Autriche 2012/13 : présentation

 

Après s'être internationalisée l'an passé (5 clubs étrangers sur 11), la ligue autrichienne s'est recentrée cette saison avec seulement 4 invités extérieurs sur 12. La Slovénie, seul autre pays à compter plus d'un club, a en effet perdu son représentant traditionnel, Jesenice, en bout de course financièrement. Dans le même temps, deux clubs de Nationalliga ont décidé de franchir le pas et d'intégrer l'élite : Innsbruck et Dornbirn. Leur départ aurait pu provoquer la disparition d'une deuxième division déjà réduite, mais les clubs restants ont trouvé une porte de sortie en organisant un championnat austro-slovène avec notamment un Jesenice en reconstruction. Du coup, l'Autriche compte deux ligues internationales (trois en comptant les juniors) !

Normalement, cette saison aurait dû mettre fin aux changements de joueurs à tout va en n'autorisant "que" trois remplacements d'étrangers après le 15 novembre. Mais avec le lock-out NHL et sa cohorte de vedettes de passage, les clubs cherchent plus que jamais à profiter d'opportunités de marché à court terme, et une majorité d'entre eux (8 sur 12) a voté pour repousser l'application de la règle qui avait été décidée, au grand dam des autres qui s'étonnent qu'on puisse ainsi changer un règlement en cours de saison. Cela ne colle pas à la réputation rigoureuse de l'Autriche.

Le dernier championnat 2011/12 - Les présentations 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003 et 2002.

 

Linz est devenu champion d'Autriche avec un effectif à moitié renouvelé et un nouvel entraîneur qui a complètement modifié son style de jeu. Rob Daum a vite imprimé sa marque, celle d'un hockey rapide et physique, dirigé vers le but adverse. Puisqu'il a trouvé les joueurs de caractère qui lui correspondaient, il n'avait aucune raison cette fois de les remplacer. On ne change pas une équipe qui gagne.

Seule la défense, toujours emmenée par l'impressionnant Curtis Murphy (37 ans), avait besoin d'un peu de sang frais, celui de Marc-André Dorion, élu deux fois meilleur défenseur du championnat universitaire canadien. Andy Hedlund apporte quant à lui une dimension physique supplémentaire.

L'attaque a été très performante, et il n'y avait qu'un départ à compenser sur les trois premières lignes : Justin Keller. Ses 29 buts laissent quand même un vide. Non seulement son remplaçant Brett Engelhardt est moins efficace, mais son engagement physique laisse à désirer alors que c'était censé être son apport. Un influx NHL peut aider en la personne de Shawn Mathias, attaquant des Florida Panthers, recruté pour pallier la blessure du centre technique Rob Hisey.

Si le recrutement d'Engelhardt n'a pas eu l'effet escompté, le choix le plus contesté fut la prolongation du gardien Alex Westlund. Le titre a convaincu le staff de garder l'ancien gardien-vedette du championnat, malgré quelques erreurs de plus en plus fréquentes. Certaines voix s'élevaient déjà pour expliquer que les meilleures années de l'Américain étaient derrière lui et que le déclin était amorcé à bientôt 37 ans. Le début de saison leur a donné raison : à la trêve de novembre, le décevant Westlund a été remplacé par David LeNeveu, un gardien d'AHL déjà vu à Salzbourg où il partageait la cage avec Divis lors du titre 2010.

 

La saison dernière, Vienne n'avait pas hésité à se proclamer favori et avait piteusement échoué en quart de finale. Les problèmes de vestiaire avaient pourri l'année, et on s'était débarrassé en cours de championnat du perturbateur désigné (Ross Lupaschuk, que Salzbourg n'a pourtant pas hésité à engager cet automne). Jamais pour autant la sérénité n'est revenue dans le vestiaire.

Alors que leur partenaire Rafael Rotter était blessé, le duo offensif Benoît Gratton - François Fortier a connu une saison perturbée : s'ils retrouvent un peu de leur punch cette saison, les deux hommes seront dangereux, car ils ne sont plus aussi seuls qu'avant. Le rôle des joueurs autrichiens - sauf Rotter - reste limité, mais avec sept étrangers, les Capitals ne manquent pas d'armes en attaque.

Pour ne plus revivre un délitement de vestiaire, Vienne n'a voulu prendre aucun risque. Huit nouveaux arrivent de l'intérieur même de la ligue, et sont donc très bien connus. Le club de la capitale, plus riche, qui achète tout autour : ce mode de fonctionnement est classique dans les pays voisins, mais Vienne le pratiquait peu. Après tout, comme les Capitals sont déjà peu aimés, ils peuvent se le permettre... Du fait des remaniements défensifs, il était important que les arrières recrutés (Jamie Fraser, Adrian Veideman et Sven Klimbacher) connaissent déjà le championnat pour éviter les périodes d'adaptation. Le seul qui débarque en terre inconnue, c'est le joker de NHL Corey Potter, défenseur de gros gabarit mais mobile.

Outre l'alchimie inexistante, il existait une raison plus matérielle à la saison viennoise ratée : avec un Reinhard Divis longtemps blessé et proche de la fin, les gardiens des Capitals avaient les plus mauvaises statistiques de la ligue. Cette année, ce doit être tout le contraire. Vienne a le meilleur tandem dans les cages avec Fabian Weinhandl, régulièrement appelé en équipe nationale, et Matt Zaba, champion d'Italie avec Bolzano

 

Rêvant même de KHL, le Medvescak Zagreb ne recule devant aucune prouesse médiatique. La mise en glace de l'Arena Zagreb de 15 000 places pour une et maintenant deux semaines chaque année est devenue une habitude presque banale. Le club croate a déjà trouvé une nouvelle idée complémentaire en conviant cette fois ses "gladiateurs" modernes dans l'amphithéâtre romain de Pula, sur la côte Adriatique, pour deux rencontres en septembre.

Une idée de génie qui a failli faire flop... ou plutôt "flac". La douceur des températures et le vent faisaient fondre la glace. Les organisateurs, qui avaient programmé le match trop tôt en négligeant les conseils de bon sens climatique, ont dû retarder le coup d'envoi d'une heure. Mais ce décalage a vite été oublié, pour ne retenir que les images fantastiques dans un lieu magnifique.

L'ambition du Medvescak ne se limite pas au battage médiatique : il peut clairement viser le titre cette année. Il avait déjà la meilleure défense, et Sasha Pokulok a simplement été remplacé par un autre défenseur offensif, Dennis Bozic. Ce joueur rapide devrait gommer le seul défaut des lignes arrières, une certaine lenteur contre les adversaires les plus vifs. Pour changer des Nord-Américains d'origine croate, Bozic est un Suédois... d'origine croate.

Le Medvescak trouve toujours des doubles passeports pour remplir l'effectif et rester dans le quota des 60 points, à l'exemple de Nathan Perkovich, un Américain trouvé en AHL dont la terminaison en "-ich" traduit là encore un patronyme croate retranscrit. Il ne fait même plus semblant d'aligner les vrais joueurs croates (seul Trstjenak apparaît encore, mais sans temps de jeu), ni de faire croire que les naturalisations sont effectuées dans l'intérêt de l'équipe nationale.

À force de se blinder en doubles-nationaux, l'équipe de Zagreb a obtenu la densité qui lui faisait défaut. Et pour autant, elle n'a pas perdu en qualité sur ses meneurs offensifs. L'éternel buteur Ryan Kinasewich est parti mais on a vite trouvé un remplaçant d'AHL avec Kyle Greentree. Un joueur anonyme des Penguins de Pittsburgh, Dustin Jeffrey, se découvre même star en Croatie dans cette équipe appelée à jouer les premiers rôles.

 

Finaliste deux ans de suite, Klagenfurt devait aborder la nouvelle saison sans grand bouleversement. Il ne devait avoir que deux changements, simplement pour remplacer Christoph Brandner et Dieter Kalt : les deux meilleurs joueurs autrichiens de leur génération ont pris leurs retraites, le premier volontairement, le second parce que personne ne lui a proposé de contrat ! Néanmoins, trouver de tels leaders n'est pas facile. L'un des deux remplaçants, Patrick Harand, est un attaquant défensif qui ne prétend pas à une autre mission. L'autre, le centre Jamie Lundmark, pas particulièrement étincelant en NHL et en KHL, assume en revanche très bien ce rôle de leader technique.

Il le fait d'autant plus facilement qu'il a été soulagé par l'arrivée de Sam Gagner, joueur des Edmonton Oilers qui sent très bien le jeu. Le lock-out a en effet radicalement changé le principe de continuité adopté par le KAC. La défense, qui ne devait pas changer, avait quand même une nette marge de progrès. Elle a donc reçu un renfort de poids en la personne de Tyler Myers, convaincu par son coéquipier à Buffalo (Thomas Vanek) que jouer en Autriche était une idée sympathique.

Ces renforts ont été d'autant plus utiles que Klagenfurt a déploré jusqu'à dix blessés cet automne. Ils n'étaient pas tous des maillons essentiels, mais les plus embêtants ont été les deux Tyler (Scofield et Spurgeon) : ils disposent d'excellents tirs du poignet, contrairement aux joueurs autrichiens qui manquent de puissance dans leurs lancers. Cela explique l'incapacité du KAC à concrétiser ses occasions.

En difficulté dans son travail à cause de cette inefficacité, l'entraîneur suisse Christian Weber a dû rentrer dans son pays auprès de sa femme malade en novembre. Son adjoint Christian Olsson a assuré l'intérim, avec l'aide de Manny Viveiros (le sélectionneur national, coach l'an passé, est toujours sous contrat comme "directeur des opérations"). Le débat autour de Weber s'est provisoirement éteint, mais dès son retour, il a repris de plus belle. Un journal a même annoncé qu'il était licencié, et le club a organisé une conférence de presse pour démentir...

 

Alors que Salzbourg vante son modèle de développement à long terme, le club est de plus en plus en proie à des hoquets à court terme. L'entraîneur Pierre Pagé a justifié les 13 changements de l'intersaison par la fin de saison décevante : "En temps normal, on remplace 15% à 20% de l'effectif chaque année. Mais le temps est venu où nous avons dû rebâtir l'effectif à l'extrême. Après la victoire dans le Red Bull Salute, nous n'étions plus la même équipe. Nous devions nous assurer de tout changer."

Il n'y en a qu'un qui ne change jamais, c'est Pagé lui-même. Alors que ses homologues dans le club de football de Red Bull ont une durée de vie d'un an, l'entraîneur canadien s'est installé durablement et a toujours la confiance du patron. Mais il n'a plus du tout celle des supporters, ulcérés par le départ impromptu du défenseur de NHL Tobias Enström, vexé que le coach n'ait même pas trouvé de temps pour le recevoir durant trois jours alors qu'il voulait exposer ses doléances. Pagé a donné une explication à la télévision nationale ORF : "Peut-être qu'Enström avait des problèmes avec notre entraînement, c'était peut-être trop dur pour lui. Mais c'est notre idéologie ici. À Salzbourg, on s'entraîne plus qu'en Russie, en NHL ou en Suède. Nous l'avions dit à Tobias avant qu'il signe son contrat et il avait répondu 'Pas de problème'." Enström a été remplacé par Johnny Boychuk, vainqueur de la Coupe Stanley 2011 avec Boston, mais ce n'est qu'un changement parmi de nombreux autres...

On dit que l'ancien gardien de NHL Alex Auld est aussi insatisfait qu'Enström. Il a d'abord vu sa place de titulaire bousculée par l'international junior slovène Luka Gracnar, révélation du début de saison, avant que Salzbourg, déçu d'Auld, ne fasse revenir au pays l'international Bernd Brückler. La blessure de Brückler a calmé temporairement une bombe à retardement, mais avec trois gardiens dont deux ne se voient que numéro 1, il est clair qu'il y en a un de trop.

Le flux n'est pas moins important à l'avant. Salzbourg avait d'abord choisi de s'appuyer sur de jeunes attaquants nord-américains avec de l'envie et du potentiel. En novembre ont été recrutés des CV plus conséquents venus de NHL et de KHL : deux attaquants de Columbus, le centre créatif Derick Brassard et l'ailier rugueux Derek Dorsett, ainsi que Robbie Schremp, écarté du Dynamo Riga. Sauf que Brassard et Dorsett ont à leur tour quitté l'équipe, l'agent du dernier nommé déclarant même : "Il n'y a pas dans toute l'Europe une équipe aussi non professionnelle que Red Bull Salzbourg. En plus le club diffuse des contrevérités pour justifier le départ des joueurs de NHL devant les fans et les médias."

En tout, plus de 40 joueurs ont déjà été utilisés au mois de décembre, et on ne sait jamais à quoi ressemblera l'équipe la semaine suivante. Malgré ce remue-ménage, les Red Bulls piaffent toujours en dehors du top-6 et risquent donc de passer par une poule de qualification pour pouvoir accéder aux play-offs, en plus d'avoir sérieusement entaché leur image...

 

Mike Stewart restera une légende en tant que joueur à Villach, mais sa première expérience comme entraîneur a été un échec cuisant : l'équipe a raté les play-offs et n'a assuré ni le spectacle ni les résultats, avec une attaque muette.

Le VSV a donc cherché un entraîneur qui réussissait mieux et l'a trouvé à Ljubljana avec Hannu Järvenpää : le Finlandais a franchi les frontières les poches pleines, puisqu'il a emmené 5 de ses 6 Nord-Américains avec lui ! Le gardien américain Jean-Philippe Lamoureux remplace Bernhard Starkbaum parti tenter sa chance en Elitserien suédoise après une excellente saison. Les défenseurs Brad Cole et Scott Hotham doivent remplacer les vieillissants Greg Kuznik et Kevin Mitchell qui ne suivaient plus le rythme du hockey moderne. Enfin, le meilleur marqueur du championnat John Hughes arrive avec son partenaire usuel Justin Taylor. Si l'on ajoute l'arrivée de Derek Ryan, buteur reconnu, la faiblesse offensive ne doit plus être qu'un lointain souvenir.

Tout cela donne un peu l'impression que Villach peut acheter le succès de Ljubljana, qui a fait un étonnant demi-finaliste. Le club, lui, met en avant un concept à long terme, mais en partant sur de nouvelles bases pour retrouver un peu de constance à haut niveau.

 

Au Canada, les francophones ont parfois la réputation d'être trop tendres et peu robustes. Ce n'est clairement pas le cas de la colonie québécoise de Graz : l'entraîneur Mario Richer a une affection pour le hockey physique qui est partagée par les compatriotes qu'il a choisis pour mener l'attaque : Olivier Latendresse, Guillaume Lefebvre, Jean-Michel Daoust et Olivier Labelle. Elle est par contre moins partagée par les arbitres, avec lesquels le coach a souvent maille à partir.

Richer a tiré comme conclusion de la non-qualification que son équipe était trop inexpérimentée : il a donc engagé trois vétérans de plus de 35 ans : le défenseur Andy Delmore et les attaquants Greg Day - champion de France 2005 avec Mulhouse - et Bob Wren - champion d'Autriche 2005 avec Vienne. Mais si une ex-star comme Wren a atterri à Graz, c'est parce qu'ailleurs on considère qu'à 38 ans il a ses meilleures années derrière lui. Graz est moins riche que les grands clubs autrichiens, et c'est pourquoi Vienne a pu récupérer à la fois le meilleur marqueur (Zdenek Blatny), le meilleur défenseur (Sven Klimbacher) et le gardien Fabian Weinhandl.

La plus grosse vedette possible, les 99ers l'ont obtenue en octobre avec la pige de l'enfant du pays Thomas Vanek. Il est resté un mois seulement, mais a laissé des souvenirs pour un an. Les résultats n'ont pas été meilleurs pendant son passage. En revanche, la star de NHL a suscité un intérêt médiatique sans précédent et déclenché une véritable euphorie dans la patinoire. Au club de surfer sur cette vague...

 

Les Hongrois d'Alba Volán ont connu leur meilleure saison à la sixième place, un milieu de tableau déjà fort honorable si l'on compare leurs moyens à ceux des Autrichiens. Comme tout entraîneur, Kevin Primeau se fixait donc comme objectif de viser plus haut.

Cela n'a rien d'évident car Krisztián Palkovics, symbole du club et de la ville de Székesfehérvár qu'il n'a jamais quittés de sa vie, a pris sa retraite à 37 ans pour devenir entraîneur-adjoint. Impossible de le remplacer par un joueur hongrois de même calibre, car ils sont déjà tous dans l'effectif. Il a donc fallu sacrifier un renfort étranger en défense, où il ne reste que les vétérans Juraj Durco et Harlan Pratt, pour investir en attaque.

Mais le coup le plus dur a été le départ de Derek Ryan, la trouvaille de la saison dernière. Le Canadien était encore sous contrat, et le club n'a donc pas aimé ses tractations pour signer ailleurs à Villach. Son entraîneur a voulu voir le côté positif de la chose avec une comparaison sûrement excessive : "Chacun est remplaçable. Même Edmonton a remplacé Wayne Gretzky en Coupe Stanley. Nous ne compenserons peut-être pas ce départ avec un joueur, mais nous sommes sûrement plus forts en tant qu'équipe. Je considère que c'est une situation confortable de savoir qu'on marque autant de buts, mais que trois ou quatre joueurs en sont responsables." C'est aux nouveaux attaquants Frank Banham et Tyler Metcalfe de se partager la tâche.

Un mois plus tard, Primeau se sentait dans une situation beaucoup moins confortable : il a été viré dès le mois d'octobre pour être remplacé par Jan Neliba, entraîneur tchèque de 59 ans.

 

Que Znojmo ait atteint les quarts de finale était déjà considéré comme une surprise en Autriche. Alors, quand l'entraîneur Martin Stloukal annonce qu'il vise les demi-finales, il passerait presque pour fou. Les Tchèques sont peu connus en dehors de leur pays, et leur valeur est peut-être mésestimée.

Pourtant, il ne faut pas être spécialiste du hockey tchèque pour constater les progrès évidents de l'effectif. Peter Pucher retrouve en effet son vieux complice Marek Uram en attaque : le duo slovaque faisait les beaux jours de Znojmo en Extraliga tchèque au début du siècle, et les supporters ont l'impression de revivre les grandes heures avec leur ancien "couple vedette".

Mais la plus grosse faiblesse des Tchèques se situait en défense. Pour la rendre plus dense et plus compacte, on s'est détourné des solutions internes et on a recruté deux Canadiens : Burke Henry et Kyle Wharton font chacun 1 mètre 91 et apportent les gabarits qui manquaient derrière. Le physique des Canadiens peut être un ingrédient complémentaire de la technique tchèque (et slovaque). Znojmo a ainsi recruté un joueur pour le lock-out, Bryan Bickell des Chicago Blackhawks : un renfort de poids qui fait 106 kilos...

 

La crise est assez générale en Slovénie. Si Jesenice a fait banqueroute, l'Olimpija Ljubljana ne roule pas sur l'or. Leur entraîneur s'étant fait la malle avec les principaux étrangers, les verts se sont rabattus sur un autre Finlandais, Heikki Mälkiä. Vu les déboires vécus dans sa précédente étape, l'ancien coach de Jesenice pensait retrouver le sourire dans la capitale. Mais dès la pré-saison (une seule victoire), il commençait à déchanter, déçu du manque d'engagement de certains étrangers.

Mälkiä gardait quand même espoir : "Il faut le comprendre : je suis nouveau, il y a douze recrues et les meilleurs joueurs sont partis. On doit tout recommencer à zéro. Je suis optimiste, et avec cette jeune équipe, on doit penser à long terme, pas juste regarder le moment." Apparemment, le long terme ne fait pas partie des concepts connus par les dirigeants de l'Olimpija, car ils ont viré l'entraîneur après seulement six journées (et une victoire). Ils avaient déjà fait le coup en 2009 en virant Mike Posma après sept journées. Résultat : Ljubljana avait fini dernier.

Quelle raison de penser que cela se passera mieux cette fois-ci ? Une seule : Jan Mursak. Parti à 17 ans dans le championnat junior tchèque, cet attaquant revient pour la première fois jouer en Slovénie à la faveur du lock-out. Il n'est pas toujours titulaire chez les Red Wings de Detroit, mais il est assurément le joueur le plus important pour son équipe dans la ligue autrichienne. Il tire vers le haut sa ligne composée de Brook McBride, seul étranger à n'avoir pas suivi Jarvenpää à Graz, et Chris D'Alvise, arrivé d'ECHL. Sans Mursak, la saison serait déjà finie...

Si la NHL ne reprend pas, Ljubljana garde un petit espoir, en s'appuyant sur un tout petit nombre de joueurs-clés : le premier trio déjà cité, le petit défenseur offensif Patrick Coulombe et le gardien américain Jerry Kuhn, qui a obtenu d'excellentes stats l'an passé pour sa première saison pro en ECHL.

 

Le Voralberg, cette petite région densément peuplée à l'extrémité occidentale de la Suisse, est depuis les années cinquante une terre de hockey sur glace, notamment par contact avec la Suisse voisine. Les deux grands clubs en ont toujours été Lustenau et surtout Feldkirch, huit fois champion d'Autriche et une fois champion d'Europe. Mais en 2004, Feldkirch a connu sa seconde faillite en quatre ans, et la région n'était plus représentée au plus haut niveau. Dornbirn aurait pu se contenter des nombreux derbys de prestige en division inférieure, mais rapidement, il a raisonné différemment et s'est dit : "pourquoi pas nous ?". Même s'il a un passé moins riche, il peut sans doute mieux prétendre au haut niveau que Feldkirch, traumatisé par la gabegie financière, et que Lustenau - situé à 10 kilomètres de Dornbirn - qui doit composer avec la concurrence de deux clubs de football de deuxième division.

Pendant sept ans, les dirigeants ont travaillé pour se construire des structures et une image, en annonçant qu'un jour ils se porteraient candidats à l'élite (qui n'admet un nouveau membre que sur dossier, par un vote). Les deux titres en Nationalliga n'étaient que des étapes. Après la longue attente, tout s'est fait très vite. Quand ils ont décidé d'y aller, les dirigeants n'avaient ni joueurs ni entraîneur sous contrat ! Dave MacQueen, un coach canadien qui a officié douze ans en junior majeur, a accepté cette aventure dans l'inconnu.

Avec l'appui d'un sponsor local (les jus de fruits Rauch), Dornbirn a pu construire une équipe avec pas moins de douze renforts étrangers, venus d'un peu partout. Parmi eux, le gardien expérimenté Patrick Desrochers, qui évoluait en Norvège, ou encore Luciano Aquino, l'ancien meilleur marqueur de série A italienne, qui forme un duo prolifique avec l'inattendu Andrew Kozak, en provenance de la Ligue Asiatique. Actuellement, l'équipe est bâtie uniquement sur ses étrangers : derrière la paire canadienne Jonathan d'Aversa - Olivier Magnan, il n'y a par exemple aucune densité en défense.

Dornbirn se considère pourtant toujours comme un club formateur, et il veut le rester. Il a effectivement quelques-uns des meilleurs espoirs autrichiens comme le jeune international Raphael Herburger (qui évolue à Klagenfurt). Mais le problème est qu'aucun de ses jeunes ne joue sur place, car ils partent généralement en âge junior. Avec la perspective de jouer en élite, cela pourrait changer. Mais en attendant, il faut construire une équipe de zéro comme si on n'avait aucune base, ce qui est paradoxal pour un club formateur. C'est le problème du système autrichien où l'écart de niveau est très élevé entre les deux premières divisions.

 

Cet écart de niveau, Innsbruck en a aussi conscience. Le champion sortant en Nationalliga sait n'avoir aucune chance d'atteindre les play-offs et évitera simplement de ne pas terminer dernier. Après s'être retiré pour passer trois ans en division inférieure, il a profité de la fenêtre de tir favorable pour revenir. Il le fait en suivant la "voie tyrolienne" : 14 joueurs sont de la région. Deux d'entre eux, Alexander Höller et le capitaine Patrick Mössmer, sont attendus pour prendre le leadership et montrer l'exemple aux jeunes. Ils avaient déjà tenté leur chance sans succès en élite, mais la différence est qu'ils le feront cette fois dans leur club formateur.

Antonin Manavian (photo Philippe Crouzet)

Mais l'expérience du haut niveau fait clairement défaut, et les 8 étrangers ne suffisent pas à relever le niveau. Un seul d'entre eux, l'attaquant Francis Lemieux, sort son épingle du jeu. Les autres sont en grande difficulté, notamment les internationaux étrangers. Le gardien italien Thomas Tragust a ainsi perdu sa place de titulaire au profit de son collègue autrichien Patrick Machreich. Quant au défenseur français Antonin Manavian, s'il s'est laissé pousser la barbe en Autriche au point de se diriger vers un look à la Sébastien Chabal. Il a été pris dans l'équipe après un essai concluant - contrairement à l'attaquant Anthony Aquino (le frère de Luciano) - mais n'a jamais convaincu les supporters en raison de son patinage.

Très vite, certains fans d'Innsbruck, déçus des défaites à répétition, ont regretté une autre solution qui leur avait été refusée voici quelques années, l'intégration en série A italienne, plus proche géographiquement et peut-être sportivement. N'est-il pas étonnant de renoncer aussi vite ? L'arrivée d'Andreas Nödl a donné un peu de baume au cœur : un joueur de NHL chez la lanterne rouge ! C'est un sponsor (l'hôtel Kaltschmid du village de montagne de Seefeld in Tirol) qui finance ce joker. L'attaquant défensif ne peut cependant guère renverser le cours d'un match à lui seul et éviter les défaites.

Innsbruck n'est guère compétitif. On peut se poser des questions sur les deux millions d'euros de budget annoncés. Certes, il s'agit de l'ensemble du club, mais d'autres concurrents s'en sortent avec des chiffres proches. L'effectif à disposition de l'entraîneur Daniel Naud semble coûter bien moins que cela.

 

Marc Branchu

 

 

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