les saisons précédentes. Sa saison aura été assez mitigée. Des statistiques tout justes à un point par match en saison régulière et des play-offs très discrets avec trois petits points (dont un seul but) : McGrane n'a pas été la locomotive offensive espérée. Son entente avec Vaskivuo a parfaitement fonctionné en début de saison : les deux joueurs, associés souvent à Luc Tardif, parfois à Bedin, se trouvaient à merveille et marquaient des buts en contre splendides. Mais au fil de la saison et au gré des changements de ligne du coach Dufour, cette complémentarité est parue moins évidente à tel point que les deux joueurs évoluaient sur deux lignes séparées. Un choix discutable qui aura fait perdre l'efficacité à l'un comme à l'autre. Car si Vaskivuo s'est avéré le buteur attendu, il a tout de même terminé bien loin des meilleures gâchettes du championnat. Joueur très spectaculaire, à l'affût du moindre contre et buteur récidiviste en infériorité numérique (situation dans laquelle il a marqué à quatre reprises en Ligue Magnus !), il semblait avoir le potentiel technique pour marquer (et faire marquer) bien plus. Il a souvent débloqué des matchs sur des actions géniales mais a aussi parfois péché par excès d'individualisme. Il était venu en Europe pour se montrer, Grenoble aurait bien voulu le conserver une saison supplémentaire, mais son retour en Amérique du Nord laisse un arrière-goût d'inachevé.

Outre les quatre renforts étrangers, les Saint-Pierrais Nicolas Arrossamena et Matthieu Briand quittent également le navire grenoblois. Arrossamena avait déjà connu une saison 2011-12 assez irrégulière. Encore sous contrat, il lui fallait faire mieux pour espérer reconduire son bail. Mais sa saison 2012-13 ressemble en tout point à la précédente avec trop d'irrégularité et de matchs sans. Même lorsqu'il fut associé à Vaskivuo et McGrane, Arrossamena n'en a pas vraiment profité. Ses performances stagnent depuis sa sélection pour les championnats du monde 2011. Un nouveau défi à Gap lui fera le plus grand bien pour relancer sa carrière. Gap, ce devait être aussi la destination de l'autre Saint-Pierrais de l'équipe, Matthieu Briand. Sa première saison pleine en Ligue Magnus a été une franche réussite pour ce joueur de grande taille particulièrement habile techniquement. Il ne pouvait plus se contenter d'une quatrième ligne et, tout en signant à Gap, est allé passer avec succès des tests en Amérique du Nord. Il intègrera finalement l'USHL, la ligue junior américaine, pour un nouveau défi. Enfin, l'attaque perd également le prometteur attaquant de l'équipe de France U20, Lou Bogdanoff, qui, après quelques apparitions en Ligue Magnus, a préféré aller chercher du temps de glace en Division 1 du côté de Mont-Blanc.

La défense n'est pas en reste puisque trois défenseurs sur six ne porteront plus le maillot grenoblois la saison prochaine. Le départ le plus dommageable est sans doute celui de Kévin Dusseau qui venait de réaliser la plus belle saison de sa carrière. Prenant opportunément le temps de glace laissé libre par le départ de Rouleau, il a pris une toute autre dimension pour sa deuxième saison avec les Brûleurs de Loups au point de devenir un des piliers de la défense. Plus solide défensivement, il se sert de son physique à bon escient et a pris un rôle prépondérant sur le power-play avec huit buts inscrits en saison régulière donc cinq en supériorité numérique. Avec 19 points au compteur, il est devenu un des défenseurs les plus prolifiques de la ligue. L'équipe de France lui tend les bras, mais il a choisi de poursuivre sa carrière à Amiens qui lui proposait des conditions plus avantageuses. Une très grosse perte pour Grenoble.

Autre départ à la ligne bleue, celui de Sylvain Dufresne qui ne sera resté finalement que deux saisons à Grenoble. Défenseur solide sans être spectaculaire, Dufresne avait connu d'excellents play-offs 2012 avant de réaliser une saison plus quelconque. Comme pour McGrane, le poids des années commençait à se faire sentir. Parfois un peu en retard sur certaines actions, il ne parvenait pas toujours à compenser par sa science du placement et son apport offensif restait assez limité. Un peu de changement semblait nécessaire à ce poste et Dufresne s'en va donc découvrir le Kazakshtan après le Danemark, l'Allemagne, l'Italie et la France.

Enfin le "géant" Maxime Suzzarini quitte lui aussi les Brûleurs de Loups. L'expérience tentée par Dufour en lui donnant une place de titulaire en défense semblait osée tant Suzzarini affichait des lacunes techniques et sur le plan du patinage. Et ce ne fut pas franchement une réussite. Très souvent pris de vitesse, il en était réduit à distribuer des "baffes" lorsque la température montait sur la glace. Cédant trop facilement à la provocation, il devenait une distraction pour ses coéquipiers. Il devrait trouver en Division 1 un championnat plus conforme à son niveau.

Avec tous ces départs, c'est tout le contingent étranger des Brûleurs de Loups qu'il faut désormais reconstituer. Pas forcément évident pour créer les automatismes dans la nouvelle équipe, et une option qui limite les droits à l'erreur dans le recrutement.

Une attaque à reconstruire

Pour limiter les risques, le staff grenoblois a donc cherché logiquement des joueurs connus en France ou pouvant déjà avoir des automatismes entre eux. Et la meilleure façon de ne pas se tromper est de prospecter en Ligue Magnus. Et a fortiori de prendre le meilleur marqueur de celle-ci... Une stratégie que le staff grenoblois avait déjà suivie avec plus ou moins de succès pour faire venir un certain... Jean-François Dufour qui sortait d'une saison très prolifique à Briançon. Cette année le "gros coup" du recrutement est donc Francis Charland, le buteur chamoniard, qui a décroché le trophée Albert Hassler. À 26 ans et après une première saison plutôt prometteuse, il a fait exploser les compteurs aux côtés de Carl Lauzon. Avec Charland et son puissant lancer, Dufour espère tenir un vrai buteur capable de perforer les défenses de Ligue Magnus, d'autant plus qu'il aime jouer avec intensité.

Pour l'alimenter en bons palets, le staff grenoblois s'est tourné vers son pourvoyeur en joueurs préféré dans la ligue Magnus : Briançon. Les Diables Rouges ont en effet été souvent "pillés" par les Brûleurs de Loups, et même si la tendance semblait s'être inversée l'an dernier, elle reprend de plus belle cette saison avec le recrutement de Toby Lafrance, le maître à jouer de la première ligne haut-alpine. Excellent pourvoyeur de palets, Lafrance va connaître à 26 ans son troisième club de Ligue Magnus en trois saisons après Épinal et Briançon où il a marqué son passage d'une belle empreinte (à chaque fois plus de 40 pts). Mais le recrutement de Lafrance n'est pas non plus un hasard puisque ce dernier a côtoyé de 2004 à 2007 en junior majeur québécois un certain... Francis Charland au sein des Tigres de Victoriaville ! Une association que Jean-François Dufour aimerait bien revoir sur la glace, lui qui cherche des automatismes.

Et pour avoir des automatismes, pourquoi ne pas amener un des ailiers de Lafrance à Briançon ? Un certain Mitja Sivic... qui vient de connaître une forme de renaissance après une très belle saison de l'autre côté du Lautaret sous les ordres de Luciano Basile. Et Sivic semble aimer les allers-retours entre les deux villes dauphinoises puisqu'après une première saison à Briançon, quatre saisons à Grenoble et donc la dernière sous les couleurs des Diables Rouges, le voilà de retour à Grenoble. Un retour assez inattendu car Dufour semblait avoir fait le tour de la question avec l'attaquant slovène qui semblait ne plus vraiment correspondre à son plan de jeu. Un Sivic qu'on disait vieillissant mais qui vient de connaître une seconde jeunesse à Briançon et qui espère prouver aux Grenoblois qu'il en a encore sous le patin. Un pari pour un joueur très apprécié en Isère et qui a ses attaches à Grenoble.

Enfin, pour compléter l'attaque, Jean-François Dufour est allé prospecter au Québec et a déniché, sur les conseils de Charland, un petit attaquant vif avec de très bonnes mains qui a connu une belle carrière en junior majeur québécois : Felix Petit. À 25 ans et avec deux saisons à plus de 90 points à son actif en junior majeur, Petit a des références. Et il a encore un petit plus puisqu'il a côtoyé de 2009 à 2011... Francis Charland à l'université de Québec Trois-Rivières. Une connexion supplémentaire qui devrait faciliter les automatismes dans l'attaque grenobloise. Un signe également que Dufour ne privilégie plus les gros gabarits en attaque, mais qu'il a aussi besoin de talent et de créativité : un virage à 180° sans doute lié au manque d'efficacité de son attaque la saison dernière. Avec Lafrance et Petit, Grenoble possède désormais deux très bons centres créateurs capables d'animer l'attaque.

Du côté de la défense, le staff grenoblois avait la lourde tâche de remplacer deux cadres, Dusseau et Dufresne. Avec comme ligne directrice l'idée de trouver plus de mobilité et de force de frappe à la ligne bleue. Et en restant dans la logique de faciliter les automatismes, Dufour portait logiquement son choix sur un coéquipier de Felix Petit à Trois-Rivières : Pierre-Luc Lessard. Les deux joueurs se sont connus en 2008 à Baie-Comeau en junior majeur et ne se sont pas quittés depuis, passant les quatre dernières saisons à l'Université de Québec Trois-Rivières, dont deux avec Francis Charland. À 25 ans, Lessard a tout pour être un défenseur offensif de premier plan, capable de soutenir l'attaque et de piloter le power-play depuis la ligne bleue. C'est aussi un leader sur la glace et dans le vestiaire, capitaine de son équipe à Trois-Rivières. Vraisemblablement une très bonne pioche qui devrait faire oublier la perte douloureuse de Kévin Dusseau et peut-être même celle d'un certain Alexandre Rouleau dont il pourrait bien être le successeur.

Pour compléter la défense et compenser le vide d'expérience laissé par le départ de Dufresne, le staff grenoblois s'est tourné vers un défenseur expérimenté de la Ligue Magnus, le Franco-Canadien Stéphane Gervais. À 31 ans, il a déjà six saisons derrière lui en Ligue Magnus, cinq à Épinal et une à Briançon. Même s'il n'a jamais retrouvé le niveau exceptionnel de ses deux premières saisons spinaliennes, Gervais n'en reste pas moins un défenseur précieux, plutôt tourné vers l'offensive. Très présent dans la belle épopée des Vosgiens dans les derniers play-offs, Gervais va tenter sa chance pour la deuxième fois dans une grosse structure de la ligue Magnus. Il n'avait pas totalement convaincu Luciano Basile à Briançon, il devra saisir cette deuxième (et dernière ?) chance de franchir un palier dans une carrière déjà bien entamée.

Enfin, le recrutement en défense est complété par le Slovène Maks Selan, une ancienne trouvaille de Luciano Basile à Briançon où il a passé deux saisons entrecoupées d'un passage en Division 1 à Valence. Autre défenseur connu pour ses qualités offensives et notamment son excellent lancer à la ligne bleue, il a parfois eu plus de mal défensivement lors de ses saisons avec les Diables Rouges. Très sollicité la saison dernière dans l'arrière-garde caennaise, il a pu travailler son jeu défensif et s'en est plutôt bien sorti engrangeant au passage un maximum de temps de glace. Sa venue à Grenoble est un défi, mais les Brûleurs de Loups ne devraient pas y perdre au change vu qu'il remplace numériquement Suzzarini. Son intégration devrait également être facilitée par la présence de son compatriote Mitja Sivic.

À noter que le jeune Québécois, Miguel Pereira, annoncé un temps comme dernière recrue grenobloise, est reparti rapidement au pays. Son remplacement est à l'étude et pourrait renforcer Grenoble dans un secteur ou un autre.

Avec cinq recrues sur sept en provenance de la Ligue Magnus, Grenoble a clairement joué la carte de la sécurité dans le recrutement de ses joueurs étrangers, privilégiant les valeurs sûres ou l'expérience. Même s'ils sont tous nouveaux dans l'effectif isérois, la plupart se sont déjà côtoyés dans leurs clubs précédents ce qui devrait faciliter leur intégration et la cohésion de l'équipe.

Prime à l'expérience

Jean-François Dufour dispose désormais d'une équipe plus complète que sa devancière, plus expérimentée aussi. Et c'est un virage important que prend Grenoble alors que depuis 2010 la jeunesse et la formation locale avaient été essentiellement mis avant dans la politique sportive. Mais cette politique a montré ses insuffisances la saison dernière, et notamment la nécessité de composer avec plus de talent individuel tout en gérant mieux les approches de match afin d'éviter trop de temps faibles pendant la saison. En somme, Grenoble devrait avoir un effectif plus mûr et plus talentueux.

Pas de changement dans les cages avec un duo composé de Sébastien Raibon et Antoine Bonvalot entièrement reconduit. Un choix assez logique somme toute. Raibon fut l'une des grosses satisfactions de la saison passée, levant les doutes sur sa capacité à tenir le rôle de n°1 sur une saison complète et surtout à contrôler ses nerfs. Certains soirs, Raibon fut même le seul à tenir son équipe hors de l'eau. Même si tout ne fut pas parfait, il a permis à Grenoble de gagner des matchs et a réalisé quasiment un sans faute lors du premier tour des play-offs contre Gap. Il s'impose progressivement parmi les valeurs sûres de Magnus. Bonvalot a connu pour sa part une première saison en Magnus plutôt discrète avec très peu de temps de jeu alors qu'il avait fait l'essentiel de la préparation. Mis en difficulté aux Mondiaux U20 à Amiens, comme l'ensemble de l'équipe de France finalement reléguée, il cherchera désormais à jouer plus souvent avec les seniors. Encore faut-il que Dufour joue un peu plus le jeu de la rotation que la saison dernière.

En défense, Grenoble semble mieux armé. Baptiste Amar est toujours présent et entame sa dixième saison sous le maillot des Brûleurs de Loups. Une belle fidélité pour ce défenseur international, véritable âme et capitaine en puissance de cette équipe, qui reste sur une petite déception puisqu'il a raté les championnats du monde à cause d'une blessure pendant la préparation. Son expérience et sa vision du jeu seront encore une fois extrêmement précieux, d'autant plus qu'il devrait être un peu moins sollicité cette saison grâce à la présence à ses côtés de Lessard, Gervais et Selan. Les trois recrues équilibreront le temps de glace et apporteront un plus offensif indéniable sur les power-plays, parce que Grenoble manquait de bons tireurs à la ligne bleue et que le départ de Dusseau n'a rien arrangé.

Jason Crossman et Nicolas Antonoff complètent la défense et devraient former une troisième ligne solide physiquement. Sobre mais efficace dans un profil type de défenseur défensif, Crossman est devenu un bon défenseur de Magnus, même s'il doit encore démontrer qu'il a le potentiel pour évoluer sur un premier ou un deuxième bloc. Antonoff a connu une saison en dents de scie pour son retour, avec un très bon début puis une fin de saison nettement plus délicate avec beaucoup d'approximations dans les passes et de pénalités. Parfois sur-utilisé certains soirs sur les premiers et deuxièmes blocs, il a eu du mal à enchaîner mais son impact physique reste intéressant... à condition qu'il réussisse à éviter les blessures.

Bien plus homogène que la saison dernière où tout reposait sur Amar et Dufresne jusqu'à l'éclosion de Dusseau, la défense sera complétée par les jeunes Kévin Martenon, Quentin Scolari et Mathieu Pons qui ont déjà fait quelques apparitions la saison dernière en ligue Magnus tout en renforçant ponctuellement l'équipe de Chambéry en Division 2 avec laquelle Grenoble a un partenariat.

Quant à l'attaque, elle connaît beaucoup de changements avec six départs, mais le potentiel offensif semble là aussi supérieur. Avec Lafrance, Charland et Petit, Dufour possède à n'en pas douter un trio capable de dynamiter bien des défenses. Mais il devra choisir entre la tentation d'une première ligne très forte en regroupant ses Canadiens ou un alignement plus équilibré avec notamment deux centres offensifs, Petit et Lafrance. Car ce qui change cette saison à Grenoble, c'est l'équilibre retrouvé entre attaquants techniques et offensifs (une rareté jusqu'à présent) et les attaquants défensifs et travailleurs (le stéréotype grenoblois). Même s'il privilégie les attaquants qui jouent dans les deux sens de la patinoire, Dufour a dû se rendre à l'évidence : il lui faut du talent pour marquer des buts. Ces trois-là devraient y contribuer, d'autant plus qu'ils ne sont pas en reste au niveau de l'intensité physique dans le jeu et que Lafrance notamment peut évoluer aussi en infériorité numérique.

Derrière les trois attaquants québécois, on retrouve les valeurs sûres, Christophe Tartari et Matthieu Le Blond, encore une fois très précieux lors des derniers play-offs. Le Blond a confirmé ses excellents play-offs 2012 et a gagné en régularité. Tartari marque moins souvent mais est toujours présent lorsqu'il faut aller gagner les palets dans les bandes et montre l'exemple par son implication sur la glace. Ses excellents play-offs 2013 sont là pour en témoigner. Un temps donné partant, Julien Baylacq complète bien le trio, aligné pendant quasiment toute la saison en supériorité numérique. Même si son rôle de capitaine (qui ne sera peut-être pas reconduit) peut s'avérer discutable compte tenu de sa jeunesse et de son influence limitée sur le jeu, Baylacq est un joueur travailleur qui fait régulièrement le "sale boulot", créant des espaces à ses partenaires. Il devra se battre pour valider sa place sur les trois premiers trios, mais avec ces trois-là, Grenoble tient une belle ligne défensive capable de mettre en échec les gros trios adverses.

Outre Mitja Sivic dont on attend une contribution offensive dans la lignée de celle qu'il vient de réaliser à Briançon, Dufour peut également compter sur Luc Tardif, encore une fois pas épargné par les blessures mais qui a montré lorsqu'il jouait à quel point il pouvait être précieux par son impact physique. "Déménageur" dans les bandes et pas maladroit devant le but, ce gros gabarit est un joueur de complément idéal... à condition qu'il reste en santé, ce qui à ce jour n'est pas encore garanti puisqu'il est encore en convalescence pendant la pré-saison.

Enfin, les jeunes joueurs sont toujours là pour compléter l'attaque. À commencer par Joris Bedin, dont on attend que le talent explose définitivement au grand jour. Parfois handicapé par un gabarit un peu trop léger, ce joueur très vif et très technique a les moyens d'évoluer sur l'un des deux premiers trios, surtout s'il rajoute une dimension physique à son jeu. Souhaitons que Dufour lui donne vraiment la chance de s'exprimer, ce qu'il avait commencé à faire la saison dernière en le plaçant aux côtés de McGrane et Vaskivuo avant de changer son alignement. Et la relève est là avec Jordann Perret, autre petit gabarit révélé l'an dernier et qui a pu donner un aperçu très intéressant de son potentiel avant d'être sévèrement blessé à Briançon. Avec aussi César Joffre, joueur très volontaire et qui n'a pas peur du contact, au point que Dufour n'a pas hésité à l'utiliser devant le slot lors des supériorités numériques. Enfin avec Sébastien Delemps, le dernier joueur du centre de formation à être intégré en équipe première, un gabarit encore léger mais avec de bonnes mains.

Avec Petit, Lafrance, Charland et Sivic à la place de McGrane, Vaskivuo, Ouimet et Desrosiers, Grenoble possède un alignement offensif intéressant avec un talent mieux réparti que la saison dernière. L'an passé, les adversaires pouvaient se contenter de surveiller Vaskivuo et McGrane, cette saison le danger viendra de partout. L'équilibre avec les joueurs plus défensifs restés au club (Tartari, Le Blond, Baylacq, Tardif) est mieux réparti et l'intégration des jeunes se fera à dose plus modérée mais avec des joueurs explosifs comme Bedin et Perret. Un savant mélange de talent, d'expérience et d'intensité qui est séduisant sur le papier. Il ne reste plus à Dufour qu'à trouver la bonne alchimie entre les lignes.

De nouvelles ambitions ?

Cette équipe 2013-14 s'est donc bien améliorée sur le papier. Elle devrait être plus joueuse que sa devancière, surtout si les automatismes prennent rapidement sur la première ligne qui a le potentiel pour être une des meilleures de la ligue. On devrait donc voir - enfin - du spectacle à Pôle sud, mais attention à ne pas tomber non plus dans l'extrême inverse. Car si cette équipe a du talent offensif, elle devra aussi montrer qu'elle sait défendre et tenir lorsqu'elle mène au score ou qu'elle subit le jeu. Empiler les défenseurs offensifs, c'est très bien pour le power-play mais peut aussi présenter un certain risque de s'exposer inutilement. L'expérience d'Amar ou de Gervais et la maturité de Lessard devraient à ce titre être très précieuses lorsqu'il faudra rappeler tout ce petit monde à ses devoirs défensifs.

Avec une équipe aussi améliorée et vraiment prometteuse, on ne comprendrait pas que les résultats ne soient pas à la hausse. Et c'est là que Dufour devra relever le défi, lui qui a souvent tâtonné dans la mise en place d'un collectif en multipliant les changements de ligne d'un match à l'autre et parfois au sein d'un même match. Avec tant de changements dans l'effectif, il lui faudra trouver rapidement les associations pour donner des repères à ses joueurs. Avec une équipe plus talentueuse et plus expérimentée, il n'aura cette fois pas d'excuses en cas de mauvais résultat cette saison. À lui de montrer qu'il mérite la confiance que ses dirigeants ont placé en lui.

Cette fois, Grenoble a mis les moyens pour retrouver le haut du tableau malgré le remboursement de la dette toujours en cours. Avec un recrutement assez astucieux car basé sur la complémentarité et les connaissances entre les joueurs, les Brûleurs de Loups ont de quoi viser de nouveau - avec bien plus de réalisme cette fois - une place parmi les quatre premiers de la Ligue Magnus, voire aller chercher l'une des coupes. Une demi-finale semble donc être un objectif minimum pour cette équipe qui pourrait ramener Grenoble vers les sommets.

Christophe Laparra

 

PS : Pour remplacer Miguel Pereira, parti à peine arrivé en août, Grenoble s'est tourné vers un joueur formé au club mais qui avait quitté le Dauphiné depuis bien longtemps, un certain Yorick Treille. Comme son père Philippe et son frère Sacha, Yorick va porter à son tour l'uniforme des Brûleurs de Loups, poursuivant ainsi la "dynastie". Ce sera d'ailleurs la première saison senior en France de Yorick Treille, parti à 15 ans en Amérique du Nord, revenu à 25 ans en Europe mais pour jouer dans les grands championnats européens (Suisse, Allemagne et République Tchèque essentiellement). Son retour en France peut constituer une surprise, mais l'absence de proposition intéressante à l'étranger après une saison difficile partagée entre Prague, Chomutov et Salzbourg, l'a poussé à poser ses valises à Grenoble à 33 ans, peut-être un peu plus tôt qu'il ne l'avait envisagé au départ. Avec Yorick Treille, Grenoble récupère un joueur international à l'expérience inestimable, un joueur physique capable de s'imposer devant la cage et dans les bandes et un vrai leader qui devrait tirer toute l'équipe vers le haut. L'attaque grenobloise gagne aussi en profondeur et devrait ainsi être moins dépendante de sa première ligne canadienne pour marquer.

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2012/13   MJ   Min   Moy.    %    Pén
35 BONVALOT Antoine      04/03/1994  180  73  Épinal            Grenoble    FRA-1    3   100   4,20  85,1%   0'
39 RAIBON Sébastien      03/11/1990  179  81  Grenoble          Grenoble    FRA-1   33  1958   2,54  90,9%   4'

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2012/13   MJ   B   A  Pts  Pén
 5 AMAR Baptiste         11/11/1979  183  88  Gap               Grenoble    FRA-1   32   2  16  18   34'
 8 MARTENON Kévin        11/12/1992  179  78  Grenoble          Grenoble    FRA-1   12   0   0   0    0'
                                                                GrenobleU22 FRAjr   24   2   7   9   32'
11 SELAN Maks            20/11/1988  184  87        (Slovène)   Caen        FRA-1   29   9   8  17   52'
15 GERVAIS Stéphane      20/12/1982  182  90    (Fra-Canadien)  Épinal      FRA-1   40   7  22  29   28'
16 LESSARD Pierre-Luc    16/01/1988  182  81        (Canadien)  3-Rivières   CIS    36   7  32  39   37'
52 ANTONOFF Nicolas      28/12/1981  190  90  Grenoble          Grenoble    FRA-1   27   1   5   6   69'
91 CROSSMAN Jason        15/03/1990  181  91  Montpellier       Grenoble    FRA-1   34   0   1   1   26'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2012/13   MJ   B   A  Pts  Pén
10 DELEMPS Sébastien     15/01/1992  172  79  Valence           Grenoble    FRA-1    5   0   0   0    0'
                                                                GrenobleU22 FRAjr   24   9  12  21   34'
13 BAYLACQ Julien        10/04/1989  183  86  Grenoble          Grenoble    FRA-1   33   7   7  14   33'
17 PETIT Felix           27/08/1988  173  72        (Canadien)  3-Rivières   CIS    36  17  41  58    6'
19 JOFFRE César          21/10/1990  185  79  Grenoble          Grenoble    FRA-1   34   1   4   5    4'
24 SIVIC Mitja           01/10/1979  177  85         (Slovène)  Briançon    FRA-1   34  12  31  43   16'
26 CHARLAND Francis      28/04/1987  185  89        (Canadien)  Chamonix    FRA-1   29  35  20  55   49'
73 TARTARI Christophe    03/12/1984  189  85  Grenoble          Grenoble    FRA-1   34  10  14  24   63'
75 TARDIF Luc Jr         30/11/1984  192  93  Rouen             Grenoble    FRA-1   15   5   7  12   26'
88 LE BLOND Matthieu     16/09/1987  182  82  Grenoble          Grenoble    FRA-1   34   8  20  28   26'
89 LAFRANCE Toby         17/06/1987  173  82        (Canadien)  Briançon    FRA-1   30  16  27  43   24'
93 BEDIN Joris           04/02/1993  173  71  Grenoble          Grenoble    FRA-1   29   2   6   8    2'
                                                                GrenobleU22 FRAjr    4   2   6   8    4'
94 PERRET Jordann        15/10/1994  178  72  Villard-de-Lans   Grenoble    FRA-1   13   1   1   2    0'
                                                                GrenobleU22 FRAjr   14  11  10  21   30'

Entraîneur : Jean-François Dufour (CAN, 37 ans).

Départs : Kévin Dusseau (D, 9+12, Amiens), Sylvain Dufresne (D, 2+14, Pavlodar, KAZ), Maxime Suzzarini (D, 0+1, Anglet, FRA-2), Mike Vaskivuo (A, 19+14, Fort Wayne, ECHL), Ed McGrane (A, 13+17, Braehead Clan, GBR), Nicolas Arrossamena (A, 9+7, Gap), François Ouimet (A, 10+14, Amiens), Francis Desrosiers (A, 0+4, Bordeaux, FRA-2), Mathieu Briand (A, 3+4, Tri-City, USHL), Lou Bogdanoff (A, 0+0, Mont-Blanc, FRA-2).

 

 

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